Les femmes de l’armée de l’Air et de l’Espace

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Gaëlle, pilote d’hélicoptère Fennec dans l’armée de l’Air/crédit DICoD

L’armée de l’Air et de l’Espace est, avec plusieurs milliers de femmes ayant intégré ses rangs, la plus féminisée des armées françaises. Leur intégration est le résultat d’une longue histoire, ainsi que d’une dynamique qui se poursuit et se renforce, année après année.

Corps 1

L’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) compte aujourd’hui 24 % de femmes. Parmi elles, 17 % sont officiers, 22 % sous-officiers et 34 % servent dans le corps des militaires du rang. Ce taux de féminisation, dont l’AAE est fière, est majoritairement lié aux postes que l’on pourrait qualifier de "sédentaires", ou plus exactement au sol (38 %). Les femmes ne représentent pour l’heure que 10 % du personnel navigant, autrement dit des pilotes et membres d’équipages amenés à partir en vol. Ce pourcentage ne cesse toutefois de progresser depuis plus de 20 ans.

Les femmes n’ont été de nouveau autorisées à piloter des avions de chasse en escadron de combat que depuis 1995 [nb : des femmes avaient été autorisées durant la Seconde Guerre mondiale à piloter des avions de chasse mais n’avaient pu rejoindre d’escadrons de combat]. Caroline Aigle a jeté les bases en devenant la première femme pilote de chasse affectée au sein d’un escadron de combat, en 1999. L’abolition de ce dernier rempart a marqué l’accès à l’ensemble des métiers de l’armée de l’air aux femmes.

Esprit de corps

Depuis, une petite communauté de femmes pilotes de chasse et navigatrices de combat, particulièrement soudée, s’est créée. Ce sont 16 femmes pilotes et 13 navigatrices qui la composent, après un long parcours de formation qui les a amenées aux commandes de Mirage F1, Mirage 2000, Rafale, ou comme officiers systèmes d’armes sur les chasseurs bi places. Certaines ont depuis quitté l’institution, soit pour fin de contrat ou raisons personnelles, mais aussi dans la perspective de reconversions dans le monde civil. Toutes se connaissent. Elles organisent ainsi régulièrement des journées et des moments de cohésion pour partager leurs expériences respectives, qu’elles soient personnelles, professionnelles ou opérationnelles. Le 10 janvier 2022, elles se sont retrouvées pour un moment exceptionnel au palais de l’Élysée, à l’invitation de la première dame Madame Brigitte Macron, symbole de cette reconnaissance de leur engagement et de la volonté de les faire connaitre. Les plus anciennes ont, à cette occasion, pu rencontrer les jeunes "brevetées", après une trop longue période liée au COVID qui avait empêché chacune de se revoir ou de se connaître.

La formation

Depuis septembre 2022, ce sont 6 aviatrices qui occupent des fonctions de commandant de base aérienne sur la vingtaine d’emprises en métropole, un record. La colonel Anne-Laure Michel est par exemple devenue commandant de la base d’Istres, la plus importante de l’AAE. Il s’agit d’une première pour une femme. L’accession à cette fonction traduit la reconnaissance de son parcours et de ses compétences. Pilote de chasse aguerrie, issue du régiment de chasse 02.030 Normandie Niémen, ancienne assistante militaire du chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, la colonel Michel a appris, par sa détermination, sa persévérance et son travail, à mener de front sa carrière de femme militaire et de mère de famille. Son professionnalisme est unanimement reconnu et le fait qu’elle soit une femme est un non-sujet. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, 1 candidat sur 3 au recrutement est actuellement une femme et elles seront demain, souhaitons-le, 1 candidat sur 2. À l’École de l’air et de l’espace, elles sont 7 femmes à faire partie du corps du personnel navigant (PN), parmi les 40 de la promotion. Cela représente 17 %, alors que les femmes PN dans les forces ne sont actuellement que 10 %. 5 sont volontaires et motivées pour intégrer le cursus de pilote de chasse. Elles viendront dans quelques années agrandir cette communauté de moins en moins petite. Au total, ce sont 30 jeunes femmes qui sont présentes dans la promotion parmi les 156 élèves, soit presque 20 % de l’ensemble. Si le cursus de pilote de chasse est nécessairement exigeant, cela est aussi lié à l’appareil qu’est l’avion. La vue est bien connue comme un critère important et, dans ce domaine, hommes et femmes sont évidemment égaux. Les sièges éjectables, cependant, ont leurs contraintes. Ils demandent encore aujourd’hui que la personne qui s’y assoit pèse plus de 50 kg. Et dans ce domaine les femmes ont parfois du mal à "faire le poids"...

Ouvrir la voie

Dans les années 1990, il n’y avait qu’une poignée de femmes au "Piège", le surnom de l’école, souvent moins de 10 quand les promotions étaient plus grandes et que les mentalités étaient en train d’évoluer. Elles étaient loin de s’imaginer que, 20 ans plus tard, plusieurs commanderaient des bases ou même des escadrons de chasse, même si certaines en rêvaient discrètement. C’est actuellement le cas sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, où la première femme à avoir pris les commandes d’un Rafale en opération, la lieutenant-colonel Claire, est aussi la 1ère à commander un escadron de chasse.

Le parcours des femmes issues du concours de l’air ne doit pas faire oublier celui des femmes pilotes issue du cursus sous contrat [nb : il existe 2 cursus dans l’armée de l’Air et de l’Espace pour devenir pilote, celui sur concours après classe préparatoire et celui sous contrat à partir du niveau bac]. Deux d’entre elles nous ont quitté trop tôt dans des conditions dramatiques. La première en Espagne en 2015, la capitaine Marjorie Kocher, durant le drame d’Albacete. La deuxième dans le Jura en 2019, la lieutenant Audrey Michelon, lors d’un vol d’entraînement sur Mirage 2000D avec son pilote, le capitaine Chirié. Elle totalisait 97 missions de guerre et 1 250 heures de vol. Ces deux tragiques disparitions rappellent le sens de l’engagement commun, d’hommes comme de femmes, prêts au sacrifice ultime.

 

Service d'information et de relations publiques de l'armée de l'Air et de l'Espace