Le camp de Natzweiler-Struthof
Le camp de concentration de Natweiler, le seul sur le territoire français, est situé sur ce qui était alors l'Alsace annexée par le Reich. Le KL-Natzweiler a été ouvert le 1er mai 1941 au lieu-dit le "Struthof", à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, à 800 mètres d'altitude. C'est là que les autorités nazies décident d'installer un camp de concentration, sur la face nord du mont Louise.
En septembre 1940, le colonel SS Blumberg, bourgmestre de Schirmeck, ingénieur géologue, s'intéresse au granit rose de la région de Natzweiler et détermine le lieu d'implantation d'un camp dont les déportés travailleraient à l'exploitation du gisement. Natzweiler est le nom germanisé de la commune alsacienne de Natzwiller.
Les 21 et 23 mai 1941, arrivent 150 puis 300 prisonniers en provenance du camp de Sachsenhausen en Allemagne, en majorité des déportés de droit commun, ainsi que des "asociaux" et des déserteurs ou réfractaires de la Wehrmacht. Ce sont essentiellement des Allemands et quelques Polonais et Tchèques.
En mars 1942, sept baraques, sur les dix-sept que comptera la première enceinte du camp, sont achevées, et le Kommando de travail de la carrière est constitué : 200 à 300 déportés, avec 160 civils, ouvriers et employés.
En juin 1943, le premier convoi de déportés NN français arrive à Natzweiler. Arrêtés comme résistants, ces derniers tombent sous le coup des décrets allemands de 1941 dits "Nacht und Nebel" ("Nuit et Brouillard"). Ces décrets visent à faire disparaître les Résistants et, de manière générale, tous les opposants à la force d'occupation allemande.
À partir de la fin de l'année 1942 et jusqu'à la fin de l'année 1944, les nazis ouvrent 70 camps annexes situés en Allemagne, en Alsace-Moselle annexée et, pour l'un d'entre eux, en France occupée (Thil-Longwy, en Meurthe-et-Moselle).
Face à l'avance alliée, entre le 4 et le 20 septembre 1944, les nazis évacuent le camp et transfèrent la majorité des déportés vers Dachau. Quand les soldats de la 6e armée américaine découvrent le camp le 23 novembre 1944, il a été entièrement vidé de ses occupants.
Plus de trente nationalités sont représentées parmi les déportés du camp et de ses annexes. Les plus nombreux sont les Polonais, les Soviétiques puis les Français (dont les Alsaciens-Mosellans).
Sur les 52 000 déportés à Natzweiler-Struthof ou dans l'un de ses camps annexes entre 1941 et 1944, 60 % l'étaient pour des motifs politiques. Au total, près de 22 000 déportés périrent, soit 40 % d'entre eux, faisant de ce camp de concentration l'un des plus meurtriers du système nazi.
Dans la vallée de la Bruche, à quelques kilomètres du Struthof, les nazis avaient de surcroit mis en service le camp de Schirmeck, un camp de "rééducation" pour les Alsaciens et Mosellans réfractaires au nazisme. De sa mise en service en août 1940 à sa libération en novembre 1944, le camp, dirigé par le SS Karl Buck, fut également un lieu de détention et de souffrance pour des détenus d'autres origines.