Philippe Leclerc de Hauteclocque

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Chapeau

Il a tout juste 41 ans en 1943, lorsque de Gaulle le choisit pour une mission capitale, libérer Paris. Français libre de la première heure, son audace et son habileté à forcer le cours des événements sont reconnus. 

 

À Antony, le 24 août 1944, portant la traditionnelle combinaison de char . c'est la première photo où il porte ses trois étoiles de général de division qu?il a obtenues en mai 1943. © US/Musée Leclerc et de la Libération de Paris/Musée Jean Moulin
Texte

Né à Belloy en 1902 dans une famille de noblesse terrienne, il choisit la carrière des armes.  Saint-cyrien,  Hauteclocque est  un officier promis à une brillante carrière : capitaine en 1934,  major de  l’École de Guerre en 1939. Il a occupé des postes d’état-major et d’instructeur et servi par choix au Maroc (1926-1930). Avide d’action, il a participé aux opérations de pacification. Instructeur des officiers marocains à l’École militaire de Meknès, il a noué des liens d’amitié durables avec eux. Dans les années trente, par son cousin Xavier de Hauteclocque, reporter en Allemagne, il prend la mesure de ce qu’est le régime nazi et  de la menace que représente Hitler. Lors de la drôle de guerre, fait prisonnier, il s’évade, puis reprend le combat. Blessé, évacué sur ordre, il échappe à nouveau à la captivité.

Rejetant l’occupation parce qu’il n’accepte pas l’asservissement, esprit libre, il rompt avec le sacro-saint principe d’obéissance absolue en vigueur dans l’armée par patriotisme pour rallier le général de Gaulle à Londres. Marié, père de famille, sa femme l’a encouragé dans cette voie et reste en France pour veiller sur leurs six enfants. Pour protéger les siens des poursuites du gouvernement de Vichy, il adopte le pseudonyme de Leclerc. De Gaulle, qui a jaugé l’officier, lui confie la mission de rallier le Cameroun (26 août), puis, plus tard, le Gabon (12 novembre). Devenu commandant militaire du Tchad, il effectue des raids contre les oasis italiennes en Libye. La prise de Koufra, le 1er mars 1941, révèle ses qualités d’audace et de meneur d’hommes avec lesquels il fait le serment de "ne déposer les armes que lorsque les couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg". De Gaulle le fait Compagnon de la Libération. Promu général de brigade en août, la conquête du Fezzan lui permet la jonction à Tripoli, fin janvier 1943, avec la 8e armée britannique de Montgomery, sous les ordres duquel il participe à la campagne de Tunisie. En août 1943, de Gaulle lui confie le commandement de la 2e DB à former au Maroc. La division, singulière par sa diversité (22 nationalités, 3 600 soldats de l’Empire), qui rassemble des hommes et des femmes de  toutes confessions, de toutes convictions et de tous horizons, doit à son chef sa cohésion et son unité. Fin 1943, il est choisi avec son unité par de Gaulle pour libérer la capitale.  De Gaulle ayant obtenu d’Eisenhower que la 2e DB participe aux opérations en Normandie dans le dispositif américain, la 2e DB est débarquée le 1er août 1944 avec l’armée Patton. Elle est engagée après la prise d’Alençon dans la fermeture de la poche de Falaise. Ayant obtenu l’ordre de Bradley le 22 août, Leclerc fonce avec son unité sur Paris et reçoit la capitulation de l’ennemi. Pour lui "La France de de Gaulle, celle qui a refusé de cesser le feu, retrouve la France de l’intérieur, celle qui a refusé de courber le front [..]  Aux yeux de nos soldats et de moi-même, depuis le 25 août 1944, le Parisien c’est l’ami rencontré sur le plus beau champ de bataille…"  La chevauchée se poursuit à l’est avec la libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944, tenant ainsi le serment de  Koufra. Cette épopée s’achève le 5 mai 1945 au nid d’aigle d’Hitler près de Berchtesgaden. Chef du corps expéditionnaire français en Extrême Orient, Leclerc signe, le 2 septembre, pour la France, l’acte de capitulation du Japon. En Indochine puis en Afrique du Nord, il porte un regard lucide sur l’évolution  politique des populations, due aux bouleversements de la guerre et sur la nécessité d’une autonomie plus grande. Un accident d’avion, le 28 novembre 1947, interrompt ce brillant parcours. Il est élevé à la dignité de Maréchal de France le 27 juin 1952.


Auteur
Christine Levisse-Touzé, Directeur de recherche à Paris 4, Directrice du Musée du Général Leclerc et de la Libération de Paris et du Musée Jean Moulin (Paris Musées), conservateur général

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