Sylvain Raynal

1867-1939

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Le Commandant Sylvain Eugène Raynal. Source : D.R.

Sylvain Eugène Raynal naît le 3 mars 1867 dans une famille protestante bordelaise d'artisans, dont il hérite le sens du travail et un profond patriotisme. Il intègre l'école de Saint-Maixent, après une scolarité au lycée d'Angoulême, qu'il quitte avec le même rang d'entrée, treizième. Il connaît ensuite une vie de garnison.

Nommé à l'état-major de Paris, il sert sous les ordre de Guillaumat . découvre ensuite l'Algérie au sein du 7e régiment de tirailleurs de Constantine, où il prend connaissance de l'entrée en guerre de la France à l'été 1914. Blessé à l'épaule par une balle de mitrailleuse en septembre 1914, et en décembre lors du bombardement de son poste de commandement, il est hospitalisé pendant dix mois avant de retourner au combat le 1er octobre 1915.

À la fin 1915, l'offensive allemande se concentre sur le secteur de Verdun sous la direction du Kronprinz, fils aîné du Kaiser. Un face à face de 300 jours qui donnera naissance à une geste militaire contemporaine : Bois des Caures, Froideterre, Mort-Homme, Douaumont, Fleury, etc., Vaux. Le 4 mars 1916, l'état-major germanique ordonne de réduire le verrou de Verdun et de foncer sur Paris.

Place avancée, le Fort de Vaux est défendu par les 300 hommes encore valides du 142e régiment d'infanterie commandés par Raynal du 96e R.I., s'étant porté volontaire pour servir à Verdun, alors qu'il achève une convalescence suite à une blessure de shrapnels qui lui vaut d'être promu officier de la Légion d'honneur. Entre le 2 et le 7 juin 1916, le commandant Sylvain Eugène Raynal résiste avec ses hommes aux attaques allemandes du 39e régiment d'infanterie. "L'héroïsme naît parfois dans les milieux les plus simples" (Fleuriot de Langle, dans Le Ruban Rouge)...

Isolé, il envoie le 4 juin son dernier pigeon voyageur (matricule 787-15) "Vaillant" porteur du message suivant : "Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses . il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon. Raynal."

Sans réponse, manquant d'eau potable et dans l'impossibilité de voir sa position être dégagée par des renforts, le commandant et ses hommes finissent par se rendre. Amené devant le Kronprinz, il tend au prince héritier une baïonnette de simple soldat, son épée n'ayant pu être retrouvée dans les décombres du fort, lui disant : "Prince, cette arme vaut une épée d'officier", lequel lui apprend, à la suite de l'interception d'un message émanant de l'état-major français qu'il lui a été décerné la cravate rouge de l'ordre de la Légion d'Honneur. Son messager ayant accompli sa mission recevra le diplôme de la bague d'honneurs - le Musée de la Poste à Paris en conserve le corps de nos jours. Raynal prisonnier est détenu à Mayence du 11 juin 1916 jusqu'en novembre 1917, puis 3 mois à Stressburg sur la frontière Polonaise en Prusse Orientale, et enfin en Suisse, à Interlaken, à partir du 30 mars 1918 jusqu'à sa libération le 4 novembre.

Sylvain Eugène Raynal se retire après guerre au 36 de la rue Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) où il séjournera jusqu'à sa mort le 13 janvier 1939.

Une plaque y a été apposée en 1966 à l'occasion du cinquantenaire de la Bataille de Verdun.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA