Épisode 8 : la retraite de l’armée de l’Est

Disponible sur la chaîne YouTube du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne


Web-série permettant de découvrir progressivement 10 sites de la guerre de 1870

Avec la mise en valeur du "Décret du 13 octobre 1863 portant règlement sur le service dans les places de guerre et dans les villes de garnison", un fascicule d’époque dont les consignes ont été rigoureusement suivies par les officiers de l’armée de l’Est, cet épisode permet de comprendre pourquoi et comment la retraite vers la Suisse de l’armée de l’Est a pu se faire, notamment lors des combats autour du château de Joux et de la Cluse. Le ministère des Armées conduit des actions pour faire de ce 150e anniversaire de la guerre de 1870 un moment de "retour en mémoire". Ainsi est née cette websérie en 10 épisodes réalisée par l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) pour redécouvrir l’histoire de la guerre de 1870 à travers ses sites culturels et de mémoire, par le récit de lieux ou d’objets aussi symboliques qu’insolites.

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Le cimetière militaire français de Tobrouk (Libye)

L’appel du 18 juin

L’appel du 18 juin

Lab’mémoriel

Lab’mémoriel

 

Le Lab’mémoriel est une action conçue et animée par la DMCA (Direction de la mémoire, de la culture et des archives) du ministère des armées.

Lancé à la rentrée 2020, il a rassemblé dans cette première phase d’expérimentation trois classes :

  • L’école Jules Verne de la Ville-ès-Nonais, académie de Rennes ;
  • L’ENIL BIO de Poligny, DRAAF Bourgogne France Comté ;
  • Le lycée Barral de Castres, académie de Toulouse.

Pour sa seconde phase d’expérimentation, le Lab’mémoriel voit avec la rentrée 2021, la participation de nouvelles classes :

  • L’école française internationale de Berne (Suisse), réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger ;
  • Le collège Stéphane Mallarmé de Marseille, académie Aix-Marseille.

À partir de la rentrée scolaire 2023, le Lab’Mémoriel suivra également le collège du Renon de Vonnas de l’académie de Lyon.

 

Visionner le clip de présentation

 

Si vous souhaitez rejoindre le Lab’ mémoriel, merci de contacter la DMCA

dmca-bapim.correspondant.fct@intradef.gouv.fr

Objectifs du Lab'mémoriel

Une démarche participative directe

La Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) du ministère des armées encourage, soutient et valorise chaque année plus de 800 projets d’enseignement de défense conduits dans des écoles et établissements scolaires français sous contrat, implantés en France et à l’étranger. Ce soutien à l’enseignement de défense prend la forme d’un soutien pédagogique, financier et un rayonnement national apporté à des projets territoriaux. Il se déploie à travers un partenariat interministériel étroit avec l’Education nationale et l’Enseignement agricole.

Dans ce cadre, des enseignants et des classes font régulièrement part à la DMCA de leurs actions, leurs avis, leurs perceptions sur des projets d’enseignement de défense, en particulier sur la transmission de la mémoire nationale aux jeunes générations.

Cette participation spontanée est riche de sens pour l’action publique car elle permet d’avoir un partage direct d’expériences, de propositions, avec les bénéficiaires du service public.

La DPMA soutient et développe cette démarche participative dans le cadre du Lab’mémoriel.

Le Lab’mémoriel

Le Lab’mémoriel associe directement pour avis des élèves et des enseignants à la conception ou la réalisation d’une action pédagogique d’enseignement de défense. Il ne s’agit pas, bien entendu, de rajouter du travail à un enseignant ou à ses élèves mais bien, si l’enseignant en a envie ou le fait spontanément, de recueillir son avis et celui d’élèves volontaires, sur une démarche ou un outil d’enseignement de défense. 

Le Lab’mémoriel invite par ailleurs l’enseignant à informer la DMCA du suivi d’un projet d’enseignement de défense conduit dans sa classe en transmettant des informations « au fil de l’eau » (témoignages, reportages, capsules vidéos, photographies). Ce partage d’expériences peut, sous réserve de sa qualité sur le fond, être valorisé nationalement.

L’élément déterminant est le volontariat de l’enseignant, de la classe ou d’une partie des élèves.

La participation au Lab’ est légère, en veillant à ce qu’elle ne pèse pas sur l’enseignant et la classe.

Très concrètement, elle consiste par exemple à donner un avis ou à faire des propositions sur :

  • un support pédagogique, en particulier sous un format numérique ;
  • un support audiovisuel (clip, film …) ;
  • un projet d’action mémorielle ;
  • un évènementiel pour la jeunesse ;
  • les pratiques commémoratives.

Le délai et la forme de la participation sont déterminés conjointement, avec bon sens et souplesse, entre la DMCA et l’enseignant pour qu’ils soient adaptés aux réalités et contraintes de chacun.

La périodicité de participation est elle aussi légère. Elle peut être une ou deux fois par an si l’enseignant est volontaire. Elle ne doit en aucun cas alourdir le travail pédagogique de la classe.

La DMCA porte une forte attention aux participations formulées dans le cadre du Lab’. Ces dernières ne la lient pas mais enrichissent l’action d’enseignement de défense d’apports directs des usagers.

Les autorités académiques étant systématiquement associées aux actions soutenues par la DMCA, cette dernière les informe de la participation d’un enseignant ou d’une classe de leur académie au Lab’mémoriel.

Les réalisations du Lab’

Quelques exemples d’actions créées ou enrichies grâce aux propositions et avis d’enseignants et d’élèves :

  • la participation  de classes qui chantent ou jouent de la musique à la cérémonie nationale "Héritiers de mémoire" au Panthéon ;
  • la mallette mémorielle du Service national universel, en particulier le film sur la mémoire ;
  • la participation d’élèves qui lisent des textes, des témoignages, lors des cérémonies nationales ;
  • la rédaction d’articles par des élèves dans la revue "Les chemins de la mémoire".

Mise en lumière

Le travail et l’implication de l’enseignant et des élèves dans le Lab’Mémoriel peuvent donner lieu à :

  • une diffusion sur les sites, réseaux sociaux et publications du ministère des armées ;
  • une invitation à des cérémonies nationales ;
  • la participation, sous forme de témoignages, à des événementiels d’enseignement de défense organisés par la DMCA en lien avec l’Éducation nationale et l’Enseignement agricole (par exemple : cérémonie annuelle "Héritiers de mémoire", rencontre nationale des trinômes académiques)
  • un reportage dans la revue Les Chemins de la Mémoire et sur le site internet www.cheminsdememoire.gouv.fr, plus particulièrement sur la plateforme Educ@def https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/educadef

 

Télécharger le flyer de présentation

Projets innovants suivis par le Lab’

Collège du Renon - Vonnas

Dans le cadre de leur classe défense, les élèves de 4e et de 3e du collège de Renon de Vonnas ont remporté le prix « Collège » 2023 du Trinôme académique de Lyon pour la création d’un jeu de société sur l’histoire de l’aviation militaire française.

Monsieur Olivier Le Gouic, Professeur d’Histoire et coordonnateur de la classe défense du collège, en charge du projet pédagogique a bien voulu répondre aux questions du Lab’mémoriel afin de présenter le travail de mémoire des enseignants et élèves de l’établissement.

 

Collège Stéphane Mallarmé - Marseille

« Commémorer autrement »

Fin 2022, la classe CDSG du collège Mallarmé de Marseille est allée visiter la Nécropole de Luynes en compagnie de leurs enseignantes. Les élèves ont été guidés lors de cette visite par Laetitia de l’ONACVG et Nicolas, le gardien des lieux. Cette visite a été l’occasion de retrouver les soldats « Morts pour la France » durant la Première Guerre mondiale. Certains élèves sont partis à la recherche du tirailleur indochinois, Nguyen Van Binh mort pour la France en 1919, dont la tombe est située dans le carré B au rang 13 dans la tombe 40. D’autres sont partis à la recherche du soldat Jean-Émile Beraud, du marin Henri Marchand. Les élèves ont réalisé cette vidéo pour partager leur expérience et évoquer le parcours de ces soldats inhumés à la Nécropole de Luynes.

Les élèves : «  Cette visite nous a fait prendre conscience de l’importance de ces soldats qui se sont battus pour nos droits et libertés. « Mort pour la France » est une inscription poignante qui nous rappelle que nous ne devons pas les oublier ».

Visionner la vidéo

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Dans le cadre de l’appel à projets « OPEX combattre, soutenir, honorer » de la DMCA, les élèves de la CDSG du collège Stéphane Mallarmé ont mis en avant le travail du Service de santé des armées ainsi que le quotidien du soldat en OPEX. Ils ont rencontré des soldats du 1er REC et ont découvert les OPEX grâce à l’intervention de l’ONACVG. (télécharger le document)
 
Les élèves ont réalisé des documents iconographiques retraçant une OPEX. Ils ont aussi organisé une course mémorielle pour les blessés et morts en OPEX.
 
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« Commémorer autrement »

Retour en images sur une action mémorielle menée par la CDSG du collège Stéphane Mallarmé de Marseille.

Ultime étape de ce projet pédagogique porté par les enseignants et en partenariat avec le Souvenir français, les élèves se sont vus confier le drapeau Rhin et Danube. Après avoir étudié l’histoire de ce drapeau, les élèves doivent à présent participer à sa conservation.

Une belle action citoyenne et un beau projet mémoriel !

 

École française internationale de Berne (EFIB)

Mémoire partagée : « Expérimentation autour du Panorama Bourbaki. Paysages-frontières et mémoires croisées. »
 
Les collégiens de l’École française internationale de Berne (EFIB), membre du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ont réalisé un documentaire vidéo sur l’internement des soldats de l’Armée de l’Est, commandée par le général Charles Denis Bourbaki, en Suisse en 1871. Ils ont conduit une réflexion historique autour des notions de paysage-frontière et de mémoires croisées et se sont livrés à une expérimentation littéraire et artistique autour du paysage. Tout au long de l’année scolaire 2021-2022, les élèves et enseignants de l’EFIB reviendront, à travers leur participation au Lab’mémoriel, sur ce projet en présentant leur approche de travail, comment ils ont abordé cette thématique de « mémoire partagée » et ce qu’ils en retiennent.
 

 

Les collégiens de l’École française internationale de Berne – EFIB se sont interrogés sur la mémoire partagée entre la France et la Suisse autour d’un épisode de la guerre franco-allemande : le passage à titre humanitaire de l’Armée du général Bourbaki en Suisse en janvier 1871. La démarche croise les disciplines historique, littéraire et artistique dans l’étude des « paysages-frontières ».

 

Les élèves du lycée français de Berne, Richard, François et Héloïse reviennent sur leur projet de mémoire croisée en nous livrant leurs impressions et ce qu’ils ont retenu de ce travail.

 

École Jules Verne - Ville-ès-Nonais, Ille-et-Vilaine (académie de Rennes)

Chaque année les élèves de CM1-CM2 de l’école Jules Verne participent dans leur commune aux commémorations du 11 novembre aux côtés des anciens combattants.

Cette année, quelques jours avant cette commémoration les élèves ont appris que celle-ci serait annulée. Malgré la déception, les élèves ont décidé de répondre présents à leur manière. Des affiches ont été réalisées en classe. Puis les élèves se sont rendus devant le monument aux morts de leur commune pour se faire photographier avec le résultat de leur travail. Enfin, ils ont tous ensemble chanté la Marseillaise.

Les photographies et vidéo de leur chant sont visibles sur le site internet de l’école. Ainsi, les jeunes ont pu échanger avec leurs parents et familles sur cette commémoration un peu particulière mais aussi sur la Première Guerre mondiale.

Visionner le diaporama des élèves - Visionner les affichesVisionner la vidéo La Marseillaise

(Crédits photographiques et vidéo : Madame Samia PLUQUET, directrice de l’école Jules Verne)

 

Lycée Barral - Castres, Tarn (académie de Toulouse)

« Commémorer malgré la crise sanitaire » :
Comme chaque année, les élèves du lycée Barral ont souhaité participer aux commémorations de la Grande guerre malgré le contexte sanitaire. Cette cérémonie a lieu le 10 novembre dans le hall de l’établissement en présence du 8 RPima. Les élèves ont lu des lettres afin de rendre hommage aux soldats de la Première Guerre mondiale. Après les lectures, les élèves ont épinglé le Bleuet de France sur l’uniforme de chaque soldat.
 
Visionner le diaporama des élèves (Crédits : Lycée Barral)

Un tournage pour commémorer le 70e anniversaire du 8e RPIMa

Les commémorations se poursuivent en temps de crise sanitaire, les formats des cérémonies sont adaptés au contexte particulier et, quelques fois, d’autres initiatives voient le jour afin de poursuivre les commémorations. C’est le cas de cette initiative que nous relate Bénédicte Coupan, élève de seconde au lycée Barral de Castres, qui a pris part au tournage ayant pour objectif de commémorer le 70e anniversaire du 8 RPIMa.
 
Vous trouverez ci-dessous un reportage photographique sur les coulisses de ce tournage ainsi que les impressions de cette lycéenne sur cette expérience.
 
(Crédits : Lycée Barral)
 
Les avis du Lab'

Collège Olympe de Gouge – Ingwiller, Alsace (Académie de Strasbourg)

L’opération "Héritiers de Mémoire", conduite par la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) du ministère des armées, en lien avec le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse et le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, met en lumière des projets remarquables d’enseignement de défense d’écoles ou d’établissements d’enseignement secondaire.

La cérémonie de remise des trophées, qui s’est déroulé pour sa sixième édition le jeudi 12 mai 2022 au Panthéon, est avant tout l’œuvre des jeunes élèves qui en assurent la présentation et l’animation. C’est dans cet esprit que les élèves de Madame Keiser du collège Olympe de Gouge d’Ingwiller, récipiendaires du prix "Appel à projets Marie Curie, les sciences et la guerre", ont proposé des idées de slogans pour la prochaine édition des "Héritiers de mémoire", montrant que les jeunes font leur, un peu plus chaque année, cette cérémonie.

Les propositions des élèves sont :

  • Les héritiers de mémoire, Descendance de la connaissance de nos ancêtres ;
  • Héritiers de mémoire c’est faire partie de l’histoire ;
  • À nos héritiers de mémoire, l’avenir nous appartient !;
  • Et tout au long de cette si belle histoire, nous sommes devenus héritiers de mémoire ;
  • Les futurs gardiens du souvenir ;
  • Transmettre notre passé, c’est ne jamais l’oublier ;
  • La mémoire à ne pas oublier, conservée par les jeunes ;
  • Héritier de mémoire, pour ne jamais oublier ;
  • L'histoire d'un pays, la mémoire d'une nation ;
  • En leurs mémoires, continuons ce qu’ils ont commencé ;
  • Notre futur ceux qui vont changer notre monde.

 

Les retours et avis du lycée Barral sur la mallette du SNU 

 L’avis des élèves du lycée Barral de Castres (81) a été sollicité au sujet du film mémoriel qui a été projeté pour les jeunes du SNU.
 
Retrouvez leurs retours ci-dessous :

 

RETEX sur le film Lutte contre la Haine et les Préjugés

L’avis des élèves et de leur professeure d’Histoire-Géographie de seconde et de première d’une Classe Défense et Sécurité Globale (CDSG) du lycée Barral de Castres, ainsi que celui de Mme Pluquet, directrice de l’école primaire Jules Vernes à La Ville-es-Nonais, ont été sollicité au sujet d’un documentaire de la DPMA sur la Lutte contre la Haine et les Préjugés.

Le documentaire permet de créer une continuité entre la lutte des résistants et le devoir de citoyen actuel. Pour Ilan, le film fait le lien entre "les valeurs que les résistants défendaient et celles que nous devons toujours défendre". Grâce aux images d’archives, Nawell a pu mieux réaliser l’engagement des résistants malgré les risques encourus afin de protéger les valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Elle retient particulièrement une phrase, qui l’a beaucoup touchée : "Quelle que soit leur religion, quelle que soit leur conviction, ils ont choisi l’humanité".

Les élèves ont tous été marqué par la participation active des jeunes au documentaire et à leur travail sur la mémoire. Rayan trouve même que "le message transmis est plus fort grâce aux témoignages d’élèves". Le message partagé est que tout le monde peut participer à son échelle, et les jeunes générations se sentent plus proches et plus investis dans la défense des valeurs de notre démocratie. Hugo est déterminé à continuer le travail de mémoire, il affirme : "ces soldats, nous ne les oublions pas." Pour Mme Pluquet, enseignante en primaire, faire participer les jeunes c’est leur donner l’occasion "d'exprimer leur ressenti et de s'interroger sur cette période de l'Histoire".

Cette "approche différente" comme le dit Elsa permet d’aborder de façon plus ludique et plus concrète le sujet de la lutte contre la haine et les préjugés, en intégrant la parole des nouveaux acteurs de cette lutte tout en faisant le lien avec le passé. Les sujets abordés nous concernent tous et la participation d’élèves permet de le rendre plus accessible, même à un public plus jeune, dès l’école primaire. Le format de film documentaire permet d’être plus captivant pour les élèves, tout en restant un moyen de transmettre des connaissances et d’ouvrir la réflexion sur les sujets évoqués, comme les différences ou l’égalité. (visionner le documentaire)

 
Coups de coeur du Lab'

Lycée Léonard de Vinci, Levallois-Perret, académie de Versailles

Dans le cadre de leur participation au Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD), les élèves de 1ère G3 du Lycée Léonard de Vinci de Levallois-Perret ont travaillé sur les résistants de l’Education nationale (enseignants, élèves, …). Les résultats de leurs travaux ont donné vie à une page Twitter qui chaque jour propose de faire découvrir l’un de ses résistants. Ce projet a reçu le 3e prix du département des Hauts-de-Seine et le 1er prix de l’académie de Versailles au CNRD.

Monsieur Pierre PORCHET-ANCELLE, professeur d’Histoire-Géographie à l’origine de ce projet, a bien voulu répondre aux questions du Lab’mémoriel afin de présenter le travail de mémoire des enseignants et élèves de l’établissement.

Votre classe participe cette année au concours national de la résistance et de la déportation (CNRD) dont le sujet pour l’année 2022-2023 est "L'École et la Résistance, des jours sombres aux lendemains de la Libération (1940-1945)" : pourriez-vous présenter la genèse de ce projet ?

Autant que possible, j’organise l’enseignement moral et civique sous la forme d’un projet qui dure tout ou partie de l’année scolaire. En classe de 1ère, les élèves sont invités à réfléchir au lien social et je me suis dit qu’étudier la Résistance était un bon moyen d’explorer les relations entre deux couples de notions inscrits au programme : intérêt général/intérêt particulier et engagement/abstention.

En effet, les hommes et les femmes qui ont participé à la Résistance étaient par suite de l’état de guerre confrontés à une forme de dilemme moral, résultant de l’évaluation entre les risques et les bienfaits encourus pour eux-mêmes et leurs proches et la fidélité à des personnes (famille, amis, syndicats, collègues, élèves, professeurs) et/ou à des causes (une idéologie, la liberté, la France). Cela permet aussi de rappeler que la Résistance n’a pas été faite que par la violence armée, mais aussi par la propagande, les tâches logistiques, le renseignement, etc.

Cette question est le fil conducteur du projet et c’est à ce sujet que les élèves ont été invités à réfléchir lors de la tâche finale. Si les élèves ont fait un authentique travail d’histoire, la perspective est celle de l’enseignement moral et civique, d’autant plus que je ne pouvais m’appuyer sur le programme d’histoire de 1ère : ils ne verront la Seconde Guerre mondiale que l’année prochaine, lorsqu’ils seront en terminale.

Le projet a été organisé en trois temps : recherche, valorisation et réflexion.

Puisque le CNRD est un concours civique dont les thèmes s’inscrivent dans l’histoire, je me suis dit que le mieux serait d’aller aux sources, c’est-à-dire aux archives. Avant, les élèves ont un peu lu sur la Résistance et nous avons regardé Les lycéens, le traitre et les nazis (David André, 2020), qui évoque l’affaire de la Ferté-Saint-Aubin, lorsque des lycéens parisiens qui se regroupaient en vue de prendre les armes furent sommairement exécutés. Le service éducatif des Archives nationales nous a accueillis deux journées durant et a accompagné les élèves dans le dépouillement de centaines de mémoires de proposition pour la médaille de la Résistance et la Croix de Guerre 1939-1945, concernant des élèves, des enseignants et des administrateurs de l’Éducation nationale au titre de l’académie de Paris (qui, à l’époque, comprend celle de Versailles et quelques autres). Nous avons constitué une base de données de 437 noms, complétée à l’aide de recherche sur Internet, notamment sur Mémoire des Hommes, le Maitron, Wikipédia et divers sites consacrés à l’histoire et à la mémoire de la Résistance.

La valorisation consiste à former les élèves à la mise en ligne d’articles et de pages de site internet, puis à en programmer la publication sur Twitter (voir ci-dessous). Enfin, la réflexion s’est faite sous la forme d’une rédaction dont le point de départ était un extrait de L’Armée des Ombres (1943), dans le but de réfléchir à la définition que Joseph Kessel donne de la Résistance, à la confronter aux archives en réfléchissant à l’intérêt général et à l’intérêt particulier, puis en conclure sur l’image que les élèves avaient de la Résistance, en leur proposant de l’associer à des valeurs ou à des idées.

Internet est un vecteur important de votre projet : vous avez mis en ligne un site, https://ldvcnrd.edublogs.org, pour présenter vos travaux.

  • Pourquoi avoir choisi ce moyen de présenter votre projet pour le CNRD ?
  • Comment vos élèves ont travaillé sur ce site ?

Contrairement aux idées reçues, les lycéens et les lycéennes ne maîtrisent pas de façon innée ou intuitive les technologies de l’information et de la communication, les réseaux sociaux et tout ce qui a trait à leur vie virtuelle. Or, au XXIe siècle, la maîtrise de ces outils est indispensable. Un site internet rustique m’a permis d’initier les élèves à l’utilisation de Wordpress, qui est l’outil de gestion le plus utilisé. Ce format présente le double avantage d’être l’occasion de cette initiation tout en donnant au travail des élèves une audience plus large et une ouverture sur l’extérieur.

La tâche des élèves a consisté à créer, éditer et mettre en ligne les fiches individuelles de chaque résistant, d’après un modèle-type à compléter grâce aux informations de la base de données de la classe. J’ai construit un vade-mecum et détaillé par le menu toutes les manipulations à accomplir. Certains élèves ont été rapidement à l’aise mais cela fut plus laborieux pour d’autres, ce qui montre l’utilité de cet exercice d’apparence simple, mais en réalité chronophage.

Une partie de votre projet consiste en une publication quotidienne sur Twitter (sur le compte @ldvcnrd), du 6 mars 2023 au 18 juin 2024, de portraits de résistants ayant appartenu à l’Education nationale :

  • Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous servir de Twitter comme vecteur de vos travaux ?
  • Comment avez-vous abordé l’emploi de ce réseau social comme vecteur de mémoire ?
  • Est-ce que l’emploi d’outils numériques, comme les réseaux sociaux, est un facilitateur de l’implication des élèves dans le projet ? Quels peuvent-être les avantages et les inconvénients de ces outils ?

Le compte de Jean-Christophe Notin (@paroles_la) publie chaque jour le portrait d’un résistant ou d’une résistante, avec un message souvent inspiré sur son destin. Les élèves lui ont donc écrit et il a eu l’amabilité de leur répondre et de les autoriser à utiliser ses tweets et photographies de résistants en classe. Ayant des tweets en exemple, observant ceux qui obtenaient une bonne audience, les élèves ont rédigé puis programmés les leurs sur le compte de la 1re G3 (@ldvcnrd).

Les réseaux sociaux les plus utilisés par les élèves sont Snapchat, Tiktok et Instagram ; certains, plus rares, utilisent Twitter. La découverte de ce réseau social a été complète pour certains, qui n’y étaient pas à l’aise. Le choix de ce réseau en particulier a été fait parce qu’une communauté existait déjà sur Twitter autour de Jean-Christophe Notin ; le terrain était donc favorable pour un projet ayant une durée et des ambitions scolaires, pour lesquels créer une communauté virtuelle aurait été très délicat. Les élèves ont organisé un plan de communication sur plusieurs mois, en programmant leurs tweets à l’avance jusqu’au 18 juin 2024, qui marque l’anniversaire de l’appel du général de Gaulle.

Dans un projet pédagogique, l’implication des élèves est avant tout déterminée par le sens des tâches qui leur sont confiées et par le sens de l’objectif auxquels leurs tâches concourent. Les outils numériques sont de bons moyens d’organiser un travail collaboratif, mais on ne peut considérer que leur maîtrise et acquise par les élèves. Elle est, au contraire, l’un des objectifs du travail.

Que gardent vos élèves de cette aventure ?

Il est trop tôt pour le dire, car les effets de l’enseignement ne se font réellement sentir que dans une temporalité moyenne et longue. Dans un premier temps, je pense qu’ils ont apprécié le format du projet, qui permet de travailler autrement, également l’occasion de sorties appréciées et qui mobilise des compétences variées.

Les rédactions finales donnent un instantané de leur réflexion et de leur perception de la Résistance et des valeurs qu’on peut lui attacher : https://ldvcnrd.edublogs.org/ (voir « la Résistance vue par les élèves »)

 

Lycée Gérard de Nerval, Soissons, académie d’Amiens

Voyage en Alsace et en Meuse

Les élèves du lycée Gérard de Nerval nous livrent leurs restitutions sous forme de podcasts.

Véritable choix de l’enseignante et porteur du projet, Madame Valérie David, le podcast s’adressait à des élèves de 1re et de Terminale générale, et participait à la préparation de leur grand oral. A travers ce travail les élèves ont donc pu s’entrainer pour cette épreuve : diction, organisation du propos et surtout possibilité de de réécouter pour s’améliorer.

L’autonomie des élèves a permis ce travail, ainsi que leur familiarité avec cet outil, et son accessibilité aisée : à partie d’un smartphone ou bien via Audacity sur les ordinateurs du lycée. Après avoir défini les sites de banque de sons libres de droits, les lycéens disposaient d’un carnet de bord à compléter tout au long de leur voyage, leur permettant de collecter les informations. Les podcasts ont été réalisés par groupe de deux ou trois. Chaque épisode devait durer entre trois à cinq minutes, sur la base d’un épisode par visite. Chaque épisode mis bout à bout forme donc le podcast.

Le plus de cet exercice, permettre aux élèves de se préparer au grand oral, de s’approprier les visites en en faisant un récit personnel et de proposer une restitution d’une forme plus ludique avec un outil globalement maitrisé, à l’exception de la partie "montage" plus difficile !

 

Collège Stéphane Mallarmé - Marseille

Les élèves de la CDSG du collège Stéphane Mallarmé ont participé à une commémoration à la nécropole de Signes. Ils nous livrent leur travail (visionner la vidéo réalisée) et leurs impressions :
 

Pourquoi est-ce si important de commémorer ?

Cela est important pour rendre hommage aux personnes morts pour la France et qui ont fait que nous sommes libres aujourd’hui. Une commémoration est également importante pour que nous n’oublions pas tous les sacrifices et que la triste histoire ne se répète jamais. Nous devons, nous, jeune génération, être les anges gardiens de la Mémoire.
 
Qu’est-ce que votre participation vous a apporté ?
 
Cela nous a apporté des connaissances sur la Nécropole de Signes, lieu proche de nous mais dont l’histoire était inconnue. La solennité d’une cérémonie est toujours très impressionnante mais tellement nécessaire. Notre participation nous a permis d’approfondir nos connaissances sur les événements passés et ainsi pouvoir transmettre notre savoir aux prochaines générations.
 
 Qu’est-ce que la participation en tant que porte-drapeau représente pour vous ?
 
Avoir la charge de porter un drapeau si important est un véritable honneur. Nous devons le porter et le conserver dans l’honneur et la dignité. Être porte-drapeau est une grande fierté !
 

 

Lycée français de Varsovie (POLOGNE)

En souvenir de l’Insurrection du ghetto de Varsovie du 19 avril 1943, le Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne POLIN mène une action appelée "Jonquilles", à laquelle le lycée français de Varsovie participe tous les ans depuis 5 ans à côté d’un millier d’autres écoles, bibliothèques et institutions culturelles.

Avant la crise sanitaire, des centaines de bénévoles distribuaient à Varsovie chaque 19 avril, en souvenirs aux insurgés du ghetto, une centaine de milliers de jonquilles en papier, fleur symbolisant par sa couleur et sa forme l’étoile jaune dont le port avait été imposé aux juifs pendant la guerre. La pandémie a obligé à repenser l’action "Jonquilles" afin de la commémorer autrement.

Madame Barbara Subko, professeur de polonais au lycée Français de Varsovie a bien voulu répondre aux questions du Lab’mémoriel afin de présenter le travail de mémoire des enseignants et élèves de l’établissement.

Les liens entre la France et la Pologne sont anciens et leur histoire commune particulièrement riche : dans ce cadre, comment a débuté votre participation à l’opération "Jonquilles" menée par le Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne POLIN ? Travaillez-vous en lien avec des établissements scolaires polonais pour l’opération "jonquilles" ?

J'appartiens à un groupe regroupant des enseignants de toute la Pologne qui ont reçu le titre d'Ambassadeur Polin de l'Histoire des Juifs polonais. C'est une équipe active d'environ 50 professeurs qui enseignent la Shoah, via une pédagogie innovante, dans un esprit de vérité et de respect de la diversité. L'action "Jonquilles", dont la devise est "la mémoire nous lie", est un exemple du travail de mémoire auquel nous participons.

Combien d’élèves sont impliqués par an dans ce projet ?

Chaque année, une classe d’une trentaine d’élèves (section internationale polonais pour cette édition) organise des présentations et des conférences pour leurs camarades des autres classes afin d’expliquer le but de l’action et le sens de la commémoration de l’insurrection du ghetto de Varsovie. En parallèle, des bénévoles de chaque classe de l’établissement distribuent le 19 avril des fleurs en papier sur le terrain de l’école : avant la pandémie, plus de 500 jonquilles ont ainsi été réalisées. Ils sont aidés dans cette action par les professeurs d’arts plastiques Mesdames Matylda Papapietro et Aleksandra Kobylanska. Les élèves peuvent également voir une exposition de livres sur l’Holocauste et le ghetto de Varsovie au CDI du Lycée, mise en place par Madame Anne Malik, responsable du CDI.

La crise sanitaire ne vous a pas permis de participer à cette opération de la même manière que les années précédentes : quelles ont été vos démarches pour innover dans votre manière de commémorer et pour trouver de nouvelles façons d’impliquer les élèves ?

La pandémie ne nous a pas permis de faire de distribution de fleurs en papier dans l’établissement : nous avons alors eu l’idée de transférer cette action dans l’espace virtuel. Tout le monde, élèves comme enseignants, nous a suivis dans ce projet.

L’année dernière, sur l’idée de Madame Valérie Kuhn notre professeur de français et avec le soutien de Madame Halina Wójcik professeur de musique, nous avons fait un clip de musique reprenant la chanson de Jean-Jacques Goldman "Comme toi" qui parle d’une enfant juive victime de la Shoah. Nous avons reçu près de 40 enregistrements d’élèves et de personnels de l’établissement qui se sont filmés depuis chez eux. Nous avons ensuite partagé sur le site internet du lycée le clip que nous avons réalisés à partir de ces participations.

Cette année, nous avons enregistré "Głosy z porzeszości" (les voix du passé) : des extraits du journal de Mary Berg et des poèmes de Władysław Szlengel, deux auteurs enfermés dans le ghetto de Varsovie qui avaient souhaité témoigner des moments tragiques qu’ils ont vécus. Avec l’aide des professeurs d’espagnol, Madame Patricia Sisniegas, et d’anglais, Madame Christelle Germain, nous avons pu proposer des enregistrements de ces "Voix du passé" en polonais, français, anglais et espagnol !

Nous avons aussi proposé aux élèves de participer aux commémorations en utilisant de façon maîtrisée les réseaux sociaux, notamment en leur suggérant de diffuser, s’ils le souhaitaient, un élément graphique en lien avec l’action "Jonquilles" qu’ils auraient fait durant la semaine du 19 au 24 avril. De nombreux élèves ont joué le jeu.

Comment vous est venue l’idée d’utiliser les réseaux sociaux comme moyen de commémorer ?

Les enseignants ambassadeurs Polin échangent beaucoup sur leurs idées et partagent leurs expériences via des groupes sur les réseaux sociaux et la plateforme Polin. C’est tout naturellement que nous avons donc pensé à utiliser internet comme un moyen de commémorer autrement.

 

Vous pouvez retrouver le clip réalisé par le Lycée Français de Varsovie dans le cadre de l’action "Jonquilles" 2020  : https://lfv.pl/fr/vie-du-lfv/vie-pedagogique/projets-educatifs/ ; ainsi que plus d’informations sur les commémorations 2021 (lien en anglais) : https://polin.pl/en/Warsawghettouprising 

 

Collège Saint-Exupéry - Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis (Académie de Créteil)

Dans le cadre de l’hommage rendu à Félix Éboué au Panthéon le jeudi 20 mai 2021, date anniversaire de sa panthéonisation, Anya et Mathéo, élèves du collège Saint-Exupéry de Noisy-le-Grand et lauréats de l’opération "Héritiers de Mémoire", ont lu un extrait de son discours "Jouer le jeu !" qu’il a prononcé en tant que gouverneur de la Guadeloupe devant les élèves du Lycée Carnot, à Pointe-à-Pitre, le 1er juillet 1937. Ce dernier a été récompensé de l’Ordre de la Libération pour son engagement dans la Seconde Guerre mondiale, et sa volonté de rallier les colonies au combat du Général de Gaulle.

Les deux élèves de troisième ont vécu une expérience forte, puisque la cérémonie d’ampleur nationale a été retransmise en direct. Ils ont pris leur rôle très au sérieux en "s’entraînant à la maison à lire le texte et avec la principale du collège, Madame Leignel" et en se renseignant sur Félix Eboué dont ils ont appris qu’il "était le premier résistant de la France d'Outre-mer".

Cette première expérience du travail de mémoire leur a donné envie de continuer sur cette voie, et Anya comme Mathéo "conseillent vivement aux jeunes de participer activement aux cérémonies mémorielles" s’ils en ont l’occasion. Ils retiennent une expérience positive de cette cérémonie ! 

 

Collège François Villon - Paris XIVe

L’opération "Héritiers de Mémoire", conduite par la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA) du ministère des Armées, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports et le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, met en lumière des projets remarquables d’enseignement de défense d’écoles ou d’établissements d’enseignement secondaire.
Pour la première fois depuis sa création il y a cinq ans, la cérémonie de remise des trophées, organisée le jeudi 20 mai 2021 au Panthéon et diffusée en direct sur le site https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/operation-heritiers-de-memoire, a été animée par deux élèves de terminale, Aicha A. et Mathis A.
Leur interview partagée par la webradio DiVa14, de la cité scolaire François Villon de Paris, retrace leur préparation et leur vécu de cette expérience unique. Le travail mené par ces deux élèves et par leur professeure d’histoire et de géographie, Mme Ginies-Huchard, a non seulement permis de placer les jeunes au cœur des commémorations mais à en faire de véritables acteurs de premier plan.
Aicha et Mathis ainsi que leur professeure principale ont travaillé de concert avec la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA) pour préparer la cérémonie, découvrir ce haut-lieu qu’est le Panthéon et comprendre l’importance de la mémoire nationale dans le parcours citoyen de chaque jeune. Ces deux élèves de terminale ainsi que leur enseignante ont accepté de partager leur expérience, de la préparation à l’animation de la cérémonie "Héritiers de Mémoire". (écouter l’entretien)

Collège François Villon - Paris XIVe

Lundi 8 mars 2021, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, et pour l’inauguration de l’exposition "Les femmes dans la résistance", le collège François Villon a reçu Madame Geneviève Darrieussecq, Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, ainsi que Monsieur Benoît Falaize, Inspecteur général spécialiste des questions mémorielles.

Ils ont accepté de répondre aux questions de Chloé Barbason et Qoudsi Zurob, élèves de 3e 4, marquant ainsi l’inauguration officielle du studio radio de DiVa14 ! (écouter l'entretien)

Suite à leur interview de Madame Geneviève Darrieussecq, Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, et Monsieur Benoît Falaize, Inspecteur général spécialiste des questions mémorielles, les élèves de 3ème 4 Chloé Barbason et Qoudsi Zurob ont livré leurs impressions au micro de DIVA14. (écouter le témoignage de Chloé Barbason et Qoudsi Zurob)

La cité François Villon participe au concours de podcast organisé par France Culture (Écouter le Podcast)

  • Lecture et chants :  Les élèves de l’Ecole Alain Fournier et du collège François Villon (Paris 14)
  • Piano : Amaury Pierre
  • Direction et encadrement pédagogique : Christine Combaz (français), Clémence Habbaba (histoire-géographie), Amaury Pierre (éducation musicale)
  • Prise de son et réalisation : Anne Kobylak, Léa Le Gall et Gaultier Hochard
  • Coordination du projet : Emmanuel Géraud

 

École Jules Verne - Ville-ès-Nonais, Ille-et-Vilaine (académie de Rennes)

Les élèves de l’école Jules Verne de la Ville-ès-Nonais participent à l'opération "Barkhane" en partenariat avec l'UNC (association des anciens combattants)  d'Ille-et-Vilaine.

 

Étape 1 : la rencontre avec le président de l’UNC et un ancien soldat de l’opération Barkhane

Récemment, les élèves ont reçu le président de l’UNC et un ancien soldat, Julien qui a participé à l’opération Barkhane. Tout l’enjeu étant d’expliquer aux jeunes cette opération. Nombreuses ont été les questions des élèves : comment vivaient les soldats ? Où était le Mali ? Comment s’organise le quotidien des soldats ? Est-ce que les soldats célèbrent les grandes occasions comme les fêtes comme le Nouvel an ou bien les anniversaires ? Si les soldats avait des moments de libres ? Julien était venu avec ses médailles et a expliqué aux enfants la signification de chaque médaille. Il leur a aussi montré des photographies des endroits où les soldats peuvent se détendre ainsi que les paysages du Mali. Des anecdotes sont aussi venues agrémenter ces échanges.

À cette occasion, un élève de la classe a appris à ses camarades que son papa avait aussi participé à l’opération Barkhane dans l’armée de l’air. Il avait apporté  ce jour-là du sable du Niger et les médailles de son papa afin de les montrer aux autres élèves de sa classe. Après ces riches échanges, les élèves ont demandé des autographes à Monsieur PERRIER, président de l’UNC et à Julien en souvenir de cette rencontre. Vous pouvez suivre avec les premières photographies la première étape de ce projet. (visionner les photos).

 

Étape 2 : la rédaction de lettres et la réalisation de dessins pour les soldats actuellement en mission

Après la rencontre avec un ancien soldat de l’opération Barkhane, les enfants de l’école primaire Jules verne de la Ville-ès-Nonais ont entrepris la rédaction de lettres et réalisé des dessins qui seront ensuite envoyés à l’UNC pour les transmettre ensuite aux soldats en OPEX.  A travers le reportage photographiques ci-dessous, nous pouvons observer des élèves pleinement mobilisés et très investis de cette mission. La classe espère que ces lettres et dessins arriveront à bonne destination et seront appréciés par les soldats. (visionner les photos).

 

Étape 3 : la cérémonie

Une petite cérémonie a été organisée à l'école Jules Verne de la Ville-Es-Nonais afin de remercier les enfants d'avoir envoyé des lettres et des dessins dans le cadre de l'opération Barkhane. A cette occasion, le président de l'UNC d'Ille et Vilaine était présent ainsi que deux sergents ayant pris part à l'opération Barkhane, des membres du nouveau conseil municipal, des membres de l' ancien conseil municipal (maire et adjointe au maire), le président et le secrétaire de l'association des anciens combattants de la Ville-Es-Nonais étaient également présents. Lors de cette cérémonie, le président de l'UNC 'a remis un diplôme à Madame Pluquet, directrice de l’école, pour remercier la classe de sa participation et des friandises pour les enfants.

Les élèves de CM1 et de CM2 ont eu l'agréable surprise d'avoir une réponse aux lettres adressées aux militaires. Les membres du 2ème régiment du matériel leur ont envoyé des photos. Ils ont également écrit des petits mots aux élèves. Sur l'une des pages, il y avait du sable. Les élèves ont aussi reçu un mail d'un sergent-chef : Monsieur Cédric Ballon. (visionner les photos)

Un diplôme et une médaille pour honorer l’engagement des femmes durant la Première Guerre mondiale

Épisode 7 : les civils frappés par la guerre

Disponible sur la chaîne YouTube du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne


Web-série permettant de découvrir progressivement 10 sites de la guerre de 1870

Evocation de l’histoire d’une famille de Champigny-sur-Marne réfugiée à Paris, au travers d’un registre des aides aux réfugiés conservé aux archives communales de Champigny-sur-Marne, et d’une réalité souvent oubliée de la guerre franco-prussienne : le sort des civils pris entre les feux des deux armées. Le ministère des Armées conduit des actions pour faire de ce 150e anniversaire de la guerre de 1870 un moment de "retour en mémoire". Ainsi est née cette websérie en 10 épisodes réalisée par à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) pour redécouvrir l’histoire de la guerre de 1870 à travers ses sites culturels et de mémoire, par le récit de lieux ou d’objets aussi symboliques qu’insolites.

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Une médaille pour Koufra

L’opération Barbarossa, un tournant

Texte enquête de lectorat

Enquête de lectorat (télécharger le questionnaire)

30e anniversaire de la guerre du Golfe - opération extérieure (OPEX) - Daguet

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Février 1991, Rahfa (Arabie Saoudite) - Peu avant l'offensive terrestre, un militaire du RICM (régiment d'infanterie de chars de marine) est pris en contre-jour au coucher de soleil, debout en observation devant son trou de combat au camp "Olive"
Michel Riehl - ECPAD

 

Épisode 6 : le tournant de Loigny-la-Bataille

Disponible sur la chaîne YouTube du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne


Web-série permettant de découvrir progressivement 10 sites de la guerre de 1870

Dans cet épisode, le responsable du musée de la guerre de 1870 nous entraîne à Loigny-la-Bataille, lieu d'un affrontement entre les forces françaises et prussiennes. La défaite française signera la fin des derniers espoirs pour le gouvernement républicain de renverser le cours du conflit.

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Des carrés militaires sous le ciel tahitien

Épisode 5 : la citadelle de Belfort

Disponible sur la chaîne YouTube du ministère des Armées | Accès à la vidéo en ligne


Web-série permettant de découvrir progressivement 10 sites de la guerre de 1870

Cinquième épisode de notre websérie "1870, l’année terrible" : évocation du siège de Belfort (novembre 1870-février 1871) et du rôle du colonel Denfert-Rochereau, au travers de la présentation du nécessaire de géométrie utilisé par ce dernier lors du siège, conservé au musée d’histoire de Belfort. Le ministère des Armées conduit des actions pour faire de ce 150e anniversaire de la guerre de 1870 un moment de "retour en mémoire". Ainsi est née cette websérie en 10 épisodes réalisée par à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) pour redécouvrir l’histoire de la guerre de 1870 à travers ses sites culturels et de mémoire, par le récit de lieux ou d’objets aussi symboliques qu’insolites.

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Un képi identique à celui du colonel Denfert-Rochereau

1941 - Résister, s'organiser

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Une carte d’adhésion à l’amicale des déportés d’Auschwitz

1941 - Résister, s’organiser

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Carte de la France démantelée au lendemain de la signature des conventions d’armistice avec l’Allemagne et l’Italie - © Musée de la Libération de Paris musée du général Leclerc musée Jean Moulin/ Latitude-Cartagène
Carte de la France démantelée au lendemain de la signature des conventions d’armistice avec l’Allemagne et l’Italie - © Musée de la Libération de Paris musée du général Leclerc musée Jean Moulin/ Latitude-Cartagène

Sommaire

    En résumé

    DATE : 12 décembre 1941

    LIEU : Allemagne

    OBJET : Promulgation du Keitel-Erlaβ ou Nacht-und-Nebel – Erlaβ, décret Nuit et Brouillard, instituant une procédure judiciaire particulière "visant les éléments hostiles aux forces d’occupation" en France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Norvège

    Si les événements de l’année 1941 sont souvent passés sous silence, ils n’en restent pas moins décisifs, tant sur le sol français qu’à l’extérieur de celui-ci. En effet, c’est bien dès 1941 que les premiers mouvements de résistance civile et militaire se structurent et font, dans le même temps, la lancinante expérience de la répression.

    "1941. Il neige. Le silence de Paris est seulement un peu plus profond. Les gens rendus modestes par le malheur se souhaitent timidement une année “meilleure”." Ces quelques mots très sobres notés par Jean Guéhenno à la date du 1er janvier 1941 dans son Journal des années noires disent beaucoup de l’atmosphère sombre qui caractérise une année plongée dans la nuit de l’Occupation. Rejetée dans l’ombre de l’effondrement de 1940 et des tournants majeurs de l’année 1942, 1941 reste en partie méconnue. À l’échelle des individus et des sociétés dans la guerre, la chronologie épouse rarement les scansions régulières du calendrier. Les études sur l’Occupation, sur l’opinion ou sur les débuts de la Résistance s’accordent toutes, à quelques nuances près, sur la même périodisation. Si le premier semestre de 1941 s’inscrit dans le prolongement de la fin de 1940, deux ruptures marquent la deuxième partie de l’année : l’été avec l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie et l’automne, meurtri par la terreur que provoquent les premières exécutions massives d’otages et de résistants. Dans une France occupée et divisée, il faut attendre la fin de l’année 1941 pour voir s’estomper peu à peu les décalages entre les deux principales zones. Autant pour ce qui concerne l’état de l’opinion que pour les actes et les formes de résistance, des temporalités différentes rythment toujours les prises de conscience.

    Un rigoureux contrôle de l’opinion

    Du côté de ceux qui, encore rares, choisissent de "faire quelque chose" contre Vichy ou l’occupant, l’isolement l’emporte encore largement. Ces quelques groupes de personnes ne sont cependant pas en marge de la société ; leurs actions s’insèrent dans un environnement dont les préoccupations évoluent tout au long de l’année 1941.

    Si l’un et l’autre ne peuvent se confondre, le développement de la Résistance dépend aussi de l’opinion dans son ensemble. Les autorités allemandes comme celles de l'état de Vichy ne s’y trompent d’ailleurs pas et surveillent étroitement la population : rapports de situation (Lageberichten) des diverses administrations militaires locales allemandes (Militärbezirke, Feldkommandanturen, Kreiskommandanturen), contrôles techniques et postaux, rapports mensuels des préfets. Les moindres signes d’agacement ou les manifestations d’humeur sont scrutés et systématiquement signalés. Autant de failles, de dissonances et d’interstices propices à l’expression plus ouverte d’une hostilité.

    Trois phénomènes suscitent particulièrement l’attention de Vichy et de l’occupant : l’attachement au maréchal Pétain, la politique de collaboration et les relations avec les troupes allemandes. Avec un décalage de plusieurs mois entre les deux zones, l’opinion dissocie de plus en plus la personne du maréchal de sa politique et de son gouvernement. Si le prestige de Pétain reste très élevé dans le sud du territoire, administré par Vichy, la présence contraignante de l’occupant dans la partie occupée atténue cette ferveur, sans pour autant remettre en question la figure du chef de l’État français. Depuis l’entrevue de Montoire (24 octobre 1940), la politique de collaboration suscite en revanche un rejet quasi-immédiat en zone nord. L’absence de troupes allemandes en zone sud explique une certaine indifférence à l’égard de la collaboration : ainsi, le renvoi de Pierre Laval du gouvernement le 13 décembre 1940 semble dissiper quelque temps les désillusions de l’entrevue de Montoire. Partout en France, l’hiver 1941 reste dominé par la résignation et des préoccupations quotidiennes centrées sur les difficultés matérielles.

     

    Pétain Darlan

    Guerre 1939-1945. Le maréchal Pétain et l’amiral Darlan avec des ouvriers, lors d’un voyage en Gascogne, septembre 1941. © Roger-Viollet

     

    La montée des premières contestations

    Il faut attendre le printemps puis l’été pour percevoir des changements notables dans les attitudes ordinaires, que traduisent quelques manifestations collectives de mécontentement. Ainsi de la grève des mineurs dans le Nord et le Pas-de-Calais en mai et juin ou des rassemblements patriotiques à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc à Paris en mai, ou du 14 juillet, comme le montre par exemple le rapport du préfet du Territoire de Belfort le 1er août : "À l’occasion de la Journée du 14 juillet, d’assez nombreuses personnes, des femmes surtout, ont arboré des cocardes, rubans, etc. aux couleurs nationales." (Rapport du préfet du Territoire de Belfort, 1er août 1941, Archives départementales du Territoire de Belfort, 99 W 138). Pour sa part, Jean Guéhenno relève dans son journal à la date anniversaire de l’invasion de Paris par les Allemands le 14 juin : "Aujourd’hui les Parisiens aux yeux de verre, par un accord secret, portent tous une cravate noire : Résistance à l’oppression !". Le mot "Résistance" renvoie ici à l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Ce climat général s’explique à la fois par une situation économique et sociale dégradée (restrictions, réquisitions, rationnement) et par les événements de la guerre (renforcement de la politique de collaboration par l’amiral Darlan, affrontements franco-français entres gaullistes et vichystes en Syrie, offensive nazie contre l’URSS le 22 juin). Le fameux discours prononcé par le maréchal Pétain le 12 août 1941, dans lequel il condamne l’esprit du "vent mauvais", n’inverse pas la tendance, bien au contraire.

     

    Affiche otages

    Guerre 1939-1945. Affiche à la mémoire des otages fusillés à Châteaubriant (LoireAtlantique). Dessin de Simo. Le 22 octobre 1941. © Roger-Viollet

     

    Les exécutions d’otages de l’automne 1941 choquent profondément l’opinion. Le 31 octobre, le préfet de la Haute-Saône résume assez simplement une situation qui vaut pour une grande partie du territoire : "En ce qui concerne la politique extérieure, et plus particulièrement nos rapports avec l’Allemagne, l’idée de collaboration qui, comme on le sait, n’est pas admise sans réticence dans cette région, a encore perdu du terrain du fait de nombreuses exécutions d’otages opérées au cours de ce mois." (Rapport du préfet de la Haute-Saône, 31 octobre 1941, Archives départementales de la Haute-Saône, 40 W 8). Ainsi, un lent processus de clarification est nettement perceptible à la fin de l’année 1941. Un courant diffus, minoritaire, modeste, pluraliste, encore isolé mais dont les expressions collectives sont plus visibles (campagnes des "V", gestes patriotiques, manifestations de ménagères, grèves et autres formes de mécontentement) trouve un écho favorable dans l’opinion. Ce climat ne peut évidemment pas se confondre avec un engagement plein et entier dans la clandestinité.

    La presse clandestine, élément fédérateur des groupes de résistance

    Après les premiers tâtonnements, l’isolement et l’invention des formes de l’action en 1940, deux évolutions majeures caractérisent la Résistance en 1941 : un processus de rapprochements et l’entrée dans la lutte armée. Certes, la division du territoire français conduit à des décalages dans les prises de conscience. Mais la tendance de fond est à la cristallisation et à l’élargissement progressif du phénomène résistant à des cercles plus larges de la société. Dans les deux zones, les noyaux qui s’étaient constitués à la fin de 1940 continuent à se déployer au cours de l’année 1941.

     

    Teitgen

    Pierre-Henri Teitgen (1908-1997), fondateur du mouvement Liberté, 1947. © Roger-Viollet

     

    En zone non occupée, les groupes pionniers fusionnent fin 1940 : La Dernière Colonne, après quelques revers, devient Libération-Sud en juillet 1941, Liberté et Libération nationale se regroupent en novembre au sein du mouvement Combat, France-Liberté forme Franc-Tireur. Liberté, créé à l’automne 1940 par deux professeurs de droit, François de Menthon et Pierre-Henri Teitgen, édite jusqu’au 1er octobre 1941 un journal clandestin éponyme, Liberté, développe le recrutement dans une grande partie du sud-est et met sur pied des groupes francs chargés d’organiser des actions spectaculaires contre les collaborateurs. Libération nationale est un mouvement imaginé par Henri Frenay à la fin de 1940 et se structure dans un premier temps, au cours de l’année 1941, autour de deux feuilles clandestines, Les Petites Ailes de France puis Vérités. Enfin, c’est à Lyon, notamment autour d’Antoine Avinin, Élie Péju et Jean-Pierre Lévy, que les tracts dactylographiés de la petite équipe de France-Liberté trouvent dans le premier numéro ronéotypé de Franc-Tireur en décembre 1941 l’aboutissement de longs mois d’effort. C’est aussi dans cette ville, au pied de la colline de Fourvière, que naît Témoignage chrétien, journal et mouvement dirigés par le père Pierre Chaillet.

     

    Franc-Tireur

    Le Franc-Tireur, n° 1, décembre 1941. © MRN/collection historique, 1985

     

    En zone occupée, sont créés les mouvements Défense de la France et Libération-Nord dotés l’un et l’autre d’un journal du même nom, le mouvement Organisation civile et militaire ou encore le journal clandestin La Voix du Nord, tandis que la "nébuleuse" du Musée de l’Homme multiplie les activités multiformes de renseignement, d’hébergement, d’évasion et de contre-propagande. Ces mouvements qui, pour la plupart, survivent jusqu’en 1944, se structurent dans les villes, plus à même de fournir matériels, informations ou complicités dans les administrations. Leur développement repose sur un recrutement élargi, diversifiant ainsi la sociologie de la Résistance (étudiants, cheminots, ouvriers).

     

    imprimerie clandestine

    Imprimerie clandestine du mouvement Défense de la France, rue de l’université, Paris. © Fondation de la Résistance

     

    Avec des nuances, trois traits caractérisent l’action des mouvements de résistance : la contre-propagande et l’éveil des consciences ; l’ouverture sur la société ; l’élaboration de projets politiques. Si les mouvements développent presque tous des activités militaires (groupes francs, renseignement), celles-ci restent généralement subordonnées aux décisions politiques. C’est le plus souvent autour de la rédaction, de la fabrication et de la diffusion de la presse clandestine que se structurent les principaux mouvements. Outre qu’elle facilite les adhésions au-delà du cercle étroit des rédacteurs (approvisionnement, impression, stockage, acheminement, distribution), la contre-propagande vise également à sensibiliser et à mobiliser les populations.

    Une mosaïque de mouvements

    L’opinion constitue de fait l’un des enjeux majeurs de la stratégie d’action des mouvements. Très éloignés de la discrétion des réseaux, ils parlent d’eux, s’affirment et imposent peu à peu leur légitimité politique face à Vichy. Loin de constituer un bloc uniforme, les mouvements se démarquent les uns des autres par leurs diverses sensibilités politiques. La dissolution des partis et des syndicats par le régime de Vichy laisse des milliers de militants sans attache. Une petite partie rejoint les mouvements, accentuant l’orientation politique adoptée par les fondateurs. Si Libération-Nord, Libération-Sud et Franc-Tireur recrutent essentiellement dans les milieux laïcs et socialisants, Combat, Défense de la France et Témoignage chrétien sont proches de la démocratie chrétienne. Les idées de la droite traditionnelle imprègnent l’Organisation civile et militaire (OCM). Quant au Front national, bien que voué à un recrutement large, il reste sous l’influence du parti communiste. La création du Front national de lutte pour l’indépendance de la France en mai 1941 se distingue en effet de celle des autres mouvements. Elle relève de la stratégie de l’Internationale communiste qui, dans sa directive du 26 avril 1941, modifie ses objectifs pour les partis communistes : ils doivent renoncer à l’idée de "guerre impérialiste" et faire de la "libération nationale" la principale priorité de leur action. Le 15 mai 1941, le parti communiste français clandestin lance un appel "Pour la formation d’un Front national de l’indépendance de la France". Le Front national est un mouvement de résistance politique qui souhaite recruter bien au-delà des seuls militants communistes.

    Cette diversité n’est pas que politique ; la situation différente des deux zones conditionne la priorité accordée à telle ou telle activité. En 1941, la présence de l’occupant allemand en zone nord oblige les mouvements à se doter très vite d’une structure militaire. Ainsi de l’OCM et de Libération-Nord. Défense de la France fait figure d’exception. En revanche, dans la France de Vichy, la dimension politique est largement privilégiée. Combat se singularise avec l’Armée secrète, sa branche paramilitaire. Par ailleurs, la recherche d’une liaison avec Londres motive les premiers rapprochements, au-delà de sa portée symbolique et de l’espoir qu’elle suscite. C’est entre mars et septembre 1941 que Jean Moulin prend contact avec les responsables des organisations de résistance et tente d’en établir un inventaire précis. Il part à Londres en octobre et convainc le général de Gaulle de le missionner officiellement pour réaliser dans un premier temps "l’unité d’action" en zone non occupée. La mission "Rex" est parachutée en France le 2 janvier 1942.

    Enfin, apparus dès l’été 1940, souvent impulsés par la France libre ou par les services secrets alliés, les réseaux se distinguent des autres formes de résistance par un travail centré essentiellement sur les activités militaires. Une partie non négligeable est créée en 1941. Leur développement et leur implantation obéissent à des besoins spécifiques : organiser des filières d’évasion, recueillir des renseignements militaires et économiques, réaliser des opérations de sabotage. L’évasion et le renseignement privilégient les littoraux, les frontières, les lieux de passage et les grands centres de pouvoir à forte présence allemande.

    "Le dur apprentissage de la clandestinité et de la répression"

    Avec les attentats meurtriers contre des soldats allemands, un seuil est franchi à l'été 1941. En menant les premiers la lutte armée, les communistes bousculent les pratiques d'action des autres organisations de résistance. La création du Front national puis l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie le 22 juin 1941 entérinent la participation des communistes à la Résistance. Face à une stratégie "attentats-représailles", qui a pour objectif politique de réintroduire la France dans la guerre et de faire basculer l'opinion dans le camp de la lutte, les autres mouvements sont partagés entre réticence et désarroi. Les attentats de l’été 1941 contre des soldats allemands ne sont pas immédiatement revendiqués par les dirigeants communistes. Quant au général de Gaulle, s'il les comprend, il demande pour le moment de "ne pas tuer d'Allemands" (23 octobre 1941).

    Si l’année 1941 est celle, décisive, d’une première cristallisation des différents groupes de résistance, elle est aussi celle du dur apprentissage de la clandestinité et de la répression. Plus encore que l’opinion, les moindres actes subversifs sont étroitement surveillés et traqués autant par les occupants allemands que par les autorités de Vichy.

     

    avis représailles

    Un des premiers avis annonçant des représailles, à la suite de l'attentat à la bombe commis le 29 novembre 1941, rue Championnet, et de l'agression dont a été victime, le 2 décembre 1941, un officier allemand du service de santé. © Service historique de la Défense

     

    Les premiers font appliquer le droit pénal allemand par des tribunaux militaires qui jugent les atteintes aux troupes d’occupation puis, dès le début de l’année 1941, les actions supposées de ce que les Allemands qualifient de mouvement "gaulliste".

    La traque et l’arrestation précèdent les jugements ; en zone occupée, l’Abwehr utilise le contre-espionnage et la méthode de l’infiltration par des agents doubles. C’est ainsi qu’est rapidement démantelé le réseau Nemrod monté par Honoré d’Estienne d’Orves : à la suite d'une trahison, toute l’équipe est arrêtée le 21 janvier 1941. À l’issue d’un procès qui s’ouvre le 13 mai, d’Estienne d’Orves et ses compagnons sont condamnés à mort pour espionnage puis exécutés le 29 août 1941 au Mont-Valérien. Le même sort est réservé à plusieurs secteurs du groupe du Musée de l’Homme : deux vagues d’arrestation se succèdent entre janvier et avril puis entre juillet et septembre. Les exemples se multiplient : le chef du groupe Pantagruel, Raymond Deiss, est arrêté en octobre 1941 - il sera décapité à Cologne en août 1943, Jean Lebas créateur de L’homme libre dans le Nord, arrêté en mai 1941, est déporté et meurt en février 1944 à Sonnenburg. Enfin, au moment de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, et avant même les premiers attentats de l’été 1941, l’occupant durcit son activité judiciaire notamment contre les communistes : arrestations, condamnations à mort puis exécutions à partir de l’automne 1941.

    En zone non occupée, Vichy s’attache à réprimer les "menées antinationales" et utilise dans un premier temps l’arsenal juridique hérité de la IIIe République. Ce sont donc les tribunaux correctionnels qui jugent les actes "subversifs", propos "séditieux" et autres "insultes" à la personne du maréchal. Face à l’augmentation et à la radicalisation des actions de résistance, une juridiction d’exception est mise en place avec des sections spéciales créées par la loi du 14 août 1941 et qui visent particulièrement les communistes.

    Par la répression, les résistants de 1941 font un apprentissage particulièrement douloureux d’une clandestinité marquée par une extrême vulnérabilité qu’aggravent souvent l’absence de règles ou de cloisonnement, et parfois d’incroyables imprudences. À l’exemple d’Agnès Humbert qui cache sous les marches en bois de l’escalier de son appartement parisien le journal personnel dans lequel apparaissent les noms des protagonistes du groupe du Musée de l’Homme. Ou du jeune séminariste Jean Kammerer qui glisse dans une de ses lettres l’un des tracts favorables aux États-Unis qu’il distribue à Lyon en laissant au verso de l’enveloppe son adresse personnelle. Arrêté, il est emprisonné deux semaines en octobre 1941. Les arrestations, les jugements, les exécutions puis, avec la promulgation en décembre 1941 du décret Keitel, la déportation : l’année 1941 voit s’intensifier une impitoyable répression contre de multiples formes de résistance. "Le général von Stülpnagel annonce de nouvelles représailles. Combien de temps cela durera-t-il ? s’interroge Jean Guéhenno le 16 décembre. Un an, deux ans, dix ans peut-être. Il faudrait trouver les moyens de durer à travers cette horreur, de s’installer en elle, d’attendre. Mais comment faire ? On a du sang jusqu’au ventre et tout autour de soi. Comment ne pas le voir ?". Cette "horreur "qui s’abat sur eux n’empêche pas les survivants et les rescapés des temps pionniers de prolonger l’action autrement, par rebonds et par greffes.

    Auteur

    Cécile VAST - Docteur en histoire, Université de Franche-Comté