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6 juin 1944 Sword Beach

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Choisie comme lieu principal de commémoration du 70e anniversaire du débarquement de Normandie, la zone de Sword est l’une des plages où se déroulèrent les combats. Retour sur les événements de la journée du 6 juin 1944.

Texte

Les plans alliés prévoient cinq zones de débarquement sur les plages normandes qui s'étendent entre le lieu-dit La Madeleine dans la Manche et Ouis­treham, dans le Calvados. Ce sont, d'ouest en est : Utah Beach et Omaha Beach où débarquent les Américains . Gold Beach, Juno Beach et Sword Beach où débar­quent les Britanniques, les Canadiens et le contingent français. Le dernier secteur constitue le flanc gauche du front d'invasion. Long de 8 km, entre Lion-­sur-Mer et Ouistreham, il s'appuie sur l'Orne, fleuve dont les principaux points de passages ont été la cible des opéra­tions aéroportées britanniques dans la nuit du 5 au 6 juin.

La 3e division d'infanterie britannique (3rd ID), soutenue par la 27e brigade blindée (27th AB), est chargée de l'opération. L'ensemble représente plus de 22 000 hommes et plus de 220 chars moyens (Sherman) et légers (Stuart). En plus, les assaillants disposent de chars spéciaux, lance-flammes, démineurs… regroupés au sein du 22e régiment de dragons. Enfin, un important appui aérien et ma­ritime leur est accordé pour préparer le débarquement lui-même en détruisant les positions allemandes et pour appuyer ensuite leur progression dans les terres.

Les objectifs assignés à ces forces sont les suivants : la 8e brigade de la 3rd ID, soutenue par un régiment de chars de la 27th AB, doit établir une tête de pont, ensuite une autre brigade de la même division, la 185e, soutenue aussi par un régiment de chars, doit progresser vers Caen et prendre la ville. C'est, en effet, un carrefour routier stratégique proche d'un aérodrome important (Carpiquet). Pendant ce temps, la 9e brigade doit établir la jonction avec les Canadiens débarqués à Juno Beach tandis que la 1st Special Service Brigade, à laquelle appartient le commando français du commandant Kieffer, doit s'emparer de Ouistreham et établir le contact avec les unités parachutées dans la nuit.

UNE RÉACTION ALLEMANDE TARDIVE

Du côté allemand, deux unités de la Wehrmacht sont principalement impliquées dans les combats du 6 juin. Tout d'abord, la 716e division d'infanterie (76. ID) qui occupe les défenses côtières. C'est une unité de constitution tardive qui n'a jamais connu le combat. Elle est composée d'effectifs âgés ou considé­rés comme peu fiables. Elle regroupe près de 8000 hommes dont seulement trois compagnies (600 à 1000 hommes) occupent des positions faiblement forti­fiées dans le secteur de Sword.

Plus dangereuse et aguerrie est la 21e division blindée (21. PzD) qui comprend entre 18 et 20000 hommes mal équipés, notamment en blindés. Si son régiment de chars (Pz.Rgt.22) a environ 150 engins, seule une centaine (PzKfW-IV) est assez moderne pour pouvoir lutter contre les chars alliés. Les autres, comme une partie des matériels de l'unité, sont des prises de guerre françaises (Somua S-35, Hotchkiss) de 1940 ou russes de 1941-1942.

Quant aux plans de l'état-major allemand, ils souffrent, tout d’abord, de l'effet de surprise du débarquement et de la difficulté à déterminer si celui-ci est une opération de diversion. Par ailleurs, des désaccords se font jour entre les différents commandants supérieurs à l'ouest (notamment Rommel, von Rundstedt). De ce fait, les grandes unités blindées allemandes ne sont pas forcément bien placées pour réagir rapidement à l'annonce du débarquement. Ne sachant pas quel sera l’axe principal d’effort des Alliés, la décision de les engager est prise tardivement.

Sur cette partie du front, les opérations commencent donc par le parachutage de la 6e division parachutiste britannique (6th AB) quelques minutes après minuit. Dans le secteur de Sword, la première vague d'assaut embarque vers 5h30 alors que le destroyer norvégien Svenner est coulé par une vedette lance-torpilles allemande au large et que la Royal Navy ouvre le feu sur les positions allemandes.

Le bombardement naval prend fin à 7h20 environ. Les chars spéciaux débarquent sur les plages avec les premières unités d'infanterie. Le commando Kieffer débarque devant Hermanville-sur-Mer.

Dès 8h00, la majorité des combats se déroulent déjà dans les terres. À 13h00, la liaison est établie sur les bords de l'Orne avec les parachutistes de la 6th AB mais pas avec les forces canadiennes. Vers 16h00 intervient la seule contre-attaque blindée de la journée.

La 21. PzD essaie de repousser les Alliés en engageant notamment les chars du Pz.Rgt.22 et des éléments d'un régiment de grenadiers (Pz.Gren.Rgt-192). Ces derniers atteignent même la côte aux environs de Luc-sur-Mer vers 20h00. Néanmoins, les chars n'ont pas suivi : ils ont subi de lourdes pertes sous les coups de l'aviation alliée, puis de l'artillerie des bâtiments de ligne (cuirassés et croiseurs) et enfin des unités blindées et anti-char qui ont déjà débarqué.

LE PLUS DUR RESTE À FAIRE

À la fin de la journée, si les Alliés ont réussi à prendre pied sur le continent, ils n'ont pas pour autant atteint l'ensemble de leurs objectifs. Caen, pourtant seulement éloignée de 15 km des plages, n'a pas pu être prise. La ville ne sera libérée que le 20 juillet, après de durs combats et sa destruction quasi-totale, notamment à cause des bombardements aériens. La liaison avec le secteur canadien n'a pu être établie, même si plus de 28 000 hommes et 2 600 véhicules ont d'ores et déjà débarqué. Les pertes (630 tués et blessés) sont proportionnellement moindres que celles enregistrées dans le secteur d'Omaha (3 000 tués et blessés). Les pertes allemandes sont sûrement plus importantes mais invérifiables.

Cet échec relatif peut s'expliquer par deux facteurs. Le premier est l'engorgement rapide des plages. Les unités blindées ne peuvent pas s'organiser et progresser rapidement pour mener l'attaque vers Caen. Le second est la contre-attaque des Allemands : bien qu’elle n’ait pas réussi à refouler les Alliés à la mer, elle a permis d'établir une position défensive entre les Britanniques et Caen. Cette première journée a prouvé la bonne conception d'ensemble des opérations. La création de la tête de pont a permis l'ouverture d'un nouveau front stratégique. Elle a démontré cependant que la victoire ne serait pas facile. Les semaines de combat qui vont se dérouler en juin et juillet dans les haies de Normandie en attestent. Le plus dur reste à faire…


Auteur
Patrick Bouhet - Directeur de la rédaction

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