Marc Bloch

1886-1944

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Marc Bloch. ©Roger-Viollet/Albert Harlingue

Aussi illustre soit-il en tant qu'historien, la résistance de Marc Bloch, qui fut arrêté en mars 1944 par la Gestapo et fusillé, avec 29 autres résistants, le 16 juin à Saint-Didier de Formans, reste peu connue. L'historien Laurent Douzou relate l'action clandestine de cet intellectuel engagé, depuis l'année 1943 jusqu'à sa mort.

 

"On devrait se préoccuper davantage qu'on ne le fait de la façon dont meurent les universitaires, quand il leur arrive de ne pas mourir de maladie ou de vieillesse" écrivait le philosophe Georges Canguilhem à propos de Marc Bloch, dont l'extraordinaire notoriété d'historien a parfois occulté le rôle actif durant l'Occupation.

Professeur à la Sorbonne, le co-fondateur des Annales d'histoire économique et sociale était, quand la guerre éclata, une sommité scientifique. Alors qu'il entrait dans sa pleine maturité, il avait déjà une œuvre à son actif. Il avait, de surcroît, été exposé au feu au cours de la Grande Guerre qu'il avait terminée avec la Légion d'honneur à titre militaire et la Croix de guerre.

Âgé de 53 ans en 1939, ce père de six enfants demanda à combattre. Chargé du ravitaillement en essence de la 1re Armée, il remplit sa mission non sans constater avec stupéfaction que l'édifice qu'il avait cru solide était vermoulu. Disséquant dans une analyse rédigée à l'été 1940 et publiée en 1946 sous le titre de L'Étrange Défaite, les niveaux de responsabilité du désastre, il ne s'exonéra pas pour autant des siennes : "J'appartiens à une génération qui a mauvaise conscience. De la dernière guerre, c'est vrai, nous étions revenus bien fatigués. Nous avions aussi, après ces quatre ans d'oisiveté combattante, grande hâte de reprendre sur l'établi, où nous les avions laissé envahir par la rouille, les outils de nos divers métiers : nous voulions, par des bouchées doubles, rattraper le travail perdu. Telles sont nos excuses. Je ne crois plus, depuis longtemps, qu'elles suffisent à nous blanchir".

Touché par le statut des Juifs d'octobre 1940, Marc Bloch fut exclu de son poste de professeur détaché auprès de l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Au titre de l'article 8, qui prévoyait des exemptions pour les individualités ayant rendu des services exceptionnels à la France, il fut relevé de cette mesure, en janvier 1941, et affecté à Montpellier en juillet. Il renonça à user du visa qu'il avait obtenu pour les États-Unis parce qu'il ne voulait pas laisser les siens. Il exerça ses fonctions à Montpellier jusqu'à sa révocation le 15 mars 1943.

À cette date, la paisible vie de labeur du médiéviste avait bifurqué radicalement. Entré de plain pied en résistance, Marc Bloch était devenu "Narbonne" en nouant contact avec Franc-Tireur. Georges Altman, dirigeant de ce mouvement, a relaté cette rencontre : "Je revois encore cette minute charmante où Maurice [Pessis], l'un de nos jeunes amis de la lutte clandestine, son visage de vingt ans rouge de joie, me présenta sa "nouvelle recrue", un monsieur de cinquante ans, décoré, le visage fin sous les cheveux gris argent, le regard aigu derrière ses lunettes, sa serviette d'une main, une canne de l'autre ; un peu cérémonieux d'abord, mon visiteur bientôt sourit en me tendant la main et dit avec gentillesse : Oui, c'est moi le "poulain" de Maurice..."

Précieux témoignage qui suggère bien ce que put représenter pour l'universitaire Marc Bloch le saut dans une clandestinité où, les cartes rebattues, il lui fallut faire ses preuves comme un débutant. Tout ce qu'il eut dès lors à faire s'inscrivit en rupture avec sa vie antérieure comme le relevait Georges Altman : "Et l'on vit bientôt le professeur en Sorbonne partager avec un flegme étonnant cette épuisante vie de "chiens de rues" que fut la Résistance clandestine dans nos villes". Au "poulain de Maurice" on confia vite des tâches à la mesure de ses talents. Il collabora aux Cahiers politiques du Comité général d'Études et à La Revue libre, éditée par Franc-Tireur. Ces publications portent sa marque, notamment cette table méthodique des articles de la première année des Cahiers politiques dans le numéro 5 de janvier 1944 !

En juillet 1943, Marc Bloch devint un des trois membres du directoire régional des Mouvements unis de résistance, poste à la fois exposé et harassant. Conscient du danger, efficace et déterminé, "Narbonne" s'affirma comme un dirigeant légitime et respecté dans le petit monde si exigeant de la clandestinité. Son arrestation, par une Gestapo bien renseignée, au matin du mercredi 8 mars 1944 sur le pont de la Boucle à Lyon, bouleversa ses camarades. Torturé dans les locaux de l'École de santé militaire, interné à la prison de Montluc, Marc Bloch fut fusillé le 16 juin 1944 avec 29 autres résistants à Saint-Didier-de-Formans.

 

Laurent Douzou, historien, In Les Chemins de la Mémoire, 234/mars 2013

Germaine Tillion

1907-2008

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Photo : Germaine Tillion, carte d'étudiante, 1934. Association Germaine Tillion

 

Grande figure de la Résistance française, ethnologue et écrivain, Germaine Tillion a tiré de son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale des leçons qui lui ont servi tout au long de sa vie. Elle a su conjuguer, en toutes circonstances, témoignage, réflexion et action.

 

Germaine Tillion est née le 30 mai 1907 à Allègre, en Haute-Loire. En 1919, la famille déménage dans la Région parisienne. Au cours des années vingt, elle entreprend des études d'ethnologie et obtient, en 1933, une bourse pour aller étudier la population berbère dans les Aurès algériens. Entre 1934 et 1940, elle accomplit quatre longs séjours chez les Chaouias et poursuit la rédaction de sa thèse.

De retour en France, le 9 juin 1940, elle décide, après l'Armistice, qu'"il faut faire quelque chose". En compagnie de Paul Hauet, colonel à la retraite, elle commence son activité de résistance sous couvert d'une association d'aide aux prisonniers de guerre, l'Union nationale des combattants coloniaux. Cette cellule entre en contact avec des groupes analogues, comme celui du musée de l'Homme, réunissant quelques ethnologues, avec à sa tête Boris Vildé. C'est en 1946, quand Germaine Tillion s'occupera de l'homologation administrative du réseau, qu'elle lui donnera le nom de "réseau du musée de l'Homme", en hommage à une bonne partie de ses fondateurs. Le groupe se livre à des actions multiples : collecter des informations pour les transmettre à Londres, accueillir les soldats évadés ou organiser des évasions, héberger des parachutistes anglais, fabriquer des faux papiers, diffuser des appels au combat, liquider des traîtres et des agents de la Gestapo.

Bien que patriote dévouée, Germaine Tillion n'oublie pas un principe directeur dont elle se réclame : le dévouement à la vérité et à la justice. Dans un tract destiné à la presse clandestine, elle constate que de nombreuses informations concernant la situation du moment circulent dans la société française mais sont contradictoires car elles proviennent de différentes sources. Elle enjoint à ses camarades résistants de ne pas biaiser avec la vérité, de ne rien cacher, de s'efforcer de comprendre et de juger impartialement. "Sur le plan des idées, nous ne connaissons d'emblée qu'une cause qui nous est chère, celle de notre patrie, c'est par amour pour elle que nous nous sommes groupés, c'est pour essayer de maintenir sa foi et son espérance. Mais nous ne voulons pas, nous ne voulons absolument pas lui sacrifier la vérité, car notre patrie ne nous est chère qu'à la condition de ne pas devoir lui sacrifier la vérité".

Une première dénonciation entraîne l'arrestation de plusieurs membres de la cellule du musée de l'Homme . en avril 1941, une seconde trahison provoque celle de ses autres membres. Leur procès se tiendra un an plus tard, en février 1942. Dix personnes, dont plusieurs proches amis, sont condamnées à mort. Germaine Tillion, qui a échappé à ces arrestations, se démène pour obtenir leur grâce mais en vain : les sept hommes du groupe sont fusillés, les trois femmes partent en déportation. Elle-même est arrêtée dans la rue, en août 1942, par la police allemande : elle a été trahie, à son tour, par un prêtre français qui se faisait passer pour résistant. Détenue pendant plus d'un an dans les prisons françaises, à la Santé et à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbrück, en octobre 1943. Elle en sortira en avril 1945.

Après son retour en France, elle se consacre essentiellement à l'histoire de la Résistance et de la Déportation, sur lesquelles elle publie plusieurs études. Cependant, elle n'abandonne pas son engagement civique et participe à la campagne contre les camps, toujours en activité, dans les pays communistes en Europe et en Asie.

En 1954, elle est envoyée par le gouvernement français en mission d'observation en Algérie, où l'on assiste aux premiers pas de l'insurrection. Au début, elle propose de renforcer l'enseignement délivré à la population indigène (garçons et filles, enfants et adultes) pour lui permettre de sortir de la misère que le développement économique n'a pas réussi à endiguer. Le conflit s'intensifiant, à partir de 1957, Germaine Tillion se consacre exclusivement à atténuer les effets de la violence : elle milite contre la torture, les exécutions et rencontre les dirigeants du FLN pour les convaincre d'interrompre les attentats aveugles.

Élue directeur d'études à l'École pratique des hautes études en 1958, elle consacre les décennies suivantes à l'étude des sociétés d'Afrique du Nord. Elle publie également une édition refondue de Ravensbrück, son livre sur la Déportation. Elle décède le 19 avril 2008 à l'âge de 100 ans. Son ouvrage autobiographique, Fragments de vie, paraît l'année suivante.

 

Tzvetan Todorov, Président de l'association Germaine Tillion, In Les Chemins de la Mémoire, 241/décembre 2013

Marie-Madeleine Fourcade

1909-1989

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Source photo : © Ministère de la Défense-DMPA

Résistante dès 1940, Marie-Madeleine Fourcade fut la seule femme reconnue comme chef d’un grand réseau de résistance français, le réseau Alliance. Michèle Cointet, sa biographe, nous relate son parcours hors du commun.


Marie-Madeleine Bridou échappe aux conformismes du milieu bourgeois où elle naît en 1909. Éloignée de son mari Édouard Méric, officier des Affaires indigènes au Maroc, elle vit avec ses deux enfants à Paris. Elle se partage entre « Radio-Cité » et le secrétariat général des publications anticommunistes et antiallemandes du commandant Loustaunau-Lacau, fondateur du réseau Corvignolles et de La Spirale, son initiateur ès activités secrètes. L’amour d’une patrie mythifiée dans une enfance à Shanghai où son père était l’agent général des Messageries maritimes et… « honorable correspondant », une absence d’illusions sur le maréchal Pétain, inspirent en juin 1940 un réflexe : puisque les hommes ont déposé les armes c’est aux femmes de les relever.

Elle se laisse cependant convaincre de suivre à Vichy Loustaunau-Lacau, attiré par une délégation générale à la puissante Légion française des combattants. S’y met en place un réseau centré sur Marseille et Vichy qui se révèle un terrain fertile où recruter fonctionnaires de ministères et officiers patriotes. La rupture avec Vichy ne tarde d’ailleurs pas, l’amiral Darlan renvoyant en février 1941 Loustaunau-Lacau de la Légion. L’évolution de la guerre leur offre une opportunité de s’engager activement contre Hitler. En effet, la guerre sous-marine met en péril la survie des Britanniques. Obtenir des renseignements sur les départs de Lorient des sous-marins est vital. Seul des Français peuvent les fournir. En avril 1941, un contact est établi à Lisbonne d’où Loustaunau-Lacau rapporte de l’argent et un premier poste-émetteur, l’arme la plus efficace car remédiant aux délais de plusieurs semaines des anciens courriers et permettant enfin une riposte immédiate. Alliance en possédera jusqu’à 17. Marie-Madeleine n’étant pas « grillée » comme Loustaunau-Lacau à Paris organise en zone nord et dans l’ouest le réseau Alliance, un nom qui proclame la fidélité à l’Angleterre et l’égalité des partenaires. Les Allemands l’appelleront « Arche de Noé » en raison des pseudonymes d’animaux adoptés par ses membres.

Arrêté à Alger en mai 1941, Loustaunau-Lacau est condamné puis livré aux Allemands. Marie-Madeleine tirera de cet épisode un refus des engagements politiques, ce qui éloignera d’elle des membres comme le général Alamichel qui voulait se rattacher au général de Gaulle. Poussée par ses compagnons, elle succède à Loustaunau-Lacau en usant d’une signature neutre : POZ 55. Les résultats étant exceptionnels, les Britanniques finissent par reconnaître la femme enfin dévoilée comme chef du réseau de renseignements militaires, la seule à en bénéficier en Europe. Grande organisatrice, autoritaire, rigoureuse, entraîneuse d’hommes, hardie, elle a assez de souplesse d’esprit pour suivre les conseils des Britanniques de décentralisation du réseau en sous réseaux comme Sea Star ou les remarquables Druides de Georges Lamarque.

Alliance recrute beaucoup dans la fonction publique et présente une originalité : 24% des membres sont des femmes, ce qui en fait l’organisation résistante la plus féminisée. Alliance a joué son plus grand rôle dans la bataille de l’Atlantique, en fournissant des renseignements sur les TCO (transports allemands vers l’Est), une première information grâce à Amniarix (Jeannie Rousseau) sur les essais de V1 et V2 à Peenemünde, des relevés des rampes de lancement dans le nord-ouest de la France, une carte renseignée des défenses de l’Atlantique. Marie-Madeleine organise le départ le 4 novembre 1942, en sous-marin depuis le Lavandou, du général Giraud qui doit accueillir le débarquement allié à Alger.

Retenue en Angleterre à cause de l’arrestation, en septembre 1943, de son adjoint Faye, elle obtient de revenir en France en juillet 1944 et réalise, après son évasion d’une caserne allemande, des missions de renseignements en avant de l’armée de Patton.

Sensible aux détresses matérielles et morales, elle veille pendant plus de vingt ans sur les survivants et les familles d’un réseau très éprouvé – 431 disparus, soit un tiers de ses membres. Elle publie des souvenirs en forme de mémorial sous le titre L’Arche de Noé et défend la mémoire de la Résistance en tant que présidente du Comité d’action de la Résistance. Elle contribue, avec son mari, le Français libre Hubert Fourcade, au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Ni icône d’un parti politique, ni militante antifasciste, elle est restée fidèle à sa conception de la Résistance : un combat patriotique efficace contre l’Allemagne hitlérienne.


Michèle Cointet, professeur émérite des Universités, In Les Chemins de la Mémoire, 239/octobre 2013
Pour en savoir plus :
Marie-Madeleine Fourcade-Un chef de la Résistance, éd. Perrin, 2006.

Alain Savary

Alger 25 avril 1918 - Paris 17 février 1988

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Le lieutenant de vaisseau Savary. Source : Collection du musée de l'Ordre de la Libération

 

Après des études secondaires menées à Paris, Alain Savary obtient une licence de droit et un diplôme de Sciences politiques puis intègre l'École du commissariat de la marine.

Il effectue la campagne de France dans le corps des commissaires avant de rejoindre l'Angleterre où, le 8 août 1940, il s'engage dans les Forces navales françaises libres (FNFL). Avec le grade d'enseigne de vaisseau, il devient l'aide de camp de l'amiral Muselier, commandant des FNFL. Après le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon, celui-ci le nomme gouverneur de ce territoire, avec le grade de lieutenant de vaisseau.

En juin 1943, il rejoint en Tripolitaine, d'abord à l'état-major puis comme commandant du 2ème escadron, le 1er régiment de Fusiliers marins, qui devient un régiment blindé de reconnaissance intégré à la 1ère division française libre. Il participe, au sein de son unité, à la campagne d'Italie, au débarquement de Provence et à la libération du territoire national avant d'être nommé, en octobre 1944, à l'Assemblée consultative provisoire pour y représenter les Compagnons de la Libération.

En 1945, il est mis à la disposition du ministère de l'intérieur et entame alors une carrière de haut fonctionnaire et d'homme politique.

Secrétaire général du commissariat aux Affaires allemandes et autrichiennes, en 1946, puis conseiller de l'Union française, député de Saint-Pierre-et-Miquelon, secrétaire d'État chargé des affaires marocaines et tunisiennes, il est premier secrétaire du parti socialiste de 1969 à 1971. Député de Haute-Garonne (1973-1981) et président du Conseil régional Midi-Pyrénées (1974-1981), il est ministre de l'éducation nationale de 1981 à 1984.

Alain Savary était officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 (avec trois citations), médaillé de la Résistance et titulaire de la Silver Star (États-Unis).

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charles N’Tchoréré

1896 – 1940

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Le capitaine N’Tchoréré, commandant la 7e compagnie du 53e RICMS. Source : Musée des troupes de marine

 

Fils de notable, Charles N’Tchoréré fait ses études à Montfort. Contraint d’entrer dans la vie active, il occupe un poste commercial au Cameroun.

À la déclaration de guerre en 1914, il quitte la colonie allemande pour rentrer au Gabon. En 1916, il se porte volontaire pour le front. À la fin de la guerre, il opte définitivement pour la carrière des armes. Promu adjudant en 1919, il prend part aux combats du Maroc. Entré à l’école d’officiers de Fréjus, il en sort "major" en 1922. Désigné pour le Levant, le lieutenant N’Tchoréré est gravement blessé lors des opérations en Syrie. Il est cité en 1925 à l’ordre de la division et décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent.

Après un bref passage au ministère de la guerre, il demande à partir pour le Soudan. Il prend à Kati le commandement de la compagnie hors-rang du 2e RTS, dirigeant parallèlement l’école d’enfants de troupe.

Promu capitaine en 1933, il est affecté au 1er RTS, à Saint-Louis (Sénégal) où il commande également l’école d’enfants de troupe.

À la déclaration de guerre en septembre 1939, il demande à partir avec un bataillon de volontaires gabonais. Affecté au camp de Sauge, près de Bordeaux, il est envoyé sur le front de la Somme où il prend le commandement de la 7e compagnie du 53e RICMS. Le 7 juin 1940, retranchés dans le village d’Airaines, près d’Amiens, le capitaine N’Tchoréré et sa compagnie, débordés par les assauts allemands, sont faits prisonniers au terme de rudes combats. Pour avoir revendiqué le droit d’être traité en officier français, il est abattu à bout portant d’un coup de pistolet.

Pour son comportement durant la campagne de France, le capitaine N’Tchoréré est cité, à titre posthume, à l’ordre de la division en octobre 1940 puis à l’ordre du corps d’armée en août 1954 et décoré de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.

La promotion 1957-1959 de l’École de formation des officiers ressortissants des territoires d’outre-mer prend le nom "Capitaine N’Tchoréré".

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Georges Thierry d'Argenlieu

Brest 1889 – Carmel du Relecq-Kerhuon 1964

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Georges Thierry d'Argenlieu. Source : Musée de l'Ordre de la Libération

 

Georges Thierry d'Argenlieu sort de l'école navale en 1908 et sert d'abord au Maroc puis, durant la guerre 1914-1918, en Méditerranée, avant d'intégrer l'ordre du Carmel en 1920.

 

Réserviste, il est mobilisé en 1939 et affecté à l'état-major de Cherbourg avant d'être promu capitaine de corvette. Fait prisonnier le 19 juin 1940, il s'évade le 22 pour rejoindre le général de Gaulle qui le nomme chef d'état-major des Forces navales françaises libres. Le capitaine de frégate Thierry d'Argenlieu participe aux opérations de ralliement en Afrique de l'automne 1940. Rappelé à Londres, il est nommé, en juillet 1941, haut-commissaire de France pour le Pacifique où il préside notamment, en 1942, au ralliement de Wallis et Futuna. Après avoir participé à la conférence de Casablanca, il est nommé, le 19 juillet 1943, commandant des Forces navales en Grande-Bretagne. Le 14 juin 1944, à bord de la Combattante, il conduit le général de Gaulle en France et l'accompagne jusqu'à Paris où ils entrent le 25 août 1944.

Nommé vice-amiral en décembre 1944, Thierry d'Argenlieu, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1947, se voit confier de très hautes fonctions dont celle, entre août 1945 et mars 1947, de haut-commissaire de France et commandant en chef pour l'Indochine, avant de rejoindre l'ordre du Carmel.

Le révérend père Louis de la Trinité, amiral Thierry d'Argenlieu, était Grand-Croix de la Légion d'honneur et Compagnon de la Libération. Il était notamment titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945 avec trois palmes, de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec palme et de la Médaille de la résistance avec rosette.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Alphonse Juin

(1888-1967)

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Le maréchal Juin. Source : ECPAD

 

Fils de gendarme, Alphonse Juin est né le 16 décembre 1888, à Bône, en Algérie. Après des études à Constantine puis à Alger, il est reçu à Saint-Cyr en 1909. Sorti major de sa promotion - promotion "de Fès", la même que Charles de Gaulle - en 1912, il opte pour les tirailleurs algériens. Affecté au Maroc fin 1912, le sous-lieutenant Juin prend part aux opérations de pacification du pays.

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le lieutenant Juin monte au front avec les troupes marocaines. En septembre 1914, il participe aux combats de la Marne. Grièvement blessé sur le front de Champagne en mars 1915, il perd en partie l'usage du bras droit. Capitaine en 1916, il rejoint le 5e bataillon de tirailleurs marocains au Chemin des Dames. En février 1918, il suit les cours d'état-major à Melun avant d'être détaché en octobre à la mission militaire française auprès de l'armée américaine et affecté au cours de perfectionnement des officiers de liaison du Corps expéditionnaire américain.

Breveté de l'École supérieure de guerre en 1921, il sert en Tunisie avant de rejoindre à la fin de l'année 1923 le Maroc où il participe à la campagne du Rif. À l'automne 1925, il rentre en France avec le maréchal Lyautey et travaille sous ses ordres au Conseil supérieur de la guerre. Promu chef de bataillon en 1926, il part l'année suivante rejoindre le 7e régiment de tirailleurs algériens à Constantine.

En 1929, il est chef du cabinet militaire du résident général au Maroc, Lucien Saint, et prend une part active à la réalisation de la dernière phase du plan de pacification de l'Atlas. Lieutenant-colonel en mars 1932, il devient professeur de tactique générale à l'École supérieure de guerre en 1933 avant d'être affecté comme commandant en second au 3e régiment de zouaves à Constantine. Il prend le commandement de ce régiment le 6 mars 1935. En juin, il est promu colonel. En 1937, il est affecté auprès du résident général au Maroc, le général Noguès, et suit parallèlement les cours du Centre des hautes études militaires.

Nommé général de brigade le 26 décembre 1938, il est affecté à la mobilisation à l'état-major du théâtre d'opérations d'Afrique du Nord. Alors que la situation se durcit en Europe, il prépare à Alger les mesures relatives à la levée de divisions en Algérie et en Tunisie. À la déclaration de guerre, en septembre 1939, il demande à servir en France métropolitaine. Le 4 décembre suivant, il prend le commandement de la 15ème division d'infanterie motorisée. Tandis que les forces allemandes lancent leur offensive à l'Ouest le 10 mai 1940, sa division entre en Belgique où elle s'illustre à Gembloux les 14 et 15 mai. Plus au sud, les troupes allemandes ont percé le front à Sedan. Juin reçoit l'ordre de se replier. Il défend alors successivement Valenciennes puis les faubourgs de Lille, couvrant la retraite de la 1re armée française vers Dunkerque. Il est fait prisonnier à Lille le 30 mai 1940 et incarcéré à la forteresse de Königstein. Nommé général de division durant sa captivité, il est libéré en juin 1941 à la demande du maréchal Pétain au titre de spécialiste de l'Afrique du Nord. Nommé adjoint au général commandant supérieur des troupes du Maroc le 16 juillet 1941, il est promu général de corps d'armée et remplace le général Weygand à la tête des forces d'Afrique du Nord le 20 novembre suivant. Il poursuit alors à l'égard de l'armée d'Afrique la ligne insufflée par son prédécesseur de "défense contre quiconque" (forces de l'Axe comme Alliés).

Le 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent en Algérie et au Maroc. Juin, qui n'a pas été informé de l'opération, est arrêté à Alger par des membres de la résistance locale. Les autorités reprennent toutefois rapidement le contrôle de la ville. Libéré, Juin intervient pour obtenir le cessez-le-feu entre les forces de débarquement et les troupes françaises. Rentrée dans la guerre aux côtés des Alliés, l'armée d'Afrique va alors participer à la reconquête du territoire national avec, comme premier théâtre d'opérations, la Tunisie. Durant cette campagne (novembre 1942-mai 1943), le général Juin commande le détachement d'armée française (DAF) et est nommé général d'armée le 25 décembre 1942. Il occupe le poste de résident général de France en Tunisie, par intérim, à partir du 8 mai 1943. Au cours de l'été, il met sur pied le corps expéditionnaire français (CEF) à la tête duquel il participe à la campagne d'Italie. Après plusieurs combats menés avec succès, sur le Pantano en décembre 1943, sur le Rapido et au Belvédère en janvier 1944, il remporte la victoire du Garigliano le 13 mai, ouvrant les portes de Rome aux Alliés, puis remonte sur Sienne et le nord de la Toscane. Juin quitte le corps expéditionnaire français et l'Italie en août.

Nommé chef d'état-major général de la défense nationale auprès du général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, il entre le 25 août à ses côtés dans Paris libéré. Tandis que la libération du territoire national se poursuit, il se consacre à la réorganisation des forces armées françaises pour leur permettre de participer pleinement à la fin des opérations. Dans le même temps, il est amené, en qualité d'expert militaire, à effectuer de nombreuses missions qui le conduisent notamment, en décembre 1944, à Moscou, où il prend part aux négociations relatives au futur pacte franco-soviétique, et, en avril 1945, aux États-Unis, pour la création de l'Organisation des Nations Unies. En avril 1946, le général Juin est envoyé en Extrême-Orient, pour négocier le retrait des troupes chinoises qui occupent le nord de l'Indochine.

En 1947, Juin rejoint l'Afrique du Nord où il occupe le poste de résident général de France à Rabat, au Maroc. En Extrême-Orient, la situation ne cesse cependant de s'aggraver et, en octobre 1950, il effectue à la demande du gouvernement une nouvelle mission en Indochine. Inspecteur général des forces armées françaises en janvier 1951, il prend au mois de septembre suivant le commandement en chef des forces alliées du secteur Centre Europe dans le cadre de l'alliance Atlantique. Ses fonctions le placent au coeur des problèmes nationaux et internationaux : place de la France dans l'alliance Atlantique, débat sur la Communauté européenne de défense (CED), évolution des pays d'Afrique du Nord vers l'indépendance, guerre d'Indochine... Dans le même temps, il est élevé à la dignité de maréchal de France le 7 mai 1952 et reçu à l'Académie française le 26 juin.

En février 1957, il fait paraître son premier livre Le Maghreb en feu puis se consacre à la rédaction de ses Mémoires et de divers ouvrages.

Le maréchal Juin s'éteint le 27 janvier 1967.

Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1914-1918, de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs, de la Médaille coloniale Maroc et Tunisie ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

Paul Nizan

1905-1940

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Portrait de Paul Nizan. Source : bibliothèque des lettres de l'ENS - Fonds photographique
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J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Ces mots sont écrits par un jeune homme de 26 ans nommé Paul Nizan. Ils inaugurent son premier livre publié en 1931 "Aden Arabie", un pamphlet résolument provocateur contre le colonialisme, qui donne le ton de l'œuvre à venir : à vif, polémique et activement désespéré. Sur les cimes de la révolte et le fil rouge du communisme, Paul Nizan n'a de cesse, tout au long de sa trop brève carrière, de pourfendre l'ordre établi, débusquer les travers de la société bourgeoise et guetter les signes précurseurs de l'Histoire.

Né le 7 février 1905 à Tours, ce fils de petite bourgeoisie et "d'ouvrier devenu bourgeois", intègre, à dix-neuf ans, l'Ecole Normale Supérieure. Ses condisciples de promotion en 1924 ont pour nom Raymond Aron et Jean-Paul Sartre. A la lecture d'"Aden Arabie", Sartre, l'ami inséparable avec lequel on le confond toujours (question de strabisme divergent chez l'un, convergent chez l'autre), le revoit à l'époque "absorbé dans la contemplation de ses ongles et lâchant ses violences avec une sournoise et trompeuse sérénité". Mais cette froideur apparente, cette vitrine brillante de dandy charmeur dont les costumes lilas et les formules lapidaires du genre "Morale, c'est trou de balles" font courir un frisson d'excitation dans les rangs des Normaliens, dissimule mal une blessure secrète.

Ma seule originalité est de traverser périodiquement des phases de dépression, confie-t-il en badinant à celle qui deviendra sa femme, Henriette Alphen. "Je ne suis pas joyeux, je ne suis pas désespéré, mais j'affirme au rôti que la vie n'a aucun sens, et au dessert que personne n'aura lieu de s'étonner si j'entre un jour dans les ordres réguliers." Nizan s'enfonce ainsi des jours entiers dans un mutisme total, quand il ne fugue pas subitement pour resurgir hagard quelques nuits plus tard, cherche sa voie entre l'extrême droite et le communisme, se découvre une passion pour le cinéma. Rongé par un mal de vivre qui ne lui laisse aucun répit, obsédé par la mort, dégoûté de "l'exercice officiel de la philosophie", il part pour Aden, au Yémen, comme précepteur dans une famille anglaise. Aden "ce comprimé d'Europe" sera l'occasion de sa prise de conscience politique. Il en revient un an après et opte pour le marxisme, seule solution concrète à sa révolte. Fin 1927, il adhère au parti communiste français. Il a presque 23 ans, une femme, bientôt deux enfants et l'agrégation de philosophie.

Militant fervent, il est candidat du Parti aux élections législatives de 1932 à Bourg-en-Bresse, où il enseigne un an la philosophie. Il choisit ensuite la littérature et le journalisme et devient tour à tour rédacteur en chef de la revue d'avant-garde "BIFUR" qui révèle Michaux, Sartre et Joyce, chroniqueur littéraire à l'Humanité (1935) où il soutient Céline, Breton et Lacan, et chargé de politique étrangère à "Ce Soir" dirigé alors par Aragon. De Moscou, où il séjourne pour préparer le Congrès International des Écrivains, à Brest, cadre de sanglantes émeutes en pleine montée du Front Populaire, en passant par l'Angleterre et l'Espagne quelques mois avant la guerre civile, il est toujours en première ligne. Grand reporter passionné, il n'en mène pas moins en parallèle sa carrière d'écrivain et publie presque coup sur coup des essais (Les Chiens de garde, Les Matérialistes de l'Antiquité) et des romans (Antoine Bloyé, Le Cheval de Troie), tous salués par la critique. En 1938, La Conspiration obtient le prix Interallié. Paradoxalement, seul le P.C.F. reste toujours réservé, sinon très critique de son œuvre littéraire tant il est vrai que ses écrits ne sont guère orthodoxes et ne s'intègrent pas dans l'étroite grille de lecture du PCF d'alors.

En 1939, son dernier ouvrage Chronique de Septembre démonte les mécanismes des négociations entre Hitler, Daladier, Chamberlain et Mussolini, qui aboutissent aux Accords de Munich et au démantèlement de la Tchécoslovaquie. Le pacte germano-soviétique entre Staline et Hitler le surprend en vacances à Ajaccio.

Il rentre aussitôt à Paris, impatient de connaître la position du Parti, qui approuve le pacte. Fidèle à lui-même et à ses convictions anti-fascistes, Nizan démissionne publiquement du PCF en septembre 1939.

Mobilisé, il continue de militer sur le front, discutant fougueusement sa position avec ses camarades.

Affecté à Lille comme interprète de l'armée anglaise, il est tué le 23 mai 1940 lors de l'attaque des Allemands sur Dunkerque. Il est inhumé dans la nécropole nationale La Targette, à Neuville-Saint-Vaast.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Pierre Clostermann

1921 - 2006

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Pierre Clostermann.
Source : Wikipedia - libre de droit

Héros de la France Libre

Auteur du livre à succès "Le Grand Cirque", Pierre Clostermann est décédé le mercredi 22 mars 2006 à Montesquieu-des-Albères. Il était âgé de 85 ans.

Né le 28 février 1921 à Curitiba (Brésil), fils de diplomate, Pierre Clostermann rejoint la France Libre en Angleterre le 18 mars 1942, et sert dans le groupe de chasse "Alsace".

Capitaine à la fin de la guerre, il totalise plus de 2000 heures de vol, près de 600 de vol de guerre, 33 victoires aériennes homologuées et 5 probables, ainsi que de nombreuses destructions matérielles : 225 camions, 72 locomotives, 5 tanks, 2 vedettes lance-torpilles.

Compagnon de la Libération le 21 janvier 1946, il commence une carrière politique. Il sera réélu 8 fois, notamment dans le Bas-Rhin : en 1951, il est élu député de la Marne, puis député de la Seine (1956-1958), député de Seine-et-Oise (1962-1967) et des Yvelines (1967-1969).

Promu commandant, Clostermann sert alors en Algérie où il gagne ses galons de lieutenant-colonel de l'Armée de l'Air (1956-1957). Il assure la vice-présidence de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale entre 1963 et 1969.

En parallèle à sa carrière d'ingénieur, il entame une carrière d'auteur à succès, relatant notamment son expérience pendant la seconde guerre mondiale dans Le Grand Cirque, en 1948, ouvrage qui sera vendu à plus de 3 000 000.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Raoul Monclar

1892-1964

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Portrait de Raoul Monclar. Source : Ordre de la Libération

(7 février 1892 : Budapest, Hongrie - 3 juin 1964 : Val-de-Grâce, Paris)

 

Soldat dans l'âme, Raoul Magrin-Vernerey racontait volontiers qu'à l'âge de sept ans il avait voulu quitter sa famille pour s'engager chez les Boers...

Fils d'une institutrice française en poste à Vienne, Anne Magrin, Raoul Charles est pris en affection par un comte hongrois qui veille à son éducation intellectuelle et morale. Evoluant dans le milieu cosmopolite de la société austro-hongroise, le jeune homme conservera une grande facilité d'adaptation tout au long de sa vie. De retour en France, il est élevé par sa grand-mère à Avison dans la Doubs. Après des études au lycée Victor Hugo à Besançon puis au petit séminaire d'Ornans, taraudé par son envie de porter l'uniforme, il s'enfuit de chez lui à quinze ans pour s'engager dans la Légion étrangère. Trop jeune pour une pareille aventure, il retourne à ses études pour enfin embrasser la carrière militaire le 10 octobre 1912 lorsqu'il intègre l'Ecole militaire spéciale de Saint-Cyr.

Diplômé en 1914, promotion Montmirail, il est propulsé dans la tourmente de la guerre au 60e régiment d'infanterie (RI) : la plaine d'Alsace, Morte-Fontaine (Oise), les combats de l'Ourcq, de l'Aisne, volontaire dans l'offensive d'Aumetzwiller (Moselle), la contre-attaque du bois d'Haumont (Bois des Caures), l'offensive de la Somme, Ypres, la butte de Tahure en pays rémois.

D'un héroïsme hors du commun, il est gazé, six fois blessé et onze fois cité, dont sept à l'ordre de l'armée. Réformé à 90%, il est promu capitaine le 24 juin 1916 au 260e RI, et reçoit la Légion d'Honneur.

La paix revenue, il est envoyé sur les théâtres d'opérations extérieures, à Odessa (1919), en Syrie-Palestine (1920) où sa bravoure lui vaut une nouvelle citation et la croix d'officier de la Légion d'Honneur, en Algérie et au Maroc puis au Tonkin au sein du 5e régiment étranger d'infanterie. Ces missions lui permettent de réaliser son rêve : rejoindre la Légion étrangère, et ce dès 1924.

Le 23 février 1940, il quitte le commandement du 4e REI au Maroc pour prendre la direction de deux bataillons de marche de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, contingent de l'expédition de Norvège. Le 5 mai il débarque à Ballangen, enlève Bjervik et Narvik, libère 60 prisonniers alliés et capture 590 Allemands. L'expédition tourne court et Magrin-Vernerey rejoint Brest le 15 juin. A l'annonce de l'armistice, avec le capitaine Koenig et 500 compagnons, il quitte la France pour aller se placer sous l'autorité du général de Gaulle. Promu colonel, il devient Monclar (nom d'une localité du Tarn-et-Garonne, berceau de sa famille) pour la France Libre. En décembre 1940, sa 13e demi-brigade entame son périple africain : Dakar, Freetown, le Cameroun où il rédige un petit traité sur sa conception du combat, Catéchisme du combat. Elle débarque au Soudan anglo-égyptien, prend part à la campagne d'Erythrée aux côtés du bataillon Garbay, enlevant la capitale, Massaouah, et capturant l'amiral et le général commandants en chef des forces italiennes. En Syrie (juin 1941) cependant, de même qu'il a refusé de participer à la campagne de ralliement du Gabon, il ne veut pas s'engager, ne pouvant supporter l'idée d'une lutte fratricide dans l'armée française. Nommé général de brigade en 1941, il exerce divers commandements en Grande Bretagne puis au Levant. Il est fait Compagnon de la libération.

Après diverses missions en Algérie, au Pakistan, en Indochine, il est nommé inspecteur de la Légion étrangère le 25 juin 1948.

Général de corps d'armée le 20 février 1950, bientôt atteint par la limite d'âge, Monclar reprend fictivement ses galons de lieutenant-colonel le 19 octobre et se porte volontaire pour prendre la tête du bataillon français de Corée qu'il dirige jusqu'en 1951 contre les troupes communistes en Corée du Nord.

Retiré à Neuilly, le 21 octobre 1962, légende militaire vivante auréolé de dix-sept décorations nationales et de vingt-et-une internationales, il succède au général Kienst au rang de Gouverneur des Invalides.

Il occupe cette charge jusqu'à sa mort en 1964.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA