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De Lattre

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Acteur majeur de la reconquête nationale, la 1re armée permet d’imposer la France comme un élément actif de sa propre libération et de la chute du régime nazi. Les hommes qui la composent semblent avoir adopté la devise de leur chef, Jean de Lattre de Tassigny : "Ne pas subir".

Texte

À la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, le général de brigade Jean de Lattre de Tassigny est chef d’état-major de la 5e armée (armée d’Alsace). En janvier 1940, il prend le commandement de la 14e division d’infanterie, à la tête de laquelle il s’illustre en mai-juin 1940, en repoussant à trois reprises la Wehrmacht qui tente de franchir l’Aisne à Rethel.

Resté dans l’armée de Vichy après l’armistice, de Lattre est nommé adjoint au général commandant la 13e division militaire à Clermont-Ferrand et commandant militaire du Puy-de-Dôme, avant d’être promu général de division commandant en chef des troupes de Tunisie, puis général de corps d’armée commandant la 16e division militaire à Montpellier. Dans chacun de ces postes, il se consacre à la formation des cadres et tente d’entretenir chez ses hommes l’espoir et l’esprit de défense. Cette activité et son manque d’adhésion à la politique de collaboration le rendent suspect aux yeux des Allemands et des collaborationnistes, mais c’est après le débarquement allié en Afrique du Nord et l’invasion de la zone dite libre, le 11 novembre 1942, qu’il rompt définitivement avec Vichy : en dépit des ordres reçus, il commande alors à ses troupes de s’opposer aux Allemands.

Arrêté, de Lattre est condamné le 9 janvier 1943 à 10 ans de prison pour abandon de poste par le tribunal d’État. Transféré à Riom en février 1943, il s’évade dans la nuit du 2 au 3 septembre et, après s’être caché pendant quelques semaines, il rejoint Londres à la mi-octobre, puis Alger, le 20 décembre.

Le général de Gaulle lui confie alors le commandement de l’armée B. Victorieuse à l’île d’Elbe en juin 1944, l’armée venue d’Afrique et d’Italie débarque en Provence en août, aux côtés des Alliés (opération Dragoon). Elle a pour mission de s’emparer de Toulon et de Marseille qui sont libérées dès les 27 et 28 août.

De Lattre et ses troupes remontent ensuite la vallée du Rhône, entrent dans Saint-Étienne le 2 septembre puis, le lendemain, dans Lyon, libèrent Mâcon, Chalon-sur-Saône, Beaune, Autun (le 8), Dijon (le 12), ville où la jonction est faite avec la 2e division blindée (la 2e DB) et où est réalisé l’amalgame de l’armée d’Afrique avec les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Cette manœuvre permet l’intégration de près de 137 000 résistants au sein de l’armée régulière. De Lattre est désormais à la tête d’une armée de près de 400 000 hommes, qui forment la 1re armée.

Celle-ci atteint le Rhin le 19 novembre. Avec la reconquête de Mulhouse, Belfort, Strasbourg s’achève la libération quasi-totale de la France. La contre-attaque allemande sur les Ardennes n’y fera rien : en dépit de lourdes pertes, la 1re armée se maintient dans Strasbourg. En janvier 1945, de Lattre et ses hommes participent encore à la réduction de la poche de Colmar, où ils entrent en libérateurs le 9 février.

Les troupes passent enfin le Rhin les 30-31 mars, débordent la ligne Siegfried et atteignent Karlsruhe et Stuttgart. Là, de Lattre installe une garnison française et institue un gouvernement militaire avant de franchir le Danube et de pousser jusqu’à Ulm, tandis que d’autres éléments de son armée longent la frontière suisse, de Bâle à Constance jusqu’au col de l’Arlberg. Victorieuse et sachant imposer les vues de la France libre à des Alliés parfois sceptiques, la 1re armée de De Lattre, symbole de l’unité nationale retrouvée, aura été un des éléments majeurs de la diplomatie de guerre gaulliste. C’est donc très logiquement que le 9 mai 1945, le général de Lattre est présent aux côtés des Alliés pour signer, au nom de la France, l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie.


Auteur
Grégory Auda - Rédacteur en chef

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