La DRAC Grand Est

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Chapeau

L’archéologie contemporaine est aujourd’hui un domaine de recherche à part entière et une activité scientifique associant de nombreux partenaires et institutions. Parmi eux, et au sein d’une région particulièrement marquée par les combats, la DRAC Grand Est s’affirme comme un acteur primordial.

Campagne de relevé archéologique des vestiges de conflit. Archives du SRA, site de Metz. © D. Jacquemot
Texte

La direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de la ré­gion Grand Est est un service déconcentré de l’État, placé sous l’autorité du préfet de région. Son rôle premier est d’orienter les politiques culturelles décidées par le ministère de la Culture, ainsi que de piloter diverses missions liées aux patrimoines, à la création artistique et aux industries culturelles. Depuis Strasbourg, siège de l’organisation, la DRAC Grand Est fait ap­pliquer les lois et réglementations du domaine culturel régional, tout en assurant des fonctions d’intervention, d’animation, de conseil, de contrôle et d’évaluation.

 

Dans les campagnes de l’Est de la France, et notamment sur le territoire situé en « zone rouge », qui correspond à l’ensemble des secteurs dévastés entre 1914 et 1918, les vestiges de la Grande Guerre sont omniprésents. Le territoire lorrain présente 79 % de terres reboisées après-guerre, qui sont aujourd’hui autant de conservatoires archéologiques de premier plan. Dans ce cadre, Verdun bénéficie du label Forêt d’Exception® depuis 2014 et le classement du site de la « Haute-Chevauchée, pay­sage de la guerre des mines en Argonne » a été prononcé en 2018. Cette démarche partenariale entre l’Office national des forêts (ONF) et la DRAC garantit la gestion durable des emblé­matiques champs de bataille du Grand Est.

 

Aux fins d’une meilleure gestion, des prospections-inventaires ciblées sont également menées, afin de compléter la carte ar­chéologique nationale. À l’appui de thèses doctorales, la DRAC finance, depuis 2015, des campagnes de détection LiDAR, offrant un atlas hautement précis des sols archéologiques. Disponible sur un système d’information géographique, il per­met de mieux cerner les zones de recherches futures et de cibler les lieux à forte valeur patrimoniale. Dans le cadre de l’aménagement du territoire, la DRAC prescrit aussi des fouilles préventives, alors effectuées sous le contrôle scientifique et technique du conservateur régional de l’archéologie. Elles sont l’occasion d’étudier les vestiges liés aux conflits et pouvant re­celer des restes humains de militaires. Ces opérations, menées en concertation avec l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), contribuent souvent à l’iden­tification de corps de soldats disparus.

 

Après les fouilles emblématiques de la Grande Guerre, comme celle du Killianstollen à Carspach (Haut-Rhin) en 2011, ou celles en forêt d’Argonne de 2009 à 2015, la recherche archéo­logique s’intéresse à la Seconde Guerre mondiale. Le camp de concentration nazi de Natzweiler en Alsace et son annexe de Thil, en Lorraine, font ainsi l’objet de prospections et fouilles, au sein d’un programme collectif de recherche regroupant une équipe pluridisciplinaire.

Les combats de la Libération, les aménagements de la ligne Maginot, les abris antiaériens de la défense passive, les lieux de crashs d’avions, les camps d’internement et cimetières font par ailleurs l’objet d’un recensement précis, en collaboration avec le Service régional de l’Inventaire, pour une meilleure prise en compte dans les projets d’aménagement. C’est aussi le cas, plus récemment, des anciennes bases aériennes de l’OTAN concernées par les projets de fermes photovoltaïques.

Les villes, enfin, demandent une attention particulière quant à l’étude de leur bâti et des mesures à mettre en oeuvre, en colla­boration avec les conservateurs des monuments historiques, les architectes des bâtiments de France et les collectivités. La DRAC apporte là aussi son expertise. Le site patrimonial remarquable de Verdun, à travers l’outil de gestion "Plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine", va par exemple permettre aux règlements d’urbanisme de prendre en compte l’intégralité des fortifications de la ville.


Auteur
Stéphanie Jacquemot & Michaël Landolt - DRAC Grand Est/Service régional de l’archéologie, Metz

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