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Un briquet du 1er BEP contemporain de la guerre d’Indochine

© Collection Maurice Bleicher

 

Le tabac et les articles du fumeur, paquets de cigarettes, tabatières, briquets, ont longtemps été les compagnons du soldat, trouvant précocement leur place dans les poches ou dans les musettes. Lors de la Première Guerre mondiale, les briquets font souvent l'objet d'une personnalisation : fabriqués par les Poilus à l'aide du cuivre des douilles d'obus, ils sont fréquemment décorés de scènes militaires ou de noms de bataille. Durant la Seconde guerre mondiale, les célèbres briquets Zippo deviennent indissociables de l'image du GI américain.

Dans les années 1940-1950, la prestigieuse société S.T Dupont s'associe à la firme Drago, grand fournisseur d'insignes pour l'Armée française, afin de fabriquer une série limitée de briquets ornés d'insignes d'unités militaires.

Le briquet à essence présenté date de la guerre d'Indochine.

Fabriqué par S.T Dupont, il porte d'un côté l'insigne miniature émaillé du 1er bataillon étranger de parachutiste et de l'autre les grenades à sept flammes de la Légion étrangère. Objet de luxe, il a probablement été acheté par un officier ou lui a été offert par ses hommes à l'occasion d'une affectation ou d'une promotion.

Le 1er bataillon étranger de parachutistes (BEP) n'eut qu'une existence éphémère, étroitement liée à l'histoire des guerres coloniales menées par la France dans la deuxième moitié du XX siècle et plus particulièrement au conflit indochinois.

Fondé à Khamisis, près de Sidi Bel Abbès, en juillet 1948, il est envoyé au Tonkin dès le mois d'octobre et participe à l’évacuation des postes avancés français du nord de la colonie. La bataille de la route coloniale 4 tourne toutefois au désastre : parti de Lang Son pour rejoindre Cao Bang, harcelé par un ennemi supérieur en nombre, le bataillon perd 420 légionnaires, 46 sous-officiers et 21 officiers dont son fondateur et premier chef de corps, le chef de bataillon Segrétain, auquel le général Giap fera rendre les honneurs militaires.

Reconstitué en 1951 à partir du reliquat de l'ancien bataillon, le 1er BEP est, le 21 novembre 1953, la première unité de la Légion à sauter sur Dien Bien Phu. 57 jours de siège plus tard, le 7 mai 1954, submergés par les assauts du Vietminh, ses membres survivants partent en captivité avec les autres rescapés du corps expéditionnaire.

Le 1er BEP est anéanti et la défaite de Dien Bien Phu scelle définitivement le sort de l'ancienne colonie française en accélérant les pourparlers déjà entamés : le 20 juin 1954, les accords de Genève reconnaissent l'indépendance de la péninsule et sa partition entre Etats souverains. C'est la fin de la présence française en Indochine.


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