Gravelines

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Fortifications de Gravelines. Source : http://www.espaces-fortifies.com

Les fortifications de Gravelines, et le musée du dessin et de l'estampe originale.

Ville de garnison jusqu'en 1902, Gravelines était une ville stratégique puisqu'elle était la première ville flamande de la frontière littorale qui séparait le Royaume de France du Comté de Flandre intégré aux Pays-Bas de Charles-Quint avant d'être, durant le Grand Siècle, la première place forte de la ligne intérieure du Pré Carré royal. De cette incidence stratégique, nous sont restés quelques 10 km de murs d'enceintes (classés monuments historiques) et de glacis. 3 km viennent de l'Empereur Charles-Quint (essentiellement les courtines et les bastions). 3,6 km de Vauban (les demi-lunes et les contre gardes.), le tout ceinturé par 4 km de glacis et autant de fossés en eau.

A côté de ces éléments dormants, se trouvent des constructions visant à renforcer les remparts. On compte parmi elles, des poudrières, des casemates, des corps de garde et autres bâtiments logistiques.

La pièce maîtresse de ces installations est ce que les Gravelinois appellent l'Arsenal.

En fait, il s'agit d'un ensemble d'installations militaires renfermant des armes et des munitions ainsi que des citernes, des casemates (salles souterraines voûtées visant à se protéger des bombes) et un four à pain, datant de 1693 et conservé en état. Ces bâtiments à vocation militaire sont aujourd'hui ouverts au public sous différentes formes.
La grande poudrière de 1742, flanquée au milieu de l'Arsenal, abrite aujourd'hui le musée du Dessin et de l'Estampe Originale qui utilise aussi quelques casemates lui permettant d'augmenter le nombre d'oeuvres présentées au public. Le four à pain, implanté dans une casemate construite à partir de 1528, géré par le musée est accessible librement.

Les militaires chargés de la surveillance étaient stationnés dans les six corps de garde flanqués près des bastions. Quatre d'entre eux (Porte aux Boules, rue de Dunkerque, bastion du Moulin, place de l'Esplanade) feront l'objet d'une réhabilitation. L'acquisition de la poudrière située près du bastion du Roy va permettre de créer un parcours culturel et pédagogique des corps de garde et poudrières, qui fera le tour de la cité le long des fortifications. Trouvant qu'il était peu agréable pour la population civile d'avoir un militaire en pension, Louis XIV a demandé à Monsieur de Louvois et à Vauban d'étudier la possibilité d'un casernement pour les soldats. Chose fut faite, et Gravelines fut dotée de casernes de type Vauban.

La Caserne Varennes (1737) qui pouvait accueillir quelques 576 hommes du rang (quatre cellules de 144 places) est imposante de par ses dimensions (80 m de long sur 3 étages) avec une façade dégagée sur la place de l'Esplanade qui servait autrefois de lieu d'exercice de parade. Jadis logements pour les soldats et hôpital pendant la Première Guerre mondiale, hier logements sociaux, la caserne Varennes fera l'objet d'une réhabilitation en logements à haute valeur ajoutée. La caserne d'Huxelles (75 m de long), quant à elle, construite de 1793 à 1824, sur la base d'un ensemble de casemates servait de lieu de repli aux militaires de la caserne Varennes en cas de menaces de tirs d'artilleries. Affectée comme écuries sous la IIIème république, elle doit accueillir - après réhabilitation - le Musée du Dessin et de l'Estampe Originale, logé actuellement dans la poudrière de l'Arsenal.

Entre les deux casernes, se dresse une citerne d'une contenance de 1 420 000 de litres, destinée à l'approvisionnement en eau potable des militaires puis de la population civile jusqu'en 1945. Aujourd'hui vide et restaurée, elle sera mise à disposition du musée.

La Porte de Dunkerque (classée), dite Porte aux Boules, a été réhabilitée et réaménagée en aire de promenade.
L'eau y a repris sa place et l'endroit a été aménagé afin d'y accueillir, barques et pédalos pour permettre une promenade - commentée ou non - autour des fortifications offrant ainsi une autre approche de la défense de la place. A ce titre, sont également réhabilitées les demi-lunes et les contre gardes, aménagés les circuits d'eau et chemins de balades.

 

Office du Tourisme des Rives de l'Aa

11, rue de la République B.P. 139 - 59820 Gravelines

Tél. : 03.28.51.94.00

Fax : 03.28.65.58.19

 

Hôtel de Ville

Place Charles Valentin - 59820 Gravelines

Tél. : 03.28.23.59.00

 

Visites guidées individuelles et groupes :

Maison du Patrimoine 2, rue Léon Blum - 59820 Gravelines

Tél. : 03.28.65.45.45

Fax : 03.28.65.58.19

 

Musée du Dessin et de l'Estampe Originale

Tél. : 03.28.51.81.00

Fax : 03.28.51.81.01

 

Manifestations Journée Régionales des Villes Fortifiées le dernier dimanche d'avril. Le pardon des marins le 15 août. Journées Nationales du Patrimoine le 3ème week-end de septembre

 

Site du comité régional du tourisme de la région Nord

 

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Infos pratiques

Adresse

59820
Gravelines
Tél. : 03.28.51.94.00Fax : 03.28.65.58.19

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Accessible toute l'année

Ambleteuse

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Fort Mahon, Ambleteuse. Source : ©chateau-fort-manoir-chateau.eu

Le fort Mahon d'Ambleteuse, le musée historique 1939-1945.

Le visiteur attiré par ce site balnéaire rencontrera forcément en chemin, entre l'estuaire de la Slack et le village, le Fort Mahon, superbement isolé sur un promontoire rocheux. Vauban en fut le concepteur. Construit de 1684 à 1690 vraisemblablement sur le site de la batterie anglaise de 1544, il est composé d'une tour abritant une grande casemate annulaire et renforcée par une fausse braye. La batterie flanquée de deux corps de garde et couronnée d'un pavillon d'officier pouvait abriter 20 pièces de canon. D'aspect traditionnel avec son chemin de ronde à créneaux, le fort comprend trois étages d'artillerie. Restaurée par Napoléon à l'occasion du camp de Boulogne, la batterie subit des transformations durant l'occupation allemande.

Aujourd'hui, le fort abrite une exposition relative à l'histoire géographique de la côte.

Fort Mahon

Visite les samedi et dimanche de 15h00 à 18h30 en juillet-août et les dimanche de 15h00 à 18h30 en septembre-octobre. Visite de groupes sur rendez-vous au 03.20.54.61.54

Le Musée Historique 1939-1945 à Ambleteuse a pour vocation de présenter au public, l'ensemble des événements marquants du second conflit mondial, de la campagne de Pologne en 1939 à la capitulation du Japon le 2 septembre 1945, au travers d'explications, de cartes, d'objets, d'uniformes, d'armes, tous authentiques et relatifs à cette période de l'histoire. A ce titre ce musée est unique en France, et tout à fait complémentaire des autres établissements de la région. La majorité des musées et sites en France ne traitent, en effet, qu'une période précise de la Seconde Guerre mondiale. Des documentaires d'époque et un film consacré à la bataille de Normandie sont projetés dans une salle imitant le décor des années 1940.

Il a fallu plus de trente ans de recherche dans le monde entier pour réunir les si riches collections qui y sont présentées. Signalons notamment la reconstitution d'une rue de Paris sous l'occupation et la présence d'objets aussi rares que l'un des deux seuls drapeaux régimentaires allemands connus en France.

 

Musée Historique 1939-1945

CD 940 62164 Ambleteuse

Tel. : 03.21.87.33.01

Fax : 03.87.35.01

e-mail : musee.39-45@wanadoo.fr

 

Visites tous les jours du 1er avril au 15 octobre, les week-end et jours fériés en Hors Saison, fermé en décembre, janvier, février.

Tarifs Adultes : 6.90 € Enfants (7-16 ans) : 5.00 € Tarif réduit (anciens combattants, militaires, étudiants) : 6.00 € Pour les groupes, se renseigner auprès du musée.

 

Site du comité régional du tourisme de la région Nord

Site officiel du musée Historique 3945

 

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Infos pratiques

Adresse

CD 940 62164
Ambleteuse
Tel. : 03.21.87.33.01Fax : 03.87.35.01

Tarifs

Adultes : 6.90 €Enfants (7-16 ans) : 5.00 €Tarif réduit (anciens combattants, militaires, étudiants) : 6.00 €

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Fort Mahon : visite les samedi et dimanche de 15h00 à 18h30 en juillet-août et les dimanche de 15h00 à 18h30 en septembre-octobre.Visite de groupes sur rdv Musée : visite tous les jours du 1er avril au 15 octobre, les week-end et jours fériés en Hors Saison.

Fermetures annuelles

Fermé en décembre, janvier, février.

Le Portel Plage

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Le Portel Plage, Fort de Couppes. ©J.Capez - License Creative Commons - Libre de droit

Les trois forts de Le Portel : le fort de l'Heurt, le fort du Mont de Couppes, le fort d'Alprech.

La commune de Le Portel s'attache à valoriser son patrimoine historique en s'appuyant sur ses trois forts susceptibles en outre, de par leur positionnement sur la côte, de développer son attrait touristique.

Le fort de l'Heurt 

Le fort de l'Heurt fut élevé en 1803 par ordre de Bonaparte, alors 1er consul, en prévision d'un débarquement en Angleterre. Heurt vient du nom : "heustrière" qui signifie "île aux huîtres" ce nom est devenu par contraction : heustre puis Heurt. Les plans de l'ouvrage sont du lieutenant colonel Dode. Le fort fut opérationnel en juillet 1804.
Il est abandonné en août 1805 (levée de camp de Boulogne). A l'heure actuelle le fort n'est plus qu'une ruine, mais sa masse imposante brave toujours les flots.

Le fort du Mont de Couppes

Le maréchal Dubiez dans le but de reprendre Boulogne, occupée par les Anglais, décide de construire un fort. La Paix de Capécure en 1550 met fin à la guerre, le fort est abandonné. Napoléon pour mettre au point son projet d'invasion de l'Angleterre, le réarme. Il servira bien souvent de cantonnement à la troupe, particulièrement en temps de guerre. Un sémaphore y sera également installé.

Le fort d'Alprech

Le fort d'Alprech a été édifié sous la IIIème République de 1875 à 1880 par le général du génie Séré de Rivières. On y trouvait des casemates pour le logement du personnel (une centaine d'hommes), des magasins et une poudrière. La batterie d'Alprech était armée de canons et d'obusiers. Elle fut opérationnelle pendant la guerre de 1914/1918 et occupée par l'armée allemande de 1940 à 1944. Le Fort d'Alprech a été restauré en 1999.

 

Le Portel Plage

Hôtel de ville 51 rue Carnot BP 26 62480 Le Portel

Tél. : 03.21.87.73.73

E-mail : mairie@ville-leportel.fr

 

Site du comité régional du tourisme de la région Nord

 

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Adresse

62480
Portel Plage
Tél. : 03.21.87.73.73

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Accessible toute l'année

Montreuil-sur-Mer

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Montreuil-sur-Mer. Château royal. Source : http://3emejeunesse.over-blog.com

La citadelle de Montreuil-sur-Mer.

Tournée vers l'estuaire de la Canche, la citadelle de Montreuil s'est établie sur un promontoire artificiel qui lui permet de commander à la fois la ville et le port en contrebas. Elle emprunte les bases d'un château royal construit par Philipe Auguste au début du XIIIème siècle dont la porte en arc brisé encadrée par deux tours massives, caractéristiques du style philippien, est l'élément le mieux conservé.

Son château médiéval fut transformé en citadelle sous Henri II puis Charles IX. Errard de Bar-le-Duc en fit un ensemble bastionné et, après lui, Vauban compléta l'enceinte urbaine après 1678 déjà modifiée au siècle précédent sous François Ier.

Remaniée à plusieurs reprises jusqu'à la fin du XIXème siècle, la citadelle de Montreuil fut déclassée en 1929, trois ans après son classement au titre des Monuments Historiques. 

 

Montreuil-sur-Mer (62)

Office de Tourisme

21 rue Carnot 62170 Montreuil-sur-Mer


Tél. : 03.21.06.04.27

 

E-mail : accueil@tourisme-montreuillois.com

La citadelle est ouverte au public du 15 février au 30 novembre, sauf le mardi. Visite de groupes sur demande.

7 itinéraires pédestres au départ de l'Office de Tourisme sont balisés et accessibles à tous, ainsi qu'un circuit VTT et un circuit vélo.

 

Site du comité régional du tourisme de la région Nord

 

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Infos pratiques

Adresse

Rue Carnot 62170
Montreuil-sur-Mer
Tél. : 03.21.06.04.27

Tarifs

3 € à 4,5 €Site web : www.musees-montreuilsurmer.frVisite de groupes sur demande au 03 21 86 90 83

Horaires d'ouverture hebdomadaires

La citadelle est ouverte au public du 1er mai au 15 décembre, sauf le mardi.

Mont-de-Marsan, Saint-Pierre-du-Mont et alentours

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Crédits MAV

Ce guide pliant aidera quiconque est intéressé par les conflits mondiaux,

à découvrir les lieux associés aux évènements marquants de deux époques qui allaient fortement affecter la vie locale.

 

Grâce à sa situation loin du front, l’agglomération « Mont-de-Marsan – Saint-Pierre-du-Mont » n’a pas été particulièrement impactée par les combats de la première et de la seconde guerre mondiale.

Néanmoins, comme beaucoup d’autres villes en France elle a subi les conséquences directes et indirectes de ces conflits, notamment avec le départ de ses régiments d’infanterie dès août 1914 et l’arrivée des premiers prisonniers de guerre allemands puis à partir de 1940 avec la mise en place de la ligne de démarcation.

En 1944, le bombardement de la base aérienne allemande et le combat du pont de Bats allaient ponctuer la marche vers la libération.

Sans avoir la prétention d’être exhaustif, ce document s’efforce de retracer les évènements les plus importants et les lieux qui y sont associés.

 

Adresse et contact :

25 place du 6ème RPIMa 40000 Mont-de-Marsan 

Téléphone : 05 58 44 04 31 - Courriel : aal.aldres@gmail.com

 

Site Internet

 

 

Corps 2

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Infos pratiques

Adresse

25 Place du 6e RPIMA 40000
Mont-de-Marsan
05 58 44 04 31

Georges Picquart

1854 - 1914

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Eugène Carrière, portrait du "Héros de l'Affaire Dreyfus".©Musée Eugène Carrière

 

Georges Picquart naît à Geudertheim, en Alsace, en 1854. Brillant élève au lycée Impérial de Strasbourg, il voit sa scolarité interrompue par la guerre contre la Prusse, en 1870. Suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle, sa famille se replie à Versailles. Le traumatisme de la défaite et du déracinement joue sans doute dans sa décision d’embrasser une carrière militaire qui débute sous les meilleurs auspices : sorti 5e de sa promotion de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, son parcours est sans faille. Brillant officier attaché aux valeurs républicaines, Picquart franchit au pas de course les différents grades. D’une grande culture, polyglotte - il parle couramment six langues – il fréquente assidûment salons, musées et salles de spectacles. Mélomane, il se lie d’amitié avec Gustav Mahler et n’hésite pas à traverser l’Europe pour assister aux concerts que dirige le compositeur et chef d'orchestre autrichien. Après plusieurs campagnes en Algérie et au Tonkin, il intègre en 1893 l’état-major du général Galliffet comme sous-chef de bureau. C’est à ce titre qu’il participe, sans y tenir un rôle central, à l’enquête sur le capitaine Dreyfus, accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Alfred Dreyfus est jugé à huis clos par un conseil de guerre qui le condamne fin 1894 à la dégradation et à la déportation à perpétuité en Guyane.

 En juillet 1895, en remplacement du colonel Sandherr,  Georges Picquart devient chargé des affaires de contre-espionnage à la direction du Deuxième bureau (dit Section de Statistiques).  Autrement dit, il prend la tête du Service des renseignements. Parallèlement, il enseigne la topographie à l’École supérieure de guerre. Économe en mots, respectueux de l’ordre militaire, il est animé de la volonté de moderniser l’armée dans un souci d’efficacité technique. Le 6 avril 1896, le plus jeune dans ce grade, il est nommé lieutenant-colonel. Il jouit de la confiance de ses chefs, ses feuilles de notation louent son caractère « aimable et sympathique », son jugement « très droit », son éducation « parfaite », son instruction « très étendue » et son intelligence « supérieure ». Il représente incontestablement l’avenir de l’armée française.

Tout bascule un an plus tard.

En mars 1896, Picquart découvre dans une liasse de documents provenant de l’ambassade d’Allemagne la pièce qui allait relancer l’affaire Dreyfus. Cette feuille de papier – le fameux « petit bleu » - confrontée au « bordereau » injustement attribué à Dreyfus lors de son procès, apporte pour Picquart la preuve irréfutable de l’innocence du déporté de l’île du Diable. Sa conviction faite, Picquart entreprend avec une détermination absolue de faire triompher la vérité. Ce sens du devoir de vérité, cette conception de la justice qu’il place au-dessus de toute autre considération – et au-dessus d’un incertain intérêt supérieur de l’armée – sont des traits déterminants de la personnalité de Picquart. En reprenant l’enquête de son prédécesseur, Picquart est rapidement convaincu de l’innocence du capitaine Dreyfus et de la culpabilité du commandant Ferdinand Esterhazy. Ses conclusions n’allant pas dans le sens de la version officielle de l’affaire, la carrière de Picquart connaît un coup d’arrêt brutal : démis de ses fonctions à la tête du renseignement en octobre 1896, Picquart est envoyé pour une durée indéterminée en mission d’inspection en France puis en Algérie et en Tunisie, dans un secteur si exposé que, le 2 avril 1897, Picquart, qui se sent menacé, rédige son testament.

Mais Georges Picquart est un homme obstiné dans sa quête de vérité : les vexations dont il est victime renforcent sa détermination à faire triompher la justice. Il s’engage de plus en plus aux côtés des dreyfusards, ce qui lui vaut à son tour d’être mis en accusation. Il faut dire que le général Mercier, ministre de la Guerre, est un farouche anti-dreyfusard. Quand on sait que le Président de la République, Félix Faure, est également hostile à toute révision du procès de Dreyfus, on peut se faire une idée plus précise de la ténacité de Picquart. Celle-ci lui vaut d’être mis en réforme, c’est-à-dire renvoyé - de l’armée en février 1898, puis d’être arrêté et emprisonné onze mois durant, du 13 juillet 1898 au 9 juin 1899 pour avoir transmis à un homme politique, Auguste Scheurer-Kestner, les preuves dont il disposait pour innocenter Dreyfus.

Héros pour les dreyfusards, traître pour leurs adversaires, Picquart est un des acteurs majeurs du procès de Rennes de 1899 qui se conclue par la grâce et l’amnistie de Dreyfus. Pour autant, Picquart, qui ne vit plus désormais que de sa pension de réforme, n’abandonne pas son combat pour la vérité : ce verdict qui ménage l’honneur de l’armée, sans rétablir le sien, lui fait horreur. Picquart l’intransigeant s’oppose de toute son âme à ceux qu’il affuble du terme d’« épongistes » car ils entendent oublier le passé. Durant sa traversée du désert, son seul horizon est la réhabilitation pleine et entière. Dreyfus doit être rejugé pour que son innocence soit enfin reconnue : cela seul pourra effacer l’injustice faite au capitaine dégradé mais aussi réparer l’atteinte portée à l’honneur et à la carrière du lieutenant-colonel réformé. Dans sa quête de vérité, Picquart aura donc lié son destin à celui de Dreyfus.

Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation annule le jugement de Rennes, reconnaît l’innocence de Dreyfus et prononce son arrêt de réhabilitation. Picquart, de son côté, n’a pas à être réhabilité car il n’a pas été condamné. En revanche, sa carrière militaire a été stoppée net et il entend bien obtenir réparation. Le 13 juillet 1906, deux projets de loi de réintégration sont déposés, l’un pour Dreyfus, l’autre pour Picquart. Ils sont adoptés à une très large majorité, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. On y lit :

« La proclamation de l’innocence de Dreyfus démontre la légitimité des efforts que le lieutenant-colonel Picquart, au risque de briser définitivement sa carrière, tentait loyalement et courageusement dès 1896 pour faire triompher la vérité. Cet officier supérieur, mis en réforme le 26 février 1898, ne peut être réintégré que par la loi dans les cadres de l’activité. Nous vous demandons, en outre, d’effacer définitivement les effets de cette réforme, de lui conférer le grade de général de brigade auquel sont parvenus 64 officiers moins anciens que lui dans le grade de lieutenant-colonel ou d’une ancienneté égale et de faire remonter sa nomination au 10 juillet 1903, veille du jour auquel a été promu le plus ancien de ces officiers généraux. »

Justice a été rendue à Picquart. Son honneur est lavé. Sa carrière reprend sa marche en avant. Désormais général de brigade avec une ancienneté, rétroactive, de trois ans, Picquart est promu général de division le 23 octobre 1906. Au même moment, les élections voient la victoire des radicaux de Georges Clemenceau, celui-là même qui travaillait pour L’Aurore, le quotidien qui avait publié le « J’accuse… ! » de Zola. Le « premier flic de France » devient président du Conseil. Il connaît bien le général alsacien dont il a pu apprécier la force de caractère, l’indépendance d’esprit et le courage. À la surprise générale, et en premier lieu à celle de l’intéressé, il en fait son ministre de la Guerre.

Plus que tout autre, l’ancien proscrit sait bien que l’Affaire a laissé des traces et des divisions au sein de l’armée. Une fois au gouvernement, il s’efforce de la reconstruire plus démocratiquement. Le nouveau ministre multiplie les visites et les rencontres de terrain et se montre soucieux d’améliorer le sort des hommes de troupe en favorisant les progrès dans les domaines du logement, de l’alimentation, de l’hygiène, des modes de transport et des conditions d’emploi. Il entend montrer au pays que le gouvernement se soucie de ses soldats. Il perfectionne la formation des soldats et s’appuie sur Foch et Joffre pour moderniser les écoles militaires. Il œuvre à la réconciliation de l’armée avec elle-même et avec la nation. Son action apaise les affrontements politiques et affirme la République en son sein. Enfin, le fil rouge de son action en tant que ministre de la Guerre est la volonté de moderniser les matériels militaires, notamment dans le domaine de l’artillerie. Fin juillet 1909, à la chute du gouvernement Clemenceau, c’est presque avec soulagement que le général Picquart quitte ses fonctions ministérielles, en dépit d’un bilan plus qu’honnête.

Après quelques mois de liberté passés à voyager, Picquart retrouve un commandement en février 1910. Âgé de 56 ans, il devient – c’est une constante dans son cursus – le plus jeune commandant de corps d’armée en prenant la tête du 2e corps d’armée basé à Amiens.

Le 14 janvier 1914, comme tous les jours, Georges Picquart sort à cheval. Il est 7h30, il fait un froid à pierre fendre et le sol est dur, gelé depuis plusieurs jours. Il monte Voltigeur, un cheval notoirement agité. Le général est accompagné de son porte-fanion. Sur un chemin de terre, entre Dury et Saint-Fuscien, alors qu’il est au grand trot, Voltigeur fait une faute suivie d’une ruade. Son cavalier lâche les rênes, passe par-dessus le cheval et tombe sur la tête. Il se relève, reste très flegmatique en dépit d’une hémorragie importante, refuse de se reposer, remonte à cheval et reprend aussitôt la direction d’Amiens. Arrivé à son QG, il descend de sa monture et, comme toujours, ne la quitte pas sans lui avoir donné un morceau de sucre. Le jour-même et le lendemain, le général est à son poste, contre l’avis de son médecin et de ses proches. Mais son état se dégrade : la chute, violente, a engendré un œdème de la face qui s’aggrave et provoque des crises d’étouffement de plus en plus violentes. La dernière lui est fatale. Georges Picquart meurt au matin du 19 janvier 1914. Il n’avait pas 60 ans.

 

Fred Moore

1920-2017

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©Musée de l'ordre de la Libération

Colonel (h) Fred Moore - Chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération - 8 avril 1920-16 septembre 2017

 

Fred Moore est né le 8 avril 1920 à Brest. Son père, ancien officier de la Royal Navy, naturalisé français en 1926, est commerçant à Amiens dès 1921.

Après ses études au Lycée d'Amiens, Fred Moore entre à l'Ecole Nationale d'Optique à Morez dans le Jura.

Trop jeune pour être mobilisé, il s'engage comme volontaire en mai 1940 au titre du Bataillon de l'Air n° 117 stationné à Chartres, mais ne peut rejoindre son unité.

Il rejoint Brest où ses parents et son frère se réfugient après avoir évacué Amiens. Refusant la défaite, le 19 juin 1940, il quitte la France en bateau à voile en compagnie de son jeune frère et, de Bretagne, atteint l'Angleterre où, le 1er juillet 1940, il s'engage dans les Forces Françaises Libres au titre des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL).

Titulaire de son permis de conduire depuis 1938, il est, pour cette raison, finalement affecté à la 1ère Compagnie du Train avant de prendre part à l'expédition de Dakar en septembre 1940.

Désigné pour suivre, en décembre 1940, les cours d'élève aspirant au camp Colonna d'Ornano à Brazzaville, il est nommé aspirant le 14 juillet 1941 et dirigé sur Beyrouth pour servir aux troupes du Levant.

Le 1er septembre 1941, il est affecté chez les Spahis Marocains, comme chef du 2ème Peloton du 1er Escadron du Groupe de Reconnaissance de Corps d'Armée (GRCA) à Damas, où il s'entraîne en vue de participer à la campagne de Libye.

En avril 1942, il passe en Egypte avec son unité qui devient bientôt le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains. Il participe dès lors, à la tête du 2ème peloton de reconnaissance, à toutes les campagnes avec le 1er Escadron du 1er RMSM. Il combat en Egypte puis en Libye.

En 1943, il se distingue en Tunisie, notamment le 6 mars, au combat de l'Oued Gragour où il engage résolument son peloton face à des engins blindés ennemis en nombre supérieur et les stoppe à deux reprises. Par cette action retardatrice, il permet au gros des troupes d'intervenir à temps et de mettre en échec l'ennemi. En avril, il participe aux combats autour du Djebel Fadeloun avec la Force L du général Leclerc.

En juillet 1943, Fred Moore est affecté pendant un mois et demi à la Garde d'Honneur du général de Gaulle à Alger avant de rejoindre le 1er RMSM au Maroc où se constitue la 2ème Division Blindée.

Le 10 avril 1944, Il embarque à Oran avec son unité à destination de l'Angleterre.

Promu au grade de lieutenant en juin 1944, il débarque en Normandie, à Grandcamp, le 2 août 1944 avec la 2ème D.B. A la tête du 2ème Peloton du 5ème Escadron du 1er RMSM - il s'agit en réalité du 1er Escadron rebaptisé 5ème Escadron - le lieutenant Moore combat en Normandie. Du 15 au 29 août 1944, il met hors de combat avec son peloton trois canons antichars allemands, capture plus de cent prisonniers et un important matériel, ne perdant que deux hommes au cours de ces opérations.

Lors de la libération de Paris le 25 août 1944, il prend une part active à la prise de l'Ecole Militaire, puis, le 27 août, à la bataille de Dugny - Le Bourget en Seine-Saint-Denis.
S'ensuit la campagne des Vosges où avec audace et initiative, il prend sous ses feux la route Luneville-Strasbourg, le 23 septembre 1944 à Buriville dans les combats de la forêt de Mondon, et inflige à l'ennemi d'importantes pertes en matériel et en hommes.

Durant la campagne d'Alsace, il participe activement au combat de Mittellbron devant Sarrebourg le 20 novembre et à la libération de Strasbourg le 23 novembre, puis à la prise de Plobsheim, Krafft et Gerstheim les 28, 29 et 30 novembre.

En avril 1945, le lieutenant Moore prend part aux opérations sur le front de La Rochelle avant de faire route sur l'Allemagne où il participe aux derniers combats.

Démobilisé en avril 1946, il crée une affaire d'optique à Amiens.

Promu au grade de capitaine de réserve en 1950, Fred Moore est rappelé à l'activité en mai 1956 et affecté au 6ème Régiment de Spahis Marocains. Il sert en Algérie jusqu'en novembre 1956, commandant le 4ème Escadron.

Promu successivement, dans la réserve, chef d'escadrons en octobre 1958 puis lieutenant-colonel en 1966 et colonel en 1971. Il est chef de corps du 54ème RID de l'Oise de 1962 à 1978.

Colonel honoraire le 8 avril 1982.

Élu député de la Somme à Amiens (1ère circonscription) en 1958, Conseiller technique au cabinet du Ministre de l'Industrie (1962 à 1964), membre du Conseil Economique (1964-1966), il démissionne de toutes ses fonctions politiques en 1969 et se consacre à son métier d'opticien.

Vice-président national de l'Ordre des Opticiens, administrateur de Sociétés et PDG de la Société Industrielle de Développement Electronique et Nucléaire (S.I.D.E.N.) de 1969 à 1974.

Délégué Général du syndicat général de l'Optique française ainsi que de son équivalent à l'échelle européenne, l'Eurom, de 1977 à 1982.

En mars 2004, Fred Moore est nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, puis par décret du 11 octobre 2011, chancelier de l'Ordre de la Libération, succédant au Professeur François Jacob.

Le 16 novembre 2012, il est nommé par décret Délégué national du Conseil national des communes "Compagnon de la Libération". Renouvelé en octobre 2015, il met fin à ses fonctions en janvier 2017 et est nommé le 4 mai  2017 chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération. 

Fred Moore est décédé le 16 septembre 2017 à Paris où il est inhumé.



• Grand Croix de la Légion d'Honneur

• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945

• Croix de Guerre 39/45 (nombreuses citations)

• Médaille des Évadés

• Médaille Coloniale avec agrafes "Libye", "Tunisie"

• Croix du combattant Volontaire 39/45

• Croix du combattant Volontaire de la Résistance

• Officier des Palmes Académiques

• Médaille des Services Militaires Volontaires

• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre

• Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et de Maintien de l'Ordre en Algérie

• Presidential Unit Citation (USA)

• Officier du Nicham Iftikar (Tunisie)

• Officier du Ouissam Alaouite (Maroc)

 

Source : Musée de l'ordre de la Libération | Ordre de la Libération |

 

Henri Mathias Berthelot

1861-1931

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Fils d'un capitaine de gendarmerie, Henri Berthelot est né le 7 décembre 1861 à Feurs, dans la Loire. À sa sortie de  Saint-Cyr, 4e de sa promotion, il opte pour la coloniale. Sous-lieutenant au 1er régiment de zouaves de Koléas, en Algérie, il part ensuite pour l'Indochine où il fait son baptême du feu. Lieutenant en 1886, il est fait chevalier de l'Ordre du Dragon d'Annam en juillet 1887. Une fièvre le ramène en France où il rejoint le 96e régiment d'infanterie à Gap.

Admis à l'École supérieure de guerre, il reçoit son brevet d'état-major et est promu capitaine en 1891. Il part alors en Autriche pour améliorer son allemand. Il devient officier d'ordonnance du général Joseph Brugère dans le 132e régiment d'infanterie à Reims puis au 8e corps d'armée à Bourges. Après avoir intégré le 2e corps d'armée à Amiens, il est réaffecté au 132e régiment d'infanterie à Reims en décembre 1897 puis muté au 115e régiment d'infanterie en juillet 1899.

Ayant rejoint le général Brugère, alors gouverneur militaire de Paris, il supervise l'organisation du pavillon de l'armée pendant l'exposition universelle de 1900. Nommé chef de bataillon en novembre de la même année, il accompagne en 1901, en tant qu'officier d'ordonnance de Brugère, le tsar Nicolas II à Reims.

En 1903, il devient commandant du 20e bataillon de chasseurs à pied de Baccarat. Rappelé par Brugère en janvier 1906, il est nommé au 2e bureau de la direction de l'infanterie en décembre. Lieutenant-colonel en mars 1907, il devient en octobre secrétaire du comité technique d'état-major. Promu colonel en 1910, il prend la tête du 94e régiment d'infanterie de Bar-le-Duc l'année suivante. En 1913, il intègre l’état-major de Joffre, chef d'état-major des armées. Prenant part à l’élaboration du Plan XVII, le plan de mobilisation et de concentration de l'armée française en cas d'entrée en guerre, il ne croit pas en un mouvement allemand à travers la Belgique.

En 1914, il est premier aide-major général du général Joffre chargé des opérations. En disgrâce suite aux échecs d'août, Berthelot reçoit son avis de mutation à la tête du 5e groupe de divisions de réserve le 21 novembre. En janvier 1915, il mène une offensive à Crouy, près de Soissons. Après de rudes combats, il est contraint de se replier au-delà des positions de départ.

Du 3 août 1915 au 19 septembre 1916, il commande le 32e corps d'armée (32e CA) ou "groupement Berthelot" qui prend part à l'offensive de Champagne en septembre-octobre. En mars 1916, le 32e CA est à Verdun où il doit reprendre le Mort-Homme et la cote 304. Le 32e CA quitte Verdun en juin pour servir dans les Vosges puis dans la Somme.

Le 14 octobre 1916, il est à la tête de la mission militaire française en Roumanie, forte de près de 2 000 officiers et sous-officiers. Il réorganise l'armée roumaine, lourdement défaite par l'Allemagne et résistant difficilement en Moldavie. Coupée des Alliée après le retrait de la Russie du conflit, la Roumanie signe l'armistice de Focșani le 9 décembre 1917.

Après son retour en France, le général Foch confie au général Berthelot le commandement de la 5e armée, du 5 juillet au 7 octobre 1918, qui participe aux batailles devant Reims et Epernay.

Le 7 octobre, il est rappelé à la tête d'une mission roumaine. Son rôle est tout autant diplomatique que militaire. L'armée roumaine modernisée et réorganisée, la Roumanie reprend les armes le 10 novembre, alors même que les empires centraux s'effondrent. Cette nouvelle intervention militaire permet à la fois de contenir la pression révolutionnaire russe dans les Balkans mais aussi de satisfaire certaines des revendications roumaines, notamment sur la Transylvanie et le nord du Banat.

Après la défaite allemande, il est chargé de combattre les bolcheviks russes en Bessarabie puis les bolcheviks hongrois en Transylvanie durant la guerre hungaro-roumaine de 1919. Il est ensuite gouverneur militaire de Metz jusqu'en 1922 puis de Strasbourg de 1923 à 1926.

Décédé à Paris en janvier 1931, il est inhumé à Nervieux dans le Forez, sa région natale.

Il était titulaire, notamment, de la Grand-croix de la Légion d'Honneur, de la Croix de guerre 1914-1918 avec trois palmes, de la Médaille militaire, de la Médaille interalliée 1914-1918 ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

 

Ministère de la défense/SGA/DMPA

Milan Stefanik

1880-1919

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Le général Stefanik. © SHD

Fils de pasteur, Milan Stefanik est né le 21 juillet 1880 à Kosariska. Après des études à Bratislava, Sopron et Sarvas, il entre à l'université de Prague. Il devient mathématicien, astronome puis docteur ès sciences en 1904. En France en 1905, il est l'assistant du directeur de l'observatoire de Meudon, publie de nombreux traités et organise sept expéditions astronomiques d'observation au sommet du Mont Blanc. Grand voyageur, il effectue plusieurs missions diplomatiques et astronomiques pour le compte du gouvernement français dont une à Tahiti en 1910 pour y observer le passage de la comète de Halley.

 

Milan Stefanik pendant un séjour à l'Observatoire de Meudon, France. Source : IMS

 

Naturalisé français en 1912, chevalier de la Légion d'honneur en 1914, il s'engage dans l'armée française, s'élevant en trois ans au grade de général de brigade. Incorporé dans l'armée de l'air, il améliore la météorologie militaire. En 1916 et 1917, il se rend officiellement en Roumanie, en Sibérie, aux États-Unis, pour organiser le recrutement de volontaires tchécoslovaques. Le 21 avril 1918, il signe, en Italie, avec le Premier ministre Orlando, le traité de formation d'une armée tchécoslovaque sur le front italien.

 

Le sergent Stefanik reçoit la croix de Guerre 1914-1918 avec palme pour son action au sein de l'armée de l'air, France. © SHD

 

La France le fait commandeur de la Légion d'honneur. Le 28 octobre 1918, la Tchécoslovaquie devient indépendante et Stefanik est ministre de la Guerre du jeune gouvernement. C'est en regagnant son pays, le 4 mai 1919, qu'il meurt dans l'accident de son avion qui s'écrase près de Bratislava. Son corps repose dans le mausolée de Bradlo depuis 1928.

 

Source : Ministère de la défense/SGA/DMPA

Rouget de Lisle

1760-1836

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Claude-Joseph Rouget de Lisle. 1792 © BnF

Né à Lons-le-Saunier le 10 mai 1760, Claude-Joseph Rouget joue du violon, et, encore enfant, compose instinctivement. Afin de pouvoir entrer à l’École du génie à Paris à seize ans, il ajouta à son nom la désinence « de Lisle », empruntée à son grand-père.

Sorti lieutenant six ans plus tard, et après trois affectations, il est envoyé à Strasbourg en 1791, où, avec d’autres officiers, il est reçu dans les salons du maire Dietrich, qui, lassé d’entendre les « ça ira, ça ira ! » demande au jeune capitaine, déjà réputé compositeur, d’écrire un chant patriotique… Surpris, Rouget veut se dérober, mais cède au maire et aux officiers qui le pressent de s’exécuter.

Rentré chez lui, il saisit son violon et en tire des arpèges tandis que les phrases entendues la veille lui martèlent la tête. Peu à peu la mélodie naît et les paroles se superposent à la musique. Épuisé, l’auteur s’endort. Dès l’aube, il se rend chez le maire, qui, surpris de tant de rapidité, se met au clavecin et apprécie le chant. Il convoque les officiers présents la veille et d’une voix forte, entonne : « Allons enfants de la patrie ». Tous se déclarent ravis et Rouget est heureux.

Ce chant sera exécuté publiquement place d’Armes, le 29 avril, en présence de huit bataillons alignés pour la revue de départ. Les hommes écoutent et sont galvanisés. Ce chant est vite connu à Paris, à Marseille où le régiment en partance pour la capitale l’adopte . il prend le nom de Marseillaise. Le jeune capitaine est envoyé à Huningue pour y diriger les travaux de cette place et, le 14 juillet, le chant est exécuté au camp de Hoensingue. Le 25 août 1792, Rouget est relevé de ses fonctions par les commissaires du gouvernement, car il avait protesté contre l’internement de Dietrich.

Après la proclamation de la République, il est réintégré et rejoint l’armée du Nord, mais suspendu de ses fonctions de capitaine, il devient suspect. Arrêté, sans doute pour avoir critiqué l’exécution de l’ancien maire de Strasbourg, il est emprisonné et rédige un mémoire. La mort de Robespierre lui rend la liberté.

 

 

Le décret de la Convention daté du 26 messidor an III, qui choisit La Marseillaise comme chant national ne fut jamais appliqué.

Réintégré dans l’armée, Rouget de Lisle démissionne pour retrouver la poésie et la musique. Le 10 vendémiaire de l’an IV, il est représenté à l’Opéra et à l’Opéra Comique. Bonaparte demande à Rouget de lui composer un chant qui, non apprécié, est refusé. Rouget, mortifié, écrit une lettre arrogante à Bonaparte. Il ne servira jamais l’Empire et redevient suspect. En 1812, il part vivre à Montaigu (Jura) dans la maison de famille et compose . en 1817, il se retire à Paris et publie en 1825 un recueil de cinquante Chants français.

Le duc d’Orléans qui fut le compagnon d’armes du capitaine Rouget de Lisle lui accorde trois pensions, le mettant ainsi à l’abri du besoin. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il décède à Choisy-le-Roi, âgé de soixante-dix-sept ans, ignorant que son chant deviendrait l’hymne national de la France en 1879. Il fut inhumé au cimetière de Choisy-le-Roi et ses cendres furent déposées aux Invalides le 14 juillet 1915.

Marie-Louise Jacotey, historienne

Transfert aux Invalides des cendres de Rouget de Lisle - 14 juillet 1915 © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

 

Source : www.archivesdefrance.culture.gouv.fr