Philippe Leclerc

1902-1947

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Le général Leclerc. Photo SHAT

Le 22 novembre 1902 naît à Belloy (Picardie) Philippe de Hauteclocque, cinquième des six enfants du comte Adrien et de Marie-Thérèse Van der Cruisse de Waziers. Originaire d'Artois, sa famille, de noblesse attestée depuis le XIIe siècle, a participé aux croisades, servi à Fontenoy, à Wagram et rempli des charges édilitaires. A son enfance terrienne, vécue dans un milieu traditionnel, il doit une résistance exceptionnelle et la passion de la chasse, un patriotisme ardent, une foi chrétienne ancrée dans le catholicisme romain, et que conforte l'éducation des Pères jésuites de la Providence à Amiens. Il embrasse la carrière des armes. Saint-Cyrien de la promotion " Metz-Strasbourg ", il choisit, après un premier poste en Allemagne, une affectation au Maroc, d'abord comme instructeur à l'Ecole des officiers indigènes de Dar El-Beïda, puis à la tête d'un goum lors des opérations de pacification des tribus dissidentes. Il est ensuite instructeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr puis admis en 1938 à l'Ecole de guerre, ce qui lui ouvre les perspectives d'une belle carrière. Entre temps, en 1925, il a épousé Marie-Thérèse de Gargan, apparentée aux Wendel, dont il aura six enfants. Le capitaine de Hauteclocque est nommé à l'état-major de la 4e division d'infanterie qui est encerclée, en juin 1940, dans Lille. Capturé, évadé, il rejoint le front pour être affecté au 2e groupement cuirassé.

Blessé, hospitalisé sur ordre, il s'échappe devant l'avance ennemie et gagne Paris à bicyclette. C'est alors qu'il décide de rejoindre le général de Gaulle à Londres en passant par l'Espagne, non sans avoir revu sa femme qui l'approuve et veillera sur leurs enfants. Le capitaine de Hauteclocque devient Leclerc. A Londres, il comprend le sens politique du combat du général de Gaulle : maintenir la France dans la guerre en tant que nation souveraine. Le chef de la France libre confie donc une mission politique au commandant Leclerc avec le ralliement du Cameroun le 26 août . Une nouvelle mission amène, le 12 novembre, le ralliement du Gabon dont Vichy voulait faire une base de reconquête de l'Afrique française libre. Les arrières assurés, le harcèlement des Italiens en Libye devient la priorité pour montrer que les Français continuent la guerre. Le colonel Leclerc est promu commandant militaire du Tchad, base logistique de ces opérations.

Le 1er mars 1941, après une préparation méthodique, Leclerc s'empare de Koufra, oasis italienne au sud-est de la Libye, première victoire exclusivement française. Leclerc jure alors « de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». L'écho de la bataille retentit jusqu'en France occupée. Un accord franco-anglais prévoit une action venant du Tchad pour faciliter l'offensive anglaise contre l'Afrika Korps sur la côte libyenne à partir de l'Egypte. Avec ses coloniaux du Tchad, Leclerc conquiert le Fezzan en 1942 et rejoint, le 26 janvier 1943, le général Montgomery, commandant la 8e armée britannique, qu'il convainc de l'engager dans la campagne de Tunisie. La « Force L », nom que portent désormais les unités de Leclerc, se distingue au combat de Ksar Rhilane le 10 mars où, avec l'aide de la Royal Air Force, elle cause de lourdes pertes à un groupement blindé allemand. Après un exil de quelques mois en Libye, le temps que le général de Gaulle s'impose au général Giraud, la 2e Division française libre (ex. « Force L ») donne naissance officiellement à la 2e Division blindée le 24 août 1943. La constitution de la 2e DB à Témara (Maroc) doit son homogénéité à son chef, alors qu'elle amalgame des hommes et des femmes d'horizons politiques et militaires multiples.

Dès la fin de 1943, de Gaulle a confié à Leclerc une autre mission politique : la libération de la capitale. La 2e DB est donc transférée en Angleterre fin avril 1944 pour parfaire son instruction. Intégrée à la IIIème Armée du général Patton, elle débarque à Utah-Beach le 1er août et reçoit le baptême du feu à Mortain. Puis elle se distingue dans les combats de la poche de Falaise. A la mi-août, le général Leclerc attend, non sans impatience, l'ordre de libérer Paris et d'y asseoir l'autorité du gouvernement provisoire. La détermination de Leclerc, les missions envoyées par le colonel Roi-Tanguy, commandant les FFI d'Ile-de-France, l'insistance du général de Gaulle ont convaincu Eisenhower de ne pas contourner la capitale. La 2e DB établit la jonction avec les FFI, force l'ennemi à la capitulation et prépare l'arrivée du général de Gaulle. Grâce à la détermination de son chef, la 2e DB a libéré Paris rapidement. Libérateur de Paris, Leclerc en est aussi le sauveur car la guerre n'est pas terminée et son unité doit livrer de durs combats au Bourget pour repousser la contre-offensive allemande. La 2e DB reprend sa progression : le 13 septembre, à Dom-paire, la coordination du feu et de la manoeuvre avec une intervention aérienne brise une attaque ennemie. Baccarat libéré le 30, Badonviller et Cirey-sur-Vezouze enlevés les 17 et 18 novembre, les Vosges sont franchies le 22. Un coup d'audace, résultat d'une préparation méthodique, permet la libération de Strasbourg. Leclerc a superbement tenu son serment de Koufra.

Rattachée à la 1re armée (de Lattre de Tassigny), le 2e DB participe à la réduction de la poche de Colmar. La campagne d'Alsace est pour elle éprouvante et coûteuse en vies humaines. Leclerc demande à être replacé dans le dispositif américain. Après une période de repos à Châteauroux, au cours de laquelle une partie de la Division, aux ordres de Langlade, participe à la réduction de la poche de Royan (15-17 avril 1945), Leclerc obtient des Alliés de participer au combat final en Allemagne avec, pour point d'orgue, la prise de Berchtesgaden et les couleurs françaises hissées sur la villa de Hitler le 5 mai.

Commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient sous l'autorité de l'amiral Thierry d'Argenlieu, haut-commissaire et commandant en chef, Leclerc est parti pour l'Indochine avec une double mission : rétablir la souveraineté française et représenter la France à la capitulation japonaise. Son séjour à Ceylan auprès de l'amiral Mountbatten l'a convaincu que l'action diplomatique et politique devait être intégrée dans son plan de manoeuvre. Il prend la mesure, plus que beaucoup de ses contemporains, de l'importance du mouvement national au Vietnam.

Il rétablit l'ordre en Cochinchine et en Annam, fin 1945 - début 1946, et, de retour au Tonkin, prépare simultanément l'action militaire et l'action diplomatique (accords Sainteny - Hô Chi Minh du 6 mars 1946). La perception de l'homme de terrain s'oppose là aux positions de principe de ceux qui, comme de Gaulle ou d'Argenlieu, Moutet ou Bidault, craignent d'ébranler l'Union française par des mesures arrachées plus qu'accordées. Il demande alors une autre affectation. En juillet 1946, il est nommé inspecteur des Forces terrestres en Afrique du Nord, affectation interrompue par une mission en Indochine à la demande du président du Conseil Léon Blum en décembre 1946. Leclerc ne repousse pas l'hypothèse d'un accord avec les dirigeants nationalistes mais refuse tout engrenage militaire. Il décline l'offre de succéder à d'Argenlieu, craignant d'être politiquement isolé et de ne pas recevoir les moyens qu'il demande.

Il reprend ses fonctions d'Inspecteur qui ont été étendues à l'ensemble des trois armées. Face aux difficultés politiques de l'Afrique du Nord, il est favorable à une évolution plus mesurée dans le temps et moins extrême dans ses buts que pour l'Indochine. Mais, le 28 novembre 1947, son avion s'écrase dans les confins algéro-marocains près de Colomb-Béchar. Avec lui périssent sept officiers de son état-major et quatre navigants. Le 8 décembre, sont célébrées les obsèques nationales du chef dont de Gaulle écrit alors : " Jamais en lui, rien de médiocre, ni dans sa pensée ni dans ses paroles, ni dans ses actes ".

En 1952, il est promu maréchal de France à titre posthume. Son courage, sa ténacité, son ascendant sur les soldats, sa disparition soudaine, en font un personnage de légende qui entre pleinement dans l'Histoire.

 

Source : Christine Levisse-Touzé directrice du Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du Musée Jean Moulin

Frédéric Bartholdi

1834 - 1904

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Frédéric Barholdi. Photo Musée Bartholdi

 

Frédéric Auguste Bartholdi naît le 2 août 1834 à Colmar (Haut-Rhin). Dès son enfance passée à Paris, il affiche des dons artistiques, et son avenir se trace au fil des visites des ateliers et monuments de la capitale, parallèlement à ses études au sein du lycée Louis-le-Grand.

De 1843 à 1851, il fréquente l'atelier du peintre Ary Scheffer, et suit pendant les vacances scolaires passées à Colmar les leçons de dessins de Mr Rossbach.

En 1852, Bartholdi s'installe dans un atelier à Paris, et exécute l'année suivante pour sa ville natale une de ses premières commandes : une statue du général Rapp, inaugurée en 1856.

À 21 ans, il entreprend un voyage au Moyen-Orient, en Égypte et au Yémen.

Remontant le Nil, il découvre une riche civilisation, dont les monuments ont survécu au temps. Ce périple enrichissant de huit mois permet à Bartholdi de ramener des croquis, dessins et photographies, et surtout de confirmer sa vocation de statuaire.

En 1857, il présente un projet de fontaine qui remporte un concours organisé par la ville de Bordeaux, mais qui n'est concrétisé que 42 ans plus tard, à Lyon, sur la place des Terreaux.

De 1863 à 1869, il réalise à Colmar le monument Martin Schongauer et la fontaine dédiée à l'amiral Bruat, entreprend un second voyage en Égypte, et sculpte son Petit Vigneron, exposé au marché couvert de Colmar.

En 1870, il réalise une première maquette de la Statue de la Liberté éclairant le Monde. Pendant la guerre, il est officier de la garde nationale, puis aide de camp du général Garibaldi et agent de liaison du gouvernement. Blessé par la perte de l'Alsace-Moselle, Bartholdi dit lors d'une discussion avec son ami Edouard de Laboulaye: "je lutterai pour la liberté, j'en appellerai aux peuples libres. Je tâcherai de glorifier la République là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous". Attaché à la concrétisation de l'amitié Franco-Américaine, il part pour les Etats-Unis.

En 1872, il réalise "la malédiction de l'Alsace", et prépare un monument funéraire des Gardes nationaux tombés durant la guerre. En 1873, la statue de Vauban est inaugurée à Avallon. En 1874, il réalise des bas-reliefs pour l'église unitarienne de Boston.

En 1875, pour l'exposition de Philadelphie, il achève une fontaine, et accomplit également une statue de Champollion. Dès lors, avec la création du Comité de l'Union Franco-Américaine, il s'attache à la confection de la Statue de la Liberté éclairant le Monde.

La main et le flambeau sont achevés en 1876, et présentés pendant 5 ans à Madison Square. Pour la ville de New-York, Bartholdi réalise aussi cette année-là une statue de La Fayette.

En 1878, la tête de la future statue de la Liberté est visible à l'exposition universelle de Paris.

De 1879 à 1884, il réalise le monument Gribeauval à Paris, le Lion de Belfort, la statue de Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier, et celle de Diderot à Langres.

Le 4 juillet 1884, la France remet aux États-Unis la statue de la Liberté éclairant le Monde. En 1885, une réplique de quelques mètres est installée sur l'île des Cygnes à Paris, tandis que sa grande soeur est embarquée à bord de "l'Isère". La statue New-Yorkaise est inaugurée le 28 octobre 1886, d'autres copies de l'oeuvre étant installées par la suite à Hanoï et à Bordeaux.

De 1888 à 1891, Bartholdi réalise à Colmar le monument Roesselmann et le monument Hirn, puis le monument Gambetta à Sèvres.

De 1892 à 1895, il présente à Paris deux oeuvres consacrées à La Fayette et Washington et une sculpture sur la Suisse secourant Strasbourg, tandis que l'exposition universelle de Chicago accueille une statue de Christophe Colomb.

En 1898 est inauguré le monument de Schwendi à Colmar.

En 1902, il réalise pour la place des Ternes à Paris une oeuvre consacrée aux Aéronautes de la guerre de 1870, les Grands soutiens du monde (visible dans la cour du musée de Colmar).

En 1903, il achève le monument consacré à Vercingétorix pour la ville de Clermont-Ferrand, sur les bases d'une maquette créée en 1870.

Malade, Frédéric Auguste Bartholdi meurt à Paris le 4 octobre 1904.

En 1907, sa veuve lègue la maison et les maquettes de l'artiste à la ville de Colmar, où un monument en son hommage est inauguré.

En 1912 se tient à Belfort l'inauguration posthume du monument des Trois Sièges.

Le musée Bartholdi ouvre ses portes en 1922, quatre années après le retour de l'Alsace-Moselle à la France.

Parmi ses oeuvres figure le monument du Sergent Hoff, Héros de la guerre de 1870, au cimetière du Père-Lachaise (division 4).

 

Source : Musée Bartholdi

Pierre Denfert-Rochereau

1823 - 1878

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Denfert-Rochereau. Photo SHAT

Issu d'une famille de confession protestante originaire de Jarnac, Pierre Marie Philippe Aristide Denfert-Rochereau naît le 11 janvier 1823 à Saint-Maxent, dans le département des Deux-Sèvres.

Après un premier échec, il parvient finalement à intégrer l'École polytechnique en 1842, et opte pour une carrière militaire en 1845, de son propre aveu du fait de son médiocre classement.

Sorti premier de l'école d'application de l'artillerie et du Génie de Metz, le jeune lieutenant est affecté au 2ème régiment du Génie à Montpellier en 1847. Denfert-Rochereau participe à la prise de Rome en 1849, avant d'être promu capitaine et de prendre part à la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en 1855 où il est blessé par balle à la jambe gauche. Rapatrié en France, il enseigne cinq ans la fortification à l'école d'application de Metz, avant de partir pour l'Algérie, où il fait bâtir casernes, ponts et barrages.

Désormais titulaire du grade de lieutenant-colonel, Denfert-Rochereau reçoit le commandement du génie de Belfort. L'officier entreprend d'aménager les défenses de la ville, dont il devient gouverneur en octobre 1870. Au sud de l'Alsace, Belfort est un chef-lieu d'arrondissement, sous-préfecture du département du Haut-Rhin, alors que la France est en guerre avec les armées allemandes coalisées autour de la Prusse depuis le mois de juillet.

Dès le 3 novembre 1870, la région de Montbéliard est envahie par les puissantes armées ennemies, et Denfert-Rochereau doit organiser la résistance de Belfort, place forte barrant l'entrée de la Bourgogne. Assailli par plus de quarante mille soldats menés par Werder, Denfert-Rochereau ne dispose que d'environ quinze mille hommes, dont un modeste quart sont issus d'unités régulières de ligne. À la sommation de rendre la ville, Denfert-Rochereau aurait répondu à l'ennemi : " Nous connaissons l'étendue de nos devoirs envers la France et envers la République et nous sommes décidés à les remplir ".

Refusant la sortie des vieillards, femmes et enfants, la machine de guerre prussienne utilise dès le mois de décembre 1870 plus de deux cent pièces d'artillerie, et bombarde Belfort dans l'espoir de mettre un terme au siège. Retranché dans une casemate de la tour des Bourgeois, à la porte de Brisach, Denfert-Rochereau n'accepte pas de baisser les armes, malgré les pertes humaines au sein de ses troupes et l'aggravation de la situation sanitaire de la population civile. Le combat se poursuit après l'armistice du 28 janvier 1871, et Denfert-Rochereau ne consent à se rendre que le 13 février, sur ordre exprès du gouvernement provisoire.

Après 103 jours de combats, les assiégés, encore forts de douze mille hommes, quittent Belfort devant les Prussiens qui leur rendent les honneurs de la guerre. Cette résistance héroïque sauve l'honneur d'une France meurtrie par la défaite de Napoléon III et de Mac-Mahon à Sedan, et la reddition de Bazaine à Metz. Elle permet à Adolphe Thiers, élu chef du pouvoir exécutif de la République française le 17 février par l'Assemblée nationale, d'obtenir des vainqueurs la conservation de l'arrondissement de Belfort au sein de la France, le Traité de Francfort du 18 mai 1871 prévoyant de céder à l'ennemi le reste de l'Alsace et une partie de la Lorraine.

Elu représentant du Haut-Rhin à l'Assemblée nationale dès le 8 février, le héros de Belfort donne sa démission lors de la signature des préliminaires de paix. Élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur le 18 avril 1871, Denfert-Rochereau est placé en position de disponibilité du fait de ses positions républicaines affirmées, et ne participe donc pas à la répression sanglante de la Commune.

Désormais civil, il est élu dans trois départements aux élections du 18 juillet 1871, et opte pour la Charente-Inférieure, en siégeant auprès de la gauche républicaine dans une assemblée à majorité conservatrice et monarchiste. Réélu en février 1876 dans le VIème arrondissement de Paris, il s'inscrit au groupe de l'union républicaine des gambettitstes, et se range naturellement aux côtés des opposants au général Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Lors de son troisième mandat, il se consacre plus particulièrement aux questions militaires, et revendique notamment le rétablissement du droit de vote pour les militaires, qui en sont privés depuis 1872.

Il meurt au palais de Versailles le 11 mai 1878, et reçoit des funérailles nationales lors de son inhumation à Montbéliard.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charles Mangin

1866 - 1925

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Le général Mangin. Photo SHAT

 

Né à Sarrebourg (Moselle), Charles Mangin (1866-1925), participa, à la tête des tirailleurs sénégalais, à la mission Congo-Nil en 1898-1900 sous les ordres de Marchand. Colonel au Maroc avec Lyautey, il prit Marrakech.

Général, il commande en 1914-15 une brigade d'infanterie puis une division, la 5e D.I. de Rouen, lors de la bataille des frontières, sur la Marne, en Artois. Le 22 mai 1916, il attaque en vain le fort de Douaumont (Meuse) puis, toujours à Verdun, il dirige les offensives de reconquête aux côtés de Nivelle.

En 1917, il est au Chemin des Dames, chef de la 6e armée. L'attaque s'enlisant, il est limogé. Il revient en 1918 commander la 10e armée avec laquelle il effectue la célèbre contre-attaque du 18 juillet à Villers-Cotterêts où il brise l'ennemi. Vainqueur dans l'Aisne à l'automne, il rompt le front allemand, libère Soissons et Laon.

L'armistice annule son offensive prévue en Lorraine. Il entre à Metz le 19 novembre, atteint le Rhin à Mayence le 11 décembre, occupe la Rhénanie.

Convaincu de la valeur des troupes sénégalaises, c'était un partisan ardent d'une armée africaine ("la Force noire") plus nombreuse et plus puissante, au service de la France. Pour l'anecdote, rappelons que de 1906 à 1922, son fidèle ordonnance fut un Bambara de haute stature, Baba Koulibaly, qui veilla jour et nuit sur lui avec dévouement et une ostentation que le général appréciait, étant lui-même volontiers théâtral. Mangin tel qu'il était, adoré ou détesté, a vraiment incarné le type de l'officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Ferdinand Foch

1851-1929

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Le maréchal Foch. Source : SHD

 

Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famille bourgeoise et pieuse.

Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier ès lettres puis ès sciences. Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole polytechnique, il connaît l'occupation prussienne qui s'abat sur la Lorraine.

Épreuve déterminante ? À Polytechnique, il choisit la carrière des armes. Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883.

Élève à l'École de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901, avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvrages ont regroupé ses conceptions stratégiques. "La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas . on fait simplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait . dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien" (Foch. in "Principes de guerre").

Août 1914 : la guerre éclate.

Général depuis 1907, Foch commande alors le 20e corps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la 9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération capitale dans la première bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe des armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer", puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916.

Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités internes, entraîne une disgrâce provisoire du général. En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général Nivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe, déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général de l'Armée.

Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millions de soldats morts - dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagner la paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice les conditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étant atteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus". (Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285).

Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères, Président du Conseil supérieur de la guerre. Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses.

Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique. Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses dernières années.

Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise : "Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre". Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que de très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard : le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques les plus évoqués dans les villes de France.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA/SDACE

Georges Guynemer

1894 - 1917

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Georges Guynemer devant son Spad. ©SHDAI

 

 

 

 

Georges, Marie Guynemer naît à Paris le 24 novembre 1894.

À la déclaration de guerre, il tente de s'engager dans l'infanterie, puis dans la cavalerie, mais est à chaque fois refusé en raison de sa faible constitution physique. Il parvient à s'engager dans l'aviation et obtient son brevet de pilote en mars 1915. Au sein de l'escadrille des Cigognes, il se révèle rapidement un pilote de chasse d'une audace et d'une habileté extraordinaires. Il est plusieurs fois cité, plusieurs fois décoré.

Devenu un mythe vivant, le capitaine Georges Guynemer disparaît en mission (« en plein ciel de gloire », dira l'ultime citation qui lui a été accordée), au-dessus de Poelkapelle (Belgique), le 11 septembre 1917, aux commandes de son appareil, le Vieux Charles. Ses 53 victoires homologuées font de lui l'un des « As » de l'aviation française de la Première Guerre mondiale.

Sa devise, « Faire face », a été reprise par l'Armée de l'air.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA CEROd - ©SHDAI

 

 

 

 

 

 

René Quillivic

1879-1969

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René Quillivic dans son atelier. Source : www.ibretagne.net

Une identité bretonne affirmée 

René Quillivic est né à Plouhinec dans le Finistère en 1879, d'un père paysan-pêcheur.

Il commence sa formation de sculpteur, sans que rien ne le prédestinait à cela, à l'atelier de menuisier-charpentier de son village.

Parvenu à obtenir une bourse d'étude grâce au député puis sénateur du Finistère Georges Le Bail, il entre ensuite à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris.

Durant ses années de formation, il cherchera toujours à rendre compte d'une tradition culturelle qui lui apparaît très vite originale.

René Quillivic s'illustre dans la commémoration funéraire de tradition bretonne 

Déjà, avant la guerre, il connaît la commémoration funéraire. Mais c'est surtout dans le contexte de l'après Première guerre mondiale que René Quillivic devient l'un des plus célèbres sculpteurs de Bretagne.

La presque totalité des monuments commémoratifs de Quillivic se situe dans le Finistère.

René Quillivic retrouve certains usages de la tradition des artisans statuaires de la Bretagne des XVème et XVIIIème siècles. Il s'approprie progressivement l'usage de la kersantite dans la réalisation de ses oeuvres, sous la férule de Donnart, tailleur de pierres et tombier de Landerneau. La kersantite (appelé à tort Granit de Kersanton) est une roche que l'on trouve dans le Nord-Finistère, autour de la rade de Brest. Elle a un grain dense, une couleur gris sombre, presque noire sous la pluie, peu sensible à l'érosion. « Très rapidement en fait, au rythme de ses créations monumentales, la kersantite apparaît comme la roche symbolique de la commémoration bretonne, puisque très peu de matériaux sont aussi précisément inscrits dans le sol et dans l'histoire d'un pays, ainsi que dans la durée » Sylvie Blottière-Derrien dans Monuments de Mémoire - Monuments aux morts de la Grande Guerre, Mission permanente aux commémorations et à l'information historique, Secrétariat d'Etat aux anciens combattants et victimes de guerre, 1991.

René Quillivic inscrit le choix des thèmes de ses oeuvres dans le contexte régional, proche des Bretons. Ses modèles sont des familiers, connus et reconnus des gens.

Ainsi, à Bannalec, les gens du village reconnaissent sur le monument funéraire de Quillivic la soeur du glorieux aviateur Le Bourhis. De même, à Plouhinec, il fige dans la pierre le portrait de sa propre mère. « René Quillivic a su être le promoteur d'une sculpture commémorative spécifiquement bretonne ».

 

Quelques unes de ses Oeuvres 


Le monument aux morts de Pont-Scorff (Morbihan)

L'initiative de cette oeuvre revient à la Princesse Henri de Polignac qui souhaitait rendre hommage à son époux tué le 25 septembre 1915 à Auberive en Champagne. Cette oeuvre a été réalisée par René Quillivic sous la direction de l'architecte Charles Chaussepied et de Donnart, tailleur de pierres et tombier.


Le monument de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), inauguré en 1920

Oeuvre conforme aux souhaits du maire de la commune, le sculpteur Quillivc la réalise de concert avec l'architecte Charles Chaussepied. Le gisant représente un poilu. Aux angles de la dalle funéraire, sont représentées quatre femmes du pays : l'une d'elles porte la grande coiffe de deuil, une autre une coiffe de la campagne, la troisième une coiffe citadine et la dernière, vêtue en bourgeoise en deuil. Par ces choix « toutes les catégories sociales et tranches d'âge sont représentées : la première, âgée de 50 ou 60 ans, la seconde une veuve de 30 ou 35 ans, la troisième étant une très jeune veuve, enfin la jeune bourgeoise symbolisant une fiancée ».

 

Liste des monuments connus de Quillivic 

Finistère

  • Saint Pol de Léon
  • Roscoff
  • Guiclan
  • Châteaulin (sur Jean Moulin)
  • Pont-Croix
  • Plouhinec
  • Plouyé
  • Scaër
  • Banalec
  • Coray
  • Ile de Sein

Côtes d'Armor

  • Loudéac
  • Pleumeur-Bodou

Morbihan 

  • Pont-Scorff
 
Source : DMPA Territoire Ouest

John Mc Crae

1872-1918

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John Mc Crae. Photo MINDEF/SGA/DMPA

 

 

Si sur les tombes britanniques fleurissent de discrets coquelicots de papier, tressés parfois en couronne, que l'on peut trouver sur toutes les stèles et cénotaphes, comme au coeur de la cathédrale d'Ypres, c'est à John Mc Crae que l'on doit cette image. La France a choisi le bleuet, les britanniques la fragile fleur des champs, le « poppy », dès 1921. Pourtant la « fleur du souvenir », que l'on arbore au « Poppy day », ne rappelle pas la couleur des uniformes de parade mais la vision du champ de bataille de l'Essex Farm à Boezinge, près d'Ypres. Le poème "In Flanders Field" renvoie à tous les témoignages d'auteurs connus comme d'anonymes et est devenu bien vite le symbole de toute une génération fauchée dans la fleur de l'âge, à l'instar de Dorgelès ou de Genevoix.

Né au Canada en 1872, ce médecin et biologiste s'enrôle volontairement pour la guerre des Boers en Afrique du Sud puis fait de même pour intégrer le Corps Expéditionnaire canadien dès le début de la Grande guerre. Promu au grade de Lieutenant-Colonel du Corps médical canadien, il aurait écrit en mai 1915 ce poème au coeur de la mêlée des Flandres, à Boezinge.

Muté à Boulogne, il décède à la fin de janvier 1918 à l'Hôpital militaire britannique de Wimereux.

 

 

 

Terriblement évocateur, ce poème évoque en toute simplicité les champs de bataille de Flandre :

In Flanders Fields the poppies blow

Between the crosses, row on row,

That mark our place. and in the sky

The larks, still bravely singing, fly

Scarce heard amid the guns below.

 

We are the Dead. Short days ago

We lived, felt dawn, saw sunset glow,

Loved, and were loved, and now we lie

In Flanders fields.

 

Take up our quarrel with the foe:

To you from failing hands we throw

The torch, be yours to hold it high.

If ye break faith with us who die

We shall not sleep, though poppies grow

In Flanders fields

 

Les campagnes de Flandre, belge et Française, sont parsemées de ces champs de bataille, de vestiges et de lieux de souvenir. Aujourd'hui il est possible de visiter la position où Mc Crae rédigea ce poème à Boezinge, où les bunkers côtoyant l'Essex Farm se dressent encore, veillant toujours sur le canal le long du Diksmuideweg (le chemin de Dixmude)

 

Source : François Hanscotte

Berty Albrecht

1893-1943

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Berty Albrecht. Source : SHD

Née le 15 février 1893 à Marseille de parents protestants, elle prépare un diplôme d'infirmière d'Etat et travaille dans un hôpital militaire pendant la grande guerre. En 1919, elle épouse un financier hollandais, Frédéric Albrecht, dont elle aura deux enfants et part pour Londres en 1924.

De retour à Paris en 1931, elle consacre son temps à la Ligue des Droits de l'Homme et à la condition féminine. En 1934, elle s'occupe des réfugiés allemands du nazisme afin de leur procurer argent, logement et travail. Elle fera de même pour les réfugiés de la guerre civile d'Espagne. Elle sera mobilisée pendant la guerre en tant que surintendante aux Usines Fulmen à Vierzon.

Profondément choquée par l'armistice, elle refuse la défaite et se rend en zone libre où elle retrouve son ami évadé d'Allemagne, Henri Frenay, avec lequel elle organise d'abord à Vichy puis à Lyon ce qui devient le grand mouvement de Résistance "Combat". Elle est arrêtée par le gouvernement de Vichy, fin avril 1942, mise en internement administratif, n'a droit ni à un avocat, ni à un procès. Elle fait une grève de la faim pour obtenir d'être jugée et obtient gain de cause au bout de 13 jours. Transférée à la prison de Saint-Joseph à Lyon, jugée au bout de six mois, elle est condamnée à passer le restant du temps de guerre dans un camp d'internement du gouvernement de Vichy.

Elle simule alors la folie, est internée à l'hôpital psychiatrique de Bron, d'où un commando du mouvement Combat la fera évader le 23 décembre 1942.

Recherchée par toutes les polices françaises et allemandes, elle se cache durant deux mois dans la région de Toulouse et rejoint Henri Frenay à Cluny où elle reprend la lutte clandestine. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo à Mâcon, le 28 mai 1943, transférée à la prison de Montluc à Lyon puis incarcérée à Fresnes, le 31 mai à 0H15, où elle réussit à échapper à la surveillance de ses gardiens et se donne la mort par pendaison dans la nuit.

En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin potager dans la prison de Fresnes et inhumé dans la crypte du Mémorial de la France Combattante au Mont Valérien. Elle a reçu à titre posthume la Croix de Compagnon de la Libération, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Capitaine Prévost

Jean-Baptiste Estienne

1860-1936

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Le général Estienne. Photo SHAT

 

Jean-Baptiste Estienne (1860-1936), natif de Condé-en-Barrois est le « père des Chars ». Reçu premier au concours général de mathématiques des lycées de France en 1880 et reçu la même année à Polytechnique, il embrasse la carrière des armes dans l'artillerie. Curieux, il s'intéresse à l'aéronautique en plein essor puisqu'il préconise l'usage des ballons captifs puis des avions pour effectuer des réglages de tir précis. On lui confie rapidement un service aéronautique où il a notamment le capitaine Ferber sous ses ordres, qui y est affecté comme instructeur. Les pilotes qui sortent brevetés de son service participent officiellement aux manoeuvres de 1910, conférant à l'aviation une existence réelle au sein de l'armée. Mais c'est surtout en sa qualité d'officier d'artillerie que l'on retient son action. En effet, il préconise dès août 1914 la création d'une « artillerie d'assaut » par la création d'engins motorisés pourvus d'une cuirasse puis de chenilles en raison de leur plus grande solidité et leur aptitude à se mouvoir sur des terrains très variés. Si les Britanniques le devancèrent dans la réalisation du projet en construisant les tanks, il finit par convaincre l'Etat-Major, d'utiliser cette artillerie mobile pour rompre le front.

Nommé inspecteur général de l'artillerie d'assaut, il fut aussi à l'origine de la diversification des régiments blindés, selon les modes d'utilisation possibles : chars légers, chars lourds et blindés de liaison. Ses idées sur le char d'assaut, et de son utilisation, ont fortement inspiré les Allemands, et au premier titre Heinz Guderian, au sujet de la stratégie générale de la guerre de mouvement, l'arme blindée devenant une arme autonome et non plus le seul support de l'infanterie.

 

Source : François Hanscotte

Charles Delestraint

1879-1945

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Charles Delestraint. Source : Collection DMPA

Historique

Charles Delestraint est né le 12 mars 1879, à Biache-Saint-Vaast. Bachelier en 1896, il est reçu à Saint-Cyr en 1897. À sa sortie, il choisit les chasseurs à pieds et rejoint le 16e bataillon à Lille. Promu lieutenant en 1902, il est détaché à l'état-major du 1er corps d'armée de Lille de novembre 1906 à octobre 1907. Promu capitaine en 1913, il est reçu à l'École supérieure de guerre en mars 1914. Rappelé en juillet, il prend le commandement de la 9e compagnie du 58e bataillon de chasseurs à pied, unité de réserve.

 

Charles Delestraint saint-cyrien, 1897. Source : Collection particulière

 

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le 58e bataillon est envoyé dans les Ardennes où il prend part aux premiers combats de l’armée française. À Haybes, notamment, la 9e compagnie repousse au cours d'une mission de reconnaissance un détachement allemand qui franchissait la Meuse, l'empêchant de s'infiltrer dans les lignes françaises. Le 30 août 1914, le capitaine Delestraint est fait prisonnier avec ses hommes lors de l’attaque du Chesnoy-Auboncourt. Il est interné durant quatre ans au camp de Plessemburg.

Libéré en décembre 1918, il est détaché en avril 1919 au grand quartier général de l'Est à Chantilly et promu chef de bataillon le 25 juin. Il suit les cours de l'École de guerre puis, breveté d'état-major, il est affecté au 2e bureau de l'état-major de l'armée, section des armées étrangères, jusqu'en 1923. Il effectue ensuite deux ans dans l'armée d'occupation en Allemagne, au sein du 517e régiment de chars de combat à Duren, avant de rejoindre la section technique des chars de combat de Versailles. Acquis aux théories du général Estienne, le créateur des chars d'assaut français, convaincu de l'importance des chars dans un éventuel nouveau conflit, il se consacre dès lors au développement de l'arme blindée. En 1927, il devient commandant en second de l’École des chars de combats de Versailles.

 

Le lieutenant-colonel Delestraint à l'École d'application des chars de combat de Versailles, 1928. Source : Collection particulière

 

Le colonel Delestraint et le 505e régiment de chars de combat, Vannes, 1934. Source : Archives départementales du Morbihan

 

Promu colonel en 1932, il commande le 505e régiment de chars de Vannes. Général de brigade en 1936, il prend la tête de la 3e brigade de chars de combat à Metz. Il y fait la connaissance l'année suivante du colonel Charles de Gaulle, venu prendre le commandement du 507e régiment de chars de combat, dont il partage les idées en matière de doctrine d'emploi des chars.

 

Le général Delestraint, 1938. Source : Collection particulière

 

Versé au cadre de réserve en mars 1939, il est rappelé à l’activité quelques mois plus tard, devant l’imminence de la guerre. En septembre, le général Delestraint reçoit le commandement des réserves de chars. Il s'emploie à activer la fabrication de nouveaux engins et la création de nouvelles divisions cuirassées. Le 10 mai 1940, l'Allemagne lance son offensive à l'Ouest. À la tête du groupement cuirassé des 2e et 4e divisions, il dirige l'attaque sur Abbeville des 3 et 4 juin, pour laquelle il est cité à l'ordre de l'armée. Face à l'avancée allemande, ses troupes sont contraintes de se replier, livrant des combats retardateurs. Le 22 juin, un armistice est signé avec l'Allemagne. En juillet, le général de division Delestraint est démobilisé et se retire à Bourg-en-Bresse.

 

Refusant l’armistice et l'asservissement de la France, résolument opposé au nazisme dont il condamne la doctrine, il ne peut accepter la politique de collaboration du maréchal Pétain et du gouvernement de Vichy. Sa décision est vite prise . il faut poursuivre la lutte. Rejoignant dans l'esprit le général de Gaulle, dont il a entendu l'appel à la radio de Londres le 18 juin, il choisit de rester en France où la résistance doit s'organiser. Il s'efforce alors de retrouver et de regrouper les anciens des chars, les exhortant à passer à l'action. Menant une intensive campagne de propagande, il multiplie les rencontres en zone non-occupée, participe à la rédaction du Bulletin de liaison entre ceux des chars de combat, dont le premier numéro paraît dès décembre 1940. Le message est clair : se tenir prêt à reprendre les armes. Partout, des associations se créent, foyers potentiels d'actions futures. Il consacre son temps à entretenir inlassablement la flamme. L'occasion de passer aux actes se présente enfin au général Delestraint à l'été 1942.

 

Le général Delestraint en 1942. À cette époque, il devient chef de l'Armée secrète. Source : Collection particulière

 

Revenu de Londres au début de l'année, Jean Moulin est chargé par le général de Gaulle d'organiser et de coordonner les actions des mouvements de résistance. Il est à la recherche d'un chef militaire susceptible de prendre la tête de l'organisation militaire constituée à partir de leurs groupes armés. L'objectif est de mettre sur pied une organisation capable d'intervenir efficacement en cas de débarquement allié. Contacté, le général Delestraint accepte le poste et rencontre Jean Moulin, à Lyon, le 28 août 1942. Il devient, sous le pseudonyme de Vidal, le chef de l’Armée secrète qui regroupe les éléments combattants des trois mouvements de la zone sud : Combat, Libération et Franc-Tireur. Entré dans la clandestinité, il s’installe à Lyon où il constitue son état-major. En fin d'année, les effectifs de l'Armée secrète sont estimés à quelque 30 000 hommes.

 

    

Lettre du général de Gaulle au général Delestraint lui confiant le commandement de l'Armée secrète. Source : Collection particulière

 

En février 1943, il se rend à Londres avec Jean Moulin afin de coordonner l’action de l’Armée secrète avec celle du commandement des Alliés. Le général Vidal voit ses attributions s'étendre désormais à l'ensemble du territoire mais apprend également que le débarquement ne s'effectuera pas avant le printemps 1944. Quoi qu'il en soit, il convient de mettre à profit ces mois d'attente pour organiser, équiper et former ses hommes en vue de ce jour. De retour en France, il développe les maquis, en particulier celui du Vercors, veille à leur approvisionnement en vivres, en armes et en matériel. Il travaille sans relâche à l'unification et à la cohésion opérationnelle de ses troupes. Privilégiant les actions mûrement préparées présentant une réelle utilité, il veut éviter tout geste prématuré qui compromettrait le dessein final. En quelques mois, les effectifs passent de quelque 100 000 hommes à plus de 200 000. Si la tâche accomplie est importante, la situation devient de plus en plus préoccupante. Le chef de l'Armée secrète n'est pas sans savoir que le temps lui est peut-être compté.

Le 15 mars 1943, en effet, durant son séjour à Londres, plusieurs membres de son état-major ont été arrêtés. Des documents importants ont été saisis à cette occasion. La surveillance allemande s'intensifie et les arrestations se multiplient. Delestraint-Vidal est appréhendé le 9 juin 1943, à Paris, où il devait rencontrer les chefs militaires des mouvements de la zone nord, ainsi que le commandant Gastaldo, son chef d'état-major et chef du 2e bureau, et le lieutenant Jean-Louis Théobald, collaborateur de Jean Moulin. Interrogé par la Gestapo, il ne donne aucune information puis, transféré à Fresnes, il s'efforce de dégager la responsabilité des autres inculpés et d'obtenir leur relaxe en prenant tout à sa charge.

 

Photos anthropométriques du général Delestraint prises quatre mois après son arrestation. Source : Collection particulière

 

Après neuf mois d’instruction, l'affaire est renvoyée devant le tribunal de Breslau. En attendant sa comparution, le général Delestraint est interné, le 10 mars 1944, au camp de concentration de Natzwiller-Struthof sous le statut de Nacht und Nebel. Devant l'avance des Alliés, le camp est évacué et les prisonniers emmenés à Dachau en septembre . le général y est exécuté le 19 avril 1945, quelques jours avant la libération du camp par les Américains.

Charles Delestraint était Officier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre 1914-1918. Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume le 17 novembre 1945.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA

Entrée du nom du général Delestraint au Panthéon, cérémonie du 10 novembre 1989. Source : Collection particulière

 

Plaque commémorative apposée Chaussée de La Muette, à Paris, lieu de l'arrestation du général Delestraint. Source : Collection particulière

 

Pour en savoir plus :
Guillin François-Yves, Le général Delestraint - Premier chef de l'Armée secrète, 1995.
Perrette Jean-François, Le général Delestraint, 1972.

Pierre Brossolette

1903-1944

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Portrait de Pierre Brossolette. Source : SHD

Issu d'une famille profondément républicaine, il fait des études d'histoire. Entré premier à l'École Normale Supérieure en 1922, il est second de la promotion de l'agrégation en 1925, mais choisit la carrière de journaliste dans la presse écrite, notamment à Notre Temps, l'Europe Nouvelle et au Populaire, et radio diffusée (1936-1939). Il s'est spécialisé dans l'analyse de la politique internationale. Comme son père, il devient socialiste et adhère à la SFIO en 1930. Opposé aux accords de Munich de septembre 1938, qui prévoient le démantèlement de la Tchécoslovaquie, parce qu'ils sont déshonorants pour la France, partisan de ce qu'il appelait "l'esprit de résistance", il est exclu de la Radio nationale en février 1939. En septembre suivant, il est affecté comme lieutenant au 5e Régiment d'infanterie. Il se bat vaillamment en juin 1940, ce qui lui vaut la Croix de guerre. Démobilisé le 23 août 1940, il achète avec son épouse, une librairie-papeterie, rue de la Pompe. C'est là qu'il est contacté par des résistants du groupe du Musée de l'Homme au cours de l'hiver 1940-41.

Devenu le principal rédacteur de la publication clandestine, le Bulletin officiel du Comité national de Salut public, il rédige ainsi entièrement le dernier numéro après le démantèlement du réseau par la Gestapo. Devenu professeur d'histoire au Collège Sévigné, il est mis en contact par un de ses collègues avec le réseau de renseignement du colonel Rémy, la Confrérie Notre Dame, et durant l'hiver 1941-1942, organise sous le pseudonyme de Pedro, les liaisons entre Libération-Nord, l'Organisation Civile et Militaire et la France Libre. Toutes ces activités en font un connaisseur avisé de la France occupée, réclamé à Londres. 

À la fin du mois d'avril 1942, il s'envole pour la capitale anglaise où il propose au général de Gaulle de repartir en France pour y rallier à la France Libre d'éminentes personnalités politiques parmi lesquelles Louis Vallon, André Philip et Charles Vallin. Fait le 17 octobre 1942 Compagnon de la Libération, le commandant Bourgat, son pseudonyme dans la capitale anglaise, choisit de rejoindre les services secrets de la France combattante où il prend, fin septembre 1942, la direction du "Bloc opérations", trait d'union entre les Résistances intérieure et extérieure.

Avec Passy, le chef du BCRA, il est à l'origine des missions Arquebuse et Brumaire qui doivent organiser pour la zone nord au début de 1943, un comité de coordination équivalent à celui mis sur pied par Jean Moulin en zone libre. Cet organisme est ainsi créé en mars. En avril, il rejoint Londres et son poste au BCRA. En juin-juillet, il anime l'émission " Honneur et Patrie " à la BBC. En septembre, il est chargé d'installer en France le nouveau délégué du CFLN auprès des mouvements de la Résistance intérieure, Émile Bollaert (en remplacement de Jean Moulin arrêté le 21 juin 1943), et de travailler à la future organisation de la presse et de la radio à la libération.

Pendant trois mois, les deux hommes travaillent à colmater les brèches ouvertes dans la Résistance par les arrestations de l'été et de l'automne.

Appelés tous deux à Londres, ils sont arrêtés lors de leur embarquement le 3 février 1944.

Reconnu, emmené dans les locaux de la Gestapo, avenue Foch, Pierre Brossolette se défenestre du 5e étage pour ne pas parler sous la torture.

Il meurt le jour-même le 22 mars 1944. Ce combattant de l'ombre est bien - selon sa propre expression " un soutier de la gloire ".

 

Christine Lévisse-Touzé, Fondation de la Résistance

Jean Moulin

1899-1943

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©Mémorial Leclerc Musée Jean Moulin

 

D'origine méridionale, Jean Moulin, issu d'une famille républicaine et radicale sert 23 ans la République comme sous-préfet et préfet. Sa carrière dans la préfectorale est entrecoupée d'un passage au ministère de l'Air du gouvernement de Front populaire comme chef de cabinet de Pierre Cot. Il s'implique dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Dès cette époque, il est résolu à défendre sa patrie contre le nazisme et le fascisme.

À la déclaration de guerre, il tente en vain de se faire mobiliser dans l'Armée de l'air . le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut n'entend pas se priver d'un des meilleurs éléments de l'administration préfectorale.

Son premier acte de résistance se situe à Chartres le 17 juin 1940 : il est préfet d'Eure-et-Loir depuis janvier 1939, lorsqu'il refuse de signer un document rédigé par les Allemands accusant à tort les troupes sénégalaises de l'Armée française de massacres sur les populations civiles. Craignant de céder sous les coups de soldats « en délire », il tente de se suicider. L'affaire est étouffée mais le préfet Moulin a su protéger la population des exactions de l'occupant.

Le préfet de gauche, fidèle serviteur de la République est révoqué le 2 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy. Il s'installe à Saint-Andiol dans les Alpilles et prend contact avec les différents mouvements de Résistance de zone sud. En octobre 1941, il gagne Londres et se fait le messager de la Résistance auprès du général de Gaulle en lui demandant les moyens de développer leur propagande et plus encore leurs plans d'action militaire.

De Gaulle investit Moulin d'une mission de caractère militaire en France : assurer en son nom la liaison avec les trois mouvements clandestins pour les amener à créer chacun une branche militaire reliée à la France Libre, la centralisation et la coordination se faisant à Londres sous ses ordres. Le chef de la France Libre le désigne aussi comme son délégué et le représentant du Comité national pour la zone non occupée avec la mission de réaliser l'unité d'action des mouvements.

Parachuté le 2 janvier 1942 avec des fonds et du matériel de transmission, il réussit non sans difficulté, à convaincre les chefs de Combat (Henri Frenay), Libération (Emmanuel d'Astier de la Vigerie), Franc-Tireur (Jean-Pierre Lévy) de rassembler leurs forces militaires au sein de l'Armée Secrète unifiée dont la direction est confiée - avec l'accord du général de Gaulle - au général Delestraint. Le comité de coordination est créé qui aboutira à leur fusion au sein des Mouvements Unis de Résistance en janvier 1943. Jean Moulin a aussi mis en place des services indispensables au fonctionnement de la Résistance : le Service des Opérations Aériennes et Maritimes pour assurer le transport d'agents à Londres, le service d'information et de propagande pour les échanges entre Londres et la France, puis le Comité général d'études, organe de réflexion destiné au futur gouvernement.

Le 17 octobre 1942, Jean Moulin est fait Compagnon de la Libération. De Gaulle lui en remet les insignes au cours d'une cérémonie émouvante lors du second séjour de « Rex » (pseudonyme de Jean Moulin) à Londres (14 février - 20 mars 1943).

À la suite du débarquement en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et de l'invasion de la zone sud, il le nomme délégué général pour l'ensemble de la France puis élargit sa mission. Pour surmonter les préventions de Roosevelt et aboutir à un accord avec Giraud en Afrique du Nord, de Gaulle comprend qu'il lui faut l'appui de toute la Résistance intérieure mais aussi des hommes représentatifs des anciens partis et des syndicats reconstitués dans la clandestinité, au sein d'un organisme, le Conseil National de la Résistance, qui serait une sorte de parlement clandestin.

Le 8 mai 1943, « Rex » peut annoncer la création de ce nouvel organisme qui fait du général de Gaulle le seul chef de la France en guerre. L'arrestation du général Delestraint le 9 juin oblige Moulin à réunir les responsables de l'Armée Secrète à Caluire (près de Lyon) le 21 juin pour proposer des mesures transitoires. Arrêté avec les autres résistants par Barbie, qui le torture lui-même, Jean Moulin, qui savait tout sur la Résistance, ne parla pas. Il meurt probablement en gare de Metz le 8 juillet 1943. Le 6 octobre 1946, Georges Bidault remet à Laure Moulin, sa soeur, la médaille militaire et la croix de guerre lors d'une cérémonie à Béziers.

L'hommage de la nation lui est rendu par la voix d'André Malraux lors du transfert de ses cendres au Panthéon le 19 décembre 1964. Le chef de « l'Armée de l'ombre » entre dans l'histoire.

 
Source : Christine Levisse Touzé et Fondation de la Résistance - MINDEF -  SGA / DMPA

Louis de Cormontaigne

1695-1752

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Louis de Cormontaigne. Source : www.dg-metz.terre.defense.gouv.fr

 

Louis de Cormontaigne est né à Strasbourg en 1695. Entré au service du roi en 1713, il servit d'abord comme volontaire aux sièges de Fribourg et de Landau, puis fut reçu ingénieur en 1715 à l'âge de vingt ans et devint ingénieur en chef en 1733. Il assista aux sièges les plus mémorables jusqu'en 1745 lorsqu'il devint Maréchal de camp et directeur des fortifications des places de la Moselle (Metz, Thionville, Bitche, Verdun, Longwy). C'est surtout aux places de Metz et de Thionville qu'il a appliqué ces principes. Le 12 juillet 1744, Thionville apprend officiellement qu'il est chargé de l'aménagement militaire de la place forte. Il réalise entre 1746 et 1752 le renforcement de la double couronne des fortifications par la construction du couronné de Yutz, deux ponts-écluses et la porte de Sarrelouis en 1746. Louis de Cormontaigne mourut à Metz en 1752, laissant derrière lui nombre d'études et de mémoire.

Bien qu'il n'ait jamais connu Vauban, Louis de Cormontaigne fut un des plus célèbres successeurs de ce fameux ingénieur, développant ses idées et améliorant encore les lignes établies par son prédécesseur. A sa mort un rapport officiel dit de lui « Tous les ingénieurs conviennent qu'il n'y en a aucun parmi eux qui réunisse toutes les qualités requises pour la guerre et l'art des fortifications au degré auquel le possédait le sieur de Cormontaigne ».

 

Source MINDEF/SGA/DMPA

Joseph Joffre

1852-1931

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Le Maréchal Joffre Photo SHAT

 

Né à Rivesaltes, le 12 janvier 1852, Joseph Joffre s'avéra un élève brillant qui entra à l'École Polytechnique à 17 ans.

Embrassant la carrière militaire, il choisit l'arme du génie correspondant le mieux à ses capacités d'ingénieur. Après la guerre de 1870-71, il servit aux fortifications de Paris agrandies par le général Séré de Rivières d'où, en 1874, il partit " aux colonies ".

En 1885, il était capitaine en Indochine où il participa à la campagne du Tonkin, décoré de la Légion d'Honneur en septembre 85. Sapeur, il fortifia l'île de Formose, alors base de la flotte de l'amiral Courbet.

En 1892, il créait au Soudan français des voies ferrées puis, dans le cadre des opérations contre le sultan Samory, il conquit Tombouctou. Plus tard, colonel, sous le général Gallieni, il fortifia le port de Diego-Suarez, à Madagascar.

Devenu général de division, en 1905, il accéda au poste de directeur du génie au ministère de la Guerre . après d'autres importantes affectations telles que chef du 2e corps d'armée, il devenait membre du Conseil supérieur de la Guerre puis nommé en 1911 chef d'état-major de l'armée, futur générallissime en cas de conflit. Depuis ce poste suprême, il remania l'armée, réforma la doctrine, les règlements, le matériel, les effectifs, la mobilisation, etc, aucun aspect ne lui échappant.

Il renforçait la défense du pays, conscient d'une menace allemande de plus en plus pesante. Dans ce but, il fut un vif acteur de l'alliance militaire avec la Russie impériale qu'il raffermit en 1913. Les hostilités avec le II e Reich éclatèrent le 3 août 1914 lorsque l'Allemagne déclara la guerre à la France. Les opérations se déclenchèrent à l'Est comme à l'Ouest en un conflit généralisé rapidement mondial. Joffre lança son plan XVII de l'Alsace à la Belgique. Il essuya de durs revers lors des batailles dites "des Frontières ", ne reprit le dessus des opérations d'une manière offensive que lorsque les armées ennemies avaient atteint la grande banlieue parisienne, la Marne et au-delà, stoppées sur l'Ourcq, à Verdun et sur la ligne de front en avant de Nancy, Epinal, Belfort. Ses armées et ses généraux gagnèrent la bataille de la Marne du 5 au 12 septembre 14, avec l'appui de l'armée anglaise . bataille qu'il a conduite avec son grand-état-major, à l'initiative du général Gallieni, gouverneur de Paris.

Il dressa ensuite une barrière de troupes, après la " Course à la mer ", grâce au général Foch, qui aboutit à fermer la route de Calais, à Dixmude et sur l'Yser, aux côtés des Belges et des Britanniques. Le 26 novembre 14, Joffre était décorée de la Médaille Militaire. Stabilisée, la lutte s'enlisa sur 770 km de front, devint une guerre de siège qu'il dirigea depuis son G.Q.G. de Chantilly, affrontant aussi la crise des munitions, la crise du matériel, réussissant à doter ses troupes de meilleurs armes, uniformes, notamment du casque Adrian, du mortier de 58 mm de tranchée, de grenades à main, du masque à gaz, du fusil-mitrailleur Chauchat, du fusil Berthier, des chars lourds Schneider, Saint-Chamond, etc.

En 1916, il commandait l'ensemble des armées françaises et non plus le seul front du nord-est mais il coordonnait depuis des mois ses opérations offensives avec celles des alliés anglais, italiens, russes, persuadé de l'avantage d'imposer aux Centraux des actions décidées en commun. Il mena en 1916 une défense imperturbable à Verdun grâce aux généraux de Castelnau et Pétain, puis il passa à l'offensive sur la Somme avec Haig, Foch et Fayolle. Lançant à Verdun les offensives Nivelle-Mangin, il reprenait Fleury, Douaumont, Vaux, à l'automne.

Malgré tout, en décembre 16, le président du Conseil, Aristide Briand, le remplaça par le général Nivelle. Joffre était élevé à la dignité de maréchal de France.

 

Gardant sa renommée incontestée auprès des Alliés, Joffre fut utilisé en 1917 par le gouvernement français comme conseiller militaire auprès de la mission Viviani chargée d'intégrer les Américains activement dans le conflit, puis il fut nommé inspecteur général des troupes U.S. en France où il jugea de leurs progrès dans l'apprentissage du combat de tranchées, dans l'utilisation d'armes nouvelles.

Le 13 novembre 18, les États-Unis le décoraient de la Distinguished Service Medal.

La guerre gagnée, la paix signée, Joffre chevaucha en tête du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919 à Paris.

Se consacrant ensuite à ses mémoires, à des voyages, élu à l'Académie française, il travailla jusqu'à s'éteindre en 1931, âgé de 79 ans.

Honoré d'obsèques nationaux, il fut inhumé dans sa propriété de Louveciennes ( Yvelines ) où il repose toujours actuellement.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Pierre Hervet

Charles de Gaulle

1890-1970

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Portrait de Charles de Gaulle. Source : Photo SHD

Général et homme politique français (1890-1970), Charles de Gaulle est le premier à avoir prôné la nécessité pour la France de disposer d'un corps de bataille de blindés.

Animateur de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, il est le père fondateur de la Vème république, celle-ci se caractérisant notamment par l'élection du président au suffrage universel direct (1962).

Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote. Il passe son enfance à Paris, fait ses études chez les Jésuites et opte très tôt pour la carrière des armes. Il est reçu en 1908 à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Après quatre années d'études il est nommé à Arras en 1912 comme sous-lieutenant.

Durant la Première Guerre mondiale, il est blessé trois fois au combat et est laissé pour mort lors de la bataille de Douaumont (1916). Fait prisonnier par les Allemands il tente à cinq reprises de s'évader, mais il est chaque fois repris. Il ne sera libéré qu'à l'Armistice, le 11 novembre 1918.

Poursuivant sa carrière militaire, le capitaine de Gaulle est envoyé en mission dans plusieurs pays (Pologne, Liban).

Durant l'entre-deux-guerres, il publie plusieurs ouvrages dans lesquels il critique la politique française de Défense : il soutient en particulier que l'armée doit être soumise aux décisions des hommes politiques et qu'il est nécessaire, pour la défense de la France, de constituer un corps de blindés susceptibles de faire face à la puissance mécanisée allemande (Le fil de l'Epée publié en 1932 et Vers l'armée de métier publié en 1934).

Parallèlement il commence à s'initier aux affaires de l'Etat : en 1931 il est en effet affecté au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. Colonel en 1937, de Gaulle se voit confier le commandement du 507e régiment de chars à Metz.

Lors de la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, il est nommé commandant par intérim des chars de la 5e Armée. Au moment de l'invasion allemande de Gaulle s'illustre à plusieurs reprises à la tête de son unité, arrêtant notamment les Allemands à Abbeville (27-30 mai 1940). Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre, dans le gouvernement de Paul Reynaud.

Le 17 juin de Gaulle part pour Londres afin de poursuivre la guerre ; il lance un appel à la résistance sur les ondes de la BBC, le 18 juin. Général rebelle, il est condamné à mort par contumace en août. Reconnu par Churchill " chef des Français libres ", de Gaulle organise des forces armées qui deviendront les Forces françaises libres (FFL). Par ailleurs, il dote la France libre d'un gouvernement, le Comité national français, qui deviendra le Comité français de la Libération nationale (CFLN) le 3 juin 1943, après son arrivée à Alger.

À partir de 1942, de Gaulle charge Jean Moulin d'organiser en France le Comité national de la Résistance (CNR) dans lequel toutes les tendances des partis politiques, des syndicats et des mouvements de résistance doivent être représentées, afin de coordonner la lutte. Après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, de Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, commandant en chef des armées alliées, pour que Paris soit libéré rapidement, alors que la stratégie prévoyait d'aller directement vers l'est sans passer par la capitale. Finalement la 2e DB du général Leclerc libère Paris le 25 août.

 

Une fois les combats terminés, de Gaulle entreprend, à la tête du gouvernement provisoire (GPRF), de reconstruire le pays. Il prend plusieurs mesures importantes (nationalisations des secteurs clés de l'économie, création de la Sécurité sociale). Mais, le 20 janvier 1946, il quitte le pouvoir, car il est en désaccord avec les orientations constitutionnels prises par la IVe République naissante. De fait, la Constitution adoptée en octobre 1946 le mécontente profondément. Il la critique à plusieurs reprises (discours de Bayeux, juin 1946), lui reprochant la faiblesse du pouvoir exécutif. Dès lors, de Gaulle entre dans l'opposition. En 1947, il lance un mouvement, le Rassemblement du peuple français (RPF), qui malgré de nombreuses adhésions et des succès nombreux lors des élections municipales  de 1947 décline dès les législatives de 1951. Commence alors, pour plusieurs années, « la traversée du désert » : de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises, rédige ses mémoires et voyage.

La France est confrontée depuis 1954 à une guerre de décolonisation en Algérie. Le 13 mai 1958, les Français d'Algérie lancent une insurrection à Alger pour affirmer leurs positions. Ils appellent de Gaulle au pouvoir.

Le président de la République française, René Coty, craint que cette crise dégénère en guerre civile. Sous la pression des événements, il propose à de Gaulle de devenir président du Conseil. De Gaulle accepte de revenir au pouvoir d'avoir les mains libres pour modifier les institutions. Pendant l'été 1958, il inspire la rédaction d'une nouvelle Constitution : celle-ci est approuvée lors d'un référendum le 28 septembre 1958, par près de 80 % des suffrages. La Ve République est née. Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République française au suffrage universel indirect.

La tâche la plus urgente concerne l'Algérie. De Gaulle propose en 1959 l'autodétermination aux Algériens et organise en 1961 un référendum sur ce thème : 75% des Français disent " oui " à l'autodétermination de l'Algérie. Les partisans de l'Algérie française, mécontents, tentent en avril 1961 à Alger un putsch qui échoue. Les négociations entre Français et Algériens finissent par aboutir aux accords d'Evian, signés le 22 mars 1962, acceptés par référendum en France et en Algérie.

L'année 1962 marque un véritable tournant, tout d'abord sur le plan institutionnel : le Général propose l'élection du chef de l'État au suffrage universel. Cette réforme suscite une vive opposition, mais le référendum sur la révision constitutionnelle, avec 62,2 % de « oui », est un succès. En 1965, l'élection présidentielle au suffrage universel direct est mise en pratique pour la première fois.

Mis en ballottage au premier tour (avec 43,7% des voix), de Gaulle est finalement élu au second tour face à Mitterrand, avec 54,8% des voix.

Vis-à-vis de l'extérieur, de Gaulle mène une politique d'indépendance nationale, en dotant la France de ses propres moyens de défense : la première bombe atomique française éclate à Reggane, au Sahara, en février 1960. De Gaulle refuse la tutelle des Etats-Unis et retire en 1966 la France du commandement intégré de l'OTAN - mais la France reste membre de l'Alliance atlantique.

Dans le même temps, la France entre dans la Communauté économique européenne (CEE) le 1er janvier 1959.

Le pays est confronté à une crise très importante en mai 1968. Les étudiants organisent de vastes manifestations, rejoints par les ouvriers qui déclenchent une grève générale. De Gaulle réussit à apaiser la situation en accordant certains avantages aux ouvriers. Le 27 avril 1969, il soumet aux Français un projet sur la régionalisation et la réforme du sénat. Sa proposition est rejetée par référendum par 52,4% des voix. Désapprouvé par les Français, il estime n'avoir plus leur confiance et préfère démissionner.

Charles de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises et poursuit l'écriture de ses Mémoires ; il meurt le 9 novembre 1970.

Conformément à son testament, de Gaulle ne reçoit pas de funérailles nationales. Il est enterré auprès de sa fille Anne, avec une simple inscription sur sa tombe : Charles de Gaulle 1890-1970.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA Photos Service historique de l'armée de terre

 

Raymond Séré de Rivières

1815-1895

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Raymond Séré de Rivières Photo SHAT

 

Né a Albi le 20 mai 1815, Polytechnicien, officier du génie, Général de brigade en 1871.

 

1862 : il organise la place de Nice.

1864-68 : il construit quatre forts à Metz.

1869 : il fortifie Langres.

1870 : il fortifie Lyon.

1871 : commande le génie de l'armée de l'Est . puis participe aux opérations menées contre la Commune de Paris en assiégeant des fortifications. Il a ensuite la tâche d'instruire le procès du maréchal Bazaine.

1872 : il est nommé secrétaire du Comité de défense créé par le président de la République A. Thiers.

1874 : nommé chef du service du génie de l'Armée, il peut dès lors appliquer ses principes de fortification. Promu général de division, il érige de 1874 à 1880 un système fortifié de Dunkerque à Toulon, qui porte son nom. Ce système avait pour but de couvrir la mobilisation et d'obliger les éventuels envahisseurs à s'engager dans les couloirs géographiques prédéterminés, sous le feu de points d'appui défensifs.

1880 : en janvier, à 65 ans, il est remplacé par son successeur, le général Cosseron de Villenoisy, qui achève ses travaux.

Le général Séré de Rivières repose à Paris au cimetière du Père Lachaise : division 95, allée 4, monument 59

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Pierre Hervet

Adolphe Guillaumat

1863-1940

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Le général Guillaumat Photo SHAT

Guillaumat, Adolphe Marie Louis (Bourgneuf, Charente-Maritime : 4 janvier 1863 - Nantes, Loire-Atlantique : 18 mai 1940)

Fils de Louis Guillaumat, officier, et de Marie Noémie Fleury, il entre à Saint-Cyr en 1882, dont il sort major le 1er octobre 1884 choisissant de servir au 65e régiment d'infanterie (R.I.) à Nantes. Capitaine en 1893, il passe en avril 1895 au 2e régiment d'infanterie étranger et s'embarque pour le Tonkin en septembre 1897.

Guillaumat s'y fait remarquer par l'occupation de Kouang-Tchéou-Wan (Guangzhouwan), cédé à bail par le Chine à la France. À l'occasion d'une de ses missions dans l'Empire du milieu, lors de la guerre des Boxers, il prend part, sous les ordres du Général Voyron, à la marche sur Tien-Tsin (Tianjin) et au combat du 23 juin 1900 mené par la colonne internationale devant l'arsenal de la ville, ouvrant la route de Pékin qu'ils atteignent le 14 août. Commandant de la garnison française, il est blessé en défendant la place, héroïsme qui lui vaudra d'être promu Chef de bataillon en décembre 1900.

De retour en métropole, il enseigne en 1903 l'histoire militaire à Saint-Cyr et décroche en 1905 le brevet direct d'état-major avec la mention très bien avant d'intégrer l'École supérieure de guerre en 1906. Il épouse le 17 juillet de cette même année Louise Bibent.

Lieutenant-colonel en 1907, professeur de tactique d'infanterie, Guillaumat est nommé en septembre 1908 commandant du Prytanée militaire. Colonel le 28 septembre 1910, chef de corps du 5e R.I., il rejoint, en janvier 1913, la direction de l'infanterie au ministère de la Guerre. Général de brigade le 8 octobre 1913, il continue sa carrière au ministère de la guerre avant d'être nommé, le 14 juin 1914, chef du cabinet militaire du ministre de la Guerre Messimy.

La guerre déclarée, le Général rejoint la IVe armée en septembre, prenant le commandement de la 33e division d'infanterie (D.I.) avec laquelle il participe à la première bataille de la Marne (6 au 11 septembre 1914) et aux combats sanglants de Vitry-le-François avant de tenir un secteur en Champagne. Affecté à la 4e D.I., devenu général de division à titre temporaire en décembre 1914, il prend, le 25 février 1915, le commandement du Ier corps d'armée (C.A.) aussi appelé le "Groupement Guillaumat", qu'il mènera à la première bataille de Champagne, à celle de la Woëvre (en avril), et avec lequel il tiendra le secteur de Champagne. Son unité participe à la bataille de Verdun en février 1916, avant d'être envoyée en août 1916 renforcer la VIe armée française qui, au nord de la Somme, doit soutenir l'aile droite des armées anglaises. Le 15 décembre 1916, Guillaumat reçoit le commandement de la IIe armée et, à la tête de 650 000 hommes, retourne sur le front de Verdun, arrêtant les attaques allemandes au printemps de 1917. Il part, le 20 avril, à l'assaut des positions ennemies, portant les lignes françaises au nord de la Côte 304 et du Mort-Homme.

Guillaumat succède au Général Sarrail, le 14 décembre 1917, dans les Balkans et prend ainsi le commandement en chef des armées alliées d'Orient. Devant faire face à une situation militaire difficile, il réorganise les forces alliées, rétablissant la confiance et la discipline dans ses rangs. Mettant à profit le transfert de troupes ennemies sur le front de l'Ouest suite à la paix de Brest-Litovsk (3 mars 1918) et de Bucarest (5 mars 1918), Guillaumat lance les troupes françaises et helléniques, rompant ainsi avec la politique défensive du Conseil supérieur de la guerre aligné sur la stratégie anglo-américaine de maintient d'une ligne de front Stavros-Monastir. Il met en place un plan d'offensive générale devant servir de base aux opérations de Franchet d'Esperey, son successeur, et contraindre les armées bulgares à demander un armistice. Mais son principal mérite sur le front d'Orient est d'avoir fait du commandement des armées alliées, qui s'apparentait jusqu'à son arrivée à un état-major supérieur des forces françaises, un outil adapté au commandement d'une force multinationale, outil qui se révélera déterminant lors de l'ambitieuse offensive de septembre 1918.

La deuxième défaite du Chemin des Dames fin, mai 1918, porte les Allemands à 75 km de Paris et motive le retour de Guillaumat en France. Nommé gouverneur et commandant du camp retranché de Paris le 15 juin 1918, il fait accepter le plan d'offensive sur le front d'Orient. La capitale hors d'atteinte, Guillaumat est placé à la tête de la Ve armée, qu'il engage en octobre-novembre 1918 dans la seconde bataille de la Marne puis en Champagne, jusqu'à la Meuse.

Guillaumat est élevé la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur le 10 juillet 1918 et reçoit la médaille militaire le 3 octobre 1918.

Inspecteur général en juin 1919, membre du Conseil supérieur de la Guerre en 1920, il commande l'armée d'occupation du Rhin à partir du 11 octobre 1924 et exerce le commandement supérieur des forces alliées des territoires rhénans. Parallèlement, il préside les commissions de défense du territoire de 1922 à 1931 - la première, créée en 1922 par le ministre de la Guerre, André Maginot, dans le but d'élaborer une organisation défensive du territoire, est remplacée par une commission de défense des frontières, préfigurant la C.O.R.F. ( commission d'organisation des régions fortifiées ) et la "Ligne Maginot".

Ministre de la Guerre dans le cabinet Briand-Caillaux du 23 juin au 20 juillet 1926, il reprend son commandement jusqu'à l'évacuation de la Rhénanie le 30 juin 1930. Continuant à participer aux travaux du Conseil supérieur de la Guerre, il est mis hors-cadre sans emploi le 4 juin 1933. Partisan d'une politique de rigueur, Guillaumat ne cessera d'attirer l'attention de la classe politique sur les dangers d'un réarmement allemand et sur la nécessité pour la France de conduire une politique militaire : allongement du service national, construction d'ouvrages défensifs aux frontières, modernisation des armées.

Retiré à Nantes, où il décède en 1940, ses cendres rejoignent le caveau des gouverneurs (Hôtel national des Invalides) en novembre 1947.

 
Sources : R. d'Amat et R. Limouzin-Lamothe, Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey, 1965, tome 16, col. 138-139
J.-P. Gomane, "L'expédition internationale contre les Boxers et le siège des légations (juin-août 1900)", Revue historique des armées, 230, 2003 (n°1), pp. 11-18. B. Hamard

Biographies associées :
- Noel Léon Un Chef, Le Général Guillaumat, éditions Alsatia, 1949
- Paul Guillaumat, Correspondance de guerre du Général Guillaumat, éditions L'harmattan, 2006
- "Les commandements français des Armées alliées d'Orient et la défense de la crédibilité du front balkanique (1917-1918), Revue historique des armées, 201, 1995 (n°4), pp. 108-117

François Haxo

1774-1838

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François Haxo. Source : SHD

Né lorrain, originaire de Lunéville ( Meurthe-et-Moselle ), capitaine à 22 ans, François Nicolas Benoît Haxo participe aux campagnes de 1794 et 1795 dans les armées de la République.

En 1796, il est élève de la toute nouvelle École Polytechnique, créée deux ans auparavant. Ingénieur, il entreprend des travaux de fortifications aux frontières. Sous le premier empire, en 1810, il mène les travaux du fort de Bard ( Jura ) puis des fortifications en Italie, suivies d'autres pour améliorer la défense du détroit des Dardanelles, en Turquie.

C'est en 1811 que Napoléon Ier le nomme à la tête du génie de l'armée d'Allemagne où il exécute de gros travaux à Meldin, à Dantzig où il créée des batteries casematées. Gouverneur de la place de Magdebourg puis chef du génie de la Garde impériale en 1813, sa carrière ne s'arrête pas à la chute de l'Empire car, sous la Restauration, il exerce les fonctions d'inspecteur général des fortifications. Durant plusieurs années, il oeuvre aux fortifications frontalières, à la remise en état de forteresses essentielles à la défense du royaume.

 

MINDEF/SGA/DMPA Daniel Bax et Pierre Hervet

André Maginot

1877-1932

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André Maginot Photo ECPAd

 

André Maginot est né à Paris le 17 février 1877 et meurt à Paris le 6 janvier 1932.

Auditeur au conseil d'État à 23 ans, André Maginot est élu député de la Meuse en 1910. Il se spécialise dans l'étude des questions militaires. Plusieurs fois secrétaire d'Etat et ministre, il est sous-officier durant la Grande Guerre, et est très grièvement blessé.

En tant que ministre de la Guerre de 1922 à 1924 et de 1929 à 1932, il active la réalisation du programme de fortifications. Le 28 décembre 29, il présente aux députés son projet de loi de financement qui est voté le 14 janvier 1930 accordant sur cinq ans 2 900 millions de francs pour la défense terrestre des frontières. Par des additifs, le total des crédits s'élève à 3 442 millions à la fin de 1930 avec cette répartition en coûts de travaux : 55 % pour la Lorraine, 26 % pour l'Alsace, 10 % pour les Alpes.

Fin 1936, le système défensif est terminé, baptisé " ligne Maginot " par les journalistes, ayant coûté environ 5 milliards de francs soit 1,6 % des dépenses budgétaires de la période 1930-36.

Il meurt en 1932, emporté en quelques jours par la typhoïde.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Daniel Bax, Pierre Hervet