Joseph Doumenc

1880-1948

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Photo portrait de Joseph Doumenc

 

Joseph Doumenc (Grenoble 16 novembre 1880 – Massif du Pelvoux 21 juillet 1948) :

 

Polytechnicien puis élève de l'École d'application de l'artillerie et du génie de Fontainebleau, Joseph Édouard Aimé Doumenc intègre l'École supérieure de guerre en 1907. Capitaine à l'état-major du 19e corps d'armée, il sert dans les confins algéro-marocains avant d'être affecté au 60e régiment d'artillerie à Troyes.

Durant la Première Guerre mondiale, adjoint au directeur du Service automobile puis directeur de ce service en 1917, il se signale comme l'organisateur des transports routiers qui assurent le ravitaillement et la relève au cours de la bataille de Verdun en 1916. Par ailleurs, entre novembre 1916 et mars 1917, il participe, aux côtés du général Estienne, à la création des premiers chars d'assaut. Il est nommé commandant en 1918.

Après avoir fait campagne au Maroc en 1925, il prend le commandement de la 1re division d'infanterie puis celui de la 1re région militaire.

En 1938, il est nommé au Conseil supérieur de la guerre. En 1939, promu général d'armée, il est envoyé à Moscou comme chef de la délégation française chargée de négocier un accord militaire avec l'URSS mais la signature du pacte germano-soviétique met un terme à sa mission.

À la déclaration de guerre, il prend la tête de la défense anti-aérienne du territoire avant d'occuper le poste de major général en janvier 1940.

Il quitte le service en 1942. Il se tue accidentellement dans les Alpes en 1948.

Le général Doumenc était Grand officier de la Légion d'honneur. Il était en outre titulaire, notamment, de la Croix de guerre 1914-1918 avec neuf étoiles de bronze, de la Croix de guerre théâtres d'opérations extérieurs et de plusieurs décorations étrangères.

Oeuvre : Commandant Doumenc Les transports automobiles sur le front français 1914-1918, 1920.

 

Collection "Mémoire et citoyenneté", N°14, Publication Ministère de la défense/SGA/DMPA

Franz Stock

1904-1948

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Portrait de Franz Stock. Source : wikipedia.org

1904 naissance à Neheim (Westphalie) le 21 septembre

1926 participe au congrès La Paix par la jeunesse à Bierville (France) à l'appel de Marc Sangnier

1928 étudiant à Paris (séminaire des Carmes de l'Institut catholique)

1932 ordonné prêtre à Paderborn

1934 recteur de la paroisse allemande de Paris

1940 Aumônier allemand de trois prisons parisiennes : Fresnes, La Santé, Cherche-midi

1944 Il accompagne, aide, soulage les condamnés à mort (plus de mille au Mont Valérien) ou à la déportation ainsi que leurs familles.

1945 supérieur du Séminaire des barbelés, le Coudray (Eure et Loir)

1948 mort à Paris le 24 février

1963 ratification du traité d'amitié et de réconciliation franco-allemande. Transfert du corps à l'église Saint Jean-Baptiste de Rechêvres (Chartres)

 

Le séminaire des barbelés

 

Peu d'hommes ont incarné comme Franz Stock la volonté de réconciliation franco-allemande

 

 Sa vie fut un témoignage d'amour pour l'humanité. Son héritage moral perdure à travers les livres et les témoignages de ceux qui l'ont connu dans les circonstances extrêmes de la guerre.

 

Le souvenir le plus concret qui  reste de lui en France est au  Coudray, près de Chartres

 

C'est le bâtiment qui a abrité de 1945 à 1947 ce que l'Histoire a retenu sous le nom de Séminaire des barbelés et qui, sous la direction de Franz Stock, accueillit près de 1000 jeunes allemands et autrichiens, prêtres et séminaristes prisonniers de guerre, qui allaient contribuer à créer l'Allemagne nouvelle.

Dès les années 60, des associations françaises et allemandes ont été créées par ceux et celles qui voulaient que cet homme hors du commun serve de modèle des deux côtés du Rhin à tous ceux qui voulaient apporter leur contribution à la réconciliation entre nos deux pays et bâtir une Europe de paix.

 

Le Centre européen de rencontre Franz Stock

 

Aujourd'hui trois associations :

  • L'association chartraine Franz Stock
  • Franz Stock Komitee
  • Les amis de l'abbé Stock

ont décidé de tout mettre en oeuvre pour créer dans les lieux même du Séminaire des barbelés, le Centre européen de rencontre Franz Stock (CERFS). Il y a quelques jours, les travaux ont commencé et toutes les associations françaises et allemande contribuent à la réussite du projet.

 

Source : Association Française Les Amis de l'Abbé Stock

August von Kageneck

1922-2004

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Portrait de von Kageneck. Source : http://www.arenes.fr

Cavalier et écrivain

 

August von Kageneck, Allemand de Rhénanie a été, successivement, un combattant de l'arme blindée, un journaliste et un écrivain. Il a été l'un des artisans de la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Sa vie et ses livres témoignent, à la fois, d'une période dramatique de l'Histoire et de l'existence de "Justes" dans tous les camps.

August von Kageneck naît sur les bords de la Moselle, à mi-chemin entre Trêves et Coblence, dans une famille aristocratique, dont il est le cinquième fils. Son père, ancien général, ayant commandé une brigade de cuirassiers, au cours de la Grande Guerre, avait été, auparavant, attaché militaire à Vienne et aide de camp de l'Empereur Guillaume II.

August passe son enfance dans les environs de Wittlich, siège d'une garnison française, jusqu'en 1930. Les sentiments des Kageneck à l'égard de la France entre les deux guerres sont ambigus.

Elle est jugée responsable du traité de Versailles, unanimement honni, l'occupation de la rive gauche du Rhin est ressentie comme une humiliation. Mais tous parlent français et sont avides de notre littérature.

Catholique et monarchiste, le Général est instinctivement réservé à l'égard d'Hitler et du national socialisme. Cependant il n'empêche pas son fils d'entrer dans la Hitler Jugend, comme on entre aux scouts. August poursuit ses études secondaires au collège des Jésuites de Bad Godesberg, où il est formé par ces inimitables éducateurs. Sa vocation est claire : à moins de 17 ans, en avril 1939, il s'engage au 17ème Régiment de Cavalerie, à Bamberg. Arrivé en France, après la fin de la Campagne de 1940, il y séjourne, quelques mois, dans un Groupe de reconnaissance. Ce sera son destin : il servira toujours dans des formations de reconnaissance.

Le 1er janvier 1941, il rejoint l'Ecole de l'Arme blindée à Krampnitz près de Potsdam, en qualité d'élève officier d'activé. Il en sort sous-lieutenant, le 1er mai 1941, et rejoint le bataillon de reconnaissance de la 9ème Division blindée formée d'Autrichiens.

Le 23 juin 1941, âgé de moins de 19 ans, il entre en Russie, à la tête de son peloton d'automitrailleuses. Ce sont treize mois de combats acharnés, dans la poussière, la boue et le froid extrême. Trois blessures, dont une terrible, à la face, le 25 juillet 1942, dans la région du Don. Pendant de longs mois, il va d'hôpital en hôpital, où il subit de nombreuses opérations, aux résultats remarquables.

Malgré son désir de rejoindre le front, il est affecté comme instructeur à l'Ecole des blindés qu'il suit dans ses déplacements. En décembre 1944, il obtient enfin une affectation sur le front Ouest et finira la guerre, contre les Américains, au coeur du Harz, dans les rangs du bataillon de reconnaissance de la fameuse Panzerlehr-Division.

Il réussira à échapper à la captivité et rejoindra ses parents, en Rhénanie, de nouveau occupée par les Français. Deux de ses frères ont été tués : l'un à la tête d'un bataillon du 18ème Régiment d'Infanterie devant Moscou, l'autre, un as de la Luftwaffe, aux 69 victoires, abattu au-dessus de Tobrouk.

Après la sombre période que traverse l'Allemagne depuis sa défaite, il se lance dans le journalisme. Dès 1948, il collabore à une feuille locale, publiée à Bad Kreuznach. En 1950, il est reporter dans un quotidien de Hambourg. Jusqu'en 1955, date à laquelle il s'installe à Paris, il effectue de nombreux reportages, en Afrique, pour la télévision allemande. Pendant 16 ans, il sera le correspondant, en France, du grand quotidien allemand "Die Welt", en même temps que de la télévision officielle allemande.

Il travaille aussi pour la "Bild Zeitung" : c'est ainsi qu'il couvrira, pour son compte, la "semaine des barricades", à Alger (janvier 1960). A Paris, il est une des personnalités éminentes de la colonie allemande et collabore à son journal, le "Pariser Kurier". Il devient Président de l'Association des journalistes étrangers à Paris. De 1986 à 1994, il regagne Bonn, où il publie sa lettre d'information "Economie et politique allemande" du Bureau de presse fédérale.

En 1994, il rejoint sa famille, à Neuilly et part, enfin, se consacrer à sa seconde vocation : celle d'écrivain.

Il publie, dans l'année même, chez Perrin "Lieutenant de Panzers", écrit en français, qui le fait connaître du public. C'est un récit, dépouillé et vivant, de sa vie de soldat.

En 1996, c'est, chez le même éditeur "Examen de conscience". Le livre soulève une polémique avec ses anciens camarades et même avec ses proches qui l'accusent de contribuer à aggraver la mauvaise conscience des Allemands. Ceux-ci savaient que leur pays s'était rendu coupable de crimes de guerre, notamment en Russie, mais ils voulaient croire que la Wehrmacht n'avait pas été impliquée dans ces crimes, commis par les SS ou les autorités issues du parti national socialiste. Or, August von Kageneck affirmait, preuves à l'appui, que la Wehrmacht avait été complice et, parfois, auteur de ces crimes.

En 1998, toujours chez Perrin, paraît "La guerre à l'Est - Histoire d'un régiment allemand - 1941-1944". C'est l'odyssée du 18ème Régiment d'Infanterie, dans les rangs duquel a été tué son frère, Franz-Joseph. C'est un bon livre de guerre qui fait penser à "Orages d'acier" d'Ernst Junger. Enfin, en 2002, il signe aux Arènes, un livre de dialogues avec Hélie de Saint-Marc, sous le titre "Notre histoire - 1922 - 1945". Les parcours des deux hommes étaient parallèles : même âge, même milieu social, même formation chez les Jésuites, même vocation militaire, même regard porté sur la guerre et la souffrance et pour finir même souci de réfléchir sur le destin et de coucher ces réflexions dans des livres.

August von Kageneck est d'une grande sobriété dans ses récits de guerre, d'une grande sensibilité et d'une conscience inquiète dans ses réflexions. Ses livres sont d'une lecture facile et agréable. August von Kageneck a beaucoup oeuvré pour une réconciliation entre la France et l'Allemagne, fondée sur la confession des crimes et la reconnaissance des fautes. N'avait-il pas, dès 1948, participé à une marche européenne de la jeunesse à Strasbourg ?

Par ses livres, ses conférences, ses relations avec le "Tout Paris" il a contribué à transformer l'image que les Français se faisaient de leurs voisins.

En 2001, il s'est rendu à Oradour-sur-Glane, pour demander pardon des crimes commis en 1944.

Il est décédé, le 13 décembre 2004, à Bad Oldesloe dans la région de Lübeck, après une longue maladie.

 

Sources : Francis Boulnois, dans : Avenir & Traditions. Union Nationale de l'Arme Blindée Cavalerie Chars, 91, mars 2005

Théodose Morel

1915-1944

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Portrait de Théodose Morel alias "Tom". Source : http://www.ordredelaliberation.fr

Théodose Morel, dit "Tom"

 

Issu, par son père, d'une vieille famille lyonnaise d'industriels de la soierie et, par sa mère, d'une famille d'officiers et de juristes savoyards, Théodose Morel voit le jour le 1er août 1915, à Lyon.

Après des études primaires secondaires chez les Pères Jésuites, il choisit le métier des armes et prépare, de 1933 à 1935, le concours de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr à l'école Sainte Geneviève de Versailles. Admis à l'ESM en 1935 (promotion Lyautey), son rang de sortie, deux ans plus tard, lui permet de choisir son affectation : le 27e Bataillon de Chasseurs Alpins (27e BCA), à Annecy où il arrive le 1er octobre 1937, jour de sa nomination au grade de sous-lieutenant.

Formé comme éclaireur-skieur à Chamonix, Théodose Morel, qui épouse en novembre 1938 Marie-Germaine Lamy, devient officier adjoint au commandant de la section d'éclaireurs-skieurs à Abondance avant d'en prendre lui-même la tête.

En mai 1939, sa section gagne la Savoie et la frontière italienne. Elle est en poste au-dessus de Val d'Isère.

Le 21 septembre il est promu lieutenant et, alors que le 27e BCA part pour le front de l'Est, sa section, à son grand regret, reste sur place pour la garde des frontières.

Ce qui ne l'empêche pas de se distinguer, du 12 au 20 juin face aux troupes alpines italiennes . par une manoeuvre habile mais risquée, avec un de ses chasseurs, il réussit au cours d'une reconnaissance à faire quatre prisonniers.

Blessé par balle au bras droit le 18 juin, il continue néanmoins le combat avec ses chasseurs . il reçoit la croix de guerre.

Les 21 et 22 juin 1940, appelé en renfort avec sa section près du col du Petit Saint-Bernard, il parvient à localiser les forces adverses permettant à l'artillerie d'effectuer un tir d'arrêt qui contraint l'ennemi à se replier. Le lieutenant Morel reçoit une seconde citation et la croix de la Légion d'Honneur.

Il sert ensuite dans l'armée d'armistice à Annecy où le commandant Vallette d'Osia a pris le commandement du 27e BCA tout en préparant son unité à la revanche.

En août 1941, le lieutenant Morel est nommé instructeur à Saint-Cyr, repliée à Aix-en-Provence, et c'est dans l'esprit de la reprise du combat qu'il oriente et instruit ses élèves.

Après l'invasion de la zone sud par les Allemands en novembre 1942 et la démobilisation de l'armée d'armistice, il entre dans la Résistance de Haute-Savoie et dans la clandestinité sous le couvert d'une entreprise de tissage.

Retrouvant Vallette d'Osia, qui commande l'Armée Secrète (AS) du département, et le capitaine Anjot du 27e BCA, il s'attache à mettre sur pied l'AS de Haute-Savoie, que l'instauration du Service du Travail Obligatoire (STO) en février 1943 va contribuer involontairement à alimenter.

Avec l'arrestation de Vallette d'Osia en septembre 1943 par les Allemands, qui ont remplacé les Italiens, puis son évasion pour l'Angleterre, l'AS de Haute-Savoie perd son chef. Il est remplacé par Henri Romans-Petit, chef de l'AS de l'Ain. Morel redouble d'activité, sa famille échappe de peu à l'arrestation.

À la fin du mois de janvier 1944, le lieutenant Théodose Morel, alias Tom, reçoit de Henri Romans-Petit le commandement des maquis de Haute-Savoie et la mission de réceptionner les parachutages sur le plateau des Glières à 1500 mètres d'altitude et à une quinzaine de kilomètres d'Annecy. Les actions de résistance et de sabotage se multiplient, la loi martiale est décrétée dans le département. Tom décide alors le regroupement de 120 maquisards aux Glières. Deux compagnies sont constituées.

À partir de février, et pendant six semaines, les accrochages se multiplient avec les Gardes Mobiles de Réserve (GMR) qui ceinturent le plateau sur lequel se trouvent, à la fin du mois de février, plus de 300 hommes formant trois compagnies.

Tom organise énergiquement, avec les moyens dont il dispose, la défense du site des Glières et instruit son bataillon pour en faire une unité forte et homogène, en vue des combats de la libération. Sous son impulsion, le bataillon - qui a adopté la devise "vivre libre ou mourir" - regroupe des membres de l'AS mais aussi des Franc-Tireurs et Partisans (FTP) et plusieurs dizaines de Républicains espagnols, réussissant l'amalgame entre les différentes branches armées de la résistance savoyarde.

Un premier parachutage de 54 containers permet de les équiper en armes légères.

Le 2 mars, il décide une opération contre l'Hôtel Beau séjour à Saint Jean de Sixt, où sont cantonnés les GMR. Trente d'entre eux sont faits prisonniers, monnaie d'échange en contrepartie de la libération de Michel Fournier, un étudiant en médecine, infirmier du maquis, arrêté au Grand Bornand quelques jours auparavant. Mais, malgré l'accord sur l'honneur de l'intendant de police Lelong d'Annecy, celui-ci reste détenu.

Le 5 mars, les Glières connaissent leur second parachutage de 30 containers. Pour obliger Lelong à respecter sa promesse et sur des renseignements précis, Tom décide alors de mener, dans la nuit du 9 mars 1944, contre le P.C. des GMR à Entremont, une opération importante dans laquelle il engage une centaine d'hommes. Il se réserve l'objectif principal : l'attaque de l'Hôtel de France, siège de l'Etat-major des forces de l'ordre. La section des éclaireurs-skieurs parvient à pénétrer à l'intérieur, au prix d'un combat acharné.

Au moment où les chasseurs désarment leurs prisonniers, le commandant Lefèvre, chef des GMR, sort de sa poche une arme restée cachée et tire lâchement à bout portant sur Tom Morel qui s'effondre, touché au coeur, avant d'être lui-même abattu.

Le lieutenant Théodose Morel est enterré par ses camarades, sur le plateau des Glières, le 13 mars. Le 2 mai 1944, son corps est descendu dans la vallée. Il est aujourd'hui inhumé au cimetière Militaire de Morette, aujourd'hui Nécropole Nationale des Glières, en Haute-Savoie.

  • Chevalier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 20 novembre 1944
  • Croix de Guerre 1939-1945 (2 citations)

 

Source : http://www.ordredelaliberation.fr

Dominique Larrey

1766 - 1842

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Le baron Jean-Dominique Larrey. Portrait. 1804. Par Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson. Source : Insecula.com

Jean-Dominique Larrey (8 juillet 1766 : Baudéan - 25 juillet 1842 : Lyon)

Dominique Larrey est une figure incontournable de l'histoire de la médecine militaire. "Providence des soldats", il est le chirurgien aux 800 opérations lors de la bataille d'Eylau , le créateur des ambulances mobiles.

Né à Baudéan, près de Bagnère-sur-Bigorre, en 1766, dans une famille pyrénéenne protestante, Dominique Larrey est la figure de proue des champs de bataille napoléoniens. Il étudie la médecine à l'Hôpital Lagrave de Toulouse, auprès de son oncle, Alexis Larrey, correspondant de l'Académie Royale de Chirurgie. Il soutient à vingt-ans une thèse sur la carie de l'os puis part pour Paris où son oncle l'a recommandé à Desault, chirurgien de l'Hôtel-Dieu. Il intègre l'École de chirurgie navale de Brest, y apprenant les rudiments de la chirurgie précoce qu'il appliquera sur la frégate La Vigilante."

En 1791, préparant le concours de chirurgien gagnant-maîtrise, il travaille à l'Hôtel national des Invalides sous la protection de Sabatier.

En 1792, il est engagé dans l'armée du Rhin et la suit dans sa campagne d'Allemagne. La bataille de Spire, en septembre 1792, lui permet d'appliquer les principes de la chirurgie navale. Il brave l'interdiction interdisant aux officiers de santé, sur terre, de se tenir à moins d'une lieue des combats et à attendre leur fin pour secourir les blessés.

Il décide alors de remédier à la mauvaise organisation du service de la Santé en créant à Mayence, en 1793, un cours de perfectionnement destiné à ses collègues. À l'Armée du Rhin, le baron chirurgien François Percy crée des ambulances légères, petits caissons sur roues permettant de transporter non seulement des infirmiers mais aussi des civières démontables et pliables.

De retour à Paris, Larrey, son second, imagine d'autres "ambulances volantes", caisses suspendues destinées au transport des blessés, qui permettraient d'enlever les soldats invalides du champ de bataille afin "d'opérer dans les vingt-quatre heures". Jusque-là, les blessés sont abandonnés plusieurs jours sur le champ de bataille, parmi les cadavres, et finalement ramassés par les paysans.

En 1796, Larrey est nommé professeur de chirurgie à l'Hôpital d'Instruction du Val-de-Grâce récemment créé. Homme de terrain, il prend part aux campagnes de la Révolution, du Consulat et de l'Empire. Il fonde l'Ecole de Chirurgie du Caire.

Chirurgien en chef de la Garde consulaire (1800), docteur général du Service de la santé, chirurgien en chef de la Grande Armée, Larrey parcourt l'Europe : en Allemagne, en Espagne, en Autriche. Lors de la bataille d'Eylau (8 février 1807) il pratique huit cent opérations en trois jours. Napoléon Ier lui offre alors son épée, et ne tarde pas à le nommer Commandeur de la Légion d'Honneur. Il est fait baron après Wagram (1809).

Sa pratique de l'amputation a permis de sauver près de trois-quarts des blessés et a évité la propagation du tétanos. Sa présence continue sur les routes et les champs de batailles lui valurent le surnom de "Providence des soldats" lors de la retraite de Russie (1812). L'Empereur, qui écrira à son sujet que c'est "l'homme le plus vertueux que j'aie connu", lui lèguera 100.000 francs.

En 1813, à Lutzen-Bautzen, Dominique Larrey pratique la première expertise médico-légale.

Blessé et fait prisonnier à Waterloo, sur le point d'être fusillé, il est sauvé par un officier prussien, Blücher, dont il avait jadis soigné le fils.

Libéré à la paix, il est inquiété sous la Restauration, mais reçoit finalement confirmation de son titre de baron en 1815. Il est membre de la première promotion de l'Académie de Médecine en 1820, membre de l'Institut en 1829.

Dominique Larrey est mort à Lyon, au retour d'une inspection en Algérie, en 1842, âgé de 76 ans.

 

Sources : Médecine et Armées, 27/8, 1999 et perso.wanadoo.fr/claude.larronde/billet-Chirurgien.html

Louise de Bettignies

1880 - 1918

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Portrait de Louise de Bettignies.
Source : Archives départementales du Nord

Louise, la "Jeanne d'Arc du Nord", est la fille de Julienne Mabille de Ponchevillle et d'Henri de Bettignies - une famille de vieille noblesse wallonne du Hainaut fondatrice au XVIIIe siècle de la manufacture de faïence impériale et royale de Tournai.

Son bisaïeul, Louis-Maximilien implante une faïencerie au lieu-dit "Moulin des Loups" à Saint-Amand-les-Eaux. Henri de Bettignies vend l'affaire, peu avant la naissance de sa fille, en raison de difficultés financières. La jeune fille, désargentée, reçoit cependant les valeurs et l'éducation de son groupe. Elle fait ses études secondaires à Valenciennes, trouvant dans l'étude un exutoire à son indigence et à la mort de son père en 1903.

Elle se destine d'abord au Carmel, à l'instar de son frère prêtre et de sa soeur religieuse, avant de choisir de mettre à profit ses facultés intellectuelles en se plaçant comme gouvernante dans des familles anglaises et allemandes afin d'apprendre leurs langues et de découvrir l'Europe.

En 1914, les troupes allemandes envahissent le nord de la France. Louise prend part, en octobre, en compagnie de sa soeur, à la défense de Béthune, en ravitaillant les assiégés.

En février 1915, lors d'un séjour à Saint-Omer, la jeune femme est contactée par un officier français du 2e Bureau qui lui propose de servir son pays en tant qu'agent de renseignement, proposition renouvelée peu de temps après par le Major Kirke pour l'Intelligence Service britannique.

Après avoir obtenu l'assentiment de son directeur spirituel, le père Boulengé, l'auteur de son surnom de "Jeanne d'Arc du Nord", elle met en place, dans le secteur de Lille, conseillée par Monseigneur Charost, évêque de Lille, l'embryon du futur "Service Alice" ou "Service Ramble". Passant par la Belgique et les Pays-Bas, la désormais Alice Dubois transmet des informations en Grande-Bretagne. Elle est aidée dans sa tâche, à partir du printemps 1915, par la roubaisienne, Marie-Léonie Vanhoutte alias Charlotte Lameron. Cette dernière, ayant travaillé dès août 1914 à l'installation des ambulances, utilise son statut pour faire du renseignement. Elle met à profit ses voyages Bouchaute-Gand-Roubaix, destinés à transmettre des nouvelles aux familles des soldats et à distribuer le courrier, pour informer les services anglais sur les mouvements des troupes et les lieux stratégiques.

Le réseau Alice compte quatre-vingts personnes. Son efficacité est telle que les informations sont collectées et transmises en vingt-quatre heures. Deux pôles le composent. Le premier est destiné à surveiller la frontière belge et les mouvements allemands. Il est donc constitué par des observateurs et des passeurs placés à des endroits stratégiques : garde-barrières, chefs de gare, résistants locaux tels M. Sion, ou M. Lenfant, commissaire de police à Tourcoing. Le second est composé de personnes habitant la région de Lille, Frelingues, Hellemmes, Santes et Mouscron, pouvant justifier de fréquents déplacements auprès de l'autorité d'occupation. Ces personnes, parmi lesquelles Comboin dit José Biernan, Madeleine Basteins, Mme Semichon, Mme Paul Bernard, Mme de Vaugirard, Victor Viaene et Alphonse Verstapen, rapportent des renseignements sur les zones sensibles (emplacements de batteries d'artillerie, d'entrepôts, de postes de TSF...) et font office à l'occasion de courriers.

L'ensemble est complété par un laboratoire de chimie utilisé pour la reproduction de cartes, plans et photographies, mis à sa disposition par le couple Geyter. Les informations glanées sont retranscrites sur de minces feuilles de papier japon et acheminées, en grande partie à pieds, en Hollande, principalement par Louise de Bettignies et Marie-Léonie Vanhoutte, entre Gand et Bruxelles, puis Beerse.

À partir de mai 1915, Alice Dubois travaille épisodiquement avec le 2e Bureau du commandant Walner sous le pseudonyme de Pauline. Par son action, elle permet d'anéantir deux mille pièces d'artillerie lors des batailles de Carency et Loos-en-Gohelle. A l'été 1915, un nouveau réseau d'information est mis en place dans le secteur de Cambrai-Valenciennes, Saint-Quentin et Mézières. Il informe, à l'automne 1915, de la préparation d'une attaque sur Verdun. Après les phases de création et d'administration, Louise de Bettignies doit faire face à la contre-offensive des services allemands. Alice et Charlotte d'ailleurs se sentent suivies.

Le 24 septembre 1915, Marie-Léonie Vanhoutte, après un rendez-vous au Lion Belge (Bruxelles), est arrêtée à la pension de famille des Adriatiques, puis incarcérée à la prison Saint-Gilles. Les conditions de cette arrestation sont floues. Charlotte, d'abord, est priée avec insistance par MM. Lenfant et Sion de se rendre à Bruxelles pour transmettre un pli. Elle rate ensuite le rendez-vous initialement prévu, mais prend connaissance de deux cartes postales qui lui sont adressées à l'auberge. L'une est d'Alice, l'autre, d'un certain Alexandre, contient le message suivant : "Venez au plus tôt, ce soir ou demain, vers 8 h au Lion Belge. Journal à la main . il s'agit d'Alice". La police allemande enfin, la "promène", sans résultat, dans les rues de Bruxelles et lui demande d'identifier Louise de Bettignies sur une photographie. Louise, alors en Angleterre revient en France pour diriger les opérations.

Elle est à son tour mise aux arrêts le 20 octobre, à Tournai, alors qu'elle tente de traverser la frontière franco-belge munie de ses faux papiers. Son loueur de voiture, Georges de Saever, connaît le même sort. Dans la foulée les autorités allemandes organisent une confrontation et perquisitionnent chez les Geyter. Sur le terrain, les services de renseignement britanniques, tributaires des informations collectées par le réseau Alice, poursuivent son activité dans l'organisation de "la Dame Blanche", animée par les demoiselles Tendel. Louise retrouve son amie à la prison de Saint-Gilles dès le 26 octobre. Elles communiquent en tapant sur les tuyaux.

L'instruction est conduite par le juge Goldschmidt. Pendant les six mois d'enquête, Louise de Bettignies ne dévie jamais : "comme un renard dans son trou, elle ne montrait que ce qu'il fallait, parlant peu, niant toujours". Incapables d'établir avec certitude la relation Louise de Bettignies - Alice Dubois, les Allemands usent de stratagèmes pour recueillir quelques bribes de pièces à conviction pour étayer le dossier. C'est ainsi que Louise Letellier, une "compatriote", apparemment soumise aussi à la question, finit par obtenir de Louise de Bettignies la confession et cinq missives. La première phase de son plan achevé, le juge Goldschmidt utilise les informations contenues dans les lettres pour convaincre Marie-Léonie Vanhoutte de la trahison de sa compagne, mais en vain.

Le 16 mars 1916, le conseil de guerre allemand siégeant à Bruxelles auquel participent le général Von Bissing, et le conseiller de guerre Stoëber, condamne à mort Louise de Bettignies pour activités d'espionnage, sans pour autant avoir pu démontrer qu'elle est la tête du réseau. Sa peine est commuée en détention à perpétuité, probablement en raison de la notoriété de la famille de Bettignies. Marie-Léonie Vanhoutte et Georges, initialement condamnés à mort, reçoivent quinze ans de travaux forcés pour trahison commise pendant l'état de guerre en prêtant aide à l'espionnage.

Cette révision du jugement serait le résultat de la déclaration de Louise de Bettignies à ses juges - ses uniques propos en langue allemande de tout le procès ! -, reconnaissant ses responsabilités et demandant la grâce pour ses compagnons. Les condamnés purgent leur peine, à partir d'avril 1916, dans la prison de Siebourg près de Cologne, alors que, le 20 avril le général Joffre octroie à Louise de Bettignies une citation à l'ordre de l'armée. A la fin de janvier 1917, Louise de Bettignies est mise au cachot pour avoir refusé de fabriquer des pièces d'armement destinées à l'armée allemande et avoir entraîné le soulèvement de ses co-détenues.

Louise de Bettignies succombe le 27 septembre 1918 des suites d'un abcès pleural mal opéré. Elle est alors enterrée dans le cimetière de Bocklemünd à Westfriedhof. Son corps est rapatrié le 21 février 1920 sur un affût de canon.

Le 16 mars 1920, les Alliés organisent à Lille une cérémonie-hommage pendant laquelle la "Jeanne d'Arc du Nord" reçoit à titre posthume la croix de la légion d'honneur, la croix de guerre 14-18 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. Louise de Bettignies, alias Alice Dubois, repose au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.

Le 11 novembre 1927, à l'initiative de la maréchale Foch et de la générale Weygand, une statue est inaugurée à Lille, sur le boulevard Carnot. A Notre-Dame de Lorette, une vitrine conserve la croix tombale qui a marqué la sépulture de Louise de Bettignies au cimetière de Cologne ainsi que sa citation à l'ordre de l'armée.

 

Sources : Louise de Bettignies et les femmes qui firent la guerre. Commémoration de l'année 1916, CDIHP du Nord
Ministère des anciens combattants et victimes de guerre - Poirier Léon, Soeurs d'armes, Tours, Maison MAME, 1938

François-Joseph Ier de Habsbourg

1830-1916

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Portrait de François-Joseph. Source www.elysee.fr

Empereur d'Autriche

 

François-Joseph est porté au pouvoir suite à l'insurrection révolutionnaire de 1848, succédant à son oncle Ferdinand Ier (le 2 décembre 1848) à Olmütz. Il est le fils aîné de l'archiduc François-Charles et de la princesse Sophie de Bavière. Il épouse Elisabeth de Bavière en 1854. Les victoires de son chancelier, le prince Schwarzenberg, et du général Radetzki rétablissent la domination autrichienne sur les Hongrois et le Italiens (1849). Soutenu par la Russie, il instaure un régime autoritaire hostiles aux minorités nationales, un appui qu'il perd en 1855 à cause de son hésitation lors de la guerre de Crimée.

L'empereur est battu en 1859 par les troupes de Victor-Emmanuel et de Napoléon III (batailles de Solférino et de Magenta). Il doit céder la Lombardie par le traité de Zurich (10 novembre 1859).

La rivalité avec la Prusse à propos de la domination des duchés de Schleswig et de Holstein, acquis sur le Danemark en 1864), fournit à cette dernière l'occasion de déclarer la guerre en 1866. Vaincu à Sadowa le 3 juillet 1866, il conclue la paix avec la Prusse (traité de Prague, le 23 août 1866), renonçant alors à ses droits en Allemagne du Nord au profit du vainqueur et à toute intervention dans l'unification de l'Allemagne - le gouvernement de Vienne ayant en 1851 fait échoué le mouvement de la "Petite Allemagne" inspiré par la Prusse. Il doit aussi céder la Vénétie à l'Italie, via la France (traité de Vienne, 3 octobre 1866), alliée à la Prusse suite à l'entrevue secrète de Napoléon III avec Bismarck à Biarritz (octobre 1865).

Pour calmer les mouvements nationaux de son empire, il accorde en 1867 un statut qui transforme l'Autriche en monarchie dualiste (austro-hongroise) d'essence fédéraliste. Les territoires de l'ancien empire d'Autriche sont séparés en deux parties de part et d'autre de la Leithasont constituées la Cisleithanie autour de l'Autriche et la Transleithanie autour de la Hongrie. La Cisleithanie est constituée de l'Autriche, de la Bohême, de la Moravie, de la Gabissie, de la Slovénie, de l'Istrie, et des territoires le long de la côte dalmate. Le suffrage universel masculin est accordé. La Transleithanie est- formée de la Hongrie, de la Croatie, des territoires autour de Temesvar, et de la Trans-sylvanie. Il n'y a pas de suffrage universel masculin, ce qui aurait valorisé le rôle des autres peuples sous domination de Budapest. L'empereur hésitera toujours entre une voie autoritaire (inspirée par l'Allemagne), et le fédéralisme des ministères Taaffe et Badeni. François-Joseph se satisfait de cette situation de blocage en politique intérieure.

La politique de rapprochement avec la Prusse menée par Andrassy conduit au ralliement à la politique de Bismarck : en 1873 alliance des trois empereurs en 1873 (Allemagne, Russie, Autriche), qui devient la Duplice en 1879 (Allemagne et Autriche), et finalement la Triplice en 1883 par l'adhésion de l'Italie, on parle même, à partir de 1892-1893 de " subordination diplomatique à l'Allemagne". L'Autriche occupe (en 1878) et annexe (1908) la Bosnie-Herzégovine afin de diminuer l'influence russe dans les Balkans qui depuis sa sortie de l'alliance conduit une politique panslave, intensifiant et intervenant dans ainsi dans les affaires de la Double Monarchie. L'annexion la Bosnie-Herzégovine entraîne une crise internationale. Le problème de la Bosnie apparaît lié à celui de la Serbie et de la situation des Slaves du Sud sous domination de Budapest et tentés de regarder vers Belgrade. Pris ainsi entre un panslavisme et un pangermanisme conquérants, François-Joseph échoue dans sa volonté d'incarner la voie moyenne en Europe centre-orientale.

Son long règne, 68 ans, lui fait endurer l'exécution de son frère Maximilien au Mexique en 1867, le suicide de son fils Rodolphe à Mayerling en 1889, l'assassinat de son épouse à Genève par un anarchiste en 1898 et celui de son neveu et héritier présomptif, François-Ferdinand, le 28 juin 1914 à Sarajevo, événement déclencheur de la première guerre mondiale. La double monarchie entre ainsi en guerre relativement stable politiquement. Son souverain a réussi à imposer un certain loyalisme dynastique chez la plupart de ses sujets, mais aussi au sein de l'armée et des autres institutions.

L'Autriche-Hongrie aura eu davantage à souffrir des rigueurs de la guerre et de son million de morts, que des mouvements antimonarchistes lorsque disparaît son fondateur.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Jean Degoutte

1866-1938

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Portrait du Général d'Infanterie Degoutte. Photo DMPA

 

 

Jean-Marie Degoutte s'engage le 7 mars 1887 au 31e régiment d'artillerie et entre à Saint-Cyr en octobre 1888 avec la promotion du "Grand Triomphe". Il en sort 9e sur 435. Ayant choisi les zouaves, il sert pendant quatre ans en Tunisie.

 

Un acteur de l'aventure coloniale française

Il demande à faire partie de l'expédition de Madagascar en 1895. Contournant le refus de sa hiérarchie, il demande un congé de trois mois et rejoint une mission jésuite à bord d'un paquebot civil. Sur place lors du débarquement du corps expéditionnaire français, il offre ses services au général Dechesnes, lequel le met aux arrêts pendant trente jours. Le jeune officier Degoutte doit alors son salut au colonel Bailloud, directeur des étapes de l'expédition, qui convainc sa hiérarchie de l'utilité de ses connaissances de la langue malgache.

Il retourne en Tunisie en mars 1896 pendant trois ans. En 1899 il est admis à l'Ecole supérieure de Guerre dont il sort breveté. En 1900, Baillaud l'intègre au corps expéditionnaire de Chine. Il est cité deux fois à l'ordre du corps. A nouveau en Afrique du Nord, il est officier d'ordonnance du général commandant la division d'Alger en janvier 1905, puis auprès du général commandant le 20e corps l'année suivante.

Fin 1906, il revient aux zouave en tant que chef de bataillon avant de rejoindre l'état-major de division d'Alger trois ans plus tard. De février 1911 à décembre 1912 il prend part aux opérations du Maroc occidental en tant que directeur des étapes.

Le héros de 14-18

A son retour en France, promu lieutenant-colonel, il suit les cours du Centre des Hautes Etudes Militaires. Sous-chef puis chef d'état-major du 4e corps de février à mars 1914, il s'illustre au cours des combats et est nommé colonel le 1er novembre de la même année avant d'être Officier de la Légion d'Honneur le 10 avril 1915.

Désigné comme chef d'état-major après les attaques de septembre 1915 en Champagne. Général de brigade le 25 mars 1916, il prend en août le commandement des troupes marocaines. Le corps s'illustre dans la Somme, en Champagne et à Verdun, actes qui lui valent deux citations et la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur.

Général de division en septembre 1917, il dirige le 21e corps de la 6e armée du général Maistre. Il participe à l'offensive de la Malmaison qui aboutit à la chute du Chemin des Dames, ce qui lui vaut une nouvelle citation à l'Ordre de l'Armée.

Le 10 juin 1918, dirigeant la 6e armée, il enraye l'avancée allemande sur la Marne, et entreprend avec le général Mangin, le 15 juillet 1918, l'attaque qui marque le début de la campagne de France. Il libère Château-Thierry, refoule les Allemands sur La Marne sur l'Ourcq et à La Vesle.

En septembre, il est désigné comme major général auprès du roi des Belges. Il conduit alors l'offensive des Flandres, enlèvant la crête de Passchendaele et reprenant le sud de la Belgique avec des troupes belges, britanniques et françaises.

La guerre terminée, promu Grand Officier de la Légion d'Honneur, il est chargé de rédiger, sous la direction de Foch, les clauses du Traité de Versailles.

L'homme incontournable du Conseil de Guerre

Nommé commandant de l'armée du Rhin en octobre 1919, il entre en janvier 1920 au Conseil supérieur de Guerre.

Il procède en 1923 à l'occupation de la Ruhr jusqu'à l'évacuation totale en 1925. Ses mérites le font accéder au rang de Grand Croix de la Légion d'Honneur en 1923. Il reçoit la médaille militaire en 1928.

Laissé en activité, il influence les choix stratégiques de défense du territoire au Conseil supérieur de Guerre.

L'organisation de la ligne de défense des Alpes occupe ses dernières années.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Charlotte Delbo

1913-1985

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Portrait de Charlotte Delbo. Source : Photo collection privée

O vous qui savez

Saviez-vous que la faim fait briller les yeux que la soif les ternit

O vous qui savez

Saviez-vous qu'on peut voir sa mère morte et rester sans larmes

O vous qui savez

Saviez-vous que le matin on veut mourir que le soir on a peur

O vous qui savez

Saviez-vous qu'un jour est plus qu'une année une minute plus qu'une vie

O vous qui savez

Saviez-vous que les jambes sont plus vulnérables que les yeux les nerfs plus durs que les os le coeur plus solide que l'acier

Saviez-vous que les pierres du chemin ne pleurent pas qu'il n'y a qu'un mot pour l'épouvante qu'un mot pour l'angoisse

Saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite l'horreur pas de frontière

Le saviez-vous

Vous qui savez

 

Charlotte Delbo, in. Aucun de nous ne reviendra, Editions Gonthier, 1965

 

Charlotte Delbo est née le 10 août 1913 à Vigneux-sur-Seine, en Seine-et-Oise, de Charles Delbo, charpentier en fer, et Erménie Morero. Elle est l'aînée de quatre enfants.

Après son baccalauréat, elle commence des études de philosophie à la Sorbonne et adhère aux jeunesses communistes, où elle rencontre Georges Dudach qu'elle épouse le 17 mars 1936. Elle interrompt ses études en 1937, et devient en 1939 la secrétaire du comédien et metteur en scène Louis Jouvet. En mai 1941, elle accompagne la troupe de Jouvet en tournée en Amérique du Sud. Son mari, resté en France, rejoint la résistance communiste.

En septembre 1941, à Buenos-Aires, Charlotte apprend l'exécution d'un de ses amis, Jacques Woog, pour " propagande communiste ". Révoltée, elle revient en France. A Paris, le couple entre dans la vie clandestine. Charlotte recopie les communiqués de Radio-Londres et Radio-Moscou et travaille pour Les Lettres françaises fondées par Jacques Decour.

Le 2 mars 1942, cinq policiers français des Brigades spéciales arrêtent Charlotte et son mari. Elle est internée à la prison de la Santé, où elle apprend, le 23 mai, l'exécution de Georges au Mont Valérien. Le 17 août, elle est transférée au Fort de Romainville, où elle retrouve de nombreuses femmes, souvent communistes, puis à Fresnes une semaine plus tard.

Elle est une des 230 femmes, qui quittent Compiègne pour Auschwitz le 24 janvier 1943. Le 27 janvier, ces femmes entrent à Auschwitz en chantant la Marseillaise. D'abord assignées au block 14 du camp des femmes de Birkenau, en quarantaine, ces femmes sont ensuite astreintes à de durs travaux, notamment dans les marais. Nombre d'entre elles meurent du typhus. Le 3 août, seules 57 d'entre elles ont survécu. Elles sont mises alors en quarantaine. Le 7 janvier 1944, Charlotte Delbo, avec sept autres compagnes de déportation, part pour Ravensbrück. Elle est affectée à Furstenberg, dans l'un des kommandos du camp principal.

La plupart des survivantes de son convoi sont transférées à Ravensbrück au cours de l'été 1944. Grâce à l'action de la Croix-Rouge, elle fait partie des femmes qui quittent le camp le 23 avril 1945 pour la Suède et rentre en France en juin 1945. Des 230 femmes du convoi du 24 janvier 1943, 49 ont survécu.

Alors qu'elle se rétablit en Suisse, elle rédige Aucun de nous ne reviendra, premier ouvrage de son oeuvre littéraire sur la déportation et les convois partis de France vers Auschwitz. Il ne sera publié qu'en 1965 aux Editions Gonthier.

Après la guerre, elle travaille à l'ONU, puis au Centre National de la Recherche Scientifique.

Elle meurt en mars 1985, ayant publié de nombreux ouvrages tirés de son expérience concentrationnaire dont le convoi du 24 janvier (1965), une connaissance inutile (1970), mesure de nos jours (1971, Editions de Minuit) et qui rapportera ses paroles (1974, Edition P.J. Oswald).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

 

Georges Dudach :
Fiche mémoire des hommes Les fusillés du Mont-Valérien 1939−1945

 

Nom : Dudach.

Surnom.

Prénoms : Georges Paul.

Date de naissance : 18-09-1914.

Commune de naissance : Saint Maur des Fossés.

Département de naissance : Seine.

Pays de naissance : France.

Profession : journaliste.

Commune de résidence : Paris 16ème.

Département de résidence : Seine.

Pays de résidence : France.

Lieu d'incarcération.

Motif : otage.

Date du procès.

Lieu d'exécution : Mont Valérien.

Date d'exécution : 23-05-1942.

Lieu d'incinération

Lieu de première inhumation

Date de première inhumation

Date de la restitution du corps

Lieu de l'inhumation finale

Sépulture

Grade

 

Origine des données Anciens Combattants, Archives de la préfecture de Police, Archives Nationales

 

Wilhelm Keitel

1882 - 1946

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Wilhelm Keitel. Photo collection DMPA

 

Entré dans l'armée en 1901, Wilhelm Keitel occupe principalement divers postes d'officiers d'état-major durant la Première Guerre Mondiale. Après la capitulation de l'Allemagne en 1918, il poursuit sa carrière militaire au sein de la nouvelle armée allemande, la Reichswehr, telle qu'elle est autorisée par le traité de Versailles.

Lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir, en 1933, et entreprend de reconstituer les forces armées, la carrière de Wilhelm Keitel progresse très rapidement. Nommé général de brigade en 1934, il devient chef de cabinet du ministre de la guerre et directeur du Wehrmachtsamt, chargé de la coordination des forces armées, l'année suivante.

En 1938, Wilhelm Keitel est nommé chef de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW : commandement suprême de la Wehrmacht) nouvellement crée.

Le 22 juin 1940, il signe l'armistice franco-allemand à Rethondes. Nommé maréchal en juillet 1940, cet exécuteur zélé des ordres d'Adolf Hitler couvre de son autorité toutes ses décisions militaires ainsi que les mesures de terreur adoptées dans les territoires conquis, portant notamment sur l'exécution des commissaires politiques de l'Armée rouge, l'exécution des otages et les prisonniers NN. En dépit de plusieurs tentatives visant à un changement de personne au sommet de la hiérarchie militaire de la part de cercles dirigeants de l'armée et de l'état-major, il conserve son poste jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le 9 mai 1945, il signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht, sur ordre du chancelier-amiral Dönitz. En 1946, le tribunal international de Nuremberg le condamne à mort pour crime contre la paix, crimes de guerre et crime contre l'humanité.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA