La rafle du 26 août 1942

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Photo de la maison de Chabannes
Photo de la maison de Chabannes. Libre de droit

Six semaines après la rafle du «Vel'd'hiv» dans la région parisienne, le 26 août 1942, une rafle frappe les juifs étrangers réfugiés en Creuse.

Corps 1

En effet, Laval a accepté de livrer aux allemands 10 000 juifs vivant en zone «libre». Chaque département doit fournir sont quota. Le préfet de la Creuse établit une liste de juifs à arrêter.

Au petit matin, le 6 août, les gendarmes de Grand-Bourg débarquent à Chabannes et arrêtent six personnes : quatre éducateurs et deux enfants.

 

Photo de la maison de Chabannes

 

Le même jour, cinq gendarmes de Pontarion se présentent au hameau des Combes, dans la commune de Saint-Hilaire-le-Château et arrêtent Henri Wolff et ses parents, réfugiés dans une petite maison.

91 personnes furent arrêtées le 26 août 1942 dont une quinzaine d'enfants. Regroupées à La Souterraine, Dun, Châtelus-Malvaleix, Bonnat et Guéret, elles sont ensuite conduites vers Boussac. A Guéret, on réquisitionne pour leur transport le car de l'entreprise Marquet.

A Boussac, le préfet fait relâcher deux familles, dont quatre enfants, au motif que les pères, d'origine allemande, s'étaient engagés en septembre 1939 dans les rangs de l'armée française.

De Boussac, ils sont dirigés vers le camp de Nexon, puis sur Drancy à destination de Auschwitz. Trois jours après leur arrestation, ils sont entassés dans le convoi n°26. Trois jours et trois nuits entassés dans des wagons à bestiaux : sur les 1005 personnes parties de Drancy, 987 survivent.

Les parents d'Henri Wolff seront gazés dès leur arrivée à Auschwitz. Henri Wolff, par contre, survivra trois ans dans les antichambres de la mort. Il est l'un des trois survivants de cette rafle.

La rafle du 1er septembre 1942

Six jours après la grande rafle du 26 août, 20 enfants sont arrêtés dans les maisons du Masgelier et de Chabannes et conduits à la gare de La Souterraine pour un train à destination du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).

Le réseau Garel

L'O.S.E est une organisation officielle et les pouvoirs publics n'ignorent rein de ce qu'elle fait. A partir d'août 1942, rafles et arrestations se multipliant dans la zone non-occupée, les responsables de l'O.S.E. comprennent que les maisons peuvent devenir des pièges et décident de mettre en place une structure clandestine qu'ils confient à Georges Garel, un résistant lyonnais. Le réseau Garel se fixe comme objectif de vider progressivement les maisons de l'O.S.E. et de cacher les enfants parmi les non juifs, les soustrayant ainsi à la déportation.

Le noyautage des administrations publiques (NAP)

Le NAP est né en septembre 1942 d'une suggestion de Claude Bourdet (du mouvement Combat) à Jean Moulin mais il ne se développe efficacement qu'à partir de la fusion des mouvements de zone sud (Combat, Libération, Franc-Tireur) dans les Mouvements Unis de Résistance (MUR), au début 1943. Il s'étend ensuite à la zone occupée. Ce n'est qu'à la fin du printemps de 1943 qu'est nommé en Creuse un premier responsable NAP. Il abandonne ses fonctions en fin d'année à François qui deviendra ensuite chef maquis, puis chef des Corps Francs de la Libération (CFL) et enfin Chef des FFI. L'essentiel du travail de noyautage est assuré par Henry Castaing, commissaire aux Renseignements Généraux, par ailleurs chef de secteur du réseau AJAX. Ses fonctions facilitent les contacts avec les services officiels et divers fonctionnaires d'autorité rejoignent la résistance : le Préfet en poste à partir de juillet 1943, avec la prudence qu'exigent ses fonctions, le Secrétaire Général André Vy, avec moins de retenue (il sera arrêté, déporté et mourra en déportation), plusieurs cadres de la préfecture, le commissaire de Police et la plupart des agents, la quasi-totalité des inspecteurs des Renseignements Généraux, un officier de la gendarmerie et plusieurs sous-officiers, des cadres des PTT...

Le NAP est très actif et très efficace en Creuse.

Aujourd'hui les enfants de Chabannes sont dispersés dans le monde entier.

Félix Chevrier est mort en 1962, dans l'anonymat. Son action pour le sauvetage des enfants juifs ne sera dévoilée que bien des années après.

Les soeurs Paillassou ont été consacrées "Juste parmi les Nations" en mars 1983 et ont reçu une médaille. Un arbre porte leurs noms dans une allée du Mont des Souvenirs, à Jérusalem.

En mai 1996, des retrouvailles ont été organisées à Chabannes. Elles furent l'occasion de réunir à nouveau les anciens camarades et leurs institutrices. Beaucoup d'entre eux n'étaient pas revenus à Chabannes depuis l'automne 1943.

Aujourd'hui à Boussac, une plaque officielle rappelle que l'ancienne cartoucherie fut bien un centre d'internement. Mais, contrairement à ce qu'elle indique, ce sont bien 91 Juifs qui furent arrêtés le 26 août dans toute la Creuse, 52 furent déportés, dont 18 enfants. Il n'y eut que trois survivants.

 

Sur cette plaque est écrit :

"LE 26 AOUT 1942. 52 JUIFS DONT 13 ENFANTS. HABITANT LE DEPARTEMENT DE LA CREUSE FURENT ARRETES A LEURS DOMICILES ET RASSEMBLES A LA CARTOUCHERIE DE BOUSSAC. LE 29 AOUT. ILS FURENT LIVRES AUX NAZIS PAR LE GOUVERNEMENT DE VICHY ET DEPORTES VERS LE CAMP D'EXTERMINATlON D'AUSCHWITZ.

Passant, souviens-toi"

 

Ces maisons sont aujourd'hui en ruines. La Mairie désirait, il y a quelques temps de cela, racheter la maison de Chabannes qui est finalement devenue la possession de propriétaires privés anglais.

 

Source : Secrétariat d'Etat au Tourisme - délégation régionale du Limousin

 

site internet externe : Fondation pour la mémoire de la déportation