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Cambrai. Nécropole allemande et East Military Cemetery

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La Nécropole allemande de Cambrai. Photo Licence Creative Commons. Libre de droit

Cimetière de la Route de Solesmes

Situé route de Solesmes, ce cimetière ne peut qu'évoquer le destin de cette ville occupée par les Allemands de 26 août 1914 au 9 octobre 1918, mais surtout la première bataille de Cambrai, du 20 novembre 1917 au 3 décembre, l'offensive allemande de mars 1918, cette deuxième bataille de Cambrai, dernière bataille sur la ligne Hindenburg, qui délivra finalement la cité en octobre 1918, la ville ayant alors été terriblement atteinte par les destructions.

Plus tard, la ville fut "adoptée" par le Bourg Comté de Birkenhead.

Ce cimetière avait été créé par les Allemands pendant leur occupation, à partir de mars 1917. Ils y avaient implanté quelques monuments et une croix de pierre. Et le 11 août 1918, le commandant Bavarois de la Place avait remis aux bons soins de la ville l'entretien du cimetière. Par la suite y fut transféré le cimetière militaire allemand qui se trouvait à Cambrai au cimetière Saint-Sépulcre.
Les tombes ont aujourd'hui été regroupées. S'y trouvent les corps de 10 685 Allemands, 192 Russes, 6 Roumains et 502 Britanniques.

 

Mémorial de Louverval

Sur la route Cambrai - Bapaume, à 13 km au nord-est de Bapaume, se trouve le Mémorial de Louverval.

Il commémore les 7 048 soldats britanniques et sud-africains qui moururent à la Bataille de Cambrai en novembre et décembre 1917 et dont les tombes ne sont pas connues.

La bataille de Cambrai marquée par une percée le 20 novembre, un arrêt sur positions le 22 et une contre-attaque allemande du 23 au 29 novembre, se solda par un gain de terrain mitigé mais apporta aux alliés de précieux enseignements tactiques et stratégiques. De leur côté, les Allemands avaient découvert que leur ligne de défense était vulnérable.

Le Mémorial, situé sur une terrasse à l'extrémité du cimetière militaire, a été conçu par H. Chalton Bradshaw, le sculpteur étant C.S. Jagger dont on peut admirer les deux bas-reliefs illustrant des scènes de combats.

 

Flesquières. Au cœur de la bataille de Cambrai 

L'année 1917 a été une année terrible dans le cours de la Première Guerre mondiale pour tous les belligérants. A la fin de l'année, les Britanniques, voulant briser la ligne Hindenburg (système de défense des territoires occupés par les Allemands), décident de lancer une offensive au sud de Cambrai en engageant massivement des tanks. La bataille est impitoyable : les premiers combats sont autant de succès pour les troupes britanniques, sauf à Flesquières, mais très vite, les Allemands, d'abord désemparés, entament une vigoureuse contre-offensive.

Durant 15 jours, attaques et contre-attaques vont se succéder sans qu'aucune des deux armées ne remporte de succès décisif. Les pertes humaines sont énormes : 45 000 Britanniques et 55 000 Allemands sont tués, tandis que des villages entiers sont détruits. Pendant la Première Guerre mondiale, une nouvelle arme apparaît sur les champs de bataille : les tanks. Ils devaient servir à appuyer l'attaque de l'infanterie et à entraîner celle-ci à travers les lignes ennemies. Lors de la bataille en novembre 1917, le "Tank Corps" de la troisième armée britannique (476 chars au total) a été engagé afin de percer la ligne Hindenburg.

L'objectif de la bataille était la prise des positions stratégiques de la crête de Flesquières et du bois de Bourlon avant d'envisager la libération de Cambrai. A Flesquières, l'attaque britannique se heurta à une résistance acharnée des troupes allemandes qui parvinrent à détruire ou immobiliser de nombreux tanks. L'un d'entre eux, détruit, sera enfoui au printemps 1918 par les Allemands.

En novembre 1998, grâce à une poignée de passionnés, celui-ci est redécouvert. Aujourd'hui, vous pouvez retrouver ce vestige de guerre à Flesquières. A Cambrai, cette bataille est notamment perpétuée par le monument aux soldats des régiments de Cambrai, face à la porte de la citadelle, et par le monument du Souvenir Français où figurent tous les Cambrésiens morts aux combats de la Grande Guerre. Le cimetière de Louverval en constitue un important lieu de mémoire.

 

Caractéristiques : 

- 26,5 tonnes

- 8,50 mètres de longueur

- 3,20 mètres de largeur

- chenilles d'une largeur de 52 cm

- 5 mitrailleuses de 13 000 à 30 000 cartouches

- Equipage de 8 hommes.

 

La crête

C'est sur la crête de Flesquières que se situe certainement l'épisode le plus important de la bataille de Cambrai.

Dominant la vallée, il nous est possible d'imaginer le point de départ de l'attaque britannique de 20 novembre 1917, sur un front d'environ 8 km, partant d'Havrincourt à Bonavis. A cet endroit, se trouvait un moulin. Pouvant servir de point de repère à l'artillerie britannique, il fut détruit par les Allemands. Aujourd'hui, la pose d'une table d'orientation représentant le système de défense de la ligne Hindenburg et l'édification d'un monument à la gloire des soldats morts sur-le-champ de bataille sont en projet.

 

Le blockhaus

Ce blockhaus allemand surélevé se caractérise par sa forme et son utilisation, car il servait de tour d'observation. En effet, son emplacement permettait de communiquer par le biais de signaux optiques avec Cambrai. Le poste d'observation était attenant au mur du parc du château. Aujourd'hui cet ensemble est en très bon état.

 

La tranchée

Une tranchée, fidèle reconstitution de l'époque, a été réalisée à l'occasion du tournage du documentaire "The Trench" par la BBC. La visite de ce site est possible sur rendez-vous en complément de celle du tank.

 

Les cimetières

Flesquières Hill British Cemetery

Dans ce cimetière, comme dans tous ceux de plus de 400 tombes, la Commonwealth War Graves Commission a édifié une "Pierre du Souvenir" sur laquelle est gravée l'inscription "Their Name Liveth For Evermore". Leur nom vit à tout jamais. Par ailleurs, le cimetière comporte 589 tombes connues et 332 inconnues. Auprès des Britanniques sont enterrés des soldats Néo-Zélandais et des Australiens ayant participé aux combats de la fin de la guerre.

Orival Wood British Cemetery

Ici repose la dépouille du célèbre poète anglais, le lieutenant Ewart Alan Mackintosh. Dans ce même site cohabitent les tombes des soldats canadiens et allemands tués dans le secteur de Flesquières.

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Informationen

Anschrift

Route de Solesmes 59400
Cambrai
Tél. : 03 27 73 21 00

Wöchentliche Öffnungszeiten

Accessible toute l'année

Guillaume II

1859-1941

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Portrait de Guillaume II.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Guillaume II, fils de l'empereur Frédéric III et de l'impératrice Victoria, petit-fils de Guillaume 1er de Hohenzollern par son père et de la reine Victoria d'Angleterre par sa mère, est né à Potsdam le 27 janvier 1859.

Après des études au lycée de Kassel, il suit pendant deux ans les cours de l'université de Bonn et entame sa formation militaire dans les troupes de la Garde. Lieutenant au 1er régiment de la Garde à pied en 1877, capitaine en 1880, commandant aux hussards de la garde en 1881 puis du 1er bataillon du 1er régiment de la Garde à pied en 1883, il est promu colonel, commandant les hussards, en 1885 et nommé général en 1888.

Entre-temps, il épouse en 1881 la princesse Augusta-Victoria, fille de Frédéric-Auguste de Schleswig-Holstein. En mai 1844, il effectue un voyage en Russie pour conforter l'alliance des trois empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie), selon les directives du chancelier Bismarck.

Couronné roi de Prusse et empereur d'Allemagne le 15 juin 1888, après le règne de trois mois de Frédéric III, il entend dès lors exercer un réel pouvoir politique. Son implication est cependant très fluctuante en fonction de son état de santé nerveuse.

Ses divergences de vues avec Bismarck, concernant notamment les questions sociales, les relations avec la Russie ou la politique coloniale se multiplient et, en 1890, ce dernier démissionne. Guillaume II nomme, pour le remplacer, Leo von Caprivi auquel succèdent, en 1894, le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en 1900 le prince Bernhard von Bülow et en 1909 Theobald von Bethmann-Hollweg. Attaché au développement de la puissance militaire et de la richesse de l'Empire allemand, il s'engage alors dans une politique d'expansion commerciale, coloniale et maritime.

L'Allemagne connaît un essor économique important, devenant progressivement la première puissance industrielle en Europe. Les retombées sur le plan social ne manquent pas mais les tensions n'en sont pas moins nombreuses. Les sociaux-démocrates ne cessent de gagner du terrain, obtenant la plus large représentation au Reichstag en 1912. Sur le plan intérieur, le pays est par ailleurs également confronté à ses minorités : Polonais de Posnanie, Danois du Schleswig et Alsaciens-Lorrains qui refusent la politique de germanisation.

En Europe, la croissance de l'Allemagne comme sa politique extérieure inquiètent. La concurrence dans la recherche de débouchés commerciaux, les interventions au Proche-Orient ou dans les pays balkaniques sont autant de sujets de discorde, d'autant que l'empereur adopte une attitude oscillante, se rapprochant tantôt de l'une tantôt de l'autre des quatre autres grandes puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Autriche-Hongrie, Russie). Ne reconduisant pas le traité d'assistance mutuelle avec la Russie en 1890, il consacre ses efforts à renforcer la Triple Alliance (Triplice) entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, renouvelée en 1892, 1902 et 1912, non sans quelques tentatives de rapprochement avec la Grande-Bretagne et la France (qui signent entre elles le traité de l'Entente cordiale en 1904) et la Russie elle-même. Les relations germano-anglaises ne cessent cependant de se détériorer. Le traité d'alliance défensive avec la Russie (traité de Björkö, 1905) est un échec. De même, la tentative de rapprochement avec la France après l'affaire d'Agadir (1911) n'aboutit pas. L'Allemagne se trouve de plus en plus isolée diplomatiquement. Guillaume II fait accélérer le renforcement de sa marine et de son armée.

Au cours du conflit qui éclate en 1914, commandant en chef des armées, il conserve son pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions ainsi que son rôle de coordination et d'arbitrage entre politiques et militaires. Il doit cependant céder la direction des opérations à Hindenburg et Ludendorff, devenus très populaires à la suite des succès de Tannenberg et des lacs Mazures d'août et septembre 1914 et nommés à la tête du haut-commandement durant l'été 1916. Confronté à la défaite allemande et aux troubles révolutionnaires de novembre 1918, l'empereur abdique le 9. Il se réfugie aux Pays-Bas qui refusent la demande d'extradition déposée par les Alliés afin d'appliquer à son encontre les sanctions prévues par le traité de Versailles.

Il se consacre alors à l'écriture et publie, en 1922 et 1927, ses Mémoires : Ereignisse und Gestalten, 1878-1918 et Aus meinem Leben, 1859-1888. Il décède à Doorn, en 1941.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Philippe Pétain

1856- 1951

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Le maréchal Pétain en 1928, commandant en chef des armées. Source : SHD

 

Militaire et homme d'État français, Philippe Pétain est né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), d'une famille de cultivateurs. Pensionnaire dans un collège de jésuites à Saint-Omer, il intègre ensuite l'école des Dominicains d'Arcueil. Très impressionné par les récits de son oncle qui avait servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870, alors qu'il n'avait que 14 ans, il décide d'être soldat et entre à Saint-Cyr, en 1876. Il y est admis parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en 1878 (Promotion De Plewna), dans un rang toujours très modeste, 229e sur 336, prélude à une carrière militaire qui s'annonce peu brillante. Il est affecté comme sous-lieutenant au 24e bataillon de chasseurs à pied (BCP) de Villefranche (Alpes-Maritimes). Lieutenant à l'ancienneté, il rejoint le 3e bataillon de chasseurs à Besançon en 1883 où il reste cinq ans, ne participant donc à aucune campagne coloniale.

Il est admis en 1888 à l'École Supérieure de Guerre dont il sort breveté d'état-major en 1890. Promu capitaine la même année, il est affecté à l'état-major du 15e corps d'armée, à Marseille avant de revenir au 29e BPC puis à l'état-major du gouverneur de Paris, aux Invalides.

En 1900, il est promu chef de bataillon et est nommé instructeur à l'École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne. Son enseignement et ses idées personnelles de commandement diffèrent alors de ceux de l'École, notamment sur l'intensité du tir qui doit primer, selon lui, sur la précision.

Il est muté en 1901 au 5e régiment d'infanterie (RI) à Paris où, en qualité de professeur-adjoint à l'École supérieure de guerre, il est chargé des cours de tactique appliquée à l'infanterie. Il s'y distingue par ses idées tactiques originales, rappelant l'effet meurtrier du feu et préconisant la défensive et la guerre de positions quand les théoriciens officiels prônent la guerre à outrance.

Nommé lieutenant-colonel en 1907, il est affecté à Quimper au 118e RI.

Promu colonel le 31 décembre 1910, il quitte alors l'École de guerre et prend le commandement du 33e régiment d'infanterie à Arras, où le sous-lieutenant Charles de Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr et où se produira leur première rencontre, le 8 octobre 1912.

En juillet 1914, le colonel Philippe Pétain a 58 ans et s'apprête à prendre sa retraite. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, il est à la tête de la 4e brigade d'infanterie et se distingue en Belgique, dans la province de Namur. Promu général de brigade le 27 août 1914, il reçoit le commandement de la 6e division qui atteint le canal de l'Aisne, après la victoire de la Marne. Le 14 septembre, il est général de division et le 22 octobre, il prend officiellement le commandement du 33e corps d'armée avec lequel il réalise des actions d'éclat, notamment dans les batailles de l'Artois en 1915, tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes.

Le 21 juin 1915, il reçoit le commandement de la IIe armée.

En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et organiser la défense aérienne et terrestre. Il parvient, en quelques jours, à stabiliser la situation et met en place une noria continue de troupes, de camions de munitions et de ravitaillement sur la petite route de Bar-le-Duc à Verdun qui va devenir la "Voie sacrée".

Unanimement reconnu comme "le vainqueur de Verdun", il ne reste pourtant qu'à peine plus de deux mois sur ce front avant de remplacer le général de Langle de Cary à la tête du Groupe d'Armées du Centre et d'être lui-même remplacé par le général Nivelle dont l'étoile de cesse de monter depuis le début de cette bataille pour aboutir à sa nomination, le 25 décembre 1916, de commandant en chef des armées à la place de Joffre. Le général Pétain est quant à lui nommé chef d'état-major général, poste spécialement crée pour lui.

Opposé aux méthodes brutales du nouveau généralissime qui envisage, dans l'Aisne, un assaut mené "jusqu'au bout de la capacité offensive" des unités, c'est-à-dire sans égard aux pertes, il ne peut s'opposer aux menaces de démission qui assurent en dernier lieu à Nivelle la confiance du gouvernement. La bataille du Chemin des Dames, déclenchée le 16 avril 1917, se solde rapidement par un échec très coûteux en vies humaines. Le mécontentement des soldats gronde et des refus collectifs d'obéissance se manifestent dans de nombreuses unités.

Nivelle est remplacé par Pétain qui est nommé, le 15 mai 1917, commandant en chef des armées françaises. Chargé de réprimer les mutineries et de ramener la confiance des troupes, il impose de dures mesures disciplinaires mais réduit au minimum les exécutions prononcées par le Conseil de guerre (49 exécutions pour 554 condamnations à mort), met fin aux offensives mal préparées et améliore les conditions de vie matérielles et morales des soldats, en attendant "les Américains et les chars".

En octobre 1917, il reprend aux Allemands, grâce à des offensives à objectifs limités et ne gaspillant pas la vie des soldats, une partie du terrain perdu du Chemin des Dames (le fort de la Malmaison).

Il développe parallèlement ses idées sur la nouvelle importance de l'aviation dans les batailles et sur son utilisation combinée avec les chars. Sa directive n° 5 du 12 juillet 1918 s'oriente ainsi nettement vers la guerre de mouvement : "la surprise tactique sera obtenue par la soudaineté de l'attaque à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance".

Il prépare également une grande offensive en Lorraine, prévue pour le 14 novembre 1918, qui doit mener les troupes franco-américaines jusqu'en Allemagne. Mais elle est abandonnée car, contre son avis et celui du général Pershing qui souhaitaient que la signature de l'armistice n'intervienne pas avant que l'ennemi ne soit rejeté au-delà du Rhin, Foch, nouveau général en chef, et Clemenceau, président du Conseil, acceptent l'armistice demandé par les Allemands à la date du 11 novembre alors que les territoires français et belges ne sont pas encore tous libérés et que les alliés sont encore loin de la frontière allemande.

Bénéficiant d'une popularité considérable à la fin du conflit, véritable légende vivante, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918 et reçoit le 8 décembre suivant, à Metz, son bâton étoilé des mains du président Poincaré.

Reconduit dans ses fonctions de commandant des troupes françaises en juillet 1919, il est également nommé, par décret du 23 janvier 1920, vice-président du Conseil supérieur de la guerre et par décret du 18 février 1922, Inspecteur général de l'armée. Il se consacre durant toute cette période à la réorganisation de l'armée française.

En 1925, il est envoyé au Maroc pour combattre la rébellion de tribus aux ordres d'Abd-el-Krim, chef de l'éphémère République du Rif. Cette campagne s'achève en mai 1926 par la soumission d'Abd-el-Krim.

C'est la dernière campagne du maréchal Pétain et son ultime victoire.

Entré à l'Académie Française le 22 janvier 1931, il est nommé, le 9 février suivant, Inspecteur général de la défense aérienne du territoire. Son immense popularité, en particulier dans les milieux de gauche qui voient en lui le modèle du militaire républicain, lui permet d'accéder, en 1934, au poste de ministre de la guerre dans le gouvernement Doumergue, poste qu'il occupe jusqu'au renversement du cabinet, le 8 décembre 1934. Au cours de ce bref ministère, il travaille essentiellement à doter les forces françaises des moyens indispensables à la conduite d'une guerre moderne, offensive et audacieuse, grâce à l'emploi combiné de l'aviation et des chars. Mais il est confronté à des contingences politiques et financières qui ne lui laissent guère de moyens d'actions. Il préside par la suite le Conseil supérieur de la guerre où sa politique de guerre défensive s'oppose aux idées du colonel de Gaulle, partisan de la concentration de chars dans des divisions blindées.

Le 2 mars 1939, il est envoyé par Daladier comme ambassadeur de France en Espagne pour négocier la neutralité du régime de Franco en cas de guerre européenne et superviser le rapatriement à Madrid des réserves d'or de la Banque d'Espagne et des toiles du musée du Prado, mises à l'abri en France durant la guerre civile espagnole.

Le 17 mai 1940, Pétain, qui a alors 84 ans, est rappelé d'urgence en France par Paul Reynaud pour occuper le poste de vice-président du Conseil dans son gouvernement. Le général Weygand est nommé à la tête des armées en remplacement du général Gamelin mais il est déjà trop tard. Le gouvernement s'installe à Bordeaux et des centaines de milliers de Français et de Belges prennent les routes de l'exode pour fuir les troupes allemandes. Le 16 juin, Reynaud présente la démission de son gouvernement et propose de confier la Présidence du Conseil au maréchal Pétain, considéré par beaucoup comme l'homme providentiel.

Jusqu'en 1940, Pétain était avant tout et essentiellement un soldat. Après 1940, il doit gouverner au lieu de commander.

Le 17 juin, il prononce son premier message radio-diffusé et annonce aux Français son intention de demander l'armistice qui sera signé à Rethondes, le 22 juin après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République, Albert Lebrun. Le 29 juin, le gouvernement quitte Bordeaux et s'installe à Vichy où, le 10 juillet, une loi votée par les deux assemblées (569 voix pour, 80 voix contre et 17 abstentions) confie au Maréchal les pleins pouvoirs avec pour mission la promulgation d'une nouvelle constitution.

Mais Pétain décide de ne rien promulguer tant que la France ne sera pas libérée. Il institue donc un État provisoire, l'État français, pour le temps de l'occupation.

Dès lors commence la période la plus controversée de sa vie. Devenu chef de ce nouvel État, Pétain suspend les libertés publiques comme les partis politiques et unifie les syndicats dans une organisation corporatiste du travail. Il instaure un régime autoritaire, antiparlementaire, anticommuniste et anticapitaliste qui veut réaliser la "Révolution Nationale" avec pour devise "Travail, Famille, Patrie" et pour ambition le "relèvement de la France" qui passe d'abord par le rapatriement des réfugiés, le ravitaillement mais aussi le maintien de l'ordre et de l'unité nationale.

Il fait promulguer, anticipant les exigences allemandes, des lois d'exclusion contre les francs-maçons et les juifs qui les excluent de la plupart des activités et fonctions publiques.

Alors que le général de Gaulle, parti à Londres, appelle tous les Français à résister à l'ennemi, le maréchal Pétain s'engage officiellement dans la voie de la collaboration après son entrevue avec le chancelier Hitler dans la ville de Montoire (Loir-et-Cher), le 30 octobre 1940. Il poursuivra cette politique tout au long de la guerre dans l'espoir de faire de la France le partenaire privilégié du Reich dans une Europe durablement sous hégémonie allemande. Son choix collaborationniste exclut toute rébellion ou simple protestation contre les exactions de l'occupant et implique au contraire de dénoncer tous les actes de résistance intérieure ou extérieure et les opérations alliées contre des civils comme des "crimes terroristes". Il encourage les formations para-militaires, fer de lance de la Révolution Nationale et du régime et soutien des troupes allemandes sur le front russe.

Après le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 et les ordres que donne le Maréchal à ses généraux sur place de combattre les alliés, après la dissolution de l'armée d'armistice et le sabordage de la flotte française dans la rade de Toulon le 27 novembre 1942, après la dissidence de la plus grande partie de l'Empire et la fin de la "zone libre", le régime de Vichy ne dispose plus que d'un pouvoir illusoire face aux Allemands et le Maréchal perd, en France, une grande partie de la popularité dont il bénéficiait depuis 1940. De plus en plus affecté par son grand âge qui ne lui laisse plus, selon ses proches collaborateurs, que quelques heures de lucidité quotidiennes, il maintient néanmoins sa politique de collaboration et accepte le durcissement de la répression jusqu'en août 1944 où il est emmené contre son gré à Sigmaringen, en Allemagne, avec de nombreux dignitaires de son régime. Refusant d'y constituer un gouvernement fantoche, il traverse la Suisse et se rend aux autorités françaises le 26 avril 1945.

Traduit devant la Haute Cour de justice, son procès débute le 23 juillet 1945 et s'achève le 15 août suivant en le déclarant coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il est alors condamné à mort, à la dégradation nationale et la confiscation de tous ses biens mais la Haute Cour demande la non-exécution de la sentence, eu égard à son grand âge. Le général de Gaulle accède à cette demande, en raison peut-être également des mérites passés du Maréchal mais aussi de leurs anciens liens, et commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité.

Interné quelques mois au fort de Pourtalet, dans les Pyrénées, il est transféré au fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu, en novembre 1945. Il y décède le 23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans, et est enterré au cimetière de Port-Joinville.

Mata Hari

1876-1917

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Portrait de Mata Hari. Source : www.arcobaleno.net

 

Margaretha Geertruida ZELLE est l'unique fille de Adam Zelle et de Antje van der Meulen. Son père, riche fabricant de chapeaux et de capes, lui porte une attention toute particulière. La petite fille, souvent prise pour une eurasienne en raison de son teint mat, montre un penchant précoce pour l'affabulation et la mise en scène. Le "cocon" familial se trouve brisé en janvier 1889 lorsque l'entreprise Zelle fait faillite. La famille déménage, Adam Zelle délaisse ses enfants, le couple se sépare le 4 septembre 1890. Le décès de Mme Zelle huit mois plus tard disperse la fratrie.

En novembre 1892, Margaretha entre à l'école normale de Leiden, dont elle est renvoyée en raison d'une liaison avec le directeur. Elle va alors vivre chez un oncle à La Hague. En mars 1895 elle répond à une annonce matrimoniale d'un capitaine de vaisseau de l'armée royale des Indes : "Officier de retour des Indes cherche jeune femme affectueuse pour mariage". Ce dernier, de dix-neuf ans son aîné, se nomme Rodolphe Mac Leod, alias John. Il représente l'autorité paternelle qui lui a fait défaut. Le 11 juillet, leur union est officialisée. Le 30 janvier 1897, résidant alors à Amsterdam chez une soeur de Rodolphe, le couple a son premier enfant, Norman John.

Au début du mois de mai 1897, la famille s'embarque pour Toempong (à l'ouest de Java), aux Indes néerlandaises, où l'officier Mac Leod doit rejoindre son poste. Les époux y ont une fille, Jeanne Louise dite "Non". La jeune femme s'intéresse aux danses balinaises et prend le pseudonyme de Mata Hari "oeil du jour" (nom du Soleil en Indonésie). Cependant, la vie conjugale sur place devient difficile. Margareth, grisée par les colonies, délaisse sa famille. Le couple se dispute sur fond d'adultère. Leur fils meurt à la suite d'une intoxication. En 1900, après vingt-huit ans de service, Rodolphe Mac Leod quitte l'armée.

En mars 1902, les Mac Leod retournent aux Pays-Bas et divorcent cinq mois plus tard. En dépit du jugement rendu, Rodolphe refuse son droit de visite mensuel, et soustrait l'enfant à la garde de sa mère.

En 1903, âgée de 26 ans, la Hollandaise vient à Paris. Sans emploi, elle regagne les Pays-Bas pour quelques mois avant d'entamer dans la ville éternelle une carrière de danseuse de charme sous les apparences d'une princesse javanaise dénommée "Lady Mac Leod". Elle débute au salon de Madame Kiréesky, puis, de salons privés en salons privés, sous son pseudonyme javanais de "Mata Hari", finit par se faire inviter par Monsieur Guimet, possesseur d'une salle de spectacle privée. Sa représentation le soir du 13 mai 1905 en princesse indienne totalement nue marque le début de sa vie mondaine. Elle y interprète avec d'autres artistes une variation d'une "danse hindoue" en l'honneur de la déesse Shiva. Le spectacle est un succès et comédiens sont invités à se produire devant les grands de l'époque : le 18 août 1905 à l'Olympia de Paris, en janvier 1906 à Madrid . à Monte Carlo elle joue dans Le Roi de Lahore de Jules Massenet (1842-1912) . à Berlin, à La Haye, à Vienne et au Caire. Ses talents artistiques sont toutefois à nuancer. Mata Hari a probablement inventé un type de chorégraphie appréciée dans les cabarets et les cercles pour qui l'exotisme est synonyme de lascivité, plus qu'elle n'a présenté de danses indiennes. Aux journalistes, l'interprète cède le pas à la comédienne : elle aime à présenter sa mère comme une princesse indienne, élève son père à la dignité de baron et ajoute : "je suis née à Java, au milieu de la végétation tropicale, et, depuis ma plus petite enfance, des prêtres m'ont initiée à la signification profonde de ces danses qui constituent un véritable culte." Ceci ne l'empêche pas, dès 1907, d'être éclipsée par les autres danseuses de charme, comme Colette, remplacées par les ballets russes quelques temps après. Mata Hari, voyant sa notoriété diminuer, finit par mener une vie mondaine, collectionnant les bienfaiteurs, toujours en quête de nouveaux amants.

Lors de la déclaration de guerre, Margaretha Zelle vit à Berlin auprès d'un ancien galant, Alfred Kiepert, hussard, en attendant de se produire au Metropol. Ses compétences linguistiques lui permettent de regagner les Pays-Bas puis de s'établir à Paris où, installée au Grand Hôtel, elle continue à vivre de ses charmes. Au début de l'année 1916, lors d'un voyage en Allemagne (Cologne, Francfort), Mata Hari, endettée par son train de vie, est contactée par Cramer, consul allemand à La Haye. Celui-ci lui propose de régler ses dettes, de donner 20 000 couronnes en échange de renseignements sur la France. Elle devient ainsi l'agent H 21.

De retour à Paris en juillet, elle noue des contacts avec les officiers alliés, et s'éprend d'un jeune capitaine de l'armée russe. Ce dernier, blessé, est soigné à Vittel. Mata Hari intrigue alors pour obtenir l'autorisation de se rendre à ses côtés. Elle entre alors en relation avec le capitaine Ladoux, officier du contre-espionnage français. En contre partie de cette faveur et d'un million de francs (jamais versés), il lui propose d'espionner le Kronprinz, un de ses anciens amants. Le Français se méfie d'elle : il la fait surveiller pendant toute la mission. Son travail achevé, Mata Hari est envoyée, au mois d'août, en Belgique puis au mois de novembre en Espagne, centre de la guerre secrète, sans argent ni directive précise. Les services secrets britanniques, croyant avoir affaire à l'espionne Klara Benedix, la mettent aux arrêts à l'escale de Falmouth et la soumettent à un interrogatoire serré alors qu'elle se rend aux Pays-Bas afin de gagner l'Allemagne. Le capitaine Ladoux télégraphie à son homologue, Sir Basil Thomson, afin de lever le doute.

Libérée, Mata Hari retourne à Madrid, le 11 décembre 1916, pour trois semaines. Elle noue des contacts avec l'attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne, Arnold von Kalle, et communique aux services français une liste d'agents, un procédé d'encre sympathique et un lieu de débarquement au Maroc - cette "moisson" d'informations profite en réalité à Denvignes, en charge des communications, qui s'en attribue le travail. Entre-temps les services britanniques interceptent et déchiffrent les câbles de l'attaché allemand à Berlin. Ils confondent les identités de l'agent H 21 et de Mata Hari (en raison du manque de vigilance du lieutenant von Kroon), et obtiennent ainsi la preuve qu'elle est un agent double. Un des messages, consacré à la mise en place sur le trône de Grèce du prince héritier Georges mentionne que "l'agent H-21 s'était rendu utile". Une autre lecture des faits veut que von Kalle, se méfiant de Mata Hari, ait provoqué lui-même l'enquête en envoyant ces messages radio à Berlin dans un code facilement déchiffrable par les alliés.

Elle revient à Paris en janvier 1917 afin de retrouver son amant, avec l'espoir de d'une récompense et d'une nouvelle mission... Elle est arrêtée le 13 février à l'hôtel Élysée Palace par le capitaine Bouchardon, le magistrat instructeur, "prévenue d'espionnage et de complicité d'intelligence avec l'ennemi, dans le but de favoriser ses entreprises".

Elle est enfermée à la prison pour femmes de Saint-Lazarre. Pendant quatre mois, au gré de quatorze interrogatoires (du 23 février au 21 juin), Bouchardon finit par la confonde comme étant l'agent H 21 - cette dernière nie cependant avoir entretenu des relations avec le chef du renseignement allemand à Madrid, même si elle admet avoir reçu de l'argent du consul allemand Cramer dans le cadre de sa vie mondaine. Entraîné par le chauvinisme ambiant, Bouchardon ne prend pas en compte les services rendus par l'accusée - il n'y croit pas d'ailleurs : "féline, souple, artificieuse, sans scrupules, sans pitié, elle était une espionne-née", écrit-il dans ses mémoires.

Le procès, à huis clos, commence le 24 juillet 1917, devant le 3e conseil militaire au Palais de justice de Paris. La Cour est présidée par le lieutenant-colonel Somprou et le commissaire du gouvernement, le lieutenant Mornet - lequel déclare plusieurs années après le procès : "il n'y avait pas de quoi fouetter un chat." Son avocat, Maître Clunet, un ancien amant, est un expert réputé du droit international.

Hormis Jules Cambon, Vadim Maslov, et le diplomate Henri de Marguérie qui déclare n'avoir jamais abordé de sujet militaire en sa présence et pouvoir se porter garant de sa parfaite probité, aucun de ses anciens amants n'accepte de témoigner en sa faveur. Le procès, comme l'interrogatoire d'ailleurs, ne font pas la départie entre sa vie mondaine jugée immorale, son cosmopolitisme suspect, et ses activités de renseignement. Ils ne sont que le reflet d'une opinion publique française et alliée qui réclame des coupables pour les morts, les mutineries et autres maux de la guerre. A l'arrière, les ligues relayées par la presse entretiennent l'idée du complot ennemi, attisent la traque aux collaborateurs de tous bords. Margueritte Francillard est la première française fusillée pour espionnage le 10 janvier 1917. Mlle Dufays connaît le même sort au mois de mars. L'affaire Mata Hari, personnage au comportement pour le moins ambigu, est une occasion de plus pour renforcer la cohésion nationale - les archives britanniques montrent par ailleurs qu'elle n'a pas livré aux Allemands d'informations capitales (Léon Schirmann).

Au terme du procès, le tribunal la reconnaît coupable d'intelligence avec l'ennemi et la condamne à être passée par les armes - d'autres femmes sont jugées et condamnées pour espionnage pendant les derniers mois de guerre : Augustine Josèphe, Susy Depsy, Régina Diano, etc.

Au matin du 15 octobre 1917, à 6h15, sa grâce ayant été rejetée par le Président de la République Raymond Poincaré, Margaretha Zelle, ralliée au protestantisme depuis peu, est transférée en voiture cellulaire au polygone de Vincennes où l'attendent soldats et badauds. Mata Hari refuse qu'on lui bande les yeux. Onze balles et le coup de grâce asséné par un officier de cavalerie rassasient la vindicte populaire : "sa disparition réaffirmait l'autorité d'un pays rendu exsangue par une guerre meurtrière dont l'inutilité commençait à poindre" (J.-M. Loubier). Son corps, non réclamé, est mis à la disposition de l'institut médico-légal.

 
Source : MinDef/SGA/DMPA

Victor-Emmanuel II

1820 -1878

Aktie :

Portrait de Victor-Emmanuel. Source www.fuhsd.net

 

Roi de Sardaigne puis d'Italie Turin, 14 mars 1820 , Rome, 9 janvier 1878

 

Victor-Emmanuel témoigne de la situation de la péninsule italienne au XIXe siècle. Fils de Charles-Albert et de la reine Thérèse, fille du grand duc de Toscane Ferdinand, il concentre l'autorité des deux principales maisons italiennes. Son mariage avec Adélaïde d'Autriche témoigne de l'influence des Habsbourg de Vienne depuis Charles Quint. Cette alliance le désert dans l'opinion italienne lorsque le 23 mars 1849, en pleine guerre contre l'Autriche, son père abdique en sa faveur.

Contraint de signer le traité de Milan, le 6 août 1849, Victor-Emmanuel reste fidèle aux engagements de son père et à la politique dynastique de former un état italien unifié et libre. Il conserve ainsi le statut constitutionnel du Piémont (proclamation de Moncalieri), contrairement aux exigences de l'Autriche, même s'il doit accepter l'occupation d'une partie du Piémont par les troupes impériales. Il se pose en champion de la liberté, ce qui lui vaudra le surnom de re galatuomo (roi gentilhomme). Il sait s'entourer en la personne du comte de Cavour notamment qu'il nomme Premier Ministre en 1852.

Sa politique extérieure vise à affirmer l'identité et la présence italiennes dans le concert des nations. Il envoie le général La Marmora en Crimée en 1855 et gagne ainsi un siège au congrès de Paris. L'entrevue de Plombières en juillet 1858 entre le Comte de Cavour et Napoléon III et l'accord militaire de janvier 1859 lui permettent de trouver un allié dans sa lutte contre Vienne et d'ouvrir la dynastie par le mariage de Clotilde avec le prince Jérôme, cousin germain de Napoléon III.

Lors des combats de la guerre de 1859, Victor-Emmanuel se distingue à la bataille de Palestro. Peu après la victoire de Solférino, il entre en libérateur à Milan et poursuit l'unification par les armes de l'Italie en dépit de la défection de Napoléon III qui signe à Villafranca un armistice avec l'Autriche. Les troupes sardes annexent ainsi Parme, Modène et les Romagnes au cours l'année 1860. En échange de l'accord français il doit céder Nice et la Savoie par le raité de Turin le 24 mars 1860.

Le royaume des Deux Siciles est soumis par l'expédition de Garibaldi, "l'expédition des Mille", soutenue en secret par le gouvernement Piémotais. L'unification de la péninsule achevée militairement, Victor-Emmanuel se fait reconnaître roi d'Italie par le Sénat (cent-vingt-neuf voix contre deux).

Roi constitutionnel à partir du 14 mars 1861 il mène une politique modérée, tempérant l'ardeur des partisans de Garibaldi, s'efforçant d'apaiser les conflits avec le Saint-Siège, tout en poursuivant l'oeuvre économique et diplomatique de Cavour.

 

Bénéficiant de la médiation de Napoléon III (entrevue de Biarritz en octobre 1865), il s'allie à la Prusse de Bismarck dans la guerre austro-prussienne de 1866, et incorpore la Vénétie à la suite des traités de Prague et de Vienne. La défaite française de 1870, difficile alliée, lui donne l'occasion d'occuper Rome militairement en 1870 et d'y faire son entrée le 2 juillet 1871.

La consolidation intérieure mais surtout l'affirmation territoriale du nouvel état occupe ses dernières années de règne. C'est ainsi qu'il inaugure une politique "offensive" d'occupation et de maîtrise des frontières. L'opposition à la France de la Troisième République se concrétisera dans les Alpes par la fortification du col de Tende en réaction au système Séré de Rivières.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Hubert Lyautey

1854-1934

Aktie :

Portrait du maréchal Lyautey, photo collection DMPA

 

Né à Nancy le 17 novembre 1854, Louis Hubert Gonzalve Lyautey, bachelier en juillet 1872, entre à Saint-Cyr en 1873 puis à l'École d'application d'état-major en 1876.

Lieutenant en décembre 1877, il est affecté au 20e régiment de chasseurs à cheval à Rambouillet puis muté sur sa demande à Châteaudun. Versé dans la cavalerie, au 2e régiment de hussards, il rejoint en août 1880 son régiment à Sézanne, lequel embarque deux mois plus tard pour l'Algérie.

En poste à Orléansville puis à Alger, il se passionne pour la civilisation arabe, apprend la langue et se familiarise avec les questions coloniales, l'administration et la politique françaises en Algérie. À une politique d'assimilation totale à la France, d'administration directe, il préfère la solution de l'autonomie, du protectorat. L'action de la France ne peut s'inscrire que dans le respect des civilisations et des cultures qu'elle rencontre et en association avec les élites locales.

Après quelques mois passés à Teniet-el-Haad, poste avancé du sud algérien, le capitaine Lyautey est affecté au 4e régiment de chasseurs à Bruyères, dans les Vosges, en 1882. Il devient en octobre de l'année suivante aide de camp du général L'Hotte, inspecteur général de la cavalerie, qu'il suit dans ses affectations à Commercy puis à Tours.

Le 19 novembre 1887, il prend le commandement du 1er escadron du 4e régiment de chasseurs à cheval de Saint-Germain-en-Laye.

À ce poste, il s'emploie à améliorer les conditions de vie de ses hommes, tant sur le plan matériel que culturel, ainsi que leur formation, mettant en pratique ses principes réformistes concernant la mission sociale de l'officier. L'occasion lui est donnée d'exposer ses théories novatrices dans un article au fort retentissement intitulé "Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel", publié dans La Revue des Deux Mondes du 15 mars 1891.

Affecté au 12e régiment de hussards à Gray, puis chef d'état-major de la 7e division de cavalerie à Meaux en 1893, le commandant Lyautey est nommé en Indochine en 1894.

Chef d'état-major du colonel Gallieni, commandant du territoire militaire de la frontière de Chine (territoire de Lang Son), il prend part aux expéditions du haut Tonkin contre les pirates chinois pillant la région. Aux côtés de Gallieni, attaché à l'idée qu'il faut montrer aux populations la force de l'armée française pour éviter d'avoir ensuite à s'en servir, il met en place les structures nécessaires à la mise en valeur de la région : reconstruction des villages, aménagement des voies de communication, reprise et développement des cultures et du commerce. Sous-chef puis chef d'état-major du corps d'occupation, il est ensuite directeur du cabinet militaire d'Armand Rousseau, gouverneur général de l'Indochine. Approfondissant ses connaissances sur les questions politiques, administratives et financières de l'Indochine, il poursuit son action sur tout le territoire.

En mars 1897, il retrouve Gallieni, devenu quelques mois auparavant gouverneur général de Madagascar. Celui-ci le charge de la pacification du nord-ouest et de l'ouest de l'île puis de l'organisation du sud. L'occupation des territoires s'accompagne de grands travaux d'aménagement destinés à permettre l'essor économique et commercial du pays.

Promu colonel en 1900, il rentre en France en 1902 pour prendre le commandement du 14e régiment de hussards à Alençon avant d'être appelé dans le Sud-Oranais en 1903 par Charles Jonnart, gouverneur général de l'Algérie. Général de brigade, il prend le commandement de la subdivision d'Aïn Sefra en octobre puis de la division d'Oran à la fin de l'année 1906. Nommé divisionnaire en 1907, il devient l'année suivante haut-commissaire du gouvernement pour la zone marocaine occupée de la région d'Oudjda.

Il commence par revoir l'aménagement de la zone frontalière algéro-marocaine, foyer d'agitation permanente, en installant de nouveaux postes destinés tant à assurer la sécurité de la région régulièrement menacée par les incursions des tribus hostiles à l'implantation française qu'à ouvrir la voie vers le Maroc. Il établit ainsi une ligne de postes partant au sud de Béchar, rebaptisé Colomb, occupé en octobre 1903, pour aboutir au nord à Berguent, dans l'oasis de Ras el Aïn, en juin 1904. Les mois suivants sont consacrés au renforcement et à l'extension vers l'ouest du dispositif. Diplomate tout autant que militaire, Lyautey multiplie parallèlement les contacts avec les différents chefs locaux afin de susciter leur adhésion à la politique française. Après la pacification de la région frontalière algéro-marocaine, il revient en France en 1910 prendre la tête du 10e corps d'armée de Rennes.

En mars 1912, la convention de Fès établit le protectorat français sur le Maroc, le nord du pays demeurant sous influence espagnole. Lyautey en devient commissaire résident général le 28 avril suivant. Au Maroc, le protectorat n'est cependant pas unanimement accepté. Les opposants au traité et au sultan qui l'a signé sont nombreux. La situation n'a cessé de se dégrader. Arrivé à Casablanca à la mi-mai, Lyautey se porte sur Fès, assiégée par les forces des chefs berbères. C'est le début d'une campagne difficile. Le pays est totalement désorganisé et, administrativement et économiquement, le protectorat est entièrement à construire. Au terme de violents combats, la paix est finalement ramenée dans Fès et sa région. Au cours de l'été, un nouveau sultan est nommé. Lyautey s'emploie à rétablir l'autorité religieuse et politique de ce nouveau souverain sur l'ensemble du pays. La pacification du territoire s'accomplit peu à peu. En mai 1914, Taza, ville clé de l'accès à l'Algérie, est occupée. Les plaines et les villes côtières sont désormais sous contrôle français.

Parallèlement aux opérations militaires, il entreprend les grands travaux de modernisation économique et sociale préalables à l'essor du pays. De grandes réformes administratives, judiciaires et économiques sont engagées. Mise en place des cadres administratifs, développement des ports, de l'agriculture, de la recherche et de l'exploitation minières, aménagement des villes, des voies de communication, création de lycées et d'écoles, construction d'hôpitaux, de dispensaires et ouverture de postes sanitaires fixes ou mobiles... la tâche est vaste.

Pendant la Première Guerre mondiale, il devient brièvement, de décembre 1916 à mars 1917, ministre de la Guerre dans le cabinet Briand. Il regagne ensuite le Maroc. En dépit de moyens réduits, il parvient non seulement à maintenir la présence française mais à accroître son emprise durant tout le conflit.

À son retour et pendant huit ans encore, travaillant sans relâche, il va faire montre d'une intense activité politique et économique propice à l'expansion du pays. Couronnement de sa carrière, en 1921, il est élevé à la dignité de maréchal de France.

Dans le Rif, cependant, la situation est préoccupante. Le soulèvement mené par Abd el-Krim contre les Espagnols se développe, menaçant le Maroc français. Au printemps 1925, Abd el-Krim passe à l'attaque, menaçant les secteurs de Taza et Fès. Lyautey, qui a vu ces dernières années ses forces progressivement réduites, organise immédiatement un barrage défensif en attendant des renforts. Opposé au gouvernement français dans la conduite des opérations, désavoué par celui-ci, il rentre définitivement en France en octobre et se retire à Thorey, en Lorraine. De 1927 à 1931, il remplit une dernière mission, l'organisation de l'exposition coloniale internationale de Vincennes.

Le maréchal Lyautey s'éteint le 27 juillet 1934. Enterrée initialement à Rabat, sa dépouille est rapatriée en France en 1961 pour être inhumée aux Invalides.

Hubert Lyautey était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire, de la Médaille coloniale Tonkin et Maroc, de la Médaille du Maroc agrafes "Casablanca" -"Oudjda" - "Haut-Guir", ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

Élu à l'Académie française dès le 31 octobre 1912, il était également l'auteur de plusieurs études et ouvrages dont notamment "Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel", publié dans La Revue des Deux Mondes, 1891, Du rôle colonial de l'armée, 1900, Dans le sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique, 1903, Lettres du Tonkin et de Madagascar : 1894-1899, 1920, Paroles d'action : 1900-1926, 1927, Lettres de jeunesse : 1883-1893, 1931.

 

Distinctions

Élu à l'Académie française (1912)

Élevé à la dignité de maréchal de France (1921)

Grand-Croix de la Légion d'honneur

Titulaire de la Médaille militaire, de la Médaille coloniale Tonkin et Maroc, de la Médaille du Maroc agrafes « Casablanca" - « Oudjda » - « Haut-Guir », ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

 

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