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Le Tour de France et la Guerre de 14

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1914, Tour de France, les coureurs groupés pour le départ [Parc des Princes].
1914, Tour de France, les coureurs groupés pour le départ [Parc des Princes]. gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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Le 26 juillet 1914 se termine le 12e Tour de France, remporté par le belge Philippe Thys. Tout s'est déroulé normalement, malgré l'aggravation de la situation internationale. Quelques jours plus tard, toutes les compétions sont arrêtées en catastrophe : la guerre entre la France et l'Allemagne est déclarée. Ils faudra attendre de longues années avant de revoir le Tour de France, mais le peloton aura bien diminué, car les cyclistes auront payé un lourd tribut à la grande guerre : 30 % des vainqueurs du Tour y perdirent la vie ! Contrairement aux Allemands en effet, les Alliés ne protégèrent pas leurs sportifs célèbres.

 

Affiche "François FABER - le géant de la route". Source : ECPAD
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Parmi ces grands champions, trois ont eu une destinée tragique :

 

Lucien Petite-Breton. Source : Photo libre de droit

 

  • Lucien PETIT-BRETON 1882/1917 "l'Argentin" Après avoir passé une partie de sa jeunesse en Argentine, d'où son surnom, Lucien Mazan, de retour en France, prend un pseudonyme pour cacher son activité cycliste à son père. Il est le premier à remporter deux fois le Tour de France en 1907 et 1908. Il remporte également Paris-Tours en 1906 et Milan-San Remo en 1907. Il meurt au front le 20 décembre 1917 dans un accident d'automobile, alors qu'il revient de convoyer des officiers. Son frère avait été tué en juin 1915 .

 

François FABER, militaire. Source : ECPAD

 

  • François FABER 1887/1915 "le géant de Colombes" Premier étranger à gagner le tour de France 1909 (2e en 1908 et 1910, 19 étapes en tout), ce Luxembourgeois, extrêmement populaire, s'engage dès la déclaration de guerre dans la Légion étrangère, où il sert au 1er régiment étranger, le régiment le plus décoré de France. Il est tué à l'ennemi le 9 mai 1915 à Carency, près d'Arras (Pas-de-calais) , alors qu'il ramène seul et sans arme un camarade sur ses épaules. Le matin même, il venait d'apprendre la naissance de sa fille. La médaille militaire lui est attribuée à titre posthume et une plaque à sa mémoire a été déposé dans la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette. Il avait aussi gagné Paris-Roubaix en 1913, Bordeaux-Paris en 1911, Paris-Tours en 1909 et 1910, le tour de Lombardie en 1908.

 

 

  • Octave LAPIZE 1887/1917 "le frisé" L'un des plus grands champions de l'histoire, il est l'homme de trois triplés : Paris-Roubaix de 1909 à 1911, le championnat de France et Paris-Bruxelles de 1911 à 1913 (ces records n'ont jamais été battus). Il remporte également le Tour de France en 1910, l'année où les grands cols des Pyrénées sont abordés pour la première fois. A l'occasion de l'ascension de l'Aubisque, rendue très pénible par l'état des chemins forestiers (on n'osait pas parler de route, Lapize a ce mot célèbre en direction des organisateurs : "Vous êtes des assassins" ! Affecté à l'armée de l'air, il est tout d'abord formateur à Avord, avant de rejoindre le front à Bar le duc, puis à Toul. Le 14 juillet 1917, le sergent Lapize est abattu en Woervre, à Noviant-aux-prés, en combat aérien. Outre ces trois vainqueurs, 50 coureurs du Tour, la plupart modestes, ont également perdu la vie durant la Première Guerre mondiale Alors que certaines courses reprennent dès le printemps 1918 (Paris-Tours, par exemple, en mai), le Tour de France ne repart qu'en 1919 avec une innovation majeure, le maillot jaune. A signaler : un des derniers vétérans de la Grande Guerre en Belgique fut un coureur du Tour, Emile Brichard, décédé en 2004.
 
Source : MINDEF/SGA/DMPA