Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire

24e édition

En 2022, quarante-six photographies ont été adressées au jury du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire qui a décerné trois prix et trois mentions à l’occasion de cette vingt-quatrième édition.

Le Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire a été lancé en 1998 par la Fondation de la Résistance dans le sillage du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) dont le thème d’alors invitait les élèves à rechercher l’histoire des lieux de Mémoire. L’idée initiale était de permettre aux candidats du CNRD de valoriser leurs productions photographiques réalisées dans ce cadre. Depuis, ce concours, le seul du genre, offre aux élèves la possibilité de photographier des lieux de mémoire, situés en France ou à l’étranger, relatifs à la Résistance intérieure et extérieure, à l’internement et à la Déportation. Par la maîtrise de la photographie et la rédaction d’un texte explicatif, les candidats expriment leur sensibilité à l’égard des aspects artistiques et architecturaux de ces plaques, stèles et monuments. Son jury est composé d’iconographes, d’historiens, de conservateurs de musées et de représentants d’institutions et d’associations de mémoire et d’histoire.

En vingt-quatre ans, ce concours, véritable formation à l’éducation à l’image, a permis à plus de 800 collégiens, lycéens et apprentis de montrer les liens tangibles qui les unissent à cette « mémoire de pierre » et les leçons civiques qu’ils en tirent. Un certain nombre de travaux sont accompagnés de textes à résonnance littéraires comme des poèmes traduisant l’émotion ressentie par les élèves en ces lieux.

Réuni le mercredi 25 janvier 2023 au 30, boulevard des Invalides (Paris VIIe), le jury présidé, pour cette vingt-quatrième édition, par François-Xavier Mattéoli, président de l’Association des Amis de la Fondation de la Résistance, avait à choisir entre 46 photographies présentées par autant de candidats.

Au terme d’un examen minutieux des réalisations et de nombreux échanges entre les membres du jury, le palmarès du concours 2021-2022 a été proclamé. Le jury a souligné que la qualité artistique des œuvres reçues ne peut qu’inciter à multiplier les actions pour promouvoir activement ce concours. À ce titre, il faut rappeler le soutien précieux de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) et la direction de la Mémoire, de la Culture et des Archives (DMCA - Ministère des Armées) qui ont largement diffusé les informations appelant les enseignants du secondaire à y participer.


Frantz Malassis, Fondation de la Résistance
 



Le premier prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire a été décerné à Sloane GUILLE, élève de première de BAC Pro Photographie au lycée des métiers Molière d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques) pour son cliché pris au cimetière de Gurs (Pyrénées-Atlantiques).

© Sloane Guille

« Comment un endroit avec si peu de vie peut faire ressentir autant de sentiments. La question n’est pas comment, mais pour qui sont-ils morts. Ce cimetière dégageant cette aura si puissante, réveille en moi ce soupçon de ne pas en savoir assez sur leurs histoires. Cette photo me tient à cœur car elle ne représente pas seulement des tombes mortes. Il y a cet arbre plein de vie, et ce bout de mémorial, montrer qu’on ne les a pas oubliés, qu’ils sont là enterrés. Tout ce qu’ils ont traversé, ils nous le font éprouver. Avec mes pensées, mélancoliques et attristées, je vous montre la photo qui, de droite à gauche, montre la vie, la mort et la mémoire.
 



Le deuxième prix est revenu à Inès KAÏDI, élève de Troisième au collège Louis Pasteur de Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa photographie de la « lanterne des morts » prise lors d’une visite du camp au camp du Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) en avril 2022.

© Inès Kaïdi


J’ai visité le lundi 4 avril dernier le camp du Natzweiler-Struthof. Avant d’y rentrer, j’ai aperçu cette lanterne qu’on appelait la " Lanterne des morts". J’ai appris qu’elle était allumée jour et nuit en souvenir des déportés morts et incinérés dans le camp, et que notamment les SS répandaient les cendres des déportés sur leurs potagers… »

Cette lumière du souvenir, de la mémoire est aussi une lumière d’espoir pour que cela ne recommence jamais.
Lanterne des morts qui nous rappelle ces personnes assassinées

Ces humains innocents humiliés, déportés
Dans ce camp, ils ont été rabaissés, tabassés, insultés, tués...
Dans ce camp du Struthof, ces hommes ont été envahis
Envahis de peurs et de souffrances
En gardant au fond d’eux l’espérance
Ces hommes jadis étaient seulement des hommes heureux
Des hommes qui ne voulaient pas laisser leurs familles derrière eux
Ces hommes qui se sont battus pour nous sans regarder derrière eux
Ces hommes-là maintenant sont des souvenirs gravés dans notre mémoire
Des souvenirs qui nous aident à nous remémorer ce que nos ancêtres ont vécu
 



Le troisième prix a été attribué à Ornella MAHMOUD, élève de Troisième au collège Louis Pasteur de Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa vue de l’entrée du camp de concentration du Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin).

© Ornella Mahmoud


« Le lundi 4 avril dans l’après-midi, j’ai visité le camp de concentration du Naztweiler-Struthof. Pendant un certain
temps nous avons attendu devant l’entrée du camp. Même si je sais qu’il ne s’agit pas de la porte originelle du camp, j’ai
choisi cette photo car pour moi elle symbolise le début de l’horreur et de l’enfer pour tous ses hommes et femmes internés
dans les camps nazis. Elle symbolise aussi l’aboutissement de l’idéologie nazie dans la création de lieu où ils voulaient
retirer à tous ses hommes et femmes leur humanité. A elle seule, cette porte symbolise l’enfermement de la société par les
nazis, la disparition des libertés, mais elle ne doit pas nous faire oublier que derrière cette porte et ces barbelés, il y avait
aussi de la fraternité et de la solidarité entre les internés. »

Devant cette porte, les déportés ressentaient cette méfiance
Qui renfermait leurs prochaines souffrances
Cette porte devenait alors l’entrée du camp mais surtout de l’enfer
Il fallait alors se soutenir comme de véritables frères
Non pas de sang mais de coeur
Il fallait se soutenir malgré la douleur
Les nazis voulaient leur retirer leur humanité et leur identité
Et pourtant à jamais ces hommes continuent d’exister
Dans ma mémoire aucun ne disparaît
Une flamme du souvenir apparaît
Une flamme de résistance de mémoire et de reconnaissance
Qui aujourd’hui fait battre mon coeur avec aisance
Nous nous devons de continuer de nous battre pour la démocratie et la liberté
Nos aïeux ne doivent pas être morts pour qu’elles disparaissent
Il faut qu’elles brillent pour l’éternité
Je rends hommage à ces hommes et femmes qui au prix de leur vie
Nous permettent de vivre dans une démocratie
Alors devant cette porte je baisse ma tête
Non pas par défaite
Mais par déférence envers eux
Envers Ceux qui nous ont permis de vivre ensemble et heureux

 



Trois mentions spéciales du jury ont été décernées à :

  • Elisa DOS SANTOS COUDRAULT, élève de Troisième au collège Louis Pasteur de
    Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa photographie prise au camp du Natzweiler-Struthof
    (Bas-Rhin).
     
  • Annabelle BERTHOLET, élève en classe de Troisième au collège Marcel Cuynat à
    Monestier de Clermont (Isère) pour sa prise de vue de la Nécropole du Pas de l’Aiguille (Isère)
    intitulée « La lumière jaillit des ténèbres ».
     
  • Izza BENZEGHIBA, élève de Terminale au lycée de l’Empéri à Salon de Provence
    (Bouches-du-Rhône) pour sa composition ayant pour titre « De l’autre côté ».

 

  • © Elisa DOS SANTOS COUDRAULT
  • © Annabelle BERTHOLET
  • © Izza BENZEGHIBA