Le tourisme de mémoire allemand en Normandie

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Cimetière militaire allemand de La Cambe (Calvados), 10 juin 2013. © David Major

Quatrième clientèle étrangère en Normandie, les Allemands viennent avant tout y apprécier la mer, les paysages, le patrimoine et la gastronomie. Si l’histoire, et notamment celle de la Seconde Guerre mondiale, reste également l’une de leurs motivations, on estime à seulement 300 000 le nombre de visiteurs de cette nationalité dans les sites et lieux de mémoire du territoire. Les y amener demeure un enjeu pour la Région.

 

La mise en tourisme des lieux de mémoire

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Plage d’Arromanches (Normandie) à l’occasion du 70e anniversaire du débarquement, juin 2014. © Calvados Attractivité

La visite des lieux de mémoire en France connaît un essor sans précédent portée par de nombreux aménagements réalisés à l’occasion des commémorations récentes des deux guerres mondiales. Une mise en tourisme qui diffère sensiblement en Allemagne où la gestion des traces du passé récent pose d’innombrables questions.

Commémorer autrement en France

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Captation et retransmission en direct sur les réseaux sociaux de la cérémonie du 70e anniversaire de la participation du bataillon français de l’ONU à la guerre de Corée, Paris, 18 mai 2021. © Maurice Bleicher

Depuis près de cent ans, la politique commémorative de la France s’organise autour de journées nationales, essentiellement fixées par la loi, et de cérémonies marquant l’anniversaire d’événements historiques dans le cadre de thématiques annuelles. Aujourd’hui, à l’aune de la disparition des acteurs et témoins des conflits du XXe, les commémorations prennent d’autres formes, plus actuelles, pour répondre à l’enjeu de transmission.

Mémoire militaire en République Fédérale d’Allemagne

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Cérémonie de prestation de serment de jeunes recrues devant le château Bellevue à Berlin, résidence du président de la République fédérale, avec les distances "covid". © Ministère de la défense de la République fédérale d’Allemagne

Rappelant parfois le pays à ses heures les plus sombres, la mémoire militaire de la République fédérale d’Allemagne s’incarne aujourd’hui au travers de deux dates symboliques. Héritière directe de cette histoire, la Bundeswehr, qui désigne désormais les forces armées du pays, a su composer avec les origines de cette culture mémorielle et admettre ses spécificités.

Les commémorations nationales en Allemagne

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Cérémonie devant le monument aux morts de la Bundeswehr situé dans l’enceinte du ministère de la défense à Berlin. © Ministère de la défense de la République fédérale d’Allemagne

Si la France rythme son calendrier autour de onze journées nationales commémorant les conflits contemporains, l’Outre-Rhin n’en compte que cinq en sus de la fête nationale. La programmation mémorielle allemande admet également, au gré des anniversaires et grands cycles, plusieurs temps commémoratifs qui se renouvellent annuellement. Celle-ci se déploie par ailleurs à diverses échelles, selon un protocole et des règles d’usage bien déterminés.

La politique en faveur des vétérans allemands après 1955

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Remise des premiers insignes de vétérans par la ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen, sur la base aérienne de Fassberg, 15 juin 2019. © Reservistenverband/Sören Peters

Si la politique de réparation et de reconnaissance à l’égard des anciens combattants s’est brusquement interrompue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, elle se déploie à nouveau, ces dernières années, en direction des soldats engagés en opérations extérieures.

Les vétérans de la Wehrmacht dans l’Allemagne de l’après-guerre

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Procès des criminels de guerre à Nuremberg, par le tribunal militaire allié (du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946). © akg-images

En Allemagne, compte tenu des crimes commis par la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, se pose au lendemain de 1945 la question de la place des officiers généraux dans les forces armées et la société allemandes, alors que le pays se trouve scindé en deux par la guerre froide.

La politique à l’égard des anciens combattants depuis la Grande Guerre en France

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Carte du combattant. © Collection Maurice Bleicher

En France, la catastrophe de la Première Guerre mondiale fonde la politique sociale à l’égard de ceux qui ont combattu, telle qu’on la connaît encore aujourd’hui. Elle repose sur des principes liés que sont la réparation, la reconnaissance et la solidarité, et se conduit en étroit partenariat avec le monde associatif.

Valoriser le patrimoine funéraire de mémoire en France

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Nécropole nationale de Souain - Perthes-lès-Hurlus – L’Opéra. © Guillaume Pichard

En France, outre l’entretien des sépultures de guerre, le ministère des armées développe depuis quelques années une politique ambitieuse de valorisation des 275 nécropoles, des quelque 2 200 carrés militaires disséminés sur le territoire national et du millier de lieux de sépultures militaires françaises répartis dans près de 80 pays, lieux emblématiques d’hommage et de transmission de la mémoire.

Entretenir les sépultures

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Chantier de jeunes Français et Allemands sur le champ de bataille du Hartmannswillerkopf. © VDK

En France, les paysages portent l’empreinte de l’histoire des deux guerres mondiales qui se sont jouées sur son sol. En particulier, les cimetières militaires sont des appels au souvenir, à l’hommage et à la réflexion. La France compte, outre les sépultures françaises entretenues par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), de nombreux cimetières allemands dont la gestion est confiée au Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK).

 

Les mémoires

Les mémoires

Links: Einmarsch der alliierten Truppen in Paris, 25. August 1944. © akg-images Rechts: Rückkehr von Zivilisten in das zerstörte Berlin, 1945. © akg-images

Si l’Allemagne et la France se sont affrontées à trois reprises en 75 ans, les mémoires héritées de ces conflits ne sauraient être parfaitement identiques. En effet, le récit des vainqueurs ne peut être comparable à celui des vaincus. Si la guerre de 1870 est vécue comme un véritable traumatisme du côté français, les Allemands la considèrent sous l’angle de la victoire écrasante. Pour chaque conflit qui la suivra, le mot d’ordre sera souvent de se souvenir des succès, des sacrifices, de rappeler les combats importants dans lesquels les armées se sont battues de manière héroïque ou de rendre hommage aux trop nombreuses victimes. Quelquefois, la voie choisie sera aussi un temps celle de la repentance. Cette dissonance des récits trouve également son explication dans le fait que certains d’entre eux se sont vu "privilégiés", soit par un État stratège ou un simple engouement populaire. Elle résulte enfin d’un phénomène d’écriture de certaines mémoires au présent. Cette deuxième partie se propose de mettre en avant l’évolution et les spécificités des mémoires des conflits contemporains en France et outre-Rhin, tout en dessinant les enjeux commémoratifs de demain.

La mémoire des opérations extérieures en France (OPEX)

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Monument aux Morts en OPEX, parc André Citroën, Paris, 27 mars 2021. © DR

Depuis la fin de la guerre d’Algérie, les armées françaises se déploient sur de nombreux théâtres extérieurs pour protéger les populations, sauvegarder la paix ou lutter contre des groupes terroristes. Ces nouvelles formes d’engagement militaire font émerger une nouvelle mémoire combattante, que l’État se doit d’entretenir et de transmettre.

La mémoire des opérations extérieures (OPEX) en Allemagne

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Forêt du Souvenir, près de Potsdam. © Nina Leonhard

Une commémoration institutionnalisée des expériences de la Bundeswehr en OPEX est relativement récente en Allemagne. Elle est étroitement liée à son engagement en Afghanistan (2001-2014), théâtre extérieur sur lequel les armées allemandes ont subi leurs premières pertes. C’est cette réalité qui incita les autorités politiques à accompagner la construction d’une nouvelle mémoire combattante.

La mémoire des colonisations et décolonisations

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Humboldt Forum, Berlin, 12 février 2021. © Riesebusch

Gildas Riant est professeur d’histoire-géographie. Membre du CEREG (Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone), il prépare actuellement une thèse en Études germaniques sur "la colonisation dans les manuels scolaires d’histoire français, allemands et autrichiens depuis la fin des années 1980" à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

 

La place des femmes dans la mémoire nationale française

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Inauguration de l’exposition "Les Femmes au travail" dans les locaux du ministère des Droits de la femme, le 8 mars 1982. © Keystone France/Gamma Rapho

En France, l’étude de la place des femmes dans la mémoire combattante peut difficilement se passer d’une mise en perspective plus large, incluant une analyse du rôle des femmes dans l’histoire contemporaine et de la place qu’elles occupent parmi les grands symboles nationaux, tel le Panthéon. Cette histoire est aussi celle des féministes dont le combat a permis aux femmes de conquérir peu à peu l’espace public mémoriel.

La place des résistantes dans la mémoire nationale allemande

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Nina von Stauffenberg (troisième en partant de la droite), veuve de Claus von Stauffenberg, lors des commémorations de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, 20 juillet 1953. © Harry Croner/Ullstein Bild/Roger-Viollet
Nina von Stauffenberg (troisième en partant de la droite), veuve de Claus von Stauffenberg, lors des commémorations de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, 20 juillet 1953. © Harry Croner/Ullstein Bild/Roger-Viollet

En juin 2019, le Parlement allemand adoptait la motion "Rendre hommage aux femmes dans la résistance allemande", qui constatait l’invisibilité des résistantes tant dans l’espace public que dans la recherche. Pourtant, ces dernières ont eu une fonction primordiale. Elles sont cependant devenues essentiellement les médiatrices de la mémoire des hommes, ce qui a contribué à occulter ou à minimiser leur propre rôle.

La mémoire des armistices de 1940

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"Le Wagon de l’Armistice". France, 1940. Métal (3,9 x 8 x 3,3 cm). © Laure Ohnona/La Contemporaine

Certaines mémoires sont vouées à n’être qu’un temps. Il en va de celles des armistices de l’année 1940, qui entérinent la défaite française et mettent fin aux combats. Bien que l’Allemagne s’en réjouisse sur l’instant, cet épisode ne laissera pas place à des commémorations régulières. En France, s’il est timidement célébré par le régime de Vichy, il est rapidement remplacé par la remémoration du refus. En effet, l’appel du 18 juin constitue aujourd’hui un marqueur important dans le calendrier commémoratif.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne

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, le mémorial devint à la fois un lieu de mémoire incontournable et un espace dédié à l’éveil des consciences politiques. © DR

En Allemagne, aucune geste mémorielle n’est spécifiquement associée au souvenir de la Seconde Guerre mondiale. L’évolution politique, sociale et historiographique des 80 dernières années permet toutefois de mieux comprendre les pratiques commémoratives liées à cette mémoire, les récits que le grand public faisait de la guerre ou encore les moyens mobilisés par l’État pour représenter le passé au fil du temps.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France

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Cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin (1899-1943) au Panthéon. Paris, décembre 1964. © LAPI/Roger-Viollet

La mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale en France intègre aujourd’hui plusieurs composantes, telle la figure du Résistant, la victime juive ou encore le régime de Vichy. Ces différentes mémoires ont toujours fait partie du paysage français, l’une dominant parfois l’autre au fil des différents régimes mémoriels qui se sont succédé.

La mémoire de la Grande Guerre

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François Hollande et Angela Merkel ravivent la Flamme à l’Ossuaire de Douaumont, à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun, 29 mai 2016. © Mathieu Cugnot/Pool/AFP
François Hollande et Angela Merkel ravivent la Flamme à l’Ossuaire de Douaumont, à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun, 29 mai 2016. © Mathieu Cugnot/Pool/AFP

Le centenaire de la Grande Guerre a ravivé, en France et en Allemagne, le souvenir d’un conflit qui a profondément marqué les sociétés et paysages des deux pays au lendemain de l’Armistice. En réalité, cette mémoire n’a jamais cessé d’irriguer les territoires français et allemands. Depuis plus d’un siècle, elle se construit et se reconstruit au fil du temps à l’aune des histoires nationales et de la construction européenne.