Le mémorial du Mont-Valérien

Au croisement des mémoires, du Parcours des Fusillés au mémorial de la France combattante

Avec plus d’un millier de fusillés entre les mois de mars 1941 et d’août 1944, le Mont-Valérien illustre la diversité des réseaux et organisations clandestines de la Résistance ainsi que l’évolution des politiques répressives et de persécutions allemandes. Pour ces raisons, le général de Gaulle choisit, dès 1944, ce lieu comme lieu d’hommage national aux mémoires et engagements de la Seconde Guerre mondiale.

À leur entrée dans la forteresse le 24 juin 1940, les Allemands découvrent un lieu stratégique et central, vaste espace, désert et isolé, aux portes de Paris, siège de leur administration. S’ils procèdent aux premières exécutions au fort de Vincennes, ils voient au Mont-Valérien l’opportunité d’exécuter avec discrétion les condamnés.

Le mont devient ainsi, moins d’un an après l’entrée de la Wehrmacht à Paris, un chaînon central de la stratégie répressive et l’étape finale de leur parcours pour plus d’un millier d’hommes préalablement arrêtés et détenus dans les prisons ou internés dans les camps. Quelques heures avant leur mise à mort, certains de ces hommes sont enfermés dans la chapelle qui jouxte le lieu des exécutions. Ce dernier lieu de vie conserve leurs graffitis, ultimes témoignages des fusillés.

Le Mont-Valérien dans le système répressif allemand.

Le Mont-Valérien dans le système répressif allemand.

La chapelle dans les années 1950.

La diversité des parcours des fusillés du Mont-Valérien illustre la diversité des engagements de la Seconde Guerre mondiale. Il devient un lieu de mémoires plurielles : lieu de mémoire coloniale, de la Résistance, de la Shoah, mais également de la Ve République.

Après-guerre, par la volonté de l’État et l’action des associations de familles de fusillés, le Mont-Valérien, « lieu du souvenir et du recueillement », devient un « Haut lieu » de la mémoire nationale.

À la Libération, les familles et les associations de victimes se rassemblent dans la clairière, lieu des exécutions, pour rendre hommage au millier de résistants et otages exécutés. Le Mont-Valérien devient ainsi le lieu d’hommage des « martyrs » de la Seconde Guerre mondiale.

Cérémonie du Comité du Souvenir, octobre 1979.

Cérémonie du Comité du Souvenir, octobre 1979.

Photographie de la « Butte sacrée », extraite du journal « Châteaubriant » du 15 février 1946.

En se rendant au Mont-Valérien le 1er novembre 1944, le général de Gaulle pose le premier jalon d’une construction mémorielle du site, les débuts d’une mémoire nationale cohabitant avec le « souvenir » des fusillés.

En 1960, en inaugurant autour de la clairière le mémorial de la France combattante, il concrétise l’idée d’une « certaine France » résistante. Cette mémoire nationale, illustrée par les 16 « Morts pour la France » dans la crypte, rassemble des combattants de tout horizon, civils et militaires. En 2021, le dernier compagnon de la Libération s’éteint. Hubert Germain est alors inhumé dans la crypte auprès des 16 premières dépouilles.

Charles de Gaulle dépose une gerbe sur la butte des fusillés.

Charles de Gaulle dépose une gerbe sur la butte des fusillés.

Journal « Ce soir » daté du 2 novembre 1944.

Si une page de l’histoire du site se tourne cette année-là, une autre s’écrit trois ans plus tard. Dans la nuit du 20 au 21 février 2024, 80 ans après son exécution au Mont-Valérien, Missak Manouchian était veillé pendant plusieurs heures, à l’intérieur même de la crypte du mémorial, quelques heures avant son entrée en Panthéon.

Par la présence de sa dépouille, c’est la présence des milliers de combattants communistes qui est alors symbolisée, avec l’accord moral de l’Ordre de la Libération. Ainsi se complète le discours mémoriel voulu par le général de Gaulle en ce lieu si symbolique.