Henri Giraud

1879-1949

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Portrait du général Giraud. 1934-1936. Source : ECPAD

(18 janvier 1879 : Paris - 11 mars 1949 : Dijon)

 

Issu d'une modeste famille alsacienne installée à Paris - son père était marchand de charbon - Henri Giraud, jeune homme au tempérament aventureux, suit de brillantes études classiques aux lycées Stanislas, Bossuet et Louis-le-Grand, et rejoint les rangs de l'armée française en 1900, à sa sortie de l'école militaire de Saint-Cyr.

Il est affecté au 4e Zouave, en Afrique du Nord, unité avec laquelle il est envoyé au front en 1914. Blessé, il est fait prisonnier le 30 août, à la bataille de Guise, lors de la contre-attaque du général Lanrezac contre la IIe armée allemande de von Bulow.

Il parvient à s'échapper avec la complicité du réseau du docteur Frère, à la fin du mois de septembre et rencontre l'attaché militaire français à La Haye qui l'évacue vers le Royaume-Uni d'où il embarque pour rejoindre la France. Il s'illustre à nouveau à l'automne 1917 lorsque le 3e bataillon du 4e Zouave reprend le fort de La Malmaison, au Chemin des Dames puis, lors des offensives programmées par Pétain après la crise du printemps 1917. Après la guerre, il rejoint les troupes du général Franchet d'Esperey à Constantinople, pour retourner au Maroc, à la demande de Lyautey, avec les galons de colonel, combattre les mouvements insurrectionnels berbères. Il contribue ainsi à la reddition d'Abd-el-Krim (27 mai 1926) pendant la guerre du Rif, fait d'arme qui lui vaut de recevoir la légion d'honneur.

Promu commandant militaire de la place de Metz, il rencontre les colonels Charles de Gaulle et Jean de Lattre de Tassigny. Général en 1936, commandant la 7e armée, membre du Conseil supérieur de la guerre, Giraud, qui ne croit pas à l'efficacité de l'arme blindée, désavoue la tactique préconisée par de Gaulle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale.

Le 10 mai 1940, ses unités, envoyées aux Pays-Bas, retardent l'avancée allemande, notamment à Breda le 13 mai. Il est fait prisonnier le 19 mai à Wassigny alors qu'il tente de s'opposer aux divisions de panzer dans les Ardennes avec la 9e armée française. Il est emprisonné en Silésie, au château de Koenigstein près de Dresdes. Le 17 avril 1942, Giraud s'en évade avec l'aide de fidèles, les généraux Mesny, Mast, Baurès, et des services secrets britanniques qui lui facilitent la fuite à partir de Schandau. Il gagne ensuite l'Alsace puis Vichy.

Son aventure, rapidement connue de tous et qu'il relate dans Mes évasions, irrite le gouvernement allemand qui souhaite son retour en prison mais il échappe à cette sanction en signant une lettre au maréchal Pétain exprimant sa volonté de ne pas s'opposer à son régime. Vivant en résidence surveillée, Giraud ne tarde pas à être contacté par les Alliés, désireux de tenir le général de Gaulle à l'écart de la préparation de l'opération Torch. Exfiltré en novembre 1942 via Gibraltar, il rencontre Eisenhower de qui il obtient de conserver le commandement des troupes françaises. Sur place, la situation dégénère en une guerre civile, les hommes de l'amiral Darlan refusant de reconnaître son autorité. L'assassinat de Darlan, le 24 décembre, mettra fin à ce conflit.

Giraud se pose alors comme son successeur, maintient les institutions ainsi que le statut d'exception des juifs et fait interner dans les camps sud sahariens quelques résistants qui avaient aidé au débarquement. Présent à la conférence de Casablanca, il est contraint de libérer ces résistants et de conférer à son gouvernement une teneur plus démocratique. Il entre ensuite au directoire du Comité français de Libération nationale (CFLN), le " duel Giraud-de Gaulle " est alors à son comble. Mais, rapidement débordé par les actions de ralliement au général de Gaulle, il doit céder la place. Son soutien indéfectible à Pierre Pucheu finit de le discréditer auprès de ses partisans. Cet ancien ministre de l'Intérieur de Pétain avait en effet gagné le Maroc pour servir les couleurs de la France Libre, mais sa démarche était considérée comme tardive pour quelqu'un accusé de collaboration avec l'ennemi et de participation à l'arrestation d'otages.

Le 13 septembre 1943, il envoie des troupes françaises soutenir les résistants corses par un débarquement sur l'île. C'est un succès militaire mais Giraud subit de nombreuses critiques du général de Gaulle pour avoir armé la résistance communiste corse, donnant une tonalité politique aux opérations de libération de l'Europe et fragilisant le travail d'unification de la résistance. Il perd définitivement son siège au CFLN. En avril 1944, Giraud organise la participation française à la campagne d'Italie mais, considéré comme trop impliqué dans le système répressif de Vichy, il est destitué de son poste de commandant en chef et amené à se retirer des instances militaires de la France Libre.

Il fera part de son expérience de ces années troubles dans son ouvrage : Un seul but : la Victoire, Alger, 1942-1944. Il survit à un attentat à Mostaganem le 28 août 1944. En 1946, Giraud se présente à la députation en Lorraine pour la seconde Assemblée nationale constituante sur la liste du parti républicain de la liberté et des indépendants agraires. Elu le 2 juin, il rallie le groupe des républicains indépendants et contribue à la création de la Quatrième République, en dépit de son refus de voter pour la constitution. Il participe aux débats sur la situation des prisonniers de guerre non rapatriés (25 juillet 1946) et sur la politique générale du gouvernement en Algérie (22 août 1946). Il siège au conseil supérieur de la guerre jusqu'en décembre 1948 et reçoit, le 10 mars 1949, la médaille militaire pour son évasion exceptionnelle.

Il décède le lendemain et est inhumé aux Invalides.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Sir Winston Leonard Spencer Churchill

1874-1965

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Winston Churchill faisant le célèbre signe "V" signifiant " Victoire ", le 5 juin 1943. Source : Imperial War Museum Collections. Libre de droit

Blenheim, le 30 novembre 1874 - Londres, le 24 janvier 1965

 

Winston Churchill est un homme politique britannique descendant d'une des plus grandes familles de l'aristocratie anglaise, celle des ducs de Marlborough.

Né le 30 novembre 1874, Winston Churchill suit une scolarité assez médiocre avant d'être admis au concours de l'école militaire de Sandhurst en 1893. Il en sort 20e sur 130 en 1896.

Il combat à Cuba contre les Espagnols, en Inde, au Soudan où il s'engage en 1898 aux cotés du général Kitchener. En 1899, lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, il est fait prisonnier mais parvient à s'échapper, épisode rocambolesque qui est salué par la presse nationale et internationale. Dès lors, mi-officier, mi-journaliste, il rédige des articles très vivants et expressifs qui sont appréciés et lui ouvrent en 1900 les portes de la Chambre des communes.

Élu du parti conservateur au Parlement en 1900, il le quitte pour rejoindre les Libéraux en 1904 avec lesquels il commence une brillante carrière politique : il est nommé sous-secrétaire d'État aux colonies en 1905, ministre du commerce en 1908 et ministre de l'Intérieur en 1910.

En 1908, il rencontre et épouse Clémentine Hozier avec laquelle il aura cinq enfants.

En 1911, à trente-sept ans, il devient Premier lord de l'Amirauté (ministre de la Marine). Il est toujours à ce poste lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale.

En 1915, il prépare une expédition navale franco-britannique contre la Turquie, alliée de l'Allemagne, pour occuper le détroit des Dardanelles et rétablir des communications avec la Russie. Mais le débarquement de Gallipoli, au printemps 1915, est un véritable désastre qui lui vaut son départ du gouvernement et manque de briser définitivement sa carrière. Il sert alors brièvement sur le front français, en tant que commandant du 6e Bataillon du Royal Scots Fusiliers, mais Lloyd George le rappelle de nouveau au gouvernement et lui confie le portefeuille de l'Armement (1917), puis ceux de la Guerre et de l'Air (1918-1921).

À la suite de suite de l'échec du parti libéral, en 1922, Churchill perd son siège de député. Il réintègre alors le parti conservateur, qui l'accueille sans rancune en 1924 au poste de chancelier de l'Échiquier (ministre chargé des finances et du trésor).

Dans les années 30, il multiplie en vain les avertissements face à la menace de l'Allemagne hitlérienne.

Ainsi, lorsque Chamberlain signe les Accords de Munich en 1938, il lui déclare : " Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur . vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ".

En septembre 1939, Churchill est de nouveau nommé Premier Lord de l'Amirauté. Après la démission de Neville Chamberlain, le 10 mai 1940, il devient Premier ministre du Royaume-Uni. Il se révèle alors un véritable chef de guerre, fermement décidé à conduire son pays à la victoire, et proclame lors de son discours d'investiture devant la Chambre des communes qui annonce les jours sombres de la bataille d'Angleterre : "Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes".

À 66 ans, Churchill parvient donc pour la première fois au sommet du pouvoir, et il y demeurera jusqu'à la fin du conflit. Son rôle est crucial pour soutenir le moral des Anglais. L'homme aux discours incisifs, au cigare et au V de la victoire devint le symbole de la résistance anglaise au nazisme. Il organise l'évacuation de la poche de Dunkerque, autorise de Gaulle à lancer son fameux appel du 18 juin, exalte la ténacité du peuple britannique durant la bataille d'Angleterre et le blitz ("Jamais dans l'histoire des guerres un si grand nombre d'hommes ont dû autant à un si petit nombre", Discours aux Communes, le 20 août 1940), et fait de la victoire une nécessité non négociable.

Adepte depuis toujours d'une coopération avec la France, même si ses relations avec le chef de la France Libre seront souvent tumultueuses malgré un respect mutuel des deux hommes, il n'hésite cependant pas à faire couler la flotte de cette dernière à Mers el-Kébir pour éviter avant tout qu'elle ne tombe aux mains de l'Axe. De même, fervent anti-communiste, il tend la main à Staline lorsque l'URSS est attaquée par l'Allemagne le 22 juin 1941 mais signe parallèlement avec Roosevelt la charte de l'Atlantique en août 1941.

Toute sa politique est orientée vers un seul objectif : résister au nazisme et battre Hitler, ce qui en fait sans conteste un des principaux artisans de la victoire alliée.

À la fin de la guerre, Churchill tente d'amener Roosevelt à une attitude plus ferme envers l'URSS, mais il ne peut empêcher, à la conférence de Yalta (Ukraine), le partage de l'Europe entre Soviétiques et Américains.

 

En 1945, le parti travailliste l'emporte aux élections. Churchill devient alors chef de l'opposition conservatrice, dénonçant dès 1946 le rideau de fer et insistant sur l'importance du Commonwealth et des relations privilégiées avec les États-Unis.

De retour au poste de Premier ministre en 1951, il cède sa place à Anthony Eden en avril 1955 et consacre les dernières années de sa vie à la peinture et à la littérature.

Prix Nobel de littérature en 1953, Sir Winston Churchill est l'auteur de nombreux ouvrages dont Mémoires de guerre (1948-1954), précieux témoignage sur son extraordinaire ténacité dans une des périodes les plus sombres de la Grande-Bretagne et du monde libre.

Il s'éteint le 24 janvier 1965 d'une congestion cérébrale à Londres, à l'âge de quatre-vingt-dix ans.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Auguste Spinner

1864-1939

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Portrait d'Auguste Spinner posant en uniforme - 1915. Source : Libre de droits

(Wissembourg, le 14 juin 1864 - Strasbourg, le 1er avril 1939)

 

Aujourd'hui presque tombé dans l'oubli, Auguste Spinner a pourtant été l'un des personnages marquants de l'Alsace de la première moitié du XXe siècle, à la fois peintre, décorateur, architecte, espion, journaliste, militaire, puis fonctionnaire français.

Né à Wissembourg en 1864, Auguste Spinner a été profondément marqué par la bataille du 4 août 1870 qui toucha sa ville natale, il grandit ainsi dans le souvenir de la France, l'Alsace étant alors annexée au Reich wilhelmien. Après des études réalisées à l'Ecole des Beaux Arts de Karlsruhe, il reprend, dans les années 1890, l'entreprise de peinture et de décoration familiale. On lui doit notamment les fresques qui ornent l'intérieur du Musée historique de Haguenau.

Passionné par l'Histoire, il participe à la fondation, en 1905, de la Verein zur Erhaltung der Altertümer in Weissenburg und Umgegend ou Société pour la conservation des antiquités de Wissembourg et des ses environs, dont il devient le trésorier. Auguste Spinner se fait également remarquer à cette époque, comme l'un des principaux collectionneurs d'armes et d'uniformes d'Alsace et comme l'un des meilleurs historiens de la guerre de 1870 dans le Nord de l'Alsace.

Il publie d'ailleurs en 1908, l'une des premières études détaillées sur les aventures du comte von Zeppelin lors de l'affaire de Schirlenhofe, qui fit les deux premières victimes de la guerre franco-allemande.

À partir de 1906, il entreprend de faire ériger à Wissembourg, au Geisberg, un monument commémoratif consacré aux soldats français tombés au champ d'honneur sous les ordres du maréchal de Villars (1705-1706), du maréchal Coigny (1744), du général Hoche (1793) et du général Abel Douay (1870). Rapidement secondé par Paul Bourson, puis par tous les leaders alsaciens francophiles de l'époque, son projet voit le jour en 1909, après d'âpres négociations avec le gouvernement impérial allemand.

L'inauguration du monument, qui a lieu le 17 octobre 1909, se transforme en une fantastique manifestation pro-française, lors de laquelle plus de 50 000 Alsaciens-Lorrains entonnent une vibrante Marseillaise jouée par la musique municipale de Reichshoffen, devant les autorités allemandes médusées.

Nommé délégué général du Souvenir Français en Alsace, Spinner poursuit dès lors son action en faveur de la France en encourageant la création de nouvelles sections du Souvenir et en fédérant en associations les anciens combattants français vétérans de Crimée, d'Italie, du Mexique et de 1870. En 1910, il intervient même au côté de Joseph Sansboeuf, président des anciens combattants français, et de Maurice Barrès afin que l'Assemblée Nationale française crée la médaille commémorative de la guerre de 1870-1871.

Loin de tout fanatisme et chauvinisme, il organise le 24 juillet 1910, à l'occasion du quarantième anniversaire de l'escarmouche de Schirlenhofe, l'une des premières cérémonies de réconciliation franco-allemande de l'Histoire en réunissant sur les tombes des deux premières victimes du conflit de 1870 une partie des anciens protagonistes de ce fait d'arme.

Cependant, face à la multiplication des procès politiques et des arrestations dans le milieu francophile, qui touchent parmi ses proches notamment l'abbé Wetterlé, Hansi, Zislin... Auguste Spinner se sent menacé et préfère s'exiler à Nancy, au mois de septembre 1912, tout en restant très actif en Alsace-Lorraine annexée. Il participe ainsi à la fondation du musée Westercamp à Wissembourg en 1912 à qui il lègue ses collections et devient vice-président du Souvenir Alsacien-Lorrain, qui est dissout par les autorités impériales en 1913. Hansi lui dédit alors de manière implicite son album intitulé Mon village - Ceux qui n'oublient pas, publié à Noël 1913, dans lequel le père d'Auguste Spinner, Laurent, resté à Wissembourg, figure sous les traits du veilleur de nuit.

Spinner devient à cette période, agent spécial du lieutenant-colonel Albert Carré qui est chargé, en 1913 par le Haut Commandement français, d'organiser à Besançon un centre de ralliement pour les Alsaciens qui déserteraient l'armée allemande en cas de conflit. Engagé volontaire dans l'armée française le 28 juillet 1914, Spinner est appelé à l'état-major de l'armée, en tant qu'officier interprète, avant même le début des hostilités. Suite à une lettre ouverte de Maurice Barrès au ministre de la Guerre , le 22 août 1914, il est chargé du triage des Alsaciens-Lorrains parmi les prisonniers de guerre allemands. Décoré de la Légion d'Honneur en 1915, il est affecté, à partir de 1916, au Service des Renseignements du GQG.

Nommé administrateur adjoint de la ville de Wissembourg, il est le premier soldat français à entrer dans la ville redevenue française le 24 novembre 1918. Démobilisé en 1920, il devient alors Directeur de l'Entrepôt des tabacs fabriqués de Strasbourg et occupe des fonctions importantes au sein du Souvenir Français du Bas Rhin, de la Fédération des Engagés Volontaires et de diverses autres associations patriotiques. Il termine sa carrière militaire en 1935 avec le grade de commandant interprète et la rosette d'officier de la Légion d'Honneur.

Collaborateur occasionnel de la revue L'Alsace Française, il organise, en 1934-1935, une importante cérémonie à l'occasion du 25e anniversaire du monument de Wissembourg. Celle-ci, présidée par le général Gamelin, réunit, le 28 juillet 1935, plus de 75 généraux d'origine alsacienne et plusieurs milliers de spectateurs dont son ami Hansi.

Victime d'une attaque à la fin du mois de mars 1939, Auguste Spinner meurt le 1er avril 1939. Des funérailles imposantes sont alors organisées et, suivant en cela ses dernières volontés, son cercueil est enveloppé dans un drapeau tricolore ayant flotté lors de la cérémonie d'inauguration de 1909. Un an plus tard, "son" monument est dynamité par les autorités nazies et sa famille contrainte à l'exil. A la libération, son fils Georges, devenu architecte des Bâtiments de France, récupère quelques blocs de grès du monument détruit afin de réaliser la stèle funéraire de son père à Wissembourg. Un nouveau monument est par la suite reconstruit et inauguré au Geisberg le 13 novembre 1960.

 

Source : Philippe Tomasetti, professeur d'histoire

Edgard de Larminat

1895-1962

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Portrait de Edgard de Larminat. Source : SHD

(29 novembre 1895 : Alès, Gard - 1er juillet 1962 : Paris)

Admissible à Saint-Cyr en 1914, promotion "Grande Revanche", Edgard de Larminat, dont le père était officier des Eaux et Forêts, perpétue la tradition familiale, remontant au XVIIème siècle, de vie au service de l'Etat.

Élevé chez les Jésuites à Montfré et aux Postes, il a fréquenté les lycées de Gap, de Troyes et s'engage à l'âge de 19 ans comme simple soldat au 27e régiment d'infanterie. Affecté au 134e, il suit les cours spéciaux des élèves de Saint-Cyr puis rejoint successivement les 321e et 121e régiments d'infanterie. Promu capitaine en septembre 1917, il termine la guerre avec quatre citations à l'ordre du jour, trois blessures dont une par les gaz (mars 1918), en ayant fait preuve d'un courage exemplaire devant le fort de Vaux où il a été blessé par un éclat d'obus en juin 1916. A ce titre, il sera distingué par la Légion d'honneur.

Doté d'un caractère indépendant et curieux des horizons lointains, il rejoint les troupes de marines (armée coloniale) en 1919, sa formation de saint-cyrien achevée. Envoyé au Maroc pour mettre en oeuvre la politique du maréchal Lyautey, il montre toute sa mesure à commander le 13e bataillon de tirailleurs sénégalais d'Ouezzane, qualité qui lui vaut une nouvelle citation.

Son commandement du cercle de Kiffa en Mauritanie, de 1923 à 1926, laisse une empreinte durable, de même que sa mission en Indochine de 1928 à 1931.

Chef de bataillon en 1929, il suit les cours de l'Ecole supérieure de Guerre, de 1933 à 1935, se faisant remarquer par l'étendue de sa culture et ses capacités à appréhender les questions militaires. Lieutenant-colonel, il est affecté au Levant en janvier 1936 pour exercer les fonctions de chef d'état-major du général commandant en chef le théâtre d'opérations du Moyen-Orient.

Colonel en mars 1940, De Larminat refuse de rendre les armes : alors que le général Mittelhauser décide de suivre les ordres du gouvernement de Bordeaux, il prépare le passage en Palestine des troupes voulant continuer la lutte. Mis aux arrêts et emprisonné, il s'échappe et gagne Damas le 1er juillet puis la France Libre qu'il sert avec une ardeur sans relâche. En Egypte, il regroupe les contingents français de Syrie puis va seconder le général Legentilhomme à Djibouti. Apprenant au cours d'un séjour à Londres la situation insurrectionnelle au Tchad, au Cameroun et en Afrique Equatoriale française, il se rend à Léopoldville d'où il prépare la reddition de la garnison de Brazzaville le 28 août, déposant le gouverneur général et commandant des troupes et prenant le commandement civil et militaire des territoires ralliés.

Promu général de brigade, il exerce les fonctions de commandant supérieur et gouverneur général, puis Haut-commissaire jusqu'en juillet 1941, date à laquelle, nommé général de division, il retourne en Syrie auprès du général Catroux. En décembre commence son aventure en Afrique du Nord. Commandant les Forces françaises en Libye, il prend part à la campagne du Western Desert, s'illustrant aux batailles de Gazalla (mai 1942) et d'El-Alamein (octobre-novembre 1942) face à Rommel.
Il organise la 1re Division Française Libre à la tête de laquelle il représente brillamment la patrie pendant les dernières opérations de la campagne de Tunisie, à Takroune et au Djebel Garci, en mai 1943, gagnant ainsi ses étoiles de général de corps d'armée.

De chef d'État-Major général des Forces Françaises Libres auprès du Comité français de la Libération nationale en juin-juillet, il prend le commandement du 2e corps d'armée en août 1943 avec lequel il mène la campagne d'Italie en mai-juin 1944 comme adjoint du commandant du Corps Expéditionnaire Français en Italie. A sa tête, du 10 juin au 4 juillet, il signe les pages les plus glorieuses de cette opération entre Viterbo et Sienne, en Toscane, décrochant une nouvelle citation et la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. Le 16 août, De Larminat débarque en Provence avec le 2e corps d'armée, combat devant Marseille, libère Toulon, ouvrant la voie à la reconquête du territoire national.

D'octobre 1944 à juin 1945, il dirige le Détachement d'Armée de l'Atlantique au Commandement des Forces de l'Ouest et joue un rôle décisif dans la réduction des poches de résistance allemandes de Lorient, La Rochelle, Rochefort et la Pointe de Grave. Durant l'hiver 1944-1945, il procède également à la transformation en unités régulières des unités des Forces Française de l'Intérieur, issues du maquis. L'armée, la résistance et la Nation lui fourniront la matière de trois ouvrages : L'Armée dans la Nation . Bertie Albrecht, Pierre Arrighi, général Brosset, D. Corticchiato, Jean Prévost, 5 parmi d'autres . Que sera la France de demain ?

Compagnon de la Libération, il exerce les fonctions d'Inspecteur Général des Forces d'Outre-Mer de novembre 1945 à juillet 1947, est nommé membre titulaire du Conseil supérieur de Guerre en 1950, préside le Comité militaire de la Communauté européenne de Défense (1951-1954) - sujet qu'il traite dans L'Armée européenne -, est promu au grade de général d'armée en 1953, officie en qualité d'Inspecteur des troupes coloniales en 1955, puis passe au cadre de réserve le 29 novembre 1956.

Rappelé en juin 1962, alors qu'il vient d'achever Chroniques irrévérencieuses (livre de souvenirs de ses débuts à la fin de la Seconde Guerre mondiale), De Larminat se voit confier la présidence de la Cour militaire de Justice chargée d'instruire le procès des instigateurs de la rébellion d'Alger d'avril 1961. Le procès doit s'ouvrir le 2 juillet sur fond de fin de guerre d'Algérie, d'une nation déchirée, d'un pouvoir contesté, de virulentes campagnes de presse. Patrie, Armée, fidélité au gaullisme ... le dilemme emporte De Larminat qui met fin à ses jours la veille de la première audience.

Le 6 juillet, le général Dio prononce son éloge funèbre dans la cour des Invalides et termine ainsi son panégyrique : "Que le Dieu des Armées, mon Général, vous ait en sa garde. Et que la terre de votre petit village du Jura vous soit douce. Vos anciens compagnons d'armes qui vous sont attachés par tant de souvenirs, garderont pieusement votre mémoire"

Le général Edgard de Larminat repose au cimetière de Montain, dans le Jura.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Sur le suicide de De Larminat : www.larminat-jm.com Historia, n° 610, 615, 620, 632 Philippe Oulmont, dir., Larminat, un fidèle hors série, Fondation Charles de Gaulle/Éditions LBM. Diffusion Ouest France, 2008

Gustave, Auguste Ferrié

1868-1932

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Portrait de Gustave Ferrié. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

(19 novembre 1868, Saint-Michel de Maurienne : Savoie - 16 février 1932 : Paris)

 

Né le 19 novembre 1868 de Pierre Ferrié, ingénieur pour les Chemins de Fer du Sud et d'Antoinette Manecy, Gustave Ferrié évolue dès son enfance au milieu des plans et des réalisations, si bien que, admis à l'École Polytechnique en 1887, il choisit l'arme du Génie. Ingénieur des transmissions radiophoniques en 1891, il est affecté à ce corps jusqu'en 1898. Ses travaux pendant cette période permettront notamment d'augmenter la portée de l'émetteur de la Tour Eiffel de 400 à 6000 km.

En 1899, il est conquis par la télégraphie sans fil après avoir assisté à un exposé de Marconi sur cette nouvelle technologie. Freycinet, ministre de la guerre, le nomme la même année au comité d'exploration du télégraphe sans fil entre la France et le Royaume-Uni afin de rendre un rapport sur les applications militaires de ce moyen de communication. Il oeuvre par ailleurs au développement des unités militaires mobiles de radiocommunication et améliore le système de radiodétection de Branly en mettant au point dès 1900 un détecteur électrolytique, appareil rendant possible la transmission du son, dont la dernière version (1910) sera utilisée par l'armée française lors de la Première Guerre mondiale.

Colonel en 1914, il reconnaît les propriétés du tube à électrons et augmente considérablement la portée des émetteurs-récepteurs de campagne qui équipent les troupes alliées dès 1916.

En 1917, Ferrié, grâce à ses appareils, permet d'intercepter les messages de Mata-Hari et de mettre fin aux agissements de l'espionne.

Promu général en 1919, il continue ses recherches et le développement de leurs applications militaires : construction de postes radio pour la marine, les colonies et l'aviation. Ces nouvelles liaisons rendues possibles, il affine les mesures des longitudes et des dimensions du globe terrestre. Ayant atteint la limite d'âge, il est maintenu en activité à titre exceptionnel. Oeuvrant au développement des techniques radioélectriques, il crée une section de radio à l'École supérieure d'Électricité.

La communauté scientifique reconnaît l'avancée majeure de ses découvertes pour le domaine des radio-télécommunications. Les honneurs se succèdent : en 1922, il est élu à l'Académie des Sciences et devient président de l'International Scientific Radio Union ainsi que de la commission internationale des longitudes par radio. Il est également vice-président de l'International Board of Scientific Unions, préside le comité de géodésie et de géophysique et reçoit la médaille d'honneur de l'Institute of Radio Engineers. Distingué par la Légion d'Honneur, Gustave Ferrié est élevé à la dignité de grand Croix en 1932.

Peu de temps après, hospitalisé à l'hôpital du Val-de-Grâce, il décède le 16 février.

Il repose au cimetière du Père-Lachaise (89e division) auprès de son épouse Pierrette Pernelle qu'il avait épousé en 1908.


À lire sur le sujet :
Amoudry (Michel), Le Général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, Presses Universitaires de Grenoble, 2000

Maxime Weygand

1867-1965

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Portrait de Maxime Weygand. Source SHD

(21 janvier 1867 : Bruxelles - 28 janvier 1965 : Paris)

 

Maxime Weygand naît à Bruxelles de parents inconnus. Ses origines continuent d'intriguer les journalistes et les historiens : enfant naturel de la comtesse Kosakowska, fils illégitime de Léopold II de Belgique, fruit de l'union du colonel Van der Smissen et de l'impératrice Charlotte du Mexique ou de cette dernière avec un indien du Mexique ?

Le dossier reste ouvert.

 

Confié à l'âge de six ans à un négociant en peaux juif de Marseille, David Cohen de Léon, il prend le nom de la compagne de son tuteur et, après une scolarité exemplaire aux lycées de Vanves, Louis-le-Grand et Henri-IV, il entre en 1885 à Saint-Cyr au titre des étrangers sous le nom de Maxime de Nimal. Diplômé en 1887, il choisit la cavalerie et est formé à Saumur avant d'être envoyé au 4e régiment de Dragons. A vingt ans, il est officiellement adopté par le comptable de son tuteur, François Weygand, et obtient la nationalité française. Il enchaîne les villes de garnison (Chambéry, Saint-Étienne, Lunéville, Saumur, Niort, Nancy) et obtient ses épaulettes de capitaine en 1896. Sanctionné "pour avoir pris part à une souscription pouvant prendre un caractère politique" en faveur du colonel Henry, au moment de l'affaire Dreyfus, il se marie en 1900 et poursuit sa carrière d'officier au sein du 9e régiment de Dragons. Lieutenant-colonel en 1912, il se fait remarquer pour ses qualités d'instructeur à l'École de Cavalerie de Saumur et rejoint le Centre des hautes études militaires. Il est élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d'honneur en 1913.

En 1914, il prend part, à la tête du 5e régiment de Hussard, à la bataille de Morhange. Le 28 août, promu colonel, il est affecté auprès de Foch, chef d'état-major. Général de brigade en 1916, il reste fidèle à Foch lors de sa mise à l'écart, pour mieux rebondir à ses côtés en 1917 après l'échec du plan Nivelle. A la conférence de Rapallo (6 et 7 novembre), il oeuvre à la constitution d'un commandement supérieur interallié, lequel devient effectif à partir de la rencontre de Doullens (26 mars 1918) avec la nomination de Foch à sa tête, et celle de Weygand au titre de major général. Les deux hommes négocient les termes de l'armistice au mois de novembre.

Général de corps d'armée en 1920, il effectue une mission en Pologne, en qualité de conseiller militaire du maréchal Pilsudski, dans sa lutte contre la Russie des Soviets. En 1923, il accède au rang de général d'armée et remplace Gouraud au Haut-commissariat en Syrie. De retour en France, il est nommé au Conseil supérieur de la Guerre puis à la direction du Centre de Hautes Etudes militaires et rédige les biographies de Foch (1929) et de Turenne (1930). En 1931, Weygand succède à Foch à l'Académie Française, publie un ouvrage sur Le 11 novembre (1932) et, retiré des cadres d'active en 1935, il se consacre à l'écriture de Histoire militaire de Méhémet-Ali et de ses fils (1936), Comment élever nos fils ? (1937), La France est-elle défendue ? (1937), Histoire de l'armée française (1938).

Le président Daladier le rappelle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale pour lui confier le commandement des troupes françaises du Moyen-Orient avec le titre de chef du théâtre d'opération de la Méditerranée orientale et la mission de coordonner l'action des effectifs du Levant et des Balkans. En mai 1940, Reynaud, Président du Conseil, le rappelle à Paris pour succéder au général Gamelin au commandement suprême de l'armée française en raison de la déroute de l'armée française dans l'Est. Il tente de mettre en place une contre-offensive avec les armées belges et britanniques mais le projet est abandonné à la suite de l'encerclement des troupes franco-britanniques à Dunkerque, le 24 mai.

Le lendemain, lors d'une conférence extraordinaire à l'Elysée, l'hypothèse d'un armistice est posée. Le 11 juin, au cours de la conférence de Briare et face à la décision de Churchill de ne pas programmer d'attaques massives de la Royal Air Force sur la ligne de front, les positions au sein de l'état-major français se dessinent : poursuivre la lutte dans l'Empire ou se résoudre à demander un armistice ? Weygand et Pétain considèrent que le gouvernement ne peut quitter le territoire national et qu'un armistice conserverait l'honneur militaire.

Les événements s'accélèrent, le flot des réfugiés grossi par l'armée battant en retraite ajoute au désarroi général. Le gouvernement déplacé à Bordeaux hésite encore sur la politique à mener. Le 17 juin, un consensus est trouvé autour du vice-président du Conseil, Camille Chautemps, et une demande d'armistice est déposée auprès de l'autorité allemande. Pétain remplace Reynaud et Weygand est nommé ministre de la Défense nationale. S'il prend soin toutefois de transférer les contrats d'armement de la France avec l'industrie américaine au profit de l'allié anglais et de rediriger les livraisons vers des ports britanniques, il réprouve l'attitude du général de Gaulle qu'il rétrograde au rang de colonel et fait condamner à mort par contumace.

 

Ministre puis délégué général en Afrique du gouvernement de Vichy, Weygand tente de préserver l'équilibre entre les Alliés, les exigences du Reich et sa fidélité au seul gouvernement qu'il juge légitime : il refuse de livrer les infrastructures d'Afrique du Nord à l'Allemagne (juillet 1940 et mai 1941), applique la législation de Vichy, négocie les conditions de ravitaillement avec l'américain Murphy (février 1941) et exige des soldats de l'armée d'Afrique qu'il prêtent serment au maréchal après la campagne de Syrie. Son comportement embarrasse Berlin et le gouvernement de Vichy le rappelle en métropole en novembre 1941.

En novembre 1942, après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord et l'occupation totale de la métropole par les troupes allemandes et italiennes, Weygand est arrêté par les Allemands et est conduit en résidence surveillée administrée par le camp de Dachau.

Libéré le 5 mai 1945, il est mis aux arrêts deux jours après. Détenu au Val-de-Grâce pour actes de collaboration jusqu'en mai 1946, il bénéficie d'un non-lieu en 1948.

Il consacre les dernières années de sa vie à œuvrer, président de l'association Jeanne d'Arc, pour la réhabilitation de la mémoire de Philippe Pétain, publie des tribunes libres dans Le Monde, et poursuit sa carrière d'écrivain, réglant à l'occasion ses comptes avec de Gaulle et Reynaud : Foch (1947), Le général Frère (1949), Mémoires, 1950-1957, Forces de la France (1951), Et que vive la France ! (1953), En lisant les mémoires du général de Gaulle (1955), L'Arc de Triomphe de l'Étoile (1960), Histoire de l'armée française (1961), Maxime Weygand, L'Armée à l'Académie (1962), Lettres inédites relatives aux testaments de Leurs Majestés le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette (1965).

Maxime Weygand décède le 27 janvier 1965 des suites d'une fracture du fémur. Il est enterré au cimetière Saint-Charles de Morlaix, dans le Finistère.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Maurice, Gustave Gamelin

1872-1958

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Portrait de Maurice Gamelin. Source : SHD

(20 septembre 1872 : Paris - 18 avril 1958 : Paris)

Fils d'un officier, contrôleur général des armées blessé à la bataille de Solférino en 1859, et d'une mère alsacienne, fille de l'intendant général Ulrich et nièce du Gouverneur militaire de Strasbourg en 1870, Maurice Gamelin présente dès son plus jeune âge des dispositions pour les arts et les questions militaires. Après avoir décroché le prix de philosophie au Concours général, il suit les cours de l'École du Louvre puis décide de préparer le concours d'entrée à Saint-Cyr. Admis en octobre 1891, il sort major de sa promotion en 1893 pour être affecté au 3e régiment de tirailleurs algériens puis à la Section topographique en Tunisie.

De 1896 à 1899, le jeune officier met à profit ses talents de dessinateur au Service géographique de l'Armée à Paris. Admis huitième au concours de l'École de Guerre, il est rapidement remarqué par ses professeurs tels Foch et Lanrezac. Promu capitaine en 1901, au 15e bataillon de chasseurs à pied, il rejoint le général Joffre à son état-major l'année suivante et publie, en 1906, une Etude philosophique sur l'art de la guerre, ouvrage qui le hausse au rang des penseurs militaires de son temps alors même qu'il est l'officier d'ordonnance du généralissime à la 6e division d'infanterie. Il demeure à ses côtés au 2e corps d'armée (1908) et au Conseil supérieur de la Guerre avant de prendre le commandement du 11e bataillon de chasseurs alpins (Annecy), en 1911, pour deux ans. Chef au 3e Bureau de l'État-Major général, il choisit de rejoindre à nouveau le général Joffre en mars 1914.

C'est en qualité de chef de son cabinet militaire que Gamelin participe aux opérations de la Grande Guerre. Confident du généralissime, tacticien éclairé, il conduit la 2e demi-brigade de chasseurs à pied sur le Linge (Alsace) et dans la Somme, rédige le brouillon de l'instruction n°2 à la base de la victoire de la Marne (25 août 1914) et écrit l'instruction n°6 qui en déclenche l'offensive. Général de brigade à titre temporaire en décembre 1916, il est affecté à la 16e division d'infanterie, avant d'être rappelé au G.Q.G. de Joffre au début de 1917. Au remplacement de Joffre par Nivelle, il demande un commandement. En avril-mai, il se voit confier la 9e division d'infanterie avec laquelle il se distingue sur l'Argonne, à Verdun, dans l'Aisne, autour de Noyon en mars 1918 et bloque l'avancée des troupes allemandes dans l'Oise. Promu général de brigade en septembre 1919, il est envoyé comme chef de la mission militaire française au Brésil et publie en 1921 "Trois étapes de l'avant-guerre" (Les oeuvres libres, n°13).

À son retour en France en 1925, jeune général de division, il reçoit le commandement des troupes françaises en Syrie en qualité d'adjoint au Haut Commissaire Jouvenel (septembre 1925 à février 1929), avec pour mission de réprimer l'insurrection du Djebel Druse aux côtés du général Sarrail, tâche dont il s'acquitte brillamment et qui lui vaut d'être élevé à la dignité d'officier de la Légion d'honneur (16 septembre 1926) et de gagner ses étoiles de général de corps d'armée (novembre 1927).

Affecté au 20e corps d'armée de Nancy, il devient le premier sous-chef d'état-major général de l'armée avant de remplacer Weygand au poste de chef d'État-Major général le 9 février 1931. Grand Croix de la Légion d'honneur le 14 juillet 1932, il assure la vice-présidence du Conseil supérieur de la Guerre (janvier 1935) et est décoré de la Médaille militaire (31 décembre 1935).

Chef d'état-major de la défense nationale (21 janvier 1938), il prend le commandement en chef des forces alliées en France au mois de septembre 1939. Ses conceptions tactiques sont cependant dépassées : il refuse d'employer massivement l'arme blindée et l'aviation, lui préférant une stratégie défensive appuyée sur la ligne Maginot, et montre une tendance à la délégation de commandement sur le front . l'armée française ne peut qu'opposer une vaine résistance - "nous sommes tous, à peu près inévitablement, les hommes d'un milieu et d'une époque, même quand nous essayons de réagir contre certains éléments de l'ambiance", écrira-t-il dans ses mémoires comme pour se justifier.

Le 19 mai 1940, le général Gamelin est relevé de son commandement et mis aux arrêts par le régime de Vichy le 6 septembre. Interné au fort du Portalet avec Blum, Daladier, Mandel et Reynaud, il est traduit le 19 février 1942 devant la Haute Cour à Riom, qu'il contraint à s'ajourner (11 avril) en refusant de participer aux débats - "le procès devint donc en fait celui de "l'impréparation"", notera-t-il dans ses mémoires.

À l'occupation de la Zone libre par la Wehrmacht, le généralissime est envoyé en captivité à Buchenwald en mars 1943, puis à Itter, au Tyrol autrichien, jusqu'à sa libération par les troupes américaines le 5 mai 1945.

Revenu à Paris, Maurice Gamelin se consacre à l'écriture de ses volumes de mémoires Servir, publiés en 1946, qu'il complète par le récit de son expérience de le Grande Guerre, Manoeuvre et victoire de la Marne, en 1954.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Joseph-Simon Gallieni

1849-1916

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Portrait du général Gallieni. Source : SHD

 

Fils du lieutenant Gallieni, italien engagé dans un régiment étranger en 1829 et naturalisé français en 1841, commandant alors la garnison du Val d'Aran, Joseph-Simon naît le 24 avril 1849 à Saint-Béat.

Élève au Prytanée militaire de La Flèche, il intègre ensuite le lycée militaire de Saint-Cyr en 1868. Sous-lieutenant en 1870, il est affecté au 3e régiment d'infanterie de marine, le 15 juillet, quatre jours avant le début de la guerre franco-prussienne. Le 30 août, il reçoit l'ordre de tenir les Hauts-de-Meuse entre Mouzon et Carignan. Fait prisonnier au mois de septembre et emprisonné pendant sept mois aux côtés des membres de son unité survivants de la bataille de Bazeilles, il est détenu à la prison d'Ingolstadt puis de Magdebourg et libéré le 12 mars 1871.

De retour de captivité, il est affecté à Paris puis à Rochefort, avant de s'embarquer pour l'île de la Réunion le 1er avril 1872, où il sert pendant trois ans en tant que lieutenant. En juin 1875, il regagne la métropole et rejoint le 1er régiment d'infanterie de marine en décembre 1876. Nommé sur l'île de Gorée, il devient ensuite commandant de Thiès où il se démarque par ses qualités de diplomate, de stratège et sa volonté de "pénétrer l'âme des peuples". Le général Brière de l'Isle, à l'État-major du Sénégal, lui confie des missions d'exploration sur les vallées du Sénégal et du Niger et au Soudan. Le 29 mars 1880, par le traité de Bafoulabe, il établit le protectorat français sur le Mali. Il négocie l'année suivante avec le sultan Ahmadou le traité de protectorat français sur le Niger.

En juin 1881, de retour au 3e régiment d'infanterie, il rentre à Paris avant de prendre ses fonctions de chef de bataillon à Toulon en mars 1882. Après trois ans passés en Martinique (1883-1886), le lieutenant-colonel Gallieni s'embarque pour le Soudan en mai 1886, où il est nommé commandant supérieur, le 20 décembre, afin de rétablir l'ordre dans la vallée supérieure du Sénégal.

Commandant du 4e régiment d'infanterie de marine à Toulon en juillet 1888, puis du 8e en avril 1890, breveté de l'École de guerre, il est promu colonel à l'état-major de l'infanterie de marine en mars 1891.

De septembre 1892 à août 1896, il participe aux campagnes de pacification du Tonkin à la tête du 3e régiment de tirailleurs tonkinois. Secondé par le commandant Lyautey, il poursuit les pirates en mer de Chine et pose les bases du système colonial français.

Général de brigade en 1896, Gallieni, à la demande du ministre des colonies André Lebon, est envoyé à Madagascar, dont il devient le gouverneur général au mois de septembre. Il contraint la reine Ravanalo III à abdiquer et met en oeuvre un programme de développement économique de l'île. Promu général de division en 1899, il rentre en mission à Paris puis regagne Madagascar en juin 1900. Gallieni est nommé commandant en chef des troupes du groupe de l'Afrique orientale en 1903, deux ans avant de revenir en France et de démissionner de son poste de gouverneur général.

Commandant du 13e corps d'armée à Clermont-Ferrand en février 1906, il est promu gouverneur militaire de Lyon au mois de juin et placé à la tête du 14e corps d'armée. Nommé au Conseil Supérieur de la Guerre et à la présidence du conseil facultatif de défense des colonies en 1908, il effectue des tournées d'inspection en Afrique du Nord. Élu au Conseil Supérieur de Défense nationale en 1911, il laisse à Joffre l'opportunité de devenir commandant en chef de l'armée française.

Atteint par la limite d'âge en avril 1914, le général est rappelé le 26 août par le gouvernement Viviani pour commander le camp retranché des armées de Paris. Il réorganise totalement la défense de la capitale et obtient les renforts de la 6e armée de Maunoury, de la 45e division algérienne et du 4e corps de la 3e armée. Le 2 septembre, il reçoit les pleins pouvoirs civils et militaires. Il donne une impulsion nouvelle à la défense nationale en faisant notamment réquisitionner tous les véhicules automobiles et hippomobiles ainsi que les taxis parisiens qui jouent un rôle décisif dans la contre-offensive qui libère Paris de la menace de l'armée du Reich.

Le 8 septembre, Maunoury repasse sous les ordres de Joffre. Gallieni conserve cependant son autorité sur Paris pendant le mois de novembre et dissout son cabinet civil le 7 décembre.

À son retour au gouvernement, Aristide Briand lui propose le portefeuille du ministère de la guerre, le 29 octobre 1915. La tâche est difficile : améliorer l'efficacité du haut commandement et réorganiser le fonctionnement de son administration. Le 2 décembre, le poste de commandement en chef de toutes les armées est créé et lui est confié. Désavoué par le président du Conseil à la suite de sa proposition de réforme du haut commandement, le 7 mars 1916, il démissionne trois jours plus tard pour raisons de santé.

Hospitalisé à Versailles en avril 1916, il décède dans la nuit du 27 au 28 mai. Après des obsèques nationales, le "Sauveur de Paris" est inhumé au cimetière de Saint-Raphaël.

Joseph Gallieni est fait maréchal de France à titre posthume le 6 mai 1921. Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire.

 

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Albert 1er

1875 - 1934

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Le roi Albert 1er. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Fils du prince Philippe, comte de Flandre (le frère du roi Léopold II) et de la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, Albert 1er est prince de Belgique, duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le 2 octobre 1900, il épouse Elisabeth, duchesse de Bavière, dont il aura trois enfants : Léopold, futur Léopold III . Charles-Théodore, régent du royaume de 1944 à 1951 et Marie-José qui deviendra reine d'Italie durant seulement un mois, du 9 mai au 13 juin 1946.

Albert Ier prête le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le troisième roi des Belges après Léopold Ier et Léopold II, souverains non d'un royaume mais d'un peuple (comme Louis-Phillipe Ier était " roi des Français ", en 1830).

Succédant à son oncle, le roi Léopold II, il trouve un pays opulent avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers, et doté d'une riche colonie, le Congo.

En 1914, Albert Ier rejette l'ultimatum lancé par l'empereur Guillaume II pour obtenir le libre passage de ses troupes sur le sol belge. Le 4 août, les Allemands envahissent la Belgique dont l'armée, après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, se retranche derrière l'Yser, le 15 octobre.

Calme, modeste, presque effacé, le roi Albert va alors révéler son énergie en exigeant d'assumer personnellement sa prérogative constitutionnelle de commander l'armée. Il refuse de suivre le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, et fixe son quartier général à La Panne, en Flandre-Occidentale, partageant durant toute la guerre la vie de ses soldats.

Il est admirablement soutenu par son épouse, la reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, épouse de l'empereur François-Joseph, elle se dévoue auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle sert comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, est mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne, à l'âge de 13 ans.

En septembre 1918, Albert Ier participe activement à l'offensive décisive déclenchée par Foch pour la conquête de la crête des Flandres (29 septembre) et la bataille de Torhout-Tielt (14 - 18 octobre) qui aboutit à la reconquête de Bruges. Enfin, le 22 novembre 1918, accompagné de la reine Elizabeth et de ses enfants, Albert Ier rentre triomphalement à Bruxelles.

La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui vaut le surnom de "roi-chevalier".

Au lendemain de la guerre, il représente la Belgique aux négociations de paix à Versailles, défendant les intérêts de son pays mais tentant aussi, en vain, de s'opposer à la politique d'humiliation excessive de l'Allemagne.

Fervent alpiniste, il trouve la mort en escaladant un des rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur, le 17 février 1934.

 

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William Birdwood

1865-1951

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William Birdwood.
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William Ridell Birdwood est né à Kirkee, en Inde, le 13 septembre 1865.

Après des études au Clifton College de Bristol et au Collège militaire royal de Standhurts, il débute sa carrière dans les Royal Scots Fusiliers, en 1883. Affecté en 1885 dans la cavalerie, il sert au sein du 12e lanciers, du 11e lanciers et du Viceroy's Bodyguard, en Inde, où il prend part aux opérations sur la frontière Nord-Ouest. En 1899, il rejoint l'Afrique du Sud et l'état-major du général Kitchener, lors de la guerre des Boers menée par les colons contre la souveraineté britannique. De retour en Inde, promu major général en 1911, il est secrétaire du département de l'armée indienne l'année suivante.

En novembre 1914, Kitchener, alors ministre de la guerre britannique, le charge de former un corps d'armée avec les troupes australiennes et néo-zélandaises, qui s'entraînent en Égypte avant d'être envoyées sur le front ouest. Ce corps, l'Anzac (Australian and New-Zealand Army Corps), participe à sa première opération en débarquant dans la péninsule de Gallipoli, le 25 avril 1915, dans le but de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer Noire via le détroit du Bosphore. Durant la campagne, il remplace brièvement Ian Hamilton à la tête de la Force expéditionnaire méditerranéenne, puis, promu lieutenant général, il prend, à la mi-novembre 1915, le commandement de l'armée britannique des Dardanelles, alors formée de l'Anzac, du 8e corps britannique et du 9e corps.

En mars 1916, après le remaniement de l'Anzac, il prend le commandement du 1er corps Anzac, formé des 1re et 2e divisions australiennes et de la division néo-zélandaise, envoyé sur le front de France. Général le 23 octobre 1917, il est à la tête du corps australien lorsque, au tournant de 1917-1918, les cinq divisions de l'Anzac sont réunies en un seul corps. Il reçoit le commandement de la 5e armée britannique, le 31 mai 1918, qu'il mène lors des dernières offensives donnant la victoire aux Alliés.

A l'issue du conflit, il commande l'armée du Nord, en Inde, jusqu'en 1925, puis, élevé à la dignité de maréchal, prend le commandement en chef de l'armée britannique en Inde. Retraité de l'armée en 1930, il aspire à devenir gouverneur général d'Australie mais ne peut obtenir le poste.

Il décède le 17 mai 1951, à Hampton Court Palace.

Anobli en 1916, le baron Birdwood d'Anzac et de Totnes dans le Devon a été fait Pair en 1919. Pour services rendus au cours du premier conflit mondial, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre françaises, de la Croix de guerre belge, décoré de l'Ordre de la Couronne par la Belgique et de l'Ordre du Nil par l'Égypte.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA