Commémorer par la musique

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Hommage National aux victimes d’Albacete, 3 février 2015. © A.Jeuland/Armée de l’air

Le colonel Claude Kesmaecker est Chef de la Musique de l’air depuis 15 ans. Entièrement constituée de musiciens professionnels, la Musique de l’air incarne le prestige et l’excellence des valeurs de l’aviateur. Elle participe au cérémonial militaire et se produit également en concert en France ou à l’étranger.

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Kesmaecker

Colonel Claude Kesmaecker. © Richard Nicolas-Nelson/Armée de l’air/Défense

 

Pourriez-vous vous présenter et nous rappeler l’histoire de la Musique de l’Air ?

La Musique de l’air a été créée très rapidement, deux ans après la naissance de l’armée de l’Air en 1936. Calquée sur le modèle de la garde républicaine, la Musique de l’air a été constituée de musiciens de haut niveau et placée sous la direction du premier chef de musique, le commandant Claude Laty.

Implantée sur la base aérienne 107 "Sous-lieutenant René Dorme" de Villacoublay en région parisienne, la Musique de l’Air diffuse et promeut les valeurs de l’Armée de l’Air, en France et à l’étranger.

L’Orchestre participe à des cérémonies, propose des concerts en France et à l’étranger, rend régulièrement les honneurs aux plus hautes autorités de l’État ou aux autorités étrangères en visite officielle en France. Par ailleurs, intégrée à la programmation culturelle du musée de l’Armée, la Musique de l’air s’associe régulièrement à des projets pédagogiques au profit de la jeunesse et se produit dans des lieux prestigieux de la République comme l’Hôtel national des Invalides ou encore le Panthéon.

Pour ma part, je dirige la Musique de l’air depuis mars 2005 après avoir été chef de musique dans l’armée de Terre (directeur adjoint du conservatoire militaire) et dans la Marine nationale (chef de la musique des équipages de la flotte de Brest).

La musique a toujours été présente dans les cérémonies commémoratives. Quelle est son rôle dans le rituel cérémoniel ?

Le rôle de la musique dans le rituel du cérémonial est d’une importance capitale. Il est double. En effet, il s’agit tout d’abord de souligner l’ensemble des commandements lors de chaque phase des cérémonies (à chaque commandement correspond une sonnerie officielle).

La musique est également indispensable lors de l’exécution de l’hymne national, de la revue des troupes et, le cas échéant, du défilé des troupes.

Elle est donc essentielle au bon respect du protocole de la République.

La place de la musique dans les cérémonies a-t-elle selon vous évolué ces dernières années ?

Le répertoire de l’orchestre d’Harmonie de la Musique de l’Air s’est-il étendu ?

La place de la musique n’a pour ainsi dire pas évolué ces dernières années, tant le rituel du cérémonial est codifié et immuable.

Le répertoire de l’orchestre d’harmonie de la Musique de l’air est, quant à lui, en perpétuelle évolution. Celui-ci répond à la fois aux multiples attentes des publics et des programmateurs de concerts. Il s’est beaucoup enrichi d’œuvres et d’arrangements réalisés spécialement et exclusivement pour la Musique de l’air. Enfin, la Musique de l’air n’hésite pas à programmer des nouveaux compositeurs afin de transposer ainsi l’ouverture de l’armée de l’Air sur la société civile et la jeunesse.

Depuis que vous dirigez cet orchestre, y a-t-il une cérémonie/un événement qui vous a particulièrement touché ?

Plusieurs événements ont été particulièrement importants et/ou touchants. Cela concerne à la fois des festivals internationaux comme notre participation à l’International Virginia Tattoo à Norfolk aux USA, notamment en 2017 à l’occasion du centenaire de l’entrée des États-Unis dans la Grande Guerre, qui a donné lieu à des rencontres fructueuses avec des musiciens d’autres pays.

Mais la participation à l’émission TV de Jean-François Zygel "la boite à musique" a été l’occasion de faire découvrir la Musique de l’air et, par extension, les orchestres militaires à un large public.

Je n’oublie pas non plus des cérémonies prestigieuses et importantes, tout en accordant une place particulièrement émouvante à la cérémonie d’honneurs funèbres qui a suivi la terrible catastrophe d’Albacete (Espagne) en 2015.

 

Cérémonie d’adieux aux armes du GAA G.Maire,  23 septembre 2016 © Anthony JEULAND/Armée de l’air/Défense

Cérémonie d’adieux aux armes du GAA G.Maire, 23 septembre 2016 © Anthony Jeuland/Armée de l’air/Défense
 

Aujourd’hui, quelle est la place de la Musique de l’Air dans la culture militaire de notre pays et plus généralement dans le patrimoine culturel français ?

La Musique de l’air a toujours occupé une place prépondérante parmi les orchestres militaires. De par sa position géographique et la qualité du recrutement de ses musiciens, la Musique de l’air continue d’inspirer une sorte de modèle pour de nombreuses formations.

Grâce à la volonté d’ouverture initiée par les autorités de l’armée de l’Air, la Musique de l’air est aujourd’hui invitée régulièrement dans des prestigieux festivals. Elle participe en effet régulièrement à "la folle journée" à Nantes et en région des Pays de la Loire. Elle est également très présente dans la saison musicale du musée de l’Armée (Invalides) et demeure très impliquée dans des actions vers la jeunesse (concerts éducatifs). Enfin, ses divers partenariats avec les conservatoires ainsi qu’avec les institutions musicales françaises lui valent de travailler régulièrement avec des solistes internationaux.

 

Entretien avec le colonel Claude Kesmaecker