Diégo, Charles Brosset

1898-1944

Partager :

Portrait du général Diégo Brosset. Source : SHD

 

(3 octobre 1898 : Buenos-Aires, Argentine - 20 novembre 1944 : Champagney, Haute-Saône)

 

Né à Buenos Aires, en Argentine, d'une famille de magistrats lyonnais, Diego Brosset rentre en France à l'âge de deux ans et grandit au château de Rillieux-la-Pape. Ne pouvant supporter l'enfermement des collèges jésuites qu'il fréquente, il arrête ses études à quinze ans pour revenir dans la maison de famille. Lors de la Première Guerre mondiale, il s'engage le 7 septembre 1916 comme soldat de 2e classe au 28e bataillon de chasseurs à pied de Grenoble puis au 68e. En quatre engagements, il obtient autant de citations et est promu caporal, puis sergent.

Combattant distingué, il entre à l'école d'aspirants d'Issoudun et réussit le concours d'entrée à l'école militaire d'infanterie de Saint-Maixent dont il sort en 1921 avec le grade de sous-lieutenant. Il choisit l'infanterie coloniale et est affecté en Afrique occidentale française au 2e régiment de tirailleurs soudanais. Nommé au sein d'un peloton de méharistes en mars 1922, il sillonne le Soudan (Kati), la Mauritanie (Chinguetti, Atar, Agaraktem), le Sud algérien (Touat Gourara, Tindouf) et le Sud marocain (Lekdim) pendant une quinzaine d'années entrecoupées de brefs retours en France, à son grand regret.

Passionné de littérature, il met à profit son temps libre pour achever son roman semi-autobiographique, Il sera beaucoup pardonné, pour l'édition duquel il sollicite le parrainage de François Mauriac. En février 1928, élevé à la dignité de chevalier de la Légion d'Honneur, il est affecté au 23e régiment d'infanterie coloniale à Coulommiers. Au camp de Châlons, il y rencontre Jean Bruller (alias Vercors) et une longue amitié littéraire commence entre les deux hommes. Promu capitaine en 1930, il rentre en France et épouse Jacqueline, la fille du général Mangin, au mois d'août 1931. Il retrouve le Maroc en 1933 pour quatre ans durant lesquels il combat, à la tête du 29e goum, aux cotés du général Giraud. Ecrivain infatigable, il concoure plusieurs fois pour le grand prix de la littérature coloniale, sans succès. Il dépasse ces déceptions en préparant le concours d'entrée à l'Ecole supérieure de Guerre où il est admis en janvier 1937, après avoir obtenu un diplôme de Langues orientales. Breveté de la 59e promotion en août 1939, il est nommé à l'état-major des colonies.

Le 3 septembre, la diplomatie cède le pas aux canons. Brosset rejoint son unité sur le front de Lorraine. En décembre il accepte un poste au 2e bureau du corps d'armée colonial, obtient ses galons de commandant, puis postule pour participer à une mission militaire en Colombie. Sa candidature est retenue et les Brosset arrivent à Bogota au mois de mai 1940. La nouvelle de l'armistice atteint l'Amérique du Sud le 23 juin. En homme d'action, Diégo ne peut s'y résoudre. Il envoie le 27 juin une lettre au général de Gaulle lui exprimant son entière adhésion et se fait un "ambassadeur" de la France Libre dans ses écrits, par le biais de la mission en Colombie qui ne tarde pas à être supprimée. Brosset refuse d'exécuter les ordres du gouvernement de Vichy, qui le condamne à mort par contumace et signifie à sa hiérarchie sa décision de se mettre aux ordres du général de Gaulle.

Le 8 décembre, il peut enfin rallier Londres où il est promu lieutenant-colonel au 2e bureau avant de prendre part au périple colonial du général en qualité d'officier d'état-major : Freetown, Brazzaville, Fort-Lamy, Le Caire, l'Erythrée où il est momentanément le chef d'état-major du général Catroux : la Corne de l'Afrique est alors un enjeu stratégique important depuis l'arrivée de l'Afrika Korps en Tripolitaine. De juin 1941 à décembre 1942, il assiste à la lutte fratricide entre les troupes de la France Libre du général Legentilhomme et celles, restées fidèles à Pétain, du général Dentz dans les territoires de Syrie, situation qui ne sera réglée qu'avec la convention de Saint-Jean d'Acre.

Sa longue expérience du désert lui vaut d'être missionné dans l'Est syrien avant une nouvelle affectation, en janvier 1943, à la 2e brigade à Marsa Matrouh en Cyrénaïque. Brosset réorganise son unité, la conduit à travers le désert libyen vers Gambut (Tobrouk) et la mène à la victoire de Takrouna les 9 et 11 mai en enfonçant les lignes ennemies sur plus de trois kilomètres.

Nommé général de brigade le 1er juin, il reçoit de mains du général de Gaulle la Croix de la Libération puis prend la tête de la 1re division française libre (DFL) au mois d'août, rebaptisée "division motorisée d'infanterie" (DMI). Il réarme et réorganise son corps de troupe avec l'énergie qui le caractérise. Le 11 avril 1944, enfin, la reconquête de l'Europe peut commencer : partis de Bône et de Bizerte, ses hommes débarquent en Italie. Brosset participe à la rupture des lignes Gustav, Dora et Hitler, à la bataille du Garigliano, marche sur Rome et, fin juin, libère la Toscane, avant d'ouvrir un nouveau front dans le sud de la France aux côtés du général de Lattre de Tassigny. Avec sa division, il débarque en Provence le 16 août 1944, reprend Toulon, enlève le mont Redon et Hyères (20-21 août), Le Touar et La Garde (22-23 août) et s'engage dans le pays lyonnais. Toujours dans l'action, le récent général de division marche en tête de la 1re DFL-DMI lors de la bataille des Vosges (20 septembre - 19 novembre 1944).

La ruée vers le Rhin peut commencer. Le lundi 20 novembre l'attaque est lancée sur Giromany. Le général Diégo Brosset, part à l'aube pour le front. Il presse son ordonnance, emprunte des trajets non assurés. Il visite quelques campements, saute de jeep en jeep. Se profile alors le pont du Rahin (Champagney, Haute-Saône). Il s'y engage, la voiture se renverse dans la rivière... Son corps, retrouvé le 23 novembre, sera inhumé dans la nécropole nationale de Rougemont (Doubs). "La France perdait en lui une force rayonnante qui était, ne voulait être et ne fut qu'à son service" (général Koenig).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Maxime Weygand

1867-1965

Partager :

Portrait de Maxime Weygand. Source SHD

(21 janvier 1867 : Bruxelles - 28 janvier 1965 : Paris)

 

Maxime Weygand naît à Bruxelles de parents inconnus. Ses origines continuent d'intriguer les journalistes et les historiens : enfant naturel de la comtesse Kosakowska, fils illégitime de Léopold II de Belgique, fruit de l'union du colonel Van der Smissen et de l'impératrice Charlotte du Mexique ou de cette dernière avec un indien du Mexique ?

Le dossier reste ouvert.

 

Confié à l'âge de six ans à un négociant en peaux juif de Marseille, David Cohen de Léon, il prend le nom de la compagne de son tuteur et, après une scolarité exemplaire aux lycées de Vanves, Louis-le-Grand et Henri-IV, il entre en 1885 à Saint-Cyr au titre des étrangers sous le nom de Maxime de Nimal. Diplômé en 1887, il choisit la cavalerie et est formé à Saumur avant d'être envoyé au 4e régiment de Dragons. A vingt ans, il est officiellement adopté par le comptable de son tuteur, François Weygand, et obtient la nationalité française. Il enchaîne les villes de garnison (Chambéry, Saint-Étienne, Lunéville, Saumur, Niort, Nancy) et obtient ses épaulettes de capitaine en 1896. Sanctionné "pour avoir pris part à une souscription pouvant prendre un caractère politique" en faveur du colonel Henry, au moment de l'affaire Dreyfus, il se marie en 1900 et poursuit sa carrière d'officier au sein du 9e régiment de Dragons. Lieutenant-colonel en 1912, il se fait remarquer pour ses qualités d'instructeur à l'École de Cavalerie de Saumur et rejoint le Centre des hautes études militaires. Il est élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d'honneur en 1913.

En 1914, il prend part, à la tête du 5e régiment de Hussard, à la bataille de Morhange. Le 28 août, promu colonel, il est affecté auprès de Foch, chef d'état-major. Général de brigade en 1916, il reste fidèle à Foch lors de sa mise à l'écart, pour mieux rebondir à ses côtés en 1917 après l'échec du plan Nivelle. A la conférence de Rapallo (6 et 7 novembre), il oeuvre à la constitution d'un commandement supérieur interallié, lequel devient effectif à partir de la rencontre de Doullens (26 mars 1918) avec la nomination de Foch à sa tête, et celle de Weygand au titre de major général. Les deux hommes négocient les termes de l'armistice au mois de novembre.

Général de corps d'armée en 1920, il effectue une mission en Pologne, en qualité de conseiller militaire du maréchal Pilsudski, dans sa lutte contre la Russie des Soviets. En 1923, il accède au rang de général d'armée et remplace Gouraud au Haut-commissariat en Syrie. De retour en France, il est nommé au Conseil supérieur de la Guerre puis à la direction du Centre de Hautes Etudes militaires et rédige les biographies de Foch (1929) et de Turenne (1930). En 1931, Weygand succède à Foch à l'Académie Française, publie un ouvrage sur Le 11 novembre (1932) et, retiré des cadres d'active en 1935, il se consacre à l'écriture de Histoire militaire de Méhémet-Ali et de ses fils (1936), Comment élever nos fils ? (1937), La France est-elle défendue ? (1937), Histoire de l'armée française (1938).

Le président Daladier le rappelle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale pour lui confier le commandement des troupes françaises du Moyen-Orient avec le titre de chef du théâtre d'opération de la Méditerranée orientale et la mission de coordonner l'action des effectifs du Levant et des Balkans. En mai 1940, Reynaud, Président du Conseil, le rappelle à Paris pour succéder au général Gamelin au commandement suprême de l'armée française en raison de la déroute de l'armée française dans l'Est. Il tente de mettre en place une contre-offensive avec les armées belges et britanniques mais le projet est abandonné à la suite de l'encerclement des troupes franco-britanniques à Dunkerque, le 24 mai.

Le lendemain, lors d'une conférence extraordinaire à l'Elysée, l'hypothèse d'un armistice est posée. Le 11 juin, au cours de la conférence de Briare et face à la décision de Churchill de ne pas programmer d'attaques massives de la Royal Air Force sur la ligne de front, les positions au sein de l'état-major français se dessinent : poursuivre la lutte dans l'Empire ou se résoudre à demander un armistice ? Weygand et Pétain considèrent que le gouvernement ne peut quitter le territoire national et qu'un armistice conserverait l'honneur militaire.

Les événements s'accélèrent, le flot des réfugiés grossi par l'armée battant en retraite ajoute au désarroi général. Le gouvernement déplacé à Bordeaux hésite encore sur la politique à mener. Le 17 juin, un consensus est trouvé autour du vice-président du Conseil, Camille Chautemps, et une demande d'armistice est déposée auprès de l'autorité allemande. Pétain remplace Reynaud et Weygand est nommé ministre de la Défense nationale. S'il prend soin toutefois de transférer les contrats d'armement de la France avec l'industrie américaine au profit de l'allié anglais et de rediriger les livraisons vers des ports britanniques, il réprouve l'attitude du général de Gaulle qu'il rétrograde au rang de colonel et fait condamner à mort par contumace.

 

Ministre puis délégué général en Afrique du gouvernement de Vichy, Weygand tente de préserver l'équilibre entre les Alliés, les exigences du Reich et sa fidélité au seul gouvernement qu'il juge légitime : il refuse de livrer les infrastructures d'Afrique du Nord à l'Allemagne (juillet 1940 et mai 1941), applique la législation de Vichy, négocie les conditions de ravitaillement avec l'américain Murphy (février 1941) et exige des soldats de l'armée d'Afrique qu'il prêtent serment au maréchal après la campagne de Syrie. Son comportement embarrasse Berlin et le gouvernement de Vichy le rappelle en métropole en novembre 1941.

En novembre 1942, après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord et l'occupation totale de la métropole par les troupes allemandes et italiennes, Weygand est arrêté par les Allemands et est conduit en résidence surveillée administrée par le camp de Dachau.

Libéré le 5 mai 1945, il est mis aux arrêts deux jours après. Détenu au Val-de-Grâce pour actes de collaboration jusqu'en mai 1946, il bénéficie d'un non-lieu en 1948.

Il consacre les dernières années de sa vie à œuvrer, président de l'association Jeanne d'Arc, pour la réhabilitation de la mémoire de Philippe Pétain, publie des tribunes libres dans Le Monde, et poursuit sa carrière d'écrivain, réglant à l'occasion ses comptes avec de Gaulle et Reynaud : Foch (1947), Le général Frère (1949), Mémoires, 1950-1957, Forces de la France (1951), Et que vive la France ! (1953), En lisant les mémoires du général de Gaulle (1955), L'Arc de Triomphe de l'Étoile (1960), Histoire de l'armée française (1961), Maxime Weygand, L'Armée à l'Académie (1962), Lettres inédites relatives aux testaments de Leurs Majestés le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette (1965).

Maxime Weygand décède le 27 janvier 1965 des suites d'une fracture du fémur. Il est enterré au cimetière Saint-Charles de Morlaix, dans le Finistère.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Maurice, Gustave Gamelin

1872-1958

Partager :

Portrait de Maurice Gamelin. Source : SHD

(20 septembre 1872 : Paris - 18 avril 1958 : Paris)

Fils d'un officier, contrôleur général des armées blessé à la bataille de Solférino en 1859, et d'une mère alsacienne, fille de l'intendant général Ulrich et nièce du Gouverneur militaire de Strasbourg en 1870, Maurice Gamelin présente dès son plus jeune âge des dispositions pour les arts et les questions militaires. Après avoir décroché le prix de philosophie au Concours général, il suit les cours de l'École du Louvre puis décide de préparer le concours d'entrée à Saint-Cyr. Admis en octobre 1891, il sort major de sa promotion en 1893 pour être affecté au 3e régiment de tirailleurs algériens puis à la Section topographique en Tunisie.

De 1896 à 1899, le jeune officier met à profit ses talents de dessinateur au Service géographique de l'Armée à Paris. Admis huitième au concours de l'École de Guerre, il est rapidement remarqué par ses professeurs tels Foch et Lanrezac. Promu capitaine en 1901, au 15e bataillon de chasseurs à pied, il rejoint le général Joffre à son état-major l'année suivante et publie, en 1906, une Etude philosophique sur l'art de la guerre, ouvrage qui le hausse au rang des penseurs militaires de son temps alors même qu'il est l'officier d'ordonnance du généralissime à la 6e division d'infanterie. Il demeure à ses côtés au 2e corps d'armée (1908) et au Conseil supérieur de la Guerre avant de prendre le commandement du 11e bataillon de chasseurs alpins (Annecy), en 1911, pour deux ans. Chef au 3e Bureau de l'État-Major général, il choisit de rejoindre à nouveau le général Joffre en mars 1914.

C'est en qualité de chef de son cabinet militaire que Gamelin participe aux opérations de la Grande Guerre. Confident du généralissime, tacticien éclairé, il conduit la 2e demi-brigade de chasseurs à pied sur le Linge (Alsace) et dans la Somme, rédige le brouillon de l'instruction n°2 à la base de la victoire de la Marne (25 août 1914) et écrit l'instruction n°6 qui en déclenche l'offensive. Général de brigade à titre temporaire en décembre 1916, il est affecté à la 16e division d'infanterie, avant d'être rappelé au G.Q.G. de Joffre au début de 1917. Au remplacement de Joffre par Nivelle, il demande un commandement. En avril-mai, il se voit confier la 9e division d'infanterie avec laquelle il se distingue sur l'Argonne, à Verdun, dans l'Aisne, autour de Noyon en mars 1918 et bloque l'avancée des troupes allemandes dans l'Oise. Promu général de brigade en septembre 1919, il est envoyé comme chef de la mission militaire française au Brésil et publie en 1921 "Trois étapes de l'avant-guerre" (Les oeuvres libres, n°13).

À son retour en France en 1925, jeune général de division, il reçoit le commandement des troupes françaises en Syrie en qualité d'adjoint au Haut Commissaire Jouvenel (septembre 1925 à février 1929), avec pour mission de réprimer l'insurrection du Djebel Druse aux côtés du général Sarrail, tâche dont il s'acquitte brillamment et qui lui vaut d'être élevé à la dignité d'officier de la Légion d'honneur (16 septembre 1926) et de gagner ses étoiles de général de corps d'armée (novembre 1927).

Affecté au 20e corps d'armée de Nancy, il devient le premier sous-chef d'état-major général de l'armée avant de remplacer Weygand au poste de chef d'État-Major général le 9 février 1931. Grand Croix de la Légion d'honneur le 14 juillet 1932, il assure la vice-présidence du Conseil supérieur de la Guerre (janvier 1935) et est décoré de la Médaille militaire (31 décembre 1935).

Chef d'état-major de la défense nationale (21 janvier 1938), il prend le commandement en chef des forces alliées en France au mois de septembre 1939. Ses conceptions tactiques sont cependant dépassées : il refuse d'employer massivement l'arme blindée et l'aviation, lui préférant une stratégie défensive appuyée sur la ligne Maginot, et montre une tendance à la délégation de commandement sur le front . l'armée française ne peut qu'opposer une vaine résistance - "nous sommes tous, à peu près inévitablement, les hommes d'un milieu et d'une époque, même quand nous essayons de réagir contre certains éléments de l'ambiance", écrira-t-il dans ses mémoires comme pour se justifier.

Le 19 mai 1940, le général Gamelin est relevé de son commandement et mis aux arrêts par le régime de Vichy le 6 septembre. Interné au fort du Portalet avec Blum, Daladier, Mandel et Reynaud, il est traduit le 19 février 1942 devant la Haute Cour à Riom, qu'il contraint à s'ajourner (11 avril) en refusant de participer aux débats - "le procès devint donc en fait celui de "l'impréparation"", notera-t-il dans ses mémoires.

À l'occupation de la Zone libre par la Wehrmacht, le généralissime est envoyé en captivité à Buchenwald en mars 1943, puis à Itter, au Tyrol autrichien, jusqu'à sa libération par les troupes américaines le 5 mai 1945.

Revenu à Paris, Maurice Gamelin se consacre à l'écriture de ses volumes de mémoires Servir, publiés en 1946, qu'il complète par le récit de son expérience de le Grande Guerre, Manoeuvre et victoire de la Marne, en 1954.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Philippe Kieffer

1899-1962

Partager :

Portrait du commandant Kieffer. ©Chancellerie de l'Ordre de la Libération

 

(24 octobre 1899 : Port-au-Prince, Haïti - 20 novembre 1962 : Cormeilles-en-Parisis, Val-d'Oise)

 

Alsacien par son père instituteur, dont la famille avait fui Otterswiller pour la Jamaïque à la suite de l'annexion allemande de 1870, et britannique par sa mère, rien, si ce n'est un atavisme proprement rhénan à verser son sang pour la Patrie, ne prédispose Philippe Kieffer à exercer le métier des armes, tout juste a-t-il suivi les cours des élèves officiers de réserve en 1918. Diplômé de l'École des Hautes Études commerciales, il mène jusqu'à quarante ans une carrière de banquier en Amérique du Nord.

Il se porte cependant volontaire en qualité d'officier de réserve au début de la Seconde Guerre mondiale. Sous-lieutenant dans la marine le 10 septembre 1939 après une première affectation dans l'armée de terre, il exerce les fonctions d'interprète à bord du cuirassé Courbet. A Dunkerque, affecté à l'état-major de l'amiral Nord, il assiste au déferlement de la Wehrmacht au mois de mai 1940, et décide de rallier le Général de Gaulle à Londres dès le 19 juin.

Il rejoint les rangs des Forces Navales Françaises Libres, le jour même de leur création, le 1e juillet 1940. Officier interprète et du chiffre, il comprend l'intérêt des troupes de commandos anglaises et met sur pieds à Portsmouth une unité française de Fusiliers-Marins en mai 1941 : la 1re compagnie du bataillon de fusiliers-marins commandos (1ere BFMC). Formées au centre d'entraînement des commandos à Achnacarry, la vingtaine de volontaires ne tarde pas à participer aux opérations de la 2e unité de Commando britannique : promu lieutenant de vaisseau le 1er juillet 1942, Kieffer conduit ses hommes sur Dieppe dès le 19 août 1942. Le BFM, augmenté d'une compagnie, prend part à des raids préparatoires en Normandie en vue du débarquement en 1943, pour mieux se couvrir de gloire l'année suivante au sein du renommé 4e commando britannique du lieutenant-colonel Dawson de la 1re Brigade du général Lord Lovat.

Le 6 juin, ses Bérets verts débarquent sur la plage "Sword" à Ouistreham, font une percée à Colleville, Saint-Aubin-d'Arquenay, Amfreville et Bavant pour faire la jonction à Benouville (Pegasus Bridge) avec les troupes aéroportées anglaises. Blessé au début de l'assaut, le capitaine de corvette reste avec ses compagnons d'armes pendant encore deux jours avant d'être évacué, et retrouve son unité le 13 juillet au moment de l'avancée sur Honfleur.

De Normandie, il fonce sur Paris, avec deux de ses hommes, afin d'être le premier à y entrer. En octobre 1944, son bataillon, augmenté d'une compagnie, est envoyé aux Pays-Bas pour un assaut sur l'île de Walcheren. Ses fusiliers-marins s'emparent de Flessinge, clef du port d'Anvers, et poursuit la libération des îles hollandaises au cours d'opérations concertées avec les commandos britanniques.

À la fin de la guerre, il participe à état-major interallié avant de quitter l'active pour travailler à la reconstruction du pays au sein de l'Assemblée consultative de 1945 et de s'investir dans la vie locale avec ses mandats de conseiller général du Calvados (septembre 1945 - juin 1946) et de conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains. Il publie un livre de souvenirs, Béret vert, en 1948, et est nommé capitaine de frégate six ans plus tard, en 1954. Conseiller sur le film le Jour le plus long, en 1962, il décède le 20 novembre de cette même année. Il repose au cimetière de Grandcamp-les-Bains.

En hommage à ce serviteur de la France, le 6e Bataillon de Commandos, créé à compter du 6 juin 2008, porte le nom de Commando Marine "Kieffer". Implantée à Lorient, cette formation spécialisée dans les nouvelles technologies est un élément de force maritime de la force des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Albert 1er

1875 - 1934

Partager :

Le roi Albert 1er. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Fils du prince Philippe, comte de Flandre (le frère du roi Léopold II) et de la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, Albert 1er est prince de Belgique, duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le 2 octobre 1900, il épouse Elisabeth, duchesse de Bavière, dont il aura trois enfants : Léopold, futur Léopold III . Charles-Théodore, régent du royaume de 1944 à 1951 et Marie-José qui deviendra reine d'Italie durant seulement un mois, du 9 mai au 13 juin 1946.

Albert Ier prête le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le troisième roi des Belges après Léopold Ier et Léopold II, souverains non d'un royaume mais d'un peuple (comme Louis-Phillipe Ier était " roi des Français ", en 1830).

Succédant à son oncle, le roi Léopold II, il trouve un pays opulent avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers, et doté d'une riche colonie, le Congo.

En 1914, Albert Ier rejette l'ultimatum lancé par l'empereur Guillaume II pour obtenir le libre passage de ses troupes sur le sol belge. Le 4 août, les Allemands envahissent la Belgique dont l'armée, après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, se retranche derrière l'Yser, le 15 octobre.

Calme, modeste, presque effacé, le roi Albert va alors révéler son énergie en exigeant d'assumer personnellement sa prérogative constitutionnelle de commander l'armée. Il refuse de suivre le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, et fixe son quartier général à La Panne, en Flandre-Occidentale, partageant durant toute la guerre la vie de ses soldats.

Il est admirablement soutenu par son épouse, la reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, épouse de l'empereur François-Joseph, elle se dévoue auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle sert comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, est mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne, à l'âge de 13 ans.

En septembre 1918, Albert Ier participe activement à l'offensive décisive déclenchée par Foch pour la conquête de la crête des Flandres (29 septembre) et la bataille de Torhout-Tielt (14 - 18 octobre) qui aboutit à la reconquête de Bruges. Enfin, le 22 novembre 1918, accompagné de la reine Elizabeth et de ses enfants, Albert Ier rentre triomphalement à Bruxelles.

La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui vaut le surnom de "roi-chevalier".

Au lendemain de la guerre, il représente la Belgique aux négociations de paix à Versailles, défendant les intérêts de son pays mais tentant aussi, en vain, de s'opposer à la politique d'humiliation excessive de l'Allemagne.

Fervent alpiniste, il trouve la mort en escaladant un des rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur, le 17 février 1934.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

William Birdwood

1865-1951

Partager :

William Birdwood.
Source : Wikimedia Commons - libre de droits

William Ridell Birdwood est né à Kirkee, en Inde, le 13 septembre 1865.

Après des études au Clifton College de Bristol et au Collège militaire royal de Standhurts, il débute sa carrière dans les Royal Scots Fusiliers, en 1883. Affecté en 1885 dans la cavalerie, il sert au sein du 12e lanciers, du 11e lanciers et du Viceroy's Bodyguard, en Inde, où il prend part aux opérations sur la frontière Nord-Ouest. En 1899, il rejoint l'Afrique du Sud et l'état-major du général Kitchener, lors de la guerre des Boers menée par les colons contre la souveraineté britannique. De retour en Inde, promu major général en 1911, il est secrétaire du département de l'armée indienne l'année suivante.

En novembre 1914, Kitchener, alors ministre de la guerre britannique, le charge de former un corps d'armée avec les troupes australiennes et néo-zélandaises, qui s'entraînent en Égypte avant d'être envoyées sur le front ouest. Ce corps, l'Anzac (Australian and New-Zealand Army Corps), participe à sa première opération en débarquant dans la péninsule de Gallipoli, le 25 avril 1915, dans le but de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer Noire via le détroit du Bosphore. Durant la campagne, il remplace brièvement Ian Hamilton à la tête de la Force expéditionnaire méditerranéenne, puis, promu lieutenant général, il prend, à la mi-novembre 1915, le commandement de l'armée britannique des Dardanelles, alors formée de l'Anzac, du 8e corps britannique et du 9e corps.

En mars 1916, après le remaniement de l'Anzac, il prend le commandement du 1er corps Anzac, formé des 1re et 2e divisions australiennes et de la division néo-zélandaise, envoyé sur le front de France. Général le 23 octobre 1917, il est à la tête du corps australien lorsque, au tournant de 1917-1918, les cinq divisions de l'Anzac sont réunies en un seul corps. Il reçoit le commandement de la 5e armée britannique, le 31 mai 1918, qu'il mène lors des dernières offensives donnant la victoire aux Alliés.

A l'issue du conflit, il commande l'armée du Nord, en Inde, jusqu'en 1925, puis, élevé à la dignité de maréchal, prend le commandement en chef de l'armée britannique en Inde. Retraité de l'armée en 1930, il aspire à devenir gouverneur général d'Australie mais ne peut obtenir le poste.

Il décède le 17 mai 1951, à Hampton Court Palace.

Anobli en 1916, le baron Birdwood d'Anzac et de Totnes dans le Devon a été fait Pair en 1919. Pour services rendus au cours du premier conflit mondial, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre françaises, de la Croix de guerre belge, décoré de l'Ordre de la Couronne par la Belgique et de l'Ordre du Nil par l'Égypte.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Erich Ludendorff

1865-1937

Partager :

Portrait du général Ludendorf.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Issu d'une famille de commerçants, Erich Ludendorff est né à Kruszewnia, dans la province de Posen (aujourd'hui Poznan, en Pologne), le 9 avril 1865.

Cadet à l'école de Ploen puis de Lichterfeld de 1877 à 1882, il est sous-lieutenant au 57e régiment d'infanterie à Wessel, lieutenant au 2e bataillon de marine à Kiel-Wilhemshaven puis au 8e grenadiers à Francfort-sur-l'Oder avant d'entrer à l'académie de guerre de Berlin. Sorti avec le grade de capitaine en 1895, il est affecté à l'état-major, où il est à la tête de la section des opérations de 1908 à 1912, et participe à l'élaboration du plan d'invasion de la France, sous les ordres de Schlieffen et de Moltke. Cette période est entrecoupée de passages plus ou moins brefs à la tête d'une compagnie d'infanterie à Thorn, à l'état-major de la 9e division d'infanterie à Glogau et à celui du 5e corps d'armée à Posen. Il est promu chef de bataillon en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1911.

Affecté au 39e régiment d'infanterie à Düsseldorf, fin 1912, il prend le commandement de la 85e brigade d'infanterie à Strasbourg, en avril 1914, tout en continuant à participer à de nombreuses activités d'état-major.

En août 1914, il est quartier-maître de la IIe armée, commandée par von Bülow, et prend une part active à la prise de Liège lors de l'invasion de la Belgique. Cette action lui vaut d'être nommé chef d'état-major général de la VIIIe armée sur le front oriental, le 21 août 1914, puis, par la victoire de Tannenberg, chef d'état-major général d'Hindenburg, commandant en chef. Lorsque celui-ci succède à Falkenhayn comme chef d'état-major général des armées allemandes, à l'été 1916, Ludendorff devient premier quartier-maître général, traitant des questions d'intendance, préparant les plans militaires et dirigeant les opérations. Partisan de la guerre totale, il est l'ardent défenseur de la guerre sous-marine à outrance. Il s'oppose en cela au chancelier Bethmann-Hollweg, provoquant sa démission en juillet 1917. Il est également l'un des principaux négociateurs du traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) qui enlève à la Russie de nombreux territoires dont notamment la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et l'Ukraine. Ses grandes offensives sur le front Ouest, au printemps 1918, en dépit des violents combats qui en résultent, ne peuvent cependant empêcher la défaite allemande. Il se tourne fin septembre vers le gouvernement pour qu'une demande d'armistice soit déposée. Se rétractant finalement, il démissionne en octobre 1918 et se réfugie en Suède, rejetant la responsabilité de la défaite sur les autorités civiles.

De retour en Bavière au printemps 1919, il s'investit dans la politique, se rapprochant des nationaux-socialistes et soutenant Adolf Hitler lors de sa tentative de putsch en 1923. Élu député au Reichstag en mai 1924, il se présente aux élections présidentielles de mars 1925, remportées par Hindenburg, comme candidat des nationalistes, mais n'obtient que peu de voix. Il fonde en 1926 son propre parti, le Tannenberg Bund. En 1935, il refuse l'offre d'Adolf Hitler de l'élever à la dignité de maréchal.

Outre ses Mémoires, Souvenirs de guerre (1919), il est l'auteur de nombreux ouvrages militaires et écrits politiques.

Il décède à Tutzing, en Bavière, le 20 décembre 1937.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Adolphe Thiers

1797-1877

Partager :

Portrait d'Adolphe Thiers. Source : SHD terre

 

Adolphe Thiers à la fois historien et homme d'État est emblématique de la Troisième République naissante, "bourreau de la Commune" et fondateur de la République.

Marie-Louis-Joseph-Adolphe Thiers est né à Marseille dans une famille bourgeoise. Desservi par la conduite dispendieuse de son père, le jeune Adolphe effectue une brillante scolarité en tant que boursier. Après des études de droit à Aix-en-Provence, il s'installe à Paris en 1821, fréquente les milieux libéraux, et entame une carrière de journaliste au Constitutionnel avant de fonder Le National le 3 janvier 1830 avec Auguste Mignet et Armand Carrel, combattant dans ses articles la royauté de Charles X. Dès 1824, avec son ami Auguste Mignet, il entreprend un récit historique de la Révolution de 1789. Par la suite, Thiers se consacre à Napoléon et fournit le premier une relation complète, bien que partisane, de son parcours dans L'Histoire du Consulat et de l'Empire, publiée de 1845 à 1862 - il proposera d'ailleurs en 1836 et 1840 le retour des cendres de Napoléon. Ses travaux lui valent d'être élu à l'Académie française en décembre 1834.

Politiquement, Thiers est un "libéral", un homme de progrès, attaché au principe de la souveraineté nationale exprimée par des élections libres et par des représentants contrôlant l'exécutif.

Il joue un rôle actif dans la révolution de Juillet en organisant la résistance des journalistes menacés par les "Quatre Ordonnances" (textes visant à "museler" la presse), allant jusqu'à soutenir Louis-Philippe lors de sa prise de pouvoir. Ce dernier l'appelle au gouvernement aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat aux Finances, ministre de l'Intérieur puis ministre de l'Agriculture et du Commerce. Il est alors en opposition permanente avec les légitimistes, les républicains et les bonapartistes. Pendant la Seconde République (1848-1851) Thiers compose avec un régime qu'il jugera "décevant" car trop conservateur. Parlementaire, Thiers met à bas les thèses socialistes de Proudhon, écrivant à l'occasion un petit traité grand public sur La Propriété, il soutient la loi Falloux et l'expédition de Rome. Il ira même jusqu'à soutenir le candidat Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections présidentielles mais refusera le coup d'Etat du 2 décembre 1851, position qui lui vaudra l'exil en Angleterre, en Italie puis en Suisse.

Thiers s'efface ainsi de la scène politique dans les premières année de pouvoir de Napoléon III. Il revient en politique en opposant de gauche sous l'Empire libéral (1860-1870). "Thiers encore catalogué "orléaniste" en raison de son passé de 1830-48, est en fait le leader de la poignée de royalistes restés fidèles au libéralisme." (M. Aguhlon). Il accepte l'expédition de Crimée mais reste très critique à l'égard de la politique étrangère de Napoléon III qu'il juge trop libérale et mal appropriée dans la péninsule italienne et en Allemagne . il exigera la liquidation de l'expédition du Mexique.

À la chute du Second Empire Thiers, élu lors des dernières élections de l'Empire en 1869, participe au gouvernement de la Défense nationale, dont il finit par prendre la direction, ayant contribué activement, à partir du 10 septembre 1870, à la préparation de la paix : Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, le sollicite au nom du gouvernement afin qu'il modère les politiques offensives des puissances européennes, notamment les ambitions de Bismarck - de 1873 à 1875 Thiers effectuera un long périple dans toutes les capitales européennes. L'armistice signé le 28 janvier 1871, Thiers est élu à la tête du nouveau gouvernement lors des élections du 8 février 1871. En chef du pouvoir exécutif, il met fin dans un bain de sang, au printemps de 1871, au mouvement communard . il est le "bourreau de la Commune". La répression de l'insurrection parisienne, mouvement des "Fédérés", est menée par Thiers avec l'armée des "Versaillais", le gouvernement étant alors installé à Versailles, qui, à la tête de 63500 hommes renforcés par les 130000 prisonniers de guerre français libérés et appuyés par Bismarck, réinvestit Paris et les communes voisines entre mars et juin 1871.

Les combats feront environ trente mille morts dans le rang des Fédérés. Quatre tribunaux d'exception jugeront les "Communards" jusqu'en 1874 : 13804 condamnations seront prononcés dont nombre d'entre elles pour les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie - ils ne seront amnistiés qu'en juillet 1880.

Le 24 mai 1873, la droite parlementaire qui l'a porté au pouvoir, hostile à l'orientation républicaine que Thiers donne au Gouvernement, obtient sa démission et le remplace par Mac Mahon.

Adolphe Thiers décède le 3 septembre 1877. Un cortège funèbre et 384 couronnes suivi par Gambetta et Hugo, en dépit du refus de sa famille de procéder à des obsèques officielles, donneront une dimension nationale au dernier voyage de cet homme d'État aux multiples facettes.

 

Sources : Aguhlon (Maurice), "Adolphe Thiers", dans : Célébrations nationales 1997, Paris, Direction des Archives de France. Mourre (Michel), Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978)
Sources complémentaires : Guiral (Pierre), "Thiers (Adolphe)", dans : Tulard (Jean), Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995

Maurice Sarrail

1856-1929

Partager :

Portrait du général Sarrail.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Né à Carcassonne, le 6 avril 1856, Maurice (Paul-Emmanuel) Sarrail entre à Saint-Cyr en 1875, choisit l'infanterie, puis sert en Algérie où il prend part à de nombreuses campagnes, notamment dans le Sud-Tunisien. Il est admis à l'école de guerre en 1883 et, à partir de 1885, accomplit divers stages dans les états-majors. En 1900, alors que les passions soulevées par l'affaire Dreyfus sont encore en pleine effervescence, le général André, ministre de la guerre, le choisit comme officier d'ordonnance : de là datent les amitiés qu'il noue dans les milieux politiques de gauche et qui favorisèrent souvent sa carrière, comme aussi les animosités qui en furent la rançon.

Commandant de l'école de Saint-Maixent, il s'y fait le champion des idées démocratiques. Il devient ensuite, pendant quelques années, commandant de la Chambre des députés avant d'être appelé, de 1907 à 1911, aux fonctions de directeur de l'infanterie au ministère de la Guerre. Général de division en 1911, il commande, au début de la guerre, le 6ème corps d'armée. Le 2 septembre, il remplace à la 3ème armée le général Ruffey et, en cette qualité, prend une part glorieuse à la bataille de la Marne. Son armée, qui était placée entre la forteresse de Verdun et le défilé de Sainte-Menehould, tente contre les forces allemandes une heureuse offensive.

À l'ordre de retraite, elle recule d'une cinquantaine de kilomètres sans perdre le contact avec Verdun, de sorte qu'à la reprise de l'offensive générale, elle est en mesure de repousser victorieusement l'armée du Kronprinz. Si Verdun, à ce moment là, avait cédé, c'était toute la victoire de la Marne qui se trouvait compromise. Comme Gallieni dans le camp retranché de Paris et Foch dans les marais de Saint-Gong, Sarrail fut un des artisans de la victoire de la Marne qui sauva la France.

À la fin de 1915, le général Sarrail reçoit le commandement en chef des armées alliées d'Orient. Il organise, dans des conditions difficiles, le camp retranché de Salonique et ordonne l'offensive qui aboutit à la prise de Monastir, en novembre 1916.

Il est relevé de son commandement le 14 décembre 1917.

S'il n'eut pas le temps de recueillir personnellement les fruits de deux années d'efforts persévérants, il laissa du moins à ses successeurs, le général Guillaumat puis le général Franchet d'Esperey, une situation solidement établie qui devait servir de base à l'offensive finale.

En avril 1918, le général Sarrail passe au cadre de réserve. L'année suivante, il se présente à Paris, aux élections législatives, mais il n'est pas élu. Il sera, plus tard, réintégré dans les cadres de l'armée active sans limite d'âge, récompense accordée à tous les généraux ayant commandé en chef devant l'ennemi.

En novembre 1924, il est nommé Haut-commissaire de la République française en Syrie et commandant en chef de l'armée du Levant, en remplacement du général Weygand. Suite à la révolte des Druzes et sa manière violente à redresser la situation, il est rappelé en France. Remplacé à Beyrouth par M. Henry de Jouvenel, il rentre à Paris, fin 1925 et met un terme à sa carrière militaire.

Atteint d'une affection pulmonaire, il succombe à Paris, le 23 mars 1929. Il est inhumé aux Invalides.

 

Distinctions : Grand-croix de la Légion d'honneur Médaille militaire avec la Croix de guerre.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Douglas Haig

1861-1928

Partager :

Portrait de Sir Douglas Haig. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Douglas Haig naît à Édimbourg (Écosse), en 1861, dans une famille de fabricants de whisky. Son père, John, lui fait suivre des études classiques. Diplômé du Clifton College et du Brasenose College à Oxford, il s'inscrit à l'Académie Militaire de Sandhurst en 1864 et rejoint le 7ème régiment de Hussards.

Douglas Haig fait ses classes en Inde, en 1886, où il conquiert ses premiers galons. Il est ensuite envoyé en service actif au Soudan (1898) avant de prendre part à la guerre des Boers (1899-1902) sous les ordres du Major-General, Sir John French. Promu au rang de colonel, Haig retourne en Inde en 1903, où il assure diverses fonctions administratives (comme colonel et inspecteur général de la cavalerie) auprès de Lord Kitchener.

Montrant une aptitude particulière pour la carrière militaire, Douglas Haig devient le plus jeune Major-General de l'armée britannique lorsqu'il est nommé directeur de Formation Militaire en 1906, au Ministère de la Guerre. Il collabore alors étroitement avec le secrétaire d'État à la guerre, R. B. Haldane, à la mise en place d'une armée territoriale, ainsi que d'un corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force).

Général de corps d'armée en 1914, il reçoit le commandement du 1er Corps d'Armée de la BEF en France et en Belgique où il s'illustre au cours des combats de Mons et d'Ypres. Jusqu'alors commandant en second des forces britanniques en France, sous les ordres du général French, il prend la tête de la BEF élargie en décembre 1915, French obtenant le commandement suprême des forces britanniques. Après février 1916, il subit les pressions de l'état-major français pour accélérer les préparatifs de l'offensive prévue sur la Somme, à l'été 1916, et créer ainsi une diversion au front de Verdun.

Lancé avec ses troupes dans les combats de la bataille de la Somme, de juillet à novembre 1916, il participe activement à la percée alliée du front sur 12 km, opérations qui occasionnent une perte de 420 000 hommes dans les rangs de l'armée anglaise et lui vaudront le surnom de "boucher de la Somme", puis aux assauts sanglants autour de Passchendaele en 1917 (troisième bataille d'Ypres) qui lui permettront d'obtenir le bâton de Maréchal et d'être désigné par Pershing comme "l'homme qui a gagné la guerre".

En 1918, Douglas Haig est l'artisan de la victoire anglaise sur le front occidental (fronts de la Somme, de l'Aisne). Membre du Conseil militaire d'armistice réuni à Senlis par Foch, il donne son assentiment aux conditions militaires d'un armistice avec les empires centraux.

Ses coûteux succès militaires cependant lui vaudront après-guerre des critiques de la part des politiques, tel David Lloyd George, Premier Ministre britannique et des organes de presse britanniques qui qualifieront le 1er juillet 1916 de "jour le plus sanglant pour l'armée britannique".

De retour du front, Douglas Haig assure, jusqu'à sa mise à la retraite en 1921, le commandement en chef des forces britanniques sur le territoire national.

Sorti de l'active et ayant obtenu le titre de comte, il consacre une grande part de son temps aux vétérans par le biais de la Légion britannique Royale.

Il décède à son domicile londonien en 1928. Ses obsèques donneront lieu à une cérémonie nationale.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA