Mont-de-Marsan, Saint-Pierre-du-Mont et alentours

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Crédits MAV

Ce guide pliant aidera quiconque est intéressé par les conflits mondiaux,

à découvrir les lieux associés aux évènements marquants de deux époques qui allaient fortement affecter la vie locale.

 

Grâce à sa situation loin du front, l’agglomération « Mont-de-Marsan – Saint-Pierre-du-Mont » n’a pas été particulièrement impactée par les combats de la première et de la seconde guerre mondiale.

Néanmoins, comme beaucoup d’autres villes en France elle a subi les conséquences directes et indirectes de ces conflits, notamment avec le départ de ses régiments d’infanterie dès août 1914 et l’arrivée des premiers prisonniers de guerre allemands puis à partir de 1940 avec la mise en place de la ligne de démarcation.

En 1944, le bombardement de la base aérienne allemande et le combat du pont de Bats allaient ponctuer la marche vers la libération.

Sans avoir la prétention d’être exhaustif, ce document s’efforce de retracer les évènements les plus importants et les lieux qui y sont associés.

 

Adresse et contact :

25 place du 6ème RPIMa 40000 Mont-de-Marsan 

Téléphone : 05 58 44 04 31 - Courriel : aal.aldres@gmail.com

 

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25 Place du 6e RPIMA 40000
Mont-de-Marsan
05 58 44 04 31

Georges Picquart

1854 - 1914

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Eugène Carrière, portrait du "Héros de l'Affaire Dreyfus".©Musée Eugène Carrière

 

Georges Picquart naît à Geudertheim, en Alsace, en 1854. Brillant élève au lycée Impérial de Strasbourg, il voit sa scolarité interrompue par la guerre contre la Prusse, en 1870. Suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle, sa famille se replie à Versailles. Le traumatisme de la défaite et du déracinement joue sans doute dans sa décision d’embrasser une carrière militaire qui débute sous les meilleurs auspices : sorti 5e de sa promotion de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, son parcours est sans faille. Brillant officier attaché aux valeurs républicaines, Picquart franchit au pas de course les différents grades. D’une grande culture, polyglotte - il parle couramment six langues – il fréquente assidûment salons, musées et salles de spectacles. Mélomane, il se lie d’amitié avec Gustav Mahler et n’hésite pas à traverser l’Europe pour assister aux concerts que dirige le compositeur et chef d'orchestre autrichien. Après plusieurs campagnes en Algérie et au Tonkin, il intègre en 1893 l’état-major du général Galliffet comme sous-chef de bureau. C’est à ce titre qu’il participe, sans y tenir un rôle central, à l’enquête sur le capitaine Dreyfus, accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Alfred Dreyfus est jugé à huis clos par un conseil de guerre qui le condamne fin 1894 à la dégradation et à la déportation à perpétuité en Guyane.

 En juillet 1895, en remplacement du colonel Sandherr,  Georges Picquart devient chargé des affaires de contre-espionnage à la direction du Deuxième bureau (dit Section de Statistiques).  Autrement dit, il prend la tête du Service des renseignements. Parallèlement, il enseigne la topographie à l’École supérieure de guerre. Économe en mots, respectueux de l’ordre militaire, il est animé de la volonté de moderniser l’armée dans un souci d’efficacité technique. Le 6 avril 1896, le plus jeune dans ce grade, il est nommé lieutenant-colonel. Il jouit de la confiance de ses chefs, ses feuilles de notation louent son caractère « aimable et sympathique », son jugement « très droit », son éducation « parfaite », son instruction « très étendue » et son intelligence « supérieure ». Il représente incontestablement l’avenir de l’armée française.

Tout bascule un an plus tard.

En mars 1896, Picquart découvre dans une liasse de documents provenant de l’ambassade d’Allemagne la pièce qui allait relancer l’affaire Dreyfus. Cette feuille de papier – le fameux « petit bleu » - confrontée au « bordereau » injustement attribué à Dreyfus lors de son procès, apporte pour Picquart la preuve irréfutable de l’innocence du déporté de l’île du Diable. Sa conviction faite, Picquart entreprend avec une détermination absolue de faire triompher la vérité. Ce sens du devoir de vérité, cette conception de la justice qu’il place au-dessus de toute autre considération – et au-dessus d’un incertain intérêt supérieur de l’armée – sont des traits déterminants de la personnalité de Picquart. En reprenant l’enquête de son prédécesseur, Picquart est rapidement convaincu de l’innocence du capitaine Dreyfus et de la culpabilité du commandant Ferdinand Esterhazy. Ses conclusions n’allant pas dans le sens de la version officielle de l’affaire, la carrière de Picquart connaît un coup d’arrêt brutal : démis de ses fonctions à la tête du renseignement en octobre 1896, Picquart est envoyé pour une durée indéterminée en mission d’inspection en France puis en Algérie et en Tunisie, dans un secteur si exposé que, le 2 avril 1897, Picquart, qui se sent menacé, rédige son testament.

Mais Georges Picquart est un homme obstiné dans sa quête de vérité : les vexations dont il est victime renforcent sa détermination à faire triompher la justice. Il s’engage de plus en plus aux côtés des dreyfusards, ce qui lui vaut à son tour d’être mis en accusation. Il faut dire que le général Mercier, ministre de la Guerre, est un farouche anti-dreyfusard. Quand on sait que le Président de la République, Félix Faure, est également hostile à toute révision du procès de Dreyfus, on peut se faire une idée plus précise de la ténacité de Picquart. Celle-ci lui vaut d’être mis en réforme, c’est-à-dire renvoyé - de l’armée en février 1898, puis d’être arrêté et emprisonné onze mois durant, du 13 juillet 1898 au 9 juin 1899 pour avoir transmis à un homme politique, Auguste Scheurer-Kestner, les preuves dont il disposait pour innocenter Dreyfus.

Héros pour les dreyfusards, traître pour leurs adversaires, Picquart est un des acteurs majeurs du procès de Rennes de 1899 qui se conclue par la grâce et l’amnistie de Dreyfus. Pour autant, Picquart, qui ne vit plus désormais que de sa pension de réforme, n’abandonne pas son combat pour la vérité : ce verdict qui ménage l’honneur de l’armée, sans rétablir le sien, lui fait horreur. Picquart l’intransigeant s’oppose de toute son âme à ceux qu’il affuble du terme d’« épongistes » car ils entendent oublier le passé. Durant sa traversée du désert, son seul horizon est la réhabilitation pleine et entière. Dreyfus doit être rejugé pour que son innocence soit enfin reconnue : cela seul pourra effacer l’injustice faite au capitaine dégradé mais aussi réparer l’atteinte portée à l’honneur et à la carrière du lieutenant-colonel réformé. Dans sa quête de vérité, Picquart aura donc lié son destin à celui de Dreyfus.

Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation annule le jugement de Rennes, reconnaît l’innocence de Dreyfus et prononce son arrêt de réhabilitation. Picquart, de son côté, n’a pas à être réhabilité car il n’a pas été condamné. En revanche, sa carrière militaire a été stoppée net et il entend bien obtenir réparation. Le 13 juillet 1906, deux projets de loi de réintégration sont déposés, l’un pour Dreyfus, l’autre pour Picquart. Ils sont adoptés à une très large majorité, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. On y lit :

« La proclamation de l’innocence de Dreyfus démontre la légitimité des efforts que le lieutenant-colonel Picquart, au risque de briser définitivement sa carrière, tentait loyalement et courageusement dès 1896 pour faire triompher la vérité. Cet officier supérieur, mis en réforme le 26 février 1898, ne peut être réintégré que par la loi dans les cadres de l’activité. Nous vous demandons, en outre, d’effacer définitivement les effets de cette réforme, de lui conférer le grade de général de brigade auquel sont parvenus 64 officiers moins anciens que lui dans le grade de lieutenant-colonel ou d’une ancienneté égale et de faire remonter sa nomination au 10 juillet 1903, veille du jour auquel a été promu le plus ancien de ces officiers généraux. »

Justice a été rendue à Picquart. Son honneur est lavé. Sa carrière reprend sa marche en avant. Désormais général de brigade avec une ancienneté, rétroactive, de trois ans, Picquart est promu général de division le 23 octobre 1906. Au même moment, les élections voient la victoire des radicaux de Georges Clemenceau, celui-là même qui travaillait pour L’Aurore, le quotidien qui avait publié le « J’accuse… ! » de Zola. Le « premier flic de France » devient président du Conseil. Il connaît bien le général alsacien dont il a pu apprécier la force de caractère, l’indépendance d’esprit et le courage. À la surprise générale, et en premier lieu à celle de l’intéressé, il en fait son ministre de la Guerre.

Plus que tout autre, l’ancien proscrit sait bien que l’Affaire a laissé des traces et des divisions au sein de l’armée. Une fois au gouvernement, il s’efforce de la reconstruire plus démocratiquement. Le nouveau ministre multiplie les visites et les rencontres de terrain et se montre soucieux d’améliorer le sort des hommes de troupe en favorisant les progrès dans les domaines du logement, de l’alimentation, de l’hygiène, des modes de transport et des conditions d’emploi. Il entend montrer au pays que le gouvernement se soucie de ses soldats. Il perfectionne la formation des soldats et s’appuie sur Foch et Joffre pour moderniser les écoles militaires. Il œuvre à la réconciliation de l’armée avec elle-même et avec la nation. Son action apaise les affrontements politiques et affirme la République en son sein. Enfin, le fil rouge de son action en tant que ministre de la Guerre est la volonté de moderniser les matériels militaires, notamment dans le domaine de l’artillerie. Fin juillet 1909, à la chute du gouvernement Clemenceau, c’est presque avec soulagement que le général Picquart quitte ses fonctions ministérielles, en dépit d’un bilan plus qu’honnête.

Après quelques mois de liberté passés à voyager, Picquart retrouve un commandement en février 1910. Âgé de 56 ans, il devient – c’est une constante dans son cursus – le plus jeune commandant de corps d’armée en prenant la tête du 2e corps d’armée basé à Amiens.

Le 14 janvier 1914, comme tous les jours, Georges Picquart sort à cheval. Il est 7h30, il fait un froid à pierre fendre et le sol est dur, gelé depuis plusieurs jours. Il monte Voltigeur, un cheval notoirement agité. Le général est accompagné de son porte-fanion. Sur un chemin de terre, entre Dury et Saint-Fuscien, alors qu’il est au grand trot, Voltigeur fait une faute suivie d’une ruade. Son cavalier lâche les rênes, passe par-dessus le cheval et tombe sur la tête. Il se relève, reste très flegmatique en dépit d’une hémorragie importante, refuse de se reposer, remonte à cheval et reprend aussitôt la direction d’Amiens. Arrivé à son QG, il descend de sa monture et, comme toujours, ne la quitte pas sans lui avoir donné un morceau de sucre. Le jour-même et le lendemain, le général est à son poste, contre l’avis de son médecin et de ses proches. Mais son état se dégrade : la chute, violente, a engendré un œdème de la face qui s’aggrave et provoque des crises d’étouffement de plus en plus violentes. La dernière lui est fatale. Georges Picquart meurt au matin du 19 janvier 1914. Il n’avait pas 60 ans.

 

Fred Moore

1920-2017

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©Musée de l'ordre de la Libération

Colonel (h) Fred Moore - Chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération - 8 avril 1920-16 septembre 2017

 

Fred Moore est né le 8 avril 1920 à Brest. Son père, ancien officier de la Royal Navy, naturalisé français en 1926, est commerçant à Amiens dès 1921.

Après ses études au Lycée d'Amiens, Fred Moore entre à l'Ecole Nationale d'Optique à Morez dans le Jura.

Trop jeune pour être mobilisé, il s'engage comme volontaire en mai 1940 au titre du Bataillon de l'Air n° 117 stationné à Chartres, mais ne peut rejoindre son unité.

Il rejoint Brest où ses parents et son frère se réfugient après avoir évacué Amiens. Refusant la défaite, le 19 juin 1940, il quitte la France en bateau à voile en compagnie de son jeune frère et, de Bretagne, atteint l'Angleterre où, le 1er juillet 1940, il s'engage dans les Forces Françaises Libres au titre des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL).

Titulaire de son permis de conduire depuis 1938, il est, pour cette raison, finalement affecté à la 1ère Compagnie du Train avant de prendre part à l'expédition de Dakar en septembre 1940.

Désigné pour suivre, en décembre 1940, les cours d'élève aspirant au camp Colonna d'Ornano à Brazzaville, il est nommé aspirant le 14 juillet 1941 et dirigé sur Beyrouth pour servir aux troupes du Levant.

Le 1er septembre 1941, il est affecté chez les Spahis Marocains, comme chef du 2ème Peloton du 1er Escadron du Groupe de Reconnaissance de Corps d'Armée (GRCA) à Damas, où il s'entraîne en vue de participer à la campagne de Libye.

En avril 1942, il passe en Egypte avec son unité qui devient bientôt le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains. Il participe dès lors, à la tête du 2ème peloton de reconnaissance, à toutes les campagnes avec le 1er Escadron du 1er RMSM. Il combat en Egypte puis en Libye.

En 1943, il se distingue en Tunisie, notamment le 6 mars, au combat de l'Oued Gragour où il engage résolument son peloton face à des engins blindés ennemis en nombre supérieur et les stoppe à deux reprises. Par cette action retardatrice, il permet au gros des troupes d'intervenir à temps et de mettre en échec l'ennemi. En avril, il participe aux combats autour du Djebel Fadeloun avec la Force L du général Leclerc.

En juillet 1943, Fred Moore est affecté pendant un mois et demi à la Garde d'Honneur du général de Gaulle à Alger avant de rejoindre le 1er RMSM au Maroc où se constitue la 2ème Division Blindée.

Le 10 avril 1944, Il embarque à Oran avec son unité à destination de l'Angleterre.

Promu au grade de lieutenant en juin 1944, il débarque en Normandie, à Grandcamp, le 2 août 1944 avec la 2ème D.B. A la tête du 2ème Peloton du 5ème Escadron du 1er RMSM - il s'agit en réalité du 1er Escadron rebaptisé 5ème Escadron - le lieutenant Moore combat en Normandie. Du 15 au 29 août 1944, il met hors de combat avec son peloton trois canons antichars allemands, capture plus de cent prisonniers et un important matériel, ne perdant que deux hommes au cours de ces opérations.

Lors de la libération de Paris le 25 août 1944, il prend une part active à la prise de l'Ecole Militaire, puis, le 27 août, à la bataille de Dugny - Le Bourget en Seine-Saint-Denis.
S'ensuit la campagne des Vosges où avec audace et initiative, il prend sous ses feux la route Luneville-Strasbourg, le 23 septembre 1944 à Buriville dans les combats de la forêt de Mondon, et inflige à l'ennemi d'importantes pertes en matériel et en hommes.

Durant la campagne d'Alsace, il participe activement au combat de Mittellbron devant Sarrebourg le 20 novembre et à la libération de Strasbourg le 23 novembre, puis à la prise de Plobsheim, Krafft et Gerstheim les 28, 29 et 30 novembre.

En avril 1945, le lieutenant Moore prend part aux opérations sur le front de La Rochelle avant de faire route sur l'Allemagne où il participe aux derniers combats.

Démobilisé en avril 1946, il crée une affaire d'optique à Amiens.

Promu au grade de capitaine de réserve en 1950, Fred Moore est rappelé à l'activité en mai 1956 et affecté au 6ème Régiment de Spahis Marocains. Il sert en Algérie jusqu'en novembre 1956, commandant le 4ème Escadron.

Promu successivement, dans la réserve, chef d'escadrons en octobre 1958 puis lieutenant-colonel en 1966 et colonel en 1971. Il est chef de corps du 54ème RID de l'Oise de 1962 à 1978.

Colonel honoraire le 8 avril 1982.

Élu député de la Somme à Amiens (1ère circonscription) en 1958, Conseiller technique au cabinet du Ministre de l'Industrie (1962 à 1964), membre du Conseil Economique (1964-1966), il démissionne de toutes ses fonctions politiques en 1969 et se consacre à son métier d'opticien.

Vice-président national de l'Ordre des Opticiens, administrateur de Sociétés et PDG de la Société Industrielle de Développement Electronique et Nucléaire (S.I.D.E.N.) de 1969 à 1974.

Délégué Général du syndicat général de l'Optique française ainsi que de son équivalent à l'échelle européenne, l'Eurom, de 1977 à 1982.

En mars 2004, Fred Moore est nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, puis par décret du 11 octobre 2011, chancelier de l'Ordre de la Libération, succédant au Professeur François Jacob.

Le 16 novembre 2012, il est nommé par décret Délégué national du Conseil national des communes "Compagnon de la Libération". Renouvelé en octobre 2015, il met fin à ses fonctions en janvier 2017 et est nommé le 4 mai  2017 chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération. 

Fred Moore est décédé le 16 septembre 2017 à Paris où il est inhumé.



• Grand Croix de la Légion d'Honneur

• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945

• Croix de Guerre 39/45 (nombreuses citations)

• Médaille des Évadés

• Médaille Coloniale avec agrafes "Libye", "Tunisie"

• Croix du combattant Volontaire 39/45

• Croix du combattant Volontaire de la Résistance

• Officier des Palmes Académiques

• Médaille des Services Militaires Volontaires

• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre

• Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et de Maintien de l'Ordre en Algérie

• Presidential Unit Citation (USA)

• Officier du Nicham Iftikar (Tunisie)

• Officier du Ouissam Alaouite (Maroc)

 

Source : Musée de l'ordre de la Libération | Ordre de la Libération |

 

Henri Mathias Berthelot

1861-1931

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Fils d'un capitaine de gendarmerie, Henri Berthelot est né le 7 décembre 1861 à Feurs, dans la Loire. À sa sortie de  Saint-Cyr, 4e de sa promotion, il opte pour la coloniale. Sous-lieutenant au 1er régiment de zouaves de Koléas, en Algérie, il part ensuite pour l'Indochine où il fait son baptême du feu. Lieutenant en 1886, il est fait chevalier de l'Ordre du Dragon d'Annam en juillet 1887. Une fièvre le ramène en France où il rejoint le 96e régiment d'infanterie à Gap.

Admis à l'École supérieure de guerre, il reçoit son brevet d'état-major et est promu capitaine en 1891. Il part alors en Autriche pour améliorer son allemand. Il devient officier d'ordonnance du général Joseph Brugère dans le 132e régiment d'infanterie à Reims puis au 8e corps d'armée à Bourges. Après avoir intégré le 2e corps d'armée à Amiens, il est réaffecté au 132e régiment d'infanterie à Reims en décembre 1897 puis muté au 115e régiment d'infanterie en juillet 1899.

Ayant rejoint le général Brugère, alors gouverneur militaire de Paris, il supervise l'organisation du pavillon de l'armée pendant l'exposition universelle de 1900. Nommé chef de bataillon en novembre de la même année, il accompagne en 1901, en tant qu'officier d'ordonnance de Brugère, le tsar Nicolas II à Reims.

En 1903, il devient commandant du 20e bataillon de chasseurs à pied de Baccarat. Rappelé par Brugère en janvier 1906, il est nommé au 2e bureau de la direction de l'infanterie en décembre. Lieutenant-colonel en mars 1907, il devient en octobre secrétaire du comité technique d'état-major. Promu colonel en 1910, il prend la tête du 94e régiment d'infanterie de Bar-le-Duc l'année suivante. En 1913, il intègre l’état-major de Joffre, chef d'état-major des armées. Prenant part à l’élaboration du Plan XVII, le plan de mobilisation et de concentration de l'armée française en cas d'entrée en guerre, il ne croit pas en un mouvement allemand à travers la Belgique.

En 1914, il est premier aide-major général du général Joffre chargé des opérations. En disgrâce suite aux échecs d'août, Berthelot reçoit son avis de mutation à la tête du 5e groupe de divisions de réserve le 21 novembre. En janvier 1915, il mène une offensive à Crouy, près de Soissons. Après de rudes combats, il est contraint de se replier au-delà des positions de départ.

Du 3 août 1915 au 19 septembre 1916, il commande le 32e corps d'armée (32e CA) ou "groupement Berthelot" qui prend part à l'offensive de Champagne en septembre-octobre. En mars 1916, le 32e CA est à Verdun où il doit reprendre le Mort-Homme et la cote 304. Le 32e CA quitte Verdun en juin pour servir dans les Vosges puis dans la Somme.

Le 14 octobre 1916, il est à la tête de la mission militaire française en Roumanie, forte de près de 2 000 officiers et sous-officiers. Il réorganise l'armée roumaine, lourdement défaite par l'Allemagne et résistant difficilement en Moldavie. Coupée des Alliée après le retrait de la Russie du conflit, la Roumanie signe l'armistice de Focșani le 9 décembre 1917.

Après son retour en France, le général Foch confie au général Berthelot le commandement de la 5e armée, du 5 juillet au 7 octobre 1918, qui participe aux batailles devant Reims et Epernay.

Le 7 octobre, il est rappelé à la tête d'une mission roumaine. Son rôle est tout autant diplomatique que militaire. L'armée roumaine modernisée et réorganisée, la Roumanie reprend les armes le 10 novembre, alors même que les empires centraux s'effondrent. Cette nouvelle intervention militaire permet à la fois de contenir la pression révolutionnaire russe dans les Balkans mais aussi de satisfaire certaines des revendications roumaines, notamment sur la Transylvanie et le nord du Banat.

Après la défaite allemande, il est chargé de combattre les bolcheviks russes en Bessarabie puis les bolcheviks hongrois en Transylvanie durant la guerre hungaro-roumaine de 1919. Il est ensuite gouverneur militaire de Metz jusqu'en 1922 puis de Strasbourg de 1923 à 1926.

Décédé à Paris en janvier 1931, il est inhumé à Nervieux dans le Forez, sa région natale.

Il était titulaire, notamment, de la Grand-croix de la Légion d'Honneur, de la Croix de guerre 1914-1918 avec trois palmes, de la Médaille militaire, de la Médaille interalliée 1914-1918 ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

 

Ministère de la défense/SGA/DMPA

Milan Stefanik

1880-1919

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Le général Stefanik. © SHD

Fils de pasteur, Milan Stefanik est né le 21 juillet 1880 à Kosariska. Après des études à Bratislava, Sopron et Sarvas, il entre à l'université de Prague. Il devient mathématicien, astronome puis docteur ès sciences en 1904. En France en 1905, il est l'assistant du directeur de l'observatoire de Meudon, publie de nombreux traités et organise sept expéditions astronomiques d'observation au sommet du Mont Blanc. Grand voyageur, il effectue plusieurs missions diplomatiques et astronomiques pour le compte du gouvernement français dont une à Tahiti en 1910 pour y observer le passage de la comète de Halley.

 

Milan Stefanik pendant un séjour à l'Observatoire de Meudon, France. Source : IMS

 

Naturalisé français en 1912, chevalier de la Légion d'honneur en 1914, il s'engage dans l'armée française, s'élevant en trois ans au grade de général de brigade. Incorporé dans l'armée de l'air, il améliore la météorologie militaire. En 1916 et 1917, il se rend officiellement en Roumanie, en Sibérie, aux États-Unis, pour organiser le recrutement de volontaires tchécoslovaques. Le 21 avril 1918, il signe, en Italie, avec le Premier ministre Orlando, le traité de formation d'une armée tchécoslovaque sur le front italien.

 

Le sergent Stefanik reçoit la croix de Guerre 1914-1918 avec palme pour son action au sein de l'armée de l'air, France. © SHD

 

La France le fait commandeur de la Légion d'honneur. Le 28 octobre 1918, la Tchécoslovaquie devient indépendante et Stefanik est ministre de la Guerre du jeune gouvernement. C'est en regagnant son pays, le 4 mai 1919, qu'il meurt dans l'accident de son avion qui s'écrase près de Bratislava. Son corps repose dans le mausolée de Bradlo depuis 1928.

 

Source : Ministère de la défense/SGA/DMPA

Rouget de Lisle

1760-1836

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Claude-Joseph Rouget de Lisle. 1792 © BnF

Né à Lons-le-Saunier le 10 mai 1760, Claude-Joseph Rouget joue du violon, et, encore enfant, compose instinctivement. Afin de pouvoir entrer à l’École du génie à Paris à seize ans, il ajouta à son nom la désinence « de Lisle », empruntée à son grand-père.

Sorti lieutenant six ans plus tard, et après trois affectations, il est envoyé à Strasbourg en 1791, où, avec d’autres officiers, il est reçu dans les salons du maire Dietrich, qui, lassé d’entendre les « ça ira, ça ira ! » demande au jeune capitaine, déjà réputé compositeur, d’écrire un chant patriotique… Surpris, Rouget veut se dérober, mais cède au maire et aux officiers qui le pressent de s’exécuter.

Rentré chez lui, il saisit son violon et en tire des arpèges tandis que les phrases entendues la veille lui martèlent la tête. Peu à peu la mélodie naît et les paroles se superposent à la musique. Épuisé, l’auteur s’endort. Dès l’aube, il se rend chez le maire, qui, surpris de tant de rapidité, se met au clavecin et apprécie le chant. Il convoque les officiers présents la veille et d’une voix forte, entonne : « Allons enfants de la patrie ». Tous se déclarent ravis et Rouget est heureux.

Ce chant sera exécuté publiquement place d’Armes, le 29 avril, en présence de huit bataillons alignés pour la revue de départ. Les hommes écoutent et sont galvanisés. Ce chant est vite connu à Paris, à Marseille où le régiment en partance pour la capitale l’adopte . il prend le nom de Marseillaise. Le jeune capitaine est envoyé à Huningue pour y diriger les travaux de cette place et, le 14 juillet, le chant est exécuté au camp de Hoensingue. Le 25 août 1792, Rouget est relevé de ses fonctions par les commissaires du gouvernement, car il avait protesté contre l’internement de Dietrich.

Après la proclamation de la République, il est réintégré et rejoint l’armée du Nord, mais suspendu de ses fonctions de capitaine, il devient suspect. Arrêté, sans doute pour avoir critiqué l’exécution de l’ancien maire de Strasbourg, il est emprisonné et rédige un mémoire. La mort de Robespierre lui rend la liberté.

 

 

Le décret de la Convention daté du 26 messidor an III, qui choisit La Marseillaise comme chant national ne fut jamais appliqué.

Réintégré dans l’armée, Rouget de Lisle démissionne pour retrouver la poésie et la musique. Le 10 vendémiaire de l’an IV, il est représenté à l’Opéra et à l’Opéra Comique. Bonaparte demande à Rouget de lui composer un chant qui, non apprécié, est refusé. Rouget, mortifié, écrit une lettre arrogante à Bonaparte. Il ne servira jamais l’Empire et redevient suspect. En 1812, il part vivre à Montaigu (Jura) dans la maison de famille et compose . en 1817, il se retire à Paris et publie en 1825 un recueil de cinquante Chants français.

Le duc d’Orléans qui fut le compagnon d’armes du capitaine Rouget de Lisle lui accorde trois pensions, le mettant ainsi à l’abri du besoin. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il décède à Choisy-le-Roi, âgé de soixante-dix-sept ans, ignorant que son chant deviendrait l’hymne national de la France en 1879. Il fut inhumé au cimetière de Choisy-le-Roi et ses cendres furent déposées aux Invalides le 14 juillet 1915.

Marie-Louise Jacotey, historienne

Transfert aux Invalides des cendres de Rouget de Lisle - 14 juillet 1915 © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

 

Source : www.archivesdefrance.culture.gouv.fr

Fernand Hederer

1889-1984

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Hederer en 1950. Domaine public

 

La promotion 2008 des élèves-officiers du commissariat de la marine a reçu le nom de "promotion Hederer" en mémoire de Fernand Hederer, commissaire de la marine, ancien combattant de la Grande Guerre et résistant à l'occupant nazi.

Né en 1889, Fernand Hederer fait partie de la promotion 1913 de l'école du commissariat de la marine. En 1914, il est affecté au 1er régiment de canonniers marins, puis au 1er groupe d'artillerie lourde sur voie ferrée où il sert comme officier en second puis commandant de batterie. Devenu le 6 avril 1916 observateur aérien puis pilote de chasse en septembre 1917, Hederer prend en février 1918 le commandement de l'escadrille de chasse SPAD 285, distinction tout à fait exceptionnelle pour un jeune commissaire de 3e classe.

La guerre lui permet de côtoyer des "As" de l'aviation, notamment Coli, Guy­nemer, Fonck et Navarre. Hederer reçoit plusieurs citations (armée, division, régiment) et est décoré de la Croix de guerre avec trois palmes et trois étoiles ainsi que de la Légion d'honneur en 1917. Toutes les citations obtenues mettent en relief les qualités de l'homme, son courage, son énergie, son mépris du danger et ses qualités de chef. Hederer a également rapporté de la guerre un éclat d'obus dans l'avant-bras droit, un pied à moitié gelé lors d'un vol où il n'avait échappé aux avions ennemis qu'en montant le plus haut possible. Mais il est une blessure qui ne s'est pas cicatrisée : la mort au combat en moins d'un an des vingt pilotes de son escadrille.

Au retour de la paix, Hederer, commissaire de 1re classe, sert à bord du croiseur cuirassé Marseillaise, puis comme commissaire de la base navale de Constantinople. Il rejoint ensuite les services de l'intendance maritime dans divers ports. En 1925, il commence une nouvelle carrière dans le corps du contrôle de la marine. Il est affecté sur sa demande en 1929 au ministère de l'air. Il effectue des missions de contrôle parfois délicates, comme celle de la Compagnie générale aéropostale en Amérique du Sud, qui lui valent d'être intégré en 1933 dans le corps du contrôle de l'administration de l'aéronautique. Nommé contrôleur général en mars 1936, il dirige avec Pierre Cot, alors ministre de l'air, la nationalisation de l'industrie aéronautique.

Toujours au cabinet de Cot durant la "drôle de guerre", Hederer est gravement blessé dans un accident d'automobile lors de la débâcle de juin 1940. Dès le début de l'Occupation, il participe à la diffusion d'une propagande anti-allemande. Sous le pseudonyme de "Pommery", il prend part à de nombreuses actions de résistance et adhère au réseau Marco Polo le 1er janvier 1943. Il entretient des contacts avec des émissaires de Londres et fournit des renseignements au SRA de Lyon, notamment sur les activités de la Luftwaffe entre Salon-de-Provence et Marignane : stockage "des bombes et munitions, postes de contrôle, radars, emplacements de DCA... Organisateur de ce service de renseignement aviation, ses activités le font rechercher par la Gestapo de Marseille et d'Aix début 1944.

Pendant la libération de Paris, il sauvegarde et réorganise sous son autorité les organes d'administration du ministère de l'air. Sa conduite est récompensée par la plaque de grand officier de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes et la Médaille de la Résistance avec rosette.

Nommé, après la guerre, directeur du contrôle de l'aéronautique puis de l'armement, Hederer termine sa carrière au service de l'État comme secrétaire général de l'aviation civile. Parvenu à la limite d'âge de son grade en 1951, il commence une nouvelle vie professionnelle dans l'industrie. Il occupe alors le poste de président-directeur général de la Société française d'équipements pour la navigation aérienne jusqu'en 1965.

À 93 ans, il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Cette décoration lui sera remise par Marcel Dassault, heureux de pouvoir rendre hommage à celui qui l'avait défendu lorsqu'en 1941 il était poursuivi et emprisonné sur ordre de Laval, à celui qui avait secouru son épouse pendant les deux ans que l'avionneur passa en déportation au camp de Buchenwald et qui avait aidé plusieurs familles juives réfugiées dans le Midi de la France.

 

C. Mommessin, Commissaire de la marine de 1re classe, In Les Chemins de la Mémoire, 197/septembre 2009

Henry Dunant

1828-1910

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Henry Dunant. Domaine public

 

En 1859, un jeune Suisse du nom de Henry Dunant découvre, sur le champ de bataille de Solferino en Italie, les horreurs de la guerre. Il décide de créer une organisation internationale pour venir en aide aux blessés des conflits.

Ce sera la Croix-Rouge.

Né à Genève le 8 mai 1828, Henry Dunant est issu d'une famille calviniste très pieuse et pratiquant la charité. Abandonnant ses études secondaires, il entre en apprentissage dans une banque genevoise. Il œuvre dans l'action sociale et consacre une partie de son temps à visiter les prisonniers et à aider les démunis.

En 1853, il part en Algérie pour prendre la direction d'une colonie suisse de Sétif. Il se lance dans la construction d'un moulin à blé, mais n'obtenant pas la concession de territoire indispensable pour le faire fonctionner, il va à Paris pour rencontrer Napoléon III. Or celui-ci est à la tête des troupes franco-sardes qui se battent dans le nord de l'Italie contre les Autrichiens. Dunant se rend sur place pour voir l'empereur. Le 24 juin 1859, jour de la bataille, il arrive à Castiglione, en Lombardie, petite ville proche du lieu des combats. Le lendemain, il découvre le champ de bataille de Solferino. "Celui qui parcourt cet immense théâtre des combats de la veille y rencontre à chaque pas, et au milieu d'une confusion sans pareille, des désespoirs inexprimables et des misères de tous genres". Devant tant de malheurs, Dunant prend en main l'organisation des secours et obtient qu'on traite les prisonniers autrichiens de la même façon que les autres soldats. Il obtient aussi que les médecins autrichiens prisonniers soient autorisés à soigner les blessés.

De retour à Genève, il écrit Un souvenir de Solferino (1862) dans lequel il raconte la bataille et expose ses idées pour améliorer le sort des blessés. "N'y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés ?"

Dunant crée, le 17 février 1863, un comité international et permanent de secours aux militaires blessés, qui prendra en 1875 le nom de Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le 26 octobre 1863, une quinzaine de pays participent à la conférence internationale de Genève qui constitue vraiment l'acte fondateur de la Croix-Rouge. Soutenu par Napoléon III, le comité, dont Dunant est membre et secrétaire, prépare la Convention de Genève signée en 1864 par quinze pays.

Désormais célèbre, Dunant est reçu par de nombreux chefs d'État. Mais ses affaires financières se portent mal . il est déclaré en faillite en 1867. Ruiné, endetté, il est contraint de démissionner de son poste au Comité international. À Paris, il en est réduit à dormir sur les bancs publics. Pourtant, l'impératrice Eugénie le convoque au palais des Tuileries pour avoir son avis sur l'extension de la convention de Genève à la guerre sur mer. Dunant est alors nommé membre d'honneur des sociétés nationales de la Croix-Rouge d'Autriche, de Hollande, de Suède, de Prusse et d'Espagne.

Durant la guerre franco-prussienne de 1870, il visite les blessés ramenés à Paris et introduit le port de la plaque d'identité qui permettra d'identifier les morts.

La paix revenue, Dunant se rend à Londres, d'où il s'efforce d'organiser une conférence diplomatique pour statuer sur le sort des prisonniers de guerre . le tsar l'encourage, mais l'Angleterre est hostile au projet. Le 1er février 1875, à son initiative, s'ouvre à Londres un congrès international pour "l'abolition complète et définitive de la traite des nègres et du commerce d'esclaves".

Puis viennent des années d'errance et de misère : Dunant voyage à pied en Alsace, en Allemagne et en Italie . il vit de charité et de l'hospitalité de quelques amis. Finalement, en 1887, il échoue dans une bourgade suisse surplombant le lac de Constance : Heiden.

Malade, il trouve refuge à l'hospice et c'est là qu'en 1895 le découvre un journaliste, qui lui consacre un article repris quelques jours plus tard par la presse de toute l'Europe. Dunant redevient d'un coup célèbre et honoré. En 1901, il reçoit le premier prix Nobel de la paix. Il meurt le 30 octobre 1910.

 

In Les Chemins de la Mémoire, 196/juillet-août 2009

Charles Tricornot de Rose

1876-1916

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Charles de Tricornot de Rose dans un supplément de L’Illustration 1923

 

Charles de Rose, père de la chasse aérienne

Jean-Baptiste, Marie, Charles Tricornot de Rose, dit Carlo, baron de Tricornot, marquis de Rose est peu connu du grand public. Pourtant cet esprit libre et inventif est la figure emblématique de l’avion de chasse dont il est le père fondateur.

Né à Paris, le 16 octobre 1876, Charles de Tricornot de Rose choisit de perpétuer les traditions familiales en embrassant la carrière des armes. depuis six générations, en effet, les Tricornot sont officiers de cavalerie. Entré à Saint-Cyr en 1895, il est ensuite affecté au 9e régiment de dragons à Lunéville. Son parcours, qui s'annonce brillant, connaît un arrêt brutal en 1906. Carlo de Rose est mis aux arrêts de rigueur pour avoir refusé d'expulser un prêtre de son église dans le cadre de l'application de la loi sur la séparation de l'Église et de l'État.

Acquitté par le Conseil de guerre, il n'en reste pas moins en non activité pendant trois ans. Carlo de Rose tire néanmoins profit de cette difficile situation en s'intéressant à la mécanique et aux moteurs à explosion, trouvant même un emploi à la société automobile Brillié. Cette expérience, qui va s'avérer déterminante pour la suite de sa carrière, nous révèle un homme à l'esprit libre, curieux et doué d'imagination, qui entrevoit les bouleversements que vont entraîner dans l'avenir les progrès techniques. Son purgatoire prend fin le 25 mars 1909, date à laquelle il est réintégré dans l'armée.

Affecté au 19e régiment de dragons de Carcassonne, Carlo de Rose n'hésite cependant pas, dès la fin de l'année, à se porter volontaire pour une formation de pilote alors que le général Roques met en place le Service aéronautique de l'Armée. Il obtient son brevet civil de l'Aéro-club en décembre 1910 et se fait connaître du grand public en réalisant plusieurs raids. Carlo de Rose a trouvé sa voie dans l'aviation, où son esprit énergique et inventif va pouvoir s'exprimer pleinement.

À la poursuite des avions ennemis

En mai 1911, il est officiellement rattaché à l'établissement de Vincennes où s'effectuent de nombreuses recherches dans le domaine de l'aviation. De Rose se lance dans maintes expérimentations effectuant le premier réglage de tir d'artillerie depuis un aéroplane en août suivant. Il se passionne pour l'armement des appareils, sa rencontre avec Roland Garros en 1912 s'avérant à ce titre une étape décisive dans ce processus.

Lorsque la guerre éclate, le commandement de l'aéronautique de la Ve Armée lui est confié . son expérience se révèle incontournable. La victoire de Frantz et Quenault, qui abattent, le 5 octobre 1914, un appareil allemand, est pour de Rose la preuve éclatante que ses intuitions sont justes. En mars 1915, il confie aux pilotes de son unité, la MS 12, tout juste équipée de Morane-Saulnier, une nouvelle mission : rechercher les appareils ennemis et les abattre. Il jette ainsi les premières bases de la chasse, même si la synchronisation du tir reste un problème qui le préoccupe mais sera finalement résolu par le sergent Alkan de la MS 12 au printemps 1916, après des mois d'efforts. Sa clairvoyance convainc le haut-commandement de mettre en place les premières escadrilles de chasse le long du front.

À l'évidence, lorsque débute la terrible bataille de Verdun en février 1916, un homme est en mesure de retourner la situation, qui est alors défavorable à la France, le commandant de Rose. Le général Pétain lui confie une mission qu'il résume en ces termes demeurés célèbres : "Rose, balayez-moi le ciel ! Je suis aveugle." De Rose obtient l'envoi de 15 escadrilles équipées du fameux avion Nieuport XI dit "Bébé" et rassemble les meilleurs pilotes avec parmi eux les célèbres as tels Navarre, Guynemer, Brocard, Garros, Heurtaux, Nungesser, Dorme... Après de rudes combats, les patrouilles françaises parviennent enfin à obtenir, au mois d'avril, la maîtrise de l'air.

Le 11 mai, alors qu'il effectue un vol de démonstration au sud de Soissons, aux commandes de son Nieuport décoré d'une rose, son insigne personnel, le commandant de Rose, victime d'une panne de moteur, se tue accidentellement après avoir donné ses lettres de noblesse à la chasse.

 

Marie-Catherine Villatoux, Service historique de la Défense, département de l'armée de l'Air, In Les Chemins de la Mémoire, 193/avril 2009

René Cassin

1887-1976

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René Cassin. Domaine public

 

"Il n'y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l'homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit". Ainsi s'exprime René Cassin, grand juriste français et l'un des pères de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Nul mieux que lui n'a compris que les droits de l'homme et la paix étaient indissolublement liés.

Appartenant à une vieille famille de tradition juive, René Samuel Cassin voit le jour le 5 octobre 1887 à Bayonne. Après de brillantes études au lycée Masséna de Nice, il entre à la faculté de droit d'Aix-en-Provence. Licencié ès-Lettres, premier prix au concours général des facultés de droit, il devient docteur ès-sciences juridiques, économiques et politiques et obtiendra son agrégation en droit privé en 1919.

René Cassin est mobilisé en 1914 comme caporal chef. Un tir de mitrailleuse le blesse grièvement le 12 octobre de la même année à Saint-Mihiel. Il reçoit la Croix de guerre avec palme et la Médaille militaire. Réformé, il enseigne à la faculté d'Aix-en-Provence, puis à celles de Marseille, Lille et Paris. Par solidarité avec ses anciens camarades de combat, il participe dès 1917 à la création de l'une des toutes premières associations de victimes de guerre. En 1929, il devient vice-président du conseil supérieur des pupilles de la nation. Jusqu'en 1940, il consacre une partie de ses activités aux anciens combattants et fera voter plusieurs lois en faveur des victimes de guerre.

Militant de la paix, René Cassin veut "effacer toute frontière entre les hommes, reconnaissant à chacun d'entre eux les mêmes droits inséparables à la dignité d'être". En 1924, il fait partie de la délégation française à la Société des Nations. Après les accords de Munich, qu'il dénonce, il refusera de siéger à Genève. Dès le début des années 1930, averti des dangers du nazisme par des juifs allemands rencontrés lors d'un voyage en Palestine, il avait pressenti un nouveau conflit en Europe.

Prix Nobel de la paix pour ce défenseur des droits de l'homme

En juin 1940, il refuse l'idée d'un armistice, rejoint l'Angleterre et se présente le 29 juin au général de Gaulle. Ce dernier lui confie la mission de négocier l'accord du 7 août 1940 avec les Britanniques, accord qui fait de De Gaulle un allié à part entière et donne un statut à la France libre qu'il dote ensuite de structures juridiques et administratives propres à assurer la continuité de l'État et de la République.

À la demande du général de Gaulle, il prend la direction, en 1943, de l'Alliance israélite universelle qu'il dirigera jusqu'à sa mort. Secrétaire permanent du Conseil de défense de l'Empire français, président du comité juridique de la France combattante puis du Gouvernement provisoire de la République française (1941-1944), il est nommé, en 1944, vice-président du Conseil d'État, fonction qu'il exercera jusqu'en 1960.

Délégué de la France à l'ONU, René Cassin a fait partie, dès 1946, du petit groupe de spécialistes chargés de rédiger la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948 par l'assemblée générale des Nations-Unies. Aux côtés de la présidente de la commission, Eleanor Roosevelt, épouse de l'ancien président des États-Unis, il y joue un rôle majeur . il obtient que la Déclaration soit "universelle" et non "internationale", faisant admettre que les droits économiques, sociaux et culturels soient désormais considérés comme des droits fondamentaux.

En janvier 1959, il est choisi par l'assemblée consultative du Conseil de l'Europe pour siéger comme juge à la Cour européenne des droits de l'homme, qu'il présidera de 1965 à 1968. Il reçoit le prix Nobel de la paix en octobre 1968 . le montant de la récompense lui permet de créer, en 1969, l'Institut international des droits de l'homme.

René Cassin participe par ailleurs activement à la vie institutionnelle de la France. Il préside, en 1958, le comité chargé de préparer la Constitution de la Ve République et reçoit, en 1959, en tant que vice-président du Conseil d'État, le serment du nouveau président de la République, le général de Gaulle. Il joue également un rôle essentiel dans la création du Conseil constitutionnel dont il est membre de 1960 à 1971.

Grand Croix de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, médaillé de la Résistance, commandeur des Palmes académiques, René Cassin décède le 20 février 1976 à Paris. Le 5 octobre 1987, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, son corps est transféré au Panthéon.

 

Source : In Les Chemins de la Mémoire, 188/novembre 2008