La musique militaire française, un outil et un modèle

Sous-titre
Par Thierry Bouzard - Docteur en histoire, chargé des cours d’histoire de la musique militaire au Commandement des musiques de l’armée de Terre (COMMAT)

Partager :

Trompette de gala de l’escadron des Cent-Gardes. © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/Pascal Segrette

En adoptant l’orchestre d’Adolphe Sax en 1845, l’armée française révolutionne la musique de plein air et exporte son modèle musical sur toute la planète. Ses chefs de musique enseignent le solfège et forment des musiciens, faisant rayonner la culture française et européenne très largement au-delà des limites de l’empire colonial.

Corps 1

Au début du XXe siècle, le kiosque à musique installé sur la place principale abrite, plusieurs fois par semaine à la belle saison, des orchestres militaires qui offrent des concerts de musique gratuite. Construits dans toutes les villes d’Europe et des colonies, ces kiosques incarnent un modèle de civilisation en diffusant les oeuvres des compositeurs européens sur toute la planète. Séduisantes, leurs musiques agissent comme agent d’influence et font la promotion d’une culture, ainsi que d’un modèle de société.

Une demande croissante de musique

Si les concerts en salle se développent au XVIIIe siècle, la musique en extérieur ne donne quant à elle, et pendant plusieurs décennies, guère satisfaction. Les tentatives révolutionnaires parisiennes reposent sur de gros effectifs de choeurs et parfois des canons ; la création du Conservatoire n’apporte pas la solution. En réalité, le problème est organologique : les instruments de musique pour l’extérieur n’existent pas. La paix rétablie après les guerres révolutionnaires et impériales, les facteurs d’instruments rivalisent pour concevoir des moyens de reproduire les effets de l’orchestre symphonique.

 

Concert_kiosque

Concert au kiosque à musique dans le parc de la Pépinière, Nancy, Meurthe-et-Moselle, 1900. © CAP/Roger-Viollet

 

La demande de musique est, dès la fin du XVIIIe siècle croissante, comme le montrent les jardins-spectacles qui s’ouvrent dans la capitale à partir de 1767. La création des premiers orchestres réglementaires, en 1766, s’inscrit dans cette nouvelle offre de musique, même si elle ne peut suffire. En effet, l’ordonnance ne mentionne que des clarinettes et des fifres, or "en 1776, presque tous les régiments entretiennent à leurs dépens une musique composée de hautbois, clarinettes, cors et dessous […] L’infanterie française outrepasse même, […] ce nombre jusqu’à l’extravagance ; plusieurs régiments ont eu jusqu’à vingt musiciens jouant des instruments susdits." De plus, dès 1783, "la plupart des régiments supprimaient la moitié des tambours pour avoir des instruments" (in Général Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre, T. 12, Lib. Corréard, 1849).

En se basant sur l’organisation de 1776 qui reste en vigueur jusqu’en 1791, les 103 régiments d’infanterie sont répartis en deux bataillons de 10 compagnies avec un tambour par compagnie. Or les tambours sont des instrumentistes d’ordonnance qui ont appris à l’imitation et ne savent ni lire ni écrire, comme la grande majorité de la population de l’époque. Les chefs de musique sont donc obligés de leur apprendre la musique. Jamais prise en compte, cette formation mérite d’être considérée quand on sait qu’il existe entre 120 et 140 écoles maîtrisiennes en 1789, année de leur suppression. Oubliées, ces écoles militaires de musique sont donc les seules à exister jusqu’à la diffusion de la méthode Wilhem à partir de 1830. De plus, la levée en masse de 1793 multiplie par quatre le nombre d’orchestres militaires puisque le règlement de 1791 les maintient. La musique étant une question de prestige, les officiers sont mis à contribution pour financer le recrutement de gagistes et de musiciens professionnels, qui par leur statut, sont très respectés pour leurs compétences.

Former des instrumentistes

L’implication des maîtres de musique dans la formation est illustrée par la publication de méthodes instrumentales. Frédéric Blasius (1758-1828), qui deviendra chef de l’orchestre de la Garde des consuls puis des grenadiers de la Garde impériale, publie plusieurs méthodes. Jean-Xavier Lefèvre (1763-1829), après être passé à la musique des Gardes françaises, publie en 1802 une Méthode de clarinette réputée puisqu’elle est traduite en allemand. Certains musiciens ont appris la musique dans les orchestres militaires : Michel Yost (1754-1786), le fondateur de l’école française de clarinette, apprend l’instrument auprès de Joseph Beer (1744-1812), alors maître de la musique des Gardes du corps. Georg Friedrich Fuchs (1752-1821) apprend la clarinette, le cor et le basson. Il est musicien dans divers orchestres militaires allemands avant de devenir chef de la musique du Royal Deux-Ponts et de s’installer à Paris. Le capitaine trompette-major Elie Krettly (1775-1840) apprend la musique chez les Gardes suisses, puis aux Gardes françaises.

En 1789, à la charnière du militaire et du civil, la première formation de la Garde nationale parisienne compte parmi ses musiciens, outre Gossec (maître de musique) et Lefèvre (sous-maître), Delcambre, Devienne, Blasius, Duvernoy, Ozi ou encore Gebauer, qui s’illustreront par la suite en participant au rayonnement de cet orchestre. Avant de devenir le Conservatoire, l’enseignement musical est donné au sein de l’École gratuite de musique de la Garde nationale. Outre l’animation des fêtes civiques et des cérémonies officielles, le rôle initial du Conservatoire était bien de former des instrumentistes pour le service des armées de la République. Durant ses six premières années d’existence, il forme ainsi quatre cents élèves.

 

Berlioz

Berlioz dirigeant un « concert à mitraille », gravure sur bois d’après le dessin de Granville, 1845. © AKG-images

 

Les orchestres parisiens de la Garde nationale réunissent de grands musiciens. En 1822, Cherubini est capitaine-commissaire dans la formation où l’on retrouve Ferdinand Paër, lieutenant ; Charles-Simon Catel et Henri Berton, sous-lieutenants. 1er grand prix de Rome en 1824 et chef d’orchestres parisiens, Auguste Barbereau (1799-1879) est lieutenant, chef de la Compagnie de Musique de la 7e Légion à partir de 1830 et toujours en 1845. Il enseigne la composition, l’histoire de la musique et publie plusieurs traités. En 1840, Berlioz revêt l’uniforme de la Garde nationale pour diriger les deux cents musiciens qui exécutent sa Symphonie funèbre et triomphale lors du 10e anniversaire de la Révolution de 1830. Pierre Melchior (1788-1845) apprend la musique comme enfant de troupe, devient musicien au 34e régiment d’infanterie de ligne, puis au 1er régiment de la Garde de Paris, avant de passer au régiment des chasseurs à pied de la Garde impériale. En 1815, il est nommé chef de musique au 3e régiment d’infanterie de la Garde royale. Il est le compositeur des sonneries d’ordonnance pour le clairon en 1822. En 1836, il est chef de musique de la Garde nationale d’Elbeuf et donne des cours de solfège. Pierre Baumann (1796-1872), musicien et compositeur lillois est nommé chef de la musique de la Garde nationale en 1832.

L’armée a été capable d’administrer les orchestres attendus par la population. Malgré les carences de la facture instrumentale, ils sont d’une qualité suffisante, pour assurer pendant plusieurs décennies la formation musicale en France et servir de modèle pour le développement d’orchestres sur tout le territoire. Philippe Gumplowicz considère que les orchestres militaires sont de véritables "petits conservatoires du peuple" puisque "presque tous les chefs, sous-chefs ou musiciens de première classe mis à la retraite ou de retour dans leurs foyers sollicitent la direction de sociétés existantes ou en fondent de nouvelles".

Une reconnaissance internationale

La formation réalisée par les chefs de musique français va bénéficier d’une éclatante reconnaissance. En juin 1842, le jeune facteur belge d’instruments Adolphe Sax rencontre Berlioz, qui présente les réalisations de l’inventeur dans le Journal des Débats. Il s’était déjà fait connaître en 1835, à l’exposition de Bruxelles, avec sa clarinette à vingt-quatre clés et s’était familiarisé avec les orchestres militaires ayant appris son instrument auprès de Valentin Bender, chef de la musique des Guides.

En 1839, Habeneck, chef d’orchestre de l’Opéra de Paris, adopte sa clarinette pour sa formation et l’invite à Paris pour le faire entendre au Conservatoire devant Auber, Halévy, le flûtiste Dorus et d’autres musiciens. En 1843, Donizetti échoue à faire jouer son opéra Dom Sébastien avec des clarinettes-basses, mais les nouveaux instruments sont introduits dans les orchestres de l’Opéra par Verdi (Jérusalem), Meyerbeer (Le Prophète), Halévy (Le Juif errant), puis Gounod (Le Tribut de Zamara).

 

Adolphe_Sax

Adolphe Sax (1814–1894), facteur d’instruments de musique belge. © AKG-images/Album/Documenta

 

Georges Kastner, membre de la commission de 1845 pour réformer les musiques militaires, écrit dans son ouvrage sur la musique militaire publié en 1848, après la réforme adoptant les instruments d’Adolphe Sax : "MM. Fétis, Castil-Blaze et Berlioz sont […] ceux qui ont écrit sur ce sujet les articles les mieux raisonnés, les plus intéressants : aussi peuvent-ils se considérer à bon droit comme les principaux moteurs de l’utile réforme qui vient de s’accomplir."

Sax a étudié la facture allemande à Berlin et s’installe à Paris en octobre 1842, refusant des offres russes et britanniques. Les projets de réorganisation des orchestres en cours dans l’armée française le confortent dans son choix. Sax trouve en France les compétences musicales et le potentiel propices à la réalisation de ses projets. Ainsi l’installation d’Adolphe Sax à Paris, puis l’adoption de ses instruments et de son modèle d’orchestre révèle la qualité des musiciens français, et donc la qualité de la formation réalisée par les chefs de musique depuis plus de six décennies.

En 1845, l’orchestre de la 5e légion de la Garde nationale est un des premiers à adopter la nouvelle organisation. Il est dirigé par Charles-Alexandre Fessy (1804-1856), proche de Sax qui lui avait déjà confié la direction de sa formation lors du concours organisé sur le Champ-de-Mars le 22 avril 1845, et qui dirige aussi l’orchestre de démonstration utilisé par Sax dans la salle de concert de ses ateliers. Avec Arban, membre du même orchestre, ils publient une Méthode complète pour saxhorn et saxotromba en 1846. La grande réforme de 1854-55 voit l’adoption définitive des instruments de Sax ainsi qu’un statut pour les musiciens militaires. Elle est à l’origine du développement des orchestres de plein air en France, en Europe et dans le monde entier.

On connaît la résistance des facteurs d’instruments aux innovations de Sax. Elle n’est pas relayée par les chefs de musique, militaires et civils. Bien au contraire, ils ont accompagné la réforme, montrant ainsi leur compétence et leur discernement. En 1819, l’industrie des instruments de musique occupe 1 667 ouvriers pour un chiffre d’affaires de 2 millions de francs. En 1847, on compte 4 500 ouvriers pour 16,55 millions de francs, dont la moitié produit des pianos. L’augmentation de l’activité est considérable. Là encore, elle reflète le travail d’enseignement réalisé par les chefs de musique.

Ce développement bénéficie des expositions universelles. Sax se fait remarquer à l’exposition nationale de Bruxelles dès 1835, puis accumule les distinctions : Council Medal à la 1re exposition universelle à Londres en 1851, Grande Médaille d’Honneur à Paris en 1855, Medal for excellence à Londres en 1862 et Grand Prix à Paris en 1867, il est décoré de la Légion d’honneur en 1849. Le saxophone est entendu pour la première fois sur le sol américain pendant l’exposition universelle de New York en 1853.

Traduisant l’avance de la France à l’époque du Second Empire, le premier concours international de musiques militaires est organisé à Paris en 1867, où ces formations deviennent l’expression de l’identité musicale de leurs pays respectifs. Pour la France, elle est reflétée par la couleur de son orchestre militaire (instruments à anche, clairon et trompette) aux sonorités brillantes appréciées à l’étranger, le distinguant du brass-band anglo-saxon (saxhorns et caisses claires).

En 1899, Guilbaut, rédacteur en chef de L’Instrumental, une publication destinée aux musiciens civils, fournit un historique de l’évolution des orchestres civils dans le catalogue de la société Couesnon. Il relève que la plupart des sociétés instrumentales sont apparues à partir de 1865. En 1870, il dénombre 4 000 sociétés. En 1899, il existe 7 000 orchestres répartis en 5 500 fanfares et 1 500 harmonies.

Les catalogues des fabricants d’instruments français témoignent d’une diffusion planétaire. Avec les instruments, ils diffusent le modèle musical français qui accompagne les conquêtes coloniales. S’il s’agit au départ d’une conquête militaire, son exploitation repose aussi sur le pouvoir de séduction des orchestres de l’armée. En effet, l’écriture musicale étant une spécificité européenne, l’orchestre européen n’a pas d’équivalent dans les autres civilisations.

Pour les populations concernées, l’écoute de ces musiques a constitué une véritable révolution culturelle. Elle s’est faite naturellement, sans aucune réaction d’hostilité. Bien au contraire, les chefs de musique militaires ont augmenté ce pouvoir de séduction en formant des musiciens autochtones au solfège et en intégrant leurs instruments. Cette influence a pu être considérable. Alfred Lemaire (1842-1907), envoyé en 1868 par le ministre de la Guerre en

Perse, devient ainsi directeur général de ses musiques militaires et introduit l’enseignement musical dans cette très ancienne civilisation. Au Japon, Leroux (1851-1926), chef de musique du 78e Régiment d’infanterie, forme le premier orchestre militaire japonais, introduisant ainsi le solfège en 1884.

Le front musical de la Grande Guerre

À la déclaration de guerre de 1914, l’armée française compte 400 orchestres militaires. En janvier 1917, on dénombre 194 musiques dans l’armée de terre, plus la musique de la Garde républicaine et les 2 musiques des équipages de la Flotte, sans compter les fanfares dont les musiciens sont devenus des combattants. Le règlement de 1883 rappelle qu’en temps de guerre les musiciens deviennent brancardiers. La guerre, qui était prévue pour se terminer rapidement, s’installe dans la durée. Il faut animer le cérémonial, distraire le soldat et réconforter les blessés. En février 1915, dans le secteur d’Amiens, le 18e Régiment d’infanterie territoriale met sur pied un orchestre : "Aux cantonnements, des concerts sont exécutés. Le colonel Rat crée, dans les brancardiers du corps et au moyen de dons, une musique de 36 exécutants." En janvier 1916, dans l’Oise, la musique donne des concerts auxquels est conviée la population civile.

Outil culturel inutile dans les combats, la musique est pourtant indispensable au soldat et à l’armée. Elle tient donc un véritable front culturel, comme agent d’influence en temps de paix, mais aussi en temps de guerre. Les concerts sont de nouveau autorisés dès le printemps 1915. Le répertoire exalte le patriotisme, les orchestres animent les commémorations et les spectacles de bienfaisance. Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle, "compositeur" de l’hymne national, entrent aux Invalides. Pour distraire le soldat, les grands noms de la chanson sont engagés dans le Théâtre aux armées : Polin, Bach, Mayol, Botrel, Bruant, Eugénie Buffet, même Sarah Bernhardt. Après avoir ramassé les blessés comme brancardier, le musicien leur fait entendre sa musique dans les hôpitaux pour soigner leur moral, pour soigner les coeurs.

 

Quatuor_129e

Le Quatuor du 129e, Maurice Maréchal, Lucien Durosoir, Henri Lemoine, André Caplet, Henri Magne, décembre 1916.
© Collection Mémorial de Verdun

 

Les musiciens sont engagés sur un nouveau front musical. En 1916, répondant à l’invitation des États-Unis, l’ancien chef de la musique de la Garde, Gabriel Parès, est sollicité pour monter un orchestre de "poilus" qui va se produire pendant les trois mois que dure l’exposition de San Francisco. En 1916, après la bataille de la Somme, la musique de la Garde républicaine est dépêchée en Angleterre et donne cinq grands concerts en septembre et octobre, dont celui de Green Park qui réunit 150 000 spectateurs. En février 1918, pour marquer le soutien des alliés à l’Italie après le désastre de Caporetto, une Réunion des musiques alliées est organisée à Rome au bénéfice de la Croix-Rouge. De mai 1918 à février 1919, Parès dirige plus de 200 concerts aux États-Unis. Avec la guerre, le centre de gravité économique et politique du monde bascule par-delà l’Atlantique. La création musicale n’est plus en Europe, ainsi le jazz (ragtime) pénètre le Vieux Continent avec l’armée des États-Unis. Comme l’orchestre de Parès a été constitué pour jouer outre-Atlantique , les orchestres de l’armée étatsunienne sont venus jouer en Europe, entretenant un dialogue musical par-dessus l’Atlantique.

 

Gabriel_Pares

Gabriel Parès dirigeant la musique de la Garde Républicaine, 1913. © Agence Rol/Gallica – Bibliothèque nationale de France

 

Un héritage durable

Les orchestres d’harmonie (civils et militaires) jouent pour le peuple et leurs programmes font entendre les meilleures oeuvres des grands compositeurs parisiens, diffusées par "ruissellement" (Pr. Jann Pasler) dans tous les départements, les municipalités, ainsi que dans tout l’empire.

S’il existe un répertoire spécifiquement militaire pour le cérémonial, la grande majorité des programmes donnés dans les kiosques est d’origine civile. Dans le domaine de l’écriture musicale, les chefs de musique ont été surtout de grands arrangeurs. Destinées au plein air, certaines de leurs compositions sont entrées dans la mémoire populaire (L’Alsace et la Lorraine, Sambre et Meuse, Salut au 85e, Saint-Cyr, Marche de la 2e DB, Les Africains…). Ils ont le souci du patrimoine en faisant redécouvrir les compositions anciennes, dont les travaux de Léonce Chomel, le recueil de Gabriel Parès ou encore les enregistrements de Désiré Dondeyne.

Dans les années 1960, les chefs de musique poursuivent leur travail de formation avec la politique de coopération, spécialement Jean Avignon au Sénégal et René Gaudron au Cambodge. Cette politique est maintenue trente ans plus tard par le Conservatoire militaire de musique de l’armée de Terre qui assure la formation de musiciens militaires étrangers, essentiellement africains. Si l’enregistrement et l’amplification ont supplanté les musiques vivantes de plein air, l’oeuvre d’Adolphe Sax subsiste encore aujourd’hui puisque la plupart des orchestres du cérémonial d’État de par le monde sont les héritiers du modèle conçu pour l’armée française.

 

Thierry Bouzard - Docteur en histoire,
chargé des cours d’histoire de la musique militaire au Commandement des musiques de l’armée de Terre (COMMAT)