La période Vauban

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Vauban
Monument de Vauban, Les Invalides, Paris. Photo Michel Wal. GNU Free Documentation License.

De la plaine des Flandres aux monts du Jura, de la porte de Bourgogne au cap d'Antibes, courrait jadis une frontière, rattachant à la couronne des rois de France les nouvelles provinces conquises à l'Est par les armées de Louis XIV, le Roi Soleil.

Durant les trois siècles qui suivirent ce rattachement, des générations d'ingénieurs militaires rivalisèrent d'imagination pour concevoir et réaliser, le long de cette frontière, une succession de défenses de pierre, de béton et d'acier garantissant l'inviolabilité de ces nouvelles "marches" du territoire de France.

Commissaire général aux fortifications, puis maréchal de France, Vauban est le plus célèbre d'entre eux. Il est incontestablement le maître à penser de tous les architectes militaires qui lui ont succédé et dont les oeuvres architecturales ornent encore beaucoup de nos paysages.

Corps 1

La Fortification bastionnée

Pendant plusieurs siècles, la construction de hautes murailles est restée le système le plus adéquat pour se protéger. Mais une fois parvenus au pied des remparts, les assaillants sont difficiles à éliminer s'ils s'installent dans les angles morts où les projectiles des défenseurs ne peuvent les atteindre. Pour résoudre ce problème dit du "flanquement", on construit des tours "flanquantes" et on double les places fortes, au tracé trop rectiligne, d'une nouvelle enceinte suivant des lignes brisées. Ainsi naît la "fortification bastionnée".

 

Citadelle de Belle-Ile. Source : ECPAD

 

Dans la deuxième moitié du XVe siècle, le boulet métallique remplace le boulet de pierre. Plus lourd et plus dur que ce dernier, il donne à l'artillerie une efficacité jusqu'ici inégalée pour ébranler et percer les remparts des châteaux et forteresses du Moyen Age. Il faut donc arrêter l'assaillant le plus loin possible du mur d'enceinte, et pour cela multiplier à l'avant les dispositifs qui retarderont sa progression : demi-lunes,contre-gardes, tenailles et ouvrages à couronne ou à cornes font leur apparition. Aux XVIIe et XVIIIe siècles la fortification bastionnée adopte des formes géométriques de plus en plus sophistiquées pour adapter l'échiquier aux nouvelles performances des grosses pièces d'artillerie.

L'architecte militaire du Roi Soleil

Quand le marquis de Vauban accède à la fonction d'ingénieur du jeune roi Louis XIV, il n'a lui-même que 22 ans. La fortification bastionnée est une référence incontestée depuis sa codification par Jean Erard, en 1594, et la nomination du comte Blaise de Pagan au poste de commissaire général aux fortifications. Sans systématisation, mais en s'adaptant sans cesse au terrain et au relief, Vauban porte cette technique à son plus haut point de perfection : il améliore tout d'abord le système défensif des places fortes existantes par la construction d'une double enceinte de remparts, en forme pentagonale, reliée par une galerie souterraine.

Pour éviter qu'une fois un bastion pris, une face des deux bastions voisins ne soit plus défendue, il sépare les premiers remparts protégeant la ville de la deuxième ligne de défense où il aménage des batteries sur "cavaliers". Son perfectionnement ultime aboutira au troisième système, à Neuf-Brisach en Alsace où il construit, ex nihilo, une cité dans un plan octogonal lui-même inscrit dans une étoile de 800 m de diamètre, entourant une ville en damier.

 

Citadelle de Besançon. Vue de l'entrée de la citadelle à partir de la tour de la Reine. La tour du Roi se trouve à l'arrière-plan.
Photo Christophe.Finot. GNU Free Documentation License.



Mêlant ses talents de grand architecte à des qualités d'urbaniste et de stratège militaire, Vauban applique, dans les neuf places fortes qu'il crée de toutes pièces, des principes qui concilient la rigueur esthétique et les exigences de la logistique : un plan en damier dans une enceinte octogonale permet une distribution parfaitement fonctionnelle des bâtiments publics et des habitations groupées autour d'une place centrale carrée destinée aux manoeuvres et aux parades. Seules les portes de ville échappent à cette rigueur car Vauban tient à leur conserver un décor sculpté à la gloire du roi. A la mort du Maréchal Vauban, en 1707, ses disciples, Jacques Stuart Berwick et Louis de Cormontaigne, nommés comme lui commissaire général aux fortifications, achèveront l'oeuvre de leur maître.

 

Marc-René de Montalembert.Source : Tableau de Maurice Quentin de La Tour.


Face aux nouveaux progrès de l'artillerie dont la portée et la précision s'améliorent sans cesse, Marc Montalembert entoure les citadelles de ses prédécesseurs d'une nouvelle enceinte de sûreté , constituée de forts détachés se flanquant mutuellement et eux mêmes flanqués de caponnières, situées dans les fossés. Au XIXe siècle, les citadelles de Vauban et de ses disciples constituent encore l'essentiel du système de fortification des territoires de l'Est. Elles sont néanmoins toujours insuffisantes en nombre car elles laissent entre elles de vastes espaces non protégés où l'ennemi peut s'engouffrer.

Elles sont surtout de plus en plus inadaptées pour arrêter un envahisseur qui disposerait de canons à tube rayé, car cette nouvelle invention augmente considérablement la portée et les performances des pièces d'artillerie. La fortification du pays fut notamment poursuivie par François Nicolas Benoit Haxo.

 

MINDEF/SGA/DMPA

 

sites internet externes :

Association Vauban     
Réseau des Sites Majeurs de Vauban