La Résistance en France en 1944

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Armé d'une STEN, pistolet mitrailleur britannique, un maquisard dans le Finistère. Copyright Collection particulière
Corps 1

Au début de l'année 1944, la Résistance intérieure est bien mieux organisée et ses effectifs sont bien plus nombreux qu'à ses débuts dans l'automne 1940. Depuis mai 1943, grâce aux efforts déterminants de Jean Moulin, elle est unifiée au sein d'un Conseil de la Résistance (rebaptisé par la suite Conseil national de la Résistance ou CNR) qui reconnaît l'autorité du général de Gaulle. Emanations des services secrets britanniques et de la France libre, les réseaux pratiquent le renseignement, montent des filières d'évasion et assurent des actions de sabotage. Les Mouvements sont issus d'initiatives individuelles qui aboutissent à la naissance d'ensembles structurés en services de plus en plus différenciés (propagande-diffusion, groupes paramilitaires, groupes francs, faux papiers, filières d'évasion…) . ils cloisonnent leurs activités pour être moins vulnérables en cas d'arrestation de certains de leurs membres. Leurs objectifs sont donc à la fois politiques et militaires. Apparaissant à la fin de 1942, les maquis se développent, à partir de février 1943, grâce à l'arrivée d'une partie des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Situés dans des zones montagneuses et forestières, ils symbolisent progressivement la Résistance armée et payent un lourd tribut à la répression des forces de Vichy et de l'armée allemande.

Faire l'état des lieux de la Résistance en France en 1944, c'est distinguer les réseaux des mouvements et ceux des maquis. La Résistance présente alors un tout autre visage qu'à ses débuts, au temps des pionniers de l'automne 1940. Non seulement elle s'est renforcée numériquement, mais elle s'est organisée et unifiée autour de la figure du général de Gaulle.
 
Les réseaux sont de véritables organisations paramilitaires créées pour la plupart par les services secrets britanniques et de la France libre. Leur objectif prioritaire est le renseignement. Ils mettent également en place des filières d'évasion de prisonniers de guerre et de soldats alliés, en particulier des aviateurs britanniques abattus au-dessus de la France et de la Belgique.
 
Dès juillet 1940, de Gaulle a confié au capitaine André Dewavrin, alias Passy, les services de renseignement de la France libre. Celui-ci monte le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA) qui, opérant de concert avec les Britanniques, envoie en France métropolitaine des agents chargés de se renseigner sur l'ennemi, son dispositif militaire et ses plans. On estime à 5 700 le nombre des agents des réseaux du BCRA en France et à environ 150 000 le nombre des résistants ayant œuvré dans les 266 réseaux homologués après-guerre.
 

 

Les premiers mouvements de Résistance se développent, indépendamment de Londres, dans le climat de décomposition de la société française suite à la défaite de juin 1940. Les premiers actes de Résistance sont individuels et isolés. C'est l'agrégation de volontés et d'engagements individuels qui finit par constituer les noyaux des premiers mouvements de la Résistance intérieure. Ils accordent une grande importance à la propagande et publient des journaux clandestins au tirage conséquent (Combat, Libération, Le Franc-Tireur…). Mais ils forment également des groupes paramilitaires pour préparer les combats de la Libération.

Leurs relations avec la France libre et avec les partis politiques résistants, partis socialiste et communiste, sont loin d'être harmonieuses. C'est l'action déterminée de Jean Moulin qui permet d'unir mouvements, partis et syndicats dans le Conseil de la Résistance, qui deviendra le Conseil national de la Résistance (CNR) en mai 1943. Après-guerre, une vingtaine de mouvements seront homologués.

Les premiers maquis apparaissent dès décembre 1942, de manière indépendante des mouvements de la Résistance. Ils sont composés de réfractaires qui entrent en clandestinité pour échapper à la mobilisation de la main-d'œuvre et ne pas aller travailler en Allemagne. En février 1943, l'instauration du Service du travail obligatoire (STO), touchant trois classes d'âge, leur donne une accélération décisive, principalement dans les massifs montagneux mais aussi dans certaines zones forestières. Au total, environ 10 % des réfractaires ont "pris le maquis". Leur intégration à la Résistance est progressive : il faut les encadrer, les prendre en charge, les armer sans perdre le soutien des populations. On peut distinguer les maquis de combattants des maquis-refuges composés de réfractaires qui veulent avant tout se cacher pour échapper aux autorités de Vichy et d'Occupation.

Début 1944, les maquis voient leurs effectifs diminuer. La répression conjointe de Vichy et des Allemands a été brutale et l'hiver, rigoureux, suscite une forte détérioration des conditions de vie déjà très difficiles. D'autre part, nombre de maquisards ont mal vécu le report du débarquement allié qui avait été espéré pour l'automne 1943. Cependant, à partir d'avril 1944, un nouveau souffle anime les maquis qui se renforcent lorsque l'espoir du Débarquement reprend corps. C'est d'ailleurs le D-Day qui lance la grande montée au maquis, le nombre de maquisards décuplant en quelques jours dans un vaste mouvement de mobilisation populaire.

  • Un résistant français se prépare au combat, 1944 Copyright Collection particulière

  • Parachutage d?armes sur le Vercors (juillet 1944). Copyright Collection particulière

  • Tract de la Jeunesse communiste de la Résistance. @MRN

  • Lever des couleurs dans un maquis des Alpes. Copyright Collection particulière

  • Le journal des FTP annonce les futurs combats de la résistance, janvier 1944. Copyright Collection particulière