Pierre Clostermann

1921 - 2006

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Pierre Clostermann.
Source : Wikipedia - libre de droit

Héros de la France Libre

Auteur du livre à succès "Le Grand Cirque", Pierre Clostermann est décédé le mercredi 22 mars 2006 à Montesquieu-des-Albères. Il était âgé de 85 ans.

Né le 28 février 1921 à Curitiba (Brésil), fils de diplomate, Pierre Clostermann rejoint la France Libre en Angleterre le 18 mars 1942, et sert dans le groupe de chasse "Alsace".

Capitaine à la fin de la guerre, il totalise plus de 2000 heures de vol, près de 600 de vol de guerre, 33 victoires aériennes homologuées et 5 probables, ainsi que de nombreuses destructions matérielles : 225 camions, 72 locomotives, 5 tanks, 2 vedettes lance-torpilles.

Compagnon de la Libération le 21 janvier 1946, il commence une carrière politique. Il sera réélu 8 fois, notamment dans le Bas-Rhin : en 1951, il est élu député de la Marne, puis député de la Seine (1956-1958), député de Seine-et-Oise (1962-1967) et des Yvelines (1967-1969).

Promu commandant, Clostermann sert alors en Algérie où il gagne ses galons de lieutenant-colonel de l'Armée de l'Air (1956-1957). Il assure la vice-présidence de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale entre 1963 et 1969.

En parallèle à sa carrière d'ingénieur, il entame une carrière d'auteur à succès, relatant notamment son expérience pendant la seconde guerre mondiale dans Le Grand Cirque, en 1948, ouvrage qui sera vendu à plus de 3 000 000.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Raoul Monclar

1892-1964

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Portrait de Raoul Monclar. Source : Ordre de la Libération

(7 février 1892 : Budapest, Hongrie - 3 juin 1964 : Val-de-Grâce, Paris)

 

Soldat dans l'âme, Raoul Magrin-Vernerey racontait volontiers qu'à l'âge de sept ans il avait voulu quitter sa famille pour s'engager chez les Boers...

Fils d'une institutrice française en poste à Vienne, Anne Magrin, Raoul Charles est pris en affection par un comte hongrois qui veille à son éducation intellectuelle et morale. Evoluant dans le milieu cosmopolite de la société austro-hongroise, le jeune homme conservera une grande facilité d'adaptation tout au long de sa vie. De retour en France, il est élevé par sa grand-mère à Avison dans la Doubs. Après des études au lycée Victor Hugo à Besançon puis au petit séminaire d'Ornans, taraudé par son envie de porter l'uniforme, il s'enfuit de chez lui à quinze ans pour s'engager dans la Légion étrangère. Trop jeune pour une pareille aventure, il retourne à ses études pour enfin embrasser la carrière militaire le 10 octobre 1912 lorsqu'il intègre l'Ecole militaire spéciale de Saint-Cyr.

Diplômé en 1914, promotion Montmirail, il est propulsé dans la tourmente de la guerre au 60e régiment d'infanterie (RI) : la plaine d'Alsace, Morte-Fontaine (Oise), les combats de l'Ourcq, de l'Aisne, volontaire dans l'offensive d'Aumetzwiller (Moselle), la contre-attaque du bois d'Haumont (Bois des Caures), l'offensive de la Somme, Ypres, la butte de Tahure en pays rémois.

D'un héroïsme hors du commun, il est gazé, six fois blessé et onze fois cité, dont sept à l'ordre de l'armée. Réformé à 90%, il est promu capitaine le 24 juin 1916 au 260e RI, et reçoit la Légion d'Honneur.

La paix revenue, il est envoyé sur les théâtres d'opérations extérieures, à Odessa (1919), en Syrie-Palestine (1920) où sa bravoure lui vaut une nouvelle citation et la croix d'officier de la Légion d'Honneur, en Algérie et au Maroc puis au Tonkin au sein du 5e régiment étranger d'infanterie. Ces missions lui permettent de réaliser son rêve : rejoindre la Légion étrangère, et ce dès 1924.

Le 23 février 1940, il quitte le commandement du 4e REI au Maroc pour prendre la direction de deux bataillons de marche de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, contingent de l'expédition de Norvège. Le 5 mai il débarque à Ballangen, enlève Bjervik et Narvik, libère 60 prisonniers alliés et capture 590 Allemands. L'expédition tourne court et Magrin-Vernerey rejoint Brest le 15 juin. A l'annonce de l'armistice, avec le capitaine Koenig et 500 compagnons, il quitte la France pour aller se placer sous l'autorité du général de Gaulle. Promu colonel, il devient Monclar (nom d'une localité du Tarn-et-Garonne, berceau de sa famille) pour la France Libre. En décembre 1940, sa 13e demi-brigade entame son périple africain : Dakar, Freetown, le Cameroun où il rédige un petit traité sur sa conception du combat, Catéchisme du combat. Elle débarque au Soudan anglo-égyptien, prend part à la campagne d'Erythrée aux côtés du bataillon Garbay, enlevant la capitale, Massaouah, et capturant l'amiral et le général commandants en chef des forces italiennes. En Syrie (juin 1941) cependant, de même qu'il a refusé de participer à la campagne de ralliement du Gabon, il ne veut pas s'engager, ne pouvant supporter l'idée d'une lutte fratricide dans l'armée française. Nommé général de brigade en 1941, il exerce divers commandements en Grande Bretagne puis au Levant. Il est fait Compagnon de la libération.

Après diverses missions en Algérie, au Pakistan, en Indochine, il est nommé inspecteur de la Légion étrangère le 25 juin 1948.

Général de corps d'armée le 20 février 1950, bientôt atteint par la limite d'âge, Monclar reprend fictivement ses galons de lieutenant-colonel le 19 octobre et se porte volontaire pour prendre la tête du bataillon français de Corée qu'il dirige jusqu'en 1951 contre les troupes communistes en Corée du Nord.

Retiré à Neuilly, le 21 octobre 1962, légende militaire vivante auréolé de dix-sept décorations nationales et de vingt-et-une internationales, il succède au général Kienst au rang de Gouverneur des Invalides.

Il occupe cette charge jusqu'à sa mort en 1964.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Henri Giraud

1879-1949

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Portrait du général Giraud. 1934-1936. Source : ECPAD

(18 janvier 1879 : Paris - 11 mars 1949 : Dijon)

 

Issu d'une modeste famille alsacienne installée à Paris - son père était marchand de charbon - Henri Giraud, jeune homme au tempérament aventureux, suit de brillantes études classiques aux lycées Stanislas, Bossuet et Louis-le-Grand, et rejoint les rangs de l'armée française en 1900, à sa sortie de l'école militaire de Saint-Cyr.

Il est affecté au 4e Zouave, en Afrique du Nord, unité avec laquelle il est envoyé au front en 1914. Blessé, il est fait prisonnier le 30 août, à la bataille de Guise, lors de la contre-attaque du général Lanrezac contre la IIe armée allemande de von Bulow.

Il parvient à s'échapper avec la complicité du réseau du docteur Frère, à la fin du mois de septembre et rencontre l'attaché militaire français à La Haye qui l'évacue vers le Royaume-Uni d'où il embarque pour rejoindre la France. Il s'illustre à nouveau à l'automne 1917 lorsque le 3e bataillon du 4e Zouave reprend le fort de La Malmaison, au Chemin des Dames puis, lors des offensives programmées par Pétain après la crise du printemps 1917. Après la guerre, il rejoint les troupes du général Franchet d'Esperey à Constantinople, pour retourner au Maroc, à la demande de Lyautey, avec les galons de colonel, combattre les mouvements insurrectionnels berbères. Il contribue ainsi à la reddition d'Abd-el-Krim (27 mai 1926) pendant la guerre du Rif, fait d'arme qui lui vaut de recevoir la légion d'honneur.

Promu commandant militaire de la place de Metz, il rencontre les colonels Charles de Gaulle et Jean de Lattre de Tassigny. Général en 1936, commandant la 7e armée, membre du Conseil supérieur de la guerre, Giraud, qui ne croit pas à l'efficacité de l'arme blindée, désavoue la tactique préconisée par de Gaulle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale.

Le 10 mai 1940, ses unités, envoyées aux Pays-Bas, retardent l'avancée allemande, notamment à Breda le 13 mai. Il est fait prisonnier le 19 mai à Wassigny alors qu'il tente de s'opposer aux divisions de panzer dans les Ardennes avec la 9e armée française. Il est emprisonné en Silésie, au château de Koenigstein près de Dresdes. Le 17 avril 1942, Giraud s'en évade avec l'aide de fidèles, les généraux Mesny, Mast, Baurès, et des services secrets britanniques qui lui facilitent la fuite à partir de Schandau. Il gagne ensuite l'Alsace puis Vichy.

Son aventure, rapidement connue de tous et qu'il relate dans Mes évasions, irrite le gouvernement allemand qui souhaite son retour en prison mais il échappe à cette sanction en signant une lettre au maréchal Pétain exprimant sa volonté de ne pas s'opposer à son régime. Vivant en résidence surveillée, Giraud ne tarde pas à être contacté par les Alliés, désireux de tenir le général de Gaulle à l'écart de la préparation de l'opération Torch. Exfiltré en novembre 1942 via Gibraltar, il rencontre Eisenhower de qui il obtient de conserver le commandement des troupes françaises. Sur place, la situation dégénère en une guerre civile, les hommes de l'amiral Darlan refusant de reconnaître son autorité. L'assassinat de Darlan, le 24 décembre, mettra fin à ce conflit.

Giraud se pose alors comme son successeur, maintient les institutions ainsi que le statut d'exception des juifs et fait interner dans les camps sud sahariens quelques résistants qui avaient aidé au débarquement. Présent à la conférence de Casablanca, il est contraint de libérer ces résistants et de conférer à son gouvernement une teneur plus démocratique. Il entre ensuite au directoire du Comité français de Libération nationale (CFLN), le " duel Giraud-de Gaulle " est alors à son comble. Mais, rapidement débordé par les actions de ralliement au général de Gaulle, il doit céder la place. Son soutien indéfectible à Pierre Pucheu finit de le discréditer auprès de ses partisans. Cet ancien ministre de l'Intérieur de Pétain avait en effet gagné le Maroc pour servir les couleurs de la France Libre, mais sa démarche était considérée comme tardive pour quelqu'un accusé de collaboration avec l'ennemi et de participation à l'arrestation d'otages.

Le 13 septembre 1943, il envoie des troupes françaises soutenir les résistants corses par un débarquement sur l'île. C'est un succès militaire mais Giraud subit de nombreuses critiques du général de Gaulle pour avoir armé la résistance communiste corse, donnant une tonalité politique aux opérations de libération de l'Europe et fragilisant le travail d'unification de la résistance. Il perd définitivement son siège au CFLN. En avril 1944, Giraud organise la participation française à la campagne d'Italie mais, considéré comme trop impliqué dans le système répressif de Vichy, il est destitué de son poste de commandant en chef et amené à se retirer des instances militaires de la France Libre.

Il fera part de son expérience de ces années troubles dans son ouvrage : Un seul but : la Victoire, Alger, 1942-1944. Il survit à un attentat à Mostaganem le 28 août 1944. En 1946, Giraud se présente à la députation en Lorraine pour la seconde Assemblée nationale constituante sur la liste du parti républicain de la liberté et des indépendants agraires. Elu le 2 juin, il rallie le groupe des républicains indépendants et contribue à la création de la Quatrième République, en dépit de son refus de voter pour la constitution. Il participe aux débats sur la situation des prisonniers de guerre non rapatriés (25 juillet 1946) et sur la politique générale du gouvernement en Algérie (22 août 1946). Il siège au conseil supérieur de la guerre jusqu'en décembre 1948 et reçoit, le 10 mars 1949, la médaille militaire pour son évasion exceptionnelle.

Il décède le lendemain et est inhumé aux Invalides.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Georges Catroux

1877-1969

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Portrait du général Catroux : Source SHD

(29 janvier 1877 : Limoges - 21 décembre 1969 : Paris)

 

Fils d'un militaire qui s'est illustré pendant les campagnes du Second Empire en Afrique du Nord et en Asie et d'une mère génoise, Georges Catroux hérite du sens du service et du goût pour les contrées lointaines. Après avoir fréquenté les écoles de Limoges, Angers et Rennes au gré des garnisons de son père, il entre au Prytanée national militaire de La Flèche puis à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1896, promotion "randes manoeuvres" et choisit à sa sortie le corps des Chasseurs à pied (Grenoble).

Jeune lieutenant à la Légion étrangère en 1900, il est envoyé en mission de pacification dans le Sahara. Trois ans plus tard, il est en Indochine pour seconder le gouverneur général Paul Beau, avant de repartir en Afrique du Nord, en Algérie d'abord où il rencontre Lyautey (il écrira quelques années plus tard un Lyautey le Marocain), puis au Maroc où, jusqu'en 1911, il accomplit les opérations préparatoires d'occupation du territoire, avant de revenir à Alger auprès du gouverneur général Lutaud.

Au début de la Première Guerre mondiale, il commande le 2e régiment de tirailleurs algériens. Blessé près d'Arras en octobre 1915, il est fait prisonnier et rencontre Charles de Gaulle au Fort IX d'Ingolstadt.

Membre de la mission militaire française en Arabie en 1919-1920, il est ensuite nommé gouverneur de l'Etat de Damas où il pose les bases de l'administration et de la gouvernance de la Syrie, avant d'exercer les fonctions d'attaché militaire à Constantinople - il fera part de son expérience levantine dans Deux missions au Moyen-Orient, 1919-1922. Lyautey le rappelle au Maroc, de juin à octobre 1925, lors de la guerre du Rif. Nommé auprès d'Henri de Jouvenel, Haut commissaire au Levant, Catroux défend la thèse de l'indépendance de la Syrie et du Liban. Ne trouvant pas d'écho favorable, il demande à être relevé de ses fonctions et retourne dans le désert, en 1927, pour diriger le 6e régiment de tirailleurs algériens à Tlemcen. Colonel puis général, il commande à Marrakech, de 1931 à1934, à Mulhouse ensuite, puis le 19e corps d'armée à Alger de 1936 à 1939.

À la déclaration de guerre en septembre 1939, Catroux est gouverneur général d'Indochine depuis trois mois : passé au cadre de réserve, il a été rappelé par Mandel le 21 août pour occuper cette fonction. A l'armistice il doit composer avec un gouvernement qui refuse la présence de troupes étrangères sur ce territoire et encourage les relations avec la Chine et les Japonais, pressés de s'installer sur le continent pour en découdre avec Pékin. Le gouvernement de Vichy le révoque le 26 juillet 1940. Il refuse alors de revenir en France et choisit de rallier la France Libre via Singapour et Le Caire. Arrivé à Londres le 17 septembre 1940, il reçoit du général de Gaulle la mission de préparer le ralliement des Etats du Levant en qualité de représentant de la France Libre dans cette région. Membre du Conseil de Défense de l'Empire, commandant en chef et délégué général de la France Libre au Moyen Orient, en juin 1941, il proclame l'indépendance de la Syrie et du Liban. Il est nommé Haut-commissaire de la France Libre au Levant le 19 juillet par décret du général Wilson, commandant en chef des troupes britanniques dans cette zone. Il participe aux pourparlers succédant au débarquement en Afrique du Nord et, nommé commandant des forces françaises le 25 novembre 1942, il s'attèle à réunir sous son autorité les territoires d'outre-mer, tout en jouant un rôle d'intermédiaire entre de Gaulle et Giraud. Commissaire d'Etat au Comité français de Libération nationale en 1943, il est chargé au mois de mai de la coordination des affaires musulmanes et rédige l'ordonnance du 7 mars 1944 qui accorde la nationalité française à certaines catégories de musulmans et la possibilité de l'obtenir pour d'autres. Gouverneur général de l'Algérie en juin 1944, Compagnon de la Libération, il est nommé ministre d'Etat chargé de l'Afrique du Nord du Gouvernement provisoire de la République française le 9 septembre suivant.

Ambassadeur de France en Union soviétique de 1945 à 1948, expérience dont il fera le sujet de J'ai vu tomber le rideau de fer, il sert comme conseiller diplomatique auprès du gouvernement à son retour, puis est élevé à la dignité de Grand Chancelier de la Légion d'honneur en 1954. Alors qu'une commission est chargée de rechercher les responsabilités dans la défaite de Dien Bien Phu, il s'exprimera sur cette guerre dans Deux actes du drame indochinois. En 1955, désigné pour résoudre les troubles au Maroc, il joue un rôle prépondérant dans les négociations pour le retour du sultan Mohammed V, exilé à Madagascar. L'année suivante il exerce les fonctions de ministre résident en Algérie mais démissionne en raison des manifestations hostiles aux Européens. En 1961, Catroux est membre du tribunal militaire chargé de juger les généraux putschistes (Challe, Zeller) et leurs complices.

Placé hors des cadres d'active en 1969, Compagnon de la Libération, Georges Catroux décède le 21 décembre, à l'hôpital du Val-de-grâce. Il est inhumé au cimetière de Thiais (Val-de-Marne).

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

Edmond Marin la Meslée

1912-1945

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Le commandant Marin la Meslée. Source : SHD

(5 février 1912 : Valenciennes - 4 février 1945 : Dessenheim)

 

Enfant du siècle de la conquête de l'air, le jeune Edmond hérite de son père, ingénieur des Arts et Métiers, la passion des avions. Ils construisent ensemble des planeurs et créent des aéro-clubs. Bachelier latin-sciences à l'âge de 16 ans, il se lance dans de brèves études de droit. Au bout de quelques semaines, il demande une bourse de pilotage et entre à l'école d'aviation Morane. Breveté pilote le 1er août 1931, il termine sa formation à Istres, le 20 avril 1932, et prépare le concours d'entrée à l'École des Officiers de Réserve. Sous-lieutenant le 20 septembre suivant, il se résigne à abandonner ses galons afin de contourner le règlement qui interdit de voler aux réservistes. Il s'engage alors avec le grade de sergent dans l'aviation de chasse, pour intégrer l'école de l'Air en 1936 et en sortir en octobre 1937 à nouveau sous-lieutenant avec le brevet d'observateur.

Il rejoint alors la 5e escadre aérienne à Reims et sert sous les ordres du capitaine Accard dans la première escadrille de chasse "Champagne", héritière de la prestigieuse Spa-67 de Navarre. Promu lieutenant au début de la Seconde Guerre mondiale, son groupe, équipé de Curtis H-75, hiverne sur le terrain de Suippes ponctuant la monotonie quotidienne par de longues missions d'alerte en altitude.

Le 11 janvier 1940 enfin, Marin la Meslée, " Marina " pour la radio, connaît l'ivresse des premiers combats. En patrouille avec le lieutenant Rey, les deux pilotes mettent un terme à la mission de reconnaissance d'un Dormier-17 dans le ciel de Verdun. Mais c'est au mois de mai, face à l'irrésistible machine de guerre allemande qu'il acquiert ses titres de gloire et entre dans la légende de l'aviation de chasse. Le 12, il abat deux Stukas Junkers-87 et le lendemain, des chasseurs Messerschmidt-109. Les semaines suivantes, c'est au tour d'un bombardier Heinkel, de deux Henschel-126 et d'un Heinkel-111 de plier sous ses tirs.

Le 1er juin, avec 16 appareils à son tableau de chasse, il est nommé chef d'escadrille Cigogne en remplacement du capitaine Accard, grièvement blessé. Au moment de l'armistice, il totalise 106 sorties, quinze victoires en France, cinq au-dessus de l'Allemagne et dix citations à l'Ordre de l'Armée. Le palmarès est sans égal.

En novembre 1942, l'escadrille basée en Afrique du Nord, aux ordres de Vichy, renoue avec son désir de reprendre la lutte. A la faveur du débarquement anglo-américain, les " Cigognes " volent pour la France Libre dans le ciel de Tunisie, même s'il ne s'agit que de simples missions de reconnaissance. Le lieutenant effectue 105 sorties à bord d'un " Airacobra P-39 " et remporte quatre victoires au large des côtes africaines. Commandant en juin 1944, il revient sur le terrain de Salon-en-Provence aux commandes d'un P-47 " Thunderbolt ", le 20 septembre, un mois après le débarquement de Provence. Son groupe est alors attaché à la 1re armée française.

 

Début 1945, les combats pour la reconquête de l'Alsace font rage. L'aviation alliée s'emploie à détruire les obstacles à l'avancée de l'infanterie, au moyen de périlleux piqués si nécessaire. Le 4 février, le commandant Edmond Marin la Meslée exécute un second passage au-dessus des lignes allemandes. Son appareil, touché par un tir de DCA, vient s'écraser et explose à deux kilomètre du village de Rustenhardt.

Ses ailes se sont définitivement repliées à l'aube de sa trente-troisième année :

"Pur visage de l'aviation de chasse, dont il était l'incarnation

il restera par ses vertus et par sa gloire,

une des figures les plus éclatantes de l'Armée de l'Air

et un des héros les plus nobles de la Nation"

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Auguste Spinner

1864-1939

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Portrait d'Auguste Spinner posant en uniforme - 1915. Source : Libre de droits

(Wissembourg, le 14 juin 1864 - Strasbourg, le 1er avril 1939)

 

Aujourd'hui presque tombé dans l'oubli, Auguste Spinner a pourtant été l'un des personnages marquants de l'Alsace de la première moitié du XXe siècle, à la fois peintre, décorateur, architecte, espion, journaliste, militaire, puis fonctionnaire français.

Né à Wissembourg en 1864, Auguste Spinner a été profondément marqué par la bataille du 4 août 1870 qui toucha sa ville natale, il grandit ainsi dans le souvenir de la France, l'Alsace étant alors annexée au Reich wilhelmien. Après des études réalisées à l'Ecole des Beaux Arts de Karlsruhe, il reprend, dans les années 1890, l'entreprise de peinture et de décoration familiale. On lui doit notamment les fresques qui ornent l'intérieur du Musée historique de Haguenau.

Passionné par l'Histoire, il participe à la fondation, en 1905, de la Verein zur Erhaltung der Altertümer in Weissenburg und Umgegend ou Société pour la conservation des antiquités de Wissembourg et des ses environs, dont il devient le trésorier. Auguste Spinner se fait également remarquer à cette époque, comme l'un des principaux collectionneurs d'armes et d'uniformes d'Alsace et comme l'un des meilleurs historiens de la guerre de 1870 dans le Nord de l'Alsace.

Il publie d'ailleurs en 1908, l'une des premières études détaillées sur les aventures du comte von Zeppelin lors de l'affaire de Schirlenhofe, qui fit les deux premières victimes de la guerre franco-allemande.

À partir de 1906, il entreprend de faire ériger à Wissembourg, au Geisberg, un monument commémoratif consacré aux soldats français tombés au champ d'honneur sous les ordres du maréchal de Villars (1705-1706), du maréchal Coigny (1744), du général Hoche (1793) et du général Abel Douay (1870). Rapidement secondé par Paul Bourson, puis par tous les leaders alsaciens francophiles de l'époque, son projet voit le jour en 1909, après d'âpres négociations avec le gouvernement impérial allemand.

L'inauguration du monument, qui a lieu le 17 octobre 1909, se transforme en une fantastique manifestation pro-française, lors de laquelle plus de 50 000 Alsaciens-Lorrains entonnent une vibrante Marseillaise jouée par la musique municipale de Reichshoffen, devant les autorités allemandes médusées.

Nommé délégué général du Souvenir Français en Alsace, Spinner poursuit dès lors son action en faveur de la France en encourageant la création de nouvelles sections du Souvenir et en fédérant en associations les anciens combattants français vétérans de Crimée, d'Italie, du Mexique et de 1870. En 1910, il intervient même au côté de Joseph Sansboeuf, président des anciens combattants français, et de Maurice Barrès afin que l'Assemblée Nationale française crée la médaille commémorative de la guerre de 1870-1871.

Loin de tout fanatisme et chauvinisme, il organise le 24 juillet 1910, à l'occasion du quarantième anniversaire de l'escarmouche de Schirlenhofe, l'une des premières cérémonies de réconciliation franco-allemande de l'Histoire en réunissant sur les tombes des deux premières victimes du conflit de 1870 une partie des anciens protagonistes de ce fait d'arme.

Cependant, face à la multiplication des procès politiques et des arrestations dans le milieu francophile, qui touchent parmi ses proches notamment l'abbé Wetterlé, Hansi, Zislin... Auguste Spinner se sent menacé et préfère s'exiler à Nancy, au mois de septembre 1912, tout en restant très actif en Alsace-Lorraine annexée. Il participe ainsi à la fondation du musée Westercamp à Wissembourg en 1912 à qui il lègue ses collections et devient vice-président du Souvenir Alsacien-Lorrain, qui est dissout par les autorités impériales en 1913. Hansi lui dédit alors de manière implicite son album intitulé Mon village - Ceux qui n'oublient pas, publié à Noël 1913, dans lequel le père d'Auguste Spinner, Laurent, resté à Wissembourg, figure sous les traits du veilleur de nuit.

Spinner devient à cette période, agent spécial du lieutenant-colonel Albert Carré qui est chargé, en 1913 par le Haut Commandement français, d'organiser à Besançon un centre de ralliement pour les Alsaciens qui déserteraient l'armée allemande en cas de conflit. Engagé volontaire dans l'armée française le 28 juillet 1914, Spinner est appelé à l'état-major de l'armée, en tant qu'officier interprète, avant même le début des hostilités. Suite à une lettre ouverte de Maurice Barrès au ministre de la Guerre , le 22 août 1914, il est chargé du triage des Alsaciens-Lorrains parmi les prisonniers de guerre allemands. Décoré de la Légion d'Honneur en 1915, il est affecté, à partir de 1916, au Service des Renseignements du GQG.

Nommé administrateur adjoint de la ville de Wissembourg, il est le premier soldat français à entrer dans la ville redevenue française le 24 novembre 1918. Démobilisé en 1920, il devient alors Directeur de l'Entrepôt des tabacs fabriqués de Strasbourg et occupe des fonctions importantes au sein du Souvenir Français du Bas Rhin, de la Fédération des Engagés Volontaires et de diverses autres associations patriotiques. Il termine sa carrière militaire en 1935 avec le grade de commandant interprète et la rosette d'officier de la Légion d'Honneur.

Collaborateur occasionnel de la revue L'Alsace Française, il organise, en 1934-1935, une importante cérémonie à l'occasion du 25e anniversaire du monument de Wissembourg. Celle-ci, présidée par le général Gamelin, réunit, le 28 juillet 1935, plus de 75 généraux d'origine alsacienne et plusieurs milliers de spectateurs dont son ami Hansi.

Victime d'une attaque à la fin du mois de mars 1939, Auguste Spinner meurt le 1er avril 1939. Des funérailles imposantes sont alors organisées et, suivant en cela ses dernières volontés, son cercueil est enveloppé dans un drapeau tricolore ayant flotté lors de la cérémonie d'inauguration de 1909. Un an plus tard, "son" monument est dynamité par les autorités nazies et sa famille contrainte à l'exil. A la libération, son fils Georges, devenu architecte des Bâtiments de France, récupère quelques blocs de grès du monument détruit afin de réaliser la stèle funéraire de son père à Wissembourg. Un nouveau monument est par la suite reconstruit et inauguré au Geisberg le 13 novembre 1960.

 

Source : Philippe Tomasetti, professeur d'histoire

Antoine Béthouart

1889-1982

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Le général Béthouard, commandant le Corps Expéditionnaire Français à Narvik. Source : SHD

(17 décembre 1889 : Dôle, Jura - 17 octobre 1982 : Fréjus, Var)

 

Issu d'une famille picarde de Marquenterre, Antoine Béthouart prépare son baccalauréat à Sainte-Geneviève de Versailles et entre à Saint-Cyr en 1909, promotion " Fez ", où il y rencontre Alphonse Juin et Charles de Gaulle. Sous-lieutenant en octobre 1912, il est affecté dans les Vosges au 152e régiment d'infanterie et sert dans diverses unités avant de rejoindre le 158e RI au sein duquel il s'illustre pendant la Première Guerre mondiale en Alsace, à Verdun, dans la Somme, au Chemin des Dames et à l'assaut du Mont Kemel. Blessé à trois reprises, il décroche autant de citations et termine la guerre avec le grade de capitaine.

En 1919-1920, il est missionné auprès de l'armée finlandaise, à Viborg, avant d'être admis à l'Ecole de guerre et de servir, entre 1922 et 1924, à l'état-major du 12e corps d'armée et au 6e bataillon de chasseurs alpins. Chef de bataillon en mars 1928, il commande le 24e bataillon de chasseurs alpins à Villefranche. Nommé adjoint de l'attaché militaire français en Yougoslavie en 1931, puis, devenu lieutenant-colonel en 1934, il exerce pleinement cette fonction diplomatique jusqu'en 1938.

En septembre 1939, le colonel Béthouart, à la tête de la 5e demi-brigade de chasseurs alpins (Chambéry), garde la frontière des Alpes puis rejoint la ligne Maginot sur le secteur mosellan de Bitche. En février 1940, il forme la brigade de Haute-montagne en vue des opérations en Scandinavie. Le corps de troupe embarque le 12 avril. Son fondateur gagne alors ses étoiles de général de brigade. Après Bjervik, ses hommes enlèvent Narvik le 28 mai et repoussent à la frontière les bataillons allemands du général Dietl, un exploit qui lui vaudra d'être élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur. Le corps expéditionnaire français de Norvège est évacué pour partie vers le Royaume-Uni après l'armistice. Béthouart reste fidèle à son unité et suit ceux de ses hommes qui désirent revenir en France. Il est finalement rapatrié au Maroc où il assure successivement le commandement de la subdivision de Rabat, la présidence de la commission française d'armistice au Maroc, puis le commandement de la division de Casablanca en janvier 1942, position stratégique lorsqu'il organise l'aide aux Alliés pendant le débarquement de novembre. Il est mis aux arrêts par le résident général Noguès et traduit en cour martiale le 10 novembre, à Meknès, où il est condamné à mort. Libéré quelques jours plus tard, il est promu général de division et désigné par le général Giraud, en décembre 1942, comme chef de la Mission militaire à Washington pour négocier avec le gouvernement américain son aide matérielle à l'armée française. Chef d'état-major de la Défense nationale à Alger, il œuvre au rapprochement entre les FFL et l'armée d'Afrique, accompagne le général de Gaulle à Rome, Londres et Bayeux. Commandant du 1er corps d'armée en août 1944, il prend part au sein de la 1re armée à la trouée de Belfort (14 novembre), prend Héricourt, Montbéliard, Delle et atteint Mulhouse . il est cité à l'ordre de l'armée. Le 29 janvier 1945, lors des opérations de réduction de la Poche de Colmar, il met à mal les défenses du front sud du réduit allemand et réalise la jonction avec les éléments de la 1re armée venant du nord. Il aborde les rives du Rhin le 9 février . il est alors élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'honneur. Pendant la campagne d'Allemagne, il enlève Constance, Ulm, Friedrichshafen, Bregenz, pour achever son périple au col de l'Arlberg (Autriche), le 6 mai 1945. Compagnon de la Libération, le général Béthouart est nommé haut-commissaire de la République française en Autriche, le 8 juillet 1945, et occupe cette fonction jusqu'au 30 septembre 1950, ayant quitté le service actif avec le rang de général d'armée le 12 janvier 1949.

De retour en France, il assure la présidence du Comité de la Flamme sous l'Arc de Triomphe et celle de la Fédération Européenne des Associations de Combattants, et continue de servir la France par le biais de la députation. Il représente, en 1955, les Français du Maroc, puis les Français établis hors de France au Sénat à partir de 1959, étant aussi nommé membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Les 2 et 3 juin 1958, il vote pour les pleins pouvoirs au général de Gaulle et pour la révision constitutionnelle. En 1960, il vote pour la loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures relatives au maintien de l'ordre en Algérie. L'année suivante, il prend part à la discussion sur l'aide aux rapatriés d'Afrique du Nord. De 1963 à 1971, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour les crédits du ministère des Affaires étrangères, il fait des observations sur de nombreux sujets dont la coopération technique, la situation des ressortissants français à l'étranger (1963), l'indemnisation des agriculteurs spoliés au Maroc (1964), les rapatriés (1966), les crédits d'aide militaire aux pays d'Afrique du Nord, le personnel et les postes diplomatiques (1967), les crédits pour l'action culturelle, le fonctionnement du Conseil supérieur des Français de l'étranger, l'affectation des appelés du contingent (1969), l'Alliance française, l'aide militaire apportée à l'Algérie et la situation du Cambodge (1970). En juin 1970, il est membre de la commission spéciale chargée de l'examen du projet de loi relatif à l'indemnisation des Français rapatriés. Vice-président de la délégation française à la conférence des parlementaires de l'OTAN en 1965 et en 1968, Béthouart intervient au Sénat en séance publique, en 1966 et en 1967, sur la question des relations entre la France et l'Alliance atlantique. Il se charge aussi des questions relatives à la réforme de l'armée française, prend part au débat sur le service national en 1965, sur le service de santé des armées en 1968 et, en 1970, sur la loi de programme relative aux équipements militaires pour la période 1971-1975.

Il prend sa retraite en 1971 et poursuit sa carrière d'écrivain commencée avec La Bataille pour l'Autriche (1966) et Cinq années d'espérance (1968). Il publie Des hécatombes glorieuses aux désastres (mémoires) en 1972, puis Le Prince Eugène de Savoie (1975) et Metternich et l'Europe (1978), à côté d'une collaboration régulière avec Le Figaro.

Décédé le 17 octobre 1982 à Fréjus, le général Antoine Béthouart est inhumé à Rue, dans la Somme.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Edgard de Larminat

1895-1962

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Portrait de Edgard de Larminat. Source : SHD

(29 novembre 1895 : Alès, Gard - 1er juillet 1962 : Paris)

Admissible à Saint-Cyr en 1914, promotion "Grande Revanche", Edgard de Larminat, dont le père était officier des Eaux et Forêts, perpétue la tradition familiale, remontant au XVIIème siècle, de vie au service de l'Etat.

Élevé chez les Jésuites à Montfré et aux Postes, il a fréquenté les lycées de Gap, de Troyes et s'engage à l'âge de 19 ans comme simple soldat au 27e régiment d'infanterie. Affecté au 134e, il suit les cours spéciaux des élèves de Saint-Cyr puis rejoint successivement les 321e et 121e régiments d'infanterie. Promu capitaine en septembre 1917, il termine la guerre avec quatre citations à l'ordre du jour, trois blessures dont une par les gaz (mars 1918), en ayant fait preuve d'un courage exemplaire devant le fort de Vaux où il a été blessé par un éclat d'obus en juin 1916. A ce titre, il sera distingué par la Légion d'honneur.

Doté d'un caractère indépendant et curieux des horizons lointains, il rejoint les troupes de marines (armée coloniale) en 1919, sa formation de saint-cyrien achevée. Envoyé au Maroc pour mettre en oeuvre la politique du maréchal Lyautey, il montre toute sa mesure à commander le 13e bataillon de tirailleurs sénégalais d'Ouezzane, qualité qui lui vaut une nouvelle citation.

Son commandement du cercle de Kiffa en Mauritanie, de 1923 à 1926, laisse une empreinte durable, de même que sa mission en Indochine de 1928 à 1931.

Chef de bataillon en 1929, il suit les cours de l'Ecole supérieure de Guerre, de 1933 à 1935, se faisant remarquer par l'étendue de sa culture et ses capacités à appréhender les questions militaires. Lieutenant-colonel, il est affecté au Levant en janvier 1936 pour exercer les fonctions de chef d'état-major du général commandant en chef le théâtre d'opérations du Moyen-Orient.

Colonel en mars 1940, De Larminat refuse de rendre les armes : alors que le général Mittelhauser décide de suivre les ordres du gouvernement de Bordeaux, il prépare le passage en Palestine des troupes voulant continuer la lutte. Mis aux arrêts et emprisonné, il s'échappe et gagne Damas le 1er juillet puis la France Libre qu'il sert avec une ardeur sans relâche. En Egypte, il regroupe les contingents français de Syrie puis va seconder le général Legentilhomme à Djibouti. Apprenant au cours d'un séjour à Londres la situation insurrectionnelle au Tchad, au Cameroun et en Afrique Equatoriale française, il se rend à Léopoldville d'où il prépare la reddition de la garnison de Brazzaville le 28 août, déposant le gouverneur général et commandant des troupes et prenant le commandement civil et militaire des territoires ralliés.

Promu général de brigade, il exerce les fonctions de commandant supérieur et gouverneur général, puis Haut-commissaire jusqu'en juillet 1941, date à laquelle, nommé général de division, il retourne en Syrie auprès du général Catroux. En décembre commence son aventure en Afrique du Nord. Commandant les Forces françaises en Libye, il prend part à la campagne du Western Desert, s'illustrant aux batailles de Gazalla (mai 1942) et d'El-Alamein (octobre-novembre 1942) face à Rommel.
Il organise la 1re Division Française Libre à la tête de laquelle il représente brillamment la patrie pendant les dernières opérations de la campagne de Tunisie, à Takroune et au Djebel Garci, en mai 1943, gagnant ainsi ses étoiles de général de corps d'armée.

De chef d'État-Major général des Forces Françaises Libres auprès du Comité français de la Libération nationale en juin-juillet, il prend le commandement du 2e corps d'armée en août 1943 avec lequel il mène la campagne d'Italie en mai-juin 1944 comme adjoint du commandant du Corps Expéditionnaire Français en Italie. A sa tête, du 10 juin au 4 juillet, il signe les pages les plus glorieuses de cette opération entre Viterbo et Sienne, en Toscane, décrochant une nouvelle citation et la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. Le 16 août, De Larminat débarque en Provence avec le 2e corps d'armée, combat devant Marseille, libère Toulon, ouvrant la voie à la reconquête du territoire national.

D'octobre 1944 à juin 1945, il dirige le Détachement d'Armée de l'Atlantique au Commandement des Forces de l'Ouest et joue un rôle décisif dans la réduction des poches de résistance allemandes de Lorient, La Rochelle, Rochefort et la Pointe de Grave. Durant l'hiver 1944-1945, il procède également à la transformation en unités régulières des unités des Forces Française de l'Intérieur, issues du maquis. L'armée, la résistance et la Nation lui fourniront la matière de trois ouvrages : L'Armée dans la Nation . Bertie Albrecht, Pierre Arrighi, général Brosset, D. Corticchiato, Jean Prévost, 5 parmi d'autres . Que sera la France de demain ?

Compagnon de la Libération, il exerce les fonctions d'Inspecteur Général des Forces d'Outre-Mer de novembre 1945 à juillet 1947, est nommé membre titulaire du Conseil supérieur de Guerre en 1950, préside le Comité militaire de la Communauté européenne de Défense (1951-1954) - sujet qu'il traite dans L'Armée européenne -, est promu au grade de général d'armée en 1953, officie en qualité d'Inspecteur des troupes coloniales en 1955, puis passe au cadre de réserve le 29 novembre 1956.

Rappelé en juin 1962, alors qu'il vient d'achever Chroniques irrévérencieuses (livre de souvenirs de ses débuts à la fin de la Seconde Guerre mondiale), De Larminat se voit confier la présidence de la Cour militaire de Justice chargée d'instruire le procès des instigateurs de la rébellion d'Alger d'avril 1961. Le procès doit s'ouvrir le 2 juillet sur fond de fin de guerre d'Algérie, d'une nation déchirée, d'un pouvoir contesté, de virulentes campagnes de presse. Patrie, Armée, fidélité au gaullisme ... le dilemme emporte De Larminat qui met fin à ses jours la veille de la première audience.

Le 6 juillet, le général Dio prononce son éloge funèbre dans la cour des Invalides et termine ainsi son panégyrique : "Que le Dieu des Armées, mon Général, vous ait en sa garde. Et que la terre de votre petit village du Jura vous soit douce. Vos anciens compagnons d'armes qui vous sont attachés par tant de souvenirs, garderont pieusement votre mémoire"

Le général Edgard de Larminat repose au cimetière de Montain, dans le Jura.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Sur le suicide de De Larminat : www.larminat-jm.com Historia, n° 610, 615, 620, 632 Philippe Oulmont, dir., Larminat, un fidèle hors série, Fondation Charles de Gaulle/Éditions LBM. Diffusion Ouest France, 2008

Joseph de Goislard de Monsabert

1887-1981

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Le général de Goislard de Monsabert. Début février 1944. Source : ECPAD

(30 septembre 1887 : Libourne, Gironde - 18 juin 1981 : Dax, Landes)

 

Joseph de Goislard de Monsabert est issu d'une famille de militaire vivant dans le culte de l'honneur et du service de la patrie. Perpétuant les traditions, le jeune homme connaît rapidement l'appel des armes et prépare l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, qu'il intègre en octobre 1907 (promotion Maroc) après avoir éprouvé le métier des armes une année durant au 50e régiment d'infanterie. Attiré par l'Afrique du Nord, il choisit de servir au Maroc où dès 1912 il rejoint le 3e régiment de tirailleurs.

Lieutenant lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, il est affecté au 1er régiment mixte de tirailleurs et zouaves de la 1re division marocaine. Capitaine en mai 1915, il s'illustre au 9e régiment de zouaves où il termine la guerre en tant que chef de bataillon à titre temporaire, auréolé de sept citations et de la Légion d'Honneur.

L'entre-deux guerres est l'occasion de suivre les cours de l'Ecole supérieure de guerre et d'approfondir sa connaissance du Maghreb dont il ne tarde pas à devenir un spécialiste.

Colonel depuis juin 1937, il commande le 9e RT à Miliana au début de la Seconde Guerre mondiale alors qu'il est promu commandant du groupement du sud tunisien (81e brigade d'infanterie) à Blida au mois de décembre.

Contraint d'accepter l'armistice, Monsabert ne se résout pas à abandonner la lutte. Général en août 1941, il veille au maintien de l'armée d'Afrique afin de servir aux côtés des Alliés au moment opportun, préparant l'arrivée du général Giraud à Blida après le débarquement d'Afrique du Nord, en novembre 1942. Mis au ban par le régime de Vichy, il prend la tête du Corps Franc d'Afrique puis du 19e corps d'armée pendant la campagne de Tunisie.

Général de division, il prend en mars 1943 le commandement de la 3e division d'infanterie algérienne qu'il entraîne pendant tout l'été à travers le désert de l'Ouest de l'Algérie, sachant se faire apprécier des cadres et de ses hommes. En décembre, il embarque à Bizerte pour Nisida.

Au sein du Corps expéditionnaire français en Italie (CEFI) du général Juin, les "Africains" prennent position dans les Abruzzes. Son unité, engagée dans la montagne, au nord de Venafro, doit faire face aux rigueurs de l'hiver et à l'acharnement de l'ennemi qui doit reculer sur les flancs du Monna Casale, à Acquafondata et de l'autre côté du Rapido. Il enlève notamment la crête du Belvédère, qui lui vaut sa première citation à l'ordre de l'armée.

Les troupes américaines ne pouvant résorber le réduit de Monte Cassino, acceptent le plan du général Juin d'une manoeuvre enveloppante par les troupes du CEFI. Le 12 mai, ses troupes enlèvent Castelforte et franchissent en quelques jours les monts Aurunci. Les Alliés entrent dans Rome le 5 juin. Les combats se poursuivent le long du lac de Bolsena et à travers l'Amiata, la 3e DIA prend Sienne le 3 juillet.

Après l'Italie, la France : ses hommes débarquent en Provence, dans le golfe de Saint-Tropez (Cogolin, 16 août), participent à la prise de Toulon (21 août) puis de Marseille (28 août). Monsabert est fait citoyen d'honneur de la cité phocéenne et est élevé par le général de Gaulle à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur.

Nommé général de corps d'armée, il prend le commandement du 2e CA et poursuit son travail de reconquête : Saint-Etienne, Lyon, Mâcon, Chalon, Autun et Dijon tombent.

Il se rend maître des campagnes vosgiennes et alsaciennes, prend part à la défense de Strasbourg face à la poche de résistance allemande, franchit la Lauter et le Rhin pour fêter la victoire à Stuttgart.

Commandant Supérieur des Troupes d'Occupation en Allemagne le 24 juillet 1945, Monsabert accède au rang de général d'Armée, il reçoit la Médaille Militaire et devient Grand Croix de la Légion d'Honneur.

Dégagé des cadres d'active en 1946, il se retire dans sa maison de Toureil à Hastingues (Landes) où il se consacre à la défense de l'armée française tant dans l'écriture : Il faut refaire l'Armée française (Paris, 1950), qu'en politique par son mandat de député des Basses-Pyrénées entre 1951 et 1955.

Le 8 juillet 1985, la ville de Bordeaux a rendu hommage à l'enfant du pays. Charles Hernu, alors ministre de la Défense, a inauguré un monument à la mémoire du général de Monsabert, Place des Martyrs de la Résistance.

 

Source : MinDef/SGA/DMPA

Gustave, Auguste Ferrié

1868-1932

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Portrait de Gustave Ferrié. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

(19 novembre 1868, Saint-Michel de Maurienne : Savoie - 16 février 1932 : Paris)

 

Né le 19 novembre 1868 de Pierre Ferrié, ingénieur pour les Chemins de Fer du Sud et d'Antoinette Manecy, Gustave Ferrié évolue dès son enfance au milieu des plans et des réalisations, si bien que, admis à l'École Polytechnique en 1887, il choisit l'arme du Génie. Ingénieur des transmissions radiophoniques en 1891, il est affecté à ce corps jusqu'en 1898. Ses travaux pendant cette période permettront notamment d'augmenter la portée de l'émetteur de la Tour Eiffel de 400 à 6000 km.

En 1899, il est conquis par la télégraphie sans fil après avoir assisté à un exposé de Marconi sur cette nouvelle technologie. Freycinet, ministre de la guerre, le nomme la même année au comité d'exploration du télégraphe sans fil entre la France et le Royaume-Uni afin de rendre un rapport sur les applications militaires de ce moyen de communication. Il oeuvre par ailleurs au développement des unités militaires mobiles de radiocommunication et améliore le système de radiodétection de Branly en mettant au point dès 1900 un détecteur électrolytique, appareil rendant possible la transmission du son, dont la dernière version (1910) sera utilisée par l'armée française lors de la Première Guerre mondiale.

Colonel en 1914, il reconnaît les propriétés du tube à électrons et augmente considérablement la portée des émetteurs-récepteurs de campagne qui équipent les troupes alliées dès 1916.

En 1917, Ferrié, grâce à ses appareils, permet d'intercepter les messages de Mata-Hari et de mettre fin aux agissements de l'espionne.

Promu général en 1919, il continue ses recherches et le développement de leurs applications militaires : construction de postes radio pour la marine, les colonies et l'aviation. Ces nouvelles liaisons rendues possibles, il affine les mesures des longitudes et des dimensions du globe terrestre. Ayant atteint la limite d'âge, il est maintenu en activité à titre exceptionnel. Oeuvrant au développement des techniques radioélectriques, il crée une section de radio à l'École supérieure d'Électricité.

La communauté scientifique reconnaît l'avancée majeure de ses découvertes pour le domaine des radio-télécommunications. Les honneurs se succèdent : en 1922, il est élu à l'Académie des Sciences et devient président de l'International Scientific Radio Union ainsi que de la commission internationale des longitudes par radio. Il est également vice-président de l'International Board of Scientific Unions, préside le comité de géodésie et de géophysique et reçoit la médaille d'honneur de l'Institute of Radio Engineers. Distingué par la Légion d'Honneur, Gustave Ferrié est élevé à la dignité de grand Croix en 1932.

Peu de temps après, hospitalisé à l'hôpital du Val-de-Grâce, il décède le 16 février.

Il repose au cimetière du Père-Lachaise (89e division) auprès de son épouse Pierrette Pernelle qu'il avait épousé en 1908.


À lire sur le sujet :
Amoudry (Michel), Le Général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, Presses Universitaires de Grenoble, 2000