2020, année "de Gaulle"

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Exposition « 1940, il est devenu de Gaulle », du 15 février au 17 octobre 2020, mémorial Charles de Gaulle, Colombey-les-deux-Églises.

1945. La libération de Colmar

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Février 1945. Libération de Colmar. Cérémonie franco-américaine. © Henri Malin/SCA/ECPAD.
Février 1945. Libération de Colmar. Cérémonie franco-américaine en présence du maréchal de Lattre de Tassigny et du général américain Devers. © Henri Malin/SCA/ECPAD.

Les alliés préparent la paix - Février 1945

Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora

Gravelotte

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Halle du Souvenir ©Jwh at Wikipedia Luxembourg

Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse, mi-août 1870. La Moselle allait connaître trois batailles sanglantes, dont celle dite de « Gravelotte ».

Fiche ressources : Musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion
- Dossier thématique :

Commémorer le 150e anniversaire de la guerre de 1870

 

 [Websérie] 1870, l’année terrible – 1/10 :

musée de la Guerre de 1870 et de l’annexion de Gravelotte. © Ministère des Armées

 

La bataille de Gravelotte (pour les Allemands) ou de Saint-Privat (pour les Français) qui se déroula le 18 août 1870 à l'ouest de Metz ouvrit la voie à la capitulation de l'armée française et à la reddition de Napoléon III, le 2 septembre 1870, à Sedan.


Musée de la Guerre 1870 et de l'Annexion - 11, rue de Metz - 57130 Gravelotte
- Tél. 0033 (0)3 87 33 69 40 - contact.musee-guerre-70@moselle.fr


 

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Infos pratiques

Adresse

11 Rue de Metz 57130
Gravelotte

Maurice Genevoix

1890-1980

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© Famille Genevoix

Maurice Genevoix par lui-même

 

Maurice Genevoix est né le 29 novembre 1890 à Decize (Nièvre), « petite ville en Loire assise ».

Ses lointains ancêtres, suisses et catholiques fervents, avaient trouvé refuge en France lorsqu’ils avaient fui la répression calviniste. De là leur nom de Genevois, le « x » limousin ayant plus tard remplacé le « s ». Son père, Gabriel Genevoix, fils et petit-fils de pharmaciens, lui-même agent d’affaire, s’installe peu après son mariage à Châteauneuf sur Loire. Il vient remplacer son beau-père, souffrant, qui dirigeait un négoce d’épicerie en gros.

« Ma mère avait vingt ans lorsque j’ai ouvert les yeux. C’est dans ses bras que j’ai valé, un an plus tard, jusqu’à Châteauneuf. Valer, cela veut dire, dans le langage de nos vieux mariniers, suivre le f il de l’eau, se confier au courant et, symboliquement, au destin. »

Châteauneuf le retiendra longtemps. Il y connaît avec son jeune frère René, né en 1893, les années heureuses et insouciantes d’une vraie enfance, avide et « toute entière offerte ». Elle modèle sa sensibilité naissante, lui apprend, jour après jour, « un monde éternellement vierge, merveilleux, inépuisablement fleurissant ».

« La vie allait, pour moi, au rythme de l’enfance qui fait de chaque journée comme une petite éternité. »

Ce « monde », c’est aussi celui de l’ »Asile », l’école maternelle où on le met à 22 mois. Puis celui de la « grande école », l’école communale où il porte la croix qui récompense les bons élèves, ce qui ne l’empêche pas d’être un enfant « fougueux ».

« Nous étions, à force de vitalité, infernaux. Lorsque, après la trêve de midi, je retournais à l’école, bien avant la rue du Mouton j’entendais par-dessus les toits voler la clameur de cent voix avant la mue. Et je me mettais à courir.

Tous « élèves », tous en tablier noir, tous solidaires, tous égaux devant les prophètes de la laïcité ; et néanmoins aussi divers que leurs parents citoyens ».

Il parlera souvent de sa vie familiale à Châteauneuf, de sa mère Camille, tendre et gaie, du « magasin » où il découvre les odeurs et les bruits de la vie, et des trois maisons où il vécut successivement.

« A mesure que s’éveillait ma personnalité d’enfant, ma façon propre de percevoir et de sentir, je me jetais avec avidité vers le monde qui m’était donné. Je découvrais la rue, les jardins, le petit peuple des ateliers et des boutiques, les bords du fleuve aussi, les quais pavés où les lourds anneaux d’amarrage s’endormaient sous l’herbe et la rouille, les bachots goudronnés des pêcheurs, le banc d’ablettes tournant avec les remous savonneux à l’arrière du bateau-lavoir. »

« Je tiens plus que jamais comme un grand privilège, d’avoir passé toute mon enfance dans une petite ville française d’avant 1914. »

Tout change pourtant lorsque, à 11 ans, il entre au lycée d’Orléans, à 20 kilomètres de là, comme pensionnaire et pour sept ans.

« Pour la première fois, je me voyais matriculé : numéro 4. On penserait à la vie militaire si l’on n’avait pas connu aussi, aux premières années de ce siècle, la vie d’un élève interne dans un lycée de préfecture française. Tout ce qu’évoque le mot « caserne », c’est là que je l’ai connu, à 10 ans, au lycée Pothier, rue Jeanne d’Arc, à Orléans : un juriste, une rue noble et froide, droite et « raide comme la justice », tirée d’un rigoureux cordeau entre la rue Royale et la cathédrale Sainte-Croix. »

Il a pour consolation le goût très vif de la camaraderie, son aptitude au dessin et le prodigieux trésor qu’est la lecture qui lui ouvre un autre univers. Jules Verne l’ennuie, il s’enthousiasme pour Sans famille d’Hector Malot, avant de se plonger dans London ou Kipling, Daudet, Dumas et surtout Balzac qui le laisse « proprement suffoqué. Quel ébranlement ! ». Et il n’a qu’une seule attente : le dimanche et les vacances, pour retrouver la liberté et la chaleur de la vie familiale.

Mais en 1903, à douze ans, il perd sa mère.

« Le 14 mars 1903, par un matin d’avant printemps d’une magnificence indicible, j’avais été, en pleine étude, appelé chez le proviseur. Il m’avait si j’ose ainsi dire, « préparé ». Gêné, certainement pitoyable, il avait peut-être hésité à m’asséner d’emblée le coup. Mais son regard, sa voix louvoyante m’avaient dès le premier instant jeté au fond d’un désespoir corrosif, celui de l’adolescent pantelant précipité vers le plus dur de tout.

Celui qui, venu l’été et les vacances, erre sans fin sur les bords de le Loire a retrouvé à Châteauneuf une maison sans lumière, un père accablé de chagrin qu’une tristesse de jour en jour plus lourde jette à des exigences qu’un garçon si près de l’enfance ne peut reconnaître et comprendre. L’âpre faim de liberté que l’Internat, sourdement, fait lever dans son subconscient le pousse à une intolérance que l’homme blessé ne tolère pas. Alors il fuit, décevant un appel qui refuse de s’exprimer. »

« Depuis…Il est certain ordre du monde, je le sais, je l’ai appris, qui n’a que faire de la mort d’une jeune femme, d’un enfant. Mais je sais bien aussi que ma révolte était chose d’homme, que mon refus, par delà cette tombe refermée, justifiait ma propre survie, mon consentement au monde, à la beauté des aubes et des soirs, à la pureté de l’air qu’on respire, aux enfants que j’aurais moi-même. Pendant combien d’année me suis-je éveillé, certaines nuits, le cœur bondissant de joie, les oreilles vibrantes encore au son d’une voix qui venait de m’appeler, les mains chaudes de l’étreinte qui les nouait aux mains maternelles ? Des larmes baignaient mon visage, douces celles-là, même après le réveil. Vieil homme que je devenu, j’ai retrouvé, j’ai gardé une mère jeune, rieuse et tendre ; c’est elle, aujourd’hui encore, après les épreuves des années, qui ranime au fond de mon cœur, l’invincible amour de la vie qui ne s’éteindra qu’avec moi. »

Maurice Genevoix est un élève brillant, et son père décide de lui faire poursuivre ses études. « Très tôt, vers treize ou quatorze ans, j’ai été tourmenté du besoin de m’exprimer, d’écrire. »

Il quitte Orléans pour rentrer en Khâgne au lycée Lakanal à Sceaux : « qui avait un parc où nous pouvions fumer la pipe et une famille de daims, comme nous, captifs dans un enclos ».

S’il ne recule pas devant le travail, il reste avide de liberté et volontiers frondeur, sautant par-dessus la grille du parc pour aller prendre, chaque matin, son café-crème au bar-tabac de Bourg la Reine.

Admis en 1911 à l’Ecole Normale Supérieure de le rue d’Ulm, il décide d’effectuer son service militaire avant d’entreprendre ses études de normalien. Il est affecté à Bordeaux au 144ème Régiment d’infanterie. Mais, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, cette année de « servitude militaire » ne lui pèse pas.

« Tout compte fait, (…) par comparaison avec la servitude lycéenne, (elle) m’a laissé le souvenir d’une libération allègre, traversée d’épisodes comiques… »

Il évoque même avec enthousiasme son stage au bataillon de Joinville.

« Ces semaines-là, cette année-là ont été à coup sûr parmi les plus belles de ma vie. Exaltation, harmonie, défis à soi-même lancés, simple bonheur quotidien de découvrir, émerveillé, les ressources d’un corps toujours égal aux audaces de sa jeunesse. »

Rue d’Ulm, il est élève, de 1912 à 1914, de l’historien Ernest Lavisse, directeur de l’Ecole, qui, en 1916, préfacera son premier livre, Sous Verdun.

« L’école, avec ses libres rencontres, ses libres choix, son abondance, ses contrastes d’individu à individu, prolongeait sur un plan différent, les enchantements de ma prime jeunesse ».

« L’ironie, le refus d’être dupe, la virtuosité d’un esprit critique soumis à un entrainement assidu… Le meilleur que je doive à Normale, je le dois aux normaliens ».

Il le doit également à deux hommes : Paul Dupuy, le secrétaire général de l’Ecole, avec qui il entretiendra, trente ans durant, une correspondance presque quotidienne, et Lucien Herr, le Bibliothécaire, « qui savait tout et surtout donnait à chacun la clé dont il avait besoin ».

« Dupuy et Herr (…) demeurent à mes yeux les détenteurs et les exemples d’un humanisme trop oublié, ou méconnu, dont le déclin ou l’abandon n’honorent pas le temps où nous sommes ».

Il présente en 1913, pour son diplôme d’études supérieures, un mémoire remarqué sur le « Réalisme des romans de Maupassant », qui semble lui promettre une brillante carrière universitaire.

«Cacique» de promotion, je voyais s’ouvrir devant moi les avenues d’une carrière universitaire facile. Entre elles, au moins virtuellement, j’avais déjà orienté mon choix. Je ne me sentais pas fait pour le professorat des lycées. Si je me voyais des élèves, ils étaient proches de moi par l’âge. Si je me sentais le goût d’éveiller des curiosités, je voulais que ce fût hors de contrainte, sans souci de programmes imposés qu’il fallût « boucler » dans l’année. C’est pourquoi j’envisageais de me faire déléguer, dès la fin de mes années d’Ecole, auprès des universités étrangères ».

La guerre qui éclate ne lui laisse pas le temps de passer son agrégation. Mobilisé le 2 août 1914, il rejoint le 106ème Régiment d’infanterie, comme sous-lieutenant, à Châlons-sur-Marne. Il part, sans fleur au fusil, triste jusqu’au fond de l’âme, mais en même temps « curieux ; intensément, de toutes parts ouvert et réceptif, intéressé au point d’en oublier mon appréhension ou ma peur ».

Mais, en quelques semaines, « cette énorme mêlée qui restait monstrueusement à mesure d’homme » le jette dans un univers de sang, de douleur et d’horreur.

« Toujours tout : la pluie sur le dos blême d’un mort, les obus qui enterrent et déterrent, et qui tonnent, et glapissent avec ces étranges stridences, ignoblement ricanantes et gaies.

De plus en plus souvent, à mesure que croît notre fatigue, des images fiévreuses jaillissent avec les éclatements : sauter, tout le corps en lambeaux ; retomber sur le parapet, le dos crevé, comme Legallais ; n’avoir plus de tête, la tête arrachée d’un seul coup, comme celle de Grandin, comme celle de Ménasse, comme celle de Libron qui à roulé chez nous, lancée chez nous par l’entonnoir voisin dans son passe-montagne de laine brune ; éparpiller de motte en motte ces petites choses poisseuses qu’on pourrait ramasser en étendant la main et qui viennent d’où, et s’appelaient de quel nom ?Desoigne ? Duféal ? Ou Moline ?

Cela ne nous quitte plus guère ; on se sent le diaphragme serré, comme par une main presque immobile. Contre mon épaule, l’épaule de Bouaré se met à trembler, doucement, interminablement , et quelque part une plainte monte des entrailles de la terre, un gémissement régulier, une sorte de chantonnement très lent. Où est-ce ? Sui est-ce ? Il y a des ensevelis par là. On cherche ; cela distrait. »

Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun. Après quatre mois passés aux Eparges, son bataillon est envoyé à la «tranchée de Calonne », route forestière stratégique qui longe les Hauts de Meuse.C’est là que, le 25 avril 1915, il est touché par trois balles au bras et à la poitrine, qui lui sectionnent l’artère humérale. Il est évacué à l’hôpital de Verdun, puis à Vittel, Dijon et Bourges. Pour lui, la guerre est terminée. Après sept mois de soins, il est réformé à 70% d’invalidité.

Au mois d’août 1916, il retourne à Paris, pour assurer un service bénévole à la Fraternité franco-américaine ( Fatherless Children Association ) et, à l’invitation de Paul Dupuy, loge à l’Ecole Normale. Mais accueille avec révolte la proposition que lui fait le nouveau directeur de l’Ecole, Gustave Lanson, de reprendre ses études en vue de l’agrégation.

« Monsieur, nous avons beaucoup changé. Du tout au tout, en vérité. Morale, culture, justice, rien de ce qu’évoquait pour nous le mot de civilisation que nous n’ayons dû remettre en cause. »

Paul Dupuy l’encourage depuis plusieurs mois à écrire un livre à partir de ses souvenirs de guerres, qu’il avait consignés dans de petits carnets. Ce sera Sous Verdun, écrit en quelques semaines, et préfacé par Ernest Lavisse, paru en 1916 et largement censuré. Ce premier lire sera suivi de Nuits de guerre (1917), Au Seuil des Guitounes (1918), La Boue (1921), Les Eparges (1923). Tous ces volumes, unanimement loués, seront ensuite réunis sous le titre Ceux de 14.

Ces livres de guerre ont été écrits à Châteauneuf. Sur l’ordre des médecins – il venait d’avoir la grippe espagnole – il avait dû quitter Paris. Mais ce qui lui avait été prescrit était vite « devenu un libre choix ». A Châteauneuf, auprès de son père, il a retrouvé avec « ivresse » et ferveur les horizons de son enfance, où rien n’a changé en son absence. Après avoir été « écrivain de guerre », il sera donc aussi le peintre du pays de Loire, avec un premier roman, Rémi des Rauches (1922), le livre du retour à la vie et des retrouvailles avec le fleuve, sa terre de lumière. Il n’en est pas moins le prolongement de son œuvre de guerre.

« Rémi des Rauches est de 1922 ; Je l’ai écrit après La Boue et avant Les Eparges (…) Mais c’est encore, bien que la guerre n’y soit à aucun moment évoquée, ni même nommée, un livre de guerre ».

Mais le fleuve est en même temps apaisant, libérateur et il ne cessera désormais de le célébrer.

« C’était la Loire. Maîtresse de toutes les heures qui passent, miroir des clairs de lune et des nuits plaines d’étoiles, des brumes roses des matins d’avril, des nuages fins qui raient les couchants de septembre, des longues flèches de soleil dardées à travers les nuages de l’été, elle prenait ce soir-là qui passait, et d’instant en instant, au fil de ses eaux tranquilles, elle l’entraînait doucement dans la nuit ».

En 1925, à 35 ans, Maurice Genevoix publie Raboliot qui reçoit le prix Goncourt.

« Le beau livre ! Le beau livre, plein de parfums, de vigueur, d’humanité…Ce style simple et clair, lumineux, où s’affirment exacts les moindres détails, la couleur des fouilles, les nuances d’horizon ; l’extrême précision du coup d’œil, la comparaison juste et courte, en un mot cet admirable don descriptif…Aussi la belle unité de l’œuvre, car l’auteur y va droit d’un bout à l’autre à ce qu’il veut, à ce qu’il sent : la phrase souple et nerveuse à la fois, finie, moulée…Oui, c’est un grand livre. » écrit le jury qui vient de le couronner.

Pour l’écrire, il s’est installé, des semaines durant, sur un terrain de chasse acquis par son oncle « entre Sauldre et Beuvron ».

« Adossée à un bois de bouleaux, entourée de bassins d’alevinage, face au bel étang de Clousioux hanté de buses et de hérons, quel quartier général eût été plus propice que la maison du garde-chasse Trémeau aux projets que je méditais ? J’ai vécu là des jours, des nuits aussi dont pas une heure n’a pas passé à vide, n’a sonné le creux : une osmose entre la terre et moi, les près roucheux, les chênes ronds épars dans la brume légère du Beuvron, le jappement d’un renard sur une trace, le mugissement d’un héron butor dans le jonchère, l’éveil du jour, la première étoile, le saut d’une carpe, le vol planant d’une buse en chasse ».

De modèles de braconnier, il n’en avait pourtant pas rencontré. C’est le seul, ou avec des gardes-chasses, qu’il avait appris à secouer le « grelot », à promener la lanterne, à poser les collets. Homme libre, rétif à toute forme d’ « embrigadement », selon le mot qu’il emploiera souvent, il l’est jusqu’à préférer les rebelles et les révoltés. De Raboliot au grand cerf rouge de La Dernière Harde, toute son œuvre exalte la liberté considérée comme un bien naturel.

« L’instinct de liberté (…) toujours m’a guidé aux heures des choix comme un bon et sûr compagnon ».

En ces années 1925, 1926, 1927, le succès, loin d’éloigner Maurice Genevoix de sa terre natale, lui permet de jeter son ancre au bord de la Loire, dans une maison à son goût. Il la trouve un jour de 1927, au hasard d’une promenade à Saint-Denis-de-l’Hôtel, une petite maison paysanne, « abandonnée des hommes mais peuplée d’oiseaux et de plantes qui s’y épanouissaient en liberté ». Ce sont les Vernelles. « Je n’en ai point chassé les nids, ceux des rouges-queues sous les avancées du toit, ceux des merles dans la haie, ceux ces fauvettes babillardes dans les saules buissonneux du talus. C’est de là que pendant vingt ans, jour à jour, j’ai vu le ciel changer aux couleurs des saisons, écouté les cloches de Jargeau répondre à celles de Saint-Denis. C’est là que je reviens, chaque année, voir rougir les fraises des bois, jusqu’au temps où la coulemelle hausse son chapeau sous les acacias, où les feux d’herbes, fumant par la vallée, annoncent les vols des oiseaux migrateurs. »

Après le décès de son père, qui succombe à une brève pneumonie en juillet 1928, Maurice Genevoix décide de passer la fin de l’été aux Vernelles. Il y séjourne avec Angèle qui était au service de la famille depuis 1898. Dans leurs bagages, un chat qui goûte si fort les charmes des Vernelles qu’à leur retour à Châteauneuf, en septembre, il reprend le chemin de Saint-Denis-de-l’Hôtel. De cette anecdote domestique, Genevoix fera un roman, Rroû récemment réédité avec une préface d’Anne Wiasensky (1931). Cette œuvre, avec La Boîte à pêche (1926), marque le début d’une production particulière dans l’œuvre de Maurice Genevoix, celle des « romans-poèmes » comme Forêt voisine (1933), La Dernière Harde (1938), Routes de l’aventure (1959) et les Bestiaires (Tendre bestiaire et Bestiaire enchanté en 1969, Bestiaire sans oubli en 1971), écrits en grande partie aux Vernelles.

Au début de l’année 1939, deux mois après la mort de sa première femme, il quitte les Vernelles pour un voyage de plusieurs mois au Canada, où il doit donner une série de conférences. Il y restera jusqu’à la veille de la guerre. L’amoureux des bords de Loire ne recherche pas dans ce voyage un dépaysement, mais au contraire, « une consonance à soi-même ». De retour en France, il publiera ses notes de voyage (Canada, 1943) et consacrera à ce pays plusieurs ouvrages : d’abord un recueil de nouvelles, Laframboise et Bellehumeur (1942), puis un roman, Eva Charlebois (1944). Le Canada sera encore présent dans Les Routes de l’Aventure (1959) et au fil de contes pour enfants, L’hirondelle qui fit le printemps (1941) et l’Ecureuil du Bois-Bourru (1947).

« De tous les pays où j’ai porté mes pas de voyageur, c’est le Canada qui m’a le plus séduit et retenu (…) Il me proposait des thèmes qui s’harmonisaient comme d’eux-mêmes à mon univers intérieur ».

En 1940 il quitte Les Vernelles pour la zone libre et s’installe pour deux ans dans un village de l’Aveyron. Il y écrit La Motte rouge (1946), un roman terrible sur l’intolérance et les Guerres de Religion, qui ne peut être lu sans la clé que constitue l’Occupation, comme en témoigne l’épigraphe : « C’était un temps fort calamiteux et misérable ».

Il y rédige aussi un « journal des temps humiliés », disparu dans la tourmente et retrouvé beaucoup plus tard. Il y rencontre sa seconde femme, Suzanne Neyrolles, veuve elle aussi et mère d’une petite fille, Françoise.

Après l’invasion de la zone sud par les Allemands, tous trois regagnent Les Vernelles. Mais la propriété a été pillée et saccagée. Il songe à la vendre mais Suzanne Genevoix s’emploie alors à lui rendre son visage et son âme. Leur fille Sylvie y naît le 17 mai 1944.

« Elle riait, levait les yeux vers moi, me prenait à témoin de sa joie, toute consentement au monde, à ses merveilles, à leur afflux miraculeux. Qu’est l’amour s’il ne partage, s’il n’accepte ce qu’il reçoit du même mouvement qu’il offre et donne ? »

La guerre terminée, il reprend ses voyages et ses cycles de conférences qui le mènent cette fois en Europe, aux Etats-Unis, au Mexique et en Afrique (Tunisie, Algérie, Maroc, Sénégal, Mauritanie, Guinée, Nigéria). Après le Canada, l’Afrique stimule son imagination créatrice. Afrique blanche-Afrique noire, ouvrage d’impressions de voyage, paraît en 1949 et le roman, Fatou Cissé, lui aussi inspiré par l’Afrique, en 1954.

Il se montre attentif aux problèmes de tous ordres rencontrés par ces pays, avec leurs aspects politiques. Mais pour lui, voyager permet surtout de découvrir des paysages et des coutumes dans leur diversité et au-delà, reconnaître des manières de vivre, d’être, de penser qu’il qualifie d’universelles.

« J’ai approché d’autres cultures, perçu leur chaleur véritable et senti s’émouvoir en moi le sentiment de fraternité humaine qu’y avaient éveillé mes passages parmi des hommes vrais. »

Elu en 1946 à l’Académie Française au fauteuil de Joseph de Pesquidoux, il y a été reçu le 13 novembre 1947 par André Chaumeix.

« L’on n’entre ici jamais seul…Pour les hommes de mon âge il est parmi ces disparus des ombres qui ont gardé et garderont à jamais le visage de la jeunesse. De ces jeunes morts de la guerre, notre jeunesse à nous et notre âge mûr ont été douloureusement privés… »

« Je tiens pour un émouvant privilège la chance qui a été la mienne d’avoir pu rencontrer librement, tout au long d’un tiers de siècle, des hommes aussi pleinement et diversement hommes que la plupart de mes confrères. J’a admiré beaucoup d’entre eux, je les ai respectés tous et j’ai noué avec quelques uns des amitiés qui sont une des fiertés de ma vie. »

En octobre 1958, il en devient le Secrétaire perpétuel. Il dépoussière la vénérable institution, la dote de grand prix littéraires, s’emploie à rendre possible l’élection de Paul Morand, Julien Green, Montherlant, etc…

Il veille aussi à ce que l’Académie soit partie prenante de tous les organismes chargés de la défense du français. Sous son impulsion, elle affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du Conseil international de la langue française.

Il retrouvera aussi souvent que possible Les Vernelles pour « les jours de (son) travail personnel », mais doit désormais se limiter à des œuvres plus courtes. Des contes et récits pour enfants, avec notamment Le Roman de Renard (1958) qui, par jeu, fait « les bestes parler » mais qui, sous la métaphore littéraire, est encore un hymne à la liberté.

« La lutte est dure et sans fin à qui veut, dans le siècle, sauvegarder sa liberté ».

Paraissent aussi plusieurs écrits autobiographiques : Au Cadran de mon clocher (1960) et Jeux de Glaces (1961). Il retrouve également « les mythes qui animent (sa) création » : le fleuve, avec La Loire, Agnès et les garçons, un roman qu’il évoque comme une transposition, dans l’adolescence, du Jardin dans l’île, écrit bien avant, en 1936 ; la forêt, avec La Forêt perdue (1967).

La Mort de près (1972) renoue enfin avec les souvenirs de guerre.

« Les circonstances, autour de ma vingt-cinquième années, ont voulu que j’eusse de la mort, par trois fois, une expérience réellement vécue. C’est très exactement dire : vivre sa propre mort, et survivre. Ce souvenir m’a suivi constamment, comme une trame enlacée à la chaîne de mes jours.

J’ajoute tout de suite qu’il m’a aidé, qu’il m’aide encore, que je le sais, que j’en suis sûr et que cette certitude détermine ma tentative actuelle : relater pour transmettre, comme le dépositaire d’un message qui devrait être bienfaisant. »

Dans le cadre d’une émission de France Culture, il consacre aux animaux une série de chroniques qui sera à l’origine de la publication du recueil Tendre Bestiaire (1968), bientôt complété par Le Bestiaire enchanté (1969) et le Bestiaire sans oubli (1971).

Mais le travail lié à sa fonction pèse trop lourdement sur sa liberté. En 1974, il fait ce qu’aucun Secrétaire perpétuel n’avait fait avant lui : il démissionne.

Le 9 octobre 197, Joseph Kessel lui écrit : « J’ai appris avec beaucoup de retard ta décision. Je sais… Je sais… Tu as bien fait. Tu nous as assez donnée et assez longtemps. Et je suis heureux pour toi de ta liberté. Mais égoïstement, le coup est dur. Tu étais le lien, l’élément d’amitié. Tu humanisais merveilleusement la fonction… »

Maurice Genevoix racontera les plaisirs, les obligations et parfois les déceptions de sa charge dans un petit ouvrage intitulé La Perpétuité (1974).

« L’Académie, multiséculaire, n’en est pas à un perpétuel près. Elle a les siècles pour elle. Elle est sage et magnanime. Elle ne m’en voudra pas, écrivain que je suis et soucieux comme nous tous, même ceux qui prétendent le contraire, de laisser l’ombre d’un sillage sur l’océan du temps sans rives, d’avoir changé de perpétuité. »

Il revient aux Vernelles, là où, « jour à jour », quels qu’aient été ses chemins, tout l’a toujours ramené.

« C’est ma maison, mon jardin, mon pays, tous les horizons de ma vie. »

Il y écrit Un jour (1976), le roman auquel il pensait depuis longtemps, qui est aussi un écrit philosophique : « Celui d’un jour entre les jours, pareil à hier, à demain, où passent l’amour et la mort, la guerre, le dévouement et l’amitié, la tempête et l’embellie, étrange « histoire de fous » peut être, qui nous emporte sur l’infinie planète où nous sommes, mais où la beauté des choses n’est ce qu’elle est que si elle est divine, sous un ciel dont l’immensité soulève l’invincible espérance des hommes .»

Ce livre, qui connaît un grand succès, lui permet de retrouver ses fidèles lecteurs. Il est suivi de Lorelei (1978), le roman des affrontements de l’adolescence, où un jeune Allemand et un jeune Français, avec leur tempérament si différent, sont partagés entre la haine et l’amitié.

Son dernier ouvrage, Trente Mille Jours (1980), trente mille jours de souvenirs depuis son enfance à Châteauneuf, vient consacrer une notoriété encore accrue par le relais de la télévision. Le grand public redécouvre le conteur, le flâneur de Loire, l’écologiste passionné avant même que le terme existe, l’amoureux du langage au parler si pur, témoin de son siècle et ardent défenseur de son patrimoine. Il se laisse séduire par son charme, sa culture sans pédantisme, son attention aux autres, sa capacité à saisir l’humain dans chaque homme.

« La vie allait, une vie d’homme parmi les hommes avec son lot de chagrins et de joies ; et toujours, d’une année à l’autre, engagée. Je suis de ceux qui n’ont jamais été tentés, sauf pendant mes mois au front (…), de tenir leur journal intime. A quoi bon, s’il n’est pas une page de ce qu’ils écrivent et publient où ils ne soient tout entiers – je viens de le dire – engagés ? D’abord appel à peine audible, tentation que l’inquiétude assiège, c’est une force intérieure peu à peu révélée qui, par une suite d’enchainements fatals, fait peu à peu d’une vocation une manière que l’on a de vivre, ou de la vie une vocation. C’est bien ainsi que j’ai vécu, ainsi que j’ai toujours écrit. »

Il avait encore des projets, celui d’un recueil de « nouvelles espagnoles », celui aussi d’un « livre possible », qui traiterait à nouveau de « l’enfance et de l’initiation ». Mais il meurt brusquement en Espagne, à Javea, pendant ses vacances, le 8 septembre 1980. Il allait avoir 90 ans.

« Heureusement, la mémoire trie. Elle sait les morts auxquels elle s’appuie, elle vit d’eux comme des autres vivants. Il n’y a pas de mort. Je peux fermer les yeux, j’aurai mon paradis dans les cœurs qui se souviendront »

Simone Veil

1927-2017

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Survivante de la Shoah, porteuse de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et Européenne convaincue, Simone Veil s’est éteinte le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans. La vie politique française perdait alors l’une de ses plus grandes et illustres figures. Le 1er juillet 2018, Simone Veil est la cinquième femme à entrer au Panthéon.


« Notre héritage est là, entre vos mains, dans votre réflexion
et dans votre cœur, dans votre intelligence et votre sensibilité. »


"Les rescapés d’Auschwitz ne sont plus qu’une poignée. Bientôt, notre mémoire ne reposera plus que sur nos familles, sur l’État, mais aussi sur les institutions qui en ont fait leur mission, notamment celles en charge des lieux où vous vous trouvez aujourd’hui. Elle sera aussi la source d’inspiration d’artistes et d’auteurs, comme un objet qui nous échappe pour le meilleur et pour le pire. Notre mémoire, surtout, doit être intégrée et conciliée avec l’enseignement de l’histoire à l’école, faisant des élèves comme des professeurs des relais essentiels de cette nécessaire transmission.

Il vous appartiendra de faire vivre ou non notre souvenir, de rapporter nos paroles, le nom de nos camarades disparus. Notre terrible expérience aussi de la barbarie poussée à son paroxysme, flattant les instincts les plus primaires de l’homme comme les ressorts d’une modernité cruelle.

L’humanité est un vernis fragile, mais ce vernis existe. En parlant de ce monde à part que fut celui des camps et de la tourmente dans laquelle les Juifs furent emportés, nous vous disons cette abomination, mais nous témoignons aussi sur les raisons de ne pas désespérer. D’abord, pour certains d’entre-nous, il y eut ceux qui nous aidèrent pendant la guerre, par des gestes parfois simples parfois périlleux, qui contribuèrent à notre survie. Il y eut la camaraderie entre détenus, certes pas systématique, dont les effets furent ô combien salutaires. Et puis, pour cette infime minorité qui regagna la France en 1945, la vie a été la plus forte ; elle a repris avec ses joies et ses douleurs.

Puissent nos rires résonner en vous comme notre peine immense.

Notre héritage est là, entre vos mains, dans votre réflexion et dans votre cœur, dans votre intelligence et votre sensibilité.

Il vous appartient que la vigilance ne soit pas un vain mot, un appel qui résonne dans le vide de consciences endormies. Si la Shoah constitue un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité, le poison du racisme, de l’antisémitisme, du rejet de l’autre, de la haine ne sont l’apanage d’aucune époque, d’aucune culture, ni d’aucun peuple. Ils menacent à des degrés divers et sous des formes variées, au quotidien, partout et toujours, dans le siècle passé comme dans celui qui s’ouvre. Ce monde-là est le vôtre. Les cendres d’Auschwitz lui servent de terreau.

Pourtant, votre responsabilité est de ne pas céder aux amalgames, à toutes les confusions. La souffrance est intolérable ; toutes les situations ne se valent pourtant pas. Sachez faire preuve de discernement, alors que le temps nous éloigne toujours plus de ces événements, faisant de la banalisation un mal peut-être plus dangereux encore que la négation. L’enseignement de la Shoah n’est pas non plus un vaccin contre l’antisémitisme, ni les dérives totalitaires, mais il peut aider à forger la conscience de chacun et chacune d’entre-vous. Il doit vous faire réfléchir sur ce que furent les mécanismes et les conséquences de cette histoire dramatique. Notre témoignage existe pour vous appeler à incarner et à défendre ces valeurs démocratiques qui puisent leurs racines dans le respect absolu de la dignité humaine, notre legs le plus précieux à vous, jeunesse du XXIe siècle."

The CWGC Experience

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>> Venez découvrir les coulisses du travail de la Commonwealth War Graves Commission (CWGC), qui honore la mémoire des soldats tombés au cours des deux guerres mondiales partout dans le monde.

La Commonwealth War Graves Commission a plus de 100 ans. Aujourd’hui, les visiteurs peuvent découvrir les coulisses du travail nécessaire à la commémoration des 1.7 millions de victimes issues du Commonwealth tombées lors des deux conflits mondiaux.

The CWGC Experience est un nouveau centre de visiteurs unique qui met en lumière le travail d’une organisation remarquable au cœur du souvenir des victimes de guerre.

Notre audioguide gratuit vous accompagnera à travers chaque aspect du travail que nous faisons : de comment nous exhumons et réinhumons toujours des dépouilles de soldats aujourd’hui, au travail des artisans qualifiés qui entretiennent les monuments et mémoriaux parmi les plus impressionnants dans le monde. La visite de The CWGC Experience est indispensable pour compléter toute visite des champs de bataille du front ouest.

Sources : ©The CWGC Experience
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Infos pratiques

Adresse

5-7 rue Angèle Richard - 62217
Beaurains
03 21 21 52 75

Tarifs

- Gratuité - Tarif réservation parking pour véhicules de plus de 12 places : 20€ / plus de 20 places : 50€

Horaires d'ouverture hebdomadaires

9H – 16H

Fermetures annuelles

Décembre et Janvier

Site Web : www.cwgc.org

Monument aux Morts pour la France en opérations extérieures (OPEX)

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© SGA 2021

Le monument aux Morts pour la France en opérations extérieures est inauguré le 11 novembre 2019 au cœur du jardin Eugénie Djendi (résistance, déportée et exécutée à Ravensbrück). Il rend hommage aux soldats Morts pour la France en opérations extérieures depuis 1963.
 

Une vidéo pour présenter le projet

 


 

- Découvrir une Websérie en 5 épisodes
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Composé de deux éléments centraux, le monument représente 6 statues anonymes portant un cercueil invisible. Leurs uniformes symbolisent l'ensemble de la communauté militaire. Un mur porte le nom des militaires Morts pour la France en opérations extérieures depuis 1963. Signe de reconnaissance de la Nation, il offre ainsi un lieu de recueillement pour la communauté de défense, les familles et proches des militaires.

 


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Infos pratiques

Adresse

29 rue de la Montagne de la Fage - Jardin Eugénie-Djendi - Parc André-Citroën 75015
Paris
01 47 28 46 35

Tarifs

Entrée et visite guidée gratuite pour tous les visiteurs

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Horaires de visite soumis à l'ouverture du jardin Eugénie Djendi / Du 27 octobre au 29 février : de 8h à 17h45 / Du 1er mars au 28 mars : de 8h à 19h / Du 29 mars au 30 avril, et en septembre : de 8h à 20h30 / Du 1er mai au 31 août : de 8h à 21h30

Site Web : www.onac-vg.fr
Courriel : hlmn.idf@onacvg.fr

Présentation du projet du monument national dédié aux Morts pour la France en OPEX (2019)

Mav-Video-Hommage-11-nov-2019-OPEX

Libérer la France

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Sommaire

    En résumé

    DATE : 11 mai 1945

    LIEU : France

    OBJET : Reddition des troupes allemandes repliées sur Saint-Nazaire

    ISSUE : Fin de l’occupation allemande sur l’ensemble du territoire

    FORCES EN PRÉSENCE : France, Alliés, Allemagne

    Les Alliés qui débarquent en France occupée le 6 juin puis le 15 août 1944 concourent indéniablement à la libération du territoire, au soulèvement des populations et à la mobilisation des résistants. Pour autant, ils n’opèrent pas seuls. Les forces armées françaises se sont elles aussi engagées, des plages de Normandie à la libération de l’Alsace.

    Pour des raisons essentiellement politiques, l’ordre de bataille de l’opération Overlord n’a pas pris en compte les grandes unités françaises. Cependant, parmi les 156 000 combattants engagés en Normandie figure une poignée de Français : 177 fusiliers marins commandos aux ordres de Philippe Kieffer. Débarqués les premiers sur Sword Beach, ils ont pour mission de faire tomber la position fortifiée de l’ancien casino de Ouistreham. L’objectif est réalisé en milieu de matinée, mais au soir du 6 juin, alors qu’il a pris position à l’est de l’Orne, le Commando Kieffer a déjà perdu un quart de ses effectifs.

    Au large des plages du Débarquement, les forces navales françaises sont également présentes : douze bâtiments parmi 6 000 navires alliés, chargés d’assurer la sécurité des convois. Les corvettes Aconit et Renoncule devant Utah, les frégates Escarmouche, L’Aventure et la corvette Roselys sur Omaha, la frégate La Surprise et les corvettes La Découverte et Commandant-d’Estienne-d’Orves sur Gold. Les croiseurs Montcalm et Georges-Leygues sont chargés de pilonner devant Omaha la batterie de Longues-sur-mer, tandis que le torpilleur La Combattante, en place devant Juno Beach, protège le flanc droit des Canadiens. Enfin, le cuirassé Courbet a traversé la Manche pour sa dernière mission : se saborder le 9 juin au large de Sword Beach afin de servir de brise-lames.

    Parmi les 11 600 avions engagés enfin, une centaine d’appareils de chasse ou de bombardement appartenant aux groupes Cigognes, Île-de-France, Alsace-Lorraine, Berry, Guyenne et Tunisie participent aux missions aériennes précédant et suivant le Jour J. Le 6 juin, le Squadron 342 (groupe Lorraine) reçoit la délicate mission de larguer un écran de fumée devant les plages américaines pour masquer l’approche de l’armada. Lors de l’assaut terrestre, les groupes Cigognes, Île-de-France et Alsace sont employés à la protection des secteurs anglo-canadiens du débarquement.

    Les paras français sautent sur la Bretagne

    Mais avant même le déclenchement de l’assaut, d’autres troupes spéciales françaises sont entrées en scène dans le cadre de l’opération Overlord, cette fois-ci en Bretagne. Afin de consolider la tête de pont de Normandie, les Alliés ont en effet concentré leur attention sur la résistance bretonne qui pouvait fixer les 150 000 Allemands stationnés dans la région. Des parachutistes français du 4e SAS du commandant Bourgoin sont alors déployés sur la Bretagne pour encadrer les maquisards et les Forces françaises de l'intérieur (FFI) mobilisés sur le terrain.

     

    décrochage Saint-Marcel

    SAS et maquisards photographiés le 20 juin 1944 après le décrochage du maquis de Saint-Marcel (Morbihan) © OBL/Musée de la Résistance bretonne

     

    Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les sticks des lieutenants Marienne et Déplante sont largués dans le Morbihan, entre Plumelec et Guehenno (mission Dingson). Dans les Côtes-du-Nord, les groupes Botella et Deschamps atterrissent près de la forêt de Duault (mission Samwest). Ils forment l’échelon précurseur d’une vaste opération aéroportée prévue deux jours plus tard et devant déployer 18 équipes de sabotage. Si cette opération se déroule sans incident, elle est plus délicate dans le Morbihan où le groupe Marienne atterrit à proximité d’un poste allemand. Rapidement cernés et à bout de munitions, les Français doivent décrocher. Parmi les prisonniers, le caporal-chef Émile Bouëtard, déjà blessé, est froidement abattu. Il est le premier Français à trouver la mort le 6 juin 1944.

    Attaquée par les Allemands dès le 12 juin, la base Samwest doit se disperser le 13 au soir. Dans le Morbihan, le maquis de Saint-Marcel est entré en action dès l’annonce du Débarquement, réceptionnant les SAS chargés de coordonner l’action des FFI et des Francs-tireurs et partisans (FTP) nombreux à affluer mais souvent privés d’armes. Des dizaines de parachutages permettent d’armer rapidement entre 3 et 4 000 hommes. Alertés par ces parachutages, les Allemands décident alors de passer à l’action.

    L’artillerie et les blindés allemands, appuyés par l’équivalent d’une division, s’élancent le 18 juin vers la base de Saint-Marcel défendue par 2 500 hommes dont 140 parachutistes. Les combats sont violents, les résistants se replient dans la soirée, laissant à terre une trentaine d’hommes. Pendant plusieurs jours, une terrible chasse à l’homme est organisée dans la région. 42 Français sont tués dont 6 parachutistes et des dizaines d’autres blessés, des villages incendiés. Le lieutenant Marienne est abattu le 2 juillet, avec 5 autres SAS.

    Le 4 août, l’ordre d’insurrection générale est finalement lancé alors que les Américains s’engouffrent en Bretagne. Malgré l’échec du maquis de Saint-Marcel, la résistance bretonne aidée par les SAS devait contribuer activement aux victoires américaines en Bretagne.

    Les Français dans la bataille de Normandie

    Sur le front des Britanniques, l’action du Commando Kieffer se poursuit au-delà du 6 juin. Pendant deux mois, à l’est de l’Orne, privés de renforts, les commandos mènent une guerre de position à quelques centaines de mètres des lignes allemandes. Seules des patrouilles de nuit permettent de maintenir le moral des troupes tout en donnant à l’ennemi l’impression d’un surnombre du côté allié. Le repli allemand du 15 août permet le retour à la guerre de mouvement. Les Français livrent le 20 août à l’Épine leurs derniers combats, se portent jusqu’à Pont-L’Évêque avant de regagner l’Angleterre le 8 septembre 1944. Ils laissent derrière eux 17 camarades tués dans les combats.

     

    Leclerc Normandie

    Débarquement du général Leclerc et de la 2e DB à Utah Beach en Normandie, 1er août 1944. © ECPAD-Défense

     

    Entre-temps, une autre unité française a pris pied en Normandie. Débarquée sur la plage de Saint-Martin-de-Varreville le 1er août, les 16 000 hommes de la division Leclerc sont venus renforcer la 3e armée américaine qui s’apprête à déferler au sud de la Normandie. La 2e DB gagne Avranches le 8 août, Le Mans le 9, avant de remonter vers le nord pour participer à la fermeture de la poche de Falaise.

    Après avoir enlevé Alençon le 12 août, Leclerc assiste au repli de l’ennemi et s’impatiente alors que Paris s’est soulevé depuis le 10 août. Le groupement du colonel de Langlade est engagé le 19 août près du Mont Ormel où combat la 1re DB polonaise qui vient de refermer la nasse sur ce qu’il reste de la 7e armée allemande. Trois jours plus tard, le commandement américain autorise enfin Leclerc à foncer sur Paris. La bataille de Normandie aura coûté 860 hommes dont 135 tués à la 2e DB.

    "En marche vers la capitale"

    L’arrivée de la 2e DB, la progression alliée, l’annonce du débarquement de Provence ont fortement encouragé le soulèvement du peuple parisien. Tout commence par une grève des cheminots le 10 août 1944, relayée par les policiers avant d’aboutir à une grève générale. Tandis que la mobilisation générale est décrétée le 18 août, les insurgés investissent les édifices publics tels la Préfecture de police et l’Hôtel de Ville. Après le rejet d’une trêve, les combats de rue entre FFI et Allemands reprennent avec intensité. Paris se couvre de barricades à partir du 22 à la suite de l’appel lancé aux Parisiens de descendre dans les rues. Comprenant que le peuple de Paris ne pourra tenir très longtemps, Eisenhower se laisse convaincre par le général de Gaulle d’y envoyer la division Leclerc. Devant être contourné par les Américains, Paris apparaît dès lors sur leur feuille de route.

    En marche vers la capitale le 23 août, Leclerc mène de sérieux combats autour de Longjumeau, la Croix-de-Berny et Fresnes. Alors qu’il espérait arriver dans Paris avant la nuit, ses chars les plus avancés stationnent le 24 août au pont de Sèvres et à Bourg-la-Reine. Impatient, il donne l’ordre au capitaine Dronne de gagner Paris pour annoncer l’arrivée de sa division pour le lendemain. Vers 21 h 30, le groupement Dronne atteint l’Hôtel de Ville à la grande surprise de la population venue acclamer les libérateurs. Le lendemain, dans une entrée triomphale, Leclerc se rend à la gare Montparnasse, y établit son PC, tandis que ses groupements tactiques investissent Paris. L’acte de capitulation signé dans l’après-midi par le général von Choltitz est accompagné d’une vingtaine de cessez-le-feu destinés à tous les points de résistance allemands. Certains, comme ceux du palais du Luxembourg ou de l’hôtel Crillon, ne se rendront qu’en fin de soirée.

    Victoire militaire et politique - Paris n’a pas été détruit et le général de Gaulle apparaît comme le chef incontesté - la libération de Paris a néanmoins un coût humain : 1 000 morts et 1 500 blessés chez les FFI, 600 morts et 2 000 blessés du côté des civils, 130 tués et 225 blessés dans les rangs de la 2e DB. Au moment même où Paris s’insurgeait, les Alliés débarquaient en Provence le 15 août 1944. L’objectif ? Porter un coup décisif à l’ennemi en établissant une tête de pont à Toulon, avant de s’emparer de Marseille puis de progresser vers Lyon pour faire la jonction avec les forces d’Overlord. Pour cette opération Dragoon, quatre divisions françaises ayant combattu en Italie et trois autres regroupées en Afrique du Nord, principalement nord-africaines, formaient l’armée B du général de Lattre, intégrée à la 7e armée américaine.

    Les Français du 15 août

    Les premiers Français à entrer en scène sont ceux du lieutenant-colonel Bouvet. Mis à terre le 14 août à minuit, 750 commandos d’Afrique détruisent les batteries du cap Nègre avant de protéger le flanc du débarquement. À l’autre extrémité du dispositif, 67 combattants français du groupe naval d’assaut corse doivent faire diversion sur Antibes et Nice. Mis à terre entre Théoule et le Trayas, piégés dans des champs de mines, ils laissent derrière eux 10 morts et 28 prisonniers. Les principales vagues de combattants français se regroupent le matin du 16 août autour de Cogolin et Grimaud après avoir débarqué sans encombre en baie de Cavalaire et dans le golfe de Saint-Tropez. Très en avance sur son planning, de Lattre préconise alors un coup d’audace : prendre Toulon par surprise en attaquant simultanément sur Marseille.

     

    débarquement Provence

    Débarquement des éléments de la 3e DIA (division d’infanterie algérienne) dans la région de Saint-Tropez, août 1944. © Auclaire/ECPAD/Défense

     

    Trois divisions françaises convergent vers Toulon : la 3e division d’infanterie algérienne (DIA) au nord, la 1re division motorisée au sud, la 9e division d’infanterie coloniale (DIC) à l’est. Après trois jours de combats, la jonction se réalise le 23 août dans le secteur de La Valette et du Mont Faron. Entrées les premières dans la ville, les unités de la 3e DIA atteignent le fort de Malbousquet, la gare et l’Arsenal. Sous les assauts des tirailleurs et des Chocs, la Poudrière Saint-Pierre tombe, tandis que la Tour Beaumont, la Croix Faron et le fort Saint Antoine sont libérés avec l’aide des FFI. Les forts Lamalgue, Malbousquet, Artigues et les ouvrages du Mourillon cèdent face aux tirailleurs de la 9e DIC. Le 26 août, la bataille de Toulon s’achève avec la libération de La Seyne et la capture de 25 000 Allemands. À Marseille, l’insurrection décrétée le 20 août a conduit les FFI, maîtres de la ville mais à court de moyens, à réclamer l’aide des troupes régulières. La 3e DIA investit rapidement le cœur de la cité, le 23 dans la matinée. Les combats font rage dans le quartier Saint-Charles et de Notre-Dame-de-la-Garde. Le 25 août, deux groupements sont envoyés contre les derniers nids de résistance de la zone portuaire, de l’Estaque et de Notre-Dame-de-la-Garde, tandis que les batteries toujours actives du Racati et du Cap Janet sont pilonnées. Le 26 au soir, le fort Saint-Nicolas et le sud de la ville sont définitivement nettoyés. Le 28 août, 7 000 Allemands déposent les armes, trente-six heures après la chute de Toulon.

    Remonter vers la Bourgogne

    Dans leur progression vers la Bourgogne et afin de couper la retraite allemande vers l’est et vers le Rhin, les Alliés lancent le 2e corps français sur l’axe Chalon-Dijon-Épinal-Strasbourg. La remontée est fulgurante. Saint-Étienne est libéré le 1er septembre. Lyon évacuée par les Allemands est investie le 3 septembre par la 1re DFL. Beaune est libérée le 8 septembre, Autun le 9 après de violents combats alors que Dijon abandonnée dans la nuit du 10 au 11 retrouve sa liberté à son tour. Rapidement investie et malgré de vives résistances à la citadelle, Langres est libérée le 13 septembre. La veille, le 1er régiment de fusiliers marins de la 1re DFL est entré en contact, à Châtillon-sur-Seine et Nod-sur-Seine, avec le régiment de spahis marocains de la division Leclerc. Overlord et Dragoon sont alors réunis avec quatre mois d’avance sur les prévisions. Le 15, de Lattre reçoit l’ordre de se regrouper face aux Vosges pour l’offensive sur l’Alsace.

     

    défilé Dijon

    Après la libération de Dijon, défilé des troupes de l'armée française et des FFI devant l’Hôtel de ville, 13 septembre 1944. © Auclaire/ECPAD/Défense

     

    La mobilisation des maquisards

    D’autres batailles sont menées par les forces clandestines opérant désormais au grand jour. En Normandie, à proximité de la zone du Débarquement, les maquis ont surtout fourni aux Alliés de précieuses informations dans la préparation des zones d’attaques d’Overlord. En Bretagne, le maquis de Saint-Marcel qui s’est immédiatement engagé n’a pas survécu à l’attaque du 18 juin. Loin du front normand, ce sont surtout les grands maquis mobilisateurs qui ont fixé l’attention de l’occupant.

     

    Maquis du Vercors col de la Croix haute

    Maquis du Vercors, col de la Croix haute, 11 juillet 1944. © coll. Maurice Bleicher

     

    À l’annonce du Débarquement, 4 000 maquisards ont rejoint le Vercors transformé en camp retranché. Confiants dans l’imminence des renforts, les FFI ont même proclamé la République du Vercors. La réaction de l’ennemi aux parachutages du 14 juillet ne se fait pas attendre. Le 21 juillet, 40 planeurs lancés sur les plateaux appuient les attaques de la 157e division d’infanterie allemande et de la Milice. Le plateau est nettoyé durant deux jours. Jusqu’au 27 juillet, de terribles représailles sont exercées sur les maquisards en repli et leurs blessés, exécutés dans la grotte de la Luire et dans les villages du plateau. L’absence de soutien aérien, un plan de mobilisation trop léger, l’insuffisance des moyens militaires sont autant de facteurs ayant conduit au drame du maquis du Vercors. Dans les réduits d’Auvergne, la levée en masse des FFI a rassemblé 5 500 combattants au mont Mouchet, et dans les massifs de la Truyère et du Lioran. Une première attaque est rejetée le 2 juin 1944 au sud du mont Mouchet où se sont regroupés 2 700 hommes. Galvanisés par le Débarquement, les maquisards essuient le 10 juin un deuxième assaut. Dans la nuit, la retraite vers le sud est ordonnée, laissant 160 morts. La troisième attaque sur le réduit de la Truyère est déclenchée le 20 juin 1944.

    Après avoir perdu 123 des leurs, les maquisards échappent à l’encerclement. Une fois de plus, l’engagement de la Résistance restait coûteux.

    Des FFI à l’armée régulière

    Evacué par les Allemands depuis la mi-août, le Sud de la France se libère souvent sous la seule action des FFI. Depuis Bordeaux, libéré le 28 août, 76 000 Allemands se replient vers Dijon. Fermant la marche, la colonne Elster (20 000 Allemands) est harcelée de toute part. Une colonne française rassemblant des FFI aux ordres du colonel Schneider doit couper son repli. Tandis que les troupes de tête parviennent à rallier Dijon, Elster doit se rendre le 10 septembre aux Américains puis aux maquisards le 11, à Issoudun. Dans le Pas-de-Calais, le Nord, l’Aisne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, l’action des FFI permet dans le même temps la poussée alliée sur la Meuse et la Moselle. Le phénomène des FFI devient si important à la fin de l’été que leur intégration au sein de l’armée régulière s’impose. 105 000 hommes rejoignent ainsi la 1re armée en octobre 1944. 20 000 autres combattants seront incorporés à la nouvelle 27e division d’infanterie alpine sur le front des Alpes, tandis que sur le front atlantique, maquisards et FFI assureront le siège des zones fortifiées allemandes.

    Honorer le serment de Koufra

    Après plus d’un mois de combat, les unités françaises sont épuisées, affaiblies par des pertes et des difficultés logistiques importantes. Tenant solidement leurs positions, les Allemands empêchent les Alliés de déferler en Alsace. Déclenchée le 25 septembre, l’attaque française doit contourner Belfort entre Gérardmer et le Ballon d’Alsace. Après trois jours de combat, alors que les cols vosgiens sont en vue et que la percée est décidée, de Lattre doit renoncer pour faire face à l’allongement du front vers le nord. La 3e DIA va y livrer de sérieux combats tandis que la 1re DFL, au sud, maintient la pression. La poussée américaine vers la Bresse est telle que la ligne de front ennemie est brisée le 17 octobre. Mais l’exploitation ne peut avoir lieu, tant les troupes paraissent usées par les combats et la résistance allemande. Près de 4 000 hommes ont été mis hors de combat dont 800 tués. L’espoir de déboucher dans la plaine d’Alsace s’éloigne définitivement lorsque de Lattre décide de reporter l’effort de son armée dans le secteur du 1er corps.

     

    Leclerc Strasbourg

    Le général Leclerc salue les troupes rassemblées sur la place Kléber à Strasbourg le 26 novembre 1944 lors d'une cérémonie ayant lieu après la libération de la ville par sa division.
    © Castelli/ECPAD/Défense

     

    Pour exécuter leur grande offensive vers Strasbourg et l’Allemagne, les Alliés ont assuré aux troupes françaises un engagement très important en Alsace. Elles s’élancent le 14 novembre, libèrent Montbéliard le 17 puis Belfort le 25. Depuis le 19 novembre, la 1re armée est sur le Rhin tandis que Mulhouse est investie le 20. Le 24, le ballon d’Alsace est pris par la 1re DFL. La jonction entre les deux corps d’armée est alors réalisée, encerclant au passage près de 10 000 Allemands. Initialement réservée au 6e corps américain, la prise de Strasbourg a été confiée à la 2e DB plus en avance. Le groupement tactique Rouvillois pénètre le premier dans Strasbourg le 23 novembre. La ville est nettoyée durant deux jours jusqu’à la reddition allemande. En faisant hisser le drapeau tricolore sur la cathédrale, le général Leclerc fait alors respecter le serment tenu devant ses hommes à Koufra le 1er mars 1941 de "ne déposer les armes que lorsque le drapeau tricolore flotterait de même sur Metz et Strasbourg".

    Six mois après le Débarquement du 6 juin, l’impact psychologique de cette libération ne doit pas masquer la réalité militaire sur le terrain : la France est loin d’être libérée. Les efforts des Alliés, portés désormais sur l’entrée de leurs propres troupes en Allemagne, laissent les armées françaises face à d’importantes responsabilités : assurer l’effort principal pour défendre Strasbourg, réduire la poche de Colmar, libérer les réduits formés sur des fronts oubliés - les poches de l’Atlantique et la frontière des Alpes - où les Allemands résistent toujours. D’autres batailles à mener pour une libération totale du pays, qui deviendra effective avec la reddition de Saint-Nazaire, le 11 mai 1945.

    Auteur

    Stéphane Simonnet - Chercheur à l'université de Caen Normandie

    La Fondation de la France libre

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    La Croix de Pen-Hir. Monument commémoratif aux Bretons de la France libre. Camaret-sur-Mer, Finistère. © Yann Caradec

    Pierre Simonet

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    Pierre Simonet. © Ordre de la Libération

    Il y a 75 ans, la Libération

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    Cérémonie du 75e anniversaire des combats des Glières, à la nécropole de Morette, en présence du président de la République. 31 mars 2019. © Soazig de la Moissonnière/Présidence de la République

    "War Horse"

    Websérie – Monument aux Morts pour la France en opérations extérieures (OPEX), la genèse du projet

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    Le 11 novembre 2019 a été inauguré, au cœur du Parc André-Citroën de Paris, le Monument aux morts pour la France en opérations extérieures, haut-lieu de la mémoire nationale. Découvrez la genèse de ce projet.

    La salle des cadets ouvre ses portes au musée de l’Armée

    Les soldats colonisés de l’Empire français (19e – 20e siècles)

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    Embarquement pour le front des tirailleurs sénégalais stationnés à Fréjus en 1915. © Ministère de la Culture/Théta
    Embarquement pour le front des tirailleurs sénégalais stationnés à Fréjus en 1915. © Ministère de la Culture/Théta

    Des guerres de conquête coloniale au 19e siècle et jusqu’à la fin des conflits de décolonisation au milieu du 20e siècle, l’armée a progressivement institutionnalisé le recrutement d’hommes issus des populations sur lesquelles la France établissait, puis confortait et enfin tentait de maintenir sa domination. Ces hommes, dont les modalités de recrutement diffèrent selon la période et les espaces concernés, ont combattu sous le drapeau tricolore dans l’empire comme en Europe, pendant les deux conflits mondiaux. L’armée française, entre le milieu du 19e et le milieu du 20e siècle, peut donc être considérée comme une armée impériale et coloniale.