Le Mémorial National de la prison de Montluc

Construite en 1921, la prison militaire de Montluc est peu utilisée après son ouverture. Elle fonctionne au début de la Seconde Guerre mondiale sous la IIIe République durant laquelle elle devient progressivement un outil répressif du régime de Vichy.

Aux communistes déjà enfermés, s’ajoutent alors différents types de détenus, notamment les premiers résistants arrêtés dans la région. Après l’invasion de la zone sud par l’armée allemande le 11 novembre 1942, la prison de Montluc est totalement réquisitionnée le 17 février 1943. Gérée par l’armée allemande, cette prison est utilisée par la Gestapo de Klaus Barbie qui y enferme résistants et Juifs, principales victimes de la répression nazie. Dernière étape dans la région avant les déportations et les exécutions, environ 10 000 personnes sont internées entre février 1943 et le 24 août 1944.

Rempart de la prison de Montluc, novembre 1944

Rempart de la prison de Montluc, novembre 1944

Deuxième étage du bâtiment cellulaire, novembre 1944

  • 21 juin 1943, internement de Jean Moulin à la prison de Montluc

Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers. Bercé par des valeurs familiales républicaines, il entame très tôt une carrière administrative et occupe le poste de préfet d’Eure-et-Loir au début de la Seconde Guerre mondiale. À son arrivée, l’armée allemande exige qu’il signe une déclaration accusant les troupes françaises coloniales d’avoir massacré des civils. Il refuse et tente de mettre fin à ses jours. En 1940, Jean Moulin est démis de ses fonctions par le maréchal Pétain. Il entre alors dans la clandestinité et rejoint le général de Gaulle à Londres dès 1941 pour le convaincre de la nécessité de soutenir la Résistance intérieure. Jean Moulin, désormais représentant du général de Gaulle, entame l’unification de la Résistance. Après de nombreuses difficultés, l’Armée secrète est créée en 1942 et le Conseil national de la Résistance (CNR) se réunit pour la première fois sous sa présidence le 27 mai 1943 à Paris. Le 21 juin 1943, Jean Moulin organise dans l’urgence une réunion à Caluire chez le Dr Fréderic Dugoujon. Cette rencontre vise à remplacer provisoirement le chef de l’Armée secrète arrêté quelques jours plus tôt. Lors de cette réunion, Jean Moulin est arrêté sous la fausse identité de Jacques Martel, avec sept autres résistants, par Klaus Barbie. Interné à la prison de Montluc dans la cellule 130, il n’est identifié que deux jours plus tard. Plusieurs personnes ont témoigné du passage de Jean Moulin à Montluc : le Dr Fréderic Dugoujon, Raymond Aubrac ainsi que Christian Pineau, dernière personne à avoir vu Jean Moulin vivant avant son transfert vers le siège de la Gestapo de Paris. Très affaibli, il est ensuite transféré en Allemagne à destination d’un hôpital militaire. Son décès est constaté par les autorités allemandes en gare de Metz le 8 juillet 1943. Son engagement et son sacrifice sont peu connus après-guerre. Ce n’est qu’en 1964, lors de la cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon, que Jean Moulin devient l’incarnation du symbole de la Résistance nationale.

La figure de Jean Moulin a participé à la sauvegarde de la prison de Montluc, devenue haut lieu de la mémoire nationale en 2010, aujourd’hui site emblématique des commémorations du 80e anniversaire de son arrestation.