Philippe Pétain

1856- 1951

Partager :

Le maréchal Pétain en 1928, commandant en chef des armées. Source : SHD

 

Militaire et homme d'État français, Philippe Pétain est né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), d'une famille de cultivateurs. Pensionnaire dans un collège de jésuites à Saint-Omer, il intègre ensuite l'école des Dominicains d'Arcueil. Très impressionné par les récits de son oncle qui avait servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870, alors qu'il n'avait que 14 ans, il décide d'être soldat et entre à Saint-Cyr, en 1876. Il y est admis parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en 1878 (Promotion De Plewna), dans un rang toujours très modeste, 229e sur 336, prélude à une carrière militaire qui s'annonce peu brillante. Il est affecté comme sous-lieutenant au 24e bataillon de chasseurs à pied (BCP) de Villefranche (Alpes-Maritimes). Lieutenant à l'ancienneté, il rejoint le 3e bataillon de chasseurs à Besançon en 1883 où il reste cinq ans, ne participant donc à aucune campagne coloniale.

Il est admis en 1888 à l'École Supérieure de Guerre dont il sort breveté d'état-major en 1890. Promu capitaine la même année, il est affecté à l'état-major du 15e corps d'armée, à Marseille avant de revenir au 29e BPC puis à l'état-major du gouverneur de Paris, aux Invalides.

En 1900, il est promu chef de bataillon et est nommé instructeur à l'École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne. Son enseignement et ses idées personnelles de commandement diffèrent alors de ceux de l'École, notamment sur l'intensité du tir qui doit primer, selon lui, sur la précision.

Il est muté en 1901 au 5e régiment d'infanterie (RI) à Paris où, en qualité de professeur-adjoint à l'École supérieure de guerre, il est chargé des cours de tactique appliquée à l'infanterie. Il s'y distingue par ses idées tactiques originales, rappelant l'effet meurtrier du feu et préconisant la défensive et la guerre de positions quand les théoriciens officiels prônent la guerre à outrance.

Nommé lieutenant-colonel en 1907, il est affecté à Quimper au 118e RI.

Promu colonel le 31 décembre 1910, il quitte alors l'École de guerre et prend le commandement du 33e régiment d'infanterie à Arras, où le sous-lieutenant Charles de Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr et où se produira leur première rencontre, le 8 octobre 1912.

En juillet 1914, le colonel Philippe Pétain a 58 ans et s'apprête à prendre sa retraite. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, il est à la tête de la 4e brigade d'infanterie et se distingue en Belgique, dans la province de Namur. Promu général de brigade le 27 août 1914, il reçoit le commandement de la 6e division qui atteint le canal de l'Aisne, après la victoire de la Marne. Le 14 septembre, il est général de division et le 22 octobre, il prend officiellement le commandement du 33e corps d'armée avec lequel il réalise des actions d'éclat, notamment dans les batailles de l'Artois en 1915, tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes.

Le 21 juin 1915, il reçoit le commandement de la IIe armée.

En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et organiser la défense aérienne et terrestre. Il parvient, en quelques jours, à stabiliser la situation et met en place une noria continue de troupes, de camions de munitions et de ravitaillement sur la petite route de Bar-le-Duc à Verdun qui va devenir la "Voie sacrée".

Unanimement reconnu comme "le vainqueur de Verdun", il ne reste pourtant qu'à peine plus de deux mois sur ce front avant de remplacer le général de Langle de Cary à la tête du Groupe d'Armées du Centre et d'être lui-même remplacé par le général Nivelle dont l'étoile de cesse de monter depuis le début de cette bataille pour aboutir à sa nomination, le 25 décembre 1916, de commandant en chef des armées à la place de Joffre. Le général Pétain est quant à lui nommé chef d'état-major général, poste spécialement crée pour lui.

Opposé aux méthodes brutales du nouveau généralissime qui envisage, dans l'Aisne, un assaut mené "jusqu'au bout de la capacité offensive" des unités, c'est-à-dire sans égard aux pertes, il ne peut s'opposer aux menaces de démission qui assurent en dernier lieu à Nivelle la confiance du gouvernement. La bataille du Chemin des Dames, déclenchée le 16 avril 1917, se solde rapidement par un échec très coûteux en vies humaines. Le mécontentement des soldats gronde et des refus collectifs d'obéissance se manifestent dans de nombreuses unités.

Nivelle est remplacé par Pétain qui est nommé, le 15 mai 1917, commandant en chef des armées françaises. Chargé de réprimer les mutineries et de ramener la confiance des troupes, il impose de dures mesures disciplinaires mais réduit au minimum les exécutions prononcées par le Conseil de guerre (49 exécutions pour 554 condamnations à mort), met fin aux offensives mal préparées et améliore les conditions de vie matérielles et morales des soldats, en attendant "les Américains et les chars".

En octobre 1917, il reprend aux Allemands, grâce à des offensives à objectifs limités et ne gaspillant pas la vie des soldats, une partie du terrain perdu du Chemin des Dames (le fort de la Malmaison).

Il développe parallèlement ses idées sur la nouvelle importance de l'aviation dans les batailles et sur son utilisation combinée avec les chars. Sa directive n° 5 du 12 juillet 1918 s'oriente ainsi nettement vers la guerre de mouvement : "la surprise tactique sera obtenue par la soudaineté de l'attaque à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance".

Il prépare également une grande offensive en Lorraine, prévue pour le 14 novembre 1918, qui doit mener les troupes franco-américaines jusqu'en Allemagne. Mais elle est abandonnée car, contre son avis et celui du général Pershing qui souhaitaient que la signature de l'armistice n'intervienne pas avant que l'ennemi ne soit rejeté au-delà du Rhin, Foch, nouveau général en chef, et Clemenceau, président du Conseil, acceptent l'armistice demandé par les Allemands à la date du 11 novembre alors que les territoires français et belges ne sont pas encore tous libérés et que les alliés sont encore loin de la frontière allemande.

Bénéficiant d'une popularité considérable à la fin du conflit, véritable légende vivante, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918 et reçoit le 8 décembre suivant, à Metz, son bâton étoilé des mains du président Poincaré.

Reconduit dans ses fonctions de commandant des troupes françaises en juillet 1919, il est également nommé, par décret du 23 janvier 1920, vice-président du Conseil supérieur de la guerre et par décret du 18 février 1922, Inspecteur général de l'armée. Il se consacre durant toute cette période à la réorganisation de l'armée française.

En 1925, il est envoyé au Maroc pour combattre la rébellion de tribus aux ordres d'Abd-el-Krim, chef de l'éphémère République du Rif. Cette campagne s'achève en mai 1926 par la soumission d'Abd-el-Krim.

C'est la dernière campagne du maréchal Pétain et son ultime victoire.

Entré à l'Académie Française le 22 janvier 1931, il est nommé, le 9 février suivant, Inspecteur général de la défense aérienne du territoire. Son immense popularité, en particulier dans les milieux de gauche qui voient en lui le modèle du militaire républicain, lui permet d'accéder, en 1934, au poste de ministre de la guerre dans le gouvernement Doumergue, poste qu'il occupe jusqu'au renversement du cabinet, le 8 décembre 1934. Au cours de ce bref ministère, il travaille essentiellement à doter les forces françaises des moyens indispensables à la conduite d'une guerre moderne, offensive et audacieuse, grâce à l'emploi combiné de l'aviation et des chars. Mais il est confronté à des contingences politiques et financières qui ne lui laissent guère de moyens d'actions. Il préside par la suite le Conseil supérieur de la guerre où sa politique de guerre défensive s'oppose aux idées du colonel de Gaulle, partisan de la concentration de chars dans des divisions blindées.

Le 2 mars 1939, il est envoyé par Daladier comme ambassadeur de France en Espagne pour négocier la neutralité du régime de Franco en cas de guerre européenne et superviser le rapatriement à Madrid des réserves d'or de la Banque d'Espagne et des toiles du musée du Prado, mises à l'abri en France durant la guerre civile espagnole.

Le 17 mai 1940, Pétain, qui a alors 84 ans, est rappelé d'urgence en France par Paul Reynaud pour occuper le poste de vice-président du Conseil dans son gouvernement. Le général Weygand est nommé à la tête des armées en remplacement du général Gamelin mais il est déjà trop tard. Le gouvernement s'installe à Bordeaux et des centaines de milliers de Français et de Belges prennent les routes de l'exode pour fuir les troupes allemandes. Le 16 juin, Reynaud présente la démission de son gouvernement et propose de confier la Présidence du Conseil au maréchal Pétain, considéré par beaucoup comme l'homme providentiel.

Jusqu'en 1940, Pétain était avant tout et essentiellement un soldat. Après 1940, il doit gouverner au lieu de commander.

Le 17 juin, il prononce son premier message radio-diffusé et annonce aux Français son intention de demander l'armistice qui sera signé à Rethondes, le 22 juin après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République, Albert Lebrun. Le 29 juin, le gouvernement quitte Bordeaux et s'installe à Vichy où, le 10 juillet, une loi votée par les deux assemblées (569 voix pour, 80 voix contre et 17 abstentions) confie au Maréchal les pleins pouvoirs avec pour mission la promulgation d'une nouvelle constitution.

Mais Pétain décide de ne rien promulguer tant que la France ne sera pas libérée. Il institue donc un État provisoire, l'État français, pour le temps de l'occupation.

Dès lors commence la période la plus controversée de sa vie. Devenu chef de ce nouvel État, Pétain suspend les libertés publiques comme les partis politiques et unifie les syndicats dans une organisation corporatiste du travail. Il instaure un régime autoritaire, antiparlementaire, anticommuniste et anticapitaliste qui veut réaliser la "Révolution Nationale" avec pour devise "Travail, Famille, Patrie" et pour ambition le "relèvement de la France" qui passe d'abord par le rapatriement des réfugiés, le ravitaillement mais aussi le maintien de l'ordre et de l'unité nationale.

Il fait promulguer, anticipant les exigences allemandes, des lois d'exclusion contre les francs-maçons et les juifs qui les excluent de la plupart des activités et fonctions publiques.

Alors que le général de Gaulle, parti à Londres, appelle tous les Français à résister à l'ennemi, le maréchal Pétain s'engage officiellement dans la voie de la collaboration après son entrevue avec le chancelier Hitler dans la ville de Montoire (Loir-et-Cher), le 30 octobre 1940. Il poursuivra cette politique tout au long de la guerre dans l'espoir de faire de la France le partenaire privilégié du Reich dans une Europe durablement sous hégémonie allemande. Son choix collaborationniste exclut toute rébellion ou simple protestation contre les exactions de l'occupant et implique au contraire de dénoncer tous les actes de résistance intérieure ou extérieure et les opérations alliées contre des civils comme des "crimes terroristes". Il encourage les formations para-militaires, fer de lance de la Révolution Nationale et du régime et soutien des troupes allemandes sur le front russe.

Après le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 et les ordres que donne le Maréchal à ses généraux sur place de combattre les alliés, après la dissolution de l'armée d'armistice et le sabordage de la flotte française dans la rade de Toulon le 27 novembre 1942, après la dissidence de la plus grande partie de l'Empire et la fin de la "zone libre", le régime de Vichy ne dispose plus que d'un pouvoir illusoire face aux Allemands et le Maréchal perd, en France, une grande partie de la popularité dont il bénéficiait depuis 1940. De plus en plus affecté par son grand âge qui ne lui laisse plus, selon ses proches collaborateurs, que quelques heures de lucidité quotidiennes, il maintient néanmoins sa politique de collaboration et accepte le durcissement de la répression jusqu'en août 1944 où il est emmené contre son gré à Sigmaringen, en Allemagne, avec de nombreux dignitaires de son régime. Refusant d'y constituer un gouvernement fantoche, il traverse la Suisse et se rend aux autorités françaises le 26 avril 1945.

Traduit devant la Haute Cour de justice, son procès débute le 23 juillet 1945 et s'achève le 15 août suivant en le déclarant coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il est alors condamné à mort, à la dégradation nationale et la confiscation de tous ses biens mais la Haute Cour demande la non-exécution de la sentence, eu égard à son grand âge. Le général de Gaulle accède à cette demande, en raison peut-être également des mérites passés du Maréchal mais aussi de leurs anciens liens, et commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité.

Interné quelques mois au fort de Pourtalet, dans les Pyrénées, il est transféré au fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu, en novembre 1945. Il y décède le 23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans, et est enterré au cimetière de Port-Joinville.

August von Kageneck

1922-2004

Partager :

Portrait de von Kageneck. Source : http://www.arenes.fr

Cavalier et écrivain

 

August von Kageneck, Allemand de Rhénanie a été, successivement, un combattant de l'arme blindée, un journaliste et un écrivain. Il a été l'un des artisans de la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Sa vie et ses livres témoignent, à la fois, d'une période dramatique de l'Histoire et de l'existence de "Justes" dans tous les camps.

August von Kageneck naît sur les bords de la Moselle, à mi-chemin entre Trêves et Coblence, dans une famille aristocratique, dont il est le cinquième fils. Son père, ancien général, ayant commandé une brigade de cuirassiers, au cours de la Grande Guerre, avait été, auparavant, attaché militaire à Vienne et aide de camp de l'Empereur Guillaume II.

August passe son enfance dans les environs de Wittlich, siège d'une garnison française, jusqu'en 1930. Les sentiments des Kageneck à l'égard de la France entre les deux guerres sont ambigus.

Elle est jugée responsable du traité de Versailles, unanimement honni, l'occupation de la rive gauche du Rhin est ressentie comme une humiliation. Mais tous parlent français et sont avides de notre littérature.

Catholique et monarchiste, le Général est instinctivement réservé à l'égard d'Hitler et du national socialisme. Cependant il n'empêche pas son fils d'entrer dans la Hitler Jugend, comme on entre aux scouts. August poursuit ses études secondaires au collège des Jésuites de Bad Godesberg, où il est formé par ces inimitables éducateurs. Sa vocation est claire : à moins de 17 ans, en avril 1939, il s'engage au 17ème Régiment de Cavalerie, à Bamberg. Arrivé en France, après la fin de la Campagne de 1940, il y séjourne, quelques mois, dans un Groupe de reconnaissance. Ce sera son destin : il servira toujours dans des formations de reconnaissance.

Le 1er janvier 1941, il rejoint l'Ecole de l'Arme blindée à Krampnitz près de Potsdam, en qualité d'élève officier d'activé. Il en sort sous-lieutenant, le 1er mai 1941, et rejoint le bataillon de reconnaissance de la 9ème Division blindée formée d'Autrichiens.

Le 23 juin 1941, âgé de moins de 19 ans, il entre en Russie, à la tête de son peloton d'automitrailleuses. Ce sont treize mois de combats acharnés, dans la poussière, la boue et le froid extrême. Trois blessures, dont une terrible, à la face, le 25 juillet 1942, dans la région du Don. Pendant de longs mois, il va d'hôpital en hôpital, où il subit de nombreuses opérations, aux résultats remarquables.

Malgré son désir de rejoindre le front, il est affecté comme instructeur à l'Ecole des blindés qu'il suit dans ses déplacements. En décembre 1944, il obtient enfin une affectation sur le front Ouest et finira la guerre, contre les Américains, au coeur du Harz, dans les rangs du bataillon de reconnaissance de la fameuse Panzerlehr-Division.

Il réussira à échapper à la captivité et rejoindra ses parents, en Rhénanie, de nouveau occupée par les Français. Deux de ses frères ont été tués : l'un à la tête d'un bataillon du 18ème Régiment d'Infanterie devant Moscou, l'autre, un as de la Luftwaffe, aux 69 victoires, abattu au-dessus de Tobrouk.

Après la sombre période que traverse l'Allemagne depuis sa défaite, il se lance dans le journalisme. Dès 1948, il collabore à une feuille locale, publiée à Bad Kreuznach. En 1950, il est reporter dans un quotidien de Hambourg. Jusqu'en 1955, date à laquelle il s'installe à Paris, il effectue de nombreux reportages, en Afrique, pour la télévision allemande. Pendant 16 ans, il sera le correspondant, en France, du grand quotidien allemand "Die Welt", en même temps que de la télévision officielle allemande.

Il travaille aussi pour la "Bild Zeitung" : c'est ainsi qu'il couvrira, pour son compte, la "semaine des barricades", à Alger (janvier 1960). A Paris, il est une des personnalités éminentes de la colonie allemande et collabore à son journal, le "Pariser Kurier". Il devient Président de l'Association des journalistes étrangers à Paris. De 1986 à 1994, il regagne Bonn, où il publie sa lettre d'information "Economie et politique allemande" du Bureau de presse fédérale.

En 1994, il rejoint sa famille, à Neuilly et part, enfin, se consacrer à sa seconde vocation : celle d'écrivain.

Il publie, dans l'année même, chez Perrin "Lieutenant de Panzers", écrit en français, qui le fait connaître du public. C'est un récit, dépouillé et vivant, de sa vie de soldat.

En 1996, c'est, chez le même éditeur "Examen de conscience". Le livre soulève une polémique avec ses anciens camarades et même avec ses proches qui l'accusent de contribuer à aggraver la mauvaise conscience des Allemands. Ceux-ci savaient que leur pays s'était rendu coupable de crimes de guerre, notamment en Russie, mais ils voulaient croire que la Wehrmacht n'avait pas été impliquée dans ces crimes, commis par les SS ou les autorités issues du parti national socialiste. Or, August von Kageneck affirmait, preuves à l'appui, que la Wehrmacht avait été complice et, parfois, auteur de ces crimes.

En 1998, toujours chez Perrin, paraît "La guerre à l'Est - Histoire d'un régiment allemand - 1941-1944". C'est l'odyssée du 18ème Régiment d'Infanterie, dans les rangs duquel a été tué son frère, Franz-Joseph. C'est un bon livre de guerre qui fait penser à "Orages d'acier" d'Ernst Junger. Enfin, en 2002, il signe aux Arènes, un livre de dialogues avec Hélie de Saint-Marc, sous le titre "Notre histoire - 1922 - 1945". Les parcours des deux hommes étaient parallèles : même âge, même milieu social, même formation chez les Jésuites, même vocation militaire, même regard porté sur la guerre et la souffrance et pour finir même souci de réfléchir sur le destin et de coucher ces réflexions dans des livres.

August von Kageneck est d'une grande sobriété dans ses récits de guerre, d'une grande sensibilité et d'une conscience inquiète dans ses réflexions. Ses livres sont d'une lecture facile et agréable. August von Kageneck a beaucoup oeuvré pour une réconciliation entre la France et l'Allemagne, fondée sur la confession des crimes et la reconnaissance des fautes. N'avait-il pas, dès 1948, participé à une marche européenne de la jeunesse à Strasbourg ?

Par ses livres, ses conférences, ses relations avec le "Tout Paris" il a contribué à transformer l'image que les Français se faisaient de leurs voisins.

En 2001, il s'est rendu à Oradour-sur-Glane, pour demander pardon des crimes commis en 1944.

Il est décédé, le 13 décembre 2004, à Bad Oldesloe dans la région de Lübeck, après une longue maladie.

 

Sources : Francis Boulnois, dans : Avenir & Traditions. Union Nationale de l'Arme Blindée Cavalerie Chars, 91, mars 2005

Jean Moulin

1899-1943

Partager :

© Mémorial Leclerc Musée Jean Moulin

 

D'origine méridionale, Jean Moulin, issu d'une famille républicaine et radicale sert 23 ans la République comme sous-préfet et préfet. Sa carrière dans la préfectorale est entrecoupée d'un passage au ministère de l'Air du gouvernement de Front populaire comme chef de cabinet de Pierre Cot. Il s'implique dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Dès cette époque, il est résolu à défendre sa patrie contre le nazisme et le fascisme.

À la déclaration de guerre, il tente en vain de se faire mobiliser dans l'Armée de l'air . le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut n'entend pas se priver d'un des meilleurs éléments de l'administration préfectorale.

Son premier acte de résistance se situe à Chartres le 17 juin 1940 : il est préfet d'Eure-et-Loir depuis janvier 1939, lorsqu'il refuse de signer un document rédigé par les Allemands accusant à tort les troupes sénégalaises de l'Armée française de massacres sur les populations civiles. Craignant de céder sous les coups de soldats « en délire », il tente de se suicider. L'affaire est étouffée mais le préfet Moulin a su protéger la population des exactions de l'occupant.

Le préfet de gauche, fidèle serviteur de la République est révoqué le 2 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy. Il s'installe à Saint-Andiol dans les Alpilles et prend contact avec les différents mouvements de Résistance de zone sud. En octobre 1941, il gagne Londres et se fait le messager de la Résistance auprès du général de Gaulle en lui demandant les moyens de développer leur propagande et plus encore leurs plans d'action militaire.

De Gaulle investit Moulin d'une mission de caractère militaire en France : assurer en son nom la liaison avec les trois mouvements clandestins pour les amener à créer chacun une branche militaire reliée à la France Libre, la centralisation et la coordination se faisant à Londres sous ses ordres. Le chef de la France Libre le désigne aussi comme son délégué et le représentant du Comité national pour la zone non occupée avec la mission de réaliser l'unité d'action des mouvements.

Parachuté le 2 janvier 1942 avec des fonds et du matériel de transmission, il réussit non sans difficulté, à convaincre les chefs de Combat (Henri Frenay), Libération (Emmanuel d'Astier de la Vigerie), Franc-Tireur (Jean-Pierre Lévy) de rassembler leurs forces militaires au sein de l'Armée Secrète unifiée dont la direction est confiée - avec l'accord du général de Gaulle - au général Delestraint. Le comité de coordination est créé qui aboutira à leur fusion au sein des Mouvements Unis de Résistance en janvier 1943. Jean Moulin a aussi mis en place des services indispensables au fonctionnement de la Résistance : le Service des Opérations Aériennes et Maritimes pour assurer le transport d'agents à Londres, le service d'information et de propagande pour les échanges entre Londres et la France, puis le Comité général d'études, organe de réflexion destiné au futur gouvernement.

Le 17 octobre 1942, Jean Moulin est fait Compagnon de la Libération. De Gaulle lui en remet les insignes au cours d'une cérémonie émouvante lors du second séjour de « Rex » (pseudonyme de Jean Moulin) à Londres (14 février - 20 mars 1943).

À la suite du débarquement en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et de l'invasion de la zone sud, il le nomme délégué général pour l'ensemble de la France puis élargit sa mission. Pour surmonter les préventions de Roosevelt et aboutir à un accord avec Giraud en Afrique du Nord, de Gaulle comprend qu'il lui faut l'appui de toute la Résistance intérieure mais aussi des hommes représentatifs des anciens partis et des syndicats reconstitués dans la clandestinité, au sein d'un organisme, le Conseil National de la Résistance, qui serait une sorte de parlement clandestin.

Le 8 mai 1943, « Rex » peut annoncer la création de ce nouvel organisme qui fait du général de Gaulle le seul chef de la France en guerre. L'arrestation du général Delestraint le 9 juin oblige Moulin à réunir les responsables de l'Armée Secrète à Caluire (près de Lyon) le 21 juin pour proposer des mesures transitoires. Arrêté avec les autres résistants par Barbie, qui le torture lui-même, Jean Moulin, qui savait tout sur la Résistance, ne parla pas. Il meurt probablement en gare de Metz le 8 juillet 1943. Le 6 octobre 1946, Georges Bidault remet à Laure Moulin, sa soeur, la médaille militaire et la croix de guerre lors d'une cérémonie à Béziers.

L'hommage de la nation lui est rendu par la voix d'André Malraux lors du transfert de ses cendres au Panthéon le 19 décembre 1964. Le chef de « l'Armée de l'ombre » entre dans l'histoire.

 
Source : Christine Levisse Touzé et Fondation de la Résistance - MINDEF -  SGA / DMPA

Les libérations

La Déportation

Les débarquements en Europe avant le 6 juin 1944

Les poches de résistance allemandes

Honoré d'Estienne d'Orves (1901-1941)

Partager :

Portrait d'Honoré d'Estienne d'Orves en 1930. © Service Historique de la Défense (SHD)
Portrait d'Honoré d'Estienne d'Orves en 1930. © Service Historique de la Défense (SHD)