1939

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Foule parisienne prenant connaissance de l'ordre de mobilisation générale, septembre 1939.
Foule parisienne prenant connaissance de l'ordre de mobilisation générale, septembre 1939. © ECPAD

En 1938, la guerre paraît imminente quand l'Allemagne annexe l'Autriche et revendique une partie de la Tchécoslovaquie. La signature, par le Président du Conseil français Édouard Daladier et le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, des accords de Munich qui donnent satisfaction à Hitler, en recule l'échéance. La crainte ressurgit lorsque les troupes allemandes entrent à Prague le 15 mars 1939 et que le Führer manifeste des visées expansionnistes sur la Pologne.

Corps 1

Chamberlain, Daladier, Hitler, Mussolini et Ciano, à la conférence de Munich, 29-30 septembre 1938. © Bundesarchiv

 

La guerre

Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Liés à ce denier pays par un traité d'assistance depuis 1921, le Royaume-Uni et la France mobilisent à leur tour, lançant à l'Allemagne un ultimatum. Sans réponse, les deux alliés déclarent la guerre au IIIe Reich le3 septembre, à 11 h pour l'Angleterre, à 17 h pour la France, suivis le jour même par l'Australie et la Nouvelle-Zélande et, quelques jours plus tard, par l'Afrique du Sud et le Canada. Le 5, les États-Unis proclament leur neutralité.

 

Invasion de la Pologne par l'armée allemande, 1er septembre 1939. © ECPAD

 

Pendant ce temps, les armées allemandes poursuivent leur offensive vers Varsovie. Sur mer et dans les airs, aussitôt la guerre se déclenche : dès le 4 septembre, un sous-marin allemand torpille un paquebot anglais qui coule au large de l'Irlande, et des avions anglais attaquent la base navale ennemie d'Heligoland.

Les combats aériens

À la déclaration de guerre, les forces aériennes françaises comprennent près de 700 chasseurs, 400 avions de reconnaissance, 175 bombardiers.

Le 3 septembre, toute la chasse, basée sur ses nouveaux aérodromes de campagne, commence ses missions sur la frontière mosellane à 6 ou 9 avions articulés en deux ou trois patrouilles de 3 étagées, menées par les groupes de Toul, de Velaine, de Xaffévillers.

Elle a alors 8 escadres, soit 18 groupes à 2 escadrilles équipées d'appareils Curtiss H 75A, Morane MS 406, Dewoitine 510, Potez 631, avec comme bases-arrière les terrains d'Étampes, de Chartres, Dijon, Reims, Marignane. Pour le bombardement, la reconnaissance, l'observation, l'armée de l'Air disposait de Bloch 131, Amiot 143, Mureaux 115, Potez 390…

 

Morane MS 406. © Ministère de la défense/SGA/DMPA/Joëlle Rosello

 

Le 8 septembre, le groupe de chasse 11/4 connait deux succès homologués soit 2 chasseurs Messerschmitt 109 abattus  mais, ce jour-là, l'aviation a ses premiers tués : le sergent-pilote Piaccentini et le lieutenant Davier sont descendus dans leur Mureaux 115 du 553e GAO au-dessus de Rohrbach (Allemagne) par un chasseur ennemi.

Le lendemain, deux Bloch 131 et trois Bloch 200 sont abattus au-dessus de la Moselle et de la Salle et un équipage fait prisonnier. Le 20 septembre, un Curtiss est descendu par un Messerschmitt près de Merzig. Les 24 et 25, les Allemands perdent 7 appareils et les Français 6 dont le Curtiss du capitaine Claude tué dans le ciel de Wintzenbach.

 

Curtiss H 75A. © Ministère de la défense/SGA/DMPA/Joëlle Rosello

 

Le 6 novembre se déroule le plus important duel aérien qui oppose 9 Curtiss H 75A du groupe II/5 escortant un Potez 63 à une formation de 27 chasseurs Messerschmitt ME-109. Dix chasseurs allemands sont abattus sans une seule perte française.

Les affrontements aériens durent ainsi sans cesse jusqu'à la fin de l'année, l'armée de l'Air perdant une quarantaine de pilotes.

L'offensive de la Sarre

Dès le 1er septembre, l'ordre d'évacuation des villages frontaliers est appliqué : 520 000 réfugiés sont répartis dans neuf départements du Centre et du Sud-Ouest de la France.

 

Construction d'un ouvrage fortifié de la ligne Maginot en Moselle, 1939-1940. © ECPAD

 

Ouvrages et casemates de la ligne Maginot divisée en secteurs fortifiés (les SF de Boulay, Faulquemont, Safre, Rohrbach, Vosges, Haguenau, Bas-Rhin, Colmar), où servent régiments d'infanterie de forteresse et d'artillerie de position, défendent la frontière face à l'Allemagne. Dans cette zone se trouve, à l'abri des fortifications bétonnées, le groupe d'armées n° 2 du général Prételat composé des 3e, 4e et 5e armées.

Sur la base du traité de 1921 et de la convention militaire de 1936, le généralissime Gamelin déclenche une opération sur le front Ouest, dans la région sarroise, afin de soulager l'armée polonaise attaquée. Cette opération est menée par le 2e GA qui doit progresser dans la zone en avant de la ligne Siegfried. C'est surtout une sorte de rectification du front pour résorber deux saillants, celui de la Warndt et celui de la Blies.

Partant de la zone française, en avant de la ligne Maginot, les unités s'ébranlent dans la nuit du 5 au 6 septembre, avançant avec précaution dans la partie évacuée par les soldats ennemis et piégée par eux, perdant des hommes victimes de mines.

Le 8 septembre, la 3e division de cavalerie reçoit la mission de couvrir l'ouest du flanc gauche de la 3e armée (général Condé) entre la Moselle et la Nied. La forêt de la Warndt est prise par la 42e division d'infanterie tandis que la 4e armée (général Requin) occupe les villages de Carlsbrunn, Saint-Nicolas, la 3e prenant Biringen.

 

Le général Georges (de face), commandant en chef du théâtre d'opérations du nord-est de la France,
dans le secteur de la 4e armée, automne 1939. © ECPAD

 

Le 9 se déroulent quelques combats d'infanterie où canons et mitrailleuses entrent en action. Les Français passent la Sarre à Welferding et avancent sur le plateau d'Auersmacher. Les éléments des 11e, 21e, 23e DI, 9e DIM progressent lentement. Des chars R35 du 20e BCC progressent au nord de Bliesbrück : 4 sautent sur des mines . tué par une mine anti-personnel, le sous-lieutenant Rousseau est le premier mort de l'arme blindée de cette guerre. Le lendemain, les Allemands contre-attaquent, s'emparant du village d'Apach que les Français reprennent le soir. Le 32e RI conquiert la localité allemande de Brenschelbach. Lors de cette dernière opération, le capitaine Vignaud, instituteur à Tours, chef de la 11e compagnie, est tué ainsi qu'un sergent, Kieffer, et 7 soldats. Le 11, le 32e perd encore 13 hommes  puis compte 34 morts  entre le 12 septembre et le 1er octobre. Inhumés à Ormersviller, ils seront réinhumés en 1942 à Saint-Louis-lès-Bitche. Au soir du 12 septembre, le 2e groupe d'armées s'empare des villages allemands de Gersheim, Medelsheim, Ihn, Niedergailbach, Bliesmengen, Ludweiler, Brenschelbach, Lauterbach, Niedaltdorf, Kleinblittersdorf, Auersmacher, Hitlersdorf. Cette dernière localité, aujourd'hui Sitterwald, est prise le 9 septembre par le 26e RI.

Le 12, ne voulant pas couper l'armée française de ses bases-arrière, le général Gamelin fait stopper l'offensive qui a conquis un territoire de 25 km de long sur 5 à 8 km de large (la ligne Siegfried n'est pas attaquée). À Abbeville (Somme), se tient la première réunion du Conseil suprême de guerre allié entre Édouard Daladier et Neville Chamberlain, l'amiral Chatfield et le général Ismay . le général Gamelin voit approuvée sa décision de ne pas attaquer à l'ouest. Le 17 septembre, l'URSS envahit la Pologne. Varsovie capitule le 27 et, le 29, un traité germano-soviétique entérine le partage de la Pologne entre ces deux puissances.

 

L'offensive de la Sarre. © Ministère de la défense/SGA/DMPA/Joëlle Rosello

 

Le 30, la 3e armée avance encore près d'Uberherrn avant que le général Georges, chef des 1re et 2e GA Nord et Nord-Est, décide de replier les unités des 3e, 4e et 5e armées derrière la ligne Maginot pour le 4 octobre.

Le corps expéditionnaire britannique (BEF) du général Gort, débarqué à Nantes et à Saint-Nazaire, s'est intercalé entre les 7e et 1re armées françaises . son grand quartier général (GQG) s'installe au Mans . la 51e DI écossaise prend position à l'est, derrière la ligne Maginot.

 

Rassemblement d'hommes de la British Expeditionnary Force sur le quai d'un port français (probablement Saint-Nazaire),20-25 septembre 1939. © ECPAD

 

À la mi-octobre, en cours de décrochage, les dernières petites unités françaises (15e GRCA, 33e et 37e GRDI) subissent des contre-attaques ennemies.

L'opération en Sarre met environ 2 000 soldats français hors de combat.

Le 19 octobre, un traité d'assistance est signé entre les Alliés et la Turquie. Le 29, la Belgique se proclame neutre.

 

Soldats de la 2e armée française en poste de surveillance le long de la frontière belge, Belgique, 1939-1940. © ECPAD

 

La Wehrmacht va dès lors bénéficier de huit mois de délai pour préparer son offensive de printemps. En face, l'ennui se répand chez les soldats : pour les occuper autant que pour se préparer à d'éventuelles attaques, l'armée française poursuit son organisation sur le terrain, essayant de se renforcer, de construire d'autres blocs défensifs en béton. De nouvelles unités sont créées.

Dès octobre, les troupes en première ligne ont formé leurs corps francs, ancêtres des commandos. Chaque corps franc comprend cinq équipes de six combattants, commandées par un lieutenant. La mission de ces minuscules formations est de chercher le contact avec l'ennemi, d'effectuer des patrouilles afin de capturer des prisonniers, d'obtenir des renseignements, d'inquiéter les unités allemandes qui, elles aussi, pratiquent des patrouilles intensives.

 

Fantassins de la 3e armée patrouillant sur une route de Moselle, 1939-1940. © ECPAD

 

En Allemagne, dès le 19 octobre, l'armée de terre commence à appliquer le Plan Jaune pour la concentration des armées chargées de l'offensive incluant l'invasion de la Belgique, de la Hollande et du Luxembourg. Sur ordre du Führer, la date de cette offensive est fixée par le GQG allemand au 12 novembre : l'objectif, Sedan, doit être atteint, à travers les Ardennes belges, par un corps blindé. Le mauvais temps fait reporter cette date au 17 janvier 1940.

 

Servants allemands d'une batterie de DCA jouant à un jeu de société sur la rive allemande du Rhin, octobre 1939. © ECPAD/Robert Weber

 

Le 30 novembre, l'URSS entre en Finlande, suscitant de la part de l'état-major français des projets d'intervention dans les pays nordiques. Lentement va s'installer un hiver des plus rigoureux qui ajoute ses intempéries à l'immobilisme inquiet de cette période d'attente, la "drôle de guerre".

 

Soldats de la 4e armée française participant aux travaux des champs dans la zone évacuée, Lorraine, mars-avril 1940. © ECPAD

 

Ministère de la défense/SGA/DMPA