Aristide Briand (1862-1932)

II - Briand après 1918 : "le pèlerin de la paix" 1919 - Signature du traité de paix avec l'Allemagne Signé à Versailles le 28 juin 1919, le traité de paix avec l'Allemagne impose à cette dernière la réparation des dommages de guerre. L'épineuse question du règlement des réparations est l'un des principaux facteurs qui président aux relations franco-allemandes pendant quelque dix ans et est source de divergences entre les Alliés eux-mêmes.
l'issue de la guerre, partisan d'une stricte application du traité de Versailles, Aristide Briand est de ceux qui entendent obliger l'Allemagne à payer les réparations de guerre. Il abandonne toutefois rapidement cette politique de fermeté pour une politique de paix dans le cadre de la Société des Nations (SDN) et oeuvre dès lors pour le rapprochement avec l'Allemagne. 1922 - Désavoué pour sa politique de réconciliation avec l'Allemagne, Briand démissionne. Lors de la conférence de Cannes, en janvier 1922, Briand est ouvert à la proposition d'aménagement de la dette allemande en contrepartie d'une garantie des frontières françaises.
Désavoué par Alexandre Millerand, président de la République de 1920 à 1924, Briand démissionne. Aristide Briand accueille Lloyd George à la conférence de Cannes, janvier 1922 - Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris. Source : Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris
1924 - Délégué de la France à la Société des Nations (SDN), Briand s'efforce de faire prévaloir une politique de conciliation, conscient que le rapprochement franco-allemand ne peut se faire qu'au prix de certaines concessions. Cette politique de réconciliation avec l'Allemagne s'exprime en ces termes : Paix intérieure, paix politique et sociale, je crois qu'elle est ardemment désirée par le pays tout entier... Vouloir la paix, c'est, dans un pays qui, comme la France, a tant souffert de la guerre et, depuis l'armistice, a été soumis à un régime de défis et de provocations qui justifieraient l'impatience - c'est se montrer patient".
1925 - Briand représente la France aux Accords de Locarno. De nouveau ministre des affaires étrangères, Briand poursuit sa politique de réconciliation avec l'Allemagne, seul moyen d'assurer une paix durable en Europe. Il se rapproche de son homologue allemand, Gustav Stresemann, également partisan d'une politique conciliatrice.
Le 16 octobre 1925, lors de la Conférence de Locarno, qui réunit les délégués de l'Allemagne, de la Belgique, de l'Italie, de la France et de la Grande-Bretagne, Aristide Briand signe le traité qui garantit les frontières de la France et de la Belgique avec l'Allemagne et établit un pacte d'assistance mutuelle. Celui-ci vise à établir une paix durable en Europe. 1926 - Le prix Nobel de la Paix est décerné à Aristide Briand et à Gustav Stresemann. Après les Accords de Locarno, Briand a soutenu la candidature de l'Allemagne à la SDN où elle est admise en 1926.
1927 - Début d'une ère nouvelle annonçant la fin de l'antagonisme franco-allemand pour certains, les Accords de Locarno et l'admission de l'Allemagne à la SDN ne sont toutefois pour Aristide Briand qu'un premier jalon. Il pense notamment que l'absence des États-Unis à la SDN en affaiblit la portée. Briand s'emploie donc à faire renoncer les États-Unis à leur isolationnisme. En appelant "à la nation américaine", il rencontre le soutien de ses puissantes associations pacifistes. 1928 - Signature du Pacte Briand-Kellogg, qui met la guerre "hors la loi". Le 27 août 1928, la signature du pacte Briand-Kellogg, du nom du secrétaire d'État américain qui l'a négocié avec Briand, met la guerre "hors-la-loi" : "Article 1er : Les Hautes Parties contractantes déclarent solennellement au nom de leurs peuples respectifs qu'elles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles. Article 2 : Les Hautes Parties contractantes reconnaissent que le règlement ou la solution de tous les différends ou conflits, de quelque nature ou de quelque origine qu'ils puissent être, qui pourront surgir entre elles, ne devra jamais être recherché que par des moyens pacifiques."
Bien qu'approuvé par cinquante-sept pays, dont l'Allemagne, le Japon et l'Union Soviétique, ce pacte n'a cependant qu'une valeur morale et laisse en suspens la question des sanctions applicables en cas de non respect de ses dispositions. Les États-Unis, qui connaissent alors une période de prospérité économique, sont réticents à un engagement dans un éventuel conflit européen. 1929 - En septembre, Briand, président du Conseil, prononce à Genève un discours novateur devant l'Assemblée générale de la Société des Nations (SDN). Il reprend une idée émise notamment par le comte Coudenhove-Kalergi, diplomate autrichien fondateur du mouvement Pan-Europa, et suggère la création d'une union régionale, une "fédération européenne". Pour Briand, la compétence de cette institution européenne s'exercerait principalement en matière économique et ne porterait pas atteinte à la souveraineté nationale. Cette proposition rencontre un vif succès et les délégués des vingt-sept Etats européens membres de la SDN le chargent de présenter un mémorandum sur ce sujet.
1930 - Briand présente à la SDN son mémorandum pour une "fédération européenne". En mai 1930, Briand, ministre des affaires étrangères, adresse aux délégués des vingt-sept Etats européens membres de la Société des Nations (SDN) son mémorandum en faveur d'une "fédération européenne". Celle-ci s'inscrirait dans le cadre de la SDN et sa composition serait tripartite : une Conférence d'Union européenne : organe représentatif groupant les représentants de tous les gouvernements européens membres de la SDN . un Comité politique permanent : organe exécutif présidé à tour de rôle par les Etats membres . un Secrétariat. L'un de ses principaux objectifs serait "l'établissement d'un marché commun pour l'élévation au maximum du niveau de bien-être humain sur l'ensemble des territoires de la communauté européenne". Le mémorandum de Briand ne reçoit pas le même accueil que son discours à la SDN et son action se heurte, en France comme dans le monde, à des résistances de plus en plus fortes. L'obstacle le plus important est la persistance des différents nationalismes. Si le principe d'une coopération n'est pas remis en cause, celui d'une union européenne pleine et entière, tant au plan politique qu'économique, effraie. L'aspect politique du projet, notamment, en évoquant des "liens fédéraux", réveille les méfiances.
Le 23 septembre 1930, une commission d'études est créée. Aristide Briand en est élu président. Chargée d'étudier les modalités d'une éventuelle collaboration au sein de l'Europe, elle ne peut cependant aboutir à aucun résultat. 1932 - Aristide Briand s'éteint le 7 mars 1932, à Paris. * Surnommé le "pèlerin de la paix", Aristide Briand n'a cessé tout au long de sa carrière diplomatique de multiplier les occasions d'établir la paix en Europe.
Son projet d'union européenne ne résiste malheureusement pas à la crise économique et à la montée des dictatures.
Biographie d'Aristide Briand | |
28 mars 1862 | Naissance d'Aristide Briand, à Nantes |
1878 - 1880 | Études au lycée de Nantes |
1880 | Clerc chez maître Lucas, à Saint-Nazaire |
1883 | Étudiant en droit à Paris |
17 août 1884 | Débuts dans le journalisme à La Démocratie de l'Ouest |
2 septembre 1886 | Licencié en droit |
Novembre 1886 | Avocat-stagiaire au barreau de Saint-Nazaire |
Avril 1888 | Directeur au journal L'Ouest républicain |
Mai 1888 | Elu conseiller municipal à Saint-Nazaire |
Octobre 1890 | Avocat au barreau de Saint-Nazaire |
1892 | Militant au Parti ouvrier français de Jules Guesde |
Février 1893 | Journaliste à La Lanterne |
29 septembre 1900 | Elu secrétaire du "Comité général" socialiste |
1901 - 1905 | Militant au Parti Socialiste Français de Jean Jaurès |
27 avril 1902 - 1919 | Député de la Loire |
14 mars 1906 - 4 janv. 1908 | Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes |
4 janv. 1908 - 24 juill. 1909 | Ministre de la Justice et des Cultes |
24 juill. 1909 - 2 mars 1911 | Président du Conseil et ministre de l'intérieur |
14 janv. 1912 - 21 janv. 1913 | Ministre de la justice |
21 janv. - 22 mars 1913 | Président du Conseil et ministre de l'intérieur |
1914 - 1918 | Première Guerre mondiale |
26 août 1914 - 29 oct. 1915 | Vice-président du Conseil et ministre de la justice |
29 oct. 1915 - 20 mars 1917 | Président du Conseil et ministre des affaires étrangères |
Novembre 1917 | En Russie, révolution bolchevique ("Révolution d'octobre") |
Novembre 1918 | En Allemagne, révolution et proclamation de la République (le 9) |
11 novembre 1918 | Signature, à Rethondes, de l'Armistice |
23 mars 1919 | En Italie, Mussolini fonde le mouvement des "Faisceaux de combat" |
28 avril 1919 | Pacte fondant la Société des Nations (SDN) |
28 juin 1919 | Signature, à Versailles, du traité de paix avec l'Allemagne |
16 nov. 1919 - 1932 | Député de la Loire-Inférieure |
10 janvier 1920 | Entrée en vigueur du pacte de la SDN |
1er mars 1920 | En Hongrie, début du régime autoritaire du régent Horthy |
Juillet 1920 | Conférence de Spa (réparations des dommages de guerre) |
16 janv. 1921 - 15 janv. 1922 | Président du Conseil et ministre des affaires étrangères |
8 mars 1921 | Occupation de Düsseldorf, Ruhrort et Duisburg par les Alliés |
12 nov. - 16 déc. 1921 | Conférence de Washington sur le désarmement naval |
6 - 13 janvier 1922 | Conférence de Cannes |
29 octobre 1922 | En Italie, Benito Mussolini à la tête du gouvernement |
11 janvier 1923 | En Allemagne, occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges |
13 septembre 1923 | En Espagne, début de la dictature du général Primo de Rivera |
8 - 9 novembre 1923 | En Allemagne, échec de la tentative de putsch d'Hitler à Munich |
Juillet - août 1924 | Adoption du plan Dawes sur le problème des réparations |
1er octobre 1924 | Signature à la SDN du protocole de Genève sur la sécurité collective |
17 avril - 28 novembre 1925 | Ministre des affaires étrangères |
1er juillet - 17 août 1925 | En Allemagne, évacuation de la Ruhr |
25 août 1925 | En Allemagne, évacuation de Düsseldorf, Ruhrort et Duisburg |
16 octobre 1925 | Pacte de Locarno |
28 nov. 1925 -19 juill. 1926 | Président du Conseil et ministre des affaires étrangères |
14 mai 1926 | En Pologne, début de la dictature du maréchal Pilsudski |
23 juill. 1926 - 29 juill. 1929 | Ministre des affaires étrangères |
8 septembre 1926 | Entrée de l'Allemagne à la SDN |
17 septembre 1926 | Entrevue de Thoiry Briand-Stresemann |
1926 | Prix Nobel de la paix (avec Gustav Stresemann) |
27 avril 1928 | Au Portugal, début de la dictature (Antonio de Oliveira Salazar, ministre des finances) |
27 août 1928 | Pacte Briand-Kellogg |
5 janvier 1929 | En Yougoslavie, début de la dictature du roi Alexandre |
7 juin 1929 | Mise au point du plan Young sur le problème des réparations |
29 juill. -3 nov. 1929 | Président du Conseil et ministre des affaires étrangères |
31 août 1929 | Adoption du plan Young |
24 octobre 1929 | Crise économique aux Etats-Unis : jeudi noir de Wall Street |
3 nov. 1929 - 14 janv. 1932 | Ministre des affaires étrangères |
30 juin 1930 | Évacuation définitive de l'Allemagne |
1930 | A la SDN, échec du projet de "fédération européenne" |
14 septembre 1930 | En Allemagne, élections au Reichstag : le Parti nazi, deuxième parti |
1931 | Extension de la crise économique en Autriche, en Allemagne et en Grande-Bretagne |
14 avril 1931 | En Espagne, proclamation de la IIe République |
20 juin 1931 | Moratoire Hoover sur les réparations et les dettes de guerre |
13 juillet 1931 | L'Allemagne suspend ses paiements internationaux |
2 février 1932 | Conférence à Genève sur le désarmement |
7 mars 1932 | Mort d'Aristide Briand, à Paris |







