Une gravure de l'abattage d'un éléphant lors du siège de Paris en 1870

©CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

 

Au soir du 19 septembre 1870, conséquence de la défaite de Sedan et de la capitulation de l’empereur Napoléon III, Paris est encerclée par les Prussiens. Le gouvernement de la Défense nationale, soutenu en cela par la population parisienne, entend cependant continuer la lutte.

Deux millions d'habitants, de réfugiés et de soldats se voient donc pris au piège à l'intérieur des 33 kilomètres de fortifications et des 16 forts qui ceinturent la capitale.

Le siège, accompagné d’un hiver rigoureux, est difficile à tenir pour les Parisiens. Les réserves de nourriture pourtant très importantes - 25 000 œufs, 150 000 moutons, 2000 porcs, etc. –, sont rapidement consommées. La famine s’installe et oblige à chercher de nouvelles ressources. Les 70 000 chevaux présents dans la ville sont d’abord abattus. Viennent ensuite les chats, les chiens et même les rats dont on dira que, durant les 135 jours de siège, leur consommation fut l’humiliation la plus grave pour les Parisiens.

Dans les restaurants de luxe, les menus proposent des animaux plus exotiques… C’est là qu’une célèbre affaire défraie la chronique de l’époque : la fin des éléphants Castor et Pollux ! Pour les repas de Noël et du réveillon, les deux pachydermes du jardin d’acclimatation furent en effet abattus et mangés : un « consommé d’éléphant » figure le 25 décembre à la carte du restaurant Voisin, et, le 31 décembre, des « escalopes d’éléphant, sauce aux échalotes » à celle du luxueux restaurant le Noël Peters.

Cette gravure anonyme, légendée « abattage d’un des éléphants du jardin d’acclimatation » et conservée au musée Carnavalet, à Paris, illustre ainsi, au-delà de l’anecdote, la situation alimentaire tragique des Parisiens à la fin de l’année 1870.