Au lendemain des guerres, retours à l'ordre du genre

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Les suffragistes organisent un bureau de vote féministe lors des élections municipales à Paris, 5 mai 1935. Elles invitent le public à se prononcer pour ou contre le vote des femmes. © Collection Dupondt/akg-images

Les conditions particulières des guerres amènent souvent les femmes à sortir des activités traditionnelles dans lesquelles elles sont habituellement confinées, ce qu’exprime leur engagement en tant que combattantes. Néanmoins, la fin des conflits s’accompagne généralement d’une remise en cause de cette émancipation relative et d’un retour à l’équilibre genré antérieur.

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La guerre a émancipé les femmes. Ce cliché bien présent dans les apprentissages scolaires de l’histoire de France est aujourd’hui déconstruit par de nombreux travaux de recherche. Au passage, on peut réfléchir à ce qu’il escamote : les efforts des femmes elles-mêmes, en temps de paix comme en temps de guerre, pour se libérer de la domination masculine et le processus heurté, souvent ambivalent, qui conduit à davantage de droits, d’égalité et de liberté. Ce masquage a des relents antiféministes conscients ou inconscients.

Non, la guerre n’a pas émancipé les femmes. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas fait bouger l’ordre du genre. On en jugera ici à partir de l’impact des deux guerres mondiales en France.

 

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Les suffragistes organisent un bureau de vote féministe  lors des élections municipales à Paris, 5 mai 1935.
Elles invitent le public à se prononcer pour ou contre le vote des femmes. © Collection Dupondt/akg-images

 

Obtenir la citoyenneté politique

En 1919, la Chambre des députés reconnaît aux Françaises l’entièreté des droits civiques. Les trois-quarts des députés de la Chambre "bleu horizon" (dominée par une coalition des droites) veulent récompenser l’"admirable" attitude des femmes pendant la guerre. La France prendrait ainsi le même chemin que de nombreux pays qui ont fait de l’accès des femmes à la citoyenneté une récompense pour leur patriotisme. Mais le Sénat (à majorité radicale) s’y oppose en 1922 puis, à plusieurs reprises, jusqu’à la chute du régime. C’est le contexte exceptionnel de la refondation de la République en 1944 qui permet de surmonter les oppositions, avec une majorité suffisante, à l’Assemblée consultative d’Alger. L’argument de l’engagement féminin dans la Résistance plaide en faveur de la réforme. Ces deux exemples des votes de 1919 et de 1944 accréditent la thèse d’une guerre qui aurait des vertus émancipatrices pour les femmes. C’est en réalité bien plus complexe.

La question de la citoyenneté des femmes divise et ces deux votes ne traduisent aucun consensus. Il faut par exemple, en mars 1944, un amendement du communiste Fernand Grenier pour que la Commission de réforme de l’État intègre dans la discussion le vote des femmes. Seule l’éligibilité était envisagée.

 

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Scène représentant des femmes françaises en temps de guerre, lithographie couleur, Georges Capon, 1918. © PVDE/Bridgeman Images

 

La citoyenneté des femmes alimente une controverse qui n’est qu’en partie impactée par les guerres. Sans rapport avec ces dernières, le parti radical, vigie de la laïcité, craignant un vote féminin clérical, empêche entre les deux guerres le succès de la réforme. Mais il est intéressant de chercher dans la controverse les éléments en relation avec la guerre. L’association entre droits politiques et devoirs militaires est par exemple réactivée. C’est à travers ce prisme que des propositions sont faites pour donner le droit de vote restreint aux veuves de guerre, ou, de manière plus ample, à une femme de la famille (épouse, fille, mère ou sœur) des soldats morts pour la France. Les femmes ne sont pas, dans la logique qui anime la proposition de "suff rage des morts", des individus, elles n’existent politiquement qu’à travers leur statut familial. Ce qui est cohérent avec une des conceptions du suffrage, le suffrage familial, qui séduit la sphère catholique. Autoriser les Françaises à accomplir elles-mêmes un quelconque devoir militaire n’est pas à l’ordre du jour. La proposition de la féministe radicale Madeleine Pelletier allant en ce sens, au nom de l’égalité des sexes, horrifie les féministes, ainsi que les milieux révolutionnaires dans lesquels elle évolue.

La crainte d'un Sex ratio défavorable

Autre motif d’inquiétude des antisuffragistes, le déséquilibre du sex ratio provoqué par l’hécatombe masculine. Les électrices domineraient numériquement les électeurs, et ne manqueraient pas d’élire en majorité des femmes. La solution serait-elle de fixer un seuil d’âge plus élevé pour la majorité civique des femmes ? En Grande-Bretagne, seules les femmes de plus de trente ans accèdent aux droits politiques en mars 1918. L’égalité avec les électeurs n’est réalisée que dix ans plus tard. Il est troublant de constater que les premiers États ayant réalisé le suffrage vraiment universel sont aussi ceux où les femmes sont moins nombreuses que les hommes. Le sex ratio est un argument de poids, surtout quand les chiffres qui circulent prennent des envols fantaisistes.

Il s’invite à Alger en mars 1944 où le "saut dans l’inconnu" que représenterait le droit de vote aux femmes inquiète. Les citoyennes seraient d’emblée majoritaires, et ceci avant même le retour des prisonniers. Redoutées pour leur poids dans le corps électoral et dans les assemblées élues, les femmes le sont aussi dans le monde du travail, chasse gardée des hommes dans leur rôle de pourvoyeurs des ressources. Là aussi "l’invasion féminine" alimente les craintes.

 

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La lessive. Suède, années 1950. © Classic Picture Library/Bridgeman Images
 

Un statut incertain

Que reste-t-il de l’exceptionnelle participation des femmes à l’effort de guerre entre 1914 et 1918 ? Elle n’aura été qu’une parenthèse presque enchantée, si l’on en croit le témoignage rétrospectif de la doctoresse Madeleine Pelletier, militante d’un féminisme "intégral", dans son autobiographie manuscrite rédigée en 1933 :

"La guerre va devenir le paradis des femmes du peuple. Jamais elles n’auront été aussi heureuses, tout au moins au point de vue matériel. Jamais elles n’ont gagné autant d’argent. Elles sont métallurgistes, chimistes, etc., elles gagnent quarante francs par jour et la vie n’a pas encore augmenté. Aussi que de bas de soie, que de fourrures de lapin, que d’eau de Cologne. Les bourgeoises d’un air pincé leur reprochent ces prodigalités. Elles devraient faire des économies. Comme si on pouvait faire des économies quand on ne sait pas de quoi sera fait demain. Des femmes conduisent les tramways comme Wattwomen. J’assiste aux récriminations jalouses des vieux aiguilleurs.

Mais voilà la paix, les hommes rentrent et les femmes se serrent dans leurs cuisines, se contentant de maugréer. L’affranchissement féminin n’est pas pour demain, hélas."

La démobilisation des munitionnettes après le 11 novembre 1918 est brutale. Elle montre que la main-d’œuvre féminine est en partie une "armée de réserve", mais en partie seulement. À la campagne, à l’usine, dans les bureaux, les Françaises sont déjà très nombreuses avant la guerre – comparativement à d’autres pays d’Europe – et le restent, entre les deux guerres, où elles comptent pour environ un tiers de la population active. En matière d’emploi, nécessité fait loi. Et puis la main-d’œuvre féminine a l’avantage d’être bon marché, elle est aussi réputée docile. La guerre n’a pas modifié en profondeur les structures de l’emploi et les mentalités.

La réalité massive du travail féminin coexiste avec l’idéalisation de la femme au foyer, qui culmine entre les années 1920 et les années 1950. Ce trope du foyer, thème essentiel des entreprises de reconquête catholique engagées contre la déchristianisation, n’est pas sans lien avec l’expérience traumatisante de la guerre. Essentiel à l’ordre social, il différencie à l’extrême les rôles féminin et masculin dans la famille. La famille est réputée offrir sécurité et protection à ses membres. Les anciens combattants y sont très sensibles.

Un tournant conservateur

Le mouvement féministe lui-même est affecté par l’effet conservateur de la guerre. La campagne pour le suffrage des femmes est suspendue entre 1914 et 1918, seules les féministes les plus radicales poursuivent des activités militantes, étroitement surveillées. La guerre, par ailleurs, absorbe l’énergie des féministes pacifistes. Une partie du mouvement bascule, pendant et après la Grande Guerre, dans une campagne pour la paix qui diminue d’autant l’intensité des autres luttes féministes. Ce discours pacifiste n’est pas nécessairement subversif sur les rôles de genre : la maternité comme "force de vie" y est centrale ; les femmes se trouvent ainsi assignées à un rôle politique, le pacifisme, auquel leur "nature" les vouerait. En tout cas, le déploiement des mouvements pacifistes féminins et féministes est spectaculaire. On n’en mesure plus correctement la force aujourd’hui.

 

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Affche de promotion de la natalité, illustration de Jean Droit, vers 1920. © Leonard de Selva/Bridgeman Images
 

Quant aux féministes qui ont privilégié l’engagement patriotique, elles restent en général très sensibles à l’argument de l’intérêt de la nation et/ou de la République et acceptent des compromis. Leur ligne modérée n’est pas sans rapport avec l’expérience de l’Union sacrée. Certaines associations prennent un tournant nationaliste. L’historienne Françoise Thébaud diagnostique une "nationalisation des femmes", ce que confirme l’histoire des féminismes, à l’exception de leur branche internationaliste. On le voit, le processus de réassignation des femmes aux rôles traditionnels ne repose pas seulement sur les discours dominants ; il n’est pas loin de faire consensus, même parmi celles que l’on pourrait imaginer les plus critiques. L’après-Seconde Guerre mondiale le confirme. Le féminisme ne retrouve plus la place qu’il occupait avant 1939. Il a disparu du paysage politique pendant l’Occupation, et traverse ensuite un "creux de la vague" (Sylvie Chaperon). La recomposition politique est marquée par le succès des communistes et des démocrates-chrétiens : les mouvements de femmes, en miroir, sont dominés par ces deux sensibilités qui mettent en avant une "identité féminine" fondée sur les rôles de mère et ménagère. Le ravitaillement est alors un sujet central pour mobiliser les femmes.

Politiques natalistes et réalités démographiques

L’adhésion de nombreuses féministes à l’ordre genré des après-guerres témoigne de la force des discours hégémoniques sur l’avenir de la "race française". Depuis le dernier tiers du 19e siècle, la crainte de la "dénatalité" est devenue consubstantielle au patriotisme. C’est une doxa se présentant sous une forme scientifique (la démographie) qu’il est difficile de mettre en cause. Elle a été activée par la guerre. Entre 1911 et 1921, la population française a perdu 2,2 millions de personnes. Des associations combattant la "dépopulation" gagnent en influence. Des féministes modérées y participent. On pourrait citer ici de nombreux militants natalistes connus pour leurs opinions conservatrices, mais des féministes cheminent aussi avec eux. Pour Marguerite de Witt-Schlumberger, "les mères se doivent au pays comme les soldats à la frontière" (La Française, 11 mai 1917). Présidente de l’Union française pour le suffrage des femmes, elle s’investit après la guerre dans les nouvelles structures étatiques destinées à stimuler la natalité. Parmi les mesures prises, la plus importante est la loi de 1920 qui réprime plus durement l’avortement et interdit la contraception, ainsi que les discours antinatalistes. Dans le contexte de l’après-guerre, cette loi ne rencontre que très peu d’oppositions, même dans les rangs féministes. Elle sera renforcée en 1923 et à l’approche de la Deuxième Guerre mondiale, en 1939, par de nouvelles mesures au sein du Code de la famille. Cette "politique démographique" (l’expression date de 1921) repose sur un solide consensus républicain. Si l’on ajoute à l’empêchement du droit des femmes à maîtriser leur fécondité grâce à la contraception et à l’avortement, les incitations symboliques et financières, on voit que l’après-guerre met en œuvre une pression sans précédent pour "faire naître".

Pendant longtemps, ces politiques sont sans effets. La population française n’augmente pas. Mais elle ne décline pas non plus, contrairement à ce qu’avancent les repopulateurs : elle stagne, autour de 40 millions d’habitants. La part qu’y prennent les étrangers fait polémique. Puis, au beau milieu de l’Occupation, la natalité reprend la vigueur tant attendue. Le lien entre le baby-boom et la guerre est complexe à déterminer. La motivation patriotique est assez improbable, quoiqu’en disent les militants natalistes, en tout cas marginale. En revanche, les allocations familiales, l’allocation du salaire unique, l’interdiction de l’avortement, puni par la peine de mort pour les "faiseuses d’anges", peuvent apporter des explications. L’après Seconde Guerre mondiale, porté par l’optimisme démographique, se présente donc sous un jour très différent de l’après Première Guerre mondiale. L’apologie des familles nombreuses est intégrée dans les discours sur la reconstruction du pays, la distribution des rôles de genre en sort renforcée. Une politique familiale ambitieuse est mise en place, tandis que le travail féminin fléchit légèrement.

 

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Couvertures de la réédition de La Garçonne, Victor Margueritte, volumes I et II, lithographie couleur, 1939. © Leonard de Selva/Bridgeman Images
 

Le mythe de la garçonne ...

Le retour à l’ordre passe aussi par la stigmatisation de contre-modèles dans le domaine des mœurs. Les "Années folles" semblent accréditer l’idée d’une émancipation féminine, en tout cas d’une modernité qui n’est pas sans lien avec la guerre et l’après-guerre. La mode androgyne révolutionne l’allure des femmes. L’hédonisme des années 1920 est à l’évidence une réaction à la guerre. Figure de l’indépendance féminine, la garçonne concentre les "perversions" qui titillent les fantasmes des contemporains. C’est une "fille" de la guerre qu’il faut faire rentrer dans le rang. D’ailleurs, le roman éponyme de Victor Margueritte (1922) ne manque pas de placer sur le droit chemin son héroïne, mise en danger par sa "vie de garçon" voire de "garce". Elle se marie avec un ancien combattant, blessé au chemin des Dames, Georges Blanchet, qui lui a sauvé la vie en la protégeant d’un amant jaloux. L’écrivain perdra sa légion d’honneur pour avoir écrit cet ouvrage jugé pornographique.

Condensant l’imaginaire de l’après-guerre obsédé par la perte des repères et la crainte d’un effondrement de la civilisation, la garçonne abolit la frontière des genres. Son autonomie de femme "virilisée", repoussant la double morale qui n’imposait qu’aux femmes des limitations à la liberté sexuelle n’est pas sans rappeler ce qui fut imaginé de la vie intime des fiancées et épouses de soldats pendant la guerre. On pense à un autre scandale de l’après-guerre (1923), Le diable au corps, qui dépeint sans juger la liaison adultère avec un homme trop jeune pour être mobilisé. L’indépendance prend aussi la forme des amours homosexuelles, plus visibles à Paris où se multiplient les lieux de rencontre.

Les retrouvailles des couples séparés par la guerre ont beau être idéalisées, elles ne sont pas simples et le taux de divorce augmente, c’est un autre motif d’inquiétude. Et d’autant plus que les attentes à l’égard du mariage se transforment. Un déluge de publications accompagne cette mutation : des romans "fleur bleue" qui aident les lectrices à vivre "en rêve", mais aussi des romans de formation qui dessinent les normes du mariage. Berthe Bernage, avec sa série des Brigitte, en est la grande spécialiste. C’est un lieu commun des associations dédiées à la restauration d’une morale conjugale chrétienne que d’insister sur l’ordre mis à mal par la guerre, qui n’est toutefois qu’une des sources du "problème". Ces discours qui varient sur le nuancier de l’antiféminisme sont amplifiés par la crise des années 1930, puis pendant l’Occupation. La "Révolution nationale" valorise un "éternel féminin" à l’opposé de la garçonne subversive et infertile. Elle légifère également pour restaurer la famille patriarcale jugée fragilisée par le divorce et la liberté croissante des femmes. Divorcer devient très compliqué. Quant à l’homosexualité, elle est réprimée par une loi de 1942 visant les actes "contre-nature". Le démantèlement de l’ordre moral post-vichyste prendra plusieurs décennies.

 

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Une jeune française, accusée de collaboration avec les Allemands, est tondue en public. Montélimar (Drôme), 29 août 1944.
© US National Archives/Roger-Viollet

 

... et la honte de la femme tondue

La sortie de la Seconde Guerre mondiale est marquée par la punition spécifique infligée aux femmes soupçonnées de s’être compromises avec l’ennemi. Elles sont des boucs émissaires accessibles, partout, dans les grandes villes comme dans les villages. Aucun ordre n’a été donné. Les exécutants sont des résistants, authentiques ou non. Le public est présent au spectacle, évocateur de la chasse aux sorcières. La chevelure, attribut majeur de la séduction féminine, est visée. Les dénudations publiques infligent une autre forme d’humiliation. Rares sont celles et ceux qui s’en offusquent. Les tontes indiquent bien que le corps des citoyennes ne leur appartient pas, il appartient à la nation.

Cette épidémie de violence misogyne sert la restauration d’un ordre genré. Comme pour laver la honte de la défaite de 1940, les libérateurs mettent en scène un pouvoir viril dans une France qui fut soumise et passive, c’est-à-dire "féminisée" par l’Occupation. Aussi portons-nous, a posteriori, un nouveau regard sur l’événement du premier vote des femmes. En 1945, il s’agit plutôt d’un "non-événement". Les électrices sont dépeintes avec condescendance et paternalisme. "Aucun grand problème ne peut être étranger aux femmes. Mais la femme doit rester femme", estime Germaine Peyroles, avocate féministe et démocrate-chrétienne (L’Époque, 9 avril 1946). L’égalité des sexes entre dans la Constitution de la Quatrième République. Beaucoup la jugent réalisée. Paru en 1949, Le Deuxième sexe commence avec cette curieuse assertion (contredite par l’ensemble de cet essai consacré à la condition féminine) : la vieille querelle est terminée.

Les sorties de guerre marquent la longue histoire de l’émancipation des femmes. Elles jouent bien souvent comme un ralentisseur, voire comme une marche arrière, alimentant un contre-mouvement face à un féminisme qui doit s’adapter ou décliner. En amont, les avant-guerres préparent le terrain. Les forces travaillant à l’éclatement de conflits et à l’échauffement des nationalismes défendent toujours une vision très différentialiste des genres. Juste avant 1914, les futuristes français et italiens affichaient à la fois leur haine du féminisme et leur désir de guerre "seule hygiène du monde"… Avant, pendant et après les conflits, le genre, en perpétuel mouvement, est un enjeu.

Pour autant, ce sont des cycles plus longs qui donnent un rythme aux mouvements d’émancipation des femmes : des vagues, à une échelle internationale, s’étalant sur plusieurs décennies. La première vague féministe, évoquée ici, aura été modelée, bien plus que les suivantes, par la guerre. Il faut le prendre en compte avant de juger décevant le bilan des "filles de Marianne" sous la Troisième République, et sans doute en tirer des conséquences sur le rôle des conflits dans le maintien de l’ordre du genre.

 

Christine Bard -  Professeure d'histoire contemporaine à l'Université d'Angers, Institut universitaire de France, spécialiste de l’histoire des femmes et du genre