Les missions de l’ECPAD

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Entretien avec Laurent Veyssière, directeur de l’ECPAD

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Daguet, l’opération qui a transformé l’armée, film documentaire réalisé par Frédéric Bouquet, 2021. © M. Riehl/ECPAD/Défense

Installé au fort d’Ivry, dans le Val-de-Marne, l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense capture, conserve et valorise, depuis plus d’un siècle, les images de l’engagement des armées françaises sur le territoire national et dans le monde. Laurent Veyssière, son directeur depuis 2020, revient sur les missions et raisons d’être de l’établissement et présente les projets à venir.

Corps 1

L’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) est l’héritier direct des sections photographique et cinématographique de l’armée. Pouvez-vous nous le présenter ainsi que ses principales missions ?

L’ECPAD est en effet l’héritier de ces sections créées en 1915. Il existe sous ce nom et avec la forme juridique d’établissement public administratif (EPA) depuis 2001. Il a quatre missions principales : la production audiovisuelle, la formation aux métiers de l’image, la conservation des archives, la valorisation des archives en tant qu’opérateur culturel. Il conserve des fonds exceptionnels d’archives audiovisuelles et photographiques : 15 millions de photographies et 94 000 heures de films. Ces fonds sont constamment enrichis par la production des reporters militaires, les versements des organismes de la Défense et les dons des particuliers. L’établissement réalise, en France et dans le monde, des reportages photo et vidéo, et garantit la disponibilité permanente d’équipes de reportage – les soldats de l’image – formées aux conditions de tournage opérationnel pour témoigner en temps réel de l’engagement de nos armées sur tous les théâtres d’opération. L’école des métiers de l’image conçoit et dispense la formation aux métiers de l’image exercés dans un environnement opérationnel et en lien avec la communication.

 

Portrait Veyssière

Laurent Veyssière, directeur de l’ECPAD. © Cyrielle Sicard/ECPAD/Défense

 

Comment s’effectue aujourd’hui la valorisation des fonds de l’ECPAD, notamment auprès des enseignants et du monde universitaire ?

L’ECPAD valorise ses fonds par des expositions, des coproductions de films documentaires, l’édition de livres et de DVD. Il participe à de nombreux festivals (Rendez-vous de l’Histoire à Blois, Festival international du film d’histoire à Pessac, War on Screen à Châlons-en-Champagne, etc.) avec une programmation diverse et ambitieuse. Il propose également des actions pédagogiques et scientifiques à destination des enseignants et des universitaires. Pour ce faire, l’ECPAD a la chance de pouvoir compter sur une professeure agrégée détachée à temps plein. Concernant les enseignants, il s’agit tout d’abord de leur fournir des ressources accessibles sur notre site, sur lumni et sur Éduc@def (corpus de ressources photographiques et filmiques pour les thèmes du Concours national de la Résistance ou pour les appels à projets du concours "Héritiers de mémoire").

Nous organisons également directement des ateliers pédagogiques in situ ou dans les établissements scolaires, dont certains procèdent d’une convention de partenariat avec des CDSG (Classes défense et sécurité globale). D’autre part, l’ECPAD met en place des partenariats avec le monde universitaire pour faciliter l’accès aux archives et accompagner les étudiants dans leurs travaux de recherche et de création audiovisuelle. Nous travaillons en particulier avec quatre partenaires : "l’atelier de montage d’archives" du master cinéma de l’Université Paris 1 ; le master "Histoire et métiers de l’image et du son" de l’Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne ; le master 2 en communication du Celsa ; le projet de recherche et de création "La preuve par l’image" de l’École universitaire de recherche (EUR) ArTec. Et bien entendu, nous participons à de nombreuses formations universitaires et professionnelles dans divers domaines (archivistique, audiovisuel, histoire, histoire de l’art, etc.)

À l’occasion des trente ans de la guerre du Golfe, l’ECPAD a produit un fi lm qui retrace l’engagement de l’armée française dans ce conflit ("Daguet, l’opération qui a transformé l’armée"). Est-ce conjoncturel ou faut-il y voir une volonté de l’établissement de renouer avec la production de longs métrages ?

Pour renouer avec la créativité de ce qui a pu être fait dans le passé de l’établissement, la réalisation de documentaires historiques a en effet été relancée en 2021 avec le film consacré à la division Daguet. Il est prévu que l’établissement réitère, à raison d’une ou deux fois par an, ce type de production destinée à être diffusée sur les chaînes de télévision (le film sur Daguet a été multi-diffusé sur LCP). Sur la base de sujets validés par notre comité éditorial, ces films "maison" de format long (26 à 90 minutes) valoriseront autant les fonds d’archives que notre savoir-faire technique et artistique, tout en s’inscrivant dans la politique mémorielle et culturelle du ministère des Armées.

 

Daguet

Daguet, l’opération qui a transformé l’armée, film documentaire réalisé par Frédéric Bouquet, 2021. © M. Riehl/ECPAD/Défense

 

Quelle est votre vision du futur de l’ECPAD et de la place qu’il doit occuper dans la représentation cinématographique des conflits armés ?

Le 5 octobre 2021, Geneviève Darrieussecq, alors ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, a signé notre contrat d’objectifs et de performance dont la première spécificité est de couvrir cinq années, de 2021 à 2025. C’est le temps qui est donné à l’établissement pour réaliser un projet de développement ambitieux organisé autour de trois axes. Le premier repose sur l’affirmation du rôle et des métiers de l’ECPAD au sein du ministère. La récente transformation juridique de l’établissement en service d’archives audiovisuelles définitives entraîne la réalisation d’un important travail d’écriture d’un corpus réglementaire et de construction d’une véritable politique ministérielle d’archivage audiovisuel, en lien étroit avec la Direction de la mémoire, de la culture et des archives. De nouvelles perspectives seront également données aux missions de production et de formation.

La place de l’ECPAD comme acteur essentiel de la politique culturelle et mémorielle du ministère fera l’objet d’une ambition forte, à travers les captations de cérémonie, la réalisation de produits audiovisuels, etc. Le deuxième axe consiste à rénover et à innover dans les cœurs de métier. En alliant nouvelles technologies, créativité et ingéniosité, l’établissement souhaite continuer à participer à l’économie actuelle de l’image, de sa production à sa valorisation. Le troisième et dernier axe, plus administratif, vise à poursuivre la modernisation du soutien et la recherche d’efficience dans la gestion de l’établissement.

 

La rédaction