Georges Thierry d'Argenlieu

Brest 1889 – Carmel du Relecq-Kerhuon 1964

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Georges Thierry d'Argenlieu. Source : Musée de l'Ordre de la Libération

 

Georges Thierry d'Argenlieu sort de l'école navale en 1908 et sert d'abord au Maroc puis, durant la guerre 1914-1918, en Méditerranée, avant d'intégrer l'ordre du Carmel en 1920.

 

Réserviste, il est mobilisé en 1939 et affecté à l'état-major de Cherbourg avant d'être promu capitaine de corvette. Fait prisonnier le 19 juin 1940, il s'évade le 22 pour rejoindre le général de Gaulle qui le nomme chef d'état-major des Forces navales françaises libres. Le capitaine de frégate Thierry d'Argenlieu participe aux opérations de ralliement en Afrique de l'automne 1940. Rappelé à Londres, il est nommé, en juillet 1941, haut-commissaire de France pour le Pacifique où il préside notamment, en 1942, au ralliement de Wallis et Futuna. Après avoir participé à la conférence de Casablanca, il est nommé, le 19 juillet 1943, commandant des Forces navales en Grande-Bretagne. Le 14 juin 1944, à bord de la Combattante, il conduit le général de Gaulle en France et l'accompagne jusqu'à Paris où ils entrent le 25 août 1944.

Nommé vice-amiral en décembre 1944, Thierry d'Argenlieu, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1947, se voit confier de très hautes fonctions dont celle, entre août 1945 et mars 1947, de haut-commissaire de France et commandant en chef pour l'Indochine, avant de rejoindre l'ordre du Carmel.

Le révérend père Louis de la Trinité, amiral Thierry d'Argenlieu, était Grand-Croix de la Légion d'honneur et Compagnon de la Libération. Il était notamment titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945 avec trois palmes, de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec palme et de la Médaille de la résistance avec rosette.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Mustapha Kemal Atatürk

1881-1938

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Mustapha Kemal Atatürk Source : Licence Creative Commons. Photo libre de droit.

Mustapha Kemal est né à Salonique, en Macédoine, le 19 mai 1881.

Après des études à l'École de guerre et à l'Académie militaire d'Istanbul, capitaine d'état-major en 1905, il est affecté à Damas, en Syrie, où il sert au sein de la 5e armée en lutte contre les Druzes. Dans le même temps, il forme un petit groupe d'opposition, Vatan ve Hürriyet (Patrie et Liberté). À l'automne 1907, il est nommé à l'état-major de la 3e armée, à Salonique, où il côtoie le Comité Union et Progrès et les Jeunes-Turc, opposants au régime qui obtiennent le rétablissement de la Constitution de 1876. En avril 1909, il est chef d'état-major du général Mahmoud Chevket, commandant de l'armée mise en place par des officiers constitutionnalistes pour combattre le soulèvement, à Istanbul, des défenseurs de l'absolutisme.

Il s'illustre en décembre 1911 en Libye, durant la guerre italo-turque, en remportant la bataille de Tobrouk avant de prendre le commandement militaire de Derna, en mars de l'année suivante. Cependant, le Monténégro ayant déclaré la guerre à la Turquie en octobre, il rentre afin de participer à la première guerre balkanique qui oppose la Turquie au Monténégro, à la Serbie, à la Bulgarie et à la Grèce. Chef d'état-major à Gallipoli, il repousse les offensives bulgares. Il devient attaché militaire à Sofia en 1913.

En novembre 1914, la Turquie entre en guerre aux côtés de l'Allemagne. Lieutenant-colonel, Mustapha Kemal est chargé de former la 19e division d'infanterie et se distingue lors de la contre-offensive germano-turque visant à faire échouer le débarquement franco-anglais dans le détroit des Dardanelles. Repoussant les assauts alliés, il remporte une victoire majeure sur le front d'Anafarta, en août 1915. Promu général, il prend, en 1916, le commandement du 16e corps d'armée dans le Caucase puis celui de la 2e armée à Diyarbakir. Affrontant les troupes russes, il reprend Mus et Bitlis. Rappelé en Syrie, où il sert sous les ordres du général allemand Erich von Falkenhayn, il prend le commandement de la 7e armée. De retour à Istanbul à l'automne 1917, il accompagne à la fin de l'année le prince héritier Vahidettin dans un voyage officiel en Allemagne. Il rejoint à nouveau la Syrie en août 1918 où il reprend le commandement de la 7e armée contre les Britanniques jusqu'à la signature de l'armistice de Moudros, le 30 octobre 1918.

Après l'armistice, opposé à l'occupation et au démembrement de la Turquie, il organise la résistance nationale.

Nommé inspecteur général des armées du Nord et du Nord-Est en mai 1919, il est chargé d'assurer la sécurité de la région de Samsun, où populations turques, grecques et arméniennes s'affrontent, et lance ses forces contre les troupes grecques débarquées à Smyrne.

En désaccord avec la politique du sultan, il appelle, de la ville d'Amasya, le 22 juin 1919, à la création d'une représentation nationale indépendante puis convoque les congrès d'Erzurum et de Sivas en juillet et en septembre. Enfin, la réunion de la Grande Assemblée nationale à Ankara, le 23 avril 1920, aboutit à la formation d'un gouvernement national à la tête duquel Mustapha Kemal, président de l'Assemblée, est élu.

Obtenant le retrait de la France en Cilicie et la restitution par l'Arménie des régions occupées, il parvient en outre à repousser les Grecs d'Anatolie, menant et remportant notamment la bataille de Doumlupinar (30 août 1922), et signe avec eux, le 11 octobre 1922, l'armistice de Moudanya.

Entre-temps, le sultan a accepté, le 10 août 1920, le traité de Sèvres qui réduit considérablement l'Empire turc. Mustapha Kemal parvient à obtenir des Alliés sa révision. Le 24 juillet 1923, le traité de Lausanne met un terme aux revendications arméniennes et grecques et reconnaît la souveraineté turque sur tout le territoire national.

Cette étape franchie, il s'emploie, par de profondes réformes politiques, économiques et sociales, à faire de la Turquie un pays moderne. Le sultanat est abolit (1er novembre 1922) et la République proclamée (29 octobre 1923). Élu président, il installe la capitale à Ankara, inscrit la laïcité dans la Constitution et engage son pays dans la voie du développement économique. Conformément à la loi de 1934 imposant aux citoyens turcs de prendre un nom de famille, il prend celui d'Atatürk, "Père de tous les Turcs".

Il décède le 10 novembre 1938 à Istanbul.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Alphonse Juin

(1888-1967)

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Le maréchal Juin. Source : ECPAD

 

Fils de gendarme, Alphonse Juin est né le 16 décembre 1888, à Bône, en Algérie. Après des études à Constantine puis à Alger, il est reçu à Saint-Cyr en 1909. Sorti major de sa promotion - promotion "de Fès", la même que Charles de Gaulle - en 1912, il opte pour les tirailleurs algériens. Affecté au Maroc fin 1912, le sous-lieutenant Juin prend part aux opérations de pacification du pays.

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le lieutenant Juin monte au front avec les troupes marocaines. En septembre 1914, il participe aux combats de la Marne. Grièvement blessé sur le front de Champagne en mars 1915, il perd en partie l'usage du bras droit. Capitaine en 1916, il rejoint le 5e bataillon de tirailleurs marocains au Chemin des Dames. En février 1918, il suit les cours d'état-major à Melun avant d'être détaché en octobre à la mission militaire française auprès de l'armée américaine et affecté au cours de perfectionnement des officiers de liaison du Corps expéditionnaire américain.

Breveté de l'École supérieure de guerre en 1921, il sert en Tunisie avant de rejoindre à la fin de l'année 1923 le Maroc où il participe à la campagne du Rif. À l'automne 1925, il rentre en France avec le maréchal Lyautey et travaille sous ses ordres au Conseil supérieur de la guerre. Promu chef de bataillon en 1926, il part l'année suivante rejoindre le 7e régiment de tirailleurs algériens à Constantine.

En 1929, il est chef du cabinet militaire du résident général au Maroc, Lucien Saint, et prend une part active à la réalisation de la dernière phase du plan de pacification de l'Atlas. Lieutenant-colonel en mars 1932, il devient professeur de tactique générale à l'École supérieure de guerre en 1933 avant d'être affecté comme commandant en second au 3e régiment de zouaves à Constantine. Il prend le commandement de ce régiment le 6 mars 1935. En juin, il est promu colonel. En 1937, il est affecté auprès du résident général au Maroc, le général Noguès, et suit parallèlement les cours du Centre des hautes études militaires.

Nommé général de brigade le 26 décembre 1938, il est affecté à la mobilisation à l'état-major du théâtre d'opérations d'Afrique du Nord. Alors que la situation se durcit en Europe, il prépare à Alger les mesures relatives à la levée de divisions en Algérie et en Tunisie. À la déclaration de guerre, en septembre 1939, il demande à servir en France métropolitaine. Le 4 décembre suivant, il prend le commandement de la 15ème division d'infanterie motorisée. Tandis que les forces allemandes lancent leur offensive à l'Ouest le 10 mai 1940, sa division entre en Belgique où elle s'illustre à Gembloux les 14 et 15 mai. Plus au sud, les troupes allemandes ont percé le front à Sedan. Juin reçoit l'ordre de se replier. Il défend alors successivement Valenciennes puis les faubourgs de Lille, couvrant la retraite de la 1re armée française vers Dunkerque. Il est fait prisonnier à Lille le 30 mai 1940 et incarcéré à la forteresse de Königstein. Nommé général de division durant sa captivité, il est libéré en juin 1941 à la demande du maréchal Pétain au titre de spécialiste de l'Afrique du Nord. Nommé adjoint au général commandant supérieur des troupes du Maroc le 16 juillet 1941, il est promu général de corps d'armée et remplace le général Weygand à la tête des forces d'Afrique du Nord le 20 novembre suivant. Il poursuit alors à l'égard de l'armée d'Afrique la ligne insufflée par son prédécesseur de "défense contre quiconque" (forces de l'Axe comme Alliés).

Le 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent en Algérie et au Maroc. Juin, qui n'a pas été informé de l'opération, est arrêté à Alger par des membres de la résistance locale. Les autorités reprennent toutefois rapidement le contrôle de la ville. Libéré, Juin intervient pour obtenir le cessez-le-feu entre les forces de débarquement et les troupes françaises. Rentrée dans la guerre aux côtés des Alliés, l'armée d'Afrique va alors participer à la reconquête du territoire national avec, comme premier théâtre d'opérations, la Tunisie. Durant cette campagne (novembre 1942-mai 1943), le général Juin commande le détachement d'armée française (DAF) et est nommé général d'armée le 25 décembre 1942. Il occupe le poste de résident général de France en Tunisie, par intérim, à partir du 8 mai 1943. Au cours de l'été, il met sur pied le corps expéditionnaire français (CEF) à la tête duquel il participe à la campagne d'Italie. Après plusieurs combats menés avec succès, sur le Pantano en décembre 1943, sur le Rapido et au Belvédère en janvier 1944, il remporte la victoire du Garigliano le 13 mai, ouvrant les portes de Rome aux Alliés, puis remonte sur Sienne et le nord de la Toscane. Juin quitte le corps expéditionnaire français et l'Italie en août.

Nommé chef d'état-major général de la défense nationale auprès du général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, il entre le 25 août à ses côtés dans Paris libéré. Tandis que la libération du territoire national se poursuit, il se consacre à la réorganisation des forces armées françaises pour leur permettre de participer pleinement à la fin des opérations. Dans le même temps, il est amené, en qualité d'expert militaire, à effectuer de nombreuses missions qui le conduisent notamment, en décembre 1944, à Moscou, où il prend part aux négociations relatives au futur pacte franco-soviétique, et, en avril 1945, aux États-Unis, pour la création de l'Organisation des Nations Unies. En avril 1946, le général Juin est envoyé en Extrême-Orient, pour négocier le retrait des troupes chinoises qui occupent le nord de l'Indochine.

En 1947, Juin rejoint l'Afrique du Nord où il occupe le poste de résident général de France à Rabat, au Maroc. En Extrême-Orient, la situation ne cesse cependant de s'aggraver et, en octobre 1950, il effectue à la demande du gouvernement une nouvelle mission en Indochine. Inspecteur général des forces armées françaises en janvier 1951, il prend au mois de septembre suivant le commandement en chef des forces alliées du secteur Centre Europe dans le cadre de l'alliance Atlantique. Ses fonctions le placent au coeur des problèmes nationaux et internationaux : place de la France dans l'alliance Atlantique, débat sur la Communauté européenne de défense (CED), évolution des pays d'Afrique du Nord vers l'indépendance, guerre d'Indochine... Dans le même temps, il est élevé à la dignité de maréchal de France le 7 mai 1952 et reçu à l'Académie française le 26 juin.

En février 1957, il fait paraître son premier livre Le Maghreb en feu puis se consacre à la rédaction de ses Mémoires et de divers ouvrages.

Le maréchal Juin s'éteint le 27 janvier 1967.

Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1914-1918, de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs, de la Médaille coloniale Maroc et Tunisie ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charles Nungesser

1892-1927

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Charles Nungesser. ©SHD/Air

 

En mai 1927, L’oiseau blanc, l’avion de Charles Nungesser et de François Coli, disparaît au-dessus de l’Atlantique. Cet accident met un terme à la vie d’un des "as des as" de la Grande Guerre.

Charles Nungesser naît à Paris le 15 mars 1892. Dès son enfance, il fait preuve d’un caractère audacieux qui l’amène à se passionner pour la mécanique et le pilotage de voitures de course et d’avions.

En 1907, après l’école des Arts et Métiers, Charles Nungesser entreprend un voyage en Amérique du Sud. Employé comme mécanicien à Buenos Aires chez un importateur de moteurs, il prend part en 1909 à l’un des
premiers raids automobiles de la Cordillère des Andes. Il s’introduit dans le monde de l’aviation et ses talents de pilote se révèlent à l’occasion d’un meeting aérien et de nombreux vols au-dessus de l’Uruguay et de l’Argentine.

Quand éclate la Grande Guerre, Nungesser regagne la France et est incorporé dans un régiment de cavalerie. Il participe à la bataille des frontières mais se retrouve encerclé. Il parvient à regagner les lignes françaises le 3 septembre 1914 après avoir intercepté une voiture d’état-major allemande, tué les quatre officiers qui l’occupaient et traversé à vive allure, au volant du véhicule, toute la région occupée par les Allemands. Cette action d’éclat lui vaut la Médaille militaire.

Mais Nungesser, qui rêve d’aviation, demande à y être incorporé. Le 22 janvier 1915, il commence une formation et obtient  le 8  avril son brevet de pilote. Affecté à l’escadrille de bombardement 106, basée à Saint-Pol, près de Dunkerque, il effectue le 11 avril sa première mission au-dessus de la Flandre occupée à bord d’un Voisin 3.

Le 26, Nungesser engage son premier duel aérien contre un Albatros allemand. À quatre reprises, le Voisin est touché, mais l’avion est ramené à bon port. Une citation vient couronner ces premiers exploits.

Nommé adjudant le 5 juillet, Nungesser se rend à Nancy avec son escadre. Il abat son premier avion ennemi dans la nuit du 30 au 31 juillet.

Blessé, il regagne le front pour reprendre ses missions

Après un stage de perfectionnement pour des missions de chasse, Charles Nungesser rejoint en novembre l’escadrille de chasse N65 de Nancy. C’est à cette époque qu’il fait peindre sur la carlingue de son Nieuport, un blason qui va devenir légendaire : un cœur noir frappé de la tête de mort et des tibias croisés argent, au-dessus d’un cercueil flanqué de flambeaux allumés.

Au cours de la bataille de la Somme, en septembre 1916, Nungesser réussit l’exploit d’abattre trois appareils ennemis le même jour. En décembre, il remporte sa vingtième victoire, ce qui lui vaut une citation à l’ordre de l’armée et la Military Cross.

Blessé, réformé, il obtient cependant l’autorisation de continuer à voler et abat deux avions ennemis le 1er mai 1917. Le 16 août, il remporte sa trentième victoire. Pourtant, conséquence de ses blessures, sa santé se dégrade d’autant qu’il est grièvement blessé dans un accident de voiture dans lequel Pochon,
son mécanicien, est tué. Malgré tout, le lieutenant Nungesser est de retour sur le front en décembre.

Quand, le 5 juin 1918, il abat son trente-sixième avion, il reçoit, outre une nouvelle citation, la Légion d’honneur et déclare : "Après ça, on peut mourir !".

Après un nouveau séjour à l’hôpital, Nungesser revient sur le front le 14 août.

Le 15, il remporte sa quarante-cinquième et dernière victoire.

La guerre finie, Charles Nungesser accepte de créer une école de pilotage qui s’installe à Orly. Cependant, ce grand sportif, amateur de défis et d’exploits, réfléchit à un projet de traversée de l’Atlantique en avion.

Le 8 mai 1927, L’oiseau blanc, l’avion de Nungesser et de Coli, un camarade de guerre, décolle du Bourget en direction du continent américain. On ne le reverra jamais.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Paul Nizan

1905-1940

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Portrait de Paul Nizan. Source : bibliothèque des lettres de l'ENS - Fonds photographique
© ENS - droits réservés

 

J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Ces mots sont écrits par un jeune homme de 26 ans nommé Paul Nizan. Ils inaugurent son premier livre publié en 1931 "Aden Arabie", un pamphlet résolument provocateur contre le colonialisme, qui donne le ton de l'œuvre à venir : à vif, polémique et activement désespéré. Sur les cimes de la révolte et le fil rouge du communisme, Paul Nizan n'a de cesse, tout au long de sa trop brève carrière, de pourfendre l'ordre établi, débusquer les travers de la société bourgeoise et guetter les signes précurseurs de l'Histoire.

Né le 7 février 1905 à Tours, ce fils de petite bourgeoisie et "d'ouvrier devenu bourgeois", intègre, à dix-neuf ans, l'Ecole Normale Supérieure. Ses condisciples de promotion en 1924 ont pour nom Raymond Aron et Jean-Paul Sartre. A la lecture d'"Aden Arabie", Sartre, l'ami inséparable avec lequel on le confond toujours (question de strabisme divergent chez l'un, convergent chez l'autre), le revoit à l'époque "absorbé dans la contemplation de ses ongles et lâchant ses violences avec une sournoise et trompeuse sérénité". Mais cette froideur apparente, cette vitrine brillante de dandy charmeur dont les costumes lilas et les formules lapidaires du genre "Morale, c'est trou de balles" font courir un frisson d'excitation dans les rangs des Normaliens, dissimule mal une blessure secrète.

Ma seule originalité est de traverser périodiquement des phases de dépression, confie-t-il en badinant à celle qui deviendra sa femme, Henriette Alphen. "Je ne suis pas joyeux, je ne suis pas désespéré, mais j'affirme au rôti que la vie n'a aucun sens, et au dessert que personne n'aura lieu de s'étonner si j'entre un jour dans les ordres réguliers." Nizan s'enfonce ainsi des jours entiers dans un mutisme total, quand il ne fugue pas subitement pour resurgir hagard quelques nuits plus tard, cherche sa voie entre l'extrême droite et le communisme, se découvre une passion pour le cinéma. Rongé par un mal de vivre qui ne lui laisse aucun répit, obsédé par la mort, dégoûté de "l'exercice officiel de la philosophie", il part pour Aden, au Yémen, comme précepteur dans une famille anglaise. Aden "ce comprimé d'Europe" sera l'occasion de sa prise de conscience politique. Il en revient un an après et opte pour le marxisme, seule solution concrète à sa révolte. Fin 1927, il adhère au parti communiste français. Il a presque 23 ans, une femme, bientôt deux enfants et l'agrégation de philosophie.

Militant fervent, il est candidat du Parti aux élections législatives de 1932 à Bourg-en-Bresse, où il enseigne un an la philosophie. Il choisit ensuite la littérature et le journalisme et devient tour à tour rédacteur en chef de la revue d'avant-garde "BIFUR" qui révèle Michaux, Sartre et Joyce, chroniqueur littéraire à l'Humanité (1935) où il soutient Céline, Breton et Lacan, et chargé de politique étrangère à "Ce Soir" dirigé alors par Aragon. De Moscou, où il séjourne pour préparer le Congrès International des Écrivains, à Brest, cadre de sanglantes émeutes en pleine montée du Front Populaire, en passant par l'Angleterre et l'Espagne quelques mois avant la guerre civile, il est toujours en première ligne. Grand reporter passionné, il n'en mène pas moins en parallèle sa carrière d'écrivain et publie presque coup sur coup des essais (Les Chiens de garde, Les Matérialistes de l'Antiquité) et des romans (Antoine Bloyé, Le Cheval de Troie), tous salués par la critique. En 1938, La Conspiration obtient le prix Interallié. Paradoxalement, seul le P.C.F. reste toujours réservé, sinon très critique de son œuvre littéraire tant il est vrai que ses écrits ne sont guère orthodoxes et ne s'intègrent pas dans l'étroite grille de lecture du PCF d'alors.

En 1939, son dernier ouvrage Chronique de Septembre démonte les mécanismes des négociations entre Hitler, Daladier, Chamberlain et Mussolini, qui aboutissent aux Accords de Munich et au démantèlement de la Tchécoslovaquie. Le pacte germano-soviétique entre Staline et Hitler le surprend en vacances à Ajaccio.

Il rentre aussitôt à Paris, impatient de connaître la position du Parti, qui approuve le pacte. Fidèle à lui-même et à ses convictions anti-fascistes, Nizan démissionne publiquement du PCF en septembre 1939.

Mobilisé, il continue de militer sur le front, discutant fougueusement sa position avec ses camarades.

Affecté à Lille comme interprète de l'armée anglaise, il est tué le 23 mai 1940 lors de l'attaque des Allemands sur Dunkerque. Il est inhumé dans la nécropole nationale La Targette, à Neuville-Saint-Vaast.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Blaise Pagan

1604 - 1665

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Blaise François, comte de Pagan. Auteur : Jacques Lubin. Source : Wikimedia Commons - domaine public

(Saint-Rémy-en-Provence, 1604 - Paris, 1665)

 

Ingénieur militaire français, maître de Vauban, Blaise François Pagan, forme avec Errard de Bar-le-Duc et Antoine Deville la première école française dans l'art de la fortification. Il est l'auteur de l'Art de la fortification où il incorpore le bastion dans le tracé de la fortification.

Blaise François, comte de Pagan, est né à Saint-Rémy-en-Provence, près d'Avignon. Sa famille est d'origine napolitaine, une branche de la maison de Luynes. Il entre très tôt au service de Louis XIII en tant qu'ingénieur militaire. Il se distingue dès 1620 lors du siège de Caen, au combat des Ponts-de-Cé, participe aux sièges de Saint-Jean-d'Angély et de Clérac en 1621, ainsi qu'à la prise de Navarreins, et à celui de Montauban en 1622 où il perd son oeil gauche. En 1623, il officie comme ingénieur pendant le siège de Nancy. Il acquiert sa renommé au cours du siège de Suse en 1629 lorsqu'il franchit à la tête des troupes françaises les barricades qui entourent la ville. La Guerre de Trente ans le conduit à travailler avec Deville lors des sièges de Corbie, Landrecies et Hesdin. Il participe aux sièges de La Rochelle, sert en Italie, en Picardie et en Flandre.

Devenu aveugle en 1642, il est promu Maréchal de camp, abandonne sa carrière militaire et consacre sa retraite à l'étude des mathématiques, de l'histoire et de la géographie, de l'astronomie, et à l'art de la fortification.

Pagan rédige un traité, Le Traité des fortifications (1645), où il expose les principes de la fortification. En particulier : commencer le tracé d'une place par les saillants de bastions les plus exposés pour s'adapter le mieux au terrain, la construction d'ouvrages extérieurs à l'enceinte permettant un bon échelonnement de la défense en profondeur et retardant l'attaque du corps de place. Les flancs de bastions sont perpendiculaires à la ligne de défense pour obtenir un flanquement réciproque parfait. Il se distingue en ce sens de Deville pour qui les bastions ne sont que des ouvrages avancés ajoutés et isolés, reliés ultérieurement à la place. La défense est assurée par une forte artillerie : il prévoit jusqu'à trente canons par bastion, répartis sur trois niveaux. Les dehors comportent un chemin couvert avec une petite place d'armes sur la contrescarpe (principe de défense active). Il prévoit d'utiliser l'espace entre le couvre-faces et l'enceinte principale pour le campement de villageois alentours. Ses principes resteront théoriques, mais seront repris par Vauban dans son premier système de défense.

Il est aussi astronome et conçoit une théorie des planètes. Il présente ses travaux dans : Théorèmes des planètes (1657), les Tables astronomiques (1658) et l'Astrologie naturelle (1659). Le mathématicien compose les Théorèmes géométriques en 1651. Ses autres écrits se rencontrent dans la Relation de la rivière des Amazones (1658) et dans les oeuvres posthumes (1669).

 

Sources : Dictionnaire des architectes, Paris, Encyclopaedia Universalis-Albin Michel, 1999, p. 494 - André Corvisier, dir., Histoire militaire de la France, Paris, Presses universitaires de France, 1992, tome 1

Pierre Clostermann

1921 - 2006

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Pierre Clostermann.
Source : Wikipedia - libre de droit

Héros de la France Libre

Auteur du livre à succès "Le Grand Cirque", Pierre Clostermann est décédé le mercredi 22 mars 2006 à Montesquieu-des-Albères. Il était âgé de 85 ans.

Né le 28 février 1921 à Curitiba (Brésil), fils de diplomate, Pierre Clostermann rejoint la France Libre en Angleterre le 18 mars 1942, et sert dans le groupe de chasse "Alsace".

Capitaine à la fin de la guerre, il totalise plus de 2000 heures de vol, près de 600 de vol de guerre, 33 victoires aériennes homologuées et 5 probables, ainsi que de nombreuses destructions matérielles : 225 camions, 72 locomotives, 5 tanks, 2 vedettes lance-torpilles.

Compagnon de la Libération le 21 janvier 1946, il commence une carrière politique. Il sera réélu 8 fois, notamment dans le Bas-Rhin : en 1951, il est élu député de la Marne, puis député de la Seine (1956-1958), député de Seine-et-Oise (1962-1967) et des Yvelines (1967-1969).

Promu commandant, Clostermann sert alors en Algérie où il gagne ses galons de lieutenant-colonel de l'Armée de l'Air (1956-1957). Il assure la vice-présidence de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale entre 1963 et 1969.

En parallèle à sa carrière d'ingénieur, il entame une carrière d'auteur à succès, relatant notamment son expérience pendant la seconde guerre mondiale dans Le Grand Cirque, en 1948, ouvrage qui sera vendu à plus de 3 000 000.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Raoul Monclar

1892-1964

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Portrait de Raoul Monclar. Source : Ordre de la Libération

(7 février 1892 : Budapest, Hongrie - 3 juin 1964 : Val-de-Grâce, Paris)

 

Soldat dans l'âme, Raoul Magrin-Vernerey racontait volontiers qu'à l'âge de sept ans il avait voulu quitter sa famille pour s'engager chez les Boers...

Fils d'une institutrice française en poste à Vienne, Anne Magrin, Raoul Charles est pris en affection par un comte hongrois qui veille à son éducation intellectuelle et morale. Evoluant dans le milieu cosmopolite de la société austro-hongroise, le jeune homme conservera une grande facilité d'adaptation tout au long de sa vie. De retour en France, il est élevé par sa grand-mère à Avison dans la Doubs. Après des études au lycée Victor Hugo à Besançon puis au petit séminaire d'Ornans, taraudé par son envie de porter l'uniforme, il s'enfuit de chez lui à quinze ans pour s'engager dans la Légion étrangère. Trop jeune pour une pareille aventure, il retourne à ses études pour enfin embrasser la carrière militaire le 10 octobre 1912 lorsqu'il intègre l'Ecole militaire spéciale de Saint-Cyr.

Diplômé en 1914, promotion Montmirail, il est propulsé dans la tourmente de la guerre au 60e régiment d'infanterie (RI) : la plaine d'Alsace, Morte-Fontaine (Oise), les combats de l'Ourcq, de l'Aisne, volontaire dans l'offensive d'Aumetzwiller (Moselle), la contre-attaque du bois d'Haumont (Bois des Caures), l'offensive de la Somme, Ypres, la butte de Tahure en pays rémois.

D'un héroïsme hors du commun, il est gazé, six fois blessé et onze fois cité, dont sept à l'ordre de l'armée. Réformé à 90%, il est promu capitaine le 24 juin 1916 au 260e RI, et reçoit la Légion d'Honneur.

La paix revenue, il est envoyé sur les théâtres d'opérations extérieures, à Odessa (1919), en Syrie-Palestine (1920) où sa bravoure lui vaut une nouvelle citation et la croix d'officier de la Légion d'Honneur, en Algérie et au Maroc puis au Tonkin au sein du 5e régiment étranger d'infanterie. Ces missions lui permettent de réaliser son rêve : rejoindre la Légion étrangère, et ce dès 1924.

Le 23 février 1940, il quitte le commandement du 4e REI au Maroc pour prendre la direction de deux bataillons de marche de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, contingent de l'expédition de Norvège. Le 5 mai il débarque à Ballangen, enlève Bjervik et Narvik, libère 60 prisonniers alliés et capture 590 Allemands. L'expédition tourne court et Magrin-Vernerey rejoint Brest le 15 juin. A l'annonce de l'armistice, avec le capitaine Koenig et 500 compagnons, il quitte la France pour aller se placer sous l'autorité du général de Gaulle. Promu colonel, il devient Monclar (nom d'une localité du Tarn-et-Garonne, berceau de sa famille) pour la France Libre. En décembre 1940, sa 13e demi-brigade entame son périple africain : Dakar, Freetown, le Cameroun où il rédige un petit traité sur sa conception du combat, Catéchisme du combat. Elle débarque au Soudan anglo-égyptien, prend part à la campagne d'Erythrée aux côtés du bataillon Garbay, enlevant la capitale, Massaouah, et capturant l'amiral et le général commandants en chef des forces italiennes. En Syrie (juin 1941) cependant, de même qu'il a refusé de participer à la campagne de ralliement du Gabon, il ne veut pas s'engager, ne pouvant supporter l'idée d'une lutte fratricide dans l'armée française. Nommé général de brigade en 1941, il exerce divers commandements en Grande Bretagne puis au Levant. Il est fait Compagnon de la libération.

Après diverses missions en Algérie, au Pakistan, en Indochine, il est nommé inspecteur de la Légion étrangère le 25 juin 1948.

Général de corps d'armée le 20 février 1950, bientôt atteint par la limite d'âge, Monclar reprend fictivement ses galons de lieutenant-colonel le 19 octobre et se porte volontaire pour prendre la tête du bataillon français de Corée qu'il dirige jusqu'en 1951 contre les troupes communistes en Corée du Nord.

Retiré à Neuilly, le 21 octobre 1962, légende militaire vivante auréolé de dix-sept décorations nationales et de vingt-et-une internationales, il succède au général Kienst au rang de Gouverneur des Invalides.

Il occupe cette charge jusqu'à sa mort en 1964.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Henri Giraud

1879-1949

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Portrait du général Giraud. 1934-1936. Source : ECPAD

(18 janvier 1879 : Paris - 11 mars 1949 : Dijon)

 

Issu d'une modeste famille alsacienne installée à Paris - son père était marchand de charbon - Henri Giraud, jeune homme au tempérament aventureux, suit de brillantes études classiques aux lycées Stanislas, Bossuet et Louis-le-Grand, et rejoint les rangs de l'armée française en 1900, à sa sortie de l'école militaire de Saint-Cyr.

Il est affecté au 4e Zouave, en Afrique du Nord, unité avec laquelle il est envoyé au front en 1914. Blessé, il est fait prisonnier le 30 août, à la bataille de Guise, lors de la contre-attaque du général Lanrezac contre la IIe armée allemande de von Bulow.

Il parvient à s'échapper avec la complicité du réseau du docteur Frère, à la fin du mois de septembre et rencontre l'attaché militaire français à La Haye qui l'évacue vers le Royaume-Uni d'où il embarque pour rejoindre la France. Il s'illustre à nouveau à l'automne 1917 lorsque le 3e bataillon du 4e Zouave reprend le fort de La Malmaison, au Chemin des Dames puis, lors des offensives programmées par Pétain après la crise du printemps 1917. Après la guerre, il rejoint les troupes du général Franchet d'Esperey à Constantinople, pour retourner au Maroc, à la demande de Lyautey, avec les galons de colonel, combattre les mouvements insurrectionnels berbères. Il contribue ainsi à la reddition d'Abd-el-Krim (27 mai 1926) pendant la guerre du Rif, fait d'arme qui lui vaut de recevoir la légion d'honneur.

Promu commandant militaire de la place de Metz, il rencontre les colonels Charles de Gaulle et Jean de Lattre de Tassigny. Général en 1936, commandant la 7e armée, membre du Conseil supérieur de la guerre, Giraud, qui ne croit pas à l'efficacité de l'arme blindée, désavoue la tactique préconisée par de Gaulle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale.

Le 10 mai 1940, ses unités, envoyées aux Pays-Bas, retardent l'avancée allemande, notamment à Breda le 13 mai. Il est fait prisonnier le 19 mai à Wassigny alors qu'il tente de s'opposer aux divisions de panzer dans les Ardennes avec la 9e armée française. Il est emprisonné en Silésie, au château de Koenigstein près de Dresdes. Le 17 avril 1942, Giraud s'en évade avec l'aide de fidèles, les généraux Mesny, Mast, Baurès, et des services secrets britanniques qui lui facilitent la fuite à partir de Schandau. Il gagne ensuite l'Alsace puis Vichy.

Son aventure, rapidement connue de tous et qu'il relate dans Mes évasions, irrite le gouvernement allemand qui souhaite son retour en prison mais il échappe à cette sanction en signant une lettre au maréchal Pétain exprimant sa volonté de ne pas s'opposer à son régime. Vivant en résidence surveillée, Giraud ne tarde pas à être contacté par les Alliés, désireux de tenir le général de Gaulle à l'écart de la préparation de l'opération Torch. Exfiltré en novembre 1942 via Gibraltar, il rencontre Eisenhower de qui il obtient de conserver le commandement des troupes françaises. Sur place, la situation dégénère en une guerre civile, les hommes de l'amiral Darlan refusant de reconnaître son autorité. L'assassinat de Darlan, le 24 décembre, mettra fin à ce conflit.

Giraud se pose alors comme son successeur, maintient les institutions ainsi que le statut d'exception des juifs et fait interner dans les camps sud sahariens quelques résistants qui avaient aidé au débarquement. Présent à la conférence de Casablanca, il est contraint de libérer ces résistants et de conférer à son gouvernement une teneur plus démocratique. Il entre ensuite au directoire du Comité français de Libération nationale (CFLN), le " duel Giraud-de Gaulle " est alors à son comble. Mais, rapidement débordé par les actions de ralliement au général de Gaulle, il doit céder la place. Son soutien indéfectible à Pierre Pucheu finit de le discréditer auprès de ses partisans. Cet ancien ministre de l'Intérieur de Pétain avait en effet gagné le Maroc pour servir les couleurs de la France Libre, mais sa démarche était considérée comme tardive pour quelqu'un accusé de collaboration avec l'ennemi et de participation à l'arrestation d'otages.

Le 13 septembre 1943, il envoie des troupes françaises soutenir les résistants corses par un débarquement sur l'île. C'est un succès militaire mais Giraud subit de nombreuses critiques du général de Gaulle pour avoir armé la résistance communiste corse, donnant une tonalité politique aux opérations de libération de l'Europe et fragilisant le travail d'unification de la résistance. Il perd définitivement son siège au CFLN. En avril 1944, Giraud organise la participation française à la campagne d'Italie mais, considéré comme trop impliqué dans le système répressif de Vichy, il est destitué de son poste de commandant en chef et amené à se retirer des instances militaires de la France Libre.

Il fera part de son expérience de ces années troubles dans son ouvrage : Un seul but : la Victoire, Alger, 1942-1944. Il survit à un attentat à Mostaganem le 28 août 1944. En 1946, Giraud se présente à la députation en Lorraine pour la seconde Assemblée nationale constituante sur la liste du parti républicain de la liberté et des indépendants agraires. Elu le 2 juin, il rallie le groupe des républicains indépendants et contribue à la création de la Quatrième République, en dépit de son refus de voter pour la constitution. Il participe aux débats sur la situation des prisonniers de guerre non rapatriés (25 juillet 1946) et sur la politique générale du gouvernement en Algérie (22 août 1946). Il siège au conseil supérieur de la guerre jusqu'en décembre 1948 et reçoit, le 10 mars 1949, la médaille militaire pour son évasion exceptionnelle.

Il décède le lendemain et est inhumé aux Invalides.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Georges Catroux

1877-1969

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Portrait du général Catroux : Source SHD

(29 janvier 1877 : Limoges - 21 décembre 1969 : Paris)

 

Fils d'un militaire qui s'est illustré pendant les campagnes du Second Empire en Afrique du Nord et en Asie et d'une mère génoise, Georges Catroux hérite du sens du service et du goût pour les contrées lointaines. Après avoir fréquenté les écoles de Limoges, Angers et Rennes au gré des garnisons de son père, il entre au Prytanée national militaire de La Flèche puis à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1896, promotion "randes manoeuvres" et choisit à sa sortie le corps des Chasseurs à pied (Grenoble).

Jeune lieutenant à la Légion étrangère en 1900, il est envoyé en mission de pacification dans le Sahara. Trois ans plus tard, il est en Indochine pour seconder le gouverneur général Paul Beau, avant de repartir en Afrique du Nord, en Algérie d'abord où il rencontre Lyautey (il écrira quelques années plus tard un Lyautey le Marocain), puis au Maroc où, jusqu'en 1911, il accomplit les opérations préparatoires d'occupation du territoire, avant de revenir à Alger auprès du gouverneur général Lutaud.

Au début de la Première Guerre mondiale, il commande le 2e régiment de tirailleurs algériens. Blessé près d'Arras en octobre 1915, il est fait prisonnier et rencontre Charles de Gaulle au Fort IX d'Ingolstadt.

Membre de la mission militaire française en Arabie en 1919-1920, il est ensuite nommé gouverneur de l'Etat de Damas où il pose les bases de l'administration et de la gouvernance de la Syrie, avant d'exercer les fonctions d'attaché militaire à Constantinople - il fera part de son expérience levantine dans Deux missions au Moyen-Orient, 1919-1922. Lyautey le rappelle au Maroc, de juin à octobre 1925, lors de la guerre du Rif. Nommé auprès d'Henri de Jouvenel, Haut commissaire au Levant, Catroux défend la thèse de l'indépendance de la Syrie et du Liban. Ne trouvant pas d'écho favorable, il demande à être relevé de ses fonctions et retourne dans le désert, en 1927, pour diriger le 6e régiment de tirailleurs algériens à Tlemcen. Colonel puis général, il commande à Marrakech, de 1931 à1934, à Mulhouse ensuite, puis le 19e corps d'armée à Alger de 1936 à 1939.

À la déclaration de guerre en septembre 1939, Catroux est gouverneur général d'Indochine depuis trois mois : passé au cadre de réserve, il a été rappelé par Mandel le 21 août pour occuper cette fonction. A l'armistice il doit composer avec un gouvernement qui refuse la présence de troupes étrangères sur ce territoire et encourage les relations avec la Chine et les Japonais, pressés de s'installer sur le continent pour en découdre avec Pékin. Le gouvernement de Vichy le révoque le 26 juillet 1940. Il refuse alors de revenir en France et choisit de rallier la France Libre via Singapour et Le Caire. Arrivé à Londres le 17 septembre 1940, il reçoit du général de Gaulle la mission de préparer le ralliement des Etats du Levant en qualité de représentant de la France Libre dans cette région. Membre du Conseil de Défense de l'Empire, commandant en chef et délégué général de la France Libre au Moyen Orient, en juin 1941, il proclame l'indépendance de la Syrie et du Liban. Il est nommé Haut-commissaire de la France Libre au Levant le 19 juillet par décret du général Wilson, commandant en chef des troupes britanniques dans cette zone. Il participe aux pourparlers succédant au débarquement en Afrique du Nord et, nommé commandant des forces françaises le 25 novembre 1942, il s'attèle à réunir sous son autorité les territoires d'outre-mer, tout en jouant un rôle d'intermédiaire entre de Gaulle et Giraud. Commissaire d'Etat au Comité français de Libération nationale en 1943, il est chargé au mois de mai de la coordination des affaires musulmanes et rédige l'ordonnance du 7 mars 1944 qui accorde la nationalité française à certaines catégories de musulmans et la possibilité de l'obtenir pour d'autres. Gouverneur général de l'Algérie en juin 1944, Compagnon de la Libération, il est nommé ministre d'Etat chargé de l'Afrique du Nord du Gouvernement provisoire de la République française le 9 septembre suivant.

Ambassadeur de France en Union soviétique de 1945 à 1948, expérience dont il fera le sujet de J'ai vu tomber le rideau de fer, il sert comme conseiller diplomatique auprès du gouvernement à son retour, puis est élevé à la dignité de Grand Chancelier de la Légion d'honneur en 1954. Alors qu'une commission est chargée de rechercher les responsabilités dans la défaite de Dien Bien Phu, il s'exprimera sur cette guerre dans Deux actes du drame indochinois. En 1955, désigné pour résoudre les troubles au Maroc, il joue un rôle prépondérant dans les négociations pour le retour du sultan Mohammed V, exilé à Madagascar. L'année suivante il exerce les fonctions de ministre résident en Algérie mais démissionne en raison des manifestations hostiles aux Européens. En 1961, Catroux est membre du tribunal militaire chargé de juger les généraux putschistes (Challe, Zeller) et leurs complices.

Placé hors des cadres d'active en 1969, Compagnon de la Libération, Georges Catroux décède le 21 décembre, à l'hôpital du Val-de-grâce. Il est inhumé au cimetière de Thiais (Val-de-Marne).

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA