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Une enquête sur la transmission de la mémoire de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof

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Struthof Mémorial et Nécropole
Struthof Mémorial et Nécropole © CERD

 

Afin de mieux comprendre l’opinion des Français vis-à-vis de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) a commandé à Ipsos en novembre 2021 une étude d’opinion permettant de faire le point sur la perception du site ainsi que sur des enjeux plus globaux de transmission de la mémoire.

Corps 1

En mai 1941, au lieu-dit « le Struthof », le Konzentrationslager Natzweiler est officiellement ouvert. Seul camp de concentration construit en France durant la Seconde Guerre mondiale, il accueille majoritairement des opposants politiques et des résistants. Environ 3000 personnes y ont perdu la vie.

La transmission de la mémoire : quelle place dans l’opinion des Français ?

Une très large majorité de Français juge que le sujet de la transmission de la mémoire des déportés aux jeunes générations est un sujet central (93%, dont 43% qui le jugent même prioritaire). 

Mais quelles sont les raisons de cet engouement ?
En premier lieu, les Français estiment qu’il s’agit de « ne pas reproduire les erreurs du passé » (57%), devant le fait de « se souvenir et honorer les combattants et les victimes » (40%). 

Les autres raisons, jugées plus secondaires, sont :
- l’importance de « mieux comprendre le passé » (29%)
- le fait « d’aider à mieux vivre ensemble » (19%)
- le fait de « construire une mémoire nationale commune » (15%)
- le fait de « construire une mémoire européenne commune » (10%)

Graphique 1

 

Corps 2

La visite du camp de Natzweiler-Struthof, un outil de transmission pour les Français

Un quart des Français dit avoir déjà visité un ancien camp de concentration ou d’extermination nazi, que ce soit en France ou à l’étranger.

On constate en revanche des variations géographiques importantes. En effet, les habitants de la région Grand Est (52%) et singulièrement ceux de l’Alsace (67%) sont très nettement plus enclins que le reste de la population à avoir visité un ancien camp de concentration. 

Un camp de concentration mal identifié ?

Une nette majorité des Français (62%) dit savoir qu’il y a eu, durant la Seconde Guerre mondiale, un camp de concentration sur le territoire national actuel, 16% pensent au contraire qu’il n’y en a pas eu et 22% n’ont aucune connaissance précise sur cette question. 

Une notoriété moindre du Struthof 

Toutefois, la notoriété plus précise du camp du Natzweiler-Struthof auprès du grand public est plus limitée : 39% des Français disent en avoir déjà entendu parler, un chiffre qui atteint 53% chez les retraités.

Un camp visité par au moins 5 millions de personnes adultes 

Parmi ceux qui connaissent le camp, 34% disent l’avoir déjà visité, soit au total 13% de l’ensemble des Français. Si ce niveau est sans doute légèrement surestimé, il n’en reste pas moins important et significatif, avec probablement au moins 5 millions de personnes adultes ayant déjà visité le camp au moins une fois. Ce chiffre démontre que la mémoire des camps suscite encore de l’intérêt au sein de l’ensemble de la population française. 

On note qu’environ 45% des habitants du Grand Est et 64% des Alsaciens ont déjà visité le camp, un niveau très important qui témoigne de la force de son ancrage local. 

La visite des lieux de mémoire, le meilleur mode de transmission

L’étude met en avant combien, aux yeux de la population, la visite des sites des anciens camps de concentration et d’extermination nazis est un moyen incontournable d’assurer la diffusion de cette mémoire.

Ainsi, 51% des Français citent ces visites comme étant le meilleur canal pour assurer la transmission mémorielle, un chiffre qui monte même à 55% chez les personnes ayant déjà visité un ancien camp nazi et à 63% chez les retraités.

Les témoignages des anciens déportés sont un autre canal privilégié par les personnes interrogées (37%). Ce chiffre atteint les 42% chez les 35-59 ans, classe d’âge qui a eu le plus de chances d’être confrontée à la parole des victimes, notamment durant leur scolarité.

Plus en retrait, on retrouve notamment le cinéma documentaire (26%). A noter que si les contenus historiques diffusés sur les réseaux sociaux (13%) et le cinéma de fiction (11%) arrivent dans le bas du classement établi par les Français, ces deux éléments sont sensiblement plus cités par les moins de 35 ans (19% chacun) en lien avec l’évolution des pratiques culturelles et la multiplication des canaux de communication.

Graphique 2

 

Les moins de 35 ans, les plus nombreux à avoir visité le Struthof

36 % des moins de 35 ans qui connaissent le camp l’ont visité, soit légèrement plus que le groupe des plus de 60 ans (35%) et plus encore que celui des 35/59 ans (31%).

Ce chiffre est le fruit d’une politique active menée pour faire connaître le camp auprès des enseignants avec le soutien de l’Éducation nationale et grâce aux concours des collectivités locales et d’associations qui facilitent le financement du déplacement.

Témoignage historique, mémoire et pédagogie : Les enjeux complémentaires de la visite

Les différents aspects de la visite de l’ancien camp du Natzweiler-Struthof semblent tous presque aussi importants aux yeux des Français.

Pour 37%, c’est « l'aspect de témoignage historique : prouver l'existence des camps » qui est jugé le plus important, les 60 ans et plus y étant particulièrement sensibles (44%). 

Par ailleurs, « l’aspect mémoriel : se recueillir et rendre hommage aux victimes » est jugé comme le plus important par 32% des Français et « l'aspect pédagogique : transmettre et éduquer » par 31%.

 

Source :  Ipsos. L’enquête a été menée en ligne, du 19 au 29 novembre 2021, auprès de 1 027 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 

Afin de lire de manière précise les résultats de l’enquête auprès de ces deux catégories de la population, deux sur-échantillons de 250 personnes, respectivement représentatives de la population de la région Grand Est et de l’ancienne région Alsace, ont aussi été interrogés.