École de médecine navale

Rochefort

Partager :

Bibliothèque et objets. © musée national de la Marine/Bécot

Cette ancienne école se présente aujourd'hui telle qu'elle était au milieu du XIXe siècle. Un lieu fort et émouvant qui livre une histoire dense où se mêlent science, technique...

Les objets, les ouvrages, les modes de présentation, de classement et de mise en scène du savoir sont ceux qu'ont souhaités savants et médecins d'il y a 150 ans. Ce lieu livre l'image d'un état de connaissances dont nous sommes les héritiers. 

Ce sont les traces de l'aventure humaine par laquelle marins et chirurgiens de Marine ont contribué à briser les interdits pour percer les secrets du corps humain et saisir le monde vivant dans sa diversité.

Historique

Cette ancienne école de médecine navale occupe un pavillon du deuxième Hôpital de la Marine, inauguré à Rochefort en 1788. L'édifice traduit en architecture les derniers développements de la médecine en matière de propagation des maladies. Il constitue à ce titre le premier essai français d'architecture hospitalière pavillonnaire.

Il manifeste aussi des préoccupations urbanistiques en ouvrant une large perspective qui conditionne, encore aujourd'hui, le développement de la ville.

Le premier hôpital de la Marine est ouvert en 1683 à proximité de l'Arsenal, près du Magasin aux vivres. C'est dans ses murs que s'installe l'École de chirurgie et d'anatomie navale de Jean Cochon-Dupuy en 1722.

L'édifice, connu encore aujourd'hui sous le nom d'Hôpital Charente, s'était peu à peu trouvé englobé dans la ville. Ainsi entouré d'habitation, il n'avait pas manqué de générer de nombreux problèmes d'épidémie. Typhus et autres fièvres, que les marins rapportent de leurs expéditions se transmettent aux autres patients et atteignent régulièrement la population.

Dans les années 1770, la médecine se préoccupe de la qualité de l'air, de sa composition chimique et de son rôle dans la propagation des maladies. Trop étroit, exposé à l'air malsain des marais sur laquelle Rochefort est bâtie, l'hôpital représente aussi un risque majeur d'incendie en centre ville : la destruction de l'Hôtel-Dieu de Paris, en 1772, est dans tous les esprits. Dans ce contexte, le roi décide la construction d'un nouvel hôpital en 1781.

Pierre Toufaire, ingénieur des travaux du port, conçoit un projet de grande ampleur, avec un vaste plan en H formé d'un corps central flanqué de 4 pavillons, que complètent en façade deux autres pavillons. Ces pavillons sont destinés à regrouper les patients atteints d'un même mal pour en empêcher la contagion. De même, le lanterneau qui domine le corps central, les larges fenêtres et les lucarnes laissant passer le soleil créent les mouvements d'air chers aux hygiénistes du temps.

En terme de services, Toufaire prévoit une organisation rationnelle des espaces dévolus aux bureaux, aux chambres des médecins, aux chapelles, aux lieux de soins et d'accueil des malades, ainsi qu'à la formation des chirurgiens naviguant qui disposent d'un amphithéâtre, d'un cabinet d'anatomie et d'une bibliothèque. L'Hôpital enfin est alimenté en eau courante grâce à une pompe à feu et un système d'évacuation des eaux souillées. Hôpital modèle, il est alors le plus moderne du Royaume.

Topographiquement, l'Hôpital est situé à l'extérieur du centre ville, sur un petit promontoire qui domine le plat pays rochefortais. Il s'est ainsi appelé quelque temps Hôpital de la Butte. Toufaire inscrit l'édifice dans une perspective qui le relie à l'église Notre-Dame, dite aussi Vieille Paroisse (actuel Musée archéologique), ouvrant ainsi une vaste coulée urbaine, qui deviendra le Cours d'Ablois. Aujourd'hui encore, après la démolition des remparts, ce programme urbain conditionne le développement de Rochefort. En activité jusqu'en 1983, l'hôpital de la Marine est devenu privé en 1989. Seul le Pavillon de l'Ancienne Ecole de Médecine est désormais accessible au public.

Au cours du XVIIème siècle, au moment même où se constitue en France une Marine permanente, se généralise la présence d'un chirurgien à bord des navires de guerre. Le chirurgien, profession manuelle, est alors fortement distinct du médecin, profession intellectuelle.

Ce corps de métier regroupe souvent d'anciens barbiers qui savent manipuler quelques outils tranchants et dont les connaissances sont plus que sommaires. Or, cette Marine naissante est confrontée à de graves problèmes sanitaires : conditions de vie, mauvaise alimentation, maladies tropicales contagieuses génèrent une très forte mortalité au sein des équipages.

Jusqu'au début du XIXème siècle, les marins meurent plus de maladie que des suites des combats.

L'allongement de la durée des campagnes avec le déplacement des conflits de l'autre côté de l'Atlantique accroît les difficultés et fait apparaître une maladie qui devient le symbole de la morbidité navale : le scorbut. Pour la Marine, préserver la vie des marins est une question stratégique majeure. Guérir, comprendre et transmettre devient une affaire d'État, nécessaire à l'existence même d'une flotte de guerre, tant le recrutement de marins compétents est un problème récurrent.

En 1704, Jean-Cochon Dupuy, Docteur en Médecine de la faculté de Toulouse et médecin de l'hôpital militaire de La Rochelle, arrive à Rochefort en qualité de second médecin. Il devient premier médecin en 1712. Dès 1715, il expose la nécessité de créer un établissement d'instruction des chirurgiens de la Marine. L'école d'anatomie et de chirurgie navale est inaugurée en 1722. C'est la première au monde.

Sur ce modèle, la marine ouvre deux autres établissements, à Toulon en 1725 et à Brest en 1731. Jean-Cochon Dupuy fait oeuvre de pédagogue et d'organisateur. Il rédige des manuels d'anatomie et de chirurgie et met en place le fonctionnement quotidien de l'Ecole. Pour y être admis, il faut avoir 14 ans révolus, savoir écrire, raser et saigner et avoir les mains saines et sans difformité.

Les fils de familles modestes peuvent ainsi y être reçus et l'École joue de ce point de vue un rôle social important. Les élèves visitent les malades de l'hôpital, assistent aux dissections, font des stages à l'apothicairerie et suivent des cours de médecine interne, de chirurgie et de botanique, indispensable à une époque où la pharmacopée est presque exclusivement issue des plantes. Le cursus est de 4 ans. Au sein de l'École, la progression se fait par concours, gage du sérieux des études.

À la mort de Jean-Cochon Dupuy, en 1757, son fils, Gaspard lui succède et poursuit son travail d'organisation. En mer, les chirurgiens formés par l'École doivent remplir la triple fonction de chirurgien, de médecin et de pharmacien, et le cursus se précise en ce sens. Surtout, l'École s'affirme dans son rôle de soin aux malades de l'hôpital, de formation et de recherche, trois fonctions qui évoquent les missions des Centres Hospitaliers Universitaires d'aujourd'hui. Pierre Cochon-Duvivier , troisième directeur de l'École, de 1788 à 1814, est confronté aux bouleversements de la Révolution et de l'Empire. Un Conseil de santé, sorte de Conseil d'Administration de l'Hôpital de la marine, est mis en place.

Profondément réorganisée, l'École est réaffirmée dans ses missions fondamentales : soigner, former, chercher. En 1798, elle prend le nom d'École de médecine navale et les apothicaires deviennent des pharmaciens. En 1803, les anciens élèves des écoles de médecine navale peuvent prétendre au titre de Docteur en médecine en soutenant une thèse devant une faculté, étape essentiel dans la promotion de la chirurgie. Le cursus s'aligne sur celui des écoles civiles.

En 1836, un nouveau règlement met l'accent sur les maladies exotiques, l'anatomie, la chirurgie et l'hygiène navale dans le programme des études. La botanique est aussi une spécialité rochefortaise. En fait, la formation est assez généraliste et s'efforce de faire des officiers de santé des professionnels dont le savoir se situe entre le savant encyclopédique des Lumières et les pratiques hyper spécialisées d'aujourd'hui. L'École fonctionne alors comme un centre intellectuel régional, un lieu de collecte et de diffusion des connaissances, bien au-delà du seul domaine médical. En témoignent les ouvrages de la bibliothèque et les collections ethnographiques.

L'École est en relation avec l'ensemble du milieu médical et scientifique européen. Comprendre les maladies, percer les secrets du corps humain, améliorer les techniques opératoires fait partie de ses objectifs dès sa création : dissections, expériences, échanges sont les moteurs d'un effort continu vers la guérison.

C'est à Rochefort, en 1800 qu'est pratiquée la première vaccination française, quelques mois après sa mise au point par Jenner. c'est l'un des directeurs de l'Ecole, Amédé Lefebvre, qui découvre les causes du saturnisme. Moins spectaculaires, mais tout aussi significatifs, de nombreux instruments de chirurgie sont créés ou améliorés par les médecins de l'École.

En 1890 est instituée l'École du Service de Santé de Bordeaux, près d'une faculté civile. Les écoles de Brest, Rochefort et Toulon deviennent des établissements annexes où les étudiants suivent les cours de 1re année avant d'intégrer Bordeaux. De 1890 à 1963, les écoles annexes fonctionnent avec une certaine régularité. En 1964, l'École de médecine navale de Rochefort donne son dernier cours.

Le Pavillon de l'Ancienne École de Médecine : un lieu de mémoire

Le bâtiment, sa bibliothèque et ses collections sont maintenus en l'état par la Marine, jusqu'à la fermeture de l'hôpital naval, en 1983. Le Pavillon de l' École de médecine est cédé à l'Etablissement Public Administratif du Musée national de la Marine en 1986, qui en entreprend la rénovation. L' École de médecine ouvre au public en 1998, pour entreprendre une nouvelle phase de son histoire.

Lieu unique en France, l'École de Médecine Navale présente la bibliothèque et les collections anatomiques, zoologiques, botaniques et ethnographiques rassemblées dès le XVIIIème siècle pour servir à la formation des chirurgiens embarqués à bord des navires.

Il s'agit tout à la fois d'un musée, (ses collections sont de première importance), d'un monument historique (c'est aujourd'hui la seule partie de l'ancien hôpital de la Marine de 1788 accessible au public), d'une bibliothèque scientifique (ses 25 000 ouvrages, parmi lesquels plusieurs imprimés antérieurs à 1 500, sont accessibles à tous sur simple rendez-vous.) et d'un lieu de mémoire (espace de découvertes, d'apprentissage et de guérison, profondément inscrit dans l'histoire des Rochefortais et de la Marine).

Pour la Marine, la lutte contre les maladies qui ravagent les équipages, et dont le scorbut n'est que la plus célèbre, est un enjeu stratégique majeur. Les voyages d'explorations et leurs lots d'échantillons témoignent d'une lente découverte de l'autre.

 

École de médecine navale

25, rue de l'Amiral Meyer

17300 Rochefort

Tél. : 05 46 99 59 57

Fax : 05 46 88 09 73

e-mail : d.roland@musee-marine.fr

 

http://www.musee-marine.fr/ecole-de-medecine-navale-rochefort

> Retourner aux résultats

Infos pratiques

Adresse

25 rue de l'Amiral Meyer - 17300
Rochefort
05 46 99 59 57

Tarifs

Plein tarif : 5.50€, tarif réduit : 4.50€, gratuité jusqu’à 26 ansBillet jumelé avec le musée de la Marine : plein tarif, 9 €, tarif réduit, 8 €

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Toutes les visites sont accompagnées10h30 : visite guidée (1h30). Plein tarif : 9€, tarif réduit : 8€14h, 15h et 16h : visites découvertes (30 mn). Bibliothèque : lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h sur rendez-vous.

Fermetures annuelles

Tous les jours, sauf en janvier,1er mai et 25 décembre.

En savoir Plus