Le camp de Natzweiler-Struthof

Partager :

De jour comme de nuit, l'appel. Gravure de Henri Gayot, résistant arrêté par la Gestapo en 1943 puis déporté NN au Struthof en 1944. Copyright Musée du Struthof CERD
Corps 1

Le camp de concentration de Natweiler, le seul sur le territoire français, est situé sur ce qui était alors l'Alsace annexée par le Reich. Le KL-Natzweiler a été ouvert le 1er mai 1941 au lieu-dit le "Struthof", à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, à 800 mètres d'altitude. C'est là que les autorités nazies décident d'installer un camp de concentration, sur la face nord du mont Louise.

En septembre 1940, le colonel SS Blumberg, bourgmestre de Schirmeck, ingénieur géologue, s'intéresse au granit rose de la région de Natzweiler et détermine le lieu d'implantation d'un camp dont les déportés travailleraient à l'exploitation du gisement. Natzweiler est le nom germanisé de la commune alsacienne de Natzwiller.

Les 21 et 23 mai 1941, arrivent 150 puis 300 prisonniers en provenance du camp de Sachsenhausen en Allemagne, en majorité des déportés de droit commun, ainsi que des "asociaux" et des déserteurs ou réfractaires de la Wehrmacht. Ce sont essentiellement des Allemands et quelques Polonais et Tchèques.

En mars 1942, sept baraques, sur les dix-sept que comptera la première enceinte du camp, sont achevées, et le Kommando de travail de la carrière est constitué : 200 à 300 déportés, avec 160 civils, ouvriers et employés.

En juin 1943, le premier convoi de déportés NN français arrive à Natzweiler. Arrêtés comme résistants, ces derniers tombent sous le coup des décrets allemands de 1941 dits "Nacht und Nebel" ("Nuit et Brouillard"). Ces décrets visent à faire disparaître les Résistants et, de manière générale, tous les opposants à la force d'occupation allemande.

À partir de la fin de l'année 1942 et jusqu'à la fin de l'année 1944, les nazis ouvrent 70 camps annexes situés en Allemagne, en Alsace-Moselle annexée et, pour l'un d'entre eux, en France occupée (Thil-Longwy, en Meurthe-et-Moselle).

Corps 2

Face à l'avance alliée, entre le 4 et le 20 septembre 1944, les nazis évacuent le camp et transfèrent la majorité des déportés vers Dachau. Quand les soldats de la 6e armée américaine découvrent le camp le 23 novembre 1944, il a été entièrement vidé de ses occupants.

Plus de trente nationalités sont représentées parmi les déportés du camp et de ses annexes. Les plus nombreux sont les Polonais, les Soviétiques puis les Français (dont les Alsaciens-Mosellans).

Sur les 52 000 déportés à Natzweiler-Struthof ou dans l'un de ses camps annexes entre 1941 et 1944, 60 % l'étaient pour des motifs politiques. Au total, près de 22 000 déportés périrent, soit 40 % d'entre eux, faisant de ce camp de concentration l'un des plus meurtriers du système nazi.

Dans la vallée de la Bruche, à quelques kilomètres du Struthof, les nazis avaient de surcroit mis en service le camp de Schirmeck, un camp de "rééducation" pour les Alsaciens et Mosellans réfractaires au nazisme. De sa mise en service en août 1940 à sa libération en novembre 1944, le camp, dirigé par le SS Karl Buck, fut également un lieu de détention et de souffrance pour des détenus d'autres origines.

  • Le camp de concentration du Struthof, ceint d'une double clôture électrifiée. Sont visibles ici les plates-formes centrales disposées en gradins, reliées les unes aux autres par des escaliers et qui constituaient les places d'appel. Nov. 1944 Copyright ECPAD - Phot. Pierre Vignal - Réf. Terre 10090-R29

  • Un des huit miradors qui entourent le camp de concentration du Struthof. Nov. 1944 Copyright ECPAD - Photographe Pierre Vignal - Réf. Terre 10090-R21

  • Dortoirs du camp de concentration du Struthof. Les détenus y étaient entassés tête-bêche à deux, trois, parfois quatre par châlit. Nov. 1944 Copyright ECPAD - Photographe Pierre Vignal - Réf. Terre 10090-R54

  • De jour comme de nuit, l'appel. Gravure de Henri Gayot, résistant arrêté par la Gestapo en 1943 puis déporté NN au Struthof en 1944. Copyright Musée du Struthof CERD

  • Gravure de Henri Gayot, résistant arrêté par la Gestapo en 1943 puis déporté NN au Struthof en 1944 Copyright Musée du Struthof CERD

  • Le travail. Gravure de Henri Gayot, résistant arrêté par la Gestapo en 1943 puis déporté NN au Struthof en 1944. Copyright Musée du Struthof CERD

  • Sous les coups. Gravure de Henri Gayot, résistant arrêté par la Gestapo en 1943 puis déporté NN au Struthof en 1944. Copyright Musée du Struthof CERD

  • Dans le camp de concentration du Struthof tout juste libéré par les forces alliées, des prisonniers montrent comment ils étaient assujetis aux travaux forcés. Novembre 1944. Copyright ECPAD - Photographe Pierre Vignal - Réf. TERRE 10090-R44

  • Au camp de concentration du Struthof tout juste libéré par les forces alliées, des prisonniers montrent comment les cadavres des détenus étaient placés avant d'être brûlés dans le four crématoire. Nov. 1944 Copyright ECPAD - Photographe Pierre Vignal - Réf. Terre 10090-R08

  • Four crématoire du camp de concentration du Struthof, tout juste libéré par les forces alliées. Un prisonnier montre comment les cadavres des détenus étaient enfournés. Nov. 1944 Copyright ECPAD - Photographe Pierre Vignal - Réf. Terre 10090-R11

  • Jospeh Kramer lors de sa détention, 1945. Condamné à mort par une cour militaire britannique lors du procès de Belsen, il est pendu le 13 décembre 1945. Copyright IWM BU 9710