Vincent Auriol

1884-1966

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Portrait de Vincent Auriol. Source : Musée Clément Ader

Vincent Auriol (27 août 1884, Revel - 1er janvier 1966, Paris)

 

Vincent Auriol est une personnalité incontournable de l'histoire contemporaine française. Chef de file du mouvement socialiste, négociateur des réparations de l'Allemagne en 1918, farouche opposant au régime de Vichy, il reste comme l'un des "Pères fondateurs" de la IVe République.

Vincent Jules Auriol naît à Revel (Haute-Garonne) dans une famille paysanne. Bachelier en latin-grec en 1902, il obtient sa licence en droit en 1905, année où il adhère à la fédération socialiste de Haute-Garonne, puis le grade de docteur en sciences politiques, avant de s'inscrire au barreau de Toulouse. Il collabore à La Dépêche du Midi, fonde avec Albert Bedouce, député-maire de Toulouse, le Midi socialiste, et entretient une correspondance régulière avec Jean Jaurès et Jules Guesde. Il épouse Michelle Accouturier en juin 1912 avec qui il a deux enfants : Paul (1918-1992), organisateur du maquis du Tarn, et Jacqueline (1912-2000), détentrice en 1952 du record du monde de vitesse sur avion à réaction.

À partir de mai 1914 jusqu'à mai 1936, il est le représentant socialiste de la ville de Muret à l'Assemblée où il se spécialise dans les questions économiques et financières, faisant partie, dès 1914, de la commission des comptes définitifs. Il soutient, lors de la conférence de paix, une politique de limitation de la créance sur l'Allemagne, de réparations des régions dévastées et d'annulation de toutes les dettes interalliées. En décembre 1920, il fait partie des douze députés socialistes qui suivent Léon Blum et qui refusent d'adhérer à la deuxième Internationale communiste.

Il est élu maire de Muret en mai 1925, il entre à la commission des finances qu'il préside de juin 1924 à juillet 1926, puis devient conseiller général de la Haute-Garonne pour le canton de Carbonne trois ans plus tard. Son activité parlementaire se marque par de nombreuses propositions de lois et son opposition continue à la politique financière des gouvernements Poincaré, Herriot, Daladier, Doumergue, Tardieu et Laval.

Auriol entre en juin 1936 dans le gouvernement de Léon Blum en qualité de ministre des finances. Il mène à terme la politique monétaire en procédant à la dévaluation du franc Poincaré et en créant le franc flottant. Garde des sceaux du cabinet Chautemps en 1937, il participe l'année suivante au second cabinet Blum où, ministre sans portefeuille, il assure la coordination des services de la présidence du Conseil.

Malgré la défaite de juin 1940, il refuse de voter, le 10 juillet, la délégation des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Son opposition lui vaut d'être emprisonné à Pellevoisin puis à Vals-les-bains, aux côtés de Paul Raynaud, Georges Mandel et Marcel Dassault. Assigné en résidence surveillée à Muret entre 1941 et 1942, il entre dans la résistance et rejoint la France Combattante en octobre 1943, où il devient membre de l'assemblée consultative provisoire lors de sa première réunion à Alger. Son épouse, réfugiée à Lyon, participe au décodage des messages chiffrés de l'état-major allié.

À la Libération, ses compétences et sa fonction de président de la commission des affaires étrangères de la Constituante lui valent de représenter la France à la conférence de Bretton Woods.

Le 21 octobre 1945, il retrouve son siège de député de la Haute-Garonne, puis ceux de maire de Muret et de conseiller général. Il préside le groupe parlementaire socialiste et est appelé, en novembre, par le général de Gaulle au poste de ministre d'état chargé des rapports avec l'Assemblée.

Président de l'Assemblée Constituante en janvier 1946, il préside au retour de l'Assemblée nationale et à la fondation de la IVe République, qui l'élit à sa tête ainsi qu'à la destinée de l'Union française, le 16 janvier 1947.

En décembre 1953, son mandat achevé, Vincent Auriol retourne à la vie locale et familiale. Il voyage, écrit ses mémoires. Il publie Hier, demain, le Journal du septennat et Dix années d'administration socialiste. Au cours d'un congrès en Autriche en, décembre 1954, il est élu président d'honneur de la Fédération mondiale des anciens combattants et médaillés de la Résistance. Il intervient pour le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958, et devient membre de droit au Conseil constitutionnel en mars 1959. En totale opposition avec le secrétaire général du parti socialiste, il en démissionne en février 1959.

Éminence grise de la République, il continue de participer à la vie publique hors des querelles de partis.

Pour son engagement politique et militaire, Vincent Auriol est élevé aux dignités de Grand-Croix de la Légion d'honneur et Grand-Croix des ordres nationaux des trente-deux États étrangers, il reçoit la Rosette de la Résistance et la Croix du combattant volontaire de la Résistance, et est fait docteur honoris causa des universités de Columbia (New York), de Laval (Québec), Oxford et Rio de Janeiro.

Vincent Auriol décède à Paris, le 1er janvier 1966, des suites d'une fracture renouvelée du col du fémur dans sa propriété de Labourdette.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA