Une médaille de Juste parmi les Nations

Cette semaine, une médaille de Juste parmi les Nations

 

©Collection Maurice Bleicher
 

En 1940, la victoire militaire nazie et l’installation du régime de Vichy s’accompagnent d’une détérioration immédiate de la situation des Juifs installés sur le territoire français. Dès le 3 octobre, une première loi pose ainsi les fondements de la politique antisémite, organisant l’exclusion progressive des Juifs de la communauté nationale en leur interdisant nombre de professions.

Complétée par une loi relative aux "ressortissants étrangers de race juive", dont elle autorise et organise l’internement, elle ouvre la voie à la collaboration raciale, qui conduira le régime pétainiste à commettre l’irréparable.

En zone libre comme en zone occupée, les services de police et de gendarmerie français procèdent ainsi dès 1940 à l’arrestation de nombreux Juifs étrangers et, les 16-17 juillet 1942, une grande rafle organisée à Paris permet l’internement, au vélodrome d’hiver et dans des conditions inhumaines, de près de 13000 personnes supplémentaires. Après leur passage dans différents camps de transit, dont Drancy est le principal, les Juifs appréhendés par les autorités françaises sont envoyés par convois dans des lieux de mise à mort, notamment Auschwitz.

Alors que les Juifs français sont astreints au port de l’étoile jaune dès juin 1942, cette politique antisémite choque une part croissante de la population. Des citoyens choisissent alors d’agir : certains s’élèvent publiquement contre les exactions commises, d’autres hébergent, cachent, protègent, les réprouvés. Prenant des risques considérables pour défendre une certaine vision de l’humanité, ils seront reconnus ultérieurement par l’Etat d’Israël comme « Justes parmi les Nations ».

 

L’objet proposé cette semaine illustre cet engagement de quelques individus pour l’Humanité

 

Les personnes reconnues comme « Justes parmi les Nations » reçoivent une médaille spécialement frappée à leur nom et un diplôme d’honneur. Elles ont en outre le privilège de voir leurs noms gravés sur le Mur d’honneur dans le jardin des Justes de Yad Vashem à Jérusalem. Ces distinctions sont remises aux sauveteurs ou à un de leurs proches parents en Israël ou dans leur pays de résidence par l’entremise des représentants diplomatiques israéliens. Au 1er janvier 2020, 27 712 médailles ont ainsi été attribuées.

La médaille, gravée en 1965, représente, à l'avers, deux mains agrippées à une corde de sauvetage faite de fils de fer barbelés. Les barbelés émergent du vide mais la corde de sauvetage enveloppe le globe de telle manière qu’elle permet de le faire tourner (exprimant symboliquement l’idée selon laquelle ce sont des actes comme ceux qui ont été accomplis par les sauveteurs qui font tourner le monde). Le globe est entouré d’une inscription en hébreu : « Quiconque sauve une vie, sauve l’univers tout entier ».

Au revers, est représentée la Crypte du souvenir à Yad Vashem et sont frappées les inscriptions en hébreu : « En signe de la reconnaissance du peuple juif » et en français : « Le peuple juif reconnaissant » et « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».

 

La médaille ici présentée a été attribuée en 1983 à Sylvain et Marguerite Capelle, de Namur (Belgique), qui ont recueilli et caché pendant la guerre Avraham Scheinert, un bébé alors âgé de 6 semaines.

 

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