Le Bois des Caures

Situé au nord de Verdun, le Bois des Caures était, en Meuse la position française la plus avancée. Le secteur était peu protégé , le maréchal Joffre ayant concentré ses forces sur la préparation de l’offensive de la Somme, prévue à l’été 1916. Théâtre des premiers instants de l’offensive allemande sur Verdun, le Bois des Caures est vite devenu un lieu symbolique de la résistance française. La sépulture du lieutenant-colonel Driant et de ses chasseurs, désormais nécropole nationale, ainsi que son poste de commandement et la forêt les environnant, constituent aujourd’hui un lieu majeur de visite et de recueillement pour les visiteurs du champ de bataille.

L’attaque allemande sur le Bois des Caures et la résistance héroïque des 56e et 59e Bataillons de Chasseurs à Pied (BCP)

21 février 1916, 7 heures et 15 minutes. Le feu roulant de 1200 canons annonce le déclenchement de l’opération « Gericht ». Le général Erich von Falkenhayn, concepteur de l’opération, évoquera plus tard dans ses mémoires une volonté de « saigner à blanc l’armée française », mais rien ne vient corroborer, dans les documents de l’époque, cette affirmation apocryphe. Pour les Allemands, l’objectif est bien de renouer avec la guerre de mouvement, de prendre Verdun et, en perçant les lignes françaises, de s’ouvrir la route de Paris.

Jusqu’à 16 heures, 2 millions d’obus de tous calibres s’abattent sur les positions françaises. Le bombardement est tel qu’il est entendu dans un rayon de 150 kilomètres, jusque dans les Vosges.

 Position avancée française sur la rive droite de la Meuse, le Bois des Caures est pulvérisé par ce déluge d’acier. Les arbres sont déchiquetés et les tranchées détruites. Le Bois des Noisetiers, Bois des Caures en patois meusien, devient un paysage lunaire, parsemé de trous d’obus, où se maintiennent cependant encore les chasseurs des 56e et 59e BCP, réservistes originaires de la région de Lille, d’Epernay ou de Saint-Quentin. Ils sont commandés par le lieutenant-colonel Emile DRIANT, député de Nancy, 59 ans au déclenchement de la guerre et qui avait insisté pour servir au front.

A 17 heures, le bombardement s’allonge et poursuit son œuvre destructrice à l’arrière du Bois de Caures. Les Poilus qui ont survécu sortent de leurs abris, beaucoup sont blessés après dix heures de bombardement. Au même moment, les fantassins allemands lancent leur attaque. Sur des positions désorganisées et avec les moyens qui sont encore en état d’usage, les chasseurs de Driant opposent une farouche résistance à l’ennemi. Jusqu’au corps à corps, les Poilus du Bois des Caures se battent à un contre huit. Au soir du 21 février 1916 le bois a résisté et est resté français.

22 février 1916. Après une nouvelle préparation d’artillerie mobilisant des obus à gaz, les Allemands se lancent de nouveau à l’assaut des positions françaises. Les chasseurs de Driant défendent le terrain pied à pied, retardant l’avance ennemie et gagnant un temps précieux qui permet au commandement français d’organiser la défense devant Verdun. En fin d’après-midi, n’étant plus en mesure de tenir sa position, le lieutenant-colonel Driant ordonne le repli des survivants. Partant parmi les derniers, il est frappé d’une balle dans la tête alors qu’il porte secours à un de ses hommes blessé. « Oh ! là, là, mon Dieu ! » furent ses derniers mots. Il est inhumé par les Allemands, ainsi que la plupart de ses hommes, à proximité du lieu de son décès.

Un lieu de mémoire symbolique devenu nécropole nationale au cœur d’un domaine forestier d’exception

La nécropole nationale du Bois des Caures est située dans la forêt domaniale de Verdun, qui a obtenu par deux fois le label « forêt d’exception » pour ses capacités à protéger les vestiges de guerre mais aussi la flore et la faune du site, la forêt étant malheureusement victime, depuis quelques années, de scolytes qui font périr les résineux. L’Office National des Forêts veille à sauvegarder cet espace naturel et à replanter les parcelles de forêt touchées. De nombreuses actions de reboisement ont été initiées et la promotion de Saint-Cyr, par exemple, a effectué une plantation de 1200 arbres en mémoire des 1200 Chasseurs de Driant. Ces actions, ainsi que la géolocalisation qui permet d’identifier les arbres replantés, donnent au site une dimension nouvelle, alliant histoire et réflexions sur les effets du réchauffement climatique.

Durant votre visite au Bois des Caures, vous pourrez vous recueillir devant la sépulture monumentale où sont inhumés le  lieutenant-colonel Driant et 13 de ses chasseurs inconnus. Il s’agit d’une des 290 nécropoles nationales propriété de l’Etat, placées sous la responsabilité du ministère des armées et gérées par l’ONACVG.

En empruntant le chemin derrière leurs sépultures, vous pourrez visiter le poste de commandement de Driant.

Après avoir visité le poste de commandement, vous pourrez déambuler dans les bois ou bien revenir directement au niveau des sépultures. Vous pourrez quitter la nécropole nationale en empruntant un chemin de terre situé de l’autre côté de la route, et dont l’allée est en reconstruction végétale, pour découvrir le monument marquant l’endroit où le lieutenant-colonel Driant est « Mort pour la France ». A ce moment, vous serez à l’endroit des plus âpres combats des 21 et 22 février 1916. Enfin, vous pourrez découvrir la première sépulture de Driant située plus loin en suivant les panneaux d’orientation.  

La nécropole nationale du Bois des Caures est devenue un lieu de mémoire majeur de la bataille de Verdun. Elle bénéficie d’un important travail partenarial réalisé par le ministère des Armées, l’ONACVG, le Conseil départemental de la Meuse, la commune de Vacherauville, le village détruit de Beaumont-en-Verdunois, l’Office National des Forêts, le Souvenir Français, la promotion de Saint-Cyr « Colonel Driant », la Sidi-Brahim de la Meuse et de nombreux autres acteurs mémoriels locaux.


Pôle Mémoire de pierre,
Bureau de la politique des lieux de mémoire,
SGA/DMCA/SDMC

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