Jean Rosenthal

1906-1993

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Portait de Jean Rosenthal. Source : www.ordredelaliberation.fr

 

Jean Rosenthal est né le 5 septembre 1906 à Paris dans le 1er arrondissement. Son père était marchand de pierres précieuses. Il fait ses études secondaires à l'Ecole Alsacienne, passe le baccalauréat et obtient une licence en droit.

En octobre 1925, il s'engage par devancement d'appel au titre du 1er Groupe d'Ouvriers d'Aéronautique. Nommé caporal en juin 1926, puis sergent en novembre, il est libéré en mai 1927.

Il travaille ensuite avec son père dans la joaillerie avant de se mettre à son compte, en 1935.

Mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant de réserve, Jean Rosenthal est affecté à la 8ème Escadre aérienne. Démobilisé en juillet 1940, il réside dès lors dans sa maison familiale de Megève.

En décembre 1942, il décide de s'évader de France par l'Espagne . arrêté, il est incarcéré une quinzaine de jours à la prison de Pampelune puis, par Madrid et Lisbonne, il réussit à gagner la Grande-Bretagne le 23 janvier 1943.

Affecté en février 1943 comme lieutenant à la Force "L", il est dirigé sur Le Caire via Freetown et Lagos. Il rejoint Tripoli et les forces du général Leclerc le 25 mars 1943 . lieutenant de chars, il est envoyé en mission à Londres par le général Leclerc en juillet 1943.

Le 1er septembre 1943, il est incorporé au Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA) et, après un bref stage d'instruction, se porte volontaire pour une mission en France occupée.

Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1943, dans le cadre de la mission "Musc", il est déposé par opération aérienne sur le terrain "Junot" au carrefour des départements du Rhône, de l'Ain et de la Saône-et-Loire avec le colonel britannique Richard Heslop (alias "Xavier") du Special Opération Executive (SOE). Leur mission consiste à évaluer la situation des maquis de Haute-Savoie, leur besoin en armement et en ravitaillement, l'importance de leurs effectifs et leur niveau d'instruction. Il font la tournée des maquis pendant laquelle le capitaine Jean Rosenthal sous le nom de "Cantinier" installe un poste radio dans la gendarmerie de Megève.

Revenu à Londres par opération aérienne dans la nuit du 16 au 17 octobre afin de rendre compte directement au général de Gaulle, "Cantinier" se voit immédiatement confier une seconde mission. Il est désormais délégué de la France Libre et est déposé dans le Jura, sur le terrain "Orion", près de Bletterans, dans la nuit du 18 au 19 octobre, avec Xavier, le capitaine radio américain Denis O. Johnson dit Paul et Elisabeth Reynolds, agent de liaison. Il s'installe en Haute-Savoie dans la clandestinité. Dans son équipe figure notamment sa cousine Micheline Rosenthal dite Michette, âgée de seize ans, qui devient agent de liaison.

En compagnie de Bourgès-Maunoury, il rencontre Chaban-Delmas, mais surtout, précédant la mise en place des FFI, il négocie un accord avec les FTP. A Paris, il rencontre leur chef, Charles Tillon, et un gentleman agreement est conclu. Cantinier va pouvoir se consacrer aux grandes manoeuvres des Glières.

Il mène début 1944, en liaison avec les chefs des différents maquis, des missions périlleuses et notamment la délicate opération de sabotage des usines de roulements à bille Schmidt-Ross à Annecy qui interrompt la production de l'usine pendant plusieurs mois. Il organise également en février plusieurs parachutages sur le maquis des Glières.

Présent le 9 mars 1944 lors de l'expédition contre la garnison des GMR à Entremont au cours de laquelle Tom Morel est abattu, il participe à la défense du plateau des Glières et, après l'ordre de repli donné au maquis le 26 mars 1944, s'attache à préparer la libération de la Haute-Savoie.

Le 3 mai 1944, Jean Rosenthal retourne à Londres pour prendre des instructions et repart une nouvelle fois pour la France. Il est parachuté dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, à Cluny en Saône-et-Loire, en compagnie de Maurice Bourgès-Maunoury et Paul Rivière, pour assurer la liaison entre les maquis et l'État-major interallié.

En août 1944, sous sa direction, les maquisards de Haute-Savoie libèrent le département, capturent 3 000 prisonniers et un important matériel de guerre . le 19 août 1944, il reçoit, à la préfecture de Haute-Savoie, en compagnie du Chef Régional FFI Nizier, la capitulation des forces allemandes commandées par le général Oberg.

En octobre 1944, Jean Rosenthal est muté à la Direction Générale des Etudes et Recheches (DGER) à Paris puis il se porte volontaire pour servir en Extrême-Orient contre les Japonais . il part de Londres en avril 1945 pour Calcutta où il est l'adjoint du chef de base . promu au grade de chef de bataillon, il prépare les parachutages et obtient des équipes de parachutistes de brillants résultats. Après plusieurs aller et retours à Paris, il rentre définitivement en mars 1946 et est démobilisé deux mois plus tard.

Dès lors, Jean Rosenthal reprend ses activités d'avant guerre et son métier de négociant en pierres précieuses. Il est Président de la Confédération Internationale des Bijoutiers, Joailliers, Orfèvres et Horlogers.

Colonel Honoraire, il assume également des responsabilités importantes au sein de la communauté juive comme président du CRIF et de l'Association Unifiée des Juifs de France.

Jean Rosenthal est décédé le 2 août 1993 à Garches (Hauts-de-Seine). Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.

 

  • Grand Officier de la Légion d'Honneur [list]Compagnon de la Libération - décret du 20 novembre 1944
  • Croix de Guerre 39/45 (6 citations)
  • Médaille Coloniale
  • Military Cross (GB)

 

Source : http://www.ordredelaliberation.fr

 

Maurice Anjot

1904-1944

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Portrait du Capitaine Anjot. Source : Jourdan-Joubert L., Helgot J., Golliet P., Glières, Haute-Savoie : première bataille de la Résistance 31 janvier-26 mars 1944

dit "Bayart"

 

Né à Rennes, le 21 juillet 1904, Maurice Anjot grandit dans une famille qui conservait très vives les traditions religieuses et nationales. Il lui dut le sens du devoir et les qualités morales qui lui donnèrent, avant l'âge, une maturité de caractère et d'intelligence que ses chefs ont toujours admirée. C'était un homme vif et robuste. Au premier abord, on le trouvait réservé et froid . mais on sentait bien vite que, s'il se communiquait peu et ne cherchait pas à briller, c'est qu'il vivait intensément en lui-même, avec ses responsabilités, avec son idéal et avec sa foi.

Sa carrière militaire fut brillante. Sorti de Saint-Cyr en 1925, il y revint en 1929 comme instructeur pour six ans. Ses chefs notèrent toujours en lui " un rare ensemble de qualités morales, intellectuelles et physiques " qui en faisait un homme complet. Il apparaissait comme un " chef à la fois énergique et pondéré", faisant preuve d'un " jugement très sûr, de sens pratique, de coup-d'oeil et de tact ". Capitaine depuis 1935, il mérita, lors des combats sur l'Aisne et sur la Marne, une belle citation. C'est après l'Armistice qu'il fut affecté au 27e BCA d'Annecy.

Tel est l'officier d'élite qui se mit, dès le printemps 1941, au service de la Résistance. Des rapports de police pour « menées antigouvernementales », nous permettent de deviner le genre d'activité qu'il déploya pendant un an. On le voit multiplier les contacts avec les officiers de réserve pour constituer dans la région des bataillons secrets. « Au printemps 1941, dit un des témoins interrogés lors de l'enquête qui fut menée en automne 1942, j'ai reçu la visite du capitaine Danjot ou Anjot, adjudant-major du 27e chasseurs. Il était en civil et était venu en voiture. Il se présenta à moi, puis fit un tour d'horizon sur la situation de la France. Après leur défaite, en 1918, les Allemands avaient monté une organisation occulte pour refaire une armée. Il était normal que la France fît de même, me dit-il... Voici quelle était l'organisation du mouvement : il s'agissait de constituer dans chaque arrondissement, avec des éléments de réserve, un bataillon semblable aux bataillons de chasseurs, comprenant environ un millier d'hommes à mobiliser par convocation individuelle. »

C'était là un plan de résistance qui aurait été particulièrement efficace : il aurait, au moment voulu, fait surgir sur les arrières de l'ennemi une véritable armée de réserve élargissant brusquement l'armée d'armistice. Le projet était d'autant plus audacieux qu'il datait du début de 1941, à une époque où la masse des Français ne songeait guère à faire de la résistance à l'intérieur. L'invasion de la « zone libre », en novembre 1942, fit tout échouer. Il fallut trouver d'autres méthodes . mais le but restait le même : reconstituer des bataillons « pour le jour où, comme disait Anjot d'après un autre rapport de police, il faudrait nettoyer le pays ». Alors naquit l'armée secrète. Le capitaine Anjot en fut l'un des principaux artisans en Haute-Savoie, sous les ordres du colonel Vallette d'Osia.

Après l'arrestation de son chef, il connaît lui aussi la vie de proscrit. Il se laisse pousser la moustache et les favoris . il devient un autre homme, avec une autre identité. Il trouve un gîte chez des amis, puis chez un prêtre, puis dans une ferme. HIl est, dans la Résistance, ce qu'il était dans l'armée : un homme méthodique, travaillant avec obstination, poursuivant son idée sans relâche. Il assure lui-même les liaisons importantes . il centralise les renseignements . il s'assure des complicités et des concours -activité souterraine, dont lui seul a connu l'ampleur et la fécondité. Au moment de Glières, il n'hésite pas à se présenter à l'intendant de police, le colonel Lelong, pour parlementer. " Ma vie importe peu, dit-il à ceux qui veulent lui épargner les risques d'une pareille démarche, si je peux sauver celle des autres. " Quelques jours après, Tom fut tué dans l'engagement d'Entremont. Il fallait un officier qui se dévouât pour continuer l'entreprise envers et contre tout, afin que Glières restât Glières. Anjot se proposa et il se trouva que sa venue était ardemment souhaitée par les officiers du Plateau.

Il écrivit alors à sa femme une lettre où l'on sent bien quel homme il était : " Tu sais combien les événements ont marché depuis ton départ. La disparition brutale de notre camarade Morel a nécessité son remplacement. Si j'ai pris cette charge, c'est parce que j'ai jugé que mon devoir était là. Ne crois pas qu'il ne m'en a pas coûté de le faire, toi absente . mais peut-être que cette absence même m'a permis de surmonter plus librement le côté familial de la question. Nombreux sont ceux qui, par des sentiments plus ou moins lâches et faux, se laissent détourner actuellement du devoir national. En tant qu'officier, je ne puis le faire. Que cette décision soit acceptée par vous deux, Claude et toi, très crânement."

A ce testament spirituel, il ajoutait un petit mot pour son fils : " Je te recommande surtout d'être toujours très gentil avec ta maman. Sois très obéissant et toujours le bon petit élève que j'avais plaisir à faire travailler. Je rentrerai à la maison dès que je le pourrai et nous reprendrons notre vie d'avant. N'oublie pas ton papa dans tes prières. "

En fait, tandis qu'il essayait ainsi de rassurer les siens, il connaissait trop bien la situation pour être optimiste. Au lieu de vivre dans l'enthousiasme du Plateau, il avait dû suivre personnellement de près, jour par jour, la marche des événements . il savait toutes les menaces qui s'amoncelaient. Il n'espérait pas redescendre . il le fit comprendre à un ami, chez qui il passa sa dernière soirée avant d'aller prendre son commandement. Mais, toujours méthodique, il établit avec lui les plans d'une action concertée pour le cas où la situation n'évoluerait pas trop rapidement.

Il monta à Glières le 18 mars. C'était toute une expédition pour rejoindre le Plateau à travers les barrages. Il apportait le drapeau de la compagnie qu'il avait commandée au Pont de Kehl, afin de le faire flotter symboliquement à Glières. Il emmenait aussi avec lui sa vareuse de chasseur alpin : " Si je dois mourir, disait-il, je veux mourir Anjot " . c'est pourquoi, dès son arrivée moustache et favoris disparurent.

Les événements allèrent trop vite pour lui permettre de donner sa mesure. Pendant les huit jours où le Plateau put résister encore, il n'eut que le temps de s'installer dans son nouveau commandement et de renforcer hâtivement la défense. L'initiative appartenait désormais à l'adversaire . la grande idée d'Anjot fut de sauvegarder l'honneur en épargnant le plus possible la vie des hommes : c'est cette préoccupation du sort de plus de quatre cents jeunes gens qui lui avait inspiré de venir prendre cette charge désespérée. Après avoir refusé fièrement de traiter avec les miliciens, il mit en oeuvre tous les moyens disponibles pour soutenir l'attaque imminente. Le soir du 26 mars, quand les défenses furent irrémédiablement percées, il lança l'ordre d'évacuation, en donnant à chaque chef des instructions détaillées pour son repli. Il partit avec la nombreuse colonne qui s'engagea dans la gorge d'Ablon. Il était déjà parvenu au village de Nâves, en compagnie du lieutenant Lambert Dancet et de Vitipon, lorsqu'un barrage allemand ouvrit le feu sur leur petit groupe et sur les Espagnols qui suivaient. Ils ripostèrent, mais ils ne tardèrent pas à tomber. Anjot avait été atteint par une rafale de mitraillette. P. G.

 

Source : Jourdan-Joubert L., Helgot J., Golliet P., Glières, Haute-Savoie : première bataille de la Résistance 31 janvier-26 mars 1944, Annecy, Association des rescapés des Glières, 1994

Henri Romans Petit

1897 - 1980

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Portrait de Henri Romans-Petit. Source : site ordredelaliberation.fr

 

Fils d'un agent des chemins de fer, Henri Petit est né le 13 février 1897 à Firminy dans la Loire.

Il fait ses études au lycée de Saint-Etienne et s'engage en 1915 pour la durée de la guerre au 13e Bataillon de Chasseurs. Promu caporal puis sergent, il est cité à l'ordre de l'Armée et décoré de la Légion d'Honneur. Admis à Saint-Cyr en 1918 au titre des réserves, il en sort aspirant. Muté dans l'Aviation, il rejoint alors l'escadrille B.R.127 affectée au bombardement de jour. Il est nommé sous-lieutenant avant d'être démobilisé.

Reprenant ses études à Lyon, il obtient sa licence en droit et s'occupe alors des relations publiques et de la publicité pour des maisons d'édition. Il crée en 1928 à Saint-Etienne l'agence de publicité Stefa.

Capitaine de réserve dans l'aviation, il est rappelé en août 1939 et commande les bases aériennes de Cannes et de Nice. Refusant l'armistice de juin 1940, il tente en vain de rallier le général de Gaulle à Londres. En 1942 Henri Romans-Petit arrive dans l'Ain où il établit immédiatement des contacts avec la Résistance. Au bout de quelques mois, en décembre 1942, il commence à organiser l'hébergement de réfractaires du STO.

Il crée en juin 1943, près de Mongriffon, une école de cadres pour former les maquisards dont le nombre augmente sans cesse dans la région.

En juillet 1943, les camps, qui ne doivent pas, pour des raisons de sécurité et de mobilité, compter plus de 60 hommes, sont réellement structurés. Au même moment, les contacts se multiplient entre le maquis de l'Ain et l'Armée secrète (AS).

En septembre, sous la direction de Romans-Petit, les maquisards réalisent deux coups d'éclat : ils prennent un dépôt d'Intendance des Chantiers de Jeunesse à Artemare et l'Intendance de l'Armée à Bourg-en-Bresse.

En octobre 1943, Romans-Petit devient chef militaire, responsable de l'Armée secrète (AS) pour le département de l'Ain.

Le 11 novembre 1943, il organise le célèbre défilé d'une partie de ses troupes (250 hommes) à Oyonnax.

Devant une foule médusée puis ravie, il dépose une gerbe en forme de Croix de Lorraine au monument aux morts avant de quitter la ville en bon ordre. Le défilé d'Oyonnax, filmé par le fils de Henri Jaboulay, abondamment raconté par la presse clandestine et la radio de Londres, a un impact très important sur la population française et sur les Alliés pour lesquels la résistance armée française a désormais une existence concrète. A la fin de l'année, alors que les effectifs paramilitaires de l'Ain (AS et maquis) atteignent 2 000 hommes, il prend en main les forces clandestines et l'AS de Haute-Savoie en remplacement du commandant Vallette d'Osia . il y applique les mêmes principes que dans l'Ain : école de formation des cadres, action brève et repli rapide. Il est en liaison avec Londres par le biais de la mission "Musc" composée de Jean Rosenthal (Cantinier), chargé de l'inspection des maquis, et de Richard Heslop (Xavier) du SOE britannique.

Pour répondre au besoin de parachutages d'armes, il choisit le plateau des Glières près d'Annecy où, en janvier 1944, sont rassemblés tous les maquisards du département.

Il regagne l'Ain après avoir confié le commandement des Glières à "Tom" Morel.

Lorsque, 5 000 Allemands appuyés par de l'aviation attaquent en masse les camps du maquis de l'Ain, y massacrant les maquisards, Romans-Petit se rend immédiatement sur place . à ski, il part à la recherche des rescapés, passant au travers du dispositif allemand. Il réorganise ensuite le maquis et rencontre les responsables des forces du Haut-Jura.

Le 6 avril 1944, plusieurs milliers de soldats de la Wehrmacht sont rassemblés dans la région d'Ambérieu et donnent l'assaut le lendemain. Le colonel Romans-Petit décide alors de disperser les maquis . ceux-ci organisent néanmoins des opérations de sabotage de nuit. Les Allemands se vengent sur les villages d'Oyonnax et de Saint-Claude, entre autres. Le 6 juin 1944, prévenus du débarquement, les maquisards détruisent le dépôt d'Ambérieu, plaque tournante du réseau ferroviaire du sud-est. Cinquante-deux locomotives et dix machines outil sont rendues inutilisables.

Le même mois Henri Romans-Petit est fait Compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle.

Le 11 juillet 1944, les Allemands tentent une contre-offensive d'envergure avec quelque 27 000 hommes. Les 5 000 maquisards du colonel Romans-Petit parviennent à résister malgré de violents combats. En septembre l'Ain est libéré.

Après la guerre, Henri Romans-Petit reprend son métier de publicitaire. Il est également administrateur de sociétés, notamment dans l'électronique. Président d'honneur des Anciens des maquis de l'Ain et de Haute-Savoie et président de l'Association nationale des Résistants de l'Air, il est également membre du comité directeur de la LICRA.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la guerre et notamment Les Obstinés et, en 1974, Les Maquis de l'Ain.

Henri Romans-Petit est décédé le 1er novembre 1980 à Ceignes dans l'Ain. Ses obsèques se sont déroulées devant le mémorial du Val d'Enfer à Cerdon (Ain).

Il a été inhumé au cimetière d'Oyonnax.

 

  • Grand Officier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 16 juin 1944
  • Croix de Guerre 14/18
  • Croix de Guerre 39/45
  • Médaille de la Résistance
  • Officier de la Legion of Merit (USA)
  • Distinguished Service Order (GB)
  • Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
  • Croix de Guerre (Belgique)
  • Grand Officier du Nicham Iftikhar
  • Commandeur de l'Ordre du Mérite (Congo)
  • Officier de l'Ordre du Mérite (Cameroun)

 

Henri Romans-Petit est l'auteur de :

  • Les Obstinés, Editions Janicot, Lille 1945
  • L'Appel de l'aventure, Editions Dorian, Saint-Etienne 1947
  • Les Maquis de l'Ain, Hachette, Paris 1974

 

Source : http://www.ordredelaliberation.fr

Joséphine Baker

1906 - 1975

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Photo (C) Ministère de la Culture - Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Studio Harcourt
< Joséphine Baker en 1948.

Sur décision du Président de la République, Joséphine Baker est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. Née américaine, artiste de music-hall, engagée dans la Résistance, militante antiraciste, elle fut de tous les combats. Incarnant l'engagement des femmes dans la lutte menée par la France Libre, elle a reçu les honneurs de la patrie.

Retrouvez une exposition consacrée à la personnalité de Joséphine Baker sur le site du musée de la Résistance en ligne

 

Née le 3 juin 1906 de Carrie McDonald et de Eddie Carson, elle grandit dans les quartiers pauvres de Saint-Louis (Missouri). A l'âge de 13 ans, elle quitte le foyer familial et devient serveuse. Elle débute comme danseuse dans de petites troupes, puis elle rejoint la troupe The Jones Family Bound qui se produit de Washington à Saint Louis. A 18 ans, elle s'établit à New-York, où elle participe à plusieurs productions dont les folies bergères et à la Revue Nègre.

En 1925, sa troupe se produit à Paris au Théâtre des Champs-Elysées. La jeune artiste conquiert rapidement le public parisien où la mode du jazz fait rage. Danseuse de cabaret, elle interprète un tableau baptisé "la danse sauvage". Un an plus tard, elle mène les revues aux Folies-Bergère. Elle y danse, vêtue de sa fameuse ceinture de bananes, et commence à chanter. C'est en 1930, au Casino de Paris, où sa revue succède à celle de Mistinguett, qu'elle interprète "J'ai deux amours". En Europe elle accumule les succès : elle est nommée reine de l'Exposition coloniale en 1931, joue dans "Zouzou" avec Jean Gabin et dans "Princesse Tamtam", se produit au Casino de Paris dans "Si j'étais blanche" et monte en 1934, "La Créole", une opérette d'Offenbach.

L'année suivante, Joséphine Baker, de retour aux États-Unis présente son spectacle devant un public très mitigé. Elle regagne la France où, en 1937, elle épouse un français et devient citoyenne française.

À la déclaration de guerre, elle peut se produire encore aux Folies-Bergère et au Casino de Paris aux côtés de Maurice Chevalier. Fidèle à son pays d'adoption, Joséphine Baker s'engage dans la Résistance, travaillant pour les services de renseignements de la France Libre avec le grade de sous-lieutenant de l'armée de l'Air, corps auxiliaire féminin. C'est Daniel Marouani qui propose à Jacques Abtey, chef du contre-espionnage militaire à Paris, de l'engager. Ainsi, durant la drôle de guerre (septembre 1939 et mai 1940) Josephine Baker recueille des informations sur l'emplacement des troupes allemandes auprès des officiels qu'elle rencontre dans des soirées. A la même époque, elle se produit sur la Ligne Maginot pour remonter le moral des troupes. Mais, à partir de l'été 1940, la Ligne Maginot franchie et suite aux lois racistes du gouvernement de Vichy, elle est interdite de scène. Sensée partir en tournée au Portugal et en Amérique du Sud, en compagnie d'Abtey, elle apporte au Portugal des renseignements écrits à l'encre sympathique sur ses partitions. Elle remonte "La Créole" afin de pouvoir reprendre contact avec Paillole à Marseille avant de rejoindre Abtey au Portugal alors pays neutre, puis de partir pour l'Afrique du Nord. En partant pour le Maroc, elle aide Solmsen, producteur de cinéma d'origine allemande, et son ami Fritz à quitter la France.

Installée à Marrakech, elle cultive les relations politiques : Moulay Larbi el-Alaoui, le cousin du sultan, et Si Mohammed Menebhi, son beau-frère, fils de l'ex-grand-vizir, et Si Thami el-Glaoui, le pacha de Marrakech. A partir de 1943, Joséphine Baker devient une véritable ambassadrice de la France Libre. Au printemps, elle entreprend une vaste tournée au Maghreb, en Egypte et au Machrek. A cette occasion, elle devient officiellement sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l'armée de l'air française. Cette activité de résistante de Josephine est rendue publique dès 1949 par un ouvrage de Jacques Abtey, La Guerre secrète de Joséphine Baker, accompagné d'une lettre du général de Gaulle.

La reconnaissance officielle est acquise le 18 août 1961 : le général Valin lui remet les insignes de la Légion d'honneur, ainsi que la Croix de Guerre avec palme.

Remariée à Jo Bouillon, elle s'investit dans la défense des droits civils et vient en aide aux victimes de guerre, enchaînant les galas de bienfaisance. Son activité caritative prend le pas sur sa carrière dont elle se retire en 1949. Elle achète un château, à Milandes, dans le Périgord est se met à adopter des enfants orphelins.

Prise dans des difficultés financières, elle recommence les tournées mondiales sur une scène où le cabaret ne fait plus autant recette. Son acharnement la mène à nouveau en 1975 sur la scène de Bobino pour un spectacle retraçant sa carrière. Un succès de courte durée cependant, elle décède suite à un malaise, quatre jours après la première.

 

Sources : Abtey J., 2e Bureau contre Abwehr, Paris, La Table Ronde, 1966 - Abtey J., La Guerre secrète de Josephine Baker, Paris, Siboney, 1949
Bilé S., Noirs dans les camps nazis, Editions du Serpent à Plumes, 2005

 

Pour en savoir plus :

Jean-Marie de Lattre de Tassigny

1889-1952

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Portrait du maréchal de Lattre de Tassigny. Source : www.lesfeuillants.com/Vivre/site_150eme/p7.htm

 

Né le 2 février 1889 à Mouilleron-en-Pareds en Vendée d'une vieille famille aristocratique des Flandres françaises, Jean-Marie de Lattre de Tassigny reçoit une éducation de qualité au collège Saint Joseph de Poitiers.

 

Carrière militaire

De 1898 à 1904 il prépare l'École navale et Saint-Cyr où il est reçu en 1908. Il effectue ses classes au 29e Dragons à Provins. Il est élève de Saint-Cyr de 1909 à 1911, dans la promotion « Maurétanie » où il en sort 4e de promotion. Il entre en 1911 à l'école de cavalerie à Saumur. En 1912 il est affecté dans le 12e Dragons à Pont-à-Mousson puis sur le front.

Pendant la Première Guerre mondiale il est capitaine du 93e régiment d'infanterie et termine la guerre avec 4 blessures et 8 citations. Il est ensuite affecté au 49e régiment d'infanterie de 1919 à 1921 à Bayonne.

En 1921 il est envoyé au Maroc dans le 3e bureau et dans l'état-major de la région de Taza jusqu'en 1926. De 1927 à 1929 il suit les cours de l'école de guerre avec la 49e promotion.

Il se marie avec Simone de Lamazière en 1927 et obtient d'elle un fils en 1928.

En 1929 il devient chef de bataillon au 5e régiment d'infanterie à Coulommiers.

En 1932 il est promu à l'état-major de l'armée puis à celui du général Maxime Weygand, vice-président du Conseil Supérieur de la Guerre au titre de lieutenant-colonel. En 1935 il devient colonel, commandant le 151e régiment d'infanterie à Metz. Entre 1937 et 1938 il suit des cours au centre des hautes études militaires et devient en 1938 chef d'état-major du gouverneur de Strasbourg.

 

Seconde guerre mondiale

Promu général de brigade le 23 mars 1939 il est chef d'état-major de la 5e armée le 2 septembre 1939.

Le 1er janvier 1940 il prend le commandement de la 14e division d'infanterie qu'il commande pendant les affrontements avec la Wehrmacht à Rethel, où sa division résiste héroïquement, jusqu'à la Champagne et l'Yonne, et conserve miraculeusement sa cohésion militaire au milieu du chaos de la débâcle.

De juillet 1940 à septembre 1941, il est adjoint au général commandant la 13e région militaire à Clermont-Ferrand puis devient général de division commandant des troupes de Tunisie jusqu'à la fin 1941. Par la suite il commande la 16e division à Montpellier et est promu général de corps d'armée.

Lorsque la zone libre est envahie par les troupes allemandes il refuse l'ordre de ne pas combattre et est arrêté. Il est condamné à 10 ans de prison par le tribunal d'État de la section de Lyon. Parvenant à s'évader de la prison de Riom le 3 septembre 1943 il rejoint Londres puis Alger où il arrive le 20 décembre 1943 après avoir été promu au rang de général d'armée le 11 novembre 1943 par le général de Gaulle.

En décembre 1943 il commande l'armée B, qui devient la première armée française. Il débarque en Provence le 16 août 1944, prend Toulon et Marseille, remonte la vallée du Rhône, puis le Rhin, libère l'Alsace, et entre en Allemagne jusqu'au Danube. Il représenta la France à la signature de l'armistice du 8 mai 1945 à Berlin au quartier général du Maréchal Joukov.

 

Après la guerre

Entre décembre 1945 et mars 1947, il est inspecteur général et chef d'état-major général de l'armée. En mars 1947 il est inspecteur général de l'armée, puis inspecteur général des forces armées.

D'octobre 1948 à décembre 1950, il est commandant en chef des armées de l'Europe occidentale à Fontainebleau.

Il devint haut-commissaire et commandant en chef en Indochine et commandant en chef en Extrême-Orient (1950-1952) et met sur pied une armée nationale vietnamienne.

Épuisé par le surmenage auquel il s'est astreint tout au long de sa carrière et que n'a pas arrangé sa blessure reçue en 1914, très affecté par la mort de son fils Bernard, tué au cours de la campagne d'Indochine, et atteint d'un cancer, il meurt à Paris le 11 janvier 1952 des suites d'une opération.

Il est élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, lors de ses funérailles le 15 janvier 1952. Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds.

 

Sources : un article de l'encyclopédie Wikipédia - Vidéo : ©ECPAD 2015 - Tous droits réservés

 

Henry Frenay

1905-1988

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Henry Frenay. Source : Photo Ordre national de la Libération

Henri Frenay est né le 19 novembre 1905 à Lyon. Son père est officier, ses deux fils le seront. Henri Frenay appartient à cette génération qui célèbre la France victorieuse de 1918 et voue une haine terrible à l'Allemagne.

Il entre à Saint-Cyr de 1924 à 1926. De 1926 à 1929, il sert en métropole. A partir de 1929, il est affecté en Syrie et retourne en métropole en 1933.

C'est vers 1935 qu'Henri Frenay va faire une rencontre déterminante dans sa vie : Berty Albrecht, femme exceptionnelle, grande figure du féminisme qui oeuvre à la défense des droits de l'Homme. Elle participe à l'accueil des premiers bannis de Hitler. Par elle, Henri Frenay découvre un autre milieu et surtout la réalité de la menace nazie et comprend que cette idéologie est plus qu'un avatar du pangermanisme. C'est probablement pourquoi il décide, après l'Ecole de guerre, de partir, de 1937 à 1938, pour Strasbourg, au centre des Hautes études germaniques pour observer de près la doctrine national-socialiste et son application en Allemagne. Il comprend que la guerre est inéluctable, que c'est une guerre de civilisation qui ne ressemblera pas à la Première.

Le résistant

À la déclaration de guerre, le capitaine Frenay est affecté à Ingwiller. Fait prisonnier, il parvient à s'évader.

Dès juillet 1940, refusant la défaite, il écrit un manifeste, premier appel à la lutte armée. En décembre 1940, il est affecté à Vichy où il fait un bref séjour au service des renseignements, puis démissionne de l'armée en février 1941.

Il entre dans la clandestinité pour se consacrer exclusivement au développement de l'organisation de la Résistance qu'il a imaginée dès l'été 1940. Berty Albrecht retrouve Frenay à Vichy puis à Lyon. Ils deviennent inséparables jusqu'à la mort de Berty en 1943.

Frenay organise les premiers recrutements parmi ceux qui, comme lui, refusent l'armistice. Il publie des bulletins puis des journaux clandestins (les Petites Ailes ou Vérités) qui montrent une certaine confiance en Pétain et une croyance dans le possible double jeu de Vichy. Au même moment il rencontre pour la première fois Jean Moulin qui recueille auprès de lui ses informations sur la résistance et qu'il rapportera à de Gaulle à Londres.

Henri Frenay fonde ensuite le Mouvement de libération nationale (MLN) et édite le journal Vérités à partir de septembre 1941 avec l'aide de Berty Albrecht. En novembre, il rencontre l'universitaire François de Menthon qui dirige le mouvement Liberté, éditant un journal du même nom. De la fusion du MLN et de Liberté naît le mouvement Combat et son journal du même nom. Il devient vite le mouvement le plus grand et le plus structuré de la zone occupée.

Dès juin 1942, Frenay est recherché par la police de Vichy. A l'été 1942, Combat tire à 100 000 exemplaires. Ce développement rapide s'est effectué sans aucune aide de la France de Londres que Frenay regarde avec une grande circonspection. Il faut attendre mars 1942 pour que le journal Combat proclame son allégeance au symbole que représente de Gaulle et condamne la politique de Pétain.

Le 1er octobre, Frenay est à Londres pour signer son ralliement à de Gaulle.

Grâce aux fonds fournis par Jean Moulin, Combat peut financer ses cadres et se développer. Persuadé de l'importance de former la résistance à la lutte armée, Frenay met en place les premières cellules de l'armée secrète et les premiers groupes francs durant l'année 1942. En 1943, sous l'impulsion de Jean Moulin sont créés les Mouvements Unis de Résistance (MUR) qui unifient les principaux mouvements de la zone sud : Combat, Libération et Franc-Tireur. Frenay est alors membre du Comité directeur des MUR.

Pourtant les deux hommes vont se heurter. L'indépendance de Frenay, forte d'une légitimité qui ne doit rien à personne, tolère mal la tutelle financière et politique de Londres et l'espèce de fonctionnarisation progressive imposée à la Résistance intérieure. Frenay a créé le plus grand mouvement structuré, l'Armée secrète et le NAP (noyautage des administrations publiques); il a favorisé la création des MUR. Mais Frenay est opposé à la reconstitution des partis politiques que Moulin veut intégrer dans le Conseil national de la Résistance. De plus il critique l'idée d'une séparation du politique et du militaire, au nom de l'indépendance et aussi de l'idée de l'insurrection nationale.

Le général de Gaulle lui demande d'entrer au Comité français de Libération nationale d'Alger. Frenay devient commissaire aux prisonniers, déportés, et réfugiés, c'est-à-dire ministre. Il le restera lorsque ce gouvernement s'installera à Paris, après la Libération. Cette mission périlleuse le conduira à gérer dans l'urgence le gigantesque problème du retour des Français dispersés dans l'Europe nazifiée.

En mars 1945, 20 000 personnes sont accueillis, puis en avril 313 000, en mai 900 000 et en juin 276 000. En juillet, le ministère considère le rapatriement comme terminé.

En novembre 1945, il est l'initiateur de ce qui deviendra le Mémorial de la France combattante au Mont Valérien avant de démissionner de son poste.

L'Européen

Profondément déçu de voir les anciens partis politiques s'enfermer dans un débat interne, Frenay épouse la cause du fédéralisme européen.

Dans ses articles de Combat, Frenay rêve d'une Europe réconciliée avec elle-même et avec l'Allemagne.

Président de l'Union européenne des Fédéralistes, créée en 1946, il va tout faire pour convaincre les gouvernements de l'époque d'abandonner le cadre de l'Etat-Nation, d'établir une monnaie unique et de construire une armée européenne.Au retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958, Frenay comprend que son rêve prend fin. Il abandonne tout engagement "citoyen" pour se consacrer à la rédaction de ses souvenirs de résistant. 

Ce sera le très beau livre "La Nuit" qui finira publié en 1973. A l'occasion de cette parution, il croit découvrir les causes profondes de la rivalité qu'il a eue avec Jean Moulin. Jusqu'à sa mort,en 1988, plus guidé par son ressentiment que par la recherche de la vérité, il ne va cesser d'accuser Jean Moulin d'être un "crypto-communiste" qui aurait trahi de Gaulle et la Résistance. Ce sera un combat douteux, le combat de trop. La mémoire collective ne lui pardonnera pas.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Vincent Auriol

1884-1966

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Portrait de Vincent Auriol. Source : Musée Clément Ader

Vincent Auriol (27 août 1884, Revel - 1er janvier 1966, Paris)

 

Vincent Auriol est une personnalité incontournable de l'histoire contemporaine française. Chef de file du mouvement socialiste, négociateur des réparations de l'Allemagne en 1918, farouche opposant au régime de Vichy, il reste comme l'un des "Pères fondateurs" de la IVe République.

Vincent Jules Auriol naît à Revel (Haute-Garonne) dans une famille paysanne. Bachelier en latin-grec en 1902, il obtient sa licence en droit en 1905, année où il adhère à la fédération socialiste de Haute-Garonne, puis le grade de docteur en sciences politiques, avant de s'inscrire au barreau de Toulouse. Il collabore à La Dépêche du Midi, fonde avec Albert Bedouce, député-maire de Toulouse, le Midi socialiste, et entretient une correspondance régulière avec Jean Jaurès et Jules Guesde. Il épouse Michelle Accouturier en juin 1912 avec qui il a deux enfants : Paul (1918-1992), organisateur du maquis du Tarn, et Jacqueline (1912-2000), détentrice en 1952 du record du monde de vitesse sur avion à réaction.

À partir de mai 1914 jusqu'à mai 1936, il est le représentant socialiste de la ville de Muret à l'Assemblée où il se spécialise dans les questions économiques et financières, faisant partie, dès 1914, de la commission des comptes définitifs. Il soutient, lors de la conférence de paix, une politique de limitation de la créance sur l'Allemagne, de réparations des régions dévastées et d'annulation de toutes les dettes interalliées. En décembre 1920, il fait partie des douze députés socialistes qui suivent Léon Blum et qui refusent d'adhérer à la deuxième Internationale communiste.

Il est élu maire de Muret en mai 1925, il entre à la commission des finances qu'il préside de juin 1924 à juillet 1926, puis devient conseiller général de la Haute-Garonne pour le canton de Carbonne trois ans plus tard. Son activité parlementaire se marque par de nombreuses propositions de lois et son opposition continue à la politique financière des gouvernements Poincaré, Herriot, Daladier, Doumergue, Tardieu et Laval.

Auriol entre en juin 1936 dans le gouvernement de Léon Blum en qualité de ministre des finances. Il mène à terme la politique monétaire en procédant à la dévaluation du franc Poincaré et en créant le franc flottant. Garde des sceaux du cabinet Chautemps en 1937, il participe l'année suivante au second cabinet Blum où, ministre sans portefeuille, il assure la coordination des services de la présidence du Conseil.

Malgré la défaite de juin 1940, il refuse de voter, le 10 juillet, la délégation des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Son opposition lui vaut d'être emprisonné à Pellevoisin puis à Vals-les-bains, aux côtés de Paul Raynaud, Georges Mandel et Marcel Dassault. Assigné en résidence surveillée à Muret entre 1941 et 1942, il entre dans la résistance et rejoint la France Combattante en octobre 1943, où il devient membre de l'assemblée consultative provisoire lors de sa première réunion à Alger. Son épouse, réfugiée à Lyon, participe au décodage des messages chiffrés de l'état-major allié.

À la Libération, ses compétences et sa fonction de président de la commission des affaires étrangères de la Constituante lui valent de représenter la France à la conférence de Bretton Woods.

Le 21 octobre 1945, il retrouve son siège de député de la Haute-Garonne, puis ceux de maire de Muret et de conseiller général. Il préside le groupe parlementaire socialiste et est appelé, en novembre, par le général de Gaulle au poste de ministre d'état chargé des rapports avec l'Assemblée.

Président de l'Assemblée Constituante en janvier 1946, il préside au retour de l'Assemblée nationale et à la fondation de la IVe République, qui l'élit à sa tête ainsi qu'à la destinée de l'Union française, le 16 janvier 1947.

En décembre 1953, son mandat achevé, Vincent Auriol retourne à la vie locale et familiale. Il voyage, écrit ses mémoires. Il publie Hier, demain, le Journal du septennat et Dix années d'administration socialiste. Au cours d'un congrès en Autriche en, décembre 1954, il est élu président d'honneur de la Fédération mondiale des anciens combattants et médaillés de la Résistance. Il intervient pour le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958, et devient membre de droit au Conseil constitutionnel en mars 1959. En totale opposition avec le secrétaire général du parti socialiste, il en démissionne en février 1959.

Éminence grise de la République, il continue de participer à la vie publique hors des querelles de partis.

Pour son engagement politique et militaire, Vincent Auriol est élevé aux dignités de Grand-Croix de la Légion d'honneur et Grand-Croix des ordres nationaux des trente-deux États étrangers, il reçoit la Rosette de la Résistance et la Croix du combattant volontaire de la Résistance, et est fait docteur honoris causa des universités de Columbia (New York), de Laval (Québec), Oxford et Rio de Janeiro.

Vincent Auriol décède à Paris, le 1er janvier 1966, des suites d'une fracture renouvelée du col du fémur dans sa propriété de Labourdette.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Alfred Gaspart

1900-1993

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Au centre, Alfred Gaspart

 

Né en Argentine en 1900 de parents français, il revient en France quelques années plus tard pour effectuer ses études. Il est déjà passionné par l'art et la poésie, il s'inscrit alors dans les cours de l'École Germain Pilon et ensuite à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, à l'atelier Cormon.

Dans les années trente, il s'installe dans le quartier Montparnasse à Paris où il se lie d'amitié avec Pierre-Albert Birot, André Derain, Jean Follain, Marie Laurencin, André Salmon. Peintre de la réalité (École française), il peint et photographie des figures, des paysages et des natures mortes.

Cet artiste se révèle au cours de ses cinq années de captivité (Stalag VII A à Moosburg - Bavière). Malade, souffrant de neurasthénie, il rencontre le jeune sculpteur Volti qui l'aide à survivre.

En 1943, Volti rentre en France avec une partie des dessins d'Alfred Gaspart. La même année, une bombe tombe sur son atelier et détruit une grande partie de son oeuvre, mais les dessins de Gaspart son épargnés et restent les témoins de cette vie douloureuse passée dans les camps.

En octobre 1944, sous le pseudonyme de "Timour", Alfred Gaspart reçoit le premier prix du Concours de la captivité par l'oeuvre YMCA de Genève.

Libéré en 1945, il se réfugie dans le silence et n'exposera plus malgré l'insistance de ses proches et de la Fédération nationale des combattants prisonniers. Il poursuit son oeuvre loin du public.

En 1993, il décède dans la solitude.

L'oeuvre de captivité de cet artiste se compose de 1840 pièces (toutes techniques et formats confondus). Ces dernières sont accompagnées de notes journalières (293 feuillets recto-verso) qui livrent la vie quotidienne , les pensées et les souffrances d'Alfred Gaspart. De nombreuses correspondances entretenues avec sa soeur Paule, qui est sa muse et sa complice, permettent également d'appréhender la vie de cet artiste.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Henri Queuille

1884-1970

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Alger. Henri Queuille, commissaire d'Etat. Source : DMPA/SHD

 

Fils de François Queuille et de Maris Masson de Saint-Félix, Henri naît dans une famille bourgeoise de province.

A la mort de son père, pharmacien, en 1895, les Queuille s'installent à Tulle où l'adolescent fréquente le lycée à partir de 1896. Le jeune bachelier entreprend des études de médecine à Paris, se liant alors d'amitié avec Maurice Bedel et Georges Duhamel, avant de s'installer en 1908 dans sa ville natale. Il épouse en 1910 Margueritte Gratadour de Sarrazin dont il a deux enfants : Suzanne et Pierre. Il connaît une rapide ascension politique : conseiller municipal en 1912, maire et conseiller général de Corrèze l'année suivante, député en 1914.

Pendant la première guerre mondiale ses états de service de médecin dans diverses ambulances du front de l'est lui valent la Croix de guerre 14-18.

Membre modéré du parti radical, il entre au gouvernement d'Alexandre Millerand en juillet 1920 comme sous-secrétaire d'Etat à l'Agriculture. Reconnu par ses pairs, il multiplie les portefeuilles (Agriculture, Santé, Postes, Travaux publics, ravitaillement), étant ainsi nommé dix-neuf fois ministre de 1920 à 1940. Il est le principal initiateur de la politique agricole française de d'entre-deux guerres (création du génie rural, création et organisation de l'enseignement agricole, développement technique des campagnes, etc.) . il préside notamment la Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole.

Il procède à la nationalisation des chemins de fer et à la création de la SNCF, et dirige l'Office national des mutilés, combattants, victimes de guerre et pupilles de la nation (1937). En 1939 il publie : Le Drame agricole : un aspect de la crise économique.

Républicain convaincu, conciliant avec les socialistes, il devient un proche d'Edouard Herriot, mais refuse refus de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il est alors révoqué de ses fonctions de maire de Neuvic. L'engagement de son fils Pierre dans la Résistance facilite ses contacts avec la France libre. Hettier de Boislambert le persuade de partir pour le Royaume-Uni.

Il gagne Londres en avril-mai 1943, en compagnie d'Astier de la Vigerie, de Daniel Mayer et de Jean-Pierre Levy, en dépit de sa méfiance envers de Gaulle. En mai il lance à la BBC un appel aux paysans de France, puis est nommé président de la commission du débarquement chargée de mettre au point les mesures à prendre dès la Libération. Deux mois plus tard, le gouvernement de Vichy prend un décret aux termes duquel Henri Queuille est déchu de la nationalité française et de son mandat de sénateur. En août, il part pour Alger, où de Gaulle, en rassembleur des partis politiques, le fait entrer au Comité français de Libération nationale (CFLN) en novembre 1943. Queuille se fait décharger de ses fonctions en septembre 1944, alors que le gouvernement s'installe à Paris, pour retourner à sa carrière politique, élu alors maire en octobre 1945 puis député aux élections législatives de 1946.

Les souvenirs des années de guerre du médaillé de la Résistance paraissent dans Journal 1939/1945.

Fidèle d'Édouard Herriot, il officie au gouvernement de la IVe République entre juillet 1948 et juin 1954. Etant par trois fois président du Conseil, il endigue l'agitation sociale, la montée du gaullisme et l'instabilité gouvernementale en menant une politique qualifiée d' "immobilisme", n'hésitant pas à, employer le force (en octobre-novembre 1948) et à retarder les élections . une politique cependant qui permet à la République de se maintenir.

Son activité en matière de politique étrangère aboutit à la signature en mars 1949 d'un accord franco-vietnamien, quasi-reconnaissance de l'indépendance de la colonie, à l'adhésion de la France au pacte Atlantique et la mise en oeuvre du plan Marshall le mois suivant.

Battu aux élections législatives de 1958, Henri Queuille s'en retourne à une vie politique locale. Il transforme sa commune en station de loisirs, y crée un lycée agricole et un collège technique. Continuant son travail de mémoire entrepris dès 1944, il rassemble archives, documents, témoignages et objets sur la Seconde Guerre mondiale et la Résistance, constituant ainsi le principal fonds du musée qui porte son nom.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charlotte Delbo

1913-1985

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Portrait de Charlotte Delbo. Source : Photo collection privée

O vous qui savez

Saviez-vous que la faim fait briller les yeux que la soif les ternit

O vous qui savez

Saviez-vous qu'on peut voir sa mère morte et rester sans larmes

O vous qui savez

Saviez-vous que le matin on veut mourir que le soir on a peur

O vous qui savez

Saviez-vous qu'un jour est plus qu'une année une minute plus qu'une vie

O vous qui savez

Saviez-vous que les jambes sont plus vulnérables que les yeux les nerfs plus durs que les os le coeur plus solide que l'acier

Saviez-vous que les pierres du chemin ne pleurent pas qu'il n'y a qu'un mot pour l'épouvante qu'un mot pour l'angoisse

Saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite l'horreur pas de frontière

Le saviez-vous

Vous qui savez

 

Charlotte Delbo, in. Aucun de nous ne reviendra, Editions Gonthier, 1965

 

Charlotte Delbo est née le 10 août 1913 à Vigneux-sur-Seine, en Seine-et-Oise, de Charles Delbo, charpentier en fer, et Erménie Morero. Elle est l'aînée de quatre enfants.

Après son baccalauréat, elle commence des études de philosophie à la Sorbonne et adhère aux jeunesses communistes, où elle rencontre Georges Dudach qu'elle épouse le 17 mars 1936. Elle interrompt ses études en 1937, et devient en 1939 la secrétaire du comédien et metteur en scène Louis Jouvet. En mai 1941, elle accompagne la troupe de Jouvet en tournée en Amérique du Sud. Son mari, resté en France, rejoint la résistance communiste.

En septembre 1941, à Buenos-Aires, Charlotte apprend l'exécution d'un de ses amis, Jacques Woog, pour " propagande communiste ". Révoltée, elle revient en France. A Paris, le couple entre dans la vie clandestine. Charlotte recopie les communiqués de Radio-Londres et Radio-Moscou et travaille pour Les Lettres françaises fondées par Jacques Decour.

Le 2 mars 1942, cinq policiers français des Brigades spéciales arrêtent Charlotte et son mari. Elle est internée à la prison de la Santé, où elle apprend, le 23 mai, l'exécution de Georges au Mont Valérien. Le 17 août, elle est transférée au Fort de Romainville, où elle retrouve de nombreuses femmes, souvent communistes, puis à Fresnes une semaine plus tard.

Elle est une des 230 femmes, qui quittent Compiègne pour Auschwitz le 24 janvier 1943. Le 27 janvier, ces femmes entrent à Auschwitz en chantant la Marseillaise. D'abord assignées au block 14 du camp des femmes de Birkenau, en quarantaine, ces femmes sont ensuite astreintes à de durs travaux, notamment dans les marais. Nombre d'entre elles meurent du typhus. Le 3 août, seules 57 d'entre elles ont survécu. Elles sont mises alors en quarantaine. Le 7 janvier 1944, Charlotte Delbo, avec sept autres compagnes de déportation, part pour Ravensbrück. Elle est affectée à Furstenberg, dans l'un des kommandos du camp principal.

La plupart des survivantes de son convoi sont transférées à Ravensbrück au cours de l'été 1944. Grâce à l'action de la Croix-Rouge, elle fait partie des femmes qui quittent le camp le 23 avril 1945 pour la Suède et rentre en France en juin 1945. Des 230 femmes du convoi du 24 janvier 1943, 49 ont survécu.

Alors qu'elle se rétablit en Suisse, elle rédige Aucun de nous ne reviendra, premier ouvrage de son oeuvre littéraire sur la déportation et les convois partis de France vers Auschwitz. Il ne sera publié qu'en 1965 aux Editions Gonthier.

Après la guerre, elle travaille à l'ONU, puis au Centre National de la Recherche Scientifique.

Elle meurt en mars 1985, ayant publié de nombreux ouvrages tirés de son expérience concentrationnaire dont le convoi du 24 janvier (1965), une connaissance inutile (1970), mesure de nos jours (1971, Editions de Minuit) et qui rapportera ses paroles (1974, Edition P.J. Oswald).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

 

Georges Dudach :
Fiche mémoire des hommes Les fusillés du Mont-Valérien 1939−1945

 

Nom : Dudach.

Surnom.

Prénoms : Georges Paul.

Date de naissance : 18-09-1914.

Commune de naissance : Saint Maur des Fossés.

Département de naissance : Seine.

Pays de naissance : France.

Profession : journaliste.

Commune de résidence : Paris 16ème.

Département de résidence : Seine.

Pays de résidence : France.

Lieu d'incarcération.

Motif : otage.

Date du procès.

Lieu d'exécution : Mont Valérien.

Date d'exécution : 23-05-1942.

Lieu d'incinération

Lieu de première inhumation

Date de première inhumation

Date de la restitution du corps

Lieu de l'inhumation finale

Sépulture

Grade

 

Origine des données Anciens Combattants, Archives de la préfecture de Police, Archives Nationales