Opération « Bettina » : l’attaque allemande du maquis du Vercors

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21-23 juillet 1944. Opération « Bettina » : l’attaque allemande du maquis du Vercors. Secteur D. Camp du Villard. 1ère et 2ème section. Don du colonel Terrasson-Duvernon / © Service historique de la Défense, Vincennes, fonds du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale

21-23 juillet 1944. Le plus grand affrontement entre maquisards et troupes allemandes sur le front occidental. 

Le Vercors représente l’un des maquis français les plus connus, à la fois du fait du site choisi (un plateau à 1000 mètres d’altitude avec des défenses naturelles), parce qu’il concentra l’un des plus grands rassemblements de maquisards sur le territoire français en juin 1944 (4000 hommes) et parce qu’il fut le théâtre de la plus importante opération militaire allemande contre un maquis dans toute l’Europe de l’Ouest fin juillet 1944, l’opération "Bettina".
 

La Contemporaine

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©Laure Ohnona – La Contemporaine

À la fois bibliothèque, musée et centre d’archives, la Contemporaine collecte, conserve et communique des collections sur toute l’histoire européenne des XXe et XXIe siècles. Créée en 1918, elle a pour vocation depuis son origine de rassembler tous les matériaux et toutes les traces documentaires des événements pouvant servir à interpréter et écrire l’histoire de notre temps. La Contemporaine, service inter-établissements de coopération documentaire rattaché à l’Université Paris Nanterre, accueille depuis octobre 2021 le public dans un nouvel équipement à l’entrée du campus universitaire.

À la fois bibliothèque, centre d’archives et musée, la Contemporaine collecte, conserve et communique des collections sur toute l’histoire des XXe et XXIe siècles. Créée en 1918, elle a pour vocation depuis son origine de rassembler tous les matériaux et toutes les traces documentaires des événements pouvant servir à interpréter et écrire l’histoire de notre temps. Aujourd’hui, elle propose à la consultation plus de 4,5 millions de documents, livres, presse, tracts, archives privées, films, documents sonores, peintures, estampes, photographies, affiches, dessins de presse et objets.

Service inter-établissements de coopération documentaire, rattachée à l’Université Paris Nanterre, la Contemporaine est une institution de référence pour la recherche en sciences humaines et sociales. À l’automne 2021, la Contemporaine a inauguré un nouvel équipement, conçu par l’atelier d’architectes Bruno Gaudin, à l’entrée du campus universitaire. Il facilite la rencontre des publics, étudiants, chercheurs, scolaires, passionnés d’histoire et d’une collection patrimoniale remarquable. Cette ambition se décline dans la salle de lecture de 120 places, accessible à toute personne intéressée, dans les espaces pédagogiques, les salles d’exposition, à travers la programmation culturelle et scientifique qui met régulièrement en avant les thématiques fortes de l’institution. Elle se traduit enfin dans l’Atelier de l’histoire, le parcours d’exposition permanente de la Contemporaine.

Comment et à partir de quelles pièces s’écrit l’histoire du temps présent ? Quelle interaction y a-t-il entre les points de vue de l’historien, du militant et du citoyen? À travers une déambulation dans les collections de la Contemporaine - peintures de la Grande Guerre, objets de propagande, croquis des procès de la Libération ou carnets d’engagés de la guerre d’Algérie, archives collectées à chaud pendant la Révolution russe ou samizdats des années 1970-1980, travaux de photojournalistes, entretiens filmés, fonds d’archives militants ou associatifs... - l’Atelier de l’histoire interroge notre relation à l’histoire contemporaine et à ses sources.

 


 

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Infos pratiques

Adresse

184 cours Nicole Dreyfus 92000
Nanterre
01 40 97 79 00

Fermetures annuelles

Le Musée de la Résistance en Bretagne

Situé à 15 mn de Ploërmel et à 30 mn de Vannes, Saint-Marcel est l'un des hauts-lieux de la Résistance française. C'est aux abords de cette petite commune du Morbihan intérieur que s'est constitué, au printemps 1944, un maquis mobilisateur sans équivalent.

Le massacre du village d'Oradour-sur-Glane

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Carte postale du village d'Oradour-sur-Glane. © Domaine public.

Jusqu’au 10 juin 1944, le bourg d’Oradour-sur-Glane, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Limoges, vit une existence tranquille à l’abri des violences de la guerre. Ses habitants ne sont pourtant pas hors du temps et l’arrivée de nouvelles populations les rappelle au contexte troublé de l’époque.

Oradour-sur Glane, village martyr

Disponible sur la chaîne YouTube : SGA du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne

 

Le 10 juin 1944, les nazis mitraillent l'ensemble des villageois (hommes, femmes et enfants) d'Oradour-sur-Glane, près de Limoges, avant de brûler les lieux. Le bilan -642 morts- est terrible. Classées monument historique en 1946, les ruines du bourg, visitées chaque année par 300 000 personnes, sont devenues l'un des symboles de la barbarie nazie. Cette vidéo a été réalisée par la Direction de la mémoire, de la culture et des archives du ministère des Armées, dans le cadre de la mission du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire.

 

 

 

L’insigne du Commando 20 du lieutenant Bonnafous

La pratique sportive durant la Première Guerre mondiale

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Soldats à l'entraînement - 30 mars 1917. Domaine public.

On a longtemps pensé que le sport avait connu une période de sommeil voire de régression durant la Première Guerre mondiale. Imaginer qu’au milieu des champs de bataille et entre les tranchées les Poilus aient pu jouer au football, au rugby, organiser des compétitions d’athlétisme, de boxe, de cyclisme, de gymnastique ou de natation, cela semble totalement inconcevable. Et pourtant, contrairement à cette idée reçue, la Grande Guerre a été l’occasion pour des millions de Poilus de découvrir la pratique sportive.
 

Missak Manouchian, un étranger dans la Résistance

Disponible sur la chaîne YouTube : SGA du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, la résistance au nazisme fut l’œuvre d’hommes et de femmes de toutes origines sociales mais aussi de toutes nationalités. Découvrez l'itinéraire de Missak Manouchian et des activités de son groupe de Francs tireurs et partisans de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) durant la Seconde Guerre mondiale. Ce film, réalisé par l'ECPAD pour la direction de la mémoire, de la culture et des archives du ministère des Armées, propose des éclairages historiques par Denis Peschanski et la voix de Philippe Torreton, illustrés par des archives et infographies.

 

Les « héros de l’ombre », combattants de la France libre : Alain Mimoun

Disponible sur la chaîne YouTube : SGA du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne

 

Né en 1921 à Maïder en Algérie française, Ali Mimoun Ould Kacha est le premier français vainqueur d’un marathon olympique. 32 fois champion de France, 3 fois médaillé aux JO de 1948, 1952 et 1956, il est aussi un véritable héros militaire. Engagé dans l’armée française à 18 ans, il fait partie en 1943 du corps expéditionnaire français qui débarque en Italie. Grièvement blessé en 1944 lors de la bataille du Monte Cassino, il échappe de justesse à l’amputation de sa jambe gauche. Sauvé par un médecin français à Naples, il reprend le combat et participe au Débarquement en Provence, jusqu'à la prise de Stuttgart où il termine la guerre, en 1945. Il entame par la suite une carrière d’athlète. 

Croix de guerre 1939-1945, Chevalier de l’ordre national du Mérite, il est fait Grand officier de la Légion d’honneur en 2008. Il s’éteint en 2013 et reçoit des honneurs nationaux aux Invalides. « Quelque part, c’est l’armée qui fait naître le champion Mimoun et le révèle au sport », Arnaud Papillon, Chef du bureau Rayonnement de la politique mémorielle à la DMCA.

 

 

Le débarquement de Normandie et l’opération Overlord

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Troupes du 7e corps d'armée américain débarquant sur la plage d'Utah Beach. © IWM (EA 51046)

On résume souvent, et faussement, l’opération Overlord au seul débarquement en Normandie, du 6 juin 1944 : cette représentation est en partie forgée par le film The Longest Day (« Le jour le plus long ») adapté du bestseller de Cornelius Ryan et sorti en 1962. La mise en scène insiste logiquement sur les combats du Débarquement, suggérant que le succès d’Overlord s’est joué le premier jour, sur les plages.

Le témoignage d'un vétéran de la guerre d'Indochine

Un fragment de fanion de la 13e Demi-Brigade de la Légion étrangère

Musée Départemental de la Résistance du Vercors

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©MRV

Vercors… un nom empreint d’imaginaire, symbole d’héroïsme, de drames et qui, aujourd’hui encore, résonne.

A Vassieux, commune Compagnon de la Libération, au cœur de ce massif véritable « forteresse naturelle », dans un musée fondé en 1973 par un ancien maquisard, Joseph La Picirella, et rénové en 2010, découvrez l’histoire du Vercors Résistant du maquis aux combats de 1944, et plus largement l’histoire du Vercors au 20e siècle de la naissance du tourisme aux commémorations.

Retrouvez :

- Les témoignage du fondateur et d’anciens maquisards.

- Un parcours varié avec une riche collection d’objets (plus de 1 000 objets), des supports interactifs (bornes   tactiles, écran vidéo…) et une organisation en trois temps : 

1. « Le Vercors avant le Vercors » : contexte local et international de 1918 à 1942

2. « Le maquis du Vercors » : histoire mise en contexte du maquis fin 1942 à août 1944

3. « Le Vercors après le Vercors » : l’après-guerre, la reconstruction du Vercors, les commémorations et les constructions mémorielles.

Des activités pour tous :

- Des manipulations d’objets d’époque dans le cadre de visites guidées familiales.

- Des visites « Hors les murs » dans le village de Vassieux, à la découverte d’un paysage histoire.

- Des activités ludiques pour les jeunes : escape game, jeux de piste dans le village, jeux en autonomie, ateliers…

- Des activités culturelles : projection de films, rencontres, concerts, causeries, pièces de théâtre, des week-ends reconstitution…

- Des expositions temporaires

- Des accueils de nombreux scolaires de tout niveau avec des prestations variées permettant notamment de manipuler des objets issus des collections.


 

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Infos pratiques

Adresse

40 rue fourna 26420
Vassieux-en-Vercors
04 75 48 28 46

Site Web : www.ladrome.fr

8 mai. Commémoration de la victoire du 8 mai 1945

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Journée nationale 8 mai

Le 8 mai 1945, les derniers représentants du IIIème Reich actent à Berlin la capitulation sans condition d’une Allemagne désormais vaincue et occupée par les forces alliées. Cette reddition, célébrée le 9 mai en URSS en raison du décalage horaire et déjà signée une première fois le 7 mai à Reims, ne marque pas pour autant la fin de la 2nde Guerre mondiale, le Japon continuant la lutte jusqu’au 2 septembre. Elle entérine par contre bien la victoire militaire des alliés en Europe et la défaite politique du nazisme. Elle permet aussi d’affirmer publiquement la résurrection de la France, reconnue parmi les vainqueurs et représentée à Berlin par le général de Lattre de Tassigny.

Le mémorial des guerres en Indochine, haut lieu de la mémoire nationale

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Vue aérienne du mémorial des guerres en Indochine. ©ECPAD

Chloé Duvivier

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Des inscriptions de soldats des antipodes dans le sous-sol arrageois

Qu’est-ce qui relie le célèbre réalisateur Peter Jackson, Tamaiti Williams de l’équipe des All Blacks, un coquillage et la ville d’Arras ? Vous trouverez la réponse à cette question en visitant la Carrière Wellington.

1954, la fin de l'Indochine française

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Sommaire

    En résumé

    L’année 1954 marque la fin d’une séquence coloniale amorcée moins d’un siècle plus tôt avec les premières expéditions du Second Empire en Cochinchine. Le 20 juillet 1954, les accords de Genève mettent en effet un terme à une présence quasi séculaire et à un conflit que, au lendemain de la capitulation japonaise et de la proclamation de l’indépendance vietnamienne par Hô-Chi-Minh, le bombardement du port de Haïphong par l’armée française en novembre 1946, avait rendu inévitable.

    En 1954, les accords de Genève entérinent la fin de la présence française en Indochine, presque 100 ans après les premières expéditions militaires menées, sous le Second empire, dans le sud de la péninsule. Hugues Tertrais, professeur émérite spécialiste de l’Asie, revient sur cette histoire mouvementée et son épilogue tragique.

    Plusieurs années avant Diên Biên Phu, alors que le Corps expéditionnaire français subit sa première grande défaite à Cao Bang, Le Parisien du 21 octobre 1950 consacre une page entière aux "Heures de gloire et d’angoisse en Indochine" : depuis la mort de Francis Garnier au siège de Hanoï, en 1873, jusqu'à la "révolte du Vietminh" en 1945. La guerre d’Indochine s’inscrit en effet dans une longue série de violences, même si celles-ci ne résument pas l’histoire de la "belle colonie".

    Une histoire presque ancienne

    Mot magique, l’Indochine paraît contenir symboliquement toute l’Asie. L’Union indochinoise, constituée à la fin du XIXe siècle, ne rassemble-t-elle pas des territoires où l’influence indienne s’affiche (Cambodge, Laos) et celui du Vietnam, où la marque chinoise semble omniprésente ? Et l’Indochine, par son existence même au coeur du continent, ne donne-t-elle pas à l’Empire français son caractère mondial ?

    Les premiers voyageurs français arrivent d’ailleurs depuis l’Inde, où ils ont dû laisser l’essentiel de la place aux Anglais dans le cadre des guerres européennes : missionnaires (les Missions étrangères de Paris ont été fondées en 1658) ou marchands, voire les deux comme en la personne de Pierre Poivre (1719-1786), qui navigue jusqu’au Vietnam. À la fin du XIXe siècle, la Marine française explore plutôt les côtes du Pacifique, de la Chine jusqu’au Japon, jetant finalement son dévolu sur le site portuaire de Saïgon.

    Le temps est à la conquête coloniale mais il faut environ trente ans pour que se constitue l’Union indochinoise (1863-1893). D’abord la colonie de Cochinchine, autour de Saïgon, annexée à coup de conquêtes et de traités ; puis le Cambodge, placé sous protectorat contre la volonté du Siam voisin [NDLR : actuelle Thaïlande] ; ensuite le reste du Vietnam, devenu également protectorat par la force des armes et rebaptisé Annam et Tonkin - contre cette fois la volonté de la Chine ; enfin le protectorat du Laos, essentiellement imposé au Siam. Au total cinq "pays", dirigés depuis Hanoï et Saïgon, qui donnent à cette "Indochine" une position stratégique.

    La Seconde Guerre mondiale constitua un coup d’arrêt à cette dynamique. Dominée en Europe par l’Allemagne hitlérienne, la France y perdait sa puissance et sa fonction "protectrice" ; le Japon, allié quant à lui à l’Axe, fort de sa puissance militaire et d’un slogan mobilisateur - "l’Asie aux Asiatiques" -, s’imposait dans la zone.

    En Indochine, Tokyo imposa l’usage à son profit des bases militaires tout en tolérant un régime colonial rallié à l’Ordre nouveau (amiral Decoux) ; parallèlement, les traités de protectorat n’existaient plus, redonnant une autorité théorique aux souverains traditionnels – Bao Dai au Vietnam, Norodom Sihanouk au Cambodge, Sisavang Vong au Laos.

    Entrée des troupes japonaises dans Saïgon (Vietnam), le 15 septembre 1941.
    © Collection Roger-Viollet / Roger-Viollet
     

    Au Vietnam cependant, la "révolution d’août 1945" créait une nouvelle situation, au profit d’un pouvoir insurrectionnel dont le Vietminh constituait le noyau dur. Créé par Ho Chi Minh en 1941, il imposa son nouveau pouvoir alors que les forces japonaises refluaient devant celles des États-Unis : le 2 septembre 1945, Ho Chi Minh proclamait à Hanoï l’indépendance du Vietnam alors que le même jour, en baie de Tokyo, les envoyés de l’empereur Hiro-Hito remettaient la reddition de leur pays au général américain Mac Arthur, représentant le président Truman. La guerre d’Indochine pouvait commencer.

    De l'imbroglio colonial à la guerre

    Dans "l’oeil du cyclone" de la guerre du Pacifique, l’Indochine avait, d’une certaine façon, échappé au conflit mondial, mais elle se retrouve en 1945 dans une situation particulièrement complexe. Au niveau international, il ressort de la conférence de Potsdam (fin juillet-début août 1945), réunissant les trois Grands du moment – États-Unis, Royaume-Uni et URSS – que le retour de la France, non représentée à ce sommet, n’était pas envisagé en Indochine. La péninsule se retrouve partagée au 16e parallèle, entre un Nord confié à la Chine républicaine de Chiang Kai-shek, et un Sud attribué aux forces britanniques de l’armée des Indes. Mais ces deux moitiés d’Indochine, au nord et au sud, connaissaient elles-mêmes de profondes transformations : à Hanoï, le pouvoir insurrectionnel issu de la Révolution d’août (Ho Chi Minh) devait composer avec les forces armées chinoises (général Lu Han) et une petite délégation française, qui avait réussi à se maintenir et restait en relation avec Paris (Jean Sainteny). À Saïgon, les envoyés de la France libre (amiral d’Argenlieu), en bonne entente avec les Britanniques, s’employaient à relever ceux qui, loyaux à Pétain (amiral Decoux), avaient géré l’Indochine en collaboration avec le Japon. Si elle ne voulait pas abandonner l’Indochine à son propre destin, et elle n’y semblait pas prête, la France se retrouvait ainsi en situation de la reconquérir, à un moment où elle-même devait à la fois se redéfinir, se réorganiser et se reconstruire.

    La Cochinchine (le delta du Mékong) constitue la pierre d’achoppement. Son statut colonial pouvait sembler, du point de vue français, la placer en dehors du problème, mais pas du point de vue vietnamien : l’accord Ho Chi Minh-Sainteny (6 mars 1946) reconnaît l’indépendance du Vietnam, mais au sein de l’Union française, et laisse en suspens le sort de la Cochinchine. La conférence de Fontainebleau, convoquée peu après, s’achève sur un échec (15 septembre). Conçue sur un mode fédéral, la nouvelle Indochine restait à reconstruire, et des accords seront conclus dans ce sens en 1949 : avec le Vietnam (échange de lettres du 8 mars, entre Vincent Auriol et Bao Dai) avec le Cambodge (traité du 8 novembre), et avec le Laos (convention du 19 juillet). Ils forment alors les États associés – à l’Union française. Mais qui dirige vraiment le Vietnam en 1945 ?

    Entrée des troupes françaises dans Hanoï, 18 mars 1946.
    © Keystone-France / Gamma Rapho
     

    En attendant de le savoir, la place revient aux armes. Au sud, dès leur débarquement en octobre 1945, les troupes du général Leclerc se lancent à la reconquête des environs de Saïgon, puis du delta du Mékong et du Sud en général, où les campagnes restent hostiles, acquises à Ho Chi Minh et au Vietminh, qui s’efface lui-même formellement devant la République démocratique du Vietnam (RDV). Au nord, la coexistence prévue par l’accord du 6 mars 1946 devient problématique entre les forces françaises et celles de la RDV : les graves incidents de la fin de l’année 1946, à Haiphong et Hanoï généralisent l’état de guerre.

    L’affrontement paraît total. Face à la France, la RDV conduit une résistance nationale, dont la direction s’installe au nord de Hanoï dans le réduit tonkinois. Ses forces armées, d’abord recrutées au niveau régional, sont placées sous l’autorité du général Vo Nguyen Giap et ses zones libérées sont réparties sur tout le territoire, où seule la monnaie Ho Chi Minh a cours. Ses réseaux clandestins se développent par ailleurs au sein même de la population. Pour sa part, la France envoie sur place ses propres forces, légionnaires compris, mais aussi des troupes coloniales, puisées notamment en Afrique du Nord, et mobilise les "armées nationales" nom donné aux unités mises en place par les États associés constitués en 1949 – 54 800 hommes à cette date, sur un total d’environ 185 000 hommes (environ 29 %).

    L'élargissement du conflit

    Après quelques années de guerre sans solution militaire, mais dans un environnement international explosif, tout concourait à ce que le conflit change de dimension : son coût croissant pour les finances publiques françaises et le recours à l’aide des États-Unis, le contexte de guerre froide et la révolution chinoise aussi, événement considérable à l’échelle planétaire, mais aux implications locales non moins considérables.

    Sur place, la France ne reconnaissant pas la RDV, la guerre se focalise d’entrée de jeu sur le contrôle du territoire, dans une situation décrite avec justesse par l’Orientaliste Paul Mus dans Vietnam, sociologie d’une guerre (1952) : aux Français les villes et l’essentiel des routes, aux Vietnamiens les campagnes, le pays "profond", où vit la grande majorité de la population, qui se consacre elle-même aux activités agricoles. La France pouvait ainsi y maintenir son contrôle et la RDV le contester. Le rapport de forces oppose d’un côté les forces de la RDV (le "Vietminh"), qui se constituent d’abord localement, sans appui extérieur, et sont placées au plus haut niveau et du début à la fin sous l’autorité du général Vo Nguyen Giap, ministre de la Défense et assuré lui-même de la confiance de Ho Chi Minh ; de l’autre les forces françaises, relevant du budget national, mais progressivement "jaunies" (selon le mot de l’époque) par des recrutements locaux et l’apport des armées "nationales". L’ensemble rassemblera près de 500 000 hommes en 1954 (476 000) et aura vu passer huit commandants en chef successifs, depuis Leclerc en 1945 jusqu’à Navarre lors de Diên Biên Phu, en passant par le prestigieux général de Lattre en 1951 ou le "mandarin" Salan, grand connaisseur du terrain.

    Les combats montent eux-mêmes progressivement en puissance. Du côté français, le temps est à la reconquête : il s’agit d’abord d’opérations, menées à partir des villes et des camps qui y sont installés, ou à proximité : d’une durée de quelques heures ou de plusieurs semaines, trois cent soixante-treize ont pu être comptabilisées, soit une par semaine du début à la fin du conflit. Dans le camp adverse, le mot d’ordre est bien sûr de résister à ces opérations, en s’accrochant au territoire, qu’il convient de tenir, de protéger et, si nécessaire, de défendre. Affublées d’un nom de code (prénom, souvent féminin, nom de lieu ou d’animal), ces "opérations" n’ont d’abord qu’un caractère local, mais certaines apparaissent plus complexes – ainsi, en août-septembre 1952, l’opération Camargue s’attaque au secteur "vietminh" dit de la "rue sans joie", dans le centre Vietnam. Elles combinent les forces terrestres, la Marine et des forces aériennes. D’autres, ensuite, ont un caractère plus stratégique, comme en 1953 l’opération aéroportée Castor, vouée à "coiffer" (occuper) la "cuvette" de Diên Biên Phu, située en secteur adverse. Viennent, enfin, les grandes batailles qui mettent en jeu des unités constituées : sept ont retenu l’attention, localisées au nord : Cao Bang (1950) ; Vinh Yen, Mao Khé-Dong Trieu, le Day (1951), Hoa Binh (1951-1952) ; Na San (1952) ; Diên Biên Phu enfin (1954).

    Poignée de main entre le vice-président des États-Unis Richard Nixon et un soldat du BMI (Bataillon de marche indochinois) Laï Cac, 1953.
    © Jean Péraud/ECPAD/Défense
     

    Mais les conditions de la guerre ont alors nettement changé, au profit d’une internationalisation qui donne au conflit une forte dimension "Est-Ouest" : la France sollicite l’aide des États-Unis alors que la RDV peut désormais compter sur l’assistance de la Chine populaire, devenue communiste. En France, l’effet de "bloc" envahit l’esprit des dirigeants, alors que l’opinion française ne s’intéresse guère à cette guerre du bout du monde. À la différence en effet de ce qui se passera plus tard en Algérie, les conscrits ne sont pas concernés : ils ne le seront qu’en fin de conflit, et encore sous la forme d’une menace jamais mise à exécution.

    L’aide des États-Unis est sollicitée par Paris dès 1949, l’année de la signature du Pacte atlantique (OTAN), et prendra plusieurs formes, matérielle puis économique et, enfin, financière. Au départ peu onéreuse pour le budget français, même en période de reconstruction, la guerre coûte ensuite cher parce qu’elle n’aboutit pas : les États-Unis fournissent alors une aide en matériel militaire. Parallèlement, ils attribuent une aide économique aux États associés : ces derniers, issus de l'empire colonial, semblent constituer la formule d’avenir en Indochine. Enfin, comme membre de l’OTAN, mais engagée sur deux fronts, la France doit intégrer dans son budget sa part du réarmement européen, face à l’Est : mais c’est trop ! En 1952, Paris décide le transfert progressif aux États-Unis du financement de la guerre d’Indochine, son coût étant devenu "proprement insupportable" selon les mots du directeur du Budget. Opération financièrement réussie : en fin de conflit, la guerre d’Indochine coûte cinq à six fois plus que ce qu’elle coûtait à ses débuts, mais les États-Unis sont engagés sur environ 80% de ce coût en 1954, l’année de Diên Biên Phu.

    L’aide de la Chine populaire semble a posteriori évidente. Le Vietnam se méfie certes, traditionnellement, de son grand voisin du nord, mais la proclamation de la République populaire par Mao Zedong, en octobre 1949, en fait un allié évident : le monde communiste s’étend alors, de manière continue, de l’Europe de l’Est aux frontières de l’Indochine, en passant par Moscou, d’où Staline, leader du camp communiste, a reconnu Ho Chi Minh. Après 1950, de fait, des moyens plus importants sont mobilisés : livraison de matériels militaires, récupérés en Chine même, où la guerre civile se termine à peine, ou en Corée, où le conflit bat son plein ; des officiers chinois de l’Armée de Libération conseillent leurs homologues vietnamiens en marge des grandes batailles, de Cao Bang à Diên Biên Phu. Parallèlement, des unités vietnamiennes peuvent y recevoir une formation et, éventuellement, se restructurer. En fin de compte, un certain équilibre des forces accompagne la montée en puissance des combats.

    Le dernier combat

    Le symbole, a posteriori, saute aux yeux : les premiers Français, amiraux ou aventuriers, étaient arrivés par la mer, devant Danang ou à Saïgon. Les derniers engagements, protégés par l’aviation, se sont déroulés dans les montagnes du nord. Comme pour beaucoup de grands événements, le lieu qui marquera l’histoire est au départ inconnu du plus grand nombre, y compris des chefs du Corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (CEFEO). La "Préfecture de la zone frontalière", en traduction littérale de son nom vietnamien, constitue en revanche un lieu prestigieux pour les Thaïs de la région, nombreux dans les montagnes du Vietnam, mais plus encore au Laos et, bien sûr, en Thaïlande : il fixe en effet le mythe d’origine de tous les peuples Thaïs (ou Taï). Il se situe d’ailleurs quasiment sur la frontière séparant le Vietnam du Laos – mais aussi près de la frontière chinoise, ce qui n’est pas sans importance pour la suite. Pourtant, il ne s’agit au départ, pour reprendre le langage militaire, que d’une "opération secondaire de couverture stratégique et à caractère local".

    Soldats français lors de la bataille de Diên Biên Phu, mars 1954.
    © akg-images / TT News Agency / SVT
     

    Plusieurs éléments se combinent pour donner à cette bataille un caractère stratégique. Du côté français, l’idée est de créer les conditions de cette "sortie honorable" à laquelle aspire Paris en Indochine. Le général Navarre, nouveau commandant en chef, a été nommé dans cet objectif : rendre crédible la capacité de la France à appliquer le programme soumis aux États-Unis en échange de leur aide – détruire le corps de bataille adverse (prévu pour 1955) et transmettre le reste aux "armées nationales" montées avec les nouveaux "États associés".

    Navarre dispose ainsi de plus de 450 000 hommes - dont 60 % environ pour les "armées nationales". Mais ses moyens financiers restent limités alors qu’il a décidé de créer un "hérisson" à Diên Biên Phu, une forteresse imprenable sur laquelle viendraient s’abîmer les troupes ennemies. La bataille annoncée à Diên Biên Phu va se dérouler alors qu’une conférence des quatre Grands, réunie à Berlin du 25 janvier au 18 février, décide la convocation en juin, à Genève, d’une nouvelle conférence à laquelle la Chine se trouve pour la première fois associée. Simple, l’ordre du jour porte en effet sur la Corée et… l’Indochine, où les guerres sont terminées ou en passe de l’être.

    Du côté vietnamien (RDV), l’occasion est unique, d’autant que Vo Nguyen Giap, ministre de la Défense, sera sur le site en personne et qu’un dispositif chinois est en place : Zhou Enlai, Premier ministre, sera à Genève, alors que Deng Xiaoping, proche de Zhou et secrétaire général du parti, restera à Pékin, en relation avec le général Wei Guoqing, qui dirige, à Diên Biên Phu, la mission militaire chinoise auprès de Giap, installé dans une casemate proche de celle du général Giap. La bataille elle-même, particulièrement violente, durera 57 jours (13 mars-7 mai). À Genève, le lendemain 8 mai, à l’initiative de la délégation soviétique, conduite par Molotov, la question indochinoise succède à la phase "coréenne". La conférence de Genève s’achèvera le 21 juillet 1954.

    Au-delà de la bataille

    Pour un pays européen, la défaite est sévère. Sur le moment, l’opinion française comptabilise les morts, avec en tête l’image de la longue colonne de prisonniers, défilant vers les camps devant la caméra du cinéaste soviétique Carmen, ou bientôt les visages faméliques de ceux qui en sont libérés en septembre – sur 10 000 combattants 3 300 seraient revenus : certains sont morts sur la route ou auraient trouvé d’autres directions, car beaucoup de troupes "françaises" avaient été recrutées localement ou dans l’Union française. La RDV aurait perdu autour de 25 000 hommes, morts ou blessés.

    Le colonel Ta Quang, vice-ministre de la Défense du Viet Minh, signe l'accord de cessez-le-feu ; à droite, le diplomate français Jean Paul-Boncour, 21 juillet 1954.
    © akg-images / TT News Agency / SVT
     

    Le résultat de la guerre est aussi celui de la conférence de Genève : le cessez-le-feu obtenu, qui établit provisoirement deux zones de regroupement de part et d’autre du 17e parallèle, ne satisfait personne. L‘histoire bégaye, comme un retour au dispositif imaginé en 1945 en marge de la conférence de Potsdam – le 16e parallèle. Mais aucun pays n’accepte la division de bonne grâce. Le rêve d’Ho Chi Minh d’indépendance du Vietnam ne trouve pas - encore - son aboutissement. Celui d’une fédération héritière de l’Indochine française non plus. Place aux États-Unis et à leur influence au sud-Vietnam et à une autre guerre, qui sera plus violente encore que la première !

    Mais il reste le symbole. Pour l’Union française, Diên Biên Phu marque le début de la fin : l’insurrection algérienne se déclenche six mois plus tard. Pour le tiers-monde, la démonstration est faite de la fragilité de l’impérialisme. Il y avait eu 1905 et la défaite russe face au Japon, il y a désormais 1954. Une Asie nouvelle se met en place et le mot "Diên Biên Phu" se banalise, synonyme de victoire pour le faible face au fort, voire porteur de l’espoir d’un monde nouveau.

    Le 10 février 1993, alors qu’en France trois films venaient de remettre l’Indochine en mémoire, le président Mitterrand saisissait l’occasion de son voyage officiel au Vietnam pour se rendre à Diên Biên Phu, contribuant à tourner cette page douloureuse des relations entre les deux pays.

    Auteur

    Hugues Tertrais, Professeur émérite d'histoire contemporaine, histoire des relations internationales, histoire de l'Asie, histoire et statistiques à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne

    70e anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu

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    Visiteurs sur la colline Éliane 2 à Diên Biên Phu, mai 2014. © HOANG DINH NAM / AFP

    Le maquis du Vercors, 1944. Courage, souffrance, espérance

    Disponible sur la chaîne YouTube : SGA du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne

     

    Situé entre les départements de l’Isère et de la Drôme, le Vercors est un massif montagneux qui abrite dès 1942 réfugiés, résistants et réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Armés et regroupés en une « République libre du Vercors » décrétée le 3 juillet 1944, ces hommes ont pour mission de perturber les troupes allemandes en vue du débarquement allié en Provence, en vertu d’un plan validé par le général de Gaulle depuis Londres. Après avoir subi plusieurs offensives, à commencer par celles de la Milice à partir du 16 avril, le maquis sera submergé en juillet 1944 par 10 000 soldats allemands. Il s’agira de la plus grosse opération de répression menée par la Wehrmacht contre les résistants dans toute l’Europe de l’Ouest.