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L’association des engagés volontaires de Saint-Pierre-et-Miquelon

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À l’occasion du 80e anniversaire du ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France Libre, l’association locale des engagés volontaires souhaite inscrire dans le marbre les noms de celles et ceux qui, refusant la soumission à Vichy, se sont mobilisés de 1940 au 1er août 1943.

Texte

Quelques mois après la signature de l’armistice de juin 1940, la population de Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel français de l'Atlantique Nord, manifeste son hostilité au gouvernement de Vichy. Les îles dépendent alors du gouverneur des Antilles, l'amiral Robert, qui reste fidèle au maréchal Pétain. Concomitamment au départ des 25 évadés, premiers volontaires partis rejoindre clandestinement le général de Gaulle, une active opposition se développe et demande le ralliement à la France Libre. À l'aube du 24 décembre 1941, les forces navales françaises libres, menées par l’amiral Muselier, se glissent dans le chenal qui sépare Miquelon de Saint-Pierre. En moins d'une heure, les administrations stratégiques sont aux mains des troupes de débarquement. La population, consultée par référendum, approuve à plus de 98 % le ralliement à la France Libre. Très rapidement, près de 500 habitants (sur un total d’environ 4000) s’engagent pour participer à l’effort de guerre.

Pour la population de l’archipel, chaque 24 décembre constitue désormais une occasion de commémorer cet épisode. Néanmoins, cette mémoire ne perdure pas seulement par le souvenir puisqu’elle reste profondément inscrite dans la chair des deux engagés volontaires encore en vie que sont Madeleine Mahé et Paule Garzoni, Eugène Théault, dernier homme ancien combattant, ayant disparu le 9 décembre 2020. Elle se transmet également grâce aux actions menées par l’association des engagés volontaires de Saint-Pierre-et-Miquelon. Créée au sortir de la guerre par les engagés, elle est aujourd’hui gérée par leurs enfants et regroupe une vingtaine de membres. Françoise Claireaux-Théault, secrétaire de l’association, résume parfaitement la volonté collective de ces derniers : "Nous ne voulions pas que tout cela parte dans l’oubli. Il est important qu’il reste des traces."

Afin d’inscrire cette mémoire dans le paysage îlien, un projet de mémorial en hommage aux engagés volontaires a vu le jour. Pour établir la liste des noms, les souvenirs d'Eugène Théault ont constitué une ressource précieuse. Aucune archive n'ayant été établie, il a couché sur le papier les nom et prénom des hommes et femmes qui avaient, comme lui et son épouse, choisi de résister. Le document a ensuite été publié en mairie, avec appel à la population, et sur la page Facebook de l’association. 528 personnes, qui disposaient du document attestant de leur engagement, ont ainsi été recensées. Leurs identités seront désormais inscrites sur 11 stèles de granit, derrière lesquelles sera édifiée une croix de Lorraine. L’emplacement choisi pour accueillir ce mémorial est fort en symbole : la place Alain Savary, compagnon de la Libération, située au confluent de rues qui portent le nom d’officiers de marine ayant participé à la libération de l’archipel, tels les commandants Blaison et Birot. La date prévue pour l’inauguration l’est tout autant. Elle devrait en effet se tenir le 18 juin 2021, jour anniversaire de l’Appel du général de Gaulle.

Pour trouver les fonds nécessaires à la réalisation du projet, l’association a multiplié les initiatives. Si elle a fait appel au financement participatif et à la générosité des entreprises, elle s’est également lancée dans la confection et la vente de masques, utiles dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. Les acteurs publics ont eux aussi été sollicités puisque des subventions du ministère des Outre-mer, de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et des mairies des deux îles ont été perçues. L'hommage aux territoires ultramarins étant programmé dans le cadre du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, la direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des armées a elle aussi apporté son soutien au projet.


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La rédaction

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