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La campagne de Tunisie

Sous-titre
(1er décembre 1942 - 13 mai 1943)

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Les derniers défenseurs de Bizerte sont faits prisonniers par une patrouille du Corps franc d’Afrique, mai 1943 © ECPAD France

 

À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, Allemagne et Italie envoient des renforts en Tunisie pour s'assurer de la possession de Tunis et de Bizerte. Leur présence en Afrique est indispensable pour conserver la maîtrise de cette partie du bassin méditerranéen et retarder toute attaque alliée vers l'Europe.

Corps 1

Troupes allemandes à Tunis, décembre 1942 . © ECPAD France

 

Les premiers éléments germano-italiens arrivent en Tunisie dès le 9 novembre. En trois semaines, quelque 70 000 hommes débarquent en renfort. Dans le même temps, les troupes du maréchal Rommel, battues le 2 novembre à El Alamein, se replient vers la Tunisie, à travers la Libye, talonnées par les Britanniques.


Les troupes françaises en couverture

En face, les forces françaises, sous les ordres du général Barré, commandant supérieur des troupes de Tunisie, ne comptent guère plus de 10 000 hommes, l'essentiel des troupes de l'armée d'Afrique étant stationné en Algérie et au Maroc. En attendant l'arrivée des Alliés qui progressent depuis Bône et Alger, les troupes françaises se chargent de couvrir la frontière algérienne en retardant l'avancée de l'ennemi.

Elles prennent position dans la région de Medjez-el-Bab, à soixante-dix kilomètres à l'ouest de Tunis, et tiennent les régions montagneuses. Après un premier accrochage, le 19 novembre, elles sont contraintes d'abandonner Medjez-el-Bab et de se replier sur Oued Zarga.

Repoussant les Français vers l'ouest, les troupes germano-italiennes constituent une tête de pont autour de Tunis et Bizerte tandis que les premiers éléments britanniques puis américains franchissent la frontière. Chacun des adversaires tente alors d'occuper le maximum de terrain.

À la fin du mois, les Britanniques se lancent à l'assaut de Tunis mais une contre-offensive allemande déclenchée le 1er décembre les repousse. Les troupes allemandes, commandées par le général von Arnim, progressent en direction de la frontière algéro-tunisienne sans toutefois parvenir à enfoncer les positions tenues par les Français sur la dorsale montagneuse qui coupe le pays.

Le relief tunisien se caractérise en effet par deux lignes de montagnes, la dorsale occidentale et la dorsale orientale, ou petite dorsale s'étendant du nord au sud, qui se rejoignent autour de Zaghouan, formant un V renversé. C'est dans ce relief compartimenté, ne présentant que peu de possibilités d'accès, que se déroulent des combats des plus acharnés.

Attaques et contre-attaques se succèdent dans des conditions climatiques particulièrement difficiles en cet hiver 1942-1943. La pluie ne cesse de tomber et les véhicules s'enlisent. Français et Alliés essuient les bombardements intensifs de l'aviation allemande qui conserve la maîtrise de l'air jusqu'à la mi-mars 1943. Maintenant la pression, les Allemands entendent profiter de leur avantage avant que les Alliés ne reçoivent de nouveaux renforts.


Menace allemande au sud
 
Reprenant l'initiative, ils lancent le 18 janvier 1943 une offensive qui leur ouvre le passage vers le sud et leur permet de s'enfoncer entre les deux chaînes de montagnes, contraignant les défenseurs de la dorsale orientale à se replier. Le 4 février 1943, arrivées au terme de leur retraite, les troupes du maréchal Rommel viennent renforcer au sud la ligne fortifiée Mareth, tenue par les Italiens. Le 14, les Allemands déclenchent une offensive en direction de Kasserine avec l'intention de prendre le front allié à revers.
 


Troupes américaines faisant marche sur Kasserine, février 1943 
© SHD


Les troupes germano-italiennes parviennent à enfoncer les lignes américaines, menaçant la frontière algérienne, mais n'exploitent pas leur succès. De part et d'autre, les pertes sont importantes. Les troupes de Rommel se replient sur la ligne Mareth, menacée par la VIIIe armée britannique. Début mars, les forces en présence comptent quelque 300 000 hommes dans les deux camps.
 

Méharistes au front, avril 1943  © ECPAD France

 

Chars français passant à l’attaque au nord du Chott Djerid, avril 1943 . © ECPAD France


Victoire alliée en Tunisie

Le 16 mars, la VIIIe armée de Montgomery lance une attaque en direction de Gabès tandis que les Français se lancent à l'assaut de la dorsale orientale. Von Arnim, successeur de Rommel rappelé en Allemagne, ne peut tenir un front qui s'étend sur près de 650 km et abandonne la ligne Mareth pour se replier vers le nord, sur Bizerte, Tunis et le cap Bon. Les Alliés et les Français gagnent du terrain mais l'ennemi, bien que sans renforts désormais et disposant d'un matériel insuffisant, ne se retire pas sans combattre, opérant de violentes contre-attaques.

 

Artillerie lourde camouflée en position de tir, offensive de Zaghouan, mai 1943 © ECPAD


Une première offensive alliée sur Bizerte et Tunis est repoussée le 22 avril. La deuxième, lancée le 6 mai, après des bombardements aériens massifs, est victorieuse. Le 7 mai 1943, les Alliés entrent dans Bizerte et Tunis. Encore quelques combats et les ultimes noyaux de résistance sont pris. Le 13, les combats cessent avec la reddition de l'Afrikakorps et des Italiens du général Messe. Le 20 mai, les vainqueurs défilent à Tunis, en présence du général Eisenhower et du général Giraud.
 

Les derniers défenseurs de Bizerte sont faits prisonniers par une patrouille du Corps franc d’Afrique, mai 1943  © ECPAD France

 

Carte du front de Tunisie © MINDEF/SGA/DMPA - Joëlle Rosello
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Quelque 250 000 soldats de l'Axe sont faits prisonniers. Les Alliés comptent plus de 60 000 tués, blessés ou disparus, dont 10 000 Français sur les quelque 75 000 engagés. Allemands et Italiens sont définitivement rejetés hors d'Afrique et perdent le contrôle de la Méditerranée où les convois alliés peuvent à nouveau circuler. L'Italie se retrouve désormais à la merci d'un débarquement.
 

Entrée des troupes alliées à Tunis, mai 1943 © SHD


L'Afrique du Nord peut devenir la base d'opérations vers l'Europe. Pour les Français, la campagne de Tunisie marque le retour de l'armée d'Afrique dans la guerre, aux côtés des Alliés et des Français libres.
 

Après la conquête du Fezzan (Libye), les troupes de Leclerc, intégrées à la VIIIe armée britannique sous le nom de force L, prennent part aux combats de Tunisie  © ECPAD


Les forces françaises

Les forces françaises qui participent à la campagne de Tunisie aux côtés des Alliés comprennent des troupes de l'armée d'Afrique, placées sous les ordres du général Juin, commandant des forces terrestres en Afrique du Nord, et des Forces françaises libres.

Elles se composent initialement de régiments du Commandement supérieur des troupes de Tunisie (CSTT), renforcés par des troupes venant d'Algérie et du Maroc qui forment le XIXe corps d'armée. Fin novembre,
elles comptent donc également la division de marche de Constantine, la brigade légère mécanique, la division de marche d'Alger, la 1re division de marche du Maroc, la division de marche d'Oran ainsi que le Corps franc d'Afrique créé le 25. En février 1943, le CSTT est intégré au XIXe CA. Ces troupes sont constituées en différents groupements évoluant en fonction du déroulement des opérations. Après avoir assuré la couverture de l'arrivée des Alliés, l'armée d'Afrique s'illustre tout au long de la campagne. Défendant opiniâtrement ses positions ou reprenant pied à pied celles tenues par l'ennemi en dépit de l'insuffisance des moyens matériels, elle livre de durs combats pour s'assurer la maîtrise des dorsales.
 

Tirailleurs marocains à Pont-du-Fahs, mai 1943  © ECPAD France


Les Forces françaises libres se composent de deux divisions : la 1re DFL du général de Larminat et la force L commandée par le général Leclerc. Venant de Libye, elles interviennent en vagues successives à partir de février 1943. La force L, chargée d'assurer la couverture du flanc gauche de la VIIIe armée britannique, se distingue notamment dans les combats du sud tunisien et la 1re DFL en prenant part aux violents combats contre les forces germano-italiennes repliées sur le cap Bon, dans le nord tunisien.
 

Les troupes alliées à Tunis, mai 1943  © SHD

 

MINDEF/SGA/DMPA - Collection Mémoire et Citoyenneté n° 34