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La nécropole nationale de Gerbéviller

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Nécropole nationale de Gerbéviller. © ECPAD

 

Pour accéder au panneau d'information de la nécropole, cliquer ici vignette_necropole_Gerbeviller

 

Située au lieu-dit du Grand Rupt, la nécropole nationale de Gerbéviller regroupe les corps de 2 167 soldats morts pour la France lors de la bataille de la Trouée de Charmes (Août 1914). Créée en 1920, en même temps que le cimetière allemand voisin, elle témoigne de l’extrême violence des combats qui se sont déroulés dans la région pour endiguer l’avance allemande de 1914. En 1924, ce site connaît de nouveaux aménagements en vue de réunir les corps exhumés des cimetières voisins (Charmes, Haroué, Moyen ou Chenevièvres). Pour la Première Guerre mondiale, la nécropole rassemble 728 tombes individuelles et 1 439 corps inhumés en tombes collectives. Parmi les 2 167 soldats se trouvent trois combattants tués au cours de la Seconde Guerre mondiale.

 

Les batailles de la Trouée de Charmes : Rozelieures et Rambervilliers (24 août – 11 septembre 1914)

Au début du mois d’août 1914, les troupes allemandes déploient par la Belgique neutre un large mouvement de débordement pour envelopper l’armée française. Appliquant le plan XVII qui définit l’emploi des forces, le général français Joffre choisit de forcer les lignes ennemies en Alsace et en Lorraine afin de reprendre les départements perdus à la suite de la défaite de 1870.

Malgré quelques succès notamment à Mulhouse, les Français ne parviennent pas à prendre l’ascendant sur les Allemands. En quelques jours, consentant à d’importants sacrifices, la 1re armée du général Dubail et la 2e armée du général de Castelnau sont contraintes de se replier. Au soir du 20 août, le mouvement offensif en Lorraine est brisé. Harassés, les hommes de la 1ère armée se déploient dans le secteur des Vosges, tandis que la 2e armée prend position sur les hauteurs du Grand Couronné de Nancy où se joue, en septembre 1914, le sort de la Lorraine française.

Du côté allemand, les Ve et VIe armées, soit plus de 500 000 hommes, portent leur principal effort à la jonction des deux armées françaises, point supposé le plus faible. L'action se conduit à la Trouée de Charmes, point de passage naturel entre les massifs montagneux du Grand Couronné au nord et le ballon des Vosges au sud. En forçant ce passage, l’aile gauche de l’armée allemande peut rejoindre l’aile droite qui marche sur la Marne, encerclant ainsi une grande partie des armées franco-britanniques.

Le 24 août, l’assaut est lancé. L’effort principal de l’armée allemande se porte sur les positions de la 1e armée de Dubail au sud. Le 8e corps, bien que durement éprouvé depuis quatre jours, s’emploie à entraver la marche de l’ennemi qui dépasse la Meurthe, puis la Mortagne. Le terrain n’est abandonné qu’après de violents combats notamment autour de Baccarat ou à Gerbéviller qui tombe le soir malgré la défense du 2e Bataillon de Chasseurs à Pieds (BCP), qui se replie devant un adversaire dix fois supérieur en nombre. En représailles, la ville et ses habitants restés sur place, subissent les exactions des troupes du Prince Rupprecht de Bavière. Soixante civils sont exécutés et le village, après avoir été pillé, est incendié.

Au soir de cette journée, les Français parviennent à endiguer les vagues d’assauts allemands. Dans un ultime effort, ils repoussent même l’ennemi et reprennent Rozelieures. L’ennemi, bien que parvenu à quelques kilomètres de Charmes, est bloqué devant la Moselle. Le lendemain, encouragé par ce succès, de Castelnau, lance une nouvelle offensive. Attaques et contre-attaques se succèdent. Les positions perdues sont reprises. Plus à l’est, les Allemands conduisent un nouvel effort, notamment dans le secteur de Rambervilliers. L’armée de Dubail, à l’image du 21e corps, défend pied à pied ses positions. Entre le 25 août et le 9 septembre 1914, le col de la Chipotte change cinq fois de mains au prix de lourdes pertes.

Tenus en échec, les Allemands accentuent, le 4 septembre, leur effort sur le Grand Couronné. Pourtant, au bord de la rupture, les armées françaises contiennent l’ennemi. Le 7, ils reprennent l’initiative et conquièrent les bois de Champenoux et de Velaine. A compter du 11 septembre, l’étau allemand se desserre enfin sur le Grand Couronné. Avec la victoire française sur la Marne, les opérations en Lorraine française deviennent secondaires pour le commandement allemand.

Le 13 septembre, la bataille du Grand Couronné prend fin. Les villes de Pont-à-Mousson et de Lunéville sont reprises sans combat. De Parroy, à l’est de Nancy au col de Saales, le front se fige.

Après ces combats d’une extrême violence, le front de Lorraine ne connaît plus d’opération d’envergure.

 

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © ECPAD

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Gerbéviller. © Guillaume Pichard

  • Fantassins français en position dans un champ. Vêtus d'un pantalon rouge garance et capote bleue, les soldats français restent des plus exposés aux tirs des mitrailleuses ennemies. © Collection particulière FBN - DR

  • Vestiges du village de Gerbéviller. Gros bourg de 1600 habitants situé au sud-est de Nancy, Gerbévillier est âprement défendu, le 24 août 1914, par les Français. Au soir du 24, le village est conquis. Furieux qu'une poignée de soldats aient pu ralentir la progression de deux régiments, les Allemands rassemblent les civils qui n'ont pu fuir. Accusant ces personnes d'avoir pris part aux combats et d'avoir tiré sur l'ennemi, les Allemands exécutent, en représaille, une soixantaine de civils, n'épargnant ni les femmes ni les vieillards. Soumis au pillage, le village est détruit à 80%. © Collection particulière FBN - DR

  • Ruines du faubourg de Ramberviller - Gerbéviller, septembre 1914. © CIL/Collection Jean-Marie Picquart

  • Foule nombreuse participant à une cérémonie commémorative en l'honneur des civils fusillés et des soldats tués en 1914, Gerbéviller, août 1918. Tout au long de la guerre, les ruines de de Gerbévillier sont visitées par les plus hautes autorités politiques et militaires de la France. Par ailleurs, au début de la guerre, la presse, au travers de nombreux articles et d'une rhétorique éditoriale puissante, dénonce les comportements de l'ennemi. Avançant souvent le prétexte cynique des francs-tireurs, la presse oppose l'image de pays alliés, respectant les normes civilisées de la guerre, à celle d'un pays brutal et barbare. © ECPAD

  • Préfet Mirman prononçant un discours honorant le souvenir des victimes de Gerbévillier, août 1918. Nommé préfet de Meurthe-et-Moselle le 9 août 1914, Léon Mirman s'engage, tout au long de la guerre, à soutenir les réfugiés civils du département. © Archives municipales de Nancy