Commémorer 1943

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Dans le cadre du cycle du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Armées et ses partenaires commémorent les principaux événements survenus en 1943 et rendent hommage aux protagonistes militaires et civils s’étant illustrés pendant cette année cruciale.

Le quartier du Vieux-Port de Marseille après son dynamitage par des unités de pionniers de la Wehrmacht, février 1943. © akg-images/Paul Almasy
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1943. Des rives de la Volga aux plages de Sicile, l’armée allemande vacille. Victorieuse à Stalingrad, l’Armée rouge poursuit ses offensives et reprend progressivement les territoires perdus depuis 1941. Rommel cède du terrain en Afrique, où les Alliés ont débarqué l’année précédente. Les bombardements alliés se multiplient sur l’Allemagne, affectant son potentiel industriel et détruisant ses principaux centres urbains. La Résistance, enfin, s’étoffe et s’organise, multipliant les attentats et attirant à elle de plus en plus de réfractaires à l’ordre nazi, en France notamment.

Que reste-t-il, 80 ans après, de cette année décisive où les espoirs changent de camp et où, malgré les souffrances, chacun se prend à espérer une issue prochaine ? Que commémorer ?

Dans le cadre de son programme mémoriel 2023, la direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) du ministère des Armées accompagne et soutient, en lien avec ses partenaires, les initiatives qui illustrent le cycle commémoratif du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale.

Mémoires locales, nationales et partagées

À l’initiative de nombreux acteurs culturels, associatifs et institutionnels, une riche programmation s’est constituée autour des événements de l’année 1943. Les lieux de mémoire, tout d’abord, sont pleinement mobilisés. Ainsi, la Maison d’Izieu, qui a accueilli de mai 1943 à avril 1944 plus d’une centaine d’enfants juifs pour les soustraire aux persécutions antisémites, proposera à ses visiteurs, à partir d’avril 2023, une exposition à l’occasion des 80 ans de l’ouverture de la Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault. Le site, en partenariat avec l’université de Poitiers et l’université Jean Moulin Lyon III, prévoit par ailleurs un cycle de conférences ouvert au grand public, intitulé "Procès et mémoire(s) des crimes de masse", en présence de nombreux chercheurs et doctorants.

La mémoire des arrestations juives de l’année 1943 sera également rappelée sur l’ensemble du territoire national. Outre la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux "Justes" de France, qui se déroulera le 16 juillet 2023, la ville de Marseille a commémoré, le 29 janvier dernier, les 80 ans des rafles et de la destruction du quartier nord du Vieux-Port, menées par les troupes d’occupation allemandes dans le cadre de l’opération Sultan. Une programmation culturelle est prévue pendant toute l’année à l’occasion de cet anniversaire.

Premier territoire français métropolitain libéré, l’Île de beauté occupe elle aussi une place centrale dans ce cycle commémoratif. À cette occasion, le musée de Bastia a lancé en fin d’année 2022 un appel à collecte dans le cadre de sa prochaine exposition temporaire, prévue à l’été 2023, intitulée "Corsica 39-45 : Les Corses et la Seconde Guerre mondiale". Ce projet participatif ambitionne de recueillir des objets du quotidien afin de montrer, sous un angle anthropologique, comment les Corses ont vécu le conflit. L’exposition coïncidera de près avec la célébration, les 3 et 4 octobre, des 80 ans de la libération de l’île. Prévues à Ajaccio et Bastia, des commémorations permettront de rendre hommage aux goumiers, aux résistants corses ainsi qu’à toutes les forces ayant pris part à ces opérations militaires.

Enfin, la saison mémorielle 2023 a vocation à s’étendre au-delà de l’Hexagone. À ce titre, la France et l’Italie envisagent par exemple de commémorer ensemble la campagne d’Italie. L’année mémorielle concernera également des territoires ultra-marins avec un hommage, en juin, aux dissidents antillais ayant rallié les Forces Françaises libres de 1940 à 1943.

Le ministère des Armées, un acteur incontournable

Le ministère des Armées, dépositaire d’un patrimoine culturel et mémoriel riche et diversifié, est également l’un des protagonistes majeurs du cycle commémoratif. Les projets les plus éminents portés par des associations, des collectivités territoriales et des établissements scolaires, en France ou appartenant au réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, pourront être soutenus, accompagnés et valorisés à travers l’attribution du label "Actions mémoire 2023". Le ministère oeuvre par ailleurs à rendre disponibles de nombreuses ressources. En témoigne la publication de ce numéro des Chemins de la mémoire, ou encore le prolongement de l’espace numérique consacré au cycle commémoratif. Créé sur le site Internet www.cheminsdememoire.gouv.fr en 2020, ce dernier est régulièrement alimenté avec de nouveaux contenus historiques, pédagogiques et audiovisuels. Il permet également de mettre en avant les actualités de partenaires privilégiés, comme les fondations mémorielles ou les membres du réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains, dont la DMCA assure l’animation.

Les hauts lieux de la mémoire nationale du ministère des Armées seront également au coeur du dispositif mémoriel. Le Mont-Valérien – Mémorial de la France combattante (Suresnes – Hauts-de-Seine), accueillera ainsi le 2 octobre et le 3 novembre deux cérémonies, respectivement en lien avec le 80e anniversaire de l’exécution des otages du 2 octobre 1943 et avec le 80e anniversaire de l’exécution du résistant Bernard Courtault. Une exposition, dédiée à l’histoire et à la mémoire du Mont-Valérien en 1943, est également en prévision. Le Mémorial du débarquement et de la libération de Provence accueillera quant à lui son public à l’occasion de conférences portant sur le Corps expéditionnaire français d’Italie, la rafle de Marseille et la destruction du Vieux-Port, Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance, ainsi que la libération de la Corse.

Transmettre aux plus jeunes, un impératif

Les programmes scolaires de l’enseignement secondaire, général et professionnel, accordent une large place à l’étude de la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de ses partenariats avec le ministère de l’Éducation nationale et, au titre de l’enseignement agricole, avec le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la DMCA met à disposition, sur la plateforme d’enseignement de défense Educ@def, de nombreuses fiches pédagogiques. Celles-ci permettent, par exemple, d’aborder en classe l’histoire des premiers détenus Nacht und Nebel arrivés au camp du Natzweiler-Struthof ou celle des goumiers marocains qui se sont illustrés en Corse. De nombreux temps forts sont également planifiés par les lieux de mémoire dans un objectif pédagogique, et plus largement de transmission. Des établissements scolaires seront ainsi, par exemple, amenés à créer un projet sur l’histoire des jeunes de Ballersdorf, fusillés en février 1943 au camp du Natzweiler-Struthof.

La rédaction

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