Valoriser le patrimoine funéraire de mémoire en France

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Nécropole nationale de Souain - Perthes-lès-Hurlus – L’Opéra. © Guillaume Pichard

En France, outre l’entretien des sépultures de guerre, le ministère des armées développe depuis quelques années une politique ambitieuse de valorisation des 275 nécropoles, des quelque 2 200 carrés militaires disséminés sur le territoire national et du millier de lieux de sépultures militaires françaises répartis dans près de 80 pays, lieux emblématiques d’hommage et de transmission de la mémoire.

Entretenir les sépultures

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Chantier de jeunes Français et Allemands sur le champ de bataille du Hartmannswillerkopf. © VDK

En France, les paysages portent l’empreinte de l’histoire des deux guerres mondiales qui se sont jouées sur son sol. En particulier, les cimetières militaires sont des appels au souvenir, à l’hommage et à la réflexion. La France compte, outre les sépultures françaises entretenues par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), de nombreux cimetières allemands dont la gestion est confiée au Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK).

 

Les mémoires

Les mémoires

Links: Einmarsch der alliierten Truppen in Paris, 25. August 1944. © akg-images Rechts: Rückkehr von Zivilisten in das zerstörte Berlin, 1945. © akg-images

Si l’Allemagne et la France se sont affrontées à trois reprises en 75 ans, les mémoires héritées de ces conflits ne sauraient être parfaitement identiques. En effet, le récit des vainqueurs ne peut être comparable à celui des vaincus. Si la guerre de 1870 est vécue comme un véritable traumatisme du côté français, les Allemands la considèrent sous l’angle de la victoire écrasante. Pour chaque conflit qui la suivra, le mot d’ordre sera souvent de se souvenir des succès, des sacrifices, de rappeler les combats importants dans lesquels les armées se sont battues de manière héroïque ou de rendre hommage aux trop nombreuses victimes. Quelquefois, la voie choisie sera aussi un temps celle de la repentance. Cette dissonance des récits trouve également son explication dans le fait que certains d’entre eux se sont vu "privilégiés", soit par un État stratège ou un simple engouement populaire. Elle résulte enfin d’un phénomène d’écriture de certaines mémoires au présent. Cette deuxième partie se propose de mettre en avant l’évolution et les spécificités des mémoires des conflits contemporains en France et outre-Rhin, tout en dessinant les enjeux commémoratifs de demain.

La mémoire des opérations extérieures en France (OPEX)

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Monument aux Morts en OPEX, parc André Citroën, Paris, 27 mars 2021. © DR

Depuis la fin de la guerre d’Algérie, les armées françaises se déploient sur de nombreux théâtres extérieurs pour protéger les populations, sauvegarder la paix ou lutter contre des groupes terroristes. Ces nouvelles formes d’engagement militaire font émerger une nouvelle mémoire combattante, que l’État se doit d’entretenir et de transmettre.

La mémoire des opérations extérieures (OPEX) en Allemagne

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Forêt du Souvenir, près de Potsdam. © Nina Leonhard

Une commémoration institutionnalisée des expériences de la Bundeswehr en OPEX est relativement récente en Allemagne. Elle est étroitement liée à son engagement en Afghanistan (2001-2014), théâtre extérieur sur lequel les armées allemandes ont subi leurs premières pertes. C’est cette réalité qui incita les autorités politiques à accompagner la construction d’une nouvelle mémoire combattante.

La mémoire des colonisations et décolonisations

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Humboldt Forum, Berlin, 12 février 2021. © Riesebusch

Gildas Riant est professeur d’histoire-géographie. Membre du CEREG (Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone), il prépare actuellement une thèse en Études germaniques sur "la colonisation dans les manuels scolaires d’histoire français, allemands et autrichiens depuis la fin des années 1980" à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

 

La place des femmes dans la mémoire nationale française

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Inauguration de l’exposition "Les Femmes au travail" dans les locaux du ministère des Droits de la femme, le 8 mars 1982. © Keystone France/Gamma Rapho

En France, l’étude de la place des femmes dans la mémoire combattante peut difficilement se passer d’une mise en perspective plus large, incluant une analyse du rôle des femmes dans l’histoire contemporaine et de la place qu’elles occupent parmi les grands symboles nationaux, tel le Panthéon. Cette histoire est aussi celle des féministes dont le combat a permis aux femmes de conquérir peu à peu l’espace public mémoriel.

La place des résistantes dans la mémoire nationale allemande

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Nina von Stauffenberg (troisième en partant de la droite),veuve de Claus von Stauffenberg, lors des commémorations de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, 20 juillet 1953. © Harry Croner/Ullstein Bild/Roger-Viollet

En juin 2019, le Parlement allemand adoptait la motion "Rendre hommage aux femmes dans la résistance allemande", qui constatait l’invisibilité des résistantes tant dans l’espace public que dans la recherche. Pourtant, ces dernières ont eu une fonction primordiale. Elles sont cependant devenues essentiellement les médiatrices de la mémoire des hommes, ce qui a contribué à occulter ou à minimiser leur propre rôle.

La mémoire des armistices de 1940

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"Le Wagon de l’Armistice". France, 1940. Métal (3,9 x 8 x 3,3 cm). © Laure Ohnona/La Contemporaine

Certaines mémoires sont vouées à n’être qu’un temps. Il en va de celles des armistices de l’année 1940, qui entérinent la défaite française et mettent fin aux combats. Bien que l’Allemagne s’en réjouisse sur l’instant, cet épisode ne laissera pas place à des commémorations régulières. En France, s’il est timidement célébré par le régime de Vichy, il est rapidement remplacé par la remémoration du refus. En effet, l’appel du 18 juin constitue aujourd’hui un marqueur important dans le calendrier commémoratif.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne

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, le mémorial devint à la fois un lieu de mémoire incontournable et un espace dédié à l’éveil des consciences politiques. © DR

En Allemagne, aucune geste mémorielle n’est spécifiquement associée au souvenir de la Seconde Guerre mondiale. L’évolution politique, sociale et historiographique des 80 dernières années permet toutefois de mieux comprendre les pratiques commémoratives liées à cette mémoire, les récits que le grand public faisait de la guerre ou encore les moyens mobilisés par l’État pour représenter le passé au fil du temps.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France

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Cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin (1899-1943) au Panthéon. Paris, décembre 1964. © LAPI/Roger-Viollet

La mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale en France intègre aujourd’hui plusieurs composantes, telle la figure du Résistant, la victime juive ou encore le régime de Vichy. Ces différentes mémoires ont toujours fait partie du paysage français, l’une dominant parfois l’autre au fil des différents régimes mémoriels qui se sont succédé.

La mémoire de la Grande Guerre

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François Hollande et Angela Merkel ravivent la Flamme à l’Ossuaire de Douaumont, à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun, 29 mai 2016. © Mathieu Cugnot/Pool/AFP

Le centenaire de la Grande Guerre a ravivé, en France et en Allemagne, le souvenir d’un conflit qui a profondément marqué les sociétés et paysages des deux pays au lendemain de l’Armistice. En réalité, cette mémoire n’a jamais cessé d’irriguer les territoires français et allemands. Depuis plus d’un siècle, elle se construit et se reconstruit au fil du temps à l’aune des histoires nationales et de la construction européenne.

Mémoires de la guerre de 1870

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Lion de Bartholdi, Territoire de Belfort. © DR

Le 150e anniversaire de la guerre de 1870 a fait découvrir ou redécouvrir ce conflit que beaucoup croyaient oublié des mémoires nationales française et allemande. Outre la mobilisation des acteurs mémoriels, associatifs et culturels, il a permis d’étudier les traces de cette mémoire, de part et d’autre du Rhin, et l’empreinte qu’elle a laissée, jusqu’à aujourd’hui, dans les territoires concernés.

Les enjeux

Les enjeux

Links: Präsident Charles de Gaulle, Verteidigungsminister Pierre Messmer (rechts) und der Minister für Kriegsveteranen Alexandre Sanguinetti (links) anlässlich des 50. Jahrestags der Schlacht von Verdun (Meuse). Samstag, 28. Mai 1966. © Roger-Viollet. Rechts: Der deutsche Bundespräsident Richard von Weizsäcker bei seiner viel beachteten Rede im Bundestag in Bonn am 8. Mai 1985 anlässlich des 40. Jahrestags des Endes des Zweiten Weltkriegs. © akg-images/picture-alliance/dpa

À l’heure de célébrer le 150e anniversaire du traité de Francfort, par lequel les gouvernements français et allemands se sont réciproquement engagés à entretenir les tombes de guerre sur leurs territoires respectifs, il est intéressant de s’interroger sur la manière dont est née la politique mémorielle dans les deux pays voisins. Destinée à créer un roman national vertueux et mobilisateur, la mémoire commémorative de guerre est, au lendemain de la guerre de 1870, impulsée par l’Église avant d’être prise en charge par l’État. À la suite des deux grands conflits mondiaux, le discours s’ouvre progressivement pour intégrer les visions et revendications d’autres acteurs ; celles des associations d’anciens combattants mais également de la société civile dans son ensemble. Aussi, la multiplication des mémoires, qui conduit parfois à leur segmentation, constitue aujourd’hui un véritable enjeu. D’autant plus que le récit des conflits contemporains embrasse désormais un cadre multilatéral complexe, qui s’étend à l’échelle européenne. Ainsi, le pari véritable consiste finalement toujours, en France, comme en Allemagne, à faire de la mémoire un projet civique qui doit rassembler les citoyens.

Un enjeu spécifique franco-allemand : la mémoire des conflits contemporains en Alsace-Moselle

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Le retour, par le pont de Kehl, qui relie Strasbourg au Pays de Bade, d’anciens soldats Alsaciens-Lorrains démobilisés par les Allemands, à la fin de novembre 1918. © Excelsior-L’Equipe/Roger-Viollet

En soixante-quinze ans, les Alsaciens et Lorrains mosellans ont perdu quatre guerres (1871-1918-1940-1945) et se sont pourtant retrouvés quatre fois dans le camp du vainqueur. Ce constat résume la situation d’une région des marges de la France et de l’Allemagne, objet constant de disputes entre 1870 et 1945. L’Alsace-Lorraine, appelée ensuite Alsace-Moselle, a pourtant fini par devenir le symbole de la réconciliation des deux "ennemis héréditaires", dans le cadre d’une Union européenne dont Strasbourg est l’une des capitales.

Comprendre les opérations extérieures (OPEX) : l'engagement de l'armée de Terre

Le rapport de la société française à la mémoire

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Cérémonie du centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale, Paris, 11 novembre 2018. © Eric FEFERBERG/AFP

Si le goût des Français pour l’histoire et la mémoire des événements qui ont ponctué leur passé est avéré, celui-ci s’exprime de manière non uniforme selon les conflits et les personnes. Il se manifeste notamment au travers de l’acte commémoratif.

Le rôle de l’État dans la politique mémorielle

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Le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, visite le village martyr d’Oradour-sur-Glane, 4 mars 1945. © AFP

Malgré la grande convergence des expériences des conflits contemporains en France et en Allemagne, le déploiement des politiques mémorielles est, dans les deux pays, profondément asymétrique, eu égard à leur système politique – État centralisé d’un côté, État fédéral de l’autre.

Naissance et évolution d’une politique mémorielle en Allemagne

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De quoi se souvenir quand on parle des grands conflits du XXe siècle en Allemagne ? La culture mémorielle revêt une importance particulière outre-Rhin. Le passé tragique n’est pas étranger à cette frénésie, le pays (l’Allemagne de l’Est en tout cas) ayant connu deux guerres mondiales et deux régimes totalitaires. Aujourd’hui pourtant, la mémoire de ces événements diffère en bien des aspects.