L'internement et la déportation dans le Grand Est

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La camp du Struthof.
La camp du Struthof. Source : Photographie Jacques Robert

Peu étudié et occulté de la mémoire collective jusque dans les années 1970, l'internement est un phénomène massif qui a touché 600 000 personnes sur l'ensemble du territoire français entre 1938 et 1946.

200 camps reçurent ces prisonniers.

Corps 1

Drancy et Compiègne-Royallieu en sont sans nul doute les deux plus importants. Le premier symbolise les persécutions antisémites entreprises par les troupes d'occupation allemande et l'Etat français, le second la politique de répression menée notamment à l'encontre des Résistants. En outre, ces deux noms rappellent que les camps d'internement, lieux de contrôle et d'exclusion, furent aussi des étapes vers les camps de concentration et les centres d'extermination nazis.

Phénomène complexe, l'internement ne saurait se limiter à ces deux seuls cas. Le territoire du Grand Est en offre d'autres exemples. Ainsi, le fort d'Ecrouves, en Meurthe-et-Moselle, alors zone réservée, fut un centre de séjour surveillé qui fonctionna du 26 août 1941 au 2 septembre 1944. Il reçut près de 4000 personnes dont 1850 Juifs et parmi eux 250 enfants.

 

Les Salines royales d'Arc et Senant. Source : Photo DMPA Vincent Konzler


Les salines royales d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, furent utilisées, du 21 mai 1941 au mois de septembre 1943 comme camp d'Internement pour les Tsiganes. Le sort réservé à cette population est particulier. Il n'y a pas eu de déportation massive de Tsiganes vers les camps de concentration nazis depuis la France. Pour autant, du fait de la sous-alimentation, de conditions d'hygiènes déplorables, de locaux insalubres, leur situation à l'intérieur des camps d'Internement fut des plus précaires.

En réalité, les mesures prises à l'encontre des Tsiganes par le gouvernement de Vichy avaient pour objectif de les contraindre à se sédentariser. En ce sens, l'historien Denis Peschanski reconnaît qu'il y a dans cette attitude de Vichy une continuité avec les lois adoptées sous la IIIe République, notamment celle du 6 juillet 1912 réglementant la circulation des Tsiganes et leur imposant la possession d'un carnet anthropométrique, mais surtout celle du 6 avril 1940 leur interdisant toute circulation sur le territoire français et les assignant à résidence.

Loi qui ne fut abrogée que le 11 mai 1946.

 

L'entrée du fort de Queuleu. Source : Licence Creative Commons

 

Dans l'Alsace-Moselle annexée, deux camps d'internement retiennent l'attention : Metz-Queuleu et Schirmeck. Le premier, situé dans la banlieue Sud de Metz, fut, à partir de 1943, un camp de détention pour de nombreux Résistants avant leur déportation vers les camps de concentration nazis. Le second, le camp de Vorbruck-Schirmeck, situé en Alsace, à quelques kilomètres du Struthof, dans la vallée de la Bruche, était tout à la fois camp de sûreté, camp de travail surveillé et camp de rééducation pour les alsaciens-mosellans refusant la germanisation.

 

Les déportés du KL-Natzweiler. Source : Cliché Lucien Kohler

 

Ces deux camps conduisent inévitablement vers celui de Natzweiler-Struthof, implanté en Alsace, à 800 mètres d'altitude, dans le massif Vosgien. Construit en mai 1941 et évacué en septembre 1944, ce camp de concentration, et ses quelques 70 kommandos annexes, vit passer plus de 45 000 déportés venus de toute l'Europe.

Près de 22 000 y trouvèrent la mort. Parmi les nombreux Kommandos liés au Struthof citons celui de Thil-Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Dans ce camp, qui fonctionna de mai à septembre 1944, 900 déportés travaillèrent à la fabrication de pièces de V1.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA Grand Est