La médaille de l'expédition de Suez

La médaille commémorative des opérations au Moyen-Orient, créée par le décret du 22 mai 1957, est accordée aux militaires français des armées de terre, de mer et de l'air qui ont participé entre le 1er septembre et le 22 décembre 1956 aux opérations d'Egypte. Elle peut également être décernée aux ressortissants français non militaires ayant pris part à ces opérations, en particulier les équipages des navires marchands et des appareils de l'aviation commerciale.

En bronze, elle présente à l'avers l'effigie de la République casquée, œuvre du graveur Georges Lemaire. Le revers porte l'inscription "Médaille commémorative des opérations du Moyen-Orient 1956". Une bélière formée de branches de lauriers entourant un croissant, la relie à un ruban de couleur bleue coupé verticalement de trois raies jaunes. Le ruban s'orne d'une barrette rectangulaire portant la mention "Moyen-Orient".

Hormis son revers et sa barrette, cette médaille est identique à la médaille d'Orient créée en 1926, destinée aux militaires qui servirent dans le corps expéditionnaire d'Orient puis dans l'Armée d'Orient entre 1915 et 1918.

 

Source: collection Maurice Bleicher

Le 26 juillet 1956 , la nationalisation du canal de Suez par le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser précipite la crise qui couvait entre le dirigeant tiers-mondiste d'une part, la France, le Royaume-Uni et Israël d'autre part. Pour la France, engagée depuis 1954 dans la guerre de décolonisation algérienne, il s'agit notamment de se débarrasser d'un des principaux soutiens logistique, diplomatique et financier du FLN algérien.

Le 5 novembre 1956, le 2ème Régiment de Parachutistes coloniaux et des éléments de la 60ème compagnie du génie aéroporté sautent sur Port-Saïd : l'opération « Amilcar » prolonge l'offensive menée le 29 octobre par Israël contre les positions égyptiennes dans le Sinaï et précède de 24 heures le débarquement de contingents franco-britanniques plus conséquents à proximité du canal de Suez. Les Français, commandés par le général de corps d'armée André Beaufre, forment la force « A » du dispositif, composée notamment du 1er Régiment étranger de parachutistes, de trois commandos de marine et de plusieurs escadrons de chars.

L'opération militaire franco-israëlo-britannique est, sur le terrain, couronnée de succès. Tous les objectifs assignés aux troupes débarquées dans les premiers jours de l'offensive sont atteints, le canal est repris et l'armée égyptienne menacée d'effondrement. Dès le 7 novembre toutefois, Soviétiques et Américains imposent aux belligérants un cessez-le-feu. Le 27 novembre, des casques bleus sont déployés et le 22 décembre les dernières troupes franco-britanniques doivent quitter l'Egypte.

Victoire militaire, l'expédition de Suez est donc aussi un échec politique franco-britannique : le canal demeure égyptien, la détermination du FLN reste intacte, le prestige de Nasser au sein du monde arabe comme parmi les « non-alignés »sort renforcé de la crise. Elle symbolise aussi le nouvel équilibre des forces issu de l'après-guerre, URSS et États-Unis s'affirmant comme des acteurs incontournables des relations internationales au détriment des deux anciennes puissances coloniales.